Outré et Macabre! Du Bon Vieux Pulp’s Comme on les Aime…

Posté le Mardi 5 juillet 2022

 

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En tant que passionné des territoires de l’imaginaire depuis de nombreuses années, il m’a été possible au cours de mes longues et parfois périlleuses recherches de trouver bien des curiosités et parfois même des choses assez rares.

Je me rappelle très bien, il y a de cela plusieurs années, qu’un ami Belge m’avait proposé deux choses peu courantes et pour lesquelles il me fallait faire un choix : soit l’intégrale de la collection de SF aux éditions de la Lucarne, soit le volume en édition originale de La guerre des mondes, tirage limité à 500 exemplaires, signé par l’artiste et l’éditeur et surtout avec les magnifiques illustrations d’Henrique ‘Alvin Corrêa ! Le choix ne fut pas bien difficile et j’ai donc opté pour le Wells, choix que je ne regrette pas car depuis je ne l’ai vu passer que deux fois , mais à des prix astronomiques. Pour tout vous dire je croix l’avoir payé à l’époque l’équivalent de 150 euros, ce qui représente une somme mais assez faible en regard de la rareté de l’objet.

Mais vous savez que dans tout archiviste, il y a un lecteur certes, mais également un collectionneur qui sommeille et au fil des années, j’ai développé cette appétence pour les ouvrages un peu rares et ces fameux petits fascicules assez fragiles aux éditions de la lucarne, furent pour moi un objet de convoitise tout en sachant qu’ils seront probablement aussi rares que le Wells et surtout à des prix records.

Je ne me faisais aucune illusion quant à la découverte de cette collection, lorsqu’un jour, par le plus pur des hasards, il m’a été possible de les récupérer ,sauvés de justesse après la disparition d’un ami collectionneur.

Si je vous parle ainsi de cette petite histoire c’est que cette série trouve substance à l’achat tout récemment d’une brochure publiée par mon ami Olivier Raynaud intitulé Outré et Macabre ! (quel titre intrigant)et fidèle à une conduite éditoriale que cet auteur , essayiste, scénariste, critique…. vient de se fixer , publie de petits fascicules aux couleurs chatoyante et dont le but est la réédition de textes anglo-saxon assez rares et surtout introuvables en France. Pour ne citer que la plus sympathique de ces collections, il y a tout d’abord Wendigo forte de six beaux volumes avec pas moins d’une bonne cinquantaine de nouvelles, Vintage Fiction et pas moins de cinq volumes composés d’une heureux mélange de nouvelles de SF classiques de fantastiques et de polar et enfin cette nouvelle collection débutée avec Kraken un fascicule de mystère et d’aventure ,l’occasion pour l’auteur de revenir sur un sujet qui le tient à cœur , la cryptozoologie et enfin Outré et Macabre un fascicule de mauvais genre…..et franchement j’adore ce terme associé à la littérature un peu en marge. Dans un mot de la rédaction, l’auteur explique le choix du sous titre et je trouve qu’il ne pouvait pas être mieux approprié,

Mais revenons au sujet de cet article pour vous préciser donc que ce fascicule est riche de cette longue nouvelle de A.Hyatt.Verrill intitulée The voice from the inner world lors de sa parution en décembre 1926 dans la célèbre revue Amazing Stories et qui curieusement fut rééditée dans son intégralité dans le N° 6 de la collection Anticipations en 1945 aux éditions de la lucarne sous le titre Le monde intérieur. Nous sommes loin de la beauté de la couverture d’origine de Frank.R.Raul mais il faut avouer que la couverture Belge a de quoi intriguer elle qu’elle a dû susciter pas mal de curiosité chez nos jeunes lecteurs de l’époque. Il est à préciser, comme le fait remarquer Olivier, que cette nouvelle avait été écrite suite à un concours où l’écrivain devait imaginer une histoire uniquement d’après la couverture. Même si Hyatt Verrill ne fut pas victorieux, il faut avouer que pour la production moyenne de l’époque, l’idée de manquait pas d’originalité ni d’un coté un peu terrifiant.
En substance, c’est l’histoire d’un amateur radio qui intercepte un message d’un homme dont le bateau à été littéralement enlevé dans les airs pour être conduit dans un endroit isolé de notre globe, où vivent des créatures extra-terrestres. Celles-ci, majoritairement féminine et d’une taille avoisinant les 3 mètres, vivent d’en un environnement de gaz toxiques ce qui explique le sorte d’excroissance qui leur couvrent la tête et les épaules, sorte de filtre naturel , un peu comme le couvre chef d’un indien. Le seul rescapé échappe de justesse au massacre de son équipage et relève le caractère cannibale de ces créatures qui procèdent à ces rapts de navires pour remplir leur garde manger et constituer, avec tout l’acier volé, une flotte pareille à cet étrange appareil de forme sphérique utilisé pour leurs abductions. Grâce à un navire militaire ayant subit un sort identique, il parvient à envoyer un ultime message à la terre dans lequel il révèle le point faible de ces créatures et conjure celui qui captera cet appel au secours de tout organiser afin de détruire ces abominations. La dernière phrase en dira long sur le sort qu’il lui a été réservé et nul doute qu’il ne finisse à son tour dans le garde manger.
L’autre nouvelle , bien plus courte de G.A.Wells L’abominable homme des glaces publié en mars 1923 dans le tout premier numéro de la célèbre revue Weird Tales sous le titre The ghoul and the corpse ( c’est la partie Macabre du titre de la collection) nous raconte comment un trappeur au fin fond de l’Alaska, alors qu’il était à la recherche d’un filon d’or, mit à jour , coincé dans la glace, une créature entre l’homme et l’animal et comment, suite au dégel de celle-ci , il passa une nuit d’épouvante à lutter contre cette chose réveillée de la nuit des temps. Seul témoignage de sa mésaventure, un poignard fait en ivoire , appartenant à son adversaire et récupéré après avoir fait disparaître son corps. Une nouvelle fantastique comme on en trouvera par la suite plein les pages de ce type de magazine mais qui garde toute sa fraîcheur et son aspect terrifiant.
Au final et comme vous pouvez le constater, une petite brochure tenant ses promesses tant pour l’originalité du contenu avec son ambiance très rétro et savoureusement Pulp’s que pour la rareté des textes. Espérons que Olivier nous fera encore le plaisir d’un tel petit cadeau dans une prochaine publication du même style et le mot cadeau est utilisé ici  à bon escient car, si l’on regarde la chouette couverture, le contenu, très jouissif pour une amateur passionné et que l’on ne débourse que 6 euros, alors là les amis, il n’y a qu’une seul mot à dire : foncez, vous ne trouverez pas meilleur rapport qualité prix !

Pour terminer et afin d’être le plus exhaustif possible, signalons que ce Monde de intérieur fut l’objet d’une réédition en juillet 1987 à l’imprimerie du hérisson à Montréal pour le compte de L’académie de l’espace collection dirigée par Francis Valery. Il s’agit d’un fac-similé de l’édition de La Lucarne et tiré à 50 exemplaires.

Outré et Macabre un fascicule de Mauvais Genre: Collection dirigée par Olivier Raynaud. Nouvelles révisée et/ou traduite par Olivier Raynaud, couverture de Franck R.Paul

amazing

la voix du monde intérieur

le monde intérieur

outré et macabre

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L’agence Lovecraft: Une Agence Tout Risque Version Fantastique

Posté le Dimanche 3 juillet 2022

 

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J’avais déjà eu un très gros coup de cœur pour le premier tome de  L’agence Lovecraft  en terminant par cette note de regret qu’il nous fallait attendre le suivant pour enfin connaître la suite de aventures de nos héros. Me voilà donc comblé puisque j’ai eu la chance de recevoir le volume avec une belle dédicace de l’auteur et la satisfaction de poursuivre cette incroyable et palpitante aventure.

Comme pour Le mal par le mal, cette Déesse de la mort vient tenir ses promesses au-delà de nos attentes et nous apporter une nouvelle fois son lot de surprises et de batailles titanesques, Pourrait-il en être autrement lorsque l’on se frotte aux grands anciens ? Au fil des pages, les différents protagonistes se révèlent de plus en plus, en déployant les extraordinaires pouvoirs dont ils sont dotés, ce qui n’est pour donner quelques petits atouts à cette agence qui doit lutter pour la survie de l’humanité en s’interposant à l’avènement du grand Cthulhu en personne et de ses sombres rejetons.

Mais avant de rencontrer la plus puissante des créatures du mythe, il va leur falloir affronter celles et ceux qui préparent ce jour funeste et ce n’est pas sans mal qu’ils vont affronter une des adoratrices la plus redoutable et la plus puissante Miss Moriarty, accompagnée du frère de Ryan, Jonathan qui depuis la bataille du rocher du diable à Insmouth, s’est révélé un serviteur dévoué et prêt à rompre le puissant lien familial.

Ce volume 2 nous révèle entre autre, comment grâce à l’intervention de Sergueï et son pouvoir de se déplacer dans l’espace temps pour prendre possession d’un hôte hors du commun, il va réussir à pénétrer dans la fabuleuse bibliothèque des Yithiens et découvrir comment réchapper au terrible Dagon. Pour celles et ceux qui suivent avec intérêt cette nouvelle saga de Jean-Luc, vous allez donc découvrir comment l’équipe du Nautilus va faire pour échapper aux griffes et mâchoires de cette abomination aquatique. Mais chers amis, vous n’êtes pas au bout de vos surprise car ce volume , axé sur la récupération d’une mystérieuse tablette pouvant se révéler capitale dans l’issu de cette bataille à l’échelle cosmique, n’est que l’amorce d’événements incroyables que seul un écrivain aussi fin connaisseur du mythe peut ainsi maîtriser.

De l’affrontement avec les redoutables Mi-go dans le British muséum au combat final sur le plateau de Leng avec le chaos rampant, l’action va être menée tambour battant où nos héros vont en découdre avec le Kronolose formé d’une effroyable assemblage de séquences de temps volées à leurs malheureuses victimes. N’oublions pas au passage les formidables inventions qui jalonnent le récit et outre le Nautilus que nous avons déjà croisé dans le premier volume, le nouvel appareil mue à l ’énergie éthérique et commandé par un certain Robur, L’albatros, ne manquera pas de vous étonner avec ses prouesses aériennes hors normes et qui se révélera déterminant pour le combat final : il flotte dans tout cela une agréable odeur de Savanture les amis ! Mais la personnalité des différents protagonistes ne sera pas pour autant abandonnée au profit de l’action, ainsi la mystérieuse Kali, une humanoïde aux performances surprenantes va découvrir ce qui est arrivé à son père et connaître enfin pourquoi son enfance a pris ainsi un tournant aussi tragique quant à son géniteur les amis, je vous en laisse la surprise….Tout dans ce roman de 256 pages fleure bon l’amour et la passion d’un écrivain ,toujours aussi sympathique ,toujours aussi inspiré et fécond.

En résumé chers lecteurs , un volume encore mené tambour battant et l’addiction que j’ai eu à lire ce volume bourré d’action et de péripéties, n’a d’égale que ce réel plaisir à partager la fantastique aventure de nos héros. Il est donc indispensable de posséder dans sa bibliothèque Lovecraftienne, ces deux premiers tomes d’une saga qui au-delà de l’amour et du respect pour l’auteur de providence, vient rajouter une pierre à l’édifice du genre par son originalité et sa modernité. Mention spéciale pour l’éditeur qui nous offre une beau petit écrin avec de superbes illustrations et une typographie qui colle pile poil avec le récit : un must du genre !

« Agence Lovecraft: Déesse de la mort Tome 2 » de Jean-Luc Marcastel. Gulf Stream Editeur. 2022.

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La Brigade Chimérique: Pour Une Nouvelle Lecture Du Super-Héros à la Française!

Posté le Dimanche 23 janvier 2022

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« Pourtant homme sublime, un jour tu seras beau et tu présenteras le miroir à ta propre beauté.

Alors ton âme frémira de désirs divins. Il y aura de l’adoration dans ta vanité. Car ceci est le secret de l’âme :

Quand le héros a abandonné l’âme, c’est alors seulement que s’approche d’elle en rêve…..le Super Héros ! »

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Les origines

Il est des mythes qui peuvent au fil des décennies s’essouffler et de bûcher devenir simple brasero pour s’éteindre complètement et disparaître ainsi dans la nuit des temps oublié des dieux et des hommes. Car pour entretenir une légende et lui permettre de vivre, seul le souvenir compte et de la transmission qui doit s’effectuer au fil des générations, c’est la mémoire qui va permettre au mythe de durer : Tous les pays qui n’ont plus de légendes seront condamnés à mourir de froid !

C’est ce qui faillit arriver à nos super-héros français, cette lente déliquescence pour devenir une vague idée dans l’histoire de notre pays et nous étions à deux doigts de perdre complètement la trace de cette surhumanité s’il n’y avait pas eu un événement d’une portée considérable pour nous rappeler que la France a connu une période faste où l’imagination au service des romanciers fut mise à l’honneur pour créer probablement le concept le plus incroyable de l’histoire de notre littérature : le super-héros !

Dans ce terreau formidable qu’est la vieille SF , a germé depuis ses origines, tout un monde peuplé d’êtres extraordinaires aux pouvoirs parfois surprenants. Humains hors du commun, sorte de héros de l’ombre qui à l’inverse du savant fou agiront de façon totalement désintéressée pour retourner dans l’anonymat le plus complet. Leurs caractéristiques seront presque toujours les mêmes, jeunes, athlétiques et faisant preuve d’un courage et d’une témérité exemplaire.

Si toutefois leur spécificité provient d’une force physique au-dessus de la normale, les pouvoirs dont ils seront parfois les détenteurs, proviennent dans la majorité des cas de la magie, du spiritisme ou du savoir accidentellement retrouvé de quelques brahmanes Hindous. Ce concept de  super héros , qui ne prend tout son sens que dans la bande dessinée Américaine, avait pourtant entamé ses premiers balbutiements dans les fascicules populaires, dont la prolifération fut relativement conséquente dans le premier quart du XXème siècle. Mais l’accouchement sera difficile, car le concept n’est pas une des priorités de nos écrivains de l’époque qui choisiront, et cela peut se comprendre culturellement, un autre type de  héros.

 La genèse du  justicier  remonte à l’époque où de nombreux écrivains comme Féval, Alexandre Dumas, Xavier de Montepin, Eugène Sue, Frédéric Soulié, Zévaco….créèrent un concept littéraire tout à fait innovant qui avait l’art de rassembler des genres aussi variés que le roman de mœurs, le roman sentimental, social, exotique. Mais ce qui le caractérisait le plus, c’était son côté sensationnel, qui foisonne de situations imprévues, de rebondissements incroyables, souvent baignés dans des contrées exotiques et mystérieuses.

Curieusement, ce qui fascinait le plus le lecteur, et qui le fascine toujours autant, c’est la galerie de types louches, de malfrats, de confréries diaboliques, de génies du mal que l’on peut rencontrer dans ce genre d’ouvrages. Les exemples dans ce domaine sont légion et si l’on fait l’inventaire des trognes patibulaires, il faut reconnaître que nos romanciers firent pencher la balance plutôt du mauvais côté.

Afin que l’équilibre soit parfait, car de nature, l’homme doit être  bon , il était nécessaire d’y inclure l’autre face du  côté obscur , un personnage à qui tout le monde pourrait s’identifier, un sauveur qui n’hésitera pas à défendre la veuve et l’orphelin et mettre sa vie en danger pour sauver les valeurs fondamentales de l’humanité : Le héros !

Il faut dire que ce dernier ne manque pas de panache, aristocrate, reporter ou jeune sportif le jour, dès que tombe la nuit il revêt une tout autre apparence. Affublé d’un simple loup sur le visage ou d’une inquiétante cagoule, d’un chapeau à large bord ou d’une immense cape noire doublée à l’intérieur d’un rouge des plus vif, il sillonne la ville, investit d’une mission vengeresse des plus impitoyable. Souvent aidé par de petits gadgets, résultats des progrès scientifiques de son époque, il est rare que ce singulier personnage soit doté de pouvoirs surhumains. Les moyens qu’il utilisera pour arriver à ses fins, seront toujours à l’échelle humaine et ne dépassent que rarement le cadre de sa simple force physique ou de son agilité. Toutefois, comme nous le verrons plus loin, il existe quelques exceptions.

Dans notre domaine de recherche, la majorité des cas où nous avons affaire à un surhomme bien souvent celui-ci sera le résultat de recherches interdites qui ne vont, non pas créer un super héros , mais un être complètement dépassé par des pouvoirs qu’il utilisera essentiellement pour faire le mal. Produit d’expériences douteuses, il terminera son existence de façon lamentable, détruit par son propre créateur ou par une humanité qui n’est peut-être pas encore prête à assumer une telle évolution.

Le  super-héros  sera dans la littérature d’imagination scientifique souvent un simple justicier, un détective aux pouvoirs d’investigations exceptionnels, ou un savant génial dont les inventions seront mises au service d’une justice visant à contrecarrer les agissements de quelques sociétés secrètes ou autres génies du mal. Pour voir naître ce super héros  au  super pouvoir  il fallait une vision toute neuve du héros et du justicier.

Notre littérature était trop dépendante d’une certaine tradition et d’un courant populaire, certes très inspiré, mais tributaire des contraintes d’une tradition romanesque bien en place. Pas ou peu de récurrences, à l’image du thème du  Savant fou .Ce thème fort peu abordé sous l’aspect que nous lui connaissons actuellement, ne sera traité que de façon très dispersée, dans une littérature pourtant fort généreuse en ce qui concerne les inventions extraordinaires, les surhommes, les voyages dans l’espace, les invasions extra-terrestres, j’en passe et des meilleures.

La littérature dite de genre d’avant-guerre ne  semblait pas très généreuse en ce qui concerne les « gentils » alors qu’à l’opposé, comme je le signalais précédemment, elle avait un faible pour camper des figures maléfiques et tournées vers le mal.  Zigomar  de Léon Sazie,  Les vampires de Meirs et Feuillade,  Fantômas  de Souvestre et Allain,  Férocias et Fatala de Marcel Allain, Démonax de Robert Lortac, Fantax  le héros BD de Pierre Mouchotte,  Mme Atomos de André Caroff, L’ombre Jaune de Henri Vernes autant de méchants qui participent à la consécration d’un genre qui continue encore de nos jours à rassembler de farouches partisans.

Pourtant, à bien y regarder, quelques auteurs se consacrérent au genre, de façon discrète tout en établissant les bases, parfois à peine ébauchées, de ce super justicier aux pouvoirs formidables. Hélas, si de nos jours ces derniers sont définitivement plongés dans l’oubli le plus total, ce n’est pas faute de leurs exploits hors du commun, mais en grande partie en raison de l’extrême fragilité du papier où furent racontés leurs exploits, de la grande rareté à trouver actuellement la plupart de ces éditions  et de leur disparité dans une production fort généreuse sans qu’il y ait eu une réelle concertation entre les auteurs. Autant de bonnes raisons pour que ces héros de l’ombre soient tombés dans l’oubli le plus total, victimes une fois de plus du dédain de nos éditeurs.

Finalement, si nous faisons un petit inventaire de ces super-héros à l’état embryonnaire, la liste peut être très longue ou très courte en fonction du sens que nous accordons à sa définition. Il me plaît à imager le destin splendide qu’aurait pu être cette foule de personnages aussi mystérieux que redoutables, s’il y avait eu un catalyseur pour réunir sous un même bannière d’aussi charismatiques personnages : Jean de la Hire et son Nyctalope, Paul Féval fils et Félifax , Maurice Renard et son Homme truqué  Jacques Spitz et L’homme élastique , le Rour  de Souvestre et Allain, le Sâr Dubnotal et surtout Fascinax , à mon sens le plus emblématique. Ce personnage, est à lui tout seul non seulement une énigme littéraire, car on ignore avec certitude son auteur, mais il reste à mon avis le personnage type du super-héros, du justicier vengeur aux pouvoirs formidables. Toute cette littérature avait en elle le germe d’un potentiel formidable qui hélas il mourut à l’aube de la Seconde Guerre mondiale et c’est à ce moment qu’il nous faut parler de la  Brigade chimérique .

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Pour mieux comprendre cette incroyable histoire, il est nécessaire de faire un autre voyage dans le temps plus court celui-ci, et de réaliser qu’en fait, la brigade chimérique fut au départ un canular littéraire bien construit et entretenu . Je dois avouer en avoir été la victime plutôt enthousiaste, car dans toute légende, il est une part de vérité que nous voulons percevoir ou de mensonge que nous nous refusons d’accepter. Notre fonction , en tant que lecteur de l’imaginaire, n’est-il pas de vouloir croire pour que justement perdurent les légendes ? Il y a plus de 10 ans donc, lors de la parution du premier volume de la brigade chimérique Mécanoide Curie  et  La dernière mission du passe-muraille  , je fus intrigué par le second de couverture avec un titre en gras  La fin des super-héros européen  et précédé d’une note explicative  Ils sont nés sur les champs de bataille de 14-18 ; dans le souffle des gaz et des armes à rayon X . Il n’en fallait pas plus pour attiser ma curiosité ! Sensible à cette notion de super-héros à la française , avec au fond de moi le souvenir de cet échec cuisant qu’ils connurent en cette première moitié du XXème siècle, je voulais savoir et surtout croire ! Forte de 6 volumes répartis en 12 chapitres, comment résister à des titres aussi accrocheurs que  La chambre ardente , L’homme cassé , Le club des hypermondes  ou  Le grand nocturne  .

Nous voilà donc embarqué dans une vaste fresque historique, d’une dystopie super-héroïque où la France enfanta un grand nombre de protecteurs aux super-pouvoirs issus d’une littérature de genre au potentiel insoupçonné. Comme ils existaient et qu’il fallait un catalyseur pour les placer sous une même et unique bannière, quoi de plus simple que de créer cette manière d’interrupteur pour faire la lumière sur ce fait divers imaginé par un auteur fictif : Georges Spad ! C’est ici que l’intégrale des 6 tomes parue en 2012 nous donne des indices supplémentaires avec ce fameux canular littéraire cité plus haut et intitulé L’homme chimérique : Suite à un accident dans les tranchées, alors qu’il faisait des recherches sur la transfusion sanguine, Jean Brun de Séverac est victime d’une violente explosion. Si l’on ne retrouve pas son corps, car passé à l’état d’homme évaporé, loin de disparaître complètement, il se divise en quatre parties distinctes, créant des entités aux pouvoirs extraordinaires.

Fort de ce scénario, plutôt galvanisant et des suites fictives rares et introuvables éparpillées dans diverses publications populaires, Serge Lehman décida d’utiliser ce concept pour en faire le pilier de sa future histoire. En effet, pourquoi ne pas se servir de cette trame pour en faire les bases d’un univers relatant l’existence de super-héros français et de rassembler toute cette masse éparpillée dans la littérature dite du Merveilleux-scientifique et d’en faire un univers bien distinct ? En quelque sorte une fiction incluse dans une autre fiction ! Ainsi naquit la brigade chimérique.

Chargé de la protection de la nation, cette unité d’élite ne fut plus qu’une rumeur jusqu’au jour où l’institut Curie , centre de l’hyper-science et forte d’une réserve de citoyens aux pouvoirs exceptionnels, se voit abriter dans ces locaux le fameux Séverac plongé depuis de nombreuses années dans un profond coma. L’institut découvre le moyen de le dissocier et de le recomposer à volonté. Telles les nombreuses figures inventées par les dessinateurs américains, nous voici en présence d’un simple humain pouvant à volonté transformer son apparence pour devenir justicier.

Ce fort volume, généreux de 278 pages nous livre ainsi la lutte de la brigade chimérique contre l’obscur Mabuse , la redoutable armée de Gog et de la phalange pendant que Nous autres et ses mécanoïdes attendent, patiemment de quel côté la balance va pencher pour choisir son camp , dans cette Europe dont l’embrasement imminent risque d’opposer les plus redoutables mutants que l’humanité ait générée.

Appuyée par un dessin d’une grande pureté conférant à l’histoire un coté addictif qui à aucun moment ne faiblit ni ne lasse le lecteur, baigné par des couleurs qui impactent la rétine de façon durable pour nous livrer de temps à autre des pleines pages d’une beauté éclatante, on se laisse alors porter dans ce maelström où des forces titanesques se rassemblent pour réécrire le début d’un conflit mondial inévitable et où le scénario manipule avec habileté et brio, une vérité historique qui oscille en permanence sur le fil ténu des hypermondes. Certaines planches aux tons pastel comme autant de flash-back indispensables à la bonne compréhension des origines de certains personnages, sont esthétiquement bluffantes. Bourré de références à toute cette littérature de genre que le scénario nous livre avec toute la nostalgie et le respect qui s’impose sans jamais tomber dans une forme de discours obscur risquant de noyer le lecteur peu habitué à ces personnages d’un autre temps, le véritable tour de force réside dans cette limpidité du fil narratif qui, entre héros d’un autre temps et prémisse d’une nouvelle race de surhommes, joue habilement avec les codes du genre pour nous livrer cette magnifique chronique d’une mort annoncée. La fin d’une période d’un genre mort-né, précipitée par l’approche d’une guerre terrible sonnant le glas du super-héros français condamné à un oubli presque total. 

Impossible ici de vous révéler certaines subtilités scénaristiques pour ne pas dénaturer le plaisir d’une future lecture, mais je peux vous assurer que certaines trouvailles sont tout simplement extraordinaires et donnent un véritable sens à cette création non seulement d’une grande originalité, mais qui devait absolument voir le jour afin de donner une véritable ossature à un genre n’ayant pas réussi à l’époque à prendre corps.

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L’univers s’étoffe.

Avant de passer à ce nouveau pavé, il est est indispensable de faire le point sur les univers parallèles qui se tissent autour de l’univers de la brigade, publiés entre la parution de ces deux opus, et pouvant parfaitement s’intégrer dans le cycle. En effet, il sera possible au lecteur curieux de se plonger également dans le volume L’homme truqué (1 volume 2013) et la trilogie L’œil de la nuit. (3 volumes 2015-2016)

En reprenant les personnages de Maurice Renard et de Jean de la Hire, , Serge Lehmann et Gess contribuent avec ces albums , à une suite logique et attendue des terribles événements dont Jean Lebris fut la malheureuse victime et de la jeunesse du Nyctalope avant de sombrer dans cette déchéance dont il sera victime dans la brigade chimérique. Les dessins y sont toujours d’un réalisme surprenant, les couleurs bien nuancées, nous nous retrouvons face à un Gess au style plus abouti et plus que jamais fidèle à l’esprit de l’univers. Cette idée de prolonger ainsi leurs incroyables aventures est tout à fait justifiée, non seulement pour donner plus de corps et étoffer ainsi l’univers de la  Superscience  et continuer l’édification des origines des supers héros Français, mais permet surtout de développer certaines idées et hypothèses à peine esquissées par Maurice Renard dans L’homme truqué. Si l’œil de la nuit , pour des raisons de droits, ne reprend pas l’identité du Nyctalope, le scénariste gardera la trame de certaines de ces aventures lors de la parution en roman préférant toutefois écrire une histoire entièrement inédite pour le dernier volume.

Sorte de  Cyclope rétro  avec son curieux appareillage de vision, donnant une dimension fort spectaculaire à cet  homme truqué , cette idée de changer l’appareillage de vision est assez bien trouvé, lui permettant de se détacher du commun des mortels, de l’identifier plus facilement et surtout de le distinguer d’un autre personnage de L’hypermonde , le Nyctalope. Affublé lui aussi d’une vision nocturne hors du commun, gardien bienveillant d’un Paris sous la menace perpétuelle d’événements étranges, il sait que cet homme peut se révéler un allié utile dont il faudra désormais accepter les extraordinaires propriétés.

De fait, l’univers que nous proposent les deux co-auteurs est un savant mélange, de celui si riche et si complexe du  merveilleux scientifique  où des éléments épars de cette littérature vont se croiser dans une logique sans faille et faisant appel à des références qui ne pourront que séduire l’amateur du genre avec des éléments propres à cet univers. L’intervention à la fin du volume de L’homme truqué par la fameuse Brigade chimérique  est un puissant rappel mis en place lors de la création de cette unité d’un genre spécial.

Pour les puristes et celles et ceux qui veulent approfondir encore plus leurs connaissances sur la brigade chimérique, je vous recommande également de vous plonger dans l’univers du jeu et plus particulièrement sur son encyclopédie. Forte de plus de 250 pages, il vous fournira bien des éléments sur l’hyperscience , le tout agrémenté de magnifiques dessins provenant de la série de BD.

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 l'homme ruqué

Renaissance

Un mythe peut-il survivre au temps et à la mémoire des hommes ? Il y a-t-il encore une place pour cet opéra de papier au langage désuet qui, face à cette explosion de figures héroïques qui envahissent les kiosques et les écrans, peut avoir une bien triste figure ? Le pari était osé, l’exploit presque inaccessible, mais pourtant fort de la science des hypermondes, nos Savanturiers de l’impossible viennent d’insuffler une nouvelle vie à nos héros de l’ombre afin de donner un lustre encore plus resplendissant à cette patine du temps qui ne semble avoir aucune prise sur ces figures de légende. Dois-je vous dire que nous attendions tous cette renaissance et si les années n’ont pas amoindris tout l’intérêt que nous leur portons, le fort beau volume paru il y a peu frappé aux armoiries du bras ailé est certainement l’objet que nous attendions avec une impatience non feinte.

Contrairement à l’édition précédente, celui-ci est publié chez Delcourt qui marque déjà le coup en nous livrant un magnifique ouvrage avec un dos toilé comme jadis en 2012 chez l’Atalante, mais là où ce nouvel éditeur fait encore mieux, c’est en incluant le livre dans un magnifique écrin sous l’aspect d’une jaquette aux airs de tapisserie! En effet, une fois dépliée, il  sera possible, pour le lecteur expert, d’y retrouver une multitude d’allusions à la première série, mais également de forts belles références au merveilleux-scientifique : Félifax , L’affiche du protecteur de Paris, Palmyre dans BaalLe messager de la planète de José Moselli, L’oeuf de verre de Jean de Quirielle, Mars va vous parler illustré par Robida dans Le journal des voyages , un tableau de Henri Lanos Destruction de la terre par le choc d’une comète pour la revue Je sais tout…… je voulais pour l’occasion remercier Stéphane de Canevas et Serge Lehman d’avoir fait allusion à cet artiste hors pair à la fin de l’ouvrage dans la rubrique Métadonnées . Je suis très ému par l’histoire racontée au sujet de cette inclusion sur la couverture de l’ouvrage et, indirectement, de m’avoir associé à cette référence inespérée. Des références donc, il y en a plein et c’est déjà un plaisir que de se remémorer au travers de ce dessin géant les palpitantes aventures passées et….. à venir !

C’est sur ce point précis qu’il faut saluer l’immense travail du scénariste et de l’illustrateur. En effet, comment remettre au goût du jour les héros de l’ancienne Europe tout en essayant de rallier à sa cause un nouveau public et surtout dynamiser un genre de manière à lui insuffler une toute nouvelle dimension ?

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Paris est sous la menace de deux terribles invasions, l’une provenant des sous-sols avec la venue du roi des rats et de sa légion de créatures mutantes et l’autre de l’espace sous la forme d’une redoutable entité cosmique, Chob, un avaleur de monde. Le fil conducteur de l’histoire est Charles Dezniak dit Dex à la tête d’une organisation qui, à l’instar des Américains sous le nom de Facteur X, étudie certaines aberrations provenant de mondes parallèles et/ou occultes. La section française, elle, s’attache aux souvenirs des mondes perdus, les hypermondes, rayés de la mémoire collective lors de la Seconde Guerre mondiale. Chargé par le gouvernement français d’endiguer cette menace, notre chercheur, aidé de précieux collaborateurs, va partir à la recherche de super-héros oubliés depuis des décennies afin de s’opposer à ces forces destructrices. Le lecteur va donc rencontrer , l’homme truqué, modifié pour la circonstance, car un héros de chair est lui aussi voué à la dégradation de la matière, Félifax , le fameux homme-tigre de Paul Féval soumis également à quelques modifications génétiques, la descendante de Palmyre, redoutable sorcière héroïne des premières aventures de la brigade chimérique et surtout Jean Brun de Séverac , l’homme quadripartité, de retour ici pour servir comme jadis de catalyseur aux nouvelles forces en présence.

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Cette ultime renaissance nous livre une incroyable histoire qui vient bien se raccorder sur la série précédente avec cette particularité que cela peut se lire de manière indépendante. Outre le fait qu’elle prolonge et bonifie de manière substantielle un univers absolument génial, ce nouvel opus possède la particularité de s’accorder parfaitement aux demandes d’un tout nouveau public. L’œil averti et le passionné, découvriront une fois encore bien des références sur cet univers qui nous passionne tant, avec cette dimension de super-héros moderne et qui probablement trouvera ses adeptes dans un public plus jeune, habitué aux comics américain. D’ailleurs, l’album n’est pas avare de références modernes qui fusionnent parfaitement avec cet aspect plus rétro et j’ai particulièrement apprécié la métamorphose de l’homme truqué dans cette version plus humanoïde. L’histoire de chaque super-héros de la première génération y est racontée de manière originale avec un raccord parfait avec les exigences d’un contexte plus actuel. Les pages fourmillent en effet d’allusions fort sympathiques sous forme d’affiches ou de livres fictifs et nul doute que les auteurs se sont amusés à inventer posters et couvertures relatant les exploits de nos super-héros. C’est avec grand plaisir que nous allons découvrir L’homme truqué ou Félifax à la tête de comics à grand tirage ou dans des éditions française d’avant-guerre tout aussi réelles, mais avec des modifications de circonstances à faire pâlir tout documentaliste qui se respecte. Grand coup de génie également que cette référence à Chob , entité cosmique issue de ce grand classique d’Yves Dermèze qui au final est un des rares écrivains à avoir fait la transition entre la fin du merveilleux-scientifique et la SF moderne. 

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Outre l’aspect titanesque de ce dieu souvent rencontré dans les comics américains, nous avons la preuve supplémentaire que nos écrivains étaient capables d’oser une telle dimension cosmique et mis ici à l’honneur dans ce final d’apocalypse digne des meilleures séries américaines. Je n’ai pas la prétention de les connaître comme certains peuvent le revendiquer, mais cette ultime renaissance est la preuve que nous avons là tout un monde qui fourmille de références avec un potentiel incroyable et que les auteurs, dans un long travail de réflexion et de concertation, nous ont offert l’aboutissement d’une univers incroyablement riche et possédant une matière première qui faillit nous passer entre les doigts.

Que Serge Lehman me pardonne cet abus de langage et cet enthousiasme qui peut paraître excessif, mais connaissant tout cet amour que je possède pour le Merveilleux-Scientifique, je trouve que ce concept de brigade chimérique fut un sacré coup de poker, mais surtout un sacré coup de génie, car elle est au final la synthèse de tout un univers éparpillé aux quatre coins d’une littérature de genre mal définie et pendant longtemps mal répertoriée. Dans cette masse volumineuse, elle pouvait sembler anecdotique et insignifiante, mais réunie sous un même et unique étendard, se révèle à la fois forte, inventive…..unique!

Dans ces deux volumes, riche d’une partie Métadonnées qui sont autant d’éléments précieux pour le profane comme pour l’érudit sur certaines références, scénariste et artistes ont couchés par l’image, outil de communication de nos jours incontournable, le substrat de cet univers mal connu, pendant longtemps peu exploré, mais qui se révèle une fois encore d’une richesse inouïe. Une masse imposante riche de 500 pages et plus avec les autres albums se rattachant à la série, où les artistes y ont mis toutes leurs tripes dans un maelström d’images souvent à la beauté surréaliste où les couleurs s’entrechoquent de manière sublime pour nous révéler un univers qui oscille de manière constante entre merveilleux- scientifique et comics. Je ne cesse de passer en revue certaines planches qui pendant longtemps, dans mes rêves les plus fous, ont titillé mon imagination en me disant que peut-être, un jour, un artiste assez fou serait dans la capacité de retranscrire par le dessin ces univers de l’hypermonde. Si les dessins de Gess ne cessent d’imprimer ma rétine d’images d’une beauté d’un monde crépusculaire et incroyablement fidèles à cette littérature , ceux de Stéphane de Canevas trouvent quand à eux la fréquence parfaite avec ces nouveaux univers , ce passage de relais entre deux mondes incroyablement complexes et beaux et nul doute que cette ultime renaissance vient de trouver grâce à ce dessin inspiré , une toute nouvelle dimension à la brigade chimérique. Le dessin/photo de la couverture rigide , d’une grand beauté, est en cela très évocateur avec la représentation d’une brigade aux formes inquiétantes car baignée dans une ambiance crépusculaire , sorte de cliché fantôme qui oscille entre réalité et fiction, mais qui pourtant se veut rassurante par la présence de ces créatures super-héroïques qui veilleront sur l’humanité, tant que subsistera en nous ce besoin de croire et d’imaginer.

Lire ces deux beaux volumes, c’est la certitude de pénétrer dans un monde ne possédant nulle autre équivalence et de vous imprégner d’univers insoupçonnés qu’il était indispensable de révéler enfin au public sous une forme universelle. La toute dernière planche de l’album en cela, porte en elle tous les espoirs de cette nouvelle génération, une fenêtre ouverte entre le réel et l’imaginaire face à un jeune public, amusé, émerveillé….! 

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En souvenir des Hypermondes et des amis de la brigade chimérique , le club des Savanturiers reconnaissant!

hommage à la brigade chimérique

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merveilleuxscientifiqueunblogfr @ 19:13
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La Brigade Chimérique: Bienvenue Dans Les Hypermondes!

Posté le Lundi 10 janvier 2022

 

 

 

 

 

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« La brigade chimérique » c’est un peu comme ces films cultes qui me sont impossibles de ne pas voir au moins une fois par an, il existe comme un lien secret et vraiment très fort qui me rappelle combien nous sommes , nous adeptes du merveilleux-scientifique, redevable à cette incroyable série. Au delà de la BD , de son scénario d’une solidité à toute épreuve et de son graphisme addictif, il y un puissant réservoir à idée, une formidable machine à hypothèse, synthèse de plusieurs décennies de conjecture française où toute une poignée d’écrivains étaient si proche de concrétiser la création d’un genre innovant et pérenne. Je me rappelle d’avoir écrit pour une préface à un recueil de nouvelles « Dimension merveilleux-scientifique » :

« Lorsque la série de « La brigade chimérique » est arrivée sur le marché, nul doute que ce fut le signe d’une nouvelle ère et que le monde de la science-fiction française ne serait plus comme avant. Elle venait en effet de condenser, l’espace de six volumes, des décennies de cet imaginaire relégué au rang des oubliettes et créer par le biais de cette collection, « les Hypermondes », au relent de revanche toute justifiée, un juste retour des choses. Nous sommes tous les enfants de Régis Messac et grâce à son immense sagacité, nous connaissons actuellement un âge d’or du merveilleux scientifique, une renaissance d’un genre qui tel un bon vin vieilli en fût de chêne, à longuement mûri afin de nous livrer ce délicieux breuvage qu’une foule d’écrivains et de spécialistes nous verse avec tant de générosité. Si l’univers de « la brigade chimérique » forte de son Hyperscience, de la réhabilitation d’une foule de super-héros , d’auteurs talentueux, de « ces mondes inouïs, ces hypermondes, et leur flore et leur faune : les hyperêtres…. » , fut un déjà véritable électrochoc en soi, elle permit en outre l’apparition d’un univers à part entière, avec son propre jeu au titre éponyme. Un monde possédant sa propre histoire, riche d’une multitude de références à cet imaginaire ancien éparpillé dans ces milliers d’ouvrages, de revues, publications et autres magazines. Et si toute cette mémoire du passé retrouvait une nouvelle jeunesse par l’intermédiaire d’une prise conscience du futur ? Si de jeunes auteurs et artistes parvenaient à reconstituer cet immense canevas conjectural, riche d’une multitude de héros, de génies du mal, d’inventions extraordinaires, de contrées inexplorées pour en faire une merveilleuse tapisserie qu’il nous serait possible d’admirer dans sa globalité et de pouvoir en saisir l’immense potentiel ?»

Je ne me lasse pas de cette série, elle est le lien indispensable à une toute nouvelle génération de lecteur qui , n’ayant aucun crainte à parcourir les chemins tortueux mais toujours fascinants de notre littérature populaire , découvriront des univers insoupçonnés où le mythe du super héros moderne n’est pas le fruit d’une idéal étasunien, mais bien le produit aux reflets tricolores enfantés dans la douleur de certaines défaites, la violence de nos champs de batailles mais aussi toute la beauté d’une époque révolue ou science et imagination n’avaient presque pas de frontières. Une œuvre indispensable, un véritable dictionnaire par l’image de tout ce que le genre à enfanté de plus sublime, Le second volume, en cours de lecture , est tout aussi fascinant et révèle une fois encore tout le potentiel de rêves fragmentés d’auteurs des Hypermondes pour venir enfin s’agglomérer dans un courant puissant et incroyablement jouissif.

Photo hommage/souvenir très rapide de ce qui fut à l’origine d’une si belle création et de tout ce que la puissance de imaginaire peut engendrer comme mythe.

les hypermondes

 

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Georges Spad est-elle une Chimère?

Posté le Lundi 10 janvier 2022

 

 

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Une ultime photo, témoignage de mes recherches incessantes… Chère Christine, Cher Serge, la boucle serait-elle bouclée ? Si dans cet « Homme chimérique » dont il est possible d’avoir un résumé dans l’intégrale de « La brigade chimérique » et qui donna naissance à cette fameuse unité de super-héros d’avant-guerre, bien avant qu’il ne se conceptualise outre Atlantique, nous avons les germes de sa création avec ce texte inédit de cette mystérieuse Georges Spad. Un texte qui d’ailleurs ne faillit jamais être publié, Mabuse et ses séides vaillant à éviter les fuites, et grâce auquel nous avons le témoignage percutant de Renée Dunan qui affronta en d’autres temps les mutants ennemis, produits de l’hyperscience des forces de l’axe. Ce récit, presque un huit-clos, loin d’être étouffant, est un bel exercice de style où l’on sent que l’auteure a pris un grand plaisir à le rédiger. Cette mise à l’honneur de Théo Varlet face à toute l’âpreté de la guerre n’est pas avare de personnages attachants et relève presque du roman social, du terroir presque, avec cette part de mystère qui ne cesse d’aller grandissante pour surgir en fin de volume dans une catharsis d’action et d’un chapitre d’anthologie où nous sont révélés dans un tourbillon en provenance des Hypermondes l’apparence de bien singulières créatures, prémices d’une science maudite au service de l’ordre noir. Sur fond de « Der des Der » dans une ambiance humide et boueuse, il y flotte bien entendu une odeur de mort et de souffrance mais également comme un léger parfum de radium et le lecteur attentif à cette noble cause ne peut rester insensible à certaines des éléments qui y sont révélés. Ce petit ouvrage, riche d’un avant-propos qui lève le voile sur un mystère éditorial quoi que, vient de fait prendre place sur cette étagère consacrée à cette incroyable et énigmatique Brigade Chimérique et nul doute que, dans un prochain avenir, les lecteurs auront l’occasion de croiser de nouveau le chemin de ces super-héros d’un autre âge, d’une autre dimension…..avec les Hypermondes, sait-on jamais!

 

 

« Renée Dunan contre les mutants » de Georges Spas alias Christine Luce. Collection « Les saisons de l’étrange. Illustration de couverture Melchior Ascaride.125 pages.2021 

 

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merveilleuxscientifiqueunblogfr @ 11:02
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« La brigade Chimérique: Ultime Renaissance » Un Magnifique Cadeau de Début d’Année!

Posté le Jeudi 6 janvier 2022

 

brigade chimérique logo   En cette période de morosité ambiante, bloqué à domicile pour maladie, aujourd’hui, je viens de retrouver un peu d’espoir en ouvrant ma boite aux lettres et en y découvrant un gros paquet contenant cet objet tant attendu : « La brigade chimérique : Ultime renaissance »
Comme beaucoup de Savanturier, je suis un inconditionnel de cette saga qui est à mon avis la quintessence même du Merveilleux-Scientifique en BD pour ne pas dire LA référence moderne ultime pour un genre oublié, retrouvé et remis au goût du jour grâce à l’intervention de passionnés et de chercheurs, que je ne citerais pas ici mais qui n’auront aucun mal à se reconnaître. En cela, et sa magnifique préface pour « Les maîtres du vertige » est plus qu’un manifeste, c’est une véritable déclaration d’amour, nous savions que Serge était l’un des représentant du genre le plus impliqué, mais ce copieux volume de 260 pages vient ici finaliser cette boucle que nous espérons de l’infini et donner une nouvelle dimension à cette célèbre brigade qui depuis le mythique « Homme chimérique » a fait couler bien de l’encre !
Présenté dans un somptueux dos toilé sobre et élégant, recouvert d’une magnifique jaquette, cette double illustration nous plonge d’entrée de jeu dans une vision faisant à la fois appel au cycle précédent (pour l’illustration de couverture) et dans une toute nouvelle dimension avec sa magnifique jaquette. Celle-ci, véritable cabinet de curiosité pictural, nous plonge dans un univers où les références sont multiples et où le passionné que je suis, se complet à relever les références à telle ou telle œuvre, à tel ou tel auteur. Imaginez un peu, l’objet en lui-même est déjà un véritable délice, quand sera-t-il alors une fois sa lecture terminée…
Comme je suis un insupportable gamin avide de friandises, je n’ai pas pu m’empêcher de feuilleter la fin du volume, riche d’une très belle postface et d’une importante partie de « Métadonnées » et de constater une fois de plus à quel point le scénariste est un véritable passionné du genre en faisant mention de moults références mais surtout , et c’est ce qui m’a le plus touché, de mentionner  un illustrateur qui me fascine depuis de nombreuses années et dont le travail magnifique est certainement le plus représentatif dans le domaine de l’imagerie du merveilleux-scientifique. Merci donc à Serge d’avoir fait référence à Henri Lanos dans ce magnifique album, je suis vraiment heureux et fier de le voir ainsi référencé dans ces pages, car cette saga de « La brigade chimérique » est pour moi cette capsule temporelle, témoin d’un genre qui au fil du temps ne cessera d’enchanter notre mémoire collective et qui résume au travers de ces pages multicolores et sombres à la fois, toute la mémoire d’un genre retranscris ici de la plus belle des manières. Nul tout que ces deux volumes seront une sorte de bible en images d’un courant littéraire le plus intrigant et le plus fascinant du XXe siècle.

Grace à la superbe idée du « mois de la Savanture » initié par les Moutons Electriques comprenant des titres aussi emblématiques que « Le prisonnier de la planète Mars » de Le Rouge et « La cité des ténèbres » de Léon Groc , nous voici donc comblé et heureux de pouvoir y joindre ce nouveau volume qui ne fait que renforcer cet incroyable travail de fond réalisé par tous les passionnés du genre.

En attendant la lecture très prochaine de cette perle de l’imaginaire, je voulais remercier Serge d’avoir pensé à moi, mais aussi toute l’équipe pour la réalisation de ce magnifique objet qui au final, me permet de commencer cette année sous les meilleurs auspices. Comme quoi, l’art et la culture restent encore plus fort que tout !

« La brigade Chimérique: Ultime Renaissance ». Edition Delcourt. 276 pages. Scenario de Serge Lehman, dessin de Stéphane De Caneva et mise en couleur de Lou

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merveilleuxscientifiqueunblogfr @ 13:31
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« Agence Lovecraft »: Les Traqueurs de L’Indicible !

Posté le Dimanche 31 octobre 2021

 

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Inutile de vous présenter Jean-Luc Marcastel , véritable « touche-à-tout » de l’imaginaire qui œuvre aussi bien pour le fantastique, la Science-fiction ou la fantasy et si, au cours de son long et généreux périple d’écrivain, l’ombre du maître de providence plane sur son œuvre prolifique, ce volume paru chez Gulf Stream Éditeur, ne fait que confirmer sa fascination pour H.P.Lovecraft.
Mai tout d’abord, parlons de l’objet et quel objet ! Sous une magnifique couverture à rabat sise d’une fort belle illustration d’un certain Vaderetro aux motifs et couleurs très inspirées et parfaitement dans l’ambiance de l’ouvrage le premier de couverture est en outre estampillé avec le redoutable logo de « L’agence Lovecraft » avec image de Cthulhu d’un rouge du plus bel effet et qui d’entrée de jeu vous annonce que nous ne sommes pas ici pour plaisanter. Le livre est donc plaisant à regarder et à manipuler ce qui croyez moi, est déjà une excellente entrée en matière.
Mais une telle mise en bouche ne serait rien sans le plat de résistance constituant le texte et si au premier abord le lecteur pense qu’il s’agit d’une œuvre uniquement réservée pour la jeunesse, détrompez vous, Jean-Luc n’est pas là pour plaisanter et les derniers chapitres sont là pour vous rappeler que lorsque l’on ose réveiller cet illustre grand ancien, il vous faudra en payer le prix…..
En fin connaisseur du genre et habitué à mener son affaire, l’auteur sait comment y faire pour planter le décor et prendre délicatement, mais fermement, le lecteur par la main afin de l’entraîner dans les gouffres insondables de la peur. Toutefois constituer une ambiance ne fait pas tout le boulot et sa grande force, en lecteur aguerri et averti, il vient puiser aux sources de son inspiration en y injectant de bonnes doses de ce qui fit ses délices de jeunesse. On peut ainsi rencontrer de grandes figures de notre imaginaire littéraire tel le capitaine Némo et son célèbre « Nautilus » (mais dans une version High-tech), avec une variante puisqu’il s’agit ici d’une capitaine ( j’adore ces ruptures de codes)  et le fameux Doc Savage, héros de la bibliothèque Marabout qui tint pendant quelques années la dragée haute à un autre aventurier des temps modernes « Bob Morane ». Mais emprunter de célèbres figures ne suffit pas à faire une bonne histoire, encore faut-il lui insuffler ce souffle de l’aventure qui, malgré son apparence, n’est pas si évident que cela à exploiter.
Jean-Luc l’a parfaitement compris, il ne suffit pas de faire « à la manière de encore  faut-il  créer une ambiance, des personnages avec qui l’on puisse s’identifier et des situations inédites qui ne vous laissent pas cette parfois désagréable sensation de déjà vu.
Pour le coup, dans ce premier tome de « L ’agence Lovecraft » fort justement intitulé « Le mal par le mal » sommes nous en présence de quelque chose de nouveau. Tout d’abord les trois personnages principaux, frappés d’une sorte de malédiction et qui, poursuivis par leur destin, vont découvrir leur incroyable mission et la traque de ces indicibles forces des abîmes qui semblent de nouveau se déverser sur la terre afin de  semer l’horreur et la destruction, D’emblée notre sympathie va s’acoquiner avec cette équipe hétéroclite dont je vous laisse la surprise de découvrir les incroyables capacités et si la mise en place des personnages principaux se fait lentement , n’oublions pas que nous avons à faire à une série de plusieurs volumes, lorsque l’action arrive, s’est un véritable déchaînement,
Tout rappelle les ambiances chères à Lovecraft avec tout particulièrement les sombres rituels sur le rocher du diable à Insmouth sans oublier l’attaque du Nautilus par les séides de Dagon et qui donne lieu à deux chapitres d’anthologie où l’auteur maîtrise avec brio le sens de l’action en jouant avec les nerfs du lecteur. Tout y est, il ne manque rien et le seul reproche que l’on pourrait faire à ce dernier tiers de volume complètement ahurissant, ce sont les derniers mots concluant le chapitre final « Fin du premier épisode…….»
Il est possible de lire beaucoup d’ouvrages inspirés de Lovecraft depuis quelques années, et je trouve que cette nouvelle saga est non seulement une excellente entrée en matière pour les jeunes lecteurs désirant découvrir l’œuvre de HPL avec sa dose de modernité et son ambiance « jeune » mais elle permettra également de satisfaire les vieux briscards de l’imaginaire, dont je peux me targuer faire partie. La lecture est simple, fluide et enlevée et je peux dire qu’il s’agit d’un ouvrage que j’aimerai avoir lu lorsque j’étais jeune enfant, probablement un texte qui m’aurait donné plus tôt le goût de la lecture. En attendant, il est certain que le jour où j’aurai la chance d’avoir de petits enfants, nul doute qu’il me plairait de les initier aux sombres arcanes du savoir avec un ouvrage tel que cette excellente « Agence Lovecraft ».
Vivement les prochaines aventures !

« Agence Lovecraft: le mal par le mal » de Jean-Luc Marcastel. Gulf Stream Editeur. 2021.

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La tristesse d’un disparition: Adieu Joseph Tu vas Terriblement Nous Manquer!

Posté le Dimanche 15 novembre 2020

Contrairement à beaucoup de membres du club des Savanturiers, j’ai connu Joseph tardivement et comme beaucoup d’entre vous, je l’ai connu grâce à ce club. Nous nous sommes rencontrés la toute première fois il y a quelques années lors d’une convention et c’est probablement Jean-Luc Rivera qui me l’avait présenté. A l’époque, j’avais cette forme de timidité qui me rendait tout petit lorsque je rencontrais un érudit de cette trempe. Mais Joseph n’était pas comme tout le monde, de suite, j’ai été interpellé par cette incroyable modestie des belles personnes qui ,sous des airs un peu effacés, cachent une incroyable grandeur d’âme et une générosité tout aussi affirmée. Souvent, nous échangions des messages après un post sur le club et à chaque fois, j’étais impressionné par sa clairvoyance, son érudition et cette mémoire qui jamais ne lui faisait défaut. Joseph, c’était l’homme qui de suite attirait votre attention, car son savoir, doublé d’un humour toujours fort à propos, ne pouvait qu’attirer la sympathie. Il est de ces hommes qui dégagent la bonté et cette sagesse accumulée au fil des ans à se plonger dans cette documentation qu’il affectionnait tant et qui était toute sa vie . Je me rappelle que, jamais avare de cadeau, il m’avait envoyé le volume 2 de « L’aube du magicien » paru aux éditions de l’ODS, il y parlait de moi et du club des Savanturiers et je me rappelle de cette immense fierté d’avoir ainsi été cité par cet homme pour qui j’avais le plus grand respect et une admiration sans faille. Il a toujours été pour moi l’incarnation même du Savanturier, modeste, aventureux, ouvert au monde et toujours prêt à partager et à donner. Celles et ceux qui l’ont mieux connu savent à quel point c’était la bonté et la générosité même et cet amour qu’il avait pour les littératures de l’imaginaire et pour son entourage, il l’a concrétisé par ces magnifiques cadeaux éternels qu’il nous a fait avec son vieux complice Guy Costes en rédigeant « Les terres creuses et « Rétrofictions ».

Je sais tout le chagrin que sa disparition vient de provoquer, je lis votre douleur et votre profonde tristesse, mais peut-être trouverons nous un semblant de réconfort en nous disant qu’il s’est endormi au milieux de ses livres qu’il aimait tant , cocon de papier qui toute sa vie durant à construit l’homme qu’il était , un fidèle ami, un homme infiniment bon et dont je garderai gravé en moi ce franc sourire et cette bonhomie qui nous émerveillait,

Nous venons de perdre un ami Savanturier, un frère de la conjecture, un père gardien du savoir, les yeux sont secs d’avoir trop pleuré, la gorge sèche de cette forme d’injustice qui ne nous prépare jamais assez à la violence de tels événements. Je voulais ainsi exprimer toute mon affection et mon soutien à celles et ceux qui étaient si proche de lui, je pense à Guy Costes à Christine Luce à Fleur Hopkins et bien d’autres encore car Joseph c’était l’ami de toujours, celui qui a toujours partagé, celui qui nous a tant donné.

Cher Joseph on ne cessera jamais de t’aimer et si je n’ai jamais osé de te le dire, ce soir est un peu particulier et je ne suis certainement pas le seul à le penser,

Adieu vieux frère de la Savanture, tu as certainement été l’un de mes plus belles rencontres de celles qui marquent la vie d’un homme. Je te suis éternellement reconnaissant d’avoir croisé mon chemin.

Merci à mon ami Robert Darvel pour ce magnifique cliché réalisé lors de la grande braderie de Lille , il y a plusieurs années.

 

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Jan Marcus Bodichiev: Un Détective à Vapeur Digne de ses Prédécessurs!

Posté le Mercredi 26 août 2020

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Fils de l’historien Viatcheslav Pavlovitche Koulikov, Olav Koulikov retrouve des documents réunis par son père et relatant certaines enquêtes du célèbre détective Jan Marcus Bodichiev et dans un univers où l’Empire anglo-russe domine la majeure partie du monde depuis le mariage de la Reine Victoria et de l’Empereur Constantin,certaines enclaves de contestation socialisantes européennes comme la France poursuivent la lutte afin de garder une indépendance toute relative. Mais le crime reste encore une denrée courante en l’an 3000 de cette nouvelle ère et les méthodes à l’ancienne sont parfois bien plus efficaces que science et techniques de pointe!

Je dois avouer ne pas être un grand spécialiste de littérature policière, veuillez pardonner mon ignorance, je suis un lecteur tardif et donc je suis dans l’ignorance de certains grands classiques du genre.Pourtant, il m’arrive parfois de m’abandonner au genre surtout lorsqu’il est estampillé Les saisons de l’étrange .Il faut dire qu’avec ces Souvenirs d’un détective à vapeur  nous voilà transposé en terrain presque conquis, dans un territoire qui sied plus à mes tocs de lecteur à savoir un univers dystopique rétrofuturiste, mais pas que ! J’avais déjà eu l’occasion d’apprécier la plume de André-François Ruaud lors d’un volume précédent dans les saisons de l’étrange 1 et je dois avouer que la lecture des suites des aventures de Jan Marcus Bodichiev confirme cette délicieuse impression éprouvée initialement. Dans les 6 nouvelles que constituent ce recueil (je ne compte pas le chapitre 4 notes et fragments.) nous faisons plus ample connaissance avec ce détective spécialiste en informatique et dont le flegme So British n’a d’équivalence que le flair et la logique incroyable avec laquelle il vient résoudre les meurtres qui ensanglantent ses enquêtes. Mais ce qui fait surtout la force de cet ouvrage, ce ne sont pas les énigmes à proprement parler, bien que deux d’entre-elles relèvent des amateurs de l’étrange : L’affaire du lac et des poissons et Le cas de la pluie de sang, non, pour moi c’est avant tout la façon dont l’auteur nous plonge au cœur du mystère avec cette plume entre poésie et nostalgie où il prend le temps de nous décrire le cadre dans lequel se déroule les enquêtes, comme si notre détective, avant d’être ce privé aux talents de déduction redoutable, était avant tout un personne doué d’une extrême sensibilité (ce qui est le cas) et capable, en piéton infatigable, de vous révéler toute la beauté et le charme de tout ce qui vous entoure. Ainsi dans L’affaire du lac et des poissons c’est la Provence de Giono qu’il nous fait découvrir avec ravissement et dans Saint-Francisbourg la forme d’une ville c’est la visite d’une mégapole fantasmée que nous découvrons au hasard des pérégrinations du héros qui, tel un piéton attentif et poétique nous donne la vision d’une ville à l’architecture parfaite (qui sera d’ailleurs la base du mystère des nombreux assassinats) mais il faut dire que l’auteur fut « coupable » d’un ouvrage symptomatique de son amour pour les villes tentaculaires et pleines de mystère :  Londres une physionomie et London noir. Mais plein d’autres surprises vous attendent dans ces aventures et la dernière nouvelle, Les trafiquants de couleurs au titre étrangement beau, va certainement plaire aux amateurs de cinéma avec l’apparition d’un réalisateur célèbre et qui ne pouvait pas mieux convenir dans cet univers en parfait décalage: Tatichiev, cela vous dit-il quelque chose?
En résumé, Bodichiev est une personnage fort sympathique, un être débonnaire à l’apparence flegmatique, mais dont les aventures nous révèlent un personnage sensible en parfaite adéquation avec son temps à savoir si nous sommes plongés dans une dystopie avec un bouleversement géopolitique fort original, l’unité de temps au final reste assez flou , en tout cas les repères que l’auteur sème au fil des pages sont suffisamment vagues pour que le lecteur se retrouve dans un univers où le détective , avec son coté très Hercule Poirot, puisse y évoluer comme un poisson dans l’eau, avec ou sans fourrure, celles et ceux qui connaissent le livre comprendront.

Hâte donc de retrouver les prochaines aventures de ce fin limier, outre le coté très divertissant de toutes ces nouvelles, l’écriture d’André-François possède quelque chose d’apaisant et de diablement addictif.

« Souvenirs d’un détective à vapeur » d’André-François Ruaud, Les saisons de l’étrange saison 2 , couverture de Melchior Ascaride. 2019

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Sturkeyville: Lieu Géométrique de (presque) Toutes les Terreurs

Posté le Lundi 24 août 2020

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Sturkeyville, lieu géométrique de toutes les terreurs…..et dire que, pour un peu, nous passions à coté de cet auteur majeur du fantastique ! Merci donc à l’éditeur et au magnifique travail de traduction de Nathalie Duport Serval, pour ce recueil de 6 nouvelles, toutes plus admirables les unes que les autres qui varient entre horreur pure, science-fiction, fantastique et fortement saupoudrées de cette poésie que l’on retrouve dans les écrits de Sturgeon.

C’est une véritable bouffée nostalgique qui s’est emparée de moi à la lecture de cet ouvrage. Une écriture ciselée où l’auteur prend le temps du détail, s’arrête sur des éléments qui ne paraissent pas importants, mais qui au final nous permettent d’aller au plus profond de cette horreur à l’apparence si banale qui se cache dans cette petite ville. Un ambiance proche de celle de Lovecraft, oui, mais en mieux, car il y a cette dimension humaine qui vous fait vous attacher aux personnages et vivre cette angoisse de manière plus viscérale et cette terreur qui vous colle à la peau au fil des pages.

J’ai vraiment été transporté dans une autre dimension et les différentes thématiques qui parsèment cet ouvrage (possession, maison hanté, créatures de cauchemars, paradoxe temporel….) vont véritablement vous aspirer et vous projeter dans cette petite ville à l’apparence si anodine, mais qui révèle bien des secrets, de lourds secrets….

Les nouvelles sont accompagnées de de superbes illustrations N&B et donc,si vous ne le lisez pas, c’est qu’il n’y a plus rien à faire pour votre salut !

« Bienvenue à Sturkeyville » de  Bob Leman ,Editions Librairie Scyllia, illustrations intérieures de Arnaud S.Maniak .Décembre 2019.

Bienvenue à Sturkeyville

merveilleuxscientifiqueunblogfr @ 17:26
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