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Archive pour mai 2010

« Je Sais Tout » Esquisse Bibliographique des Oeuvres Conjecturales et Fantastiques

 

Cette bibliographie est établie sur la base de l’ouvrage de Jacques Van Herp « Je sais tout, le roi des magazines » aux éditions Recto-Verso collection « Idées et autres…. » ainsi que sur les ouvrages constituant ma propre bibliothèque. L’ouvrage de Van Herp indispensable, est hélas dépourvu d’un inde, permettant de se retrouver dans cette masse considérable d’informations.

En effet il y recense également la production de la revue « Lecture pour tous » qui fera l’objet d’un prochain listing ainsi que de la collection « Les oeuvres libres ».Une somme importante de titres qu’il est parfois difficile de différencier.Par contre, j’ai délibérément retiré de mon répertoire les ouvrages du domaine policier qui même, s’ils se révèlent tout aussi passionnants, ne trouvent pas leurs places au sein de ce blog.

« Je sais tout » est sans contexte une revue « phare » dans notre domaine, le terreau fertile et indispensable qui donna, à l’instar de son concurrent « Lecture pour tous » un grand nombre d’œuvres conjecturales et fantastiques. On y trouvera des textes d’une grande qualité, bien souvent en pré originaux et si la grande majorité eurent les honneurs d’une réédition (par les éditions Lafitte le plus souvent) quelques un hélas demeurent totalement inédits.

Pour la petite histoire, reprise dans l’ouvrage de Van Herp, lorsque Pierre Lafitte débuta sa revue ornée de son célèbre père « Je sais tout », il organisa un habile concourt qui fera date puisque réutilisé encore de nos jours. En effet, je cite :

« Peu de jours avant la mise en vente, on résolut de téléphoner au hasard de l’annuaire à cent cinquante personnes. La France avait été prévenue auparavant par des échos parus dans les journaux que cette question serait posée cent cinquante fois :

- Que savez-vous ?

Il s’agissait simplement de répondre :

- « Je sais tout ! »

Le gagnant recevait un abonnement au magazine. Sur les personnes interrogées, quinze seulement ne répondirent pas automatiquement.»

Si ça, ce n’est pas une super campagne publicitaire !

Comme d’habitude, cette liste n’est pas exhaustive et évoluera au fil de vos découvertes et de vos suggestions.

 

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 Le père « Je sais tout »                                                                                                         le N° 1 de la série 15 Février 1905

 

Romans de Science-Fiction

 

- « L’hallucination de Mr Forbes » de Jules Perrin. « Je sais tout » de Novembre 1907 à Février 1908 (N° 34 à 37). Illustré par H.Lanos. Réédité Chez Fasquelle « Bibliothèque Charpentier » sous le titre « La terreur des images » 1908.

- « Le mystérieux Dajann-Phinn ». de Michel Corday. « Je sais tout » d’Avril à Mai 1908 (N°39 et 40). Illustré par Georges Scott. Réédition dans le volume « Mariage de demain » éditions Fasquelle 1908.

- « La guerre du feu » de J.H.Rosny Aîné. « Je sais tout » de Juillet à Octobre 1909 (N° 54 à 57). Illustré par Orazi. Réédité chez Fasquelle. 1911

- « Le fauteuil hanté » de Gaston Leroux. « Je sais tout » d’ Avril 1909 (N° 51). Réédition en volume chez Pierre Lafitte. 1911.Illustré par René Lelong.

- « Le nuage pourpre » de M.P.Shiel. « Je sais tout » de Septembre 1911 à Janvier 1912 (N° 81 à 84). Illustré par M.Orazi. Réédité en volume chez Pierre Lafitte. Couverture illustré couleur. 1913.

- « Le second déluge » de Garrett-Servis. « Je sais tout » de Octobre et Novembre 1912 (N° 93 et 94). Illustré par S.Macchiati. Réédité semble t-il (références noosSFere) dans la collection Ailleurs & autres N°89, éditions Francis Valéry 1984.

- « L’épouse du soleil » de Gaston Leroux. « Je sais tout » du 3 Août 1912 (N°91). Réédition en volume chez Pierre Lafitte. 1913. Illustré par M.Orazi

- « La force Mystérieuse » de J.H.Rosny. « Je sais tout » de Janvier 1913 à Mai 1913 (N° 96 à 100). Illustré par M.Lecoultre. Réédité chez Plon. 1914.

- « Le monde perdu » de Sir Arthur Conan Doyle. « Je sais tout » de Novembre 1913 à Juillet 1914 (N° 106 à 114). Illustré par Géo Dupuis et par la suite, Louis Bailly. Réédition Nouvelle Bibliothèque 1925.

- « Le tunnel » de Bernhard Kellermann. « Je sais tout » de Mai, Juin et Juillet 1914. Réédité chez Flammarion en 1934.

- « Rouletabille chez Krupp » de Gaston Leroux. « Je sais tout » Septembre 1917 à Mars 1918 (N° 142 à 148). Illustré par Léon Fauret. Réédité chez Pierre Lafitte. 1920.

- « L’étrange alibi » de Léon Groc. « Je sais tout » de Décembre 1917. Pas de réédition connue.

- « Le ciel empoisonné » de Sir Arthur Conan Doyle. « Je sais tout » de Mars 1918 à Juillet 1918. (N° 148 0 152). Illustré par Will Fostep et Louis Bailly. Réédité chez Hachette, Bibliothèque de la Jeunesse, 1938.

- « Les trois yeux » de Maurice Leblanc. « Je sais tout » de Juillet 1919 (N° 164). Illustré par M.Orazi. Réédité en Volume chez Pierre Lafitte. 1921.

- « Le rayon B » de Maurice Leblanc. « Je sais tout » d’Octobre 1919 (N° 167). Illustré par M.Orazi. Réédité en Volume chez Pierre Lafitte. 1921. Cette seconde partie se trouve incluse dans le volume « Les trois yeux »

- « Celui qui supprima la mort » de J. Bruno-Ruby. « Je sais tout » d’Avril 1920 (N° 172). Illustré par Rzewuski. Réédité en volume chez Pierre Lafitte. 1921.

- « Le formidable événement » de Maurice Leblanc. « Je sais tout » d’Octobre et Novembre 1920 (N° 178 et 179). Illustré par Lorenzi. Réédition Pierre Lafitte 1921.

- « L’homme truqué » de Maurice Renard. « Je sais tout » de Mars 1921(N° 183). Illustré par Rzewuski. Réédité chez Crès en 1923.

- « Le neveu de Gulliver » de Bauer. « Je sais tout » de Juillet 1921 (N° 199). Illustré par Maurice Leroy. Réédité chez Ferenczi.1923.

- « La jeune fille en proie aux monstres » de Pierre De La Batut. « Je sais tout » de Septembre 1921 (N° 189). Illustré par Félix Lorioux. Réédité en volume chez Crès « Collection littéraire des romans d’aventures ». 1921.

- « Les Agouglous » de Raymond Marival. « Je sais tout » de Janvier 1922 (N° 193). Illustré par Maurice Leroy.Réédité chez Ernest Flammarion « Le roman d’aventure » 1923.

 

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                  Maurice Leblanc Octobre 1919 N°167                                                         Maurice Renard à l’honneur. Mars 1921 N°183

 

Nouvelles de Science-Fiction

 

- « On » de Maurice Level. « Je sais tout » de Décembre 1908 (N° 47).

- « Le grand moteur Brown-Pericord » de Sir Arthur Conan Doyle. « Je sais tout » de Juin 1908 (N°41). Illustré par H.Lanos

- « Le sommeil de Sir S.H.W.Ferkett » du Dr Bresselle. « Je sais tout » de Juin 1909 (N° 53). Illustré par Simon Harmon Vedder.

- « Le royaume des fourmis » de H.G.Wells. « Je sais tout » de Novembre 1912 (N°94). Illustré par S.M ?

- « La machine à extorquer la vérité ». de Henry A.Hering. de Décembre 1912 (N° 83). Illustré par Kirchner.

- « Les mystérieuses études du Pr. Kruhl » de Paul Arosa. « Je sais tout » de Septembre 1912 (N°92).Illustré par Géo Dupuis

- « La plus belle opération » de Artus. « Je sais tout » de Avril 1913 (N° 99).

- « Le tunnel de Gibraltar » de Jean Jaubert. « Je sais tout » de Mars 1914 (N° 110).

- « Télépathie » de H.A.Héring. « Je sais tout » de Septembre 1916 (N°130).

- « Un accroc à la société des nations » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Janvier 1919 (N°158).

- « Talleyrand chez Wilson et Clemenceau » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Mai 1919 (N° 162).

- « La grève des bourgeois » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Juin 1919 (N°163).

- « La journée de vingt minutes » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Juillet 1919 (N°164).

- « La vie en noir » de Clément Vautel » de Septembre 1919 (N° 166).

- « Le théâtre de l’avenir » de Maurice Dekobra ». « Je sais tout » d’Octobre 1919 (N° 167).

- « Les évadés de progrès » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Novembre 1919 (N°168).

- « Le monsieur des cavernes » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Janvier 1920 (N° 170).

- « Le rétablissement du pilori » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Juin 1920 (N° 175).

- « La chasse aux célibataires » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Août 1920 (N° 177).

- « Milon de Crotone aux olympiades » de M.Huet. « Je sais tout » de Août 1920 (N°177).

- « Les lunettes jaunes » de E.Buel. « Je sais tout » d’Octobre 1920 (N°178). Illustré par Cazenove.

- « L’image au fond des yeux » de Maurice Renard. « Je sais tout » de Septembre 1921 (N°189). ). Réédition en volume dans le recueil de nouvelles « Invitation à la peur » Editions Crès.1926

- « Au cœur putride de la foret » de E.M.Laumann. « Je sais tout » de Novembre 1921 (N°191). Illustré par Leroy. Rééditions voir article sur Laumann

- « La bataille navale du Pacifique » de G.G.Toudouze. « Je sais tout » de Novembre 1921(N°191).

- « La grenouille » de Maurice Renard. « Je sais tout » de Février 1922 (N°194). Réédition en volume dans le recueil de nouvelles « Invitation à la peur » Editions Crès.1926.

- « L’horreur des altitudes » de Sir Arthur Conan Doyle. « Je sais tout » d’Avril 1922 (N° 196). Réédition chez Albin Michel « collection des maîtres étrangers de la littérature étrangère » dans le recueil de nouvelles « La brèche aux monstres ». s.d

- « Dans le fond des mers » de E.M.Laumann. « Je sais tout » de Juin 1922 (N°198). Rééditions voir article sur Laumann.

- « Les éléphants bleus » de J.H.Rosny. « Je sais tout » d’Octobre 1922 (N°202).

- « Des signes dans le ciel » de E.M.Laumann. « Je sais tout » de Mars 1923 (N°207). Illustré par Dutriac. Rééditions voir article sur Laumann.

- « Le monstre de la brèche de Blue John » de Sir Arthur Conan Doyle. « Je sais tout » de Mai 1923 (N°209).

- « L’Alcyon » de E.M.Laumann. « Je sais tout » de Juin 1923 (N°210). Illustré par Dutriac. Rééditions voir article sur Laumann.

- « La cuirasse de l’air » de Emmanuel Bourcier. « Je sais tout » de Août 1923 (N°212).Illustré par G. Dutriac

 

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« La science veut percer la terre » H.Lanos.Juillet 1909 N°54                                                « L’hallucination de Mr Forbes » H.Lanos. Février 1908 N°37

 

Romans Fantastiques

 

- « Moi et L’autre (L’obsession) » de Jules Clarétie. « Je sais tout » de Février à Août 1905 (N° 1 à 7).Illustré par Macchiati. Réédité chez Pierre Lafitte en 1908. Deux éditons différentes la même année : Un avec une couverture couleur de A.Radeno et une autre avec deux petites vignettes illustrées couleurs dans la partie supérieure du volume. Les deux éditions se composent de 12 illustrations de Macchiati.

- « Le conte du cigare au feu vert » de Valentin Mandelstamm. « Je sais tout » de Juin et Juillet 1910 (N° 65 et 66).Illustré par René Lelong.

- « Le voleur d’âme » de René Maizeroy. « Je sais tout » de Novembre 1912 à Janvier 1913 (N° 94 à 96). Pas de réédition connue

- « Le charmeur de serpent » de Robert Hitchens. « Je sais tout » de Septembre et Octobre 1913 (N° 104 et 105). Illustré par Ruck. Pas de réédition connue.

- « L’homme qui revient de loin » de Gaston Leroux. « Je sais tout » de Septembre 1916 (N°130). Réédition chez Pierre Lafitte.1920

- « Le cœur cambriolé » de Gaston Leroux. « Je sais tout » de Janvier 1920 (N° 170).Illustré par M.Orazi. Réédition Pierre Lafitte.1922. Contient également : « Une histoire épouvantable » et « La hache d’or »

- « Euryale à Londres » de Carlton Dawne. « Je sais tout » de Février 1920 (N°183). Illustration de Forain, L.Leroy et Orazzi. Réédition Editions recto verso collection « Idées et autres…. » Hors série N° 77. Mars 1998.

- « La vivante épingle » de Jean Joseph Renaud. « Je sais tout » de Décembre 1920 (N° 180). Réédité chez Pierre Lafitte.1922.

 

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                         Sir Arthur Conan Doyle. Mars 1918 N°148                                       J.Bruno-Ruby défie la mort…..Avril 1920 N°172

 

Nouvelles Fantastiques

 

- « La main de singe » de Jacobs. « Je sais tout » d’Avril 1905 (N°4).

- « la mascarade interrompue » de Zuylen de Nyevelt. « Je sais tout » Août 1905 (N°7).

- « Le fantôme boiteux » de Jean joseph Renaud. « Je sais tout » d’Octobre 1905 (N°9). Réédité chez Calman Lévy en 1907 dans le recueil de nouvelles « L’enlisé du Mont St Michel »

- « L’homme qui a vu le diable » de Gaston Leroux. « Je sais tout » de Mars 1908 (N° 38). Illustré par Macchiati.

- « Le monstre de « Partridge Creek » de Georges Dupuy. « Je sais tout » de Avril 1908 (N°39).

- « La tresse blanche » de René Maizeroy. « Je sais tout » de Mai 1908 (N° 40). Illustré par Georges Scott.

- « L’esprit » de Henri Duvernois. « Je sais tout » de Juillet 1909 (N° 54). Illustré par E.Loevy.

- « Le rêve de Lassalle » de G.d’Esparbès. « Je sais tout » de Décembre 1909 (N° 59).

- « L’entonnoir de cuir » de Sir Arthur Conan Doyle. « Je sais tout » de Juillet 1910 (N° 66).Réédition, editions Cosmopolites « collection du lecteur ».1929.Illustré par M.Orazi

- « L’homme qui se souvient » de Maurice Leblanc. « Je sais tout » de Février 1911 (N°85).

- « Le secret de la comtesse Barbara » de H.de Régnier. « Je sais tout » de Novembre 1911 (N° 94).

- « Une fin de bal » de Maurice Renard. « Je sais tout » d’Avril 1916 (N°126). Illustré par L.Bailly.

- « Deux professeurs et une momie » de Henry A.Hering. « Je sais tout » de Avril 1917 (N°137). Illustré par Macchiati. Réédité dans la revue « Le visage vert » de Xavier Legrand-Ferroniére, dans son anthologie « Jour de l’an chez les momies ». Mars 1987. Tirage limité à 65 exemplaires.

- « Le mystère de l’île St Louis » de Pierre Ladoué. « Je sais tout » de Janvier 1920 (N° 170).

- « La momie mystérieuse » de Albert Leprince. « Je sais tout » d’ Octobre 1921 (N° 190).

- « La main de singe » de Robert Nunès. « Je sais tout » de Janvier 1922 (N° 193). (Théâtre)

- « A bord du Yacht Daphné » de Jean Joseph Renaud. « Je sais tout » de Mai 1922 (N°197).

- « Le bateau fantastique » de Canudo. « Je sais tout » de Mars 1923 (N° 207).

- « Seconde vue » de Britten Austin. « Je sais tout » d’ Avril 1923 (N° 208).

- « Fortune de mer » de Sir Arthur Conan Doyle. « Je sais tout » d’Avril 1923 (N° 208)

- « La bague aux serpents » de Frédéric Boutet. « Je sais tout » de Mai 1923 (N°209).

- « La damnation de l’Essen » de Maurice Renard. « Je sais tout » de Août 1923 (N° 212). Réédité chez Crès en 1926 dans le recueil de nouvelles « L’invitation à la peur ». Réédité dans la revue « Le visage vert » de Xavier Legrand-Ferroniére, dans son anthologie « L’homme peste et autres contes ». Avril 1985. Tirage limité à 59 exemplaires.

- « Le fantôme de la Pandora » de Frédéric Boutet. « Je sais tout » de Décembre 1923 (N° 216) 

 

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Les « Martiens » de H.Lanos.Novembre 1906 N°22                                                    « Les découvertes de demain » Mars 1905 N°2

 

Articles à caractéres conjecturaux

 

- « La fin du monde » de Camille Flammarion. « Je sais tout » de Février 1905. Premier numéro de cette célèbre revue. Superbes compositions de l’artiste attitré H.Lanos.

- « Ce que je ferai, ce que l’on fera » de Santos Dumont. « Je sais tout » de Février 1905. Premier numéro de cette célèbre revue. Superbes compositions de l’artiste attitré H.Lanos.

- « Le péril jaune » Anonyme. « Je sais tout » de Mars 1905 (N°2). Illustration anonyme.

- « Les découvertes de demain » Anonyme. « Je sais tout » de Mars 1905 (N°2). Superbement illustré par H.Lanos.

- « De Paris à Londres par chemin de fer » Anonyme. « Je sais tout » de Juin 1905 (N° 5). Superbement illustré par H.Lanos.

- « Si nous avion eu la guerre » du Capitaine Danrit. « Je sais tout » de Juillet 1905 (N° 6).

- « La littérature fantastique & terrible » de Gaston Deschamps. « Je sais tout » de Septembre 1905 (N°8). Superbement illustré par H.Lanos.

- « L’automobile reine du monde » du Marquis de Dion. « Je sais tout » de Mars 1906 (N° 14) Superbement illustré par H.Lanos.

- « Les machines, titans modernes » de Max de Nansouty. « Je sais tout » de Mai 1906 (N° 16). Surtout intéressant pou les superbes compositions de Lanos.

- « La grande bataille de demain » De Saint Fégor. « Je sais tout » de Septembre 1906 (N° 20).

- « Les grandes blessures de l’univers » de Max de Nansouty. « Je sais tout » de Juin 1906 (N° 17). Superbes illustrations de Lelong.

- « Ce que serait la société de demain » de G.Monorgueil. « Je sais tout » d’Octobre 1906 (N° 21).

- « L’appel d’un autre monde » de Charles Torquet. « Je sais tout » de Novembre 1906 (N°22). Superbement illustré par H.Lanos.

- « Plus fort que la nature » de Maurice Level. « Je sais tout » de Mars 1907 (N° 26).

- « Un voyage dans le ciel » de Camille Flammarion. « Je sais tout » de Juillet 1907 (N° 30). Illustré par H.Lanos

- « Quand nous aurons des ailes » de Camille Flammarion. « Je sais tout » de Septembre 1907 (N°32).

- « La science veut percer la planète » de Camille Flammarion. « Je sais tout » de Juillet 1909 (N°54).Superbement illustré par H.Lanos.

- « Floraisons chimiques » Anonyme. « Je sais tout » de Avril 1911 (N° 76).

- « Quelques inventions baroques relatives à la guerre maritime. Rêveries de maniaques ou visons de précurseurs » de Francis Marre. « Je sais tout » d’Avril 1916 (N°126).

- « La carte de l’après guerre » de H.G.Wells. « Je sais tout de Septembre 1916 (N°130).

- « La tache de l’homme blanc » de H.G.Wells. « Je sais tout » d’Octobre 1916 (N°131).

- « Anticipation : le tunnel sous la manche de Douvres à Calais » de A. de Pawlowski. « Je sais tout » de Novembre 1916 (N° 132).

- « S’il y avait encore la guerre » de Jacques Mortane. « Je sais tout » de Mai 1920 (N°174).

- « De la terre à la lune » de George Houard. « Je sais tout » de Juin 1920 (N°175).

- « Ou en est la science ?quel avenir nous réserve t-elle ? » de E.Perrier. « Je sais tout » de décembre 1912 (N° 181).

-« Si l’on supprimait la monnaie » de Hyacinthe Philouze. « Je sais tout » de Janvier 1921 (N° 181).

- « Ce que pourrait- être la bataille navale du Pacifique,hypothèses  » de G.Toudouze. « Je sais tout » de Novembre 1921 (N°191).

- « Un anticipation scientifique : de la terre aux planètes » Anonyme. « Je sais tout » de Février 1922 (N° 194).

- « Une anticipation : le bateau sphérique » Anonyme. « Je sais tout » d’Avril 1922 (N° 196).

- « Une curieuse anticipation : un sous marin qui peut s’envoler » Anonyme. « Je sais tout » de mai 1922 (N° 197).

- « Si le Gulf Sream changeait de route » Anonyme. « Je sais tout » de Janvier 1923 (N° 205).

- « Une réalisation possible : L’avion taxi » Anonyme. « Je sais tout » de Février 1923 (N° 206).

- « Aurons- nous bientôt des bateaux de 100 000 tonnes ? » Anonyme. « Je sais tout » de Mars 1923 (N° 207).

- « Que sera notre vie dans 10 ans ? » Anonyme. « Je sais tout » de Décembre 1923 (N° 216).

 

Deux exemples de l’immense talent de H.Lanos

                « Les premiers hommes dans la lune » Septembre 1908 N°8                       « La guerre des mondes » Septembre 1905 N°8

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Archive N° 18: « Les Flottes Evanouies » Une Anticipation Ancienne à L’Américaine!

« Les flottes évanouies »

Roman de Roy Norton. Roman adapté de l’Anglais par Mlle J.Crémieux . Editions Pierre Lafitte « Nouvelle bibliothèque ».1911.Existe avec ou sans vignette de couverture. (Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique N°20 Pâques 1998, tirage 140 exemplaires)

Lors d’une réception officielle, Guy Hiller, premier secrétaire de l’ambassade de Grande Bretagne à Washington, tombe amoureux de la fille du Professeur Roberts, le célèbre scientifique et inventeur. Norma est également un esprit brillant qui apporte une aide des plus précieuse dans le travail de son père. Hélas cet idylle tourne cour, la politique est mauvaise conseillère…

En effet à la suite d’un quelconque incident diplomatique le Japon déclare la guerre aux Etats-unis. Cette crise vire rapidement à la catastrophe, le pays agressé préférant faire la sourde oreille, face aux menaces d’invasion. Toujours pas de réactions après l’invasion des Philippines et de Hawaï. Un véritable « guerre éclair » ou, au grand dam des marchands d’armes, aucun coup de feu ne sera tiré. Sûrement en raison de la consigne qui fût donnée aux officiers U.S de ne pas faire usage de leurs armes.

Le mystère de cette curieuse attitude ne fait que grandir lorsque le pays entier décide de se couper du reste du monde. On ferme avec précipitation toutes les frontières et une évacuation, parfois un peu brusque, des ressortissants étrangers sera effectuée de façon systématique. Hiller doit alors rendre compte de la situation à son gouvernement et se doit donc de quitter Norma. Le monde s’effondre !

Pendant ce temps, l’espionnage asiatique se met à pied d’œuvre, un de ses plus illustres agents mène l’enquête. Faisant preuve d’une certaine audace, il parviendra à suivre la voiture présidentielle. Celle-ci fait halte en pleine campagne, dans un endroit désertique. Sa curiosité sera récompensée au prix d’une épouvante sans nom lorsqu’il découvre enfin le terrible secret des Américains :

« Les cheveux hérissés d’épouvante, la bouche grande ouverte, oubliant toute prudence, il galopait sur la route comme pourchassé par les Furies. Les dieux protégent Nippon !…les dieux nous viennent en aide ! Murmurait l’espion au comble du désespoir. Eux seuls peuvent sauver ma patrie ! »

Commence alors une fuite éperdue. Alors qu’il pensait avoir déjoué la vigilance du contre espionnage Américain, Seigo se retrouve traqué comme une bête, obligé de se cacher sous les traits d’un mendiant, lui un homme de noble souche, un descendant des fils du soleil….Son projet de prévenir son gouvernement ne pourra aboutir, pourtant il le fallait absolument, son pays cour à la catastrophe.Au même moment, la flotte asiatique, convaincue de son succès approche des cotes Yankees….et disparaît en ne laissant aucune trace. Comment des milliers de tonnes d’acier peuvent-ils ainsi se volatiliser ? Le monde entier s’interroge, pourquoi tant de mystères ?

La Grande Bretagne frustrée de rester dans l’ignorance, dépêche une importante escadre en mission de surveillance au large du Canada. Le même sort lui sera réservé, malgré l’envoi d’un émissaire de paix, Guy Hiller, qui d’ailleurs ne passera jamais la frontière. Par la suite un sujet de sa glorieuse majesté sera repêché, à moitié fou, hurlant des phrases où il est question de monstres et d’une force inconnue.

Deux mois vont alors s’écouler dans la confusion la plus totale et la terreur. Le nouveau monde reste toujours aussi obstinément silencieux. Tous ces événements mettent un peu l’Europe en effervescence. Profitant de l’escamotage de la flotte Anglaise, le Kaiser décide de chercher des poux à la famille royale. La guerre est imminente, la Kriegsmarine se prépare aux hostilités. Nouveau coup de théâtre, le chef Allemand et son chancelier disparaissent corps et âmes. Les rares témoins parlent de leur entrevue avec un inconnu, d’un échange de propos précédé d’éclats de rire. Le trio montera par la suite dans un véhicule appartenant à l’ambassadeur des Etats- Unis pour une destination des plus secrète.

Londres 21 h, un homme bousculant le protocole, demande à être reçu par le Roi. Il s’agit de son vieil ami, l’amiral Robert Bevins de la marine Américaine. Cet entretient doit avoir lieu en présence du premier ministre et du premier Lord de l’amirauté. En regard des événements passés, l’accueil est plutôt froid mais ce qu’il va révéler est de nature exceptionnelle et déroutante :

« Mon pays possède une machine de guerre assez puissante pour réduire et annihiler les forces combinées de toutes les nations. »

Son pays n’est aucunement vindicatif à l’encontre des autres nations et sa petite démonstration ne fut utilisée que par nécessité. Pour faire preuve de sa bonne foi il est accompagné de Fields, le commandant en chef de la Royal Navy, récemment disparu. Le lendemain de cette singulière rencontre, le Roi et ses deux collaborateurs furent portés disparus et les Londoniens consternés aperçurent, échoué sur les bords de la tamise tel un gigantesque cachalot, l’épave du « Dreadnought » fleuron de l’amirauté, volatilisé il y a quelques jours au large du Canada :

« Mâts, tourelles et cheminées éventrées en mille pièces, semblant avoir été pris en écharpe par la plus formidable des décharges d’artillerie. Les ponts d’ailleurs étaient libres, les débris ayant manifestement été enlevés. »

A son bord, plus aucune âme qui vive ! Fin de la première partie Mais pour comprendre un peu la totalité de ses événements il est utile de faire un saut dans le passé. Au ministère de la défense, le président des Etats- Unis s’inquiète, la guerre avec le Japon est inévitable. Alors que le ministre se lamente sur la faiblesse du budget consacré à l’armement, un homme, le professeur Roberts se présente à lui en affirmant pouvoir solutionner une grande partie de ses problèmes :

« Voici un métal de fabrication facile et d’un prix de revient peu élevé. Si vous blindez un navire d’un revêtement de ce métal,convenablement soumis à l’action du courant électrique, le frottement produit par le passage du navire à travers l’eau sera tellement réduit que sa vitesse augmentera à un degré inconnu à ce jour. Or il est évident qu’un croiseur muni de quelques pièces à longue portée et capable d’abattre ses quarante ou cinquante milles a l’heure, ou un torpilleur qui pourrait fournir cette vitesse pendant 24 heures consécutives, peuvent venir à bout sans difficulté de n’importe qu’elle marine au monde. »

Et le président de manière puérile de s’écrier :

« C’est la paix dans le monde, la guerre impossible, la fin des tueries sanglantes »

C’est donc dans le plus grand secret, qu’au large de la Floride, dans de petits îlots totalement isolés du monde que la plus redoutable flotte de guerre jamais construite sera mise en chantier. Héla, malgré la bonne volonté de tous, les tentatives de fusionnage du précieux métal, échouent….pour aboutir, par pure coïncidence à la fabrication d’un alliage encore plus merveilleux :

« Voilà des années que je travaille à ceci, dit-il. C’est un isolateur capable de résister à n’importe quel courant électrique et à n’importe quelle température. Aujourd’hui, un accident m’a démontré que c’était en outre un écran impénétrable par les radiations radioactives. Dans ma seconde expérience, j’ai séparé deux blocs de métal par ma plaque isolatrice, et c’est par ce simple processus que nous avons pu obtenir la lévitation. Les deux blocs travaillent l’un contre l’autre avec une force sensiblement égale, et suivant l’intensité du courant que je lance à travers chacun d’eux, je puis à mon gré augmenter ou diminuer la force de gravitation. » « En un mot vous avez résolu le problème de la navigation aérienne. »

La construction d’une redoutable flotte…aérienne cette fois n’est plus une chimère. Commence alors avec cette formidable invention l’élaboration d’une armée redoutable :

« En adaptant un dispositif convenable, nous pouvons lancer les corpuscules radioactifs dans n’importe quelle direction donnée. Il est d’autre part facile d’augmenter la radioactivité du métal en réglant l’intensité du courant existant. En d’autres termes, si je fais passer le courant par le bloc inférieur, ce bloc acquiert une énergie ascendante qui détruit l’équilibre de lévitation et qui serait capable de projeter les plaques dans les airs avec une force correspondant à l’intensité du courant. Si c’est le bloc supérieur qui est excité, le mouvement sera vers le sol. »

L’inventeur terminera son explication en apothéose :

« Vous n’avez qu’à placer aux extrémités d’une machine volante une plaque de ce métal, convenablement fixée et électrisée, et vous pourrez diriger votre appareil dans telle direction et à telle vitesse qui vous plaira ! Je puis même aller plus loin, continua l’inventeur. Grâce à cet alliage on peut créer des aimants d’une puissance formidable. Je construirai une machine où les surfaces aimantées et les surfaces radioactives alterneront. »

Le nom attribué à cette merveille portera le nom évocateur de « Radioplane ». Le premier prototype construit, le président et quelque ministres monteront de nuit afin de réaliser son inauguration dans le secret le plus total. Ils s’élèveront à une hauteur prodigieuse, parcourant des dizaines de kilomètres à une vitesse extraordinaire, dans un silence absolu, sans secousse ni trépidation. Un plancher de verre permet une vision panoramique. L’essai est concluant, une multitude d’appareils vont être construits. Le chef suprême en personne baptisera le premier engin « Norma » sous le regard ému et fier de l’inventeur.

Pendant que tout ce beau monde est à la fête, le Japon stimulé par l’ivresse des victoires, occupe les Philippines et Hawaï. IL est alors temps de dévoiler cette formidable machine de guerre. La confrontation en pleine mer est hallucinante et les Japonais terrifiés, commencent à avoir un avant-goût de leur défaite. Scènes spectaculaires où l’on assiste à de véritables « rapts aériens » et le soulèvement hors de l’eau, du « Ito » fleuron de la flotte Nippone….mais ce n’est que le début ! Tous seront enlevés comme des brindilles, sous les crochets titanesques de ces gigantesques oiseaux de proie. L’amiral Bevins demande alors à l’amiral Kamigawa, une capitulation complète et sans condition. Il faut dire qu’il est assez malaisé de refuser une telle demande à 3000 mètres d’altitude. Les drapeaux blancs seront hissés, la flotte sera transportée ailleurs, loin des regards indiscrets. Pendant le voyage, le « Radioplane » N° 14 se délestera du Yakuno, en raison d’une avarie. Imaginez le spectacle de ce croiseur, tombant du ciel et se fracassant des milliers de mètres plus bas, dans un bruit épouvantable.

Quelques temps après, les autres vaisseaux seront déposés en douceur sur le lac de Washington à Seattle sous le regard ébahi de la garde nationale. Cet à ce moment que toutes les communications se trouvent paralysées. L’armée prend le contrôle du pays et le reste du monde est plongé dans l’ignorance totale de cet extraordinaire exploit de « L’aviation Américaine ». Un scénario similaire se répète pour l’escadre Britannique et l’amiral Fields est également obligé face à l’incroyable pouvoir de dissuasion Américain, de capituler. Les « prisonniers » seront transportés dans la baie de Chesapeake, aux frais du gouvernement. Situation assez délicate où il est impératif de persuader l’empire Britannique de la futilité d’un conflit armé avec les USA. Le « Dreanought » sera déposé sur la Tamise en signe d’avertissement et le roi poliment « enlevé » afin de mettre au point un traité qui assurerait au monde ,les bienfaits d’une paix universelle.

La question Allemande sera réglée tout aussi facilement. La rencontre avec le Kaiser sera tout aussi amicale et ce dernier ne peut qu’applaudir sa participation à une aussi louable entreprise. Les deux souverains seront reconduits dans leurs capitales respectives, en plein jour, sous le regard d’une population à la fois terrorisée et émerveillée face à ses gigantesques oiseaux de verre et de métal. Le moment est enfin venu de dévoiler cette formidable puissance, l’Amérique se faisant ainsi l’arbitre mondial de la paix universelle :

« En gardant secrète la formule du nouveau métal, le gouvernement atteignait un double but : il évitait les désordres économiques que n’aurait pu manquer de susciter un changement trop brusque des méthodes habituelles (les transports) ; et il assurait la paix universelle en réservant aux Etats-Unis le privilège des nouveaux armements. »

Les frontières vont ainsi s’ouvrir, les guerres n’ont enfin plus aucune raison d’être….. Comme toute bonnes histoires, celle-ci se termine par un mariage entre Norma et Guy. « Norma » l’héroïne du jour qui mena à bien le raid sur la flotte Japonaise, sera désormais un emblème national. Pour la circonstance, les flottes d’une multitude de pays furent invitées à New York, pour célébrer l’événement et par la même occasion, marquer symboliquement la réunification des peuples de la terre. Le final se fera en apothéose, par une revue maritime de tous les vaisseaux présents, y compris les Américains, sous l’escorte « bienveillante » d’une escadrille de « Radioplanes », confirmant ainsi l’inutilité de toute force navale et d’établir surtout sa toute puissance.

Dormez en paix, braves citoyens, grâce à nous la guerre est désormais une chose impossible.

Archive N° 18:   sanstitre2fg dans archives du bulletin 

Couverture Franck.R.Paul  « Wonder Stories » Décembre 1935                                      Un rayon « tracteur » en action. Wesso « Astounding Stories » mars 1933

 

Dans l’ombre de l’aigle Américain

Voilà un roman de guerre future comme on les aime. Une fois de plus les U.S.A sont la cible des Japonais (curieuse coïncidence) mais à l’inverse de « Banzaï » de Para Bellum pseudo de Ferdinand Heinrich Grautoff (Editions Nilsson 1908), il ne s’agit ici que d’une amorce d’invasion. De toute façon celle-ci n’est qu’un prétexte de l’auteur afin de nous emporter dans le tourbillon d’un début de première guerre mondiale imaginaire. Le texte fut publié en pré-original en 1907, donc bien avant le début des hostilités engagées par l’Allemagne.

Il en résulte un ouvrage troublant qui n’est pas sans nous rappeler un sujet historique : L’Amérique arbitre suprême de la paix mondiale, possédant les pleins pouvoirs car détentrice d’une invention capable de réduire à néant toutes les forces armées d’un pays. L’auteur, j’en suis convaincu a la lecture de ce texte, pensait en toute bonne conscience qu’un seul pays se devait de jouer le rôle du « père protecteur », pouvant et devant si le besoin s’en faisait ressentir, infliger une calotte monumentale aux enfants un peu trop « récalcitrants ».

Toutes ces idées partent d’un très bon sentiment, la preuve en est de toute cette bonne foi qui se dégage de l’ensemble du roman où l’auteur fait preuve d’une impartialité inhabituelle pour l’époque. Ici point de « sale jaune », de « face de citron »au sourire narquois, termes racistes assez utilisés dans certaines publications Françaises (Pour mémoire les romans du Capitaine Danrit de Louis Gastine ou du Colonel Royet), ni aucune allusion au sale teuton….

Les actions militaires (où le sang coule rarement) se déroulent avec un sens de l’honneur et un esprit de chevalerie tout à fait exemplaire. Quand à l’idée de cette force aérienne, Norton n’est pas avare d’idées sensationnelles. Le début du siècle est avant tout une période où militairement le monde appartient au pays possédant la plus redoutable armada. Le navire est la clef de toute invasion lors d’un conflit armé. Bien des années avant cette célèbre phrase « Qui dominera les airs, dominera le monde » l’auteur se fait ainsi un précurseur en imaginant une guerre dont la seule issue possible serait la conquête et la maîtrise de l’espace aérien, en ajoutant toutefois une petite variante de son cru.

Mais les exemples dans notre domaine se sont pas rares si nous prenons pour exemple un texte analysé dans ce blog « Paris en feu » de Henri Bardot (Bibliothèque des lettres Françaises, 1914) « Paris sous l’épouvante » du Cdt G.DE Wailly (« La vie d’aventure » supplément mensuel au « Journal des voyages » N°34, 12 Octobre 1913) ou « Haut les ailes » de Marc Gouvieux (Editions Pierre Lafitte 1914).

Pour ne pas trop en faire une histoire entièrement patriotique en voulant affirmer la toute puissance anglo-Saxonne, l’Angleterre à cette époque souveraine des océans, reste dans « Les flottes évanouies » en marge de cette extraordinaire conquête, victime elle-même du bras de fer engagé avec les autres pays. La fameuse « Royale » est désormais chose obsolète !

Mais inventer un simple aéroplane eût été trop commun, le « Radioplane » va donc le remplacer, histoire d’épaissir un peu plus le mystère. Dans cette mouvance du « rapt aérien » très en vogue aux Etats-Unis à cette époque il était donc plus spectaculaire pour l’auteur de doter cette machine volante d’un système de propulsion silencieux, économique et aux performances illimitées. Cette incroyable propriété sera associée à la possibilité tout aussi exceptionnelle de pouvoir être utilisée comme une sorte de « rayon » pouvant soulever n’importe qu’elle masse. Une thématique qui sera souvent utilisée dans la SF Américaine à l’époque glorieuse des pulps où nous retrouvons ce fameux « rayon tracteur » issu d’une technologie aussi bien humaine que extra-terrestre.

L’utilisation de véhicules aériens dotés d’un énorme potentiel, marquera un tournant décisif dans l’évolution tant dans le domaine de la science fiction que dans celui des premiers phénomènes d’observation « d’ovni » et des premiers cas d’enlèvements par des extra terrestres. Mais ceci est un autre sujet et je vous encourage à lire la passionnante étude de Michel Murger « Alien Abduction » (Editions encrage « Scientifictions » N°1 volume 1 ,1995).

Une fois de plus, l’écrivain a recourt aux propriétés révolutionnaire d’un alliage spécial, capable de vaincre la pesanteur. Wells influence une fois de plus l’imaginaire collectif et l’on retrouve un proche parent de sa « Cavorite » utilisée dans son « Les premiers hommes dans la lune » (1901). Mais un auteur Français grillera la politesse à Norton puisqu’en 1906 Arnould Galopin et son « Le docteur Omega, aventures fantastiques de trois Français dans la planète Mars » invente quand à lui la « répulsite » (qui dans sa réédition en 1908 deviendra la « stellite »), aux propriétés similaires. Il fallait au moins une telle invention, afin d’enlever toute cette armada sans laisser de traces et de les transporter n’importe où, au nez et à la barbe de tous.

L’autre argument est le ton volontairement « pacifiste » du roman, l’invention ne devait pas être un engin de destruction totale car il était visiblement hors de question que le moindre sang soit versé au nom de quelques ferveurs patriotiques désuètes et de fort mauvais goût. En résumé, une œuvre sobre et inventive, et en aucun moment rébarbative. Certaines descriptions y sont d’ailleurs très réalistes, ce qui confère au roman toute son authenticité et toute sa valeur.

Pour conclure enfin, il me faut citer, puisque cela vient d’être mentionné plus haut, ce remarquable passage de « rapt aérien »où, même si les « Radioplanes » ne sont pas d’origines extra-terrestres, il se dégage de ces extraits une forte odeur d’enlèvement « alien » que l’on retrouvera quelques années plus tard sur les couvertures délirants des « Pulps ». Franck.R.Paul en fut l’un des plus admirables artisans (« The voice from the inner world » de A.Hyatt Verill, reste un des exemples les plus significatif). Involontairement l’auteur nous donne en passant un bel exemple de ce qui pourrait être un témoignage d’observation d’ovni :

« Le Professeur Roberts fit jaillir de toutes les ouvertures des rayons éclatants qui rayèrent les ténèbres de toutes les couleurs du prisme ; puis lent et majestueux, planant à peu de distance des toits, il traversa obliquement la ville et disparut dans la direction de l’Atlantique. Les gens apeurés et curieux, saluaient le passage du météore éblouissant qui peu à peu s’enfonçait, disparaissait dans les profondeurs sombres du ciel, ne semblait plus qu’une étoile de plus parmi les astres innombrables… »

Mais ceci est une autre histoire !

A propos de l’oeuvre

Ce roman et la traduction Française de « The Vanishing Fleets » publié en pré originale en 1907. La publication en volume date de 1908 chez Appleton à New York et illustré par Jay Hambidge.

Roy E.Norton (1869-1942) écrivit d’autres textes conjecturaux :

- The toll of the sea (1909)

- The flame (1916)

- The glyphs (1919)

- The secret city (1919)

- The caves of treasure (1925)

A connaissance seul « Les flottes évanouies » fut traduit en France. Pour ce qui est de l’édition Française ce texte connu deux pré originale en revue :

« Le temps » en 34 épisodes du 9 juillet 1910 au 14 Août 1910.

« L’humanité » en 38 épisodes du 1er Mars 1916 au 7 Avril 1916.

En outre l’édition chez Lafitte connu elle aussi deux présentations :

- Sous couverture muette sans illustrations.

– Sous couverture illustrée couleur

Il est à préciser que cet ouvrage fut dans le passé analysé dans la défunte revue « Le petit détective », par notre illustre spécialiste Joseph Altairac dans une rubrique traitant d’ouvrages de SF inconnus. Le titre de cette dernière portait le nom de « Science-fiction et soucoupes volantes »

Très prochainement je ferais un récapitulatif des ouvrages conjecturaux édités chez Pierre Lafitte

 

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« Les Mystères De Demain » A Propos D’ouvrages Mythiques

Dans tous les domaines de la littérature, il existe des livres mythiques et rares que le collectionneur recherche avec assiduité. Véritable saint Graal faisant l’objet de nos recherches effrénées, nous ne trouvons le repos qu’après des années de quêtes intenses, de fouilles minutieuses chez les bouquinistes les plus reculés, les Emmaüs les plus isolés ou les vides greniers les plus improbables.

Bien souvent, du moins en ce qui me concerne, l’ouvrage tant convoité ne sera pas forcément rarissime, un titre accrocheur,une couverture attrayante ou un auteur que j’affectionne, suffiront à attiser ma curiosité. Je me rappelle avoir fait des pieds et des mains afin de mettre le grappin sur des textes sans intérêts ou carrément illisibles. Par contre certaines de mes investigations tournent à l’obsession, lorsque cela fait plusieurs années que certaines oeuvres figurent sur mes listes de recherches. Il faut dire que ma collaboration au « Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique » n’a pas arrangée les choses…bien au contraire !

Que de textes inconnus et d’auteurs jamais cités auparavant, ont enflammés mon imagination ! Prenons par exemple l’ouvrage de Léo Massieu « La cité des automates » ou celui de Aubert Jacques « La guerre des mannequins » qui ne cessent de ma hanter.

Marc Madouraud, Brice Lorens, Robert Van Bel, Guy Costes, Gérard Meunier, des piliers de la revue, venaient régulièrement allécher nos babines avec des titres racoleurs comme « Mille ans après ou aventures prodigieuses de 3 journalistes au XXXéme siècle » de Charles Solo, « Histoires prodigieuses de Master Corkscrew » de Albert Truphémus, « L’anneau voyageur » de Georges Amyot, « L’an 330 de la république » de Maurice Sponck , « Pierre Ladronneau a la recherche des loyers bon marché » de A.Humbert, « L’électro chimie contre Mussolini » d’Abel Moreau, « Outre terre » de Phileas Lebesgue, « Le Dr Microbius » de Fred Isly, « Sous le ciel de carreau » de Henry Jacques, « La femme artificielle » de Gustave Pig, « La maîtresse mécanique » de Léon Marie Thylienne…… j’en passe et des meilleurs, il faudrait un volume entier !

En matière de recherches sur la littérature conjecturale d’avant guerre il y avait l’avant « milan » mais maintenant, il y a l’après bulletin….

Dans ma vie de collectionneur, je crois qu’un jour il m’a été possible de connaître le Nirvana du chineur. J’ai eu l’occasion et la chance de pouvoir bénéficier de l’achat de certains ouvrages provenant de la collection de Henry Delmas, co-auteur du Rayon SF. A l’époque, je faisais mes études, j’avais deux enfants il fallait donc faire des coupes franches dans mes choix. Cette journée fût mémorable et je remercie ce grand professionnel du livre de science fiction qui m’a permis d’enrichir ma collection de précieux ouvrages. Qu’il en soit ici remercié, cela remonte à plusieurs années, mais je crois qu’il visite parfois ce blog, il se reconnaîtra.

Si je parle de cette anecdote, c’est qu’à l’époque le « Rayon SF » était un peu la bible des collectionneurs et que dans ses pages figurait une série d’ouvrages mythiques, qui même encore de nos jours suscite la convoitise, non seulement en raison de sa rareté mais pour la qualité de son contenu. Les couvertures de ces ouvrages sont à elles seules toute une aventure et il me paraissait donc utile de vous les proposer sur les pages de ce blog. Voici donc la reproduction des cinq couvertures de « Les mystères de demain » de Féval fils et Magog, une saga tout à fait remarquable et délirante, qu’il faudra un jour aborder ici.

« Les mystères de demain, Roman d’aventures scientifiques » par Paul Féval Fils & H.J.Magog

- Volume 1 « Les fiancés de l’an 2000 » Éditions Ferenczi. Couverture couleur de R. Courtois. 1922. Réédition  Recto Verso collection « Idées et autres…. »  dirigée par Bernard Goorden. Hors commerce N° 45. 1994.

- Volume 2 « Le monde des damnés » Éditions Ferenczi. Couverture couleur de R. Courtois. 1923. Réédition  Recto Verso collection « Idées et autres…. » dirigée par Bernard Goorden. Hors commerce N° 52. 1995.

- Volume 3 « Le réveil d’Atlantide » Éditions Ferenczi. Couverture couleur de R. Courtois. 1923. Réédition  Recto Verso collection « Idées et autres…. » dirigée par Bernard Goorden. Hors commerce N° 58. 1997. 

- Volume 4 « L’humanité enchaînée » Éditions Ferenczi. Couverture couleur de R. Courtois. 1923. Réédition  Recto Verso collection « Idées et autres…. » dirigée par Bernard Goorden. Hors commerce N° 67. 1997. 

- Volume 5 « Le faiseur de folles » »Éditions Ferenczi. Couverture couleur de R. Courtois. 1924. Réédition  Recto Verso collection « Idées et autres…. »  dirigée par Bernard Goorden. Hors commerce N° 74. 1998.

 

 

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« Un Précurseur Français De L’horreur Maritime »: E.M.Laumann !

1. Une créature tentaculaire et menaçante, grand mythe fondateur des légendes de l’océan

 

Puisque lors d’un article précédent nous avions abordé le thème de la mer et de ses mystères, il paraissait juste et indispensable d’aborder l’œuvre d’un écrivain Français qui, fort de cinq romans et d’une dizaine de nouvelles, reste encore de nos jours dans un anonymat quasi-total. Fort heureusement une petite faction « d’irréductibles passionnés » permit de réparer cette injustice et de le replacer à la place qu’il mérite.

Ernest Maurice Lauman est né le 23 Octobre 1862 et décédé le 28 Novembre 1928. Sa carrière littéraire débutera en 1890 après une mission d’étude effectuée pour le gouvernement Français. Par la suite il travaillera comme décorateur de théâtre notamment pour le célèbre « Chat noir ».

Son activité pour le théâtre sera une constante puisqu’il adaptera pour le théâtre du « Grand guignol » certaines œuvres célèbres comme « La marque de la bête » (d’après R.Kipling) « En plongée » « Le rire de Rosolba » ou encore Edgar A.Poe avec « Le chat noir » et « La chute de la maison Usher ».

Il affûtera sa plume d’écrivain et de journaliste pour la revue « Le globe trotter » (revue très colonialiste qui à l’instar du « Journal des voyages » publia de très nombreux romans conjecturaux) et sera pendant quelque temps rédacteur à la revue « Le matin » (Journal « républicain indépendant » qui vit le jour en 1882 et qui publia également de nombreux romans et nouvelles dont certaines conjecturales), sans oublier son travail d’écriture de scénarios pour le cinéma.

Il exerça donc ses talents d’écrivains dans les domaines les plus variés, essais historiques, populaires, romans d’aventures. Sa production est telle qu’il signera ses romans sous plusieurs pseudonymes. Mais c’est surtout pour son activité d’écrivain de romans fantastiques et d’anticipations qu’il nous intéresse, avec la publication de ses œuvres pour des magazines populaires de l’époque comme « Lecture pour tous »et « Je sais tout ».

Prolifique en terme d’invention, son imagination donnera naissance à des romans (souvent écrits en collaboration) qui sans être d’une très grande originalité n’en restent pas moins pour l’époque assez intéressants :

- « L’aérobagne 32 » Bagnes aériens, volants à haute altitude et ceci afin d’éviter toutes tentatives d’évasion. La cruauté des traitements infligés aux détenus est assez inhabituelle pour l’époque (il faut dire que ce bagne est Allemand, nous sommes en 1920… ceci expliquant cela !)

- « L’étrange matière » invention redoutable et révolutionnaire, une arme d’une puissance incroyable le « Christollopyr » capable de ravager des régions entières par le froid et par le feu.

- « Le visage dans la glace » où il sera question d’un appareil émettant des ondes capables d’agir sur les molécules des corps minéraux, lorsque l’appareil est orienté suffisamment longtemps ce même corps devient translucide.

- « Si le neuf Thermidor.. » Une uchronie basée sur une hypothèse historique : Robespierre échappe à l’échafaud, jugé et libéré sous la pression populaire, avec les conséquences qui en découlent.

- « Sous la banquise » Ce roman reprend de manière beaucoup plus « Délayée » la thématique de créatures étranges qui peuplent les abysses des mers polaires et qui attaquent une expédition mystérieusement disparue. Mais nous y reviendrons ultérieurement.

Par la suite Laumann se consacrera dans un domaine où il excelle le plus à savoir la nouvelle, constituant également une exploration assez intéressante de plusieurs thèmes conjecturaux.

- les civilisations extraterrestres avec « le mystère de mars » et de façon beaucoup plus humoristique « Des signes dans le ciel ».

- La terreur végétale superbement décrite dans « L’arbre charnier »

- Les mystères de la foret et ses abominables araignées crabes de « Au cœur putride de la forêt » (la version terrestre de la nouvelle « Les épouvantes de la mer »).

- La machine « possédée » avec le surprenant « Dans la cage de verre » où l’auteur fait preuve d’un humour assez noir.

- Les abominations souterraines avec les redoutables créatures infernales de « L’abîme », l’auteur nous démontre que la curiosité est un vilain défaut.

Et puis bien sur, il y a la terreur qui vient de la mer, son domaine de prédilection. En effet il y consacrera pas moins de quatre nouvelles, presque la moitié de sa production Fantastique. Le sujet est d’une telle importance qu’il mérite que l’on s’y arrête un petit peu.

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2.Dans le Mystère des abîmes                                                              3.La pierre de Rosette Cthonienne!

 

Une présence obsédante dans l’œuvre de Laumann

La mer ne cesse de nous fasciner et de nous terrifier car elle symbolise tout un univers vaste et mystérieux et si de tout temps elle fut redoutée et respectée elle engendra toute une génération d’auteurs qui voyait en elle une monstrueuse créature vivante, cachant aux plus profond de ses abysses des créatures dépassant l’imagination : Serpent de mer, pieuvre gigantesque, sirènes……

Elle est source d’histoires et de légendes terrifiantes, de vaisseaux fantômes, de spectres vengeurs, de brumes maudites et d’océans maléfiques. La mer des Sargasses et son triangle du diable en est l’exemple le plus caractéristique. Si de nombreux écrivains se passionnèrent pour la mer et ses mystères, très peu s’en servirent comme sujet central de toute leur production, souvent de façon anecdotique mais rarement comme thème obsessionnel et récurant de leurs peurs les plus profondes.

Immédiatement lorsque l’on évoque toutes les horreurs maritimes, c’est le nom de Lovecraft qui nous vient à l’esprit. Ensuite c’est Hodgson bien évidemment et puis Jean Ray, dans la logique des choses. Pourtant même s’il existe des points communs entre ces personnages il semble que cette « aversion » pour l’océan et ses mystères ne puisent pas leurs sources dans les mêmes origines.

Des trois personnages, Hodgson est celui dont l’approche est probablement la plus directe puisqu’il fut lui-même marin et navigua pendant huit ans. De cette expérience à bourlinguer sur toutes les mers du globe, il en exprimera toute son admiration mais surtout au travers de nombreuses histoires, ses craintes et ses mystères. Une mer génératrice de l’épouvante, une inconnue créatrice d’angoisse et de terreur.

Cette même appréhension est également bien retranscrite au travers de certaines œuvres de Jean Ray/John Flanders. Il y a souvent dans sa production quelques ports étranges où des marins embués par l’alcool racontent à la lumière falote d’une mauvaise lanterne quelques étranges histoires de rafiots maudits ou d’îles peuplées de créatures monstrueuses.

La mer est une constante dans son œuvre et bien souvent des navigateurs infortunés en quête de quelques frissons de l’aventure se retrouveront confrontés à des abominations défiant l’entendement. A bord du « Fulmar » du « Psautier de Mayence » ou autre schooner à la coque vermoulue, ces infortunés aventuriers vont connaître le sort réservé aux intrépides marins assez fous pour affronter les pires légendes de l’océan.

Toute son œuvre contrairement à celle de Hodgson est basée sur des mythes, des histoires de marins, des rumeurs que l’on murmure au coin du feu. Ces héros partent souvent en connaissance de cause, contrairement aux personnages de Hodgson qui se retrouvent face à toutes ces horreurs marines très souvent bien malgré eux.

Dans ce dernier la figure du marin est toujours héroïque, et si la montée de l’angoisse dans son œuvre est toujours progressive, elle finira par éclater d’une façon extrêmement violente, dans une sorte d’apothéose où le héros affrontera avec courage son destin, comme par fatalité. Il y a toujours une grande lucidité dans ses personnages, ils feront face de manière courageuse car ils savent que c’est le prix a payer pour avoir osé défier ses terribles secrets.

A l’opposé, les textes de Lovecraft nous parlent très peu de marins alors que sa thématique est fortement « ancrée » dans cet univers. Cette aversion pour la « mer(e) » sera peut-être mieux expliquée par un expert en psychologie, mais il n’en demeure pas moins un dégoût profond et pathologique pour l’élément liquide.

Culturellement on ressent la différence avec les deux autres auteurs, son approche est tout à fait différente, plus « méticuleuse » et son œuvre ne va pratiquement pas se fonder sur un postulat de vieilles légendes et de croyances bien établies, mais sur toute une mythologie qu’il va créer lui-même de toute pièce et s’articulant autour de monstruosités et de divinités maritimes.

Le héros ne sera pas un vieux « loup de mer » au visage buriné par le vent et le soleil, il préférera mettre en avant un scientifique ou un intellectuel dont l’intelligence est le seul garant afin de mener à bien ses investigations. Peu habitués à affronter le danger, contrairement cette fois-ci aux personnages de Hodgson, le héros de Lovecraft n’aura pas d’autre choix que de fuir et de se laisser gagner par la folie et ce dans le meilleur des cas.

Mais ce qu’il y a de plus frappant entre ces trois auteurs est le point de convergence qu’il est possible d’établir sur une thématique et des ressemblances plus que troublantes. Le lien a déjà été effectué entre Hodgson et Lovecraft, de nombreuses études en attestent et l’on sait la grande admiration que le second éprouvait à l’encontre du premier (« Epouvante et surnaturel en littérature », p.125 à 130).

Par contre le lien avec Jean Ray est beaucoup plus périlleux et si l’ensemble de son œuvre, très originale, gravite autour des vieilles légendes de la mer, créant en cela tout un univers qui lui est spécifique, sa longue nouvelle « Le psautier de Mayence » (dans le recueil « La croisière des ombres ») a de quoi nous intriguer tant sa thématique rappelle Lovecraft et par voie de conséquence Hodgson. Il a été établi que ce dernier fut publié en Belgique dans « La revue Belge » en 1924 avec une aventure de Carnacki « La porte du monstre » et en 1927 toujours pour la même revue pour « Les spectres pirates ».

Jean Ray était lui aussi un habitué de cette publication puisque l’on y trouve trois ans plus tard « Le psautier de Mayence ». Il est fort probable que l’auteur Gantois fut impressionné par le talent de Hodgson et que la lecture de ses œuvres ne fit que conforter son approche de la relation entre récit maritime et histoire de peur.

Mais ce genre de « coïncidences » ne sont pas rares dans notre domaine et si l’univers de Lovecraft à de nombreuses fois était repris ou plagié par la suite, il n’est pas rare d’en rencontrer d’autres où les auteurs ne pouvaient avoir aucun lien avec le « reclus de Providence » mais qui pourtant on accouché d’œuvres en possédant de nombreuses caractéristiques. Voir « Le maître du temps » de Liparini ou « Un manuscrit trouvé dans une bouteille » de Yambo.

La créature « marine » est une constante dans les œuvres conjecturales et pour cela il n’est pas besoin de se servir de l’océan comme cadre puisque certains auteurs l’utilisèrent parfois hors contexte.

Prenons pour exemple les créatures qui évoquent la pieuvre dans « La guerre des mondes » de H.G.Wells. L’auteur Anglais en fera d’ailleurs un thème récurant dans son œuvre puisque dans sa nouvelle « Les pirates de la mer, des poulpes « pêchent au lancer » les infortunés occupants d’une barque. Dans un autre de ses romans « La machine à explorer le temps » c’est encore une créature venue des profondeurs, un crustacé qui supplantera l’homme, lorsque dans l’avenir la race humaine aura presque totalement disparue. Un autre encore « Dans l’abîme » où un scientifique découvre au fond de l’atlantique, une société de reptiles marins et habitant une ville construite a l’aide de fragments d’épaves (similaire en cela au texte de Moselli).

Le crustacé est pour beaucoup d’écrivains l’aboutissement ultime de l’évolution marine puisque nous allons le retrouver dans une quantité non négligeable de textes d’intérêts variables. Hodgson, toujours lui,en fait le héros d’un nouvelle « L’île de Ud », R.E.Howard succombe également à la tentation dans « Le peuple de la côte noire » et ces crustacés télépathes,

Maurice Renard à la fin de son célèbre « Péril Bleu » conclu en ces termes :

« Nous ne connaissons pas les fonds océaniques beaucoup mieux que les hauteurs de l’atmosphère. Il y a peut-être dans le Pacifique, au creux de la fosse de Tuscarora, qui descend jusqu’à 8500 mètres, au fond du ravin des Carolines, qui s’enfonce à 9636 mètres, des créatures sociables, de malicieux crustacés, impuissants à gravir les montagnes sous-marines et dont le rêve séculaire est de monter, parmi leur épaisse altitude, vers le secret des eaux culminantes. Un beau soir, qui sait, une machine incroyable peut émerger de l’onde (un bateau qu’il faudra nommer un ballon), chargé de monstres qui seront suspendus a quelque bulle énorme gorgée d’un air artificiel fabriqué « in profondis » comme nous fabriquons l’hydrogène de nos aérostats, et vêtue d’un réseau de soie tissée de goémons inattendus. Cette montée de crabes, futurs envahisseurs de nos cotes, serait la contre partie de la descente des araignées invisibles, venues à nous dans une poche de néant. »

La France n’est pas en reste une fois de plus, puisque Jean Cotard dans son « Flot d’épouvante » livre les côtes de la Bretagne à l’invasion d’une horde de gigantesques crustacés, des crabes « hauts comme des éléphants »

Ces abominations sont tellement monstrueuses qu’elles peuvent prendre l’apparence d’un île, trompant ainsi les infortunés marins qui l’accostent, comme dans « L’île a des yeux » de Georg Muller qui n’est autre qu’une gigantesque « pieuvre préhistorique », au final elle anéantira de ces redoutables tentacules équipage et navire.

Parfois ces êtres venant des grandes profondeurs seront le résultat d’une évolution les rendant apte à créer une civilisation très développée, citons « La cité du gouffre » de Moselli , parfois même leur technologie leur donneront des envies de conquêtes terrestres comme le montre si bien l’incroyable nouvelle de Owen Oliver « Des profondeurs » Ce texte réédité dans l’excellente revue « Le visage vert » est précédée d’une passionnante étude de Michel Meurger « Dossier invasion sous-marines »

Mais il faudrait tout un ouvrage pour venir à bout d’un tel sujet.

Il est donc clairement établi, que les trois auteurs évoqués plus haut sont les maîtres incontestés du fantastique maritime jusqu’au jour où, un autre auteur Français en fit le support assez remarquable pour au moins quatre nouvelles. Une en particulier excellente et qui semble vouloir assurer la postérité littéraire de l’auteur dans notre domaine.

Quatre nouvelles donc avec la présence quasi obsédante de la mer et décrite comme une véritable entité vivante, source de malheur pour l’infortuné marin qui va se retrouver confronté à son emprise et sa fureur. Il est assez curieux, alors que rien ne le laissait présager dans sa production antérieure, de voir à quel point Laumann semble être à l’aise dans ce type de nouvelle.

Très sincèrement le style est assez proche de Jean Ray. Non seulement dans la technique narrative mais également sur une parfaite maîtrise de cette ambiance assez particulière et propre aux histoires de marins. L’auteur avait-il connaissance de l’œuvre du Gantois ? « Les contes du Whisky » furent publiés en 1925 à la Renaissance du livre et nombreuses de ses histoires que l’on retrouvera dans le recueil « Les derniers contes de Canterbury » parurent dans diverses revues au milieu des années 20 comme « L’ami du livre » « La revue Belge » et « Le Mercure de France ». Laumann, écrivain, journaliste et critique littéraire, fréquentait un milieu assez intellectuel et peut-être cela lui donna t-il l’occasion de lire Jean Ray…. spéculations !

Une fois de plus simple coïncidence, mêmes idées autour d’un thème peu exploité ou concordance d’inspiration littéraire ? Nul ne pourra nous le certifier mais pour l’heure voyons un peu le contenu de ces textes.

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 4.Un enfant de Cthulhu…à la Française                                                                            5. Des vers mutants peu engageants

 

Nouvelles à caractère maritime

 

- « Dans le fond des mers »

est la nouvelle la plus courte. Un homme sous l’emprise de la boisson décide de parler d’une affreuse aventure survenue alors qu’il était embarqué sur un bâtiment scientifique. Chargé de draguer le fond de l’océan afin de récupérer des minéraux et de nouvelles espèces marines. Tout à coup un des câbles fut soumis à une forte tension et ce à plusieurs reprises. La force était telle que le chalutier prit dangereusement du bord. Finalement le filet pu être remonté. Alors qu’il était en train d’en trier le contenu, une chose enserra sa main, d’une étreinte visqueuse et froide :

« C’était une main humaine ! Oui, vraiment, vous m’entendez, une main humaine, énorme blafarde et armée de griffes blanches, puissantes et longues. Elle avait été coupée au dessus du poignet par le chalut et de la plaie coulait encore une sérosité striée de filets sanglants. C’était une main humaine, comme les nôtres, mais quatre ou cinq fois grosse comme une main d’homme. »

L’homme commence à réaliser les conséquences de cette terrible découverte :

« Alors monsieur,sentez vous ce qu’il y a d’épouvantable a se dire qu’au dessous de nous,dans les profondeurs de la mer,il existe des êtres en tout point semblables à nous et que ce son des êtres effrayants,monstrueux, si loin de notre entendement,si loin de nos âmes. D’où viennent-ils ces êtres mystérieux ? Par quel chaînon se rattachent-ils à la chaîne de la vie…Est-ce nous qui sommes des exilés sur terre, sont-ce eux qui sont resté dans les ténèbres des origines ? »

Depuis l’homme vit un véritable cauchemar et ne cesse de repenser à cette effroyable aventure :

« Depuis ce temps, j’ai peur de la mer, j’ai peur de ce qu’elle contient, je la regarde comme un visage sournois, plein d’embûches et qui cache ses dessins, et, pendant tout le reste de la campagne, il me semblait que l’étrave de mon navire déchirait des chairs vivantes et muettes…. Des chairs pareilles à ma chair…Qu’y a-t-il encore de secret dans les profondeurs de la mer ? »

- « Les épouvantes de la mer »

Jean Amirant un ancien gabier au commerce, raconte à un de ses amis, un jour de confidences, l’épouvantable aventure dont il fît les frais il y a de cela quelques années. Il murmure plus qu’il ne parle, car l’épisode fut éprouvant.

Pourtant, il en a vu de toutes les couleurs dans sa vie de marin. Mais par tous les saints, mieux vaut affronter typhons et tempêtes plutôt qu’une telle abomination. Peu avant sa mise à la retraite, il était gardien de phare entre Paimpol et Grands Léjons. Finalement ce travail sur « cet îlot de malheur » lui convenait parfaitement.

Seul maître à bord, du temps pour fumer d’innombrables pipes tout en laissant son imagination se laisser porter par les vagues et le vent du soir. Un jour pourtant alors qu’il voulait regagner la « cambuse » petit bicoque annexe du phare, il remarque que le sol n’a plus la même couleur. En fait l’immense rocher qui fait office de dallage semble bouger. Il constate avec horreur qu’il se retrouve face à une armée de crabes « plus larges qu’une assiette ».Les affreuses bestioles sont en train de se repaître des restes d’un cadavre en décomposition. Mais le plus effrayant est d’apercevoir sur ce dernier, la présence d’un énorme poulpe allongeant ses tentacules ventouses.

« Il était monstrueux ce poulpe, ses yeux glauques restaient immobiles, mais on les sentaient épiant les adversaires, de même qu’on pouvait être certain que ses tentacules inertes pour l’instant, pouvaient se détendre avec la promptitude de la foudre et s’abattre sur la proie ou l’ennemi. »

Finalement, repu, le poulpe regagne son trou d’eau, après avoir livré bataille aux « Dormants » et comme Jean ne pouvait se résoudre à laisser ce corps ainsi, décide de le tirer afin de le mettre à l’abri. Mais c’était sans compter sur la férocité et l’audace des crustacés :

« Alors, Monsieur, si invraisemblable que cela puisse paraître, je les vis tous sortir de leur repaire, un à un, mais tous convergèrent vers moi, les pinces en avant. Voulaient-ils m’attaquer ou retourner au cadavre, je ne sais, mais je pensais que maintenant que le poulpe était parti, ils prenaient de l’audace, et ils savaient, ils devaient savoir, à n’en pas douter, qu’avec moi ils seraient les plus forts. »

Tous passent a l’attaque, la bataille fait rage ils sont des centaines et les jambes et les bras en sang il est forcé de se retrancher sur l’échelle le conduisant en haut du phare. Obligé de se retrancher dans cette « forteresse » devant le nombre croissant de ses assaillants, le malheureux ne doit son salut qu’à une marée providentielle, emportant le cadavre et dispersant du coup cette horde affamée. Au bord de la folie, après des heures de cauchemar, il n’est plus que l’ombre de lui-même :

« La fois suivante je revins avec des casiers, des appâts, tous lus jours je tendais mes piéges, j’en ai tué des milliers…Il y en a encore des milliers et des milliers….

- « Dans les brumes sur la vaste mer »

Le « père Philippe », archétype du vieux loup de mer n’est pas un bavard, mais le narrateur de l’histoire gagne sa confiance et partent un jour faire une petite « virée en mer ». Mais capricieuse, celle-ci se met à enfler, la tempête menace et fort heureusement, les infortunés trouvent un refuge providentiel sur un petit bout de rocher surmonté d’une misérable ruine.

L’abri est de fortune, mais suffisant pour attendre le passage du grain. « Naufragés » malgré eux, le marin se laisse aller aux confidences et lui raconte alors la plus épouvantable de ses péripéties. A l’époque embarquée sur un morutier, le navire se retrouve après avoir essuyé un coup de vent, dans des eaux inconnues pas très loin de la baie d’Hudson. Il semble que le bâtiment se trouve au dessus d’une éruption volcanique :

« La mer devint comme boueuse, oui vraiment et elle exhala une épouvantable odeur de vase. Je ne m’y trompais pas, allez, ayant fait une station dans un grand fleuve Africain, le Rio-Nunez, où la mer marne beaucoup. Quand elle se retire, elle laisse au sec de grands espaces et sur ceux-ci, à cause sans doute des gaz qui se dégagent, de grosses cloques se forment, puis crèvent. Et bien c’était cette odeur là que sentait la mer, comme les cloques en crevant. L’odeur de vase écœurante, épouvantable. »

Mais plus étrange encore, lorsque les marins ramènent les lignes, ils constatent que les morues présentent d’étranges et horribles mutilations. Requin, pieuvre ? Les conjectures vont bon train et tout serait revenu au calme si deux jours après un homme n’avait disparu. On commence a murmurer à voix basse d’autant plus que le capitaine refuse de faire marche arrière. La zone est excellente et ils sont les seuls sur les lieux. Le lendemain, le bateau ressent une forte secousse, une chose énorme avait créé un remous assez fort pour déplacer le navire, un homme se met à hurler :

« L’homme qui avait poussé le second à l’avant, cri d’épouvante et d’agonie, se débattait dans un inextricable lacis de tentacules qui l’enserraient, le ligotaient et l’entraînaient, sans qu’il puisse faire un mouvement, tout doucement par-dessus le bordage. Nous le vîmes disparaître derrière la lisse en même temps qu’une grande forme noire. »

Ce qu’ils virent par la suite dépasse l’entendement et jamais dans leurs pires cauchemars il n’avaient imaginés semblable créature :

« La tête était monstrueuse et plate, éclairée par deux grands yeux larges, à peu prés comme des sous bols et d’un blanc laiteux tirant un peu sur le vert – une plaque d’humeur, sans pupille et lumineux, oui lumineux comme du phosphore…Au dessous de ces yeux, qui donnaient le frisson, une gueule qui s’ouvrait et se refermait spasmodiquement comme si la bête et été gênée dans sa respiration. Cette bouche était armée d’une denture énorme, il en sortait un souffle court et précipité. Tout autour de cette bête – couleur de vase – remuaient huit ou dix tentacules de plus d’un mètre et couvert de ventouses ; cela était toujours en mouvement, fouettant, explorant l’atmosphère tout autour de leur pivot central, qui était la tête. »

Mais la description ne s’arrête pas là et le narrateur rentre un peu plus dans les détails :

« Quatre nageoires latérales longues et charnues de chaque coté du corps et situées l’une après l’autre, mais indépendantes et d’une forme légèrement différente. Les premières, prés de la tête, étaient plus épaisses et laissaient deviner un système cartilagineux en soutien, qui tenaient rigides et presque en tous points semblables aux ailes de chauves-souris…Cers ailes – comment leur donner un autre nom ? – s’agitaient doucement et battaient l’air à gestes larges et mous. C’étaient elles qui maintenaient l’affreuse chose à cinq ou six pieds au dessus de l’eau. Les deux autres ailes, plus petites, étaient immobiles. La queue, divisée en deux pans, trempait dans l’eau. Tout le corps semblait pétri de vase, couvert de squames, de pustules et d’herbes marines. »

Cette abomination sera accompagnée d’une seconde créature. Lorsque le capitaine décide de prendre les devants, en attrapant un harpon, la créature presque immédiatement retourna au fond de l’océan. Etait-ce en raison du jour qui grandissait ou d’un séjour trop prolongé à l’air libre ? Personne ne sera en mesure de répondre. Après plusieurs jours à « patrouiller » dans la zone, les monstres restèrent invisibles et comme pour conclure un des hommes grogna :

« ça venait des bas fonds de la mer et ça y est retourné voilà tout ! »

« L’alcyon »

Alors qu’il effectue une campagne de pêche dans les mers glaciales du Nord, un petit bâtiment de pêche découvre un curieux objet contenant un assez troublant témoignage. Il semblerait que cette « bouteille » provienne des mers du Sud comme en témoigne la colonie de Zoophytes fixée sur celle-ci :

« Maintenant, vous qui lirez ces lignes, écoutez et entendez la prière qui monte vers vous : Douze hommes à genoux,les mains jointes dans une ardent prière,élèvent vers le ciel leur âme remplie d’effroi,avant de jeter cette bouteille à l’eau,car elle contient leur dernière espérance. »

Ils vont alors découvrir un étrange témoignage, rédigé à plusieurs mains. Il s’agit du récit d’un naufrage d’un navire « L’alcyon » et datant de Février 1820. Après avoir essuyé une terrible tempête, le navire se retrouve dans une portion de mer des plus étrange :

« Les profondeurs elles-mêmes, devaient être tumultueuses,car parfois, de longues lames de fond amenaient à la surface d’étranges êtres,des poissons inconnus,monstrueux,dont la vessie natatoire éclatait au dehors,sous la pression atmosphérique. La mer semblait fumer, ce n’était que de l’eau pulvérisée par le vent, toujours renouvelée et toujours en suspens. » La nuit arrive et c’est de nouveau le déchaînement des éléments. Une autre tempête d’une violence inouïe, soulève le navire : « Nous courions vers des brisants,ce n’était plus qu’une question de minutes,quand tout à coup, le navire fût, nous sembla-t-il,absolument soulevé hors de l’eau et lancé en avant nous eûmes l’impression qu’il courait sur la crête d’une vague. Il y eut un choc sourd, un éclaboussement prodigieux, puis les bruits extérieurs se turent, nous sentîmes que nous avions quitté l’atmosphère en tumulte et que nous tournions lentement sur nous-mêmes. »

Au petit matin c’est la consternation et l’incompréhension car ils se retrouvent dans un lieu des plus insolite :

« Nous sommes au centre d’une cuvette et tout vautour de nous se dressent d’un geste puissant de hautes murailles d’un granit noir, lugubre. Nous n’apercevons aucune plage, à peine quelques assises où peut-être on peut prendre pied, et dans l’épaisseur frigide du granit quelques trous pleins de ténèbres, inquiétants, sournois. Ce cirque peut avoir cent à cent cinquante mètres de diamètre, notre pauvre bateau en occupe le centre. »

Tous leurs efforts pour trouver une issue seront vains, aucun passage, aucune fissure. Quelques hommes parviennent à escalader cette muraille mais c’est pour constater que de l’autre coté la paroi est tout aussi vertigineuse et qu’il n’y a aucun moyen de descendre. Mais le pire reste à venir, la nuit d’inquiétantes créatures commencent à faire leur apparition :

« Il sort de la mer d’énormes êtres annelés pareils à des limaces visqueuses, dégageant dans l’obscurité une lueur laiteuse. Elles ont ces limaces, car à quoi d’autre les comparer, un pied de long, grosses comme l’avant bras ; leur contact fait naître des pustules. Les murailles de notre prison de mort en sont pleines, la nuit venue ; elles y viennent ou sucer ou paître le fucus dont le granit est revêtu à sa base. Elles envahissent le pont du brick et alors elles cessent de se faire lumineuses ; il semble qu’elles savent que la lumière qu’elles dégagent décèle leur présence. Deux de nos hommes simplement touchés par elles sont mort d’une gangrène qui en faisait des cadavres ambulants. De ce fait nous gagnons un jour de vivres. »

Effectivement, les vivres ne vont pas durer éternellement, en désespoir de cause, un homme est envoyé sur la crête de la falaise, envoyer le témoignage de cet effroyable calvaire. Une nouvelle menace plus terrible encore va de nouveau surgir de cette abomination liquide. Des créatures de cauchemar qui attaquent les hommes un à un, jusqu’à tous les décimer :

« Il y a aussi des formes blanches qui,dans les ténèbres,volent lourdement autour de nous ;leurs ailes sont aussi des nageoires,car nous les entendons et les voyons plonger dans la mer, puis en ressortir lourdement pour se tenir à un ou deux pieds de l’eau. Leurs dégagent une étonnante odeur de vase et leur contact, presque inconsistant, est froid et humide comme le sont les céphalopodes appelés méduses. Elles ont des yeux phosphorescents et malgré cette lumière qu’ils émettent ils ont l’aspect d’yeux humains mais mornes et comme en proie à une indicible tristesse. Nous les avons entrevues au cours d’une nuit de lune et nous avons pu en pêcher une. Ce sont des êtres plats,la gueule est entourée de tentacules à suçoirs, deux nageoires,une queue terminée par un aileron,le tout est très sensiblement du volume d’un fort poisson du diable,telle est cette bête immonde qui certainement n’est pas connue… »

Le reste du texte parle d’hommes vidés de leur sang, de vivres qui s’épuisent, de folie et de désespoir. L’équipage témoin de cet incroyable récit, comme d’un seul homme penche la tête et prie pour ses infortunés, victimes des mystères de l’océan.

En conclusion


La teneur de ces quatre textes montre à quel point la mer fût pour Laumann une source d’inspiration. On y retrouve les thèmes récurrents et obsédants des trois auteurs cités plus haut, avec cette même terreur pour ne pas dire répulsion qu’elle inspire à ces différents protagonistes.

Le texte « Dans les brumes sur la vaste mer » est à mon avis le plus troublant quand à la description des créatures qui semblent sortir d’un roman de Lovecraft et de son célèbre « mythe de Cthulhu ». En ce qui concerne « L’alcyon » probablement la nouvelle la plus aboutie, elle nous démontre le talent de l’auteur à entretenir une atmosphère d’angoisse et d’épouvante.

Cette thématique du vaisseau emprisonné de manière mystérieuse dans un espace clos, peut-être en dehors du temps et de l’espace, est d’une très grande originalité, plaçant de ce fait cette nouvelle comme la référence du genre : Falaise de granit noire, mer de couleur étrange, attaque de vers répugnants, créatures vampires amphibies….

Il est rare de rencontrer un sujet aussi brillamment traité et ce ne serait que justice de retrouver « L’alcyon » dans une hypothétique anthologie réunissant les meilleurs textes produits par les périodiques et revues d’avant guerre. Il serait vraiment regrettable que toute une nouvelle génération de lecteurs reste dans l’ignorance totale de l’existence de tels chef- d’œuvres.

En effet que reste t-il de son œuvre, hélas pas grand-chose si ce n’est quelques réimpressions à faibles tirages que l’on s’arrache à prix d’or sur certains sites spécialisés…..quand on a la chance de les trouver !

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6.Au prise avec les vampires des océans                                                                    7.  Ce bon vieux loup de mer et ses histoires incroyables

 

Bibliographie de E.M.Laumann Romans

 

- « L’aérobagne 32 » écrit en collaboration avec H.Lanos. Pré originale dans la revue « Lecture pour tous » de juillet à septembre 1920, illustrations de H.Lanos. Edition en volume chez Hachette « Bibliothèque de la jeunesse », Couverture illustrée couleur de Dutriac, illustrations intérieures N&B de Dutriac et H.Lanos. 80 pages, 1923. . Il existe une autre édition avec un cartonnage éditeur rouge et comportant des petits motifs sur le premier plat (mêmes caractéristique que l’édition précédente).

- « L’étrange matière » écrit en collaboration avec R.Bigot. Pré originale dans la revue « Lecture pour tous » de Août à Octobre 1921, illustrations de René Lelong. Edition en volume chez Hachette « Bibliothèque de la jeunesse », Couverture illustrés couleur et illustration N&B intérieures de René Lelong. 80 pages, 1924. Il existe une autre édition avec un cartonnage éditeur rouge et comportant des petits motifs sur le premier plat (mêmes caractéristique que l’édition précédente). Réédition dans la revue « Lisez moi aventure » du N°40 (1er Janvier 1950) au N°44 (1er Mars 1950) Illustrateur inconnu.

- « Le visage dans la glace » écrit en collaboration avec R. Bigot. Pré originale dans la revue « Lecture pour tous », Juin et Juillet 1922, illustration de Dutriac.

- « Sous la banquise » Editions Tallandier « Grandes aventures » 1ére série N°197, 1928, broché illustré par A.P ( ?). Réédité dans la même collection « Bibliothèque des grandes aventures » N) 539,1935.

- « Si le 9 Thermidor…., hypothèse historique » écrit en collaboration avec René Jeanne. Editions Tallandier 1929

 

Nouvelles

 

- « L’arbre-charnier » Parution dans la revue « Lecture pour tous » 1er Septembre 1919, illustré par H.Lanos. Rééditions : « Lisez moi aventure » N°26 du 1er Juin 1949 illustré par Roger Marmottin. Réédition dans la revue « Planète à vendre » N°1, 1990. Réédition dans l’anthologie « Contes de terreur » présentée par Marc Madouraud, Editions « Recto-Verso » collection « Idées…et autres » 1994. Réédition « Le boudoir de gorgones » N°5 Février 2003.

- « Le mystère de Mars » Parution dans la revue « Lecture pour tous » Mars 1921. Rééditions : Texte accompagnant une lettre distribuée gratuitement par « Le visage vert ». Réédition dans l’anthologie « Contes de terreur » présentée par Marc Madouraud, Editions « Recto-Verso » collection « Idées…et autres » 1994.

- « Au cœur putride de la forêt » Parution dans la revue « Je sais tout » N°191, 15 Novembre 1921. Illustré par Leroy. Réédition dans l’anthologie « Contes de terreur » présentée par Marc Madouraud, Editions « Recto-Verso » collection « Idées…et autres » 1994.

- « Dans la cage de verre » en collaboration avec Raoul Bigot. Parution dans la revue « Je sais tout » N°195, 15 Mars 1922. Illustré par H.Lanos. Réédition dans l’anthologie « Contes de terreur » présentée par Marc Madouraud, Editions « Recto-Verso » collection « Idées…et autres » 1994.

- « Dans le fond des mers »Parution dans la revue « Je Sais Tout » 15 juin 1922, n° 198, p. 325-328, illustrations anonymes. Réédité dans le recueil « L’Homme-peste & autres contes fantastiques » de la revue « Le Visage Vert » reproduction en fac-similé de 1922, avril 1985. Réédition dans l’anthologie « Contes de terreur » présentée par Marc Madouraud, Editions « Recto-Verso » collection « Idées…et autres » 1994.

- « Des signes dans le ciel » Parution dans la revue « Je sais tout » N°207, 15 Mars 1923. Illustré par Dutriac.Réédition dans l’anthologie « Contes de terreur » présentée par Marc Madouraud, Editions « Recto-Verso » collection « Idées…et autres » 1994.

- « L’Acyon » Parution dans la revue « Je Sais Tout » 15 juin 1923, n° 210, illustrations de Georges Dutriac. Réédité dans le recueil « Le Lac du squelette & autres contes fantastiques » de la revue « Le Visage Vert » reproduction en fac-similé de 1923janvier 1985. Réédition dans l’anthologie « Contes de terreur » présentée par Marc Madouraud, Editions « Recto-Verso » collection « Idées…et autres » 1994.

- « Les épouvantes de la mer » Parution dans la revue « L’Aventure », publié par les éditions Arthème Fayard, N°2, 30 Juin 1927. Illustré par Daniel Girard. Réédition dans l’anthologie « Contes de terreur » présentée par Marc Madouraud, Editions « Recto-Verso » collection « Idées…et autres » 1994.

- « Dans les brumes sur les vastes mers » Parution dans la revue « L’Aventure », publié par les éditions Arthème Fayard, N°5, 21 Juillet 1927. Illustré par L.Marlheng. Réédition dans l’anthologie « Contes de terreur » présentée par Marc Madouraud, Editions « Recto-Verso » collection « Idées…et autres » 1994.

- « L’abîme » Parution dans la revue « L’Aventure », publié par les éditions Arthème Fayard, N°24, 1 Décembre 1927. Illustré par F.Auer. Réédition dans l’anthologie « Contes de terreur » présentée par Marc Madouraud, Editions « Recto-Verso » collection « Idées…et autres » 1994.

 

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8.Le pouvoir de la science                                                                               9. Un aventure au fond des mers

Bibliographie des œuvres citées

- « Epouvante et surnaturel en littérature » de H.P.Lovecraft.U.G.E collection 10/18.

- « Le psautier de Mayence »De Jean Ray. Nouvelle dans le recueil « La croisière des ombres » Les éditions de Belgique 1932 pour l’édition originale. Rééditions dans le volume « Les 25 meilleures histoires noires et fantastiques de Jean Ray » Editions Marabout géant N0 G114, 1961. Réédition dans le volume « Le grand nocturne », 1979. Librairie des Champs Elysées « Le masque fantastique » 2éme série N°14. Réédité dans le recueil « La croisière des ombres » Nouvelles éditions Oswald N° 106 ,1984. Réédition dans l’anthologie « Eaux mystérieuses et mers infernales » L’Atalante, 2000.

- « La porte du monstre » de W.H.Hodgson.Une aventure de Carnacki dans le recueil « Carnacki et les fantômes »« Carnacki et les fantômes » Librairie des Champs Elysées « Le masque fantastique » 1ére série, 1977. Réédition dans le recueil Nouvelles éditions Oswald N° 44, 1982.

- « Les spectres pirates » de W.H.Hodgson. Editions Opta collection « Aventures fantastiques » sous le titre « Les pirates fantômes » .Edition limitée illustrée par Druillet. Réédition dans la collection « Le livre de poche » Toujours aux éditions Opta en 1971. Réédition Nouvelles éditions Oswald N°167. 1986. Réédition sous le titre « Les spectres pirates » dans le recueil du même nom. Editions Encrage collection « Effrois » N°1, 1988.

- « Le maître du temps » de Giuseppe Lipparini. Parution dans la revue « Les annales » du 26 Février au 9 Mai 1909 N° 1340 à 1350. Voir analyse dans ce blog.

- « Un manuscrit trouvé dans une bouteille » Editions Albin Michel. 1931. Traduit et adapté de l’Italien par la comtesse de Gencé. Voir analyse dans ce blog.

- « Dans l’abîme » de H.G.Wells. Parution dans la revue « Le monde illustré » Février 1901, reprenant les superbes illustrations de Warwick Goble. Réédition dans le recueil de nouvelles « Les pirates de la mer et autres nouvelles » Mercure de France 1925. Réédition dans le recueil de nouvelles « Histoires merveilleuses » Larousse « Série beige » N° 15, 1931. Réédition dans l’anthologie sur Wells « Histoires d’anticipation » Mercure de France collection « Mille pages » 1988.

- « L’île de Ud » de W.H.Hodgson. Dans le recueil « La chose dans les algues » Editions Planète 1969. Réédition Nouvelles éditions Oswald, 1979.

- « Le péril bleu » de Maurice Renard. Editions Louis Michaud, 1912. Réédition Editions Française Illustrée 1920. Editions Crès 1920. Editions Tallandier 1958. Editions Filipacchi collection « M.A.T » 1972. Editions Marabout N°599, 1976.

- « Le flot d’épouvante » de Jean Cotard. Editions Eugéne Figuiére 1934.

- « L’île à des yeux » de Georg Müller, 1918. Pas de traduction Française connue. Se référer à l’article de Michel Meurger dans le volume «Lovecraft et SF tome 2» Cahier d’études Lovecraftiennes-V. Editions Encrage, 1994, collection « Travaux » N° 21, « L’île à des yeux, la faune exceptionnelle de Friedrich Otto » P.188.

- « La cité du gouffre » de José Moselli. Parution dans « L’almanach pittoresque de sciences et voyages » Octobre 1925. Réédition dans le volume « La fin d’Illa » Editions rencontre, 1970.

- « Des profondeurs » Parution dans la revue « Le visage vert » N°13, Mai 2003. Dossier spécial « Invasions sous-marines »

 

Crédit photographique

- 1. « Dans le fond des mers » Ill. Anonyme

- 2. « Dans le fond des mers » Ill. Anonyme

- 3. « Dans le fond des mers » Ill. Anonyme

- 4. « Dans les brumes sur la vaste mer » Ill. L.Marlheng

- 5. « L’Alcyon » Ill. G.Dutriac

- 6. « L’Alcyon » Ill. G.Dutriac

- 7. « Dans le fond des mers » Ill. Anonyme

- 8. « L’étrange matière » Ill. René Lelong

- 9. « Sous la banquise » Ill. de H.Lanos

- 10 « L’arbre charnier » ill. de Lanos

- 11 « L’abîme » Ill. F. Auer

 

Pour conclure je voudrais remercier Marc Madouraud pour son anthologie consacrée à Laumann, ainsi que Xavier Legrand-Ferroniére de la revue « Le visage vert » et plus particulièrement le N° 13, ainsi que Michel Meurger dont les études savantes sont une source de renseignements utiles et incontournables. Leurs ouvrages me furent d’une aide précieuse pour l’élaboration de ce modeste travail. Sans l’obstination et cette foi inébranlable qui les anime, bien des chef- d’œuvres de la littérature populaire seraient tombés dans l’oubli le plus total.

Qu’ils en soient ici remerciés!  

                                           
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10.Un terreur bien Végétale!!!!!                                                                        11. L’horreur souterraine vue par Laumann