Archive N° 2 : Mystére-Ville

Posté le 30 décembre 2009

« Mystère Ville »  Roman de William Cobb (Jules Lermina) Illustré par A.Robida.

Parution « Le Journal des Voyages » du 4 Décembre au 26 Mars 1905 .Première livraison avec couverture couleur de A.Robida (Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique N°6 Mars 1991)

 

Reclus volontairement dans une province isolée de la Chine, Alcide Trémolet voulant échapper aux horreurs de la révolution des Boxers, va vivre une des plus extraordinaires aventures de sa vie.

Tombé par accident  dans une crevasse alors qu’il fuyait sa maison, il se réveillera dans un endroit des plus singulier où un homme, habillé de vêtements d’une autre époque va lui faire une curieuse annonce.

IL doit en effet comparaître devant le tribunal du « grand Châtelet »pour avoir pénétré de façon illégale dans une zone interdite. Ainsi fait, la sentence tombe de façon tragique :Condamnation à mort par « Phonothomatose » à savoir la mort par le son.

Avant l’exécution de cette terrible sentence, un homme de science le Dr Durand, qui ayant prit en sympathie notre infortuné aventurier, va lever une partie du voile de cette mystérieuse société souterraine « Mystère Ville ».

Fuyants paris lors de la révocation de l’édit de Nantes par Louis XVI en 1865, un groupe d’insurgés gagne les Indes au moyen d’un bateau à moteur inventé par l’un deux : Denis Papin !

De périples en périples, ils se retrouveront prisonnier d’une muraille granitique suite  à un tremblement de terre.

Après 200 ans d’isolation et d’adaptation  à leur nouvel environnement ils parviendront, aidés par le génie de Papin à créer Mystère -ville.

Dans ce microcosme, tout doit être fabriqué artificiellement, comme la nourriture entièrement chimique et formée des éléments constitutifs des mets avec leurs saveurs propres et leurs qualités nutritives.

La terre est un élément très rare, car apportée par le vent, est également fabriquée avec des éléments de synthèse. Petit détail surprenant, à Mystére-ville, la Seine est un fleuve de fleurs aux couleurs flamboyantes, réalisé au moyen d’injections hyporaciniques à base d’essences minérales.

Les repas se prennent au Louvre, réfectoire national ou toute l’alimentation se fait par absorption d’essences nutritives, distribuées par un clavier.

L’injection se pratique directement par la bouche par une canule propre à chaque personne.

L’appartement attribué à Alcide est également à la pointe de cette nouvelle technologie.

Celui-ci, très confortable, n’est accessible que par l’intermédiaire d’une grue située au centre de la ville et faisant office d’ascenseur.

Par manque d’eau, les ablutions se font au moyen de douches phoniques, rayons lumineux chassant toutes les impuretés de votre corps.

Symbole du progrès, dans cette ville, la femme est l’égale de l’homme ou chacun se doit de fournir  une à deux heures de travail quotidien.

Réduction des taches, loisirs augmentés, voici un monde idéal ou notre héros s’intègre peu à peu et on lui trouve même un petit travail dans l’usine phonique (distribuant l’énergie dans chaque m    maison) où il rencontrera l’amour de sa vie….

Alors que sa nouvelle existence semblait s’écouler paisiblement, un nouveau vent de révolte se déchaîne sur la capitale.

De violentes oppositions débutent entre le phonisme (énergie par le son) et l’aronisme (énergie produite par….les odeurs).

De plus la polémique enfle : « Faut-il oui ou non percer une galerie afin d’atteindre le monde d’alcide Trémolet ? »

Une nouvelle machine issue de la technologie aromiste peut en effet dissoudre les roches les plus dures et ce, dix fois plus vite que tout autre appareil.

Alcide au milieu de ce gigantesque conflit, est le seul qui peut vraiment dire si la civilisation « terrienne » est meilleure que celle où il a été recueilli.

Mais la guerre gronde à l’horizon, une guerre impitoyable oppose les deux factions.

La « bombe aromatique »prévue pour le tunnel, n’est malheureusement qu’un prototype et dans sa folie, son utilisateur percera une gigantesque poche de lave en fusion.

La ville sera complètement détruite, Trémolet n’échappera, comme il se doit, que de justesse à cette mort effroyable.

Seule sa compagne échappera également au désastre, une évasion qui se fera par la voie des airs

Le manuscrit de cette incroyable aventure sera retrouvé dans une bouteille miraculeusement tombée du ciel, dans une ville Russe.

Une expédition sera envoyée afin de confirmer la véracité de cette époustouflante aventure.

Quand à Mr  et Mme Trémolet, ils n’ont jamais donné signe de vie

 En guise de conclusion

Ce roman fort court hélas, reste me semble-t-il une des réussites du « Journal des Voyages ».Les inventions sont si nombreuses qu’il est impossible de les citer toutes.

Cette civilisation axée sur le son et les odeurs ne manque pas d’originalité ; et certaines descriptions y sont d’ailleurs fort cocasses.

L’exemple flagrant du potentiel extraordinaire des écrivains de cette époque

L’histoire se déroule d’une façon logique et bien que certaines techniques soient un peu tirées par les cheveux, il se dégage de tout cela un savoureux charme désuet.

Par contre il me semble important de soulever un petit voile mystérieux dont cette œuvre semble enveloppée.

Je connais quelque peu la production de Mr Jules Lermina (« Le secret des Zippélius, « à brûler conte astral.. ») et il me semble que l’imagination débordante dont fait preuve ce texte doit plutôt se tourner vers son illustrateur, l’excellentissime Albert Robida.

Ce texte porte sans nul doute les traces du père du XXéme siècle.

Les noms donnés aux appareils (douche photique, serre photo phonique, phonothomatose…) les descriptions de l’évolution sociale et culturelle (égalité de la femme, diminution du temps de travail, nouvelles religions : (Aronisme…) ainsi que le ton humoristique de l’ensemble, me permettent de croire à une participation plus que artistique à « Mystére-ville ».Un terminologie qui sera souvent reprise dans d’autres oeuvres comme celle de Camille Flammarion ou dans son « La fin du monde » les terriens communiquent avec Mars par liaisons « photophoniques » au moyen d’un « Téléphonoscope »

Du moins l’influence y est considérable et une écriture à quatre mains n’est pas à exclure.

Ceci est un avis personnel qui n’engage que moi, mais les coïncidences sont troublantes.

Pour exemple « La guerre infernale » écrite par Pierre Giffard Robida fut, dans quelques numéros autre chose qu’un simple illustrateur

IL est à préciser que ce texte fut réédité par J.P Moumon dans sa revue Apex collection « Périodica » en 1998.

Ce texte est également cité dans l’ouvrage de Pierre Versins « Encyclopédie de l’utopie et de la science-fiction » Edition « L’age d’homme » 1984 page 530

Cité également dans l’ouvrage de Guy Costes & Joseph Altairac « Les terres creuses, bibliographie commentée des mondes souterrains imaginaires » Editions « Encrage » 2006 page 206

Cet ouvrage est une véritable « Bible » indispensable à tout archéologue de l’imaginaire en littérature.

 

mystére-ville

 

2 commentaires pour « Archive N° 2 : Mystére-Ville »

  1.  
    Cheneau
    23 octobre, 2012 | 17:42
     

    Bonjour, pour illustrer un article que nous préparons sur les îles artificielles à paraître dans la revue Bateaux, je recherche des illustrations (format PDF, jpeg…) de l’île à hélices, de Jules Verne. Par bonheur, savez-vous comment se procurer ce type d’illustration ? Dites-moi, si vous avez une idée ?

    Bien à vous

    Véronique

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  2.  
    5 novembre, 2012 | 15:48
     

    Désolé de vous répondre aussi tardivement. Le mieux à faire pour vous est de consulter la base de données dans Google images il doit y avoir de nombreuses illustrations de l’oeuvre de Jules Verne. Hélas je ne possède pas ce volume mais si je peux vous donner des références bibliographiques sur cette thématique n’hésitez pas car c’est un sujet qui a inspiré un grand nombre d’auteurs anciens. Au plaisir de vous lire. Bien Cordailement

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