« On a volé la tour Eiffel » De Léon Groc édition Ferenczi « Collection « Les romans d’aventures » 1923. Illustration de couverture en couleur de Armengol. (Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de fantastique N°5 Décembre 1990)
Aussi incroyable que cela puisse paraître,aucun doute n’est possible,le lieutenant Lambrequin attaché au service TSF de Paris constate avec stupéfaction la disparition de la tour Eiffel. Il venait de prendre son service au pied de l’édifice lorsque, au petit jour, ses yeux virent l’inconcevable.
L’affaire fait la une de toute la presse, le milieu scientifique se perd en conjectures, le mystère reste total : Comment un monument de 700 000 tonnes peut-il ainsi se volatiliser,
Le jour même de ce formidable événement, Claudine Gourdon fille du célèbre professeur et mort dix ans plus tôt, fête avec quelques intimes son 21éme anniversaire. Le DR Rapigny vieil ami de toujours choisira cette occasion pour lui remettre un message de son défunt père sur lequel est inscrit : « A ne remettre a ma fille que le jours de ses 21 ans ».
Cette dernière, brillante mathématicienne ouvre l’énigmatique paquet dans lequel se trouve différentes formules.
Deux personnes présentes lors de cette petite cérémonie, Charlotte Bourrelier et Gustave Forestier, semblent prendre un intérêt certain quand au contenu de ce curieux « Testament »
Afin de comprendre les liens qui semblent relier ces deux événements il est utile de faire un petit retour en arrière.
Avant sa mort le Pr Gourdon, avait constaté que le fer, soumis durant 25 années à un bain électrique constant, pouvait au moyen d’un traitement spécial basé sur différentes réactions chimique, se transformer en or.
Le hasard voulu que la tour Eiffel réunisse le jour des 21 printemps de sa fille toutes les conditions requises et indispensables à cette transmutation : La fortune de sa fille et de la France serait alors assurée.
Mais alors qu’est devenu notre emblème national, la fierté de la patrie, la gloire de la république,
L’explication de cette énigme sera révélée au cours d’une véritable enquête policière où amour et mystère ne cesseront de se côtoyer (une véritable pub pour romans photos….)
Explication : Assistant du Pr Gourdon lors de cette découverte sensationnelle, Forestier (voir plus haut) savait où et quand devait se produire le moment favorable pour la transmutation mais ignorait tout en revanche de la formule et de l’identité de son futur propriétaire.
Il prépara alors un plan aussi minutieux qu’alambiqué : Grâce à la complicité d’une femme aussi cupide qu’intelligente, Charlotte Bourrelier et d’un riche milliardaire Américain (à cette époque ils venaient tous des USA), ils organisent l’impensable, le vol de la dame de fer !
De part leurs solides connaissances scientifiques ainsi que des capitaux énormes dont ils disposent, nos scélérats établissent une base secrète au large de la Bretagne.
Dans un premier temps, il leur faudra décoller l’édifice du sol au moyen d’un puissant explosif révolutionnaire mais surtout très « silencieux » pour ensuite actionner l’immense électro-aimant mis en place dans leur repère et alimenté par une énergie colossale et inépuisable « La houille verte ».
Une fois ce véritable déluge de fer éparpillé, il ne restera plus qu’à entreprendre la récolte tout en appliquant le fameux traitement que les malfrats comptent dérober à l’infortunée Claudine.
Mais heureusement que l’amour va triompher et celle-ci, aidée par son fiancée et de quelques amis « sûrs » (dont le lieutenant lambrequin qui en est secrètement amoureux) vont déjouer cette fructueuse opération. Après avoir repéré la tanière des gredins, il faudra tout le courage ou la stupidité d’un militaire afin de s’introduire dans la gueule du lion, éliminer le cerveau de la bande et ses complices. Tout explosera : Le Lt qui sachant son amour impossible préférera se sacrifier pour la bonne cause,les malfaiteurs mais aussi les fragments de la tour Eiffel qui servira désormais de monument aux poissons.
Pauvre Gustave Eiffel !
En guise de conclusion
Ce roman, comme beaucoup d’ouvrages de Léon Groc ainsi que d’autres écrivains de l’époque, ne manque ni d’audace ni de fantaisie. Il fait tout de même partie des textes les moins crédibles de l’auteur, plus habitué dans ses romans à une certaine rigueur scientifique.
« On a volé la tour Eiffel » rentre plus dans la veine « populaire » de son œuvre.
Basé essentiellement sur une enquête policière, nous progressons de chapitres en chapitres vers le roman conjectural type de cette époque : Le ou les savants fous qui ne reculent devant rien pour arriver à leurs fins, le milliardaire perfide qui financent le projet, la jeune et belle fille courageuse face aux horribles criminels, l’invention extraordinaire du savant ou autre scientifique de l’histoire.
Malgré certaines petites « ficelles » souvent utilisées par les romanciers populaires, l’histoire se laisse lire sans ennuis, l’auteur nous dirigeant parfois sur de fausses pistes en nous faisant croire l’espace d’un chapitre à la fin de notre bonne vieille terre.
La disparition de la tour Eiffel donne lieu quand à elle aux hypothèses les plus délirantes, et quelques inventions originales parsèment ce petit ouvrage avec notamment l’électrocution à distance au moyen de la TSF et utilisée par Brown afin d’éliminer un complice gênant.
Concluons en classant ce roman « catastrophe » dans la rubrique « on en veut à la tour Eiffel » mais j’y consacrerai une rubrique entière dans un proche avenir, car une fois de plus celle-ci sera victime d’agissements diaboliques d’hommes qui ne se soucient guère du monument le plus célèbre au monde.
J’ai personnellement préféré de l’auteur « La révolte des pierres » ainsi que « La planète de cristal », toutefois ce roman reste fort honorable en tout cas,bien meilleur que certaines productions de l’époque.
Petite anecdote autour du livre
J’ai acheté ce livre il y a presque 20 ans et je me rappelle le bouquiniste me disant en ces termes « Comme je sais que vous aimez les trucs populaires un peu bizarre,j’ai découvert ce livre dans un coin (presque le placard a chiotte….) je pense que cela va vous intéresser.Et pour cause,voila une petite collection que je cherchais à réunir au complet (pensez! les Ferenczi de la collection « Les romans d’aventures »).Mais le livre n’était pas cadeau malgré sa peu glorieuse provenance l’équivalent à l’époque de 50 Francs.Les temps changent, il y a 20 ans c’était cher mais aujourd’hui c’est une collection qui reste encore très onéreuse.
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