« La lumière ou la prodigieuse histoire de trois inventeurs, Roman Utopiste »
De Jean-marie Defrance. Editions Eugène Figuiére .1913.In-12 broché de 194 pages.( bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de fantastique N°7Juillet/Août 1991)
Ce roman qui pendant très longtemps me fut totalement inconnu est en vérité un ouvrage bien curieux. L’auteur brièvement présenté dans la préface, était un ingénieur dont « La lumière… »marque les débuts de sa carrière d’écrivain.
Nous sentons au fil de l’intrigue, une forte influence des idées socialistes de H.G.Wells, qui stigmatisa en son temps d’une trace indélébile un bon nombre de romans utopiques.
L’histoire, très simple raconte l’aventure extraordinaire survenue à trois inventeurs (comme son titre l’indique) voulant mettre au point une ampoule révolutionnaire, plus économique, plus puissante et plus fiable.
Chaque chapitre, avant d’arriver à la véritable invention de l’histoire, nous donne une idée bien nette du regard posé par l’auteur sur la société de l’époque. L’écriture sera le véhicule de ses idées, un support afin de changer le monde, en voulant déstabiliser le capitalisme, véritable fléau humain en ce début de siècle.
Leur rêve de changement va finalement se concrétiser, grâce à leur fameuse ampoule, et petit à petit, modifieront les structures économiques de leur pays, en renversant les anciennes valeurs capitalistes au profit du peuple et de la masse ouvrière.
Mais un élément nouveau vient changer la donne de façon encore plus spectaculaire. En effet les recherches sur la première invention, leur permirent de faire une nouvelle découvert : Une substance inconnue, produit d’une erreur de manipulation, dont la propriété est d’émettre une forte luminosité lorsque vient l’obscurité….sans aucune alimentation électrique !
Cette technique va se répandre comme une traînée de poudre en Angleterre, l’Europe, le monde entier !
En résulte alors un bouleversement total de la vie domestique et économique de toute l’humanité. S’appliquant dans tous les domaines, nous assisterons alors à la fin du roman à une véritable féerique électrique : chapeaux, gants et pantalons lumineux, les cultures seront en permanence baignées par une douce lumière grâce à des serres gigantesques contenant cette substance miracle etc….plus de famine, autonomie un mois, l’énergie pour tous !
La fin de l’histoire, comme vous pouvez vous en douter, sera des plus heureuse si ce n’était hélas la fin tragique d’un des inventeurs. Ce dernier découvre en effet que lors de notre sommeil, deux heures seulement étaient indispensables à régénérer notre organisme, mais sous des conditions bien particulières. Il lui suffit donc au moyen de sa technique de s’envelopper entièrement d’un drap mouillé, relié à un petit transformateur équipé d’une minuterie. Son corps ainsi « baigné » dans un minuscule champ électrique, dont l’action se focalise uniquement au niveau cérébral, lui permet ainsi de le plonger directement dans un sommeil profond.
Hélas une surcharge survenue au mauvais moment électrocuta notre pauvre inventeur, foudroyé dans son sommeil artificiel.
C’est ainsi que ce termine cette histoire avec la plus terrible des inventions de l’histoire da la vieille anticipation : La chaise électrique !
Notre auteur, bien involontairement, ne manquait pas d’humour.
Quand on le dit que ces scientifiques sont tous des fêlés !
En guise de conclusion
Ce roman est prétexte à l’auteur de révéler une fois n’est pas coutume que la science est faite pour servir l’homme, et doit être utilisée pour le bien être de l’humanité. Une pièce à rajouter dans la catégorie des textes qui mettent en avant l’aspect positif du progrès et qu’il n’est pas uniquement synonyme de malheur et de destruction.
On a très souvent reproché aux écrivains conjecturaux d’avant guerre de faire preuve de catastrophisme, et d’utiliser la science comme un moyen d’asservir l’homme et de le précipiter dans le chaos. S’il est vrai qu’une grande partie des écrivains ont dénoncés les méfaits du progrès par « savants fous » interposés, je pense surtout que c’est en raison du manque de connaissances scientifiques de la majorité. De formation plus littéraire voir même « classique » ils ne possédaient souvent pas toutes les données nécessaires afin de poser un regard lucide et objectif sur les avancées technologiques. Il en résulte donc bien souvent une crainte et une grande méfiance à l’encontre de la science mais surtout de la perversion qu’elle peut générer chez l’être humain.
Comme preuve dans « la lumière…. » Soyez prudents avec ce qu’elle peut nous offrir évitez de trop jouer aux apprentis sorciers, votre propre vie sera le prix qu’il faudra payer à trop d’audace et de témérité.
Ce roman, relativement rare est assez plaisant à lire, les chapitres relativement courts, l’écriture légère et agréable.
L’auteur a écrit deux autres romans nous intéressant :
- «Le roi des Eaux » Editions de l’onde Toulouse 1922.Illustration de Jean Lanère
- «La formidable énergie » Editions Argo 1928
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