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Archive pour mars 2010

« Les Plantes Ne Nous Aiment Pas! » Petit rappel d’horticulture conjecturale ……

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Bien avant d’être passée à la postérité grâce au film de Roger Corman avec son cultissime « Petite boutique des horreurs » en 1960 ( mais dont je préfère la version de Frank Oz en 1986) et le sympathique épisode des « Avengers » intitulé » « la mangeuse d’homme du Surrey », la plante anthropophage connu un certain succès dans les colonnes de quelques revues offrant une part généreuse aux écrivains d’anticipations anciennes.

Cette « branche » dérivée de ce que l’on pourrait nommé « La terreur végétale » n’est en fait qu’une extension du thème de la nature révoltée contre l’homme. Curieusement, cette catégorie n’a pas vraiment inspirée les savants fous et le résultat de ces mutations végétales, sont souvent le fait soit, de la mutation naturelle d’une espèce ou soit, et là nous nous orientons un peu plus dans le genre fantastique, d’une véritable révolte de la nature face à l’homme. Principalement rencontrées dans les pays exotiques, elles ne manquaient pas d’horrifier et de fasciner, les rares personnes, témoins de cette incroyable aberration de la nature. La littérature des « Pulps » à son age d’or était assez friante de ce genre de thème car très spécialisée dans les romans décrivant des mondes imaginaires terrestres (R.H. Howard ,Clark Ashton Smith, E.R.Burroughs,A.Merritt,….) ou alors de mondes provenant de l’exploration spatiale et peuplés d’une faune et d’une flore extraordinaire.

Mais en France, nos auteurs n’étaient pas en reste et accordèrent au genre une place des plus honorable. Il sera intéressant de se reporter à trois articles rédigés par Jean Luc Buard, Marc Madouraud et Claude Hermier dans le « Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de fantastique » afin de se rendre compte de l’intérêt que ce thème particulier suscita chez certains auteurs. Toutefois à la lecture de plusieurs revues, célèbres pour avoir abritées quelques textes conjecturaux il m’a été possible d’en découvrir deux autres pouvant se rattacher à cette catégorie.

- Le premier provient de la revue « Journal des voyages » du Dimanche 7 Septembre 1902 N° 301 2éme série et intitulé comme il se doit « Les fleurs carnivores ». Texte et illustrations (reproduits dans ces pages) viennent du truculent Albert Robida qui nous décrit ici une fleur aux appétits redoutables.

- Le second un peu plus récent, provient quand à lui de la revue « Pierrot, le journal des garçons » du Dimanche 15 Janvier 1933 N° 3 huitième année et intitulé… « L’arbre anthropophage » rédigé par un certain Jean Du Cléguer. Dans cette longue nouvelle, le héros en poste à Madagascar est alerté par les plaintes d’habitants d’un petit village et dont le chef, le redoutable « Gobatsi » offre ses administrés en pâture à une redoutable plante carnivore qui sécrète une puissant psychotrope :

« Je dois préciser sans plus de délai que cette expression d’arbre anthropophage était impropre. Il ne s’agissait pas d’un arbre proprement dit, mais d’une gigantesque plante grasse de la forme des ananas en infiniment plus grand, puisque le tronc haut d’environ huit pieds, mesurait prés de deux mètres de circonférence. Ce tronc massif et trapu n’était fait, comme ceux des palmiers, que des stipes des feuilles géantes qui le couronnaient. La tige de celles-ci avait la grosseur du bras et des piquants la hérissaient comme autant de crocs acérés ou, mieux, de mandibules. »

Un sujet qui ne manque pas de matière première et qui est loin de clore sa bibliographie.

 

Bibliographie sélective :

 

- « L’arbre anthropophage de Madagascar » de Benédict-Henry Revoil, dans la revue « Journal des voyages » N° 61 du Dimanche 8 Septembre 1878.

- « Gloutonnerie végétale » de Grosclaude dans le recueil « Hâtons-nous d’en rire » Editions Ollendorff 1895.

- « L’arbre maudit » de Georges Rouvray dans la revue « Mon bonheur » N° 50,1907 -

- « La Népenthe » de Jean Joseph Renaud dans le recueil « Le chercheur de merveilleux » Calman Lévy Editeurs 1907.

- « La Népenthe » de Jean Joseph Renaud. Réédition en deux numéros dans la revue « Le conteur populaire » N°170 & 171,7 et 14 Janvier, illustré par Tofani 1908. Réédité en fac-similé à très faible tirage par le fanzine « Les presses d’Ananké ». Novembre 1986

- « L’Arbre cannibale de Saperuam » Nouvelle paru dans la revue « Jeunesse » (Robert Laffite) et Signé du pseudonyme J.N. Clabaudeur. Probablement en 1907 :

Un arbre poussant à la frontière marquée par un large et profond fossé lance alternativement de chacun des côtés des gaz toxiques qui annihilent les désirs des habitants et finissent par les convaincre de joyeusement s’écharper. L’arbre se nourrit ensuite des corps tombés à proximité de ses racines. ( Sources provenant de l’excellent blog « Les peuples du soleil » de notre ami Ferocias)

- « Z » de Jean Joseph Renaud parution dans la revue « Jeunesse  magazine » de Pierre Lafitte du N° 1 au N°8 (30 Novembre 1905 au 8 Mars 1906)

- « L’arbre charnier » de E.M Laumann dans la revue « Lecture pour tous » 1er Septembre 1919, réédité dans « Lisez-moi aventures » N°26 1er juillet 1949 et dans « Planète à vendre «  N° 1 Octobre 1990

- « Le bolide Stratosphérique » de Alan Darmor. Edition de propagande culturelle Bretonne s.d (vers 1920) contient un chapitre intitulé « La fleur carnivore »

- « Les aventures de Singleton-le-chercheur, 11 : L’orchidée à la tête de mort » paru dans L’Intrépide n°637-638, du 5 et 12 novembre 1922, avec des illustrations de A. Huguet ou H. Skindler .


- « L’arbre cannibale » de José Moselli, fascicule de la série « Le roi des boxeurs » N° 54 s.d (vers 1925)

- « L’arbre vampire » de Gustave Lerouge. 11éme fascicule de la série « Les aventures de Todd Marvell détective milliardaire » Paris édition Nilsson 1923. Réédité en 10/18 Union Générale d’éditions collection « L’aventure insensée » sous le titre : « L’Amérique mystérieuse Todd Marvell détective milliardaire tome 2 ». 1986 -

- « L’incroyable et horrifique histoire de l’homme qui fut dévoré par un arbre » de Max-André Dazergues, dans l’hebdomadaire « Jeudi » N°68 du 13 Décembre 1934.

- « La plante qui hurle » de Hal Pink. Paru dans la revue « Dimanche illustré » le 22 avril 1935.

- « Le dénicheur d’arcs-en-ciel » Fascicule N° 34 de la sérié « Les aventuriers du ciel » de R.M.Nizerolles dans le chapitre « les ogresses parfumées » et accompagné d’une très belle illustration. S.d (vers 1936).

- « Futuropolis » de Pellos.Parution dans le magazine « Junior » entre 1937 et 1938.Réédition,éditions Jacques Glénat en 1977.

- « La planète inconnue » de Jean De Bizac. Première parution dans la revue « Ric Rac » du N°646 (23 Juillet 1941) au N°656 (3 Octobre1941).Réédition, Editions Apex collection « Périodica » N° 14 ,Février 1998

- « Une plante rare » de F.de Baillehache dans le recueil « Les plus belles histoires de peur » Editions Emile Paul Frères, 1942.

- « La foret qui tue » de Maurice Limat. Collection coq Hardi N°26. 1948

- « L’arbre mangeur d’hommes » de G.de Boisseble collection « Printemps » s.d

- « Fleurs infernales » de Maurice Limat, une aventure de Teddy Verano, son illustre détective dont les histoires baignent souvent dans le fantastique. Société D’éditions Générale,1957.

 

Pour quelques « terreurs végétales » de plus

 

- « Wood’stown » de Alphonse Daudet. Paru dans le recueil « Robert Helmont journal d’un solitaire » Edition Dentu 1874. Nouvelle reprise dans le N° 9 de la revue « Le boudoir des gorgones ».

- « La foret en marche » de Mary Chatillon. Paru dans le recueil de nouvelles « Contes à ma nièce » Paris Librairie de Poiret, 1880.

- « Les plantes du docteur Cinderella » Nouvelle de Gustave Meyrink. Parution en 1905, rééditée dans l’anthologie « Les savants fous » Omnibus 1994

- « Paris envahi par un fléau inconnu » de Georges Rouvray paru dans la revue « Mon Bonheur » N° 26 ,1907.

- « Les fleurs de la mort » de Georges Rouvray, paru dans la revue « Mon Bonheur » N° 38, 1907.

- « La foret qui marche » de Jean Azaïs. Paru dans le volume « Histoires impossibles » Editions presse Française, 1914. (Ouvrage analysé dans ce blog).

- « Un manuscrit trouvé dans une bouteille » de Yambo, pseudonyme de Enrico Novelli. Editions Albin Michel « Les belles aventures » 1931. Ouvrage qui sera très prochainement analysé dans ces pages.

- « L’orchidée extraordinaire » de H.G.Wells dans le recueil de nouvelles « La poudre rose » La renaissance du livre collection « Le disque rouge » 1932.

- « L’herbe qui pleure » de Max André Dazergues. Dans la revue « Jeudi » N° 109. 26 Octobre 1933

- « La guerre du lierre » de David Keller. Editions de la fenêtre ouverte collection « Les Hypermondes » 1936.

- « La foret qui parle » Fascicule N° 30 et « Prisonnier d’un arbre »Fascicule N°32 de la série « Les aventuriers du ciel » de R.M.Nizerolles. s.d (vers1935)

- « La reine de l’Amazone » de Léopold Frachet. Paru dans la collection « Voyages et Aventures » n°345, Ferenczi, 1940.La plante tueuse est « l’aratofa » dont les feuilles sont aussi coupantes que des rasoirs et que seuls les os des victimes peuvent arrêter. Puis l’herbe secrète un acide qui transforme le corps en une bouillie infâme destinée à être digérée. Bon appétit. (Merci Guy!)

- « La révolte des Triffides » de John Wyndham .Editions Fleuve noir collection « Anticipation » N° 68,1956.Réédition « Terre de brume » en 2005

- « La colère végétale » de Dominique Watteau .Edition Plon 1954.

- « La foret qui marche » de jacques Hamelink dans le recueil de nouvelles « Le règne végétal ». Editions Albin Michel 1966.

- « Encore un peu de verdure ? » de Ward Moore. Editions Denoël « Présence du futur » N° 194, 1975.

- « Graines d’épouvante » de Jack Finney. Editions Guenaud, 1977.

- « Les ruines » de Scott Smith, Editions Michel Lafon, 2007.

 

« Dite-le avec des fleurs » Bibliographie des études du genre

 

- « Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne »

* « De quelque plantes cannibales » par Jean Luc Buard, N° 5 (Décembre 1990)

* « Georges Rouvray, champion de la terreur végétale » par Marc Madouraud, N° 10 (Juin/Août 1992)

* « Botanic Park » par Claude Hermier, N° 13 (Février/Mars/Avril 1994).

 

- « Dossier Horreur Végétale » parution « Le boudoir des Gorgones » Les aventuriers de l’art perdu N° 8 (Mars 2004) et N°9 (Juin 2004) :

* « Wood’stown » d’Alphonse Daudet (1874).

* « La Forêt en marche » de Mary Chatillon (1880).

* « Les Fleurs de la mort » de Georges Rouvray (1907).

* « Le Seigneur des parterres écarlates – l’horreur végétale selon Clark Ashton Smith » par Philippe Gindre.

 

- « Plantes fantastiques et horreur végétale » numéro spécial de « La garance voyageuse » N° 80, Hiver 2007.

* Mythes et mystères de l’arbre anthropophage, par J.-L. Buard

* «  Les différents avatars de l’arbre anthropophage « , par J.-L. Buard

*  » L’horreur végétale dans la littérature » , par P. Gontier

*  » Les plantes suceuses d’âmes » , par H. Scneckenburger

*  » Des plantes horribles ou fantastiques mais pourtant bien réelles » , par Ch. Dabonneville

*  » La légende de l’arbre Upas » , par G. LEMOINE L’arbre à laine ou Barometz, par G. Lemoine

*  » Des plantes fantastiques de l’Antiquité à la Renaissance » , par Ch. Dabonneville

*  » Le monde végétal de la zone des Confins » , par G. Lemoine

*  » Psychodrômia violacea Grisgolin » , par P. Danton et L. Garraud

*  » La toile botanique«   de M. Philippe

 

- « Spécial Horreur Végétale » N°19 de la revue « Le boudoir des gorgones » :

* « L’Arbre pieuvre » (1914) de H.S. (Henri Sauvère?).

* « Un homme dévoré par… un arbre » (1921) de Marius Alix. o «Note sur « Un homme dévoré par… un arbre» par Philippe Gontier.

* « L’Arbre anthropophage » (1934) de Tragon de Bozes.

* «L’Arbre anthropophage» (193) de Guy d’Armen. «Une réaction malgache à « L’Arbre anthropophage » de Guy d’Armen».

* « L’Intrépide et les arbres anthropophages » par Jean-Luc Buard.

* Extrait de La France civilisatrice: Madagascar (1895) de Napoléon Aubanel.

* « Des arbres qui dévorent des hommes? Une aventure miraculeuse qui semble confirmer une vieille fable » (1935) de Rodolphe Pax.

 

  La touche humoristique par Albert Robida      L’univers »carnassier » des Aventuriers du ciel

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Archive N° 15 « Le Rour » ou Le Livre De L’immortalité Mécanique!

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   « Les protagonistes de l’histoire, une bien étrange galerie »

 

« Le Rour, grand roman sportif et policier »

De Pierre Souvestre et Marcel Allain. « Librairie de l’auto » Couverture couleur et illustrations n&b intérieures de Mich, 1909. Réédité en 1974 éditions « 10/18 » Union Générale D’éditions série « L’aventure insensée » dirigée par Francis Lacassin (Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique N° 6 bis Mars/Avril 1991)

Un mystère plane sur le château des Kercoat. La fille des St Edoc, Elisabeth disparaît subitement de sa chambre dans des conditions assez inhabituelles voir même surnaturelles. Une enquête est alors ouverte et confiée aux bons soins de Mr Fuselier, juge d’instruction et possédant une solide notoriété. Malgré toute l’aide apportée par les proches de la famille, le fiancé de la victime, Yves D’arzan Tregoff et d’un ami de la famille, Mr Durieux, les investigations piétinent. Les fausses pistes s’accumulent et le seuil indice sérieux semble être cette marque bizarre trouvée au pied de la fenêtre d’Elisabeth. Le Docteur Wumpt, inventeur local et constructeur d’un avion révolutionnaire, sera pour de diverses raisons suspecté, mais de ce coté également les preuves font défauts, rien ne concorde au plus grand désarroi des proches de la victime. Le cadavre de l’infortunée sera finalement découvert, le mystère reste complet et l’affaire faillit s’arrêter là, sans la ténacité du juge d’instruction et de Yves qui finissent par établir un lien entre le kidnappeur et le Dr Wumpt.

Le roman va alors prendre une toute autre tournure et se dérouler d’une façon totalement échevelée, dans la grande tradition du roman d’aventure fantastique, avec morts violentes, visite nocturne d’un cercueil ne contenant aucun cadavre, une étrange résurrection,la collision avec une étrange créature sous-marine,une poursuite endiablée et tout cela pour finir par la découverte d’un curieux homme/oiseau mécanique. Les masquent tombent enfin, le coupable possède en réalité plusieurs identités : Wumpt, Durieux….et bien d’autres encore.

A l’article de la mort, après une course poursuite digne des plus grands sérials, le sinistre individu ne sera plus avare de confidences et racontera son incroyable histoire. Depuis sa plus tendre enfance, condamné à vivre dans un corps chétif et fragile, il compensera ce déficit physique par une intelligence remarquable lui permettant de réaliser quelques géniales inventions. Pour commencer cette sorte de « corselet » électrique, équipé d’accumulateurs perfectionnés produisant une énergie constante à volonté. Grâce à un système spécial relié a ses membres atrophiés, cet appareillage lui donne vigueur et agilité, l’illusion d’une robustesse et d’une agilité qu’il n’a jamais hélas possédé. Par la suite,perfectionnant cette « armature » il y installa un système d’ailes lui permettant de voler mais aussi et surtout, fixées à ses jambes, des échasses télescopiques lui permettant de faire des bonds prodigieux tout en lui donnant l’élan nécessaire à son envol.

Mais l’aveu le plus extraordinaire est celui de son périple en Inde ou il fit la découverte d’un incroyable manuscrit et qui donne un nouvel espoir à sa vie d’infirme. Dans ce dernier, il est question d’un énigmatique « Rour » : « L’homme par le Rour, peut faire l’homme ! » une phrase qu’il prendra au pied de la lettre, aidé en cela par ce prodigieux traité qui n’est autre selon lui que le symbole de la science électromagnétique permettant aux initiés de créer artificiellement la vie et de donner à l’être humain « l’immortalité mécanique ! ». Par la suite il mettra en application une de ses théories selon laquelle « En donnant la principale importance au mouvement et à sa matérialisation, un peu de vie humaine suffirait à animer la matière libérée de tout risque de désagrégation ou de décrépitude » mais il lui faudra trouver pour finaliser son hypothèse, le corps correspondant devant réunir les critères très particuliers exigés par le livre sacré. Toutes ses conditions enfin réunies il pourra parfaire l’accomplissement du grand œuvre. Le sort désigna la malheureuse Elisabeth qui fût enlevée séquestrée et laissée pour morte.

Car ces diables d’hommes que sont Souvestre et Allain nous conduisent tout au long du roman sur des fausses pistes et Elisabeth que l’on croyait morte et qui fût enlevée de sa tombe lors du première chapitre était une ruse de l’infâme Wumpt afin de pouvoir utiliser librement son corps. Sans l’intervention rapide et efficace du Juge,de son fiancé et de l’énigmatique Gurgurah (« l’homme singe » ramené des Indes par Tregoff) elle serait probablement le produit de sa sordide chimère qui consistait en la création de l’être parfait,la créature mi humaine et mi machine qui lui assumerait sa postérité. Il ne lui manquait plus qu’à réaliser la dernière étape qui consistait à « réduire son intensité vitale dans une proportion telle que son cerceau et ses muscles survivraient aux os, à la chair désagrégée » Ce fou  diabolique , à deux doigts de rivaliser avec dieu, aidé par son génie et un sens développé du déguisement mena seul cette formidable entreprise dont le but était « l’immortalité mécanique ». Condamné,il se suicidera détruisant par la même occasion son repère,antre de la science et du savoir.

En guise de conclusion

Publié pour la première fois dans « L’auto » et dédié à la gloire des pneus « Duscable », il vous faudra beaucoup de chance, si ce n’est un miracle, pour trouver ce petit volume, imprimé sur du papier assez fragile. Francis Lacassin ne s’est pas trompé lorsqu’il le réédita dans sa collection « L’aventure Insensée ». Il faut dire que ce petit roman a de quoi mettre vos papilles conjecturales en appétit car il regroupe tous nos genres de prédilection et ce avec brio. : Policier Fantastique, roman populaire dans la plus grande tradition du roman feuilleton, gothique et surtout…..conjecture.

C’est à la lecture d’un tel roman que l’on se rend compte du talent et du génie des pères de « Fantômas » : un sens du suspens, du rebondissement, avec des personnages hauts en couleur dans la pure tradition du roman d’aventure. Fort de leur habitude dans ce genre d’exercice ils utilisent avec intelligence les recettes qui feront le succès des « Fantômas ». Toutes les ficelles en ont été éprouvées et tout l’attirail du roman feuilleton y sera donc exploité pour notre plus grand bonheur. Injustement oublié de tous, ce texte fût honteusement délaissé par nos plus illustres spécialistes et ce qui est encore plus curieux, il n’est même pas cité dans l’excellente étude de Alfred Chapuis « Les automates dans les œuvres d’imagination » (Editions du Griffon, Neuchatel, 1947). Le thème de « L’automate » reste un sujet courant, mainte fois abordé dans notre domaine, toutefois il s’agit bien souvent de machines aux cerveaux artificiels « mécaniques ». Ici pour une des toutes premières fois nous avons l’ébauche d’un être mécanique possédant une conscience « organique ». Les exemples dans ce cas de figure sont déjà moins courants et je vous invite à consulter les références se trouvant dans le post consacré au texte « Les étranges études du Dr Krull » Rythme trépidant et audaces en matière d’innovations scientifiques sont les maîtres mots de cette époustouflante aventure, accompagné de la présence inquiétante de l’homme singe « Gurgurah » le prototype du « Presq’homme » rencontré également de nombreuses fois dans l’anticipation ancienne.

Je crois qu’il rentre dans la catégorie des romans « Kitch » et délirants qu’il est impératif de lire, dans la même logique « rocambolesque » d’un autre texte que j’ai dévoré avec une ardeur similaire : « Fulgur, grand roman d’aventures, de police et d’épopée » écrit à plusieurs mains, également réédité grâce aux bons soins de Francis Lacassin.

Commandé à l’origine par la revue « L’auto » afin de combler d’après Lacassin, « un vide laissé par la résiliation d’un important contrat publicitaire », je pense qu’il faut remercier cette formidable opportunité qui nous fît la grâce de découvrir une telle œuvre. Le titre « Rour » serait emprunté, dans la logique des choses, au bruit d’un moteur d’automobile au ralenti. La promotion du roman à venir est assez dithyrambique et au moment de la parution du roman en librairie, voilà ce qui était marqué sur un « prière d’insérer avec les remerciements des auteurs » :

« …le récit troublant d’un drame intime, mystérieux, singulier ; c’est l’émotionnante chasse à l’homme, la lutte acharnée contre les secrets non encore dévoilés de la science ultra-moderne. Le Rour est, en outre l’angoissante épopée d’un jeune sportsman lancé a la recherche de sa fiancée disparue. Le Rour est enfin la consécration de l’habileté professionnelle d’un juge d’instruction dont la subtilité remarquable excelle à dénouer les intrigues les plus embrouillées et à découvrir les crimes les plus audacieux »

Il est également à noter l’excellent idée de nos deux compères d’avoir,bien des années avant Lovecraft,inventé une œuvre mystérieuse et maudite,un ouvrage sacré renfermant des textes impies et un savoir au delà de l’imagination humaine :

« Et Tchar Kavartin ayant rejeté son manteau sur son épaule et mis le genou à terre, souffla dans ses mains et dit : Le trésor du Rour est le trésor, et l’homme par le Rour peut faire l’homme. Alors l’homme est heureux ; ce qui naît du Rour ne périt point…. »

La similitude avec d’autres textes, cités dans le cadre des livres maudits est assez troublante.

A l’époque, le roman fût un tel succès auprès des lecteurs de « L’auto » que le directeur d’un journal « Le Vélo » propose aux deux compères d’écrire un autre roman pour sa revue. De peur de créer un précédent et une rupture de contrat avec « L’auto » ils décident d’écrire une parodie du « Rour » de façon anonyme. Le roman s’intitule alors « Le Four » et de nouveau c’est un triomphe et la supercherie est telle que l’éditeur de « L’auto » ignorants les faits demandera à Souvestre et Allain de s’inspirer de « l’invention et de l’esprit » de l’auteur du « Four » Un petite anecdote qui ne manque pas d’humour, malheureusement ce texte est probablement perdu à jamais, à moins qu’un lecteur averti ne découvre dans une cave ou un grenier la collection complète de cette revue.

Si vous n’avez jamais lu cette petite merveille, précipitez-vous, Il est actuellement sur « Priceminister » je n’aime pas faire de la pub, mais à ce prix là, foncez car vous passerez certainement un agréable moment de lecture, agrémenté par une passionnante préface de Francis Lacassin qui nous livre une foule de détails sur les deux auteurs et leurs œuvres.

 

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« La Horde Des Monstres » Le Retour………!

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« La horde des monstres »

De Charles Ronze. Collection « Sphinx » Série policière N°20. 63pages s.d (Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique N°11 Novembre 1992. Tiré a 140 exemplaires)

 

Guy Ménard, journaliste au « Paris-presse » est un excellent reporter, cela tout le monde le sait sauf peut-être son patron qui n’en est pas vraiment convaincu. Ceci étant,afin de tester les talents de son jeune poulain mais surtout histoire d’avoir un article sensationnel à mettre en première page,Noël Varnier, le suspicieux patron va de ce fait lui confier un reportage peu ordinaire. Sept cadavres écorchés vifs ont été retrouvés dans la région du puy de Dôme. Assisté de la charmante Ginette, compagne fidèle de toutes ses galères journalistiques, une aventure des plus singulière va ainsi commencer. Au départ, tout le monde pense à une redoutable organisation assoiffée de sang, sorte de confrérie satanique en mal de sacrifices humains. Mais il faut se rendre à l’évidence et par recoupement des différents témoins, dont la terreur se lit encore dans leurs yeux, qu’il ne peut s’agir que de monstrueuses créatures. L’alerte est rapidement donnée, la région est sur le pied de guerre, la gendarmerie se mobilise, les recherches piétinent….IL nous faudra attendre quelques pages et une bonne douzaine de trucidés afin que Guy se remémore une communication faite par un éminent savant et considéré a l’époque comme un illuminé en raison de l’audace de ses hypothèses. Darmier avançait en effet la possibilité de faire augmenter la taille de n’importe quel insecte en pratiquant une incision appropriée dans la chaîne ganglionnaire ventrale constituant le système nerveux de ces charmantes bestioles. Il teste sa théorie et les résultats vont au-delà de ses espérances. Mais le fruit de ses expériences commencent à prendre de la place et même une sacrée place il lui faut donc trouver un endroit tranquille, à la campagne là ou personne ne pourra le déranger. Malheureusement, confié à la surveillance d’un gardien stupide, toute cette sympathique « meute » rampante et volante parvient à jouer les filles de l’air. Leur appétit sexuel étant à la mesure de leurs nouvelles proportions, il en résulte une reproduction à grande vitesse, tout en transmettant bien évidemment leurs caractères héréditaires. Il faudra l’intervention de l’armée utilisant un super gaz asphyxiant, inventé par le professeur, possédant la désagréable particularité pour les insectes d’agir sur le système respiratoire des insectes….mais pas des humains,il ne manquerait plus que ça ! Au final toute cette vermine sera éradiquée, après un massacre en règle et le professeur repenti, dépassé par sa découverte passera en jugement et sera…acquitté. Après tout, les savants lorsqu’ils ne sont pas fous, sont tellement distraits.

 

Et pour quelques insectes de plus !

En raison du titre et de la similitude du sujet, il est difficile de ne pas faire le rapprochement avec le roman de Darblin, chroniqué dans ces pages il y a quelques jours. Le procédé d’agrandissement sera cependant différent et si celui de Darblin fait appel à une version plus « scientifique » (bien qu’il utilise ce bon vieux rayon, très utile dans ce type d’histoire) Ronze fait usage d’une technique plus farfelue et surtout beaucoup plus rapide et pratique. Très souvent la rigueur scientifique n’était pas de mise dans ce genre de publications, mais peu importe….le délire est là ! Un point est cependant accordé à Ronze car son roman ( relativement court 63 pages en petit format)  possède une dimension plus « dramatique » dans la mesure où les monstres sont lâchés dans nos campagnes faisant bon nombre de victimes à l’inverse de son concurrent se déroulant dans une région désertique.Par contre Darblin sera plus explicite dans ses descriptions d’attaques d’insectes, il y a un souci du détail assez horrible pour ne pas dire macabre. Pour en revenir à cette « Horde des monstres »certains passages  ou l’on entend cette bande grouillante avancer dans un paysage baigné par la brume possède un coté très surréaliste et parfois même angoissant.Si d’entrée les cartes sont truquées avec un suspens  dévoilé dés les premières pages,il faut reconnaître que ce petit texte est d’une agréable lecture,ne manquant pas d’un certain humour lorsque les circonstances l’exigent. Jugez par vous-même : Après la destruction totale des monstres et en admettant la gravité du carnage que ses monstres ont occasionnés, voila ce que nous dit cette brave Ginette :

« Quel rude coup pour ce brave professeur, dit-elle tristement…voir aboutir des années de labeur de si triste façon !…il y a de quoi vous crever le cœur !

Depuis le temps que je vous le disais que les « Ginette » sont des êtres sensibles !       

Je vous laisse en vous donnant rendez-vous très bientôt pour une nouvelle attaque, mais cette fois d’une mouche géante et qui loge dans le Limousin.

 

Vraiment pas belle la couverture

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Vente Aux Enchéres Anticipation Ancienne

( En vrac )

Dimanche dernier s’est déroulé à Paris à la salle des ventes Perrin-Royére Lajeunesse à Versailles une enchère sous le titre : « Anticipation Fantastique Science Fiction Utopies ».

Le catalogue proposait des lots très intéressants avec des ouvrages assez « Mythiques » jugez par vous-même :

-        « Les ruines de Paris en 4908 »  de Franklin

-        « Les mystères de demain » de Féval et Magog les quatre premiers tomes

-        « La cité des automates », de Léo Massieu dédicacé

-        « Le déluge futur » de Marcel Roland dédicacé.

-        « Ce que seront les hommes de l’an 3000 » de Gustave Guitton

        « Les mirifiques innovations du très ingénieux sélectin » de Giraud Montiére.

-        « L’homme dans la lune » de Alfred Chapuis.

-        « L’ingénieur Von Satanas » de Albert Robida.

-        « Le faiseur d’homme et sa formule » de Jules Hoche.

-        « Le prisonnier de la planète Mars et La guerre des vampires » de Gustave Lerouge Méricant « Le roman d’aventure »

-        Etc……

Et bien d’autres choses encore, la liste était assez conséquente. J’ai pris connaissance de cette vente assez tardivement et dans une instant de folie j’avoue avoir lorgné du coté du lot contenant les « Mystères de demain » en fait pour le volume « Le réveil d’Atlantide » qui fait défaut à ma série (qu’on se le dise !), mais avec les limites que je m’étais imposé, je n’ai pas fait le poids face aux grosses pointures….ce sera pour la prochaine fois ! Je pense que nous avions là, une bibliothèque de collectionneur car qualitativement et quantitativement cette vente était assez conséquente. J’ai tout de même réussi à récupérer « La révolte des singes » de Michel Paul avec un long envoi de l’auteur.

Peut-être retrouverons nous ces ouvrages sur la liste de quelques libraires spécialisés,probablement à des prix prohibitifs,rien que l’estimation des deux « Lerouge »,était entre 250 et 300 Euros, en prix de départ!

Le marché de l’anticipation ancienne reste encore un marché très lucratif, les pièces intéressantes se font de plus en plus rares, à quand un éditeur qui se lancera dans la réédition d’œuvres introuvables ? L’original c’est bien, de pouvoir accéder au texte c’est encore mieux, peu importe l’édition !



Prochainement Sur Le Blog Une Aventure Extraordinaire,Un roman Passionnant!

 Un aventure trépidante de la plume de Jules Perrin et de Henri Lanos dont il exécuta également les magnifiques illustrations.A suivre sur les pages de ce Blog dans quelques jours

 

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« Face à Face Avec Les Monstres » Ou Le Cauchemar D’un Entomologiste

face à face avec les monstres

 

« Face à face avec les monstres »

Roman de Henri Darblin. Deux éditions :

-        Dans la revue « Sciences et Voyages » sous le titre « La horde des monstres » du N°479 (1er Novembre 1928) au N°485 (13 Décembre 1928), laissant la place au roman de Moselli « La guerre des océans »

-        Dans la revue  » Jeunesse-Magazine « sous le titre « Face à face avec les monstres » du N°20 (16 Mai 1937) au N°26 (27 Juin 1937).

 

L’entomologiste Paul Grismond Wild et son compagnon le policier Alain Kergy sont lancés,dans les montagnes rocheuses,à la poursuite d’un certain Herbert Millowan qui a un jour jeté dans l’hémicycle de la « Scientific Society » de Washington,les débris d’un insecte d’une grandeur prodigieuse.

Désireux d’en apprendre plus sur cet étrange personnage qui semble avoir découvert une forme de vie improbable, ces deux personnages se retrouvent au porte d’une aventure qu’ils ne sont pas prêts d’oublier. Parallèlement ils s’aperçoivent que six autres individus, pour des raisons inconnues mais probablement criminelles, sont également à sa recherche.

En fait une bonne partie de l’histoire se déroule dans le désert où les personnages nous livrent le récit de la vision cauchemardesque de ces insectes géants (Abeilles, scorpions, mante religieuse, calicurgue et autres lycoses) qui déciment peu à peu les infortunés bandits dont un seul parviendra à s’échapper pour sombrer dans la folie. Les scènes d’attaque sont particulièrement violentes et sanglantes pour une revue destinée à la jeunesse :

« La victime ne bougeait presque plus. Le tueur d’une soudaine pression de ses mandibules sur la nuque, força la tête du malheureux à se renverser. L’abdomen de l’insecte se recourba de nouveau et le temps d’un éclair, les deux hommes virent le dard, gros comme une alène de cordonnier, plonger dans les chairs du cou tendu. Un dernier spasme agita l’homme, puis il cessa de bouger. Il ne remua plus le corps, il ne cria pas, mais ses yeux, ses lèvres crispées par une indicible épouvante, tout son masque bouleversé vivaient encore. »

Corps mutilés, abdomens éventrés, cadavres déchiquetés….un bien effroyable endroit pour passer ses vacances !

Finalement en échappant de justesse aux mandibules d’une tarentule aux proportions honorables, ils trouvent refuge dans une structure en bois où ils rencontreront le maître des lieux et objet de leur recherche. L’édifice est en réalité le laboratoire de Millowanou, en compagnie de ses deux serviteurs noirs, il réalisa une formidable expérience qui allait selon ses dires changer la face du monde. C’est un véritable fou complètement exalté par sa découverte :

«  Voici l’éprouvette où se sont effectuées les réactions biologiques fondamentales ; une vie nouvelle en est sortie…. Ce tube, je l’ai trouvé par hasard, en cherchant autre chose. Sous l’action du courant électrique, dans certaines conditions de tension d’intensité…le tube s’allume, comme l’on dit, et projette alors des radiations auxquelles, j’ai donné le nom de rayon M, parce que c’est moi Milovanyi-Millowan,qui les ai découverts.

Soumis à leur influence, les tissus végétaux subissent une transformation exactement contraire à celle que produiraient les rayons X ou le radium. Alors que les émissions de ce dernier métal rongent, brûlent les tissus vivants et en arrêtent le développement, les rayons M favorisent cette croissance. Ainsi, par la seule action de la lumière artificielle, certains savants ont pu faire pousser des plantes. Mais leur développement s’arrête quand la lumière s’éteint. Au contraire avec les rayons M, le bourgeonnement des cellules continue ! De même les tissus attaqués par le radium se corrompent, se gangrènent et de proche en proche, lors même que le praticien malade a cessé de se soumettre à l’action des radiations mortelles. »

Ce diable d’homme devenait donc le maître de la taille des êtres vivants, il pouvait en accroître les dimensions à sa guise et créer autant de monstres qu’il le voulait.

Mais l’homme n’est pas disposé à partager un secret et compte se débarrasser des deux intrus qu’il a, l’espace d’un excès de mégalomanie, initié à son formidable secret.

Après les avoir rendu temporairement aveugle sous la forte intensité du tube lumineux, il les fait transporter par ses deux assistants, au milieu du désert afin de les livrer en pâture aux monstres. Il faut savoir que le savant, afin de se mettre à l’abri de ses redoutables prédateurs, a mis au point une sorte de gel, de répulsif empêchant toutes attaques mortelles. Il s’agit probablement de cette étrange odeur que les deux infortunés, avaient décelé lors de leur arrivée dans le laboratoire.

Pour l’heure c’est la panique totale, ils sont allongés dans une cuvette sableuse, au milieu de plantes qui dégagent une forte odeur de putréfaction et ils se doutent que cette puissante fragrance va attirer une horde de créatures nécrophages aux proportions peu engageantes. Fort heureusement le drame ne se produira pas, Stander le dernier des bandits que l’on croyait fou, sortira de sa « torpeur » et rongé par le remord, portera secours à nos deux infortunés. Après avoir « liquidé » les deux sbires du professeur, ils s’arrangent pour s’enduire le corps de ce fameux répulsif et prennent le laboratoire d’assaut, qu’ils vont asperger de pétrole et embraser d’une simple étincelle. Le savant à moitié carbonisé et dont le corps n’est plus sous la protection de la précieuse huile, va terminer de façon horrible sous les attaques sanguinaires de ses propres créatures :

« Il eut encore le temps de tendre le poing vers ses adversaires, vers Stander qui l’avait vaincu. IL voulut faire un saut de coté pour éviter l’assaut des monstres, mais happé par les griffes dures, jetées à terre, frappées en plein corps par le dard foudroyant, il resta inerte, tandis que les trois calicurgues se disputaient la possession de son corps. »

De retour à la « civilisation », après le récit de leurs aventures on dépêcha une expédition dans la « vallée des monstres » mais un immense affaissement de terrain, probablement provoqué par ces insectes gigantesques, avait modifié toute la géographie du site. Les insectes se sont probablement dévorés entre eux et de plus la vie de ces derniers est éphémère et comme ceux-ci vivaient à un rythme accéléré. Nulle trace et aucune preuve ne subsiste de leur effroyable aventure, il ne reste que la bonne foi qu’il nous faut accorder à leurs propos.

la horde des monstres
 Illustration pour « Sciences et Voyages »

En matière de conclusion

Dans la conjecture ancienne, je crois que le thème des insectes et des animaux se révoltant contre l’homme, fut un sujet particulièrement apprécié. Bien souvent cet agrandissement est le fait de « savants fous » suffisamment dérangés pour croire qu’il leur serait possible de contrôler ces aberrations de la nature. Mais qu’ils soient à tailles normales ou gigantesques, ils ne suscitent souvent que le dégoût et une peur phobique. La liste des ouvrages  mettant en scène ces créatures parfois peu recommandables est trop longue pour que je m’y arrête aujourd’hui, mais dans les jours à venir, je consacrerai une rubrique entière aux insectes dans l’anticipation ancienne. Le texte de Darblin, cloisonne malheureusement le cadre de son thème dans un endroit assez reculé du monde, ce qui limite un peu les débordements de ses bestioles et l’on se sent un peu frustré de ne pas les voir se propager dans une agglomération, entraînant avec elles son lot de panique et d’attaque de la population. Toutefois, si le cadre du roman se trouve relativement étriqué, l’auteur ne nous en livre pas moins des scènes assez « gores » où une fois de plus les méchants en feront les frais. Comme je le disais un peu plus haut,il est curieux de voir qu’un texte assez violent par moment dans ses descriptions d’attaques d’insectes, et qui à l’origine publié dans « Sciences et voyages »,fût réédité dans une revue comme « jeunesse magazine » et ce,dans son texte intégral.

Mais la plus grande particularité de cette reprise concerne sans nul doute le choix de l’illustrateur, qui au fil des sept numéros que dura ce roman, nous offre une fois de plus le talent de ce dessinateur hors pair qui oeuvra à maintes reprises dans notre domaine de prédilection : René Pellos !

 Lorsque l’on a sous les yeux les illustrations de « Sciences et Voyages » et celles de « Jeunesse-Magazine » la différence est écrasante. Cela vient bien évidemment et  j’en conviens, d’une  mise en valeur grâce à l’utilisation de la couleur,mais également et surtout par le réalisme de chaque illustration où le trait n’est pas figé, où de chaque personnage se dégage une expression incroyable,comme s’ils allaient se mettre à parler. Le style de Pellos est vraiment unique,  personnel et identifiable entre mille.

Il faut se souvenir des illustrations des couvertures de la série « Les Gangsters de L’air » de Moselli, de ses planches pour « La guerre du Feu » de Rosny Aîné, sans oublier « Electropolis » et « Novopolis ». Mais le chef d’oeuvre incontesté du dessinateur est sans contexte « Futuropolis »,d’une richesse et d’un talent incomparable : Dans un lointain futur les derniers descendants de la race humaine,vivent dans les entrailles de la terre,bien protégés par leur technologie lorsqu’un jour ils découvrent à la surface du globe l’existence d’une société « primitive » Une pure merveille, l’aboutissement de son talent tant au niveau du trait que des couleurs utilisées pour les planches, un summum de la BD que tout amateur devrait posséder.

Pellos illustra pour cette même revue de nombreuses couvertures et rédigea également en pré original, une histoire sous forme de « bande dessinée » et qui raconte les aventures extraordinaires de  « Mr Petipon aviateur » Une série très divertissante et complètement « rocambolesque »

Avant un inventaire plus poussé des insectes en littérature, voici une petite « mise en bouche »

 

Petite bibliographie sélective de quelques gros insectes en anticipation ancienne :

-        « Spiridon le muet » de André Laurie Pré originale dans le « Globe trotter » du Jeudi 6 Décembre (N°253) au Jeudi 28     Mars (N°269). Réédition en volume aux éditions Rouff, sans date avec des illustrations de Damblans. (Il existe un cartonnage « muet » et un autre avec une illustration sur le premier plat). Histoire de Fourmi de taille humaine ayant développé une super intelligence.

-        « Le péril bleu » de Maurice Renard. Editions Michaud 1911 pour la première édition. Le doute se pose sur l’appartenance de ces créatures « extra-terrestres » à l’espèce des araignées. Peu importe, le roman est excellent.

-        « Les premiers hommes dans la lune » de Herbert Georges Wells. Editions du Mercure de France 1911. Sur la lune, une race d’insecte vénère des larves géantes

-        « L’adversaire inconnu » de Cyril Berger. Ferenczi 1922. Incroyable insecte recouvert de lamelles de chitine, il possède en outre deux ailes repliées sur son dos. Sorte de « vampire de l’espace » suçant de malheureuses victimes pour sa survie, une fort belle réussite dans le genre.

-        « L’abîme » de E.M.Laumann. Nouvelle parue dans « L’aventure » N°24 Fayard, 1er Décembre 1924. Réédition « Laumann, contes de terreur » Collection « Idées…et autres » Editions « Recto Verso » Anthologie dirigé par Marc Madouraud 1994. Le héros est au prise avec des araignées vampires.

-        « Le guerrier de Vénus » (The radio man) DE Ralph Milne Farley. Première édition dans « Argosy » 4 épisodes à partir du 28 Juin 1924. Première édition Française dans la revue « Ere comprimés » du N° 31 au N° 35. Réédition par J.P Moumon dans la collection « Périodica » N°4, Juillet 1993. Sur une autre planète, le héros va vivre d’extraordinaires aventures dans une civilisation de fourmis. A quand la suite ?

-        « La révolte des monstres » de Norbert Sevestre. Editions Tallandier « Bibliothèque des grandes aventures » 1928. Araignées géantes produites par expériences, un jour elles sortent de leurs cages.

-        « La horde des monstres » de Charles Ronze. Collection « Sphynx » série policière N°20. s.d (vers 1930). Un savant un peu « distrait » libère des insectes géants dans la campagne du Puy de Dôme…c’est la panique !

-        « Un mois sous les mers » de Tancrède Vallerey. Editions Nathan 1939.Un fragment d’une autre planète tombe sur la terre, des explorateurs découvrent une bien étrange civilisation d’insectes géants.

-        « Le monstre de la St Basile ».de J.P Besson. Collection « Stick » (roman policier) Agence Parisienne de distribution 1941. Une mouche gigantesque et carnivore, fruit d’une expérience innommable, sème la terreur dans nos campagnes.

-        « L’araignée de l’île » de Pierre Jouvet. A compte d’auteur 1942. Il existe au moins trois éditions. Sur une île déserte un homme face à une créature gigantesque.

-        « Le monstre des Black Mountains,un aventure de Captain Chester du spécial Quad » Editions « revue Française » fascicule illustré par Dansler 1945. Des créatures larvaires et répugnantes.

-        « La ruée des monstres » de Daniel Girard. Dans le volume « Le mystère du Puy ». Editions Boivin et Cie 1945. Des fourmis de tailles humaines passent à l’attaque !

-        « L’impossible enquête » de Pierre Jouvet. A Lyon chez l’auteur 1946. L’édition se présente sous deux formes différentes. L’araignée géante…le retour (avec en prime toutes ses petites sœurs)

-        « Les catacombes infernales » de L.Van der Haeghe et Jean Des Marchenelles. Collection « Notre rêve » 1944 Encore une araignée gigantesque et affamée.

 

Trois petits « Fleuve noir »,plus un autre pour le Fun !

-        « L’infernale menace » de Vargo Statten. Editions fleuve noir collection « anticipation » N° 23 ,1953. Fourmis de tailles humaines, œuvre d’un savant fou, menacent la race humaine.

-        « Expédition épouvante » de Benoît Becker. Fleuve noir collection « Angoisse » N°4,1954. Réduction de la taille d’humains donc augmentation de celles des araignées.

-        « Désert des spectres » (The solidary hunter) de David Henry Killer .Editions fleuve noir collection « Angoisse » N°5 1955. Guêpes géantes

-        « La cité sous la terre » (The ants man) de Eric North. 1955 pour l’édition originale, en France Hachette collection « point rouge » 1972. Fourmis de tailles humaines vivant avec d’autres insectes dans une région isolée du globe

 

Un petit aperçu du talent de Pellos

 

face a face avec les monstres face a face avec les monstres

 

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Archive N°14 « Un Descente Au Monde Sous -Terrien » Mes chers Amis,La terre est Creuse!

« Une descente aux mondes sous-terrien »

De Pierre Luguet. Librairie nationale d’éducation et de récréation. S.d (vers 1900) 302 pages. Illustrations intérieures. (Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne N°21bis Noël 1998)

 

Lors d’une séance extraordinaire de l’académie des sciences de Saardan, tenue par le professeur Von Tratter, Jean Fabien Maurice Noël Alain de Kerbiquet surgit dans l’assistance avec une nouvelle sensationnelle. Capitaine au long cours et commandant du « Pétrel » il fit la découverte il y a quelques jours d’une bouteille contenant un message rédigé par Cornélius Van De Boot ,membre de cette même académie et disparu depuis plusieurs mois lors d’une expédition. Naufragé sur une petite île en compagnie de deux Anglaises, les infortunés connurent les assauts répétés d’étranges créatures.

-« Nous avons été assaillis par des monstres, des singes de huit et neuf pieds de hauteur. Luisants,gluants, froids,verdâtres,couverts d’écailles,doués d’une force musculaire colossale,qui sont amphibies et qui nous regardaient avec des yeux féroces et phosphorescents »

Le message indique une vague position de l’île, au sud du Cap Horn. On arme le « Pétrel », une expédition de secours s’organise. Jean Kerbiquet (c’est plus court) et son « fidèle » serviteur Congo,le professeur Von Tratter,la jeune Wilhelmine nièce de Von Boot,le docteur Andréas Francken seront du voyage. Mais un perfide Asiatique (comme d’habitude…),Von Ah Fung,jaloux de ne pas participer à cette fantastique aventure,place à bord du bâtiment un « faux » mécanicien dans le but de saboter la mission.

Le navire tombe donc en panne non loin du Cap Saint-Roch lorsqu’un événement encore plus inattendu vient semer le trouble dans l’équipage. Un homme est aperçu seul sur l’océan, il semble épuisé, on se hâte de le repêcher, il se présente :

-« Je suis André Phocos de haute lignée, président de la république centrale »

Recouvert d’une combinaison faites d’écailles et muni d’un étrange masque respiratoire ce dernier,après avoir la certitude qu’il a affaire à de véritables gentlemen capables de garder un secret de la plus haute importance,fait alors état de la plus incroyable des révélations :

- « Sachez donc ce que vous avez appris, ce que les savants croient, ce qu’ils publient sur la conformation intérieure de notre planète est erroné et faux .Le feu central n’existe pas, la croûte terrestre est vide, ou du moins remplie d’air, à l’exception d’une sphère lumineuse qui éclaire la cavité intérieure. La pesanteur ne s’exerce pas comme on le pense ici, de la surface au centre, mais bien des deux faces de la croûte au milieu de son épaisseur, et ces eux faces sont habitées » (p.97)

Initialement sa découverte débuta par un naufrage sur une île volcanique. Se réveillant de son malaise, il vit autour de lui des créatures à la peau sombre, recouvertes d’écailles et qui le dévisagent de leurs yeux phosphorescents. Elles s’expriment d’une manière bizarre, les unes utilisant majoritairement les A et les autres les O : « Poro Koroso » ou « Para Karasa ».

Cette particularité ayant un rapport direct avec leur intelligence, leur esprit ou le génie qu’on leur verra déployer. Après un apprentissage de leur langue dans les règles de l’art, l’histoire des sous-terriens n’est plus qu’une simple formalité.

Un peu de Géographie intra terrestre :

L’intérieur de la croûte terrestre est divisé en trois zones habitables. Entre elles se trouvent deux espaces arides et déserts. Dans la zone centrale vivent les amphibiens (les gentils) et dans les zones polaires, des sortes de monstres (les méchants, ayant capturés Van De Boot). On appelle ces derniers les Kra-las, brutes sanguinaires organisant parfois de sanglantes expéditions en territoire amphibien.

Phocos, se prendre au jeu et décide « d’initier » les créatures les plus faibles. Il leur enseigne la fabrication rudimentaire d’armes à feu mais qui héla occasionnera une rencontre des plus désastreuse avec les Kra-las. C’est pour cela que Van De Boot fut surtout capturé, ce « dieu blanc » capable de créer ces « bâtons » qui lancent de la foudre mais n’anticipons pas.

Laissons à présent l’histoire de Phocos pour nous pencher un peu plus sur le périple de Cornélius au moment où le message trouvé dans la bouteille se termine.

Les trois naufragés n’ont pas le temps de se remettre de leurs émotions,qu’ils sont portés sur le dos des redoutables Kra-las pour un périple interminable où le groupe ne cesse de s’enforcer dans les entrailles de la terre. Finalement ils parviennent dans une immense grotte, privée de pesanteur !

Son poids n’existait plus, il n’y a pour lui ni haut, ni bas, toutes les lois de la physique se retrouvent remise en question. Hélas, cette incroyable expérience sera fatale à la plus âgée des deux femmes. Mais cela ne semble pas affecter les créatures qui reprennent leur périple mais cette fois vers le haut :

- «  Le point mort, l’endroit où les pesanteurs contraires se rencontrent et s’annulent, n’est donc pas au centre de la terre, comme on le croyait jusqu’à présent, mais bien au milieu de la croûte solide. Là, il n’y a plus ni poids, ni mouvements déterminés par la pesanteur. » (p.141)

Cette zone intermédiaire sans gravité se trouve dans une partie « neutre », un bon moyen afin de retrouver le bon sens de la marche :

- « Si je veux poursuive cette descente en dépassant le point où nous sommes, il me faut remonter. En outre, ce que je considérais jusqu’ici comme le bas, là ou je mettais mes pieds pour marcher, devient le haut et il faut que j’y place ma tête pour me sentir debout. » (p.144)

Idéal pour vous flanquer la migraine en tout les cas, le centre de notre bonne vieille terre est totalement remis en question lors de cette aventure qui prouve une bonne fois pour toute que le feu central n’existe pas. Ce feu central n’est qu’un « vieille balançoire » inventée par les hommes, parce qu’elle leur était commode.

Mais poursuivons ce périple, où la « montée » vers le centre du globe dure tout de même six jours et la surprise sera totale lorsqu’à la sortie d’un immense tunnel, les captifs découvrent une terre fabuleuse avec une mer gigantesque, des forêts somptueuses et au dessus de leurs têtes un soleil éblouissant, « fixé comme une gigantesque ampoule électrique ». Au loin, nulle ligne d’horizon, mais une mer qui remonte comme le fait la concavité d’une cuvette :

- «  La ligne d’horizon, la ligne des brumes plutôt,se trouvait au dessus des yeux de l’observateur et,contrairement à ce qui se passe sur la terre où derrière l’horizon nous sentons le vide,on devinait derrière celle-ci la continuation de l’ascension de la surface liquide,indéfiniment. » (p.150)

Leur arrivée dans cette communauté de gorilles géants est très remarquée mas ils sentent qu’ils ne courent aucun danger.

Mais  à présent occupons nous un peu de l’équipe de secours les nouveaux aventuriers dirigés par Phocos, pénètrent à leurs tours dans les entrailles de la terre. Le passage de cette fameuse zone de transition se fera  par un ingénieux système de nacelles, cette fois sans risque. La « descente » se déroulera sans incident et l’arrivée dans la capitale du centre de la terre est des plus chaleureuse et les robinsons découvrent alors un monde étrange et magnifique : Mammouths, fleurs gigantesques, multicolores et rares, toute une civilisation à la peau incroyable mais d’une extrême gentillesse. Ici les pierres précieuses et l’or ne sont que de vulgaires cailloux, les valeurs ne sont pas accordées aux mêmes choses. Le temps se mesure par un sablier spécial inventé par Phocos :

- «  Dés lors, j’ai inventé une sorte de grand sablier que j’ai réglé le plus minutieusement possible en me servant de mon chronomètre, qui me donnait midi et minuit sur la terre. J’y ai joint un basculateur automatique qui le renverse à la seconde précise où il se vide. Je suis arrivé à une grande précision, puisqu’au bout du premier mois d’usage il n’y avait qu’une minute de différence entre l’heure du  sablier et l’heure solaire. » (Page 197)

Afin d’arriver à une datation de l’ère des amphibiens, le président décida de la mise en fonction du sablier le jour de la naissance du premier enfant sous-terrien de la capitale. Par chance, celui-ci naquit à midi juste :

- « Une sorte de superstition  s’est attaché à lui ; d’abord il parle en A, comme vous avez pu le constater,ce qui est l’indice d’une intelligence supérieure,et on le considère comme le symbole d’un progrès dont tout le monde a tiré avantage. » (Page 199)

La visite se poursuit et le soir de leur arrivée, un merveilleux spectacle sous-marin est donné en leur honneur :

- « Devant les invité  du président s’étendait une plage semi-lunaire qu’on devinait assez vaste, et derrière c’était le noir,le noir absolu,indéfinie et impénétrable. Tout à coup, ce soir s’illumina brillamment. Trois ou quatre mille sous-terrien serrés les uns contre les autres, et juchés sur toutes les aspérités des rochers venaient à un signal, d’ouvrir les yeux en même temps. Le fond de la mer, la scène, si nous pouvons nous exprimer ainsi, s’éclaira comme si on y eut jeté le faisceau lumineux d’un projecteur électrique et tous les détails s’y accusèrent avec une extraordinaire netteté. » (Page 203)

Après un faux combat entre un Amphibien et un poulpe géant, la grâce et la beauté terminent cette représentation avec un ballet marin géant orchestré par une beauté aquatique, maîtresse incontestée des poissons, coquillages et autres mammifères des océans.

Le temps est à présent arrivé où il faut organiser l’ultime périple dans le monde intérieur : l’expédition punitive afin de récupérer Van de Boot ! Vingt radeaux sont équipés pour la circonstance afin de traverser l’immense plan d’eau. Sur chacun d’eux, un mastodonte armé jusqu’aux dents.  La traversée va se dérouler dans le calme, troublée de temps en temps par l’apparition de gigantesques créatures marines. Passer la zone désertique sera plus périlleux, Congo trouvera la mort face à un ours gigantesque, Kerbiquet frôlera la mort en voulant partir seul en éclaireur et plusieurs mastodontes périront de soif.

Le siége de la forteresse des Kralas est enfin en vue et à la place d’un ennemi désorganisé et mal équipé, ils découvrent une véritable place forte ou chaque îlot possède une défense meurtrière. Le jour de la bataille approche et des deux coté, la motivation ne fait aucun doute. L’affrontement se produit, de part et d’autre, les créatures tombent comme des mouches, les Kralas se défendent bien se qui rend l’approche des otages quasiment impossible. Heureusement Van de Boot découvre que les attaquants sont menés par leurs amis, lui qui était prêt à défendre chèrement sa vie, face à un  adversaire qu’il croyait encore plus cruel que les singes. Il élabore un stratagème. Le drapeau blanc est hissé, le zoologiste faisant croire à une rencontre avec un ennemi voulant capituler. Il s’embarque avec une escorte Kra-las sur un radeau afin de rencontrer des adversaires qu’ils pensent défaits. L’escorte des gorilles sera impitoyablement exterminée, s’engage alors une ultime bataille, encore plus meurtrière car le savant est cette fois du bon coté. Vision apocalyptique que cette mer se couvrant de cadavres formant un terrain solide sur lequel les assaillants peuvent marcher sans s’enfoncer. Les amphibiens prennent le dessus, plus agiles et armés de redoutables dagues empoisonnées. Les Kra-las prennent la fuite, la mission est un succès total.

Après quelques jours de repos, les « terriens » regagnent et enfin la surface et le « Pétrel ». Les machines sont enfin réparées. Wilhelmine et André de Phocos, unis à présent pour la vie, décident de rester dans le monde sous-terrien en compagnie de Von Stratter et du Dr Francken. Les autres préférant notre bonne vieille surface.

amphibien mammouth

   « Un Amphibien aux yeux extraordinaires sans oublier ce bon vieux mammouth »

 

Pour un voyage au centre de la terre de Plus

A l’époque  la lecture de ce texte fût une agréable surprise. Une fois n’est pas coutume, plusieurs genres y sont abordés d’une manière très audacieuse compte tenu de sa datation ,même si les explications scientifiques y sont des plus épouvantables et fantaisistes. Dans notre domaine, les exemples sont légion et puis que diable un peu d’humour ne fait de mal  à personne. Restons simple, inutile de faire l’inventaire des fictions se déroulant au centre de la terre (surtout après le Colossal travail réalisé par nos amis Guy Costes et Joseph Altairac) mais il faut admettre que pendant longtemps Luguet n’était pas dans les petits papiers de nos illustres spécialistes. En effet il n’est pas mentionné dans l’ étude de Messac « Voyages modernes au centre de la terre » Versins l’aborde à peine dans son encyclopédie, Van Herp le passe sous silence dans son « Panorama ». Pourtant ce texte est à mon avis une œuvre importante dans la rubrique « voyage au centre de la terre » parce qu’elle fait un véritable « pieds de nez » à Edgar Rice Burroughs avec son cycle de Pellucidar. Certes, Luguet aborde le genre avec moins d’images flamboyantes, moins de verve et un sens de l’épique beaucoup plus timoré, pourtant les jalons sont posés et les faits sont indéniables : Paysages verdoyants, mer intérieure, créatures préhistoriques, soleil central donnant un jour perpétuel, absence d’horizon avec un paysage montant à l’infini et le fameux « presqu’homme » entre l’amphibien et l’être humain. Thème traité également avec brio dans l’ouvrage de Paul Ronceray « Le peuple de l’abîme » (Editions Figuiére 1932) et dont nous reparlerons dans les pages de ce blog.

Malheureusement, l’auteur nous laisse sur notre « Fin » en ce qui concerne l’origine de ces créatures sous terriennes. L’une véritable « homme poisson » intelligente et pacifique serait-elle une déviation de l’évolution de l’espèce ou tout simplement son origine ? Elles me rappellent un peu les créatures des origines de l’humanité que l’on rencontre dans une grande partie des œuvres rattachées à l’œuvre de Lovecraft

 Existait-elle avant l’apparition de l’homme, sera-t-elle la race qui nous « supplantera » ? Nul ne le sait, mais Luguet confiant en l’intelligence et la supériorité de la race humaine ne laisse aucun doute sur la suite des événements. Quand à la race des Kra-las, sorte de grand singe amphibie, le rapprochement est également extraordinaire avec les Sagoths de Burroughs. Tout comme son homologue terrestre, cet être Gorilloïde serait-il le chaînon manquant entre l’humain et l’animal ? Il est de toute manière la créature vile et repoussante, suffisamment intelligente pour représenter une menace directe, mais aussi trop stupide pour en sortir victorieux. De nombreuses fois rencontrée en littérature, cinéma et B.D (Une des plus belles illustrations se trouve dans « Guerre à la terre » de A.Liquois où les martiens stupides et redoutables guerriers sont représentés sous une forme simiesque proche du gorille). Il reste sans contexte une « star » des œuvres d’imagination de la première moitié du XXe siècle.

Le roman de Burroughs « At the Earth’s Core » (« Au cœur de la terre » pour sa première traduction Française dans le « Journal de Mickey » 17 Octobre 1937 au 22 Février 1938) que j’affectionne tout particulièrement date de 1913 (parution dans la revue « All-Story en 1914) et en regard de la date de parution de l’ouvrage de Luguet je pense  qu’il était grand temps de remettre « Un descente au monde sous-terrien » à sa juste place. A l’époque lors de la rédaction de cet article pour le « Bulletin » j’avais écrit :

« Un ouvrage supplémentaire à rajouter en bonne position sur l’édifice du thème de la terre creuse, sujet d’une grande richesse et dont il nous tarde de voir un jour une étude sérieuse peut-être réalisée par un des membres un peu dérangé de notre docte assemblée ».

Alors si ça ce n’est pas un don de visionnaire……Merci Guy et Joseph !

Le plus gros reproche qu’il nous serait possible de faire, concerne l’éditeur de cette « Descente » qui employa un bien piètre dessinateur dont le nom n’est pas mentionné dans l’édition. Une telle épopée eût méritée plus d’éclat et d’exotisme dans ses illustrations.

En parlant de Joseph Altairac, lorsque j’ai rédigé ce modeste article en 1998, je n’étais pas encore l’heureux propriétaire de la collection « Le petit détective » dont vous avez la liste répertoriée dans ces pages. Hors dans le N°1 il fait allusion aux troublantes ressemblances entre l’œuvre de Luguet et celle de Burroughs dans un article intitulé « Et si Burroughs avait été Français ». Joseph Altairac s’accorde à dire que la datation de « Une descente au monde sous-terrien » semble très aléatoire mais qu’il date probablement du début du XXe et comme il est impossible que l’un des auteurs ait eu connaissance de l’œuvre de l’autre….

Je terminerai avec cette phrase reprise dans l’article de Joseph Altairac qui me semble bien appropriée en guise de conclusion :

«  Que tirer de tout cela ? Eh bien qu’en science-fiction comme ailleurs, il est difficile d’être totalement original. Et si Burroughs avait été Français ? Il y a hélas gros à parier qu’il aurait subi le même sort que Luguet. »

Tout est dit

Pour les inconditionnels des « Terres Creuses » je vous donne les références de la « Bible » de Joseph et De Guy : « Les Terres Creuses,Bibliographie commentée des Mondes Souterrains Imaginaires » Par Guy Costes Et Joseph Altairac.  Editions Encrage collection « Interface » N°4 , 800 pages (un Pavé!) 2006.

 

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   « Preuve s’il en faut que la terre est bien creuse »

 



« Mon Beau Livre » un peu de SF en Pré-originale

Les anciennes revues sont toujours pleines de surprises et il arrive souvent de tomber sur des exemplaires qui révèlent quelques bonnes surprises en matière de pré-original. Pour l’heure il s’agit d’une revue intitulée « Mon beau livre, magazine mensuel illustré de la jeunesse  » et dont je viens de trouver une reliure des six premier numéros.

Chaque exemplaire fait dans les 90 pages et comporte à partir du N°2 un roman complet imprimé sur un papier de plus mauvaise qualité.

Le volume en ma possession ne comporte hélas que six brochures, mais toutefois représentent un intérêt certain. En effet, il semble que le roman de Arnould Galopin « Le Docteur Omega, Aventures Fantastiques de Trois Français sur la Planète Mars » y paru en pré original. Le roman commence à partir du N° 1, le 15 Janvier 1906 (Première année N°1).Visiblement chaque N° comporte un chapitre du roman et ma reliure se termine par le N°6  et correspondant au Chapitre VII intitulé « De Charybde en Scylla ». Ce qui explique que dans la pré originale le chapitrage est différent,en effet le chapitre III  « Le départ du Cosmos » que l’on retrouve dans l’édition en volume,se trouve inclus dans le chapitre II « La répulsite » de la revue « Mon beau livre ».

Au rythme d’un chapitre par numéro, il est fort probable que le roman se termina dans le N° 13 en Janvier 1907.

Autre caractéristique de la pré originale, est la qualité des reproductions des illustrations de E.Bouard. En effet le rendu dans ‘Mon beau livre » est d’une très bonne qualité, mettant encore plus en valeur le travail de l’artiste. Il faut également signaler un plus grand nombre d’illustrations supplémentaires pour la pré originale, les hors texte sont les mêmes par contre il existe une quantité de dessins non négligeable insérée dans le texte.

Il faudrait avant de terminer relever la présence de quelques textes intéressants :

-        N° 2 (15 Février 1906) « Le mort qui parle » de Henrillaud. Nouvelle Fantastique.

-        N° 3 (15 Mars 1906) «  Le cuirassé Aérien » Article sur l’invention hypothétique d’une machine de guerre aérienne superbement illustré par Conrad et que vous trouverez en fin d’article.

-        N° 3 (15 Mars 1906) « Le trésor caché, au pays des cannibales » de Louis Noir. Roman d’aventure populaire.

-        N° 4 (15 Avril 1906) « Mam’zelle Mouche » de Georges Lefaure. Roman populaire.

-        N° 5 (15 Mai 1906) «  Bravoure D’enfant » de Madame Hameau. Roman populaire.

-        N° 6(15 juin 1906). Un roman en pré originale qui nous intéresse plus particulièrement « La princesse des éléphants » de Gustave Le Rouge réédité chez « Cité du bon livre » collection « Mignon Roman N° 50 » 1914 sous le titre « Les aventures d’un vieux savant »

 



« Si Les Monstres Antédiluviens Revenaient Sur La Terre »

J’ai trouvé ce petit article dans la revue « Nos Loisirs » (N°31 9° Année 2 Août 1914) très amusant principalement pour ces trois dessins pleins de réalisme et plus particulièrement celui de la voiture faisant de son mieux afin d’échapper à ce dinosaure belliqueux. Un petit avant goût de « Jurassic Park » avant l’heure !

La revue « Nos loisirs » est une véritable mine pour le chineur un peu curieux car elle renferme d’excellentes nouvelles d’anticipations anciennes dont quelques unes ont été reprise dans « le bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique »