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Archive pour juin 2010

Louis Gastine « De L’ Aéronautique au Péril Jaune »

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Louis Gastine était un amoureux de l’aviation et voyait en elle le moyen incontournable pour l’homme de réchapper aux servitudes du plancher des vaches.

Ancien collaborateur du Professeur Marey, il participa à une étude sur le vol des oiseaux et des insectes et rédigea un petit traité technique sur l’aviation intitulé « A.B.C de l’aviation », qui eut à l’époque son petit succès. S’il écrivit bon nombre d’ouvrages historiques et populaires, il consacrera une partie de son œuvre à la littérature conjecturale où il y développa son goût prononcé pour l’aéronautique.

Faisant preuve d’une audace incroyable pour l’époque, en favorisant l’importance d’une force aérienne très mobile et lourdement armée, ses récits se rapprochent très souvent de l’anticipation militaire. Toutefois, contexte de l’époque oblige, dans au moins deux de ses œuvres il fera également preuve d’une xénophobie exacerbée, en imaginant une invasion de l’Europe par les redoutables « célestes ».

Le « péril jaune » était à l’époque une angoisse des plus caractéristique et bon nombre d’écrivains se laissèrent aller à cet exercice, sur un ton bien souvent des plus désobligeant. La peur panique et le mystère total dont était entouré ce gigantesque pays, donnait lieu bien souvent à des débordements littéraires ou le peuple chinois était représenté comme cruel, sournois et implacable.

Dans les semaines qui suivront, un petit récapitulatif de ce fameux « péril jaune » dans les textes conjecturaux anciens, sera disponible dans les pages de ce blog.

Mais une des constantes de l’œuvre qui nous concerne est d’avoir fait un fort appel du pied à un public féminin. Il fallait ratisser large et l’auteur ou l’éditeur n’hésita pas à nous servir du réchauffé en modifiant le titre d’un ouvrage déjà publié il y quelques années, et de le transformer en « Vers le bonheur, roman d’amour » en place du plus masculin « Le roi de l’espace »….tout un programme.

Mélanger roman sentimental, patriotique et conjectural, si ce n’est pas du grand art ! Comment ne pas se liquéfier en lisant les premiers volumes de « La guerre dans l’espace » et de constater les titres sirupeux et à l’eau de rose qui n’avaient d’autre but que d’attirer le regard attentif de la ménagère avertie.

Comme d’habitude, la liste des ouvrages qui va suivre n’est pas exhaustive et je compte sur votre érudition afin de me communiquer les pièces manquantes.

 

Bibliographie des œuvres conjecturales

 

- « Seul sur l’océan » en collaboration avec Noémie Balleyguier. Editions Charavay, Mantoux &Martin.1895.Cartonnage de 316 pages. Réédité dans la revue « Le Globe Trotter » du N°226, 31 Mai 1906, au N°252,29 Novembre 1906.Réédition Boivin & Cie sans date (1920/1930) Illustrations de Edouard Zier.Réédition  Boivin & Cie collection « Les romans pour la jeunesse » N° 31, 1931 dessins de P.Dmitroff (Il existe deux versions, une brochée et une autre cartonnée).Bien que l’élément conjectural se limite à un curieux engin flottant et de la rencontre avec un animal marin des plus étrange, soyons généreux en attribuant à cette œuvre une petite place entre ces ligne.

- « Enigme dans l’espace » Editions de la France Automobile et aérienne. 1909.377 pages. Il existe une reliure éditeur cartonnée de ce volume, même date, couverture muette. (Impossible de remettre la main dessus)

- « Le roi de l’espace ». (Réédition du précédent volume). La maison du livre moderne. « Collection Azurée » N° 2. Couverture illustrée couleur de Armengol. Illustrations intérieures N&B de Armengol. 1912. 124 pages. Ce volume comporte un avertissement aux lecteurs qui ne figurait pas dans « Enigme dans l’espace ». Sur le deuxième plat de couverture figure le plan d’un dirigeable.

- « Vers le bonheur, roman d’amour » (Réédition du précédent volume). Editions S.E.T collection « Les meilleurs romans d’amour » Couverture illustrée couleur. 1930. 221 pages.

- « Dans l’azur, aventures d’un aviateur Français ». En collaboration avec Léon Perrin. Edition du monde illustré. Préface de Gabriel Voisin. 1909.288 pages.

- « Les torpilleurs de l’air, prodigieux exploits d’un aviateur Français » (Réédition du précédent volume). La maison du livre moderne. « Collection Azurée » N° 1. Couverture illustrée couleur de Armengol. Illustrations intérieures N&B de Armengol. 1912. 120 pages. Ce volume comporte un avertissement aux lecteurs qui ne figurait pas dans « Enigme dans l’espace ». Sur le deuxième plat de couverture figure le plan d’un torpilleur aérien.

- « La guerre dans l’espace » Rare série en 18 livraisons. Probablement vers 1912 (pas de mention de dates à l’intérieur) Couverture couleur.Du N°1 au N° 16 (la couverture sera identique) La maison du livre. N° 1 Exceptionnellement à 10 Cts, puis passe à 25 Cts.Exceptionnellement à 10 Cts, puis passe à 25 Cts. Il existe deux présentations avec à chaque fois une couverture identique pour les 18 numéros :

- Une représentant une scène de combat naval et ornée en couverture d’un petit médaillon avec le portrait de la comtesse Defalso.

- Une deuxième représentant une scène de champ de bataille « terrestre » ornée en couverture d’un petit médaillon avec le portrait de » Ninette ».

- « Princesse!…ou bagnarde!… »

- « Le cœur de Ninette »

- « Amoureuse »

- « Les trois rivales »

- « Bonheur volé »

- « La folie d’aimer »

- « Ce que femme veut »

- « Flambée d’amour »

- « L’invasion Chinoise »

- « Sous l’œil des célestes »

- « La fille du ciel »

- « La revanche d’Hélène »

- « Prisonnier récalcitrant »

- « L’angoisse de la sureté »

- « L’amour vainqueur »

- « La force de l’or »

- « La revanche barbare »

- « Les sept-sept »

Il existe probablement une reliure des 18 numéros et constituant selon toute hypothèse le N°3 de la « Collection Azurée ». En effet un encart publicitaire à la fin de « Le roi de l’espace » annonce la parution prochaine de « La guerre dans l’espace en un très fort volume à 65 centimes ». Je ne trouve aucune trace de cet exemplaire. Peut-être quelqu’un parmi vous ?

- « La ruée des jaunes » Editions Baudiniére. Couverture illustrée couleur. 1933. 251 pages.

- « L’Asie en feu, le roman de l’invasion jaune » Editions Delagrave.1904. Couverture illustrée couleur.400pages. J’ignore totalement si ce roman est conjectural ou non, en tout cas le titre laisse à supposer une bonne vieille anticipation militaire sur fond de « péril jaune ». Je ne possède hélas pas ce roman, jamais rencontré dans ma vie de collectionneur et les seuls disponibles sur le Net sont à des prix prohibitifs. Peut-être un lecteur assidu de ce blog serait-il en mesure de confirmer ou non l’appartenance de ce texte à notre domaine.

 

 

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« Les Vampires » Feuillade et Meirs, Pour le Meilleur et Pour le Pire !

 « Si tu sens défaillir ton coeur, trembler ta main, jette au loin ce papier et passe ton chemin…! »

 

Certains ouvrage, comme je l’expliquais récemment à propos des « Mystères de demain » n’ont de cesse de nous hanter, pour des raisons purement « littéraires », qu’il s’agisse d’œuvres incontournables ou bien pour la qualité de leurs thématiques.

D’autres en revanche relèvent d’un point d’honneur à notre « réputation » de collectionneur (bien que je n’aime pas cette expression) ou tout simplement d’un défi que l’on veut relever à dénicher quelques titres jugés « introuvables ». L’autre catégorie, ma préférée est celle du roman qui nous attire pour son aspect, son dessin de couverture ou son titre plein de promesses. Je crois que depuis que j’ai eu entre les mains le « Milan », la série « Les vampires » de Feuillade et Meirs, fut pour moi un objet de convoitise maladif, un challenge qui me fallait relever.

Avant de m’intéresser à la vieille sf , j’étais un inconditionnel de cinéma et ma culture des séries, bien avant l’avènement télévisuel que nous lui connaissons, se portait tout naturellement vers « Belphégor », « Les compagnons de Baal » ou « Nuits rouges ». Je découvre donc que cette série mythique fut jadis adaptée en roman et qui plus est sous de merveilleuses et mystérieuses couvertures aux couleurs chatoyantes. La chance me fut donnée de découvrir il y a plusieurs années les quatre premiers tomes (d’abord les deux premiers et bien des années plus tard les deux suivants) pour finalement découvrir les trois autres, qui à une époque avaient la réputation de n’être jamais sorti, et pour cause puisque la présentation des trois derniers se présentait sous forme de fascicules alors que l’on cherchait des volumes au format de « poche ».

Voilà donc dans les pages de ce blog, des ouvrages qui ne relèvent pas entièrement de la conjecture ancienne (la plus extraordinaire sera l’utilisation d’un canon électrique silencieux), mais qui pourtant pour leurs cotés mythiques, mystérieux et …bizarres, vont tout de même figurer en bonne place sur cette « autre face du monde » que l’on croyait déjà à cette époque pleine de violence et de fureur !

Lorsque à ces débuts, les hommes d’affaire comprirent que le cinéma pouvait être un commerce rentable et que les grandes compagnies devinèrent tout l’intérêt quelles pouvaient en tirer, une nouvelle bataille s’engagea. Dans les années 10, deux firmes se font un face à face impitoyable, Gaumont et Pathé. Il semble alors que l’espace culturel cinématographique n’est pas asses vaste pour accueillir les deux firmes, et de ce fait chacune va user d’ingéniosité et de coups bas afin d’affirmer sa suprématie.

C’est la grande vogue des « sérials ». Pathé vient d’acquérir les droits d’adaptation du célèbre « Les mystères de New York », si bien que Gaumont décide de lui couper l’herbe sous les pieds en produisant sa propre série, tout en y injectant les ingrédients nécessaires à sa réussite. Fort de son expérience du très encensé « Fantômas » ( série en 5 parties) charge reviendra à Louis Feuillade, d’adapter un nouveau genre qui puisera largement dans les recettes bien huilées, qui firent la renommée des studios Gaumont.

Feuillade rédigera le scénario en partenariat avec Georges Meirs, écrivain « populaire » de l’époque et dont le succès de « William Tharps » le célèbre détective, lui assure une certaine notoriété. Il est à préciser que Gaumont était en pourparler avec l’écrivain, afin de lui acheter les droits d’adaptation cinématographique de Tharps, mais le début d’une tout autre guerre en décida autrement.

Sortie en Novembre 1915, la série « Les vampires » se poursuivra sur une dizaine d’épisodes, jusqu’en Juin 1916. D’une durée de 40 minutes, chaque film raconte l’histoire d’un journaliste, Philippe Guérande, qui va lutter contre une organisation criminelle aussi vile que redoutable. Dans cette œuvre, nous trouvons non sans une certaine délectation, les prémices d’une certaine forme de cinéma où gadgets, changement d’identité et exécutions sommaires, feront le succès des futurs James Bond.

Car pour l’époque, « Les vampires » innove, et n’est pas avare en situation rocambolesque où le génie du mal use de toutes les techniques pour arriver à ses fins : morts violentes, enlèvements, séquestrations, utilisation d’armes secrètes, maquillages, poursuites spectaculaires… tout contribue à conférer à cette série son qualificatif de « culte ».

Mais toutes ces habilités scénaristiques ne seraient rien sans la présence de la mystérieuse et envoûtante « Musidora » qui sous les traits de « Irma Vep » (anagramme de vampire) propulse l’ensemble des films dans la catégorie des « incontournables ». Cette figure mythique du 7éme art s’inscrira pendant très longtemps dans l’imaginaire des cinéphiles Elle fit à son époque bien tourner des têtes car seulement vêtue d’un juste au corps noir des plus moulant, ne cachant en rien ses formes généreuses. Si de nos jours elle prête à sourire, en son temps elle était le symbole d’un érotisme des plus torride, affichant des rondeurs plus que prometteuses.

Ce statut va donc conférer à la troublante actrice, le premier statut de femme fatale, cette fameuse « vamp », terme par la suite utilisé pour qualifier ces héroïnes du grand écran, à la silhouette pulpeuse et d’une beauté « surnaturelle ». Comme l’on pouvait s’en douter, ce sont les surréalistes comme André Breton qui vont réhabiliter l’image de ce symbole féminin, libérée et aventurière, revendiquant pleinement son statut de prédatrice.

D’ailleurs le titre de cette série, n’est qu’un faire valoir, histoire de piquer la curiosité du chaland. Dans cette série de «prédateurs aux canines acérées » comme son titre ne l’indique pas, ici point de monstres suceurs de sang. Toute l’étrangeté des 10 opus, réside dans le coté insolite des situations, une terre d’une autre dimension qui semble baigner dans un coté irréel et inquiétant. Un univers filmique impitoyable, jouant sur le fil d’un humour noir très acéré, entrecoupé d’audaces visuelles aussi brèves que violentes : Les vampires c’est eux, c’est nous, la société !

Fidèle au roman feuilleton avec ses portes dérobées et ses coups de théâtre à répétitions , « les vampires » entre sans contexte dans la catégorie des œuvres mythiques qui contribuèrent à l’édification bien avant l’heure au cinéma de genre. Preuve s’il en est, il fut source d’inspiration pour Fritz Lang et son célèbre génie du mal « le Dr Mabuse », Alain Resnais et Georges Franju, dont on ne vantera jamais assez le talent (« Les yeux sans visage », « Judex », « Nuits rouges ») Champreux et Prévert avec « Les compagnons de Baal », jusqu’à Olivier Assayas qui en 1996 ressuscitera « Irma Vep » sous les traits de la magnifique et troublante Maggie Cheung.

Il est assez incroyable de constater à quel point le tournage fut pénible et improbable. D’après certaines sources, il n’existait pas vraiment de scénarios, les scènes étaient réalisées au jour le jour et aussitôt mis en boite, l’épisode était projeté. Il fallait travailler vite et bien, faire preuve d’une grande imagination afin de surmonter toutes les difficultés qui se présentaient au fur et à mesure. Une, et non des moindres, concernait le changement répété des acteurs. En raison de la guerre, certains se présentaient lors de leurs permissions et à leurs départs il fallait donc les faire mourir…Un autre exaspérait Feuillade, le chef des vampires….qu’il meure ! Les conséquences de ce débordement de morts violentes, provenaient en fait d’un roulement incessant du quota d’acteurs, qui pour la majeure partie atteignait la cinquantaine bien frappée, guerre oblige !

Il faut avouer que Feuillade était un sacré cuisinier, qui avait l’art d’accommoder les restes, dans une période de disette ou le cinéma Français frôlait l’asphyxie. L’industrie Pathé pouvait se pavaner, travaillant de concert avec les Américains, qui pendant cette période souffrait peu du conflit contre les Allemands, disposaient de ressources plus qu’avantageuses. Il fallait donc improviser, se débrouiller avec les moyens du bord et surtout aller très vite….question de survie.

C’est donc dans ce climat de fébrilité et d’extrême urgence, que fut réalisé ce chef d’œuvre de noirceur, au montage rapide et à l’action débridée, témoin de tout une époque où déjà, être un réalisateur c’était l’art de savoir improviser et de s’adapter au jour le jour aux contraintes de tournage. En regard de cette formidable épopée il est tout simplement ahurissant de constater le visage nouveau que le réalisateur attribua au génie du mal. Avec « les vampires » nous sommes très éloignés du modèle classique de « l’apache » rencontré dans les romans de Decourcelle, figure certes antipathique mais tellement terne à coté de la sinistre carrure du « grand vampire », chef incontesté de toute cette bande de malfrats.

Dés lors, c’est une véritable joute qui va se dérouler entre Pathé et Gaumont. « Les vampires » versus « Les mystères de New York » « Judex » versus « Le masque aux dents blanches », « La nouvelle mission de Judex » versus « La reine s’ennuie », « Tih Minh » versus « La maison de la haine ». Toute une époque ou déjà les studios se livraient une guerre sans merci.

Mais le plus grand mérite et la plus grande force, fut le tour de force publicitaire que Feuillade préparait avec sa verve et son aplomb habituel. Pathé cinéma avait le soutient indéfectible d’un des plus grands quotidiens du moment « Le matin ». Le journal inondait Paris de publicités où l’on voyait une main géante aux ongles crochus, avec un texte ou l’on annonçait très prochainement la sortie de « Les mystères de New York » : La main qui étreint ! Feuillade réplique par ce texte assez exceptionnel et distribué aux journalistes :

« Qui sont-ils ?

  Où vont-ils ?Si tu sens défaillir ton cœur, trembler ta main,                                   

  Jette au loin ce papier et passe ton chemin,

  Sinon ouvre ce pli…

  Des nuits sans lune ils sont les rois,

  Les ténèbres sont leur empire. Portant la mort, semant l’effroi.

  Voici le vol noir des vampires. 

  Gorgés de sang, visqueux et lourds. Ils vont les sinistres Vampires

  Aux grandes ailes de velours.

 Non pas vers le mal….

 VERS LE PIRE ! »

Le bonhomme avait le sens de la phrase accrocheuse ! 

Le « Matin » riposte en publiant une affiche où l’on voit une bandit, casquette et foulard sur le visage….que cela ne tienne en face, c’est-à-dire Feuillade, ce diable d’homme au génie incroyable d’inventivité propose la sienne : une femme cagoulée dont on voit les yeux au longs cils, le cou entouré d’un point d’interrogation rouge. En dessous très laconique, mais d’un formidable impact publicitaire, une quadruple interrogation :

 

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Cet homme avait vraiment le sens de l’improvisation et le plus incroyable dans cette histoire c’est que l’on a vraiment l’impression que l’expression de sa créativité n’avait de sens que dans les situations les plus extrêmes.

Imaginez un peu les performances s’il avait eu les mêmes moyens que son rival….par sûr du résultat me diriez vous, car visiblement c’est dans l’urgence qu’il puisa son inspiration et sa vison toute nouvelle du « sérial » En voulant affirmer la présence de la France sur le devant de la scène, faisant fit de toutes les contraintes et des privations, Feuillade affirmera sa géniale vision, baroque et surréaliste, à l’esthétique irréprochable,d’un genre qui après la guerre, allait prendre un nouvel essor.

En voulant rompre avec la tradition et ses drames sentimentaux ou patriotiques il venait ainsi de créer un genre nouveau, qui non seulement alimenterait l’imagination féconde des surréalistes, mais bercerait également toute une génération de cinéphiles qui plongeront corps et âmes dans ces images venues d’une autre monde et d’une autre époque. Il venait ainsi de rompre avec un certain classicisme, créant dans la contrainte un genre, qui contre vents et marées perdure encore de nos jours et se réaffirme de nouveau dans toute une nouvelle génération de réalisateurs.

 

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 Un petit peu de publicité ne nuit à personne!

 

 

Parlons un peu littérature.

Le procédé de diffusion était assez profitable, au lieu de présenter le film en une seule fois, on le découpait en plusieurs parties, on allongeait un peu l’intrigue, ce qui faisait à raison d’une séance hebdomadaire un monopole des salles pendant plusieurs semaines.

Afin « d’allécher » encore plus le public, on publiait en parallèle, un feuilleton écrit. Chaque épisode filmé se retrouvait ainsi publié en sept feuilletons quotidiens. Ces derniers constituaient une excellente publicité pour les épisodes à venir et permettaient en outre aux retardataires de conserver le cour de l’histoire.

« Les mystères de New York » furent confiés à Decourcelle. Au départ les épisodes feront la joie des lecteurs du « Matin » un habitué des feuilletons populaires, chaque livraison étaient accompagnée de photos du film.

« Les vampires » furent le territoire de Georges Meirs, mais à l’inverse de son concurrent, la publication sera beaucoup plus tardive, pas question de livraisons quotidiennes dans un journal, uniquement en un seul volume pour les sept premières aventures (voir le détail dans la bibliographie) dans un petit format, puis en fascicules de 60 pages pour les trois derniers épisodes, agrémentés cette fois de plusieurs photos du film. La parution des dix chapitres « livre » se fera l’année après la sortie du premier opus cinéma.

Il faut lire le titre des différentes parties de chaque ouvrage pour se rendre compte à quel point nous étions dans un autre monde. Ces fameux « opéras à treize sous » qui débutaient par des noms aussi évocateurs que :

- « La danse de la mort »

- « Un vampire qui devient croque mort »

- « L’antre mystérieux »

- « Le canon silencieux »

- « L’apothéose d’un croque mort »

- « Le colis humain »

- « Un œil dans la nuit »

Tout un univers qui symbolise la magie et le mystère et dont le public viendra s’abreuver avec délectation.

Par la suite ce système de sortie synchronisée entre cinéma et librairie, sera monnaie courante et des noms prestigieux se prêteront à ce genre d’exercices : Marcel Allain, Maurice Leblanc, Gustave Lerouge, Gaston Leroux, Arthur Bernéde (« Judex« ), Guy de Téramond (« La maison de la haine« ).

La cadence de publication imposée par l’éditeur, relevait de l’exploit et Georges Meirs pour ne citer que lui, outre son travail pour « Les vampires » poursuivait son labeur de caricaturiste, d’illustrateur, tout en maintenant la rédaction des aventures de « Tharps »…Apparemment il n’utilisa qu’une seule fois une « aide extérieure » comme le mentionne l’article consacré à l’auteur dans la revue « Le petit détective » N° 6, et c’est précisément sur la série « Les vampires ».

Pour rédiger ses histoires, il fonctionnait grâce à un système de fiches qui s’appliquait aussi bien à ses personnages que sur les domaines aussi variés que la physique, la chimie, les sciences occultes….De tels repères étaient indispensable afin de pouvoir s’y retrouver dans toute sa production et de garder le fil de ses histoires. En raison de cette cadence infernale pour mettre en page les exploits des vampires, il fallait bien souvent à l’auteur utiliser le bon vieux « tirer à la ligne » afin de diluer l’intrigue et arriver au montant de pages exigé par l’auteur. Le résultat en est une regrettable perte de rythme au niveau de l’histoire et tout le génie de Feuillade avec ses rebondissements et ses retournements de situations, est malheureusement occulté au profit d’un remplissage bien mal venu.

Feuillade n’était pas d’accord pour un tel procédé et il en fit la remarque. Pour les trois derniers épisodes, le nombre de pages sera réduit et les photos du film feront leurs apparitions. Georges Meirs exprimera également une plainte à l’encontre de l’éditeur qui lui infligeait un tel rythme de production qu’il n’avait même pas le temps de corriger les fautes d’orthographe.

Pour la petite histoire, l’auteur infortuné de ce bagne littéraire, fera une courte apparition, tel un Hitchcock des temps anciens, dans un des épisodes des vampires, accompagné de son Fox-terrier.

Ces quatre petits volumes, en format de livre de poche, représentent à eux seuls tout ce qui finalement me pousse à fouiller et chercher au fond de misérables cartons. Une quête inlassable qui me force à croire que nous sommes, nous les maniaques des vieilles publications, les derniers dépositaires de tout une époque condamnée à une mort inéluctable. C’est tout un fragment de notre histoire qui disparaîtra avec la destruction de ces derniers exemplaires.

Qui de nos jours se soucie de Georges Meirs ou encore pire de Louis Feuillade. Cet homme qui fut l’artisan d’un genre cinématographique d’une richesse inouïe pour son inventivité et sa vision moderne du film d’aventure, d’action et policier. « Fantômas » « Les vampires » « Judex » autant de noms qui devraient encore résonner dans la mémoire de tout cinéphile qui se respecte, car à partir de rien et bien souvent dans l’urgence et un manque total de moyens, il construisit une vison neuve et audacieuse d’un univers fantasmagorique ou les visages du bien et du mal ne seraient plus jamais les mêmes.

« Aujourd’hui, comme hier sur les murs de Paris, on ne peut évoquer « Les vampires » sans voir deux yeux ouverts sur un autre monde et éclairant un visage de femme pris dans une cagoule noire qu’entoure un immense point d’interrogation »

 

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Des couvertures pleines de promesses « teintées de sang mouillées de larmes….. »

 

Filmographie

« Les vampires » Film mystérieux en dix séries.

Réalisation : Louis Feuillade

Images : Georges Guérin et Manichoux

Montage : Georges Guérin

Interprètes :

Le reporter Philippe Guérande : Edouard Mathé

Mazamette : Marcel Levesque

Irma Vep : Musidora

Le directeur du « Mondial » : Maurice Luguet

Le grand Vampire alias le Dr Nox : Jean Ayme

- Episode 1« La tête coupée » Diffusé le 12 Novembre 1915.

- Episode 2 « La bague qui tue » Diffusé le 12 Novembre 1915.

- Episode 3 :  « Le cryptogramme rouge » Diffusé le 3 Novembre 1915.

- Episode 4 :  « Le spectre » Diffusé le 7 Janvier 1916.

- Episode 5 :  « L’évasion du mort » Diffusé le 28 Janvier 1916.

- Episode 6 :  « Les yeux qui fascinent » Diffusé le 24 Mars 1916.

- Episode 7« Satanas » Diffusé le 14 Avril 1916.

- Episode 8 :  « Le maître de la foudre » Diffusé le 12 Mai 1916.

- Episode 9 : « L’homme des poisons » Diffusé le 2 Juin 1916.

- Episode 10 : « Les noces sanglantes » Diffusé le 30 Juin 1916 

 

Bibliographie

 

- Tome 1 : « Les vampires : La tête coupée ». Paris librairie contemporaine. 1916. Couverture Illustrée couleur. 190 pages. Ouvrage portant la mention « 45 c ». L’exemplaire renferme les trois aventures suivantes : « La tête coupée » « La bague qui tue » « Le cryptogramme rouge ».

- Tome 2 : « Les vampires : Le spectre » .Paris librairie contemporaine. 1916. Couverture Illustrée couleur. 189 pages. Ouvrage portant la mention « 45 c ». L’exemplaire renferme les deux aventures suivantes : « Le spectre » « L’évasion du mort ».

- Tome 3 : « Les vampires : les yeux qui fascinent ». Paris librairie contemporaine. 1916. Couverture Illustrée couleur. 189 pages. Ouvrage portant la mention « 45 c ». Un seul titre dans ce volume.

- Tome 4 : « Les vampires : Satanas ». Paris librairie contemporaine. 1916. Couverture Illustrée couleur. 190 pages. Ouvrage portant la mention « 45 c ». Un seul titre dans ce volume.

- Tome 5 : « Les vampires : le maître de la foudre ». Se présente sous la forme d’un fascicule de 62 pages. Paris librairie contemporaine. 1916. Couverture Illustrée par une photo du film. Nombreuses photos du film à l’intérieur. Ouvrage portant la mention « 45 c ». Un seul titre dans ce volume.

- Tome 6 : « Les vampires : L’homme des poisons ». Se présente sous la forme d’un fascicule de 60 pages. Paris librairie contemporaine. 1916. Couverture Illustrée par une photo du film. Nombreuses photos du film à l’intérieur. Ouvrage portant la mention « 45 c ». Un seul titre dans ce volume.

- Tome 7 : « Les noces sanglantes ». Se présente sous la forme d’un fascicule de 62 pages. Paris librairie contemporaine. 1916. Couverture Illustrée par une photo du film. Nombreuses photos du film à l’intérieur. Ouvrage portant la mention « 45 c ». Un seul titre dans ce volume.

Pour conclure il ne serait pas inutile de nous conseiller fortement la lecture indispensable de l’ouvrage de Francis Lacassin « Maître des lions et des vampires : Louis Feuillade » aux éditions Pierre Bordas & Fils. Un pavé d’une grande richesse et dans lequel j’ai découvert une foule de renseignements. Une référence incontournable qui m’a non seulement redonné envie de voir les films de Feuillade, mais de porter un regard nouveau sur toute une époque du cinéma Français. Comme quoi, à l’image de Fantômas, des vampires ou de Judex, les êtres les plus fascinants préfèrent souvent l’ombre à la lumière.

 

Des couvertures Photos moins percutantes, mais une mention spéciale pour l’affiche du festival du film muet

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« Le Prix Jules Verne »…Qui trop Embrasse Mal Etreint !

Lancé en 1927 par les éditions Hachette, en partenariat avec la revue « Lecture pour tous », le prix Jules Verne, récompense, une œuvre de fiction qui devra répondre à des critères bien précis, à savoir rester dans la continuité, sinon dans l’esprit de l’écrivain Nantais.

Mais visiblement cette condition, plus que de la servir, n’a fait que « plomber » cette louable entreprise en nominant des romans relativement fades, avec toutefois une exception « L’éther Alpha » de Albert Bailly, d’une qualité supérieure. En effet si l’on fait un peu le tour des huit œuvres récompensées il est un peu affligeant de constater qu’il ne s’agit que de textes d’aventures un peu exotiques, où la touche conjecturale n’a que peu d’importance, un élément insignifiant de l’intrigue et non l’élément moteur.

Pourtant comme l’a si bien écrit Bernard Heuvelmans :

« Jules Verne n’a pas créé l’avenir, il a fait mieux : il a engendré ceux qui l’ont créé »

Avec un tel énoncé la donne était pourtant prometteuse, mais à trop vouloir recopier (toujours très mal) plagier ou imiter le « père fondateur », on arrive à toute une génération de romanciers à l’imagination pleine de retenues où bien souvent le contexte de l’histoire ne dépassera pas le cadre des possibilités scientifiques du moment.

Le drame à l’époque de la célébrité de Jules Verne, c’est qu’il est considéré comme un écrivain pour enfant, au talent certes indéniable, mais qui reste classifié en tant que tel. Un visionnaire un peu rêveur, qui reste en marge de la « vraie littérature ». En fait on a plutôt l’impression qu’il dérange, car il vient un peu bousculer l’ordre des choses avec ses idées fantaisistes où la science, cette chose abstraite car basée sur des théories, est l’élément indispensable à l’évolution de l’espèce humaine. En somme tout ceci n’est pas très sérieux !

Fort de sa renommée sans cesse croissante, on le tolère mais on le catalogue. Il devient la référence d’un genre nouveau mais qui hélas va déposer une sorte de chape sur la génération à venir. A trop vouloir faire du Jules Verne, on en devient vite une victime. C’est un peu l’impression qui se dégage de cette fameuse collection qui annonce elle-même les bases du projet :

« Les romans de Jules Verne ont orienté l’esprit de nos contemporains vers les sciences et développé chez bien des jeunes le goût des grands voyages aventureux. Dans les lettres qu’ils ont écrites, M le Dr Charcot, dont on connaît les belles explorations scientifiques, se déclare modestement son disciple, et Mr Belin, le savant électricien qui a réussi le premier à transmettre une image par ondes Hertzienne, nous dit que l’œuvre du célèbre romancier a exercé sur lui « une action incontestable ». Il n’y a donc pas intérêt à laisser péricliter une forme si précieuse de roman. Et pourtant elle subit une crise. Actuellement le roman scientifique ou d’exploration aux pays inconnus est trop souvent d’une documentation incertaine, d’une science fantaisiste, ou l’hypothèse ne repose sur aucune base solide. Or aujourd’hui, la science a pris une trop grande place dans notre vie pour qu’on la traite avec une plaisante désinvolture. C’est en elle et dans les perspectives qu’elle ouvre que l’imagination du romancier doit chercher son inspiration (…) IL faut en un mot revenir à la saine conception de notre Jules Verne dont on va bientôt fêter le centenaire. »

Dans ce texte on parle de « science fantaisiste » et de « saine conception de notre Jules Verne ». Une mise en garde contre tout débordement de l’imaginaire, un contexte scientifique, strict et rigoureux, pas de place aux chimères ou aux extrapolations. De plus il y a dans le ton du rédacteur, cette notion de « saine conception » : oser imaginer l’impensable est-il honteux, malsain et répugnant ? Serait-il préjudiciable de supputer que l’homme n’est pas la seule créature intelligente de l’univers, qu’il n’est pas le nombril du monde ?Le débat serait trop long pour évoquer ici toutes les aberrations de cette époque où un certain colonialisme triomphant, élevait l’homme blanc au rang d’être supérieur…….alors pensez des créatures venues d’un autre monde !

Afin de légitimer un peu plus cette théorie selon laquelle, le roman scientifique est une chose trop sérieuse pour être confiée à de joyeux fantaisistes à l’imagination trop débordante, on cite Charcot et Belin, des gens respectables et dont le savoir ne fait aucun doute. Lisons entre les lignes : soyons carré et rigoureux, ne nous éloignons pas du cadre scientifique, au risque d’ennuyer le lecteur. Un peu comme si la réputation de l’élite scientifique Française était en jeu.

Une excellente idée que d’avoir transformer le terme de « Roman scientifique » en « Imaginaire ou merveilleux scientifique », au moins cette terminologie laisse t-elle plus de place à quelques envolées extravagantes. Et puis cette notion de possession à l’égard de Verne : « Notre Jules Verne » à croire qu’il est un objet de culte, un élément unique et isolé dans le domaine de l’imaginaire et du roman scientifique.

Je respecte énormément l’auteur et toute son œuvre, il a de toute évidence un rôle de précurseur que je ne conteste absolument pas, mais à trop vouloir le placer tout en haut de l’échelle, on finit par en oublier les autres. La preuve s’il en est, à force d’étouffer un peu trop l’imagination des lauréats du prix Jules Verne, sur des bases un peu trop strictes, on assiste au couronnement d’une série au nom très ronflant mais qui au final est loin de tenir ses promesses : Rien qu’un ensemble de pétards mouillés.

Seule exception, comme je le disais au début, « L’éther Alpha ».Un roman assez audacieux pour l’époque, à la thématique intéressante : Un savant découvre une substance « l’éther alpha » qui va lui permettre de construire un appareil révolutionnaire avec lequel il va se rendre sur la lune. Il y découvre des sélénites, des êtres électriques, possédant une technologie très avancée et qui menacent d’éradiquer l’homme. Coup de théâtre, invention fabuleuses et situations trépidantes sont le lot de ce roman passionnant où les sélénites choisiront finalement de propulser « notre satellite » aux confins de l’univers à la recherche d’un voisinage plus adapté.

Je rêve parfois du changement du cour des choses si un esprit cabotin mais lucide avait eu la géniale idée de créer un prix « Albert Robida » ou « Maurice Renard ».

Le prix « Jules Verne » sera ressuscité en 1957, couronnant des ouvrages de la collection « Le rayon fantastique » chez « Hachette/Gallimard »

Les prix « Jules Verne »

- « La petite fille de Michel Strogoff » de Octave Béliard. Edition pré-originale dans la revue « Lecture pour tous » Juillet/Août/Septembre 1927. Illustré par G.Dutriac. Edition en volume « Collection Prix Jules Vernes » Librairie Hachette 1927. Illustré par G.Dutriac.

- « Quand le mammouth ressuscita » de Max Begouen. Edition pré- originale dans la revue « Lecture pour tous » Avril & Mai 1928. Illustré par De Bouché Leclercq. Edition en volume « Collection prix Jules Verne ».1928. Illustré par De Bouché Leclercq.

- « Le secret des sables » de J.L.Gaston Pastre. Edition pré- originale dans la revue « Lecture pour tous » Juin/Juillet/Août 1928. Illustré par G.Dutriac. Edition en volume « Collection prix Jules Verne ».1928. Illustré par G.Dutriac.

- « L’éther Alpha » de Albert Bailly. Edition pré- originale dans la revue « Lecture pour tous »Août/Septembre/Octobre 1929. Illustré par J.Touchet. Edition en volume « Collection prix Jules Verne ».1929. Illustré par J.Touchet.

- « L’île au sable vert » de Tancrède Vallerey. Edition pré- originale dans la revue « Lecture pour tous »Août/Septembre/Octobre/Novembre 1930. Illustré par H.Faivre. Edition en volume « Collection prix Jules Verne ».1930. Illustré par H.Faivre.

- « L’étrange menace du Professeur Iouchkoff » de Hervé De Peslouan. Edition pré- originale dans la revue « Lecture pour tous » Août/Septembre/Octobre 1931. Illustré par G.Dutriac. Edition en volume « Collection prix Jules Verne ».1931. Illustré par G.Dutriac. Apparemment ce titre n’existe pas au même format que les titres précédents (Format 13×19, relié avec jaquette)

- « L’étrange disparition de James Butler » de Pierre Palau. 1933. Parution en pré-originale dans « Lecture pour tous » ? D’après mes sources ce roman n’a jamais paru en volume dans la collection prix Jules Verne. Edité en volume chez Hachette « Bibliothèque verte ».1933.

- « Les vaisseaux en flamme » de Jean-Toussaint Samat. Edition pré- originale dans la revue « Lecture pour tous » Août/Septembre 1936. Illustration de G.Dutriac. D’après mes sources ce roman n’a jamais paru en volume dans la collection prix Jules Verne. Il existerait une édition en volume éditions « les loisirs » 1944.

 

« Prix Jules Verne » 2éme Série.

- « L’adieu aux astres » de Serge Martel. Hachette/Gallimard. Collection « Le rayon fantastique » N°57. 1958.

- « Surface de la planète » de Daniel Drode. Hachette/Gallimard. Collection « Le rayon fantastique » N°63. 1959.

- « La machine du pouvoir » de Albert Higon. Hachette/Gallimard. Collection « Le rayon fantastique » N°71. 1960.

- « Le sub-espace » de Jérôme Sériel. Hachette/Gallimard. Collection « Le rayon fantastique » N°82. 1961.

- « Le ressac de l’espace » de Philippe Curval. . Hachette/Gallimard. Collection « Le rayon fantastique » N°100. 1962.

- « Métro pour l’enfer » de Vladimir Volkoff. Hachette/Gallimard. Collection « Le rayon fantastique » N°118. 1963.

 

 

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Une superbe couverture de G.Dutriac



« La Science-Fiction Avant La Sf  » Une Anthologie de Monique Lebailly

Les ouvrages traitant des précurseurs sont tellement rares qu’il me paraissait utile de vous signaler la présence d’un tel recueil, même si sa sortie date un petit peu.

Avec un titre aussi raccrocheur il m’était impossible de ne pas vous le présenter. Etablie par Monique Lebailly, surtout connue dans le domaine de la sf comme traductrice de nombreux romans, elle composa cette « anthologie de l’imaginaire scientifique Français du romantisme à la pataphysique » en choisissant des textes rares où des noms célèbres se mélangent avec de parfaits inconnus (du moins pour le lecteur peu habitué à ce genre d’exercice).

J’ai beaucoup apprécié sa préface et bien souvent je me régale à l’avance en apprenant la façon dont l’anthologiste fit ses premières armes avec la littérature, pour arriver de fil en aiguille au domaine de l’imaginaire et de ce « merveilleux scientifique » si bien inventé par Maurice Renard.

Car Monique Lebailly nous parle avant tout de son amour pour les livres et de son profond respect pour les « in-quarto reliés et illustrés » découverts dans la bibliothèque d’un ébéniste octogénaire, ami de la famille. Une approche idéale, faisant partie pour ma part, d’une jeunesse fantasmée que j’aurais sûrement aimé avoir, une enfance entourée de vieilles reliures et d’ouvrages aux dos craquelés qui peuplent les recoins de souvenirs provenant d’un passé qui hélas ne fut jamais le mien.

De ce profond respect pour la lecture, sans aucune discrimination de genre il en ressortira ce recueil aux nouvelles parfois « hilarantes, graves ou inquiétantes » qui se terminera par ces quelques lignes d’une profonde justesse et qui résument bien notre état d’esprit :

« J’espère que cette anthologie amusera les fans de science-fiction et que les noms parfois célèbres, qui l’illustrent, appâteront ceux qui hésitent encore à acheter un livre portant la mention « infâmante » : SF. S’ils feuilletaient l’énorme encyclopédie que Pierre Versins lui a consacrée, ils apprendraient qu’un bon nombre d’auteurs du XXéme siècle, de Maurice Blanchot à Valéry en passant par Mac Orlan, se sont livrés avec délice et bonheur aux jongleries conjecturales. Certains titres sont encore disponibles. Sus aux boites des bouquinistes….. »

Tout est dit, ou presque…….

Contenu de l’anthologie

- « Dupont et Durand » (extrait) de A.de Musset.

- « La chute d’un ange » (extrait) de A de Lamartine.

- « Le Vingtième siècle » (extrait) de Victor Hugo.

- « Le phénomène futur » de Stéphane Mallarmé.

- « Un vision nocturne » de Théophile Gautier.

- « L’oreille de la chouette » de Erckmann-Chatrian.

- « La lunette de Hans Schnaps » de Erckmann-Chatrian.

- « L’an 2865 » de Samuel-Henri Berthoud.

- « Les ruines de paris en 4875 » de Auguste Franklin.

- « Wood’stone » de Alphonse Daudet.

- « Dialogues philosophiques » (extrait) de Ernest Renan.

- « Josuah Electicmann » de Marie-Ernest d’Hervilly.

- « l’origine de la vie » de Eugène Mouton (Mérinos).

- « La fin du monde » de Eugène Mouton (Mérinos).

- « Le journal de l’avenir » de Charles Cros.

- « Le caillou mort d’amour » de Charles Cros.

- « L’amour du naturel » de Villiers de L’Isle-Adam.

- « L’affichage céleste » de Villiers de L’Isle-Adam.

- « L’homme de Mars » de Guy de Maupassant.

- « Jadis chez aujourd’hui » de Albert Robida.

- « Un idée lumineuse » de Alphonse Allais.

- « La machine à métaphysique » de Jean Richepin.

- « Le monstre » de Jean Richepin.

- « Commentaire pour servir à la construction pratique d’une machine à explorer le temps » de Alfred Jarry.

- « L’aviation résolue » de Alfred Jarry

« La Science-fiction avant la SF, anthologie de l’imaginaire scientifique Français du romantisme à la pataphysique » établie par Monique Lebailly. Editions de l’instant collection « Griffures ». 1989.

 



« Les Oeuvres Libres » Esquisse Bibliographique des Textes Fantastiques et Conjecturaux

 

 

Création des éditions Fayard, ces volumes à l’aspect un peu austère étaient en fait des sortes « d’anthologies » de plusieurs courts romans ou de nouvelles inédites. Faisant la part belle aux œuvres fantastiques et conjecturales, ces « œuvres libres » sont surtout connues des amateurs et des collectionneurs, pour avoir publiées la presque totalité des romans qui constituent la saga du professeur Tornada, le sympathique et excentrique savant de André Couvreur.

Si certains textes furent par la suite réédités, quelques uns sont encore dans l’attente d’une ressortie, une initiative qui à mon avis serait la bienvenue. Prenons pour exemple le roman de Tancrède Vallerey « Celui qui viendra » une formidable histoire de créature humanoïde venant d’Aldébaran. Doté d’yeux « rayon x » il propose à l’humanité toute la richesse de sa civilisation, mais…. Un texte passionnant, hélas trop méconnu, qui fort heureusement attira l’oeil avisé d’une superbe petite collection.

Visiblement, la guerre mettra fin à cette collection. Pendant longtemps elle fut méprisée des collectionneurs, car d’un visuel peu attrayant, pourtant telle l’huitre rugueuse et coupante elle renferme de véritables petites perles à admirer de toute urgence.

Textes Fantastiques

- « L’île du grand puit » de Claude Farrère. Juillet 1921. N°001.

- « L’écouteuse de morts » de Paul Olivier. Mars 1924. N°031.

- « L’idole Batéké » de Charles Géniaux. Septembre 1924. N°039.

- « L’homme et ses fantômes » (Théâtre) de H.J.Lenormand. Novembre 1924.N°041.

- « Le juge à l’œil de lynx » de M.Laurent. Mars 1926. N°057.

- « Les diables de Brabant » de H.J.Lenormand. Décembre 1929. N°102.

- « L’homme que j’ai fait naître » de Jean Rostand. Février 1931. N°116.

- « Evocation » de Kephren. Février 1931. N°117.

- « Immortalité » de R.G.Binding. Mars 1932.N°129.

- « L’homme qui faisait les cercueils trop grands » de Pierre Goemaere. Novembre 1932. N° 137.

- « Lord Ribblesbane » de Edmond Jaloux. Avril 1934. N°154.

- « La double vie de Peters Petersohn » de Jean-Marx Blum. Octobre 1934.

- « Trois contes inédits » de Charles Dickens. Janvier 1936. N° 175.

- « L’homme évaporé » de Pierre Fontaine. Janvier 1936. N° 175.

- « Les étendards de l’enfer » de Georges Imann. Janvier 1936. N° 175.

- « En au-delà » de André Couvreur. Avril 1936. N° 178.

- « Le roman de l’homme chien » de F.J.Trousse. Juin 1937.N°182.

- « Maison Lirrefer, maison meublée » de Charles Dickens. Janvier 1937. N° 187.

- « Le voyage de nulle par » de Jean Razac. Mars 1937. N°189.

- « Le dernier vampire » de Joseph Gaboriau. Décembre 1937. N° 198.

- « L’épave interdite » de Jean Feuga. Avril 1938. N° 202

- « Fantômes et magiciens » de Bulwer-Lytton. Octobre 1938. N° 210.

- « La sorcière » de Georges Barbarin. Janvier 1939. N°211.

- « Les portes du ciel » de Georges Imann. Septembre 1939. N° 219.

- « La termitière » de A.Ferrand. Mai 1940. N° 223.

 

Textes Science-Fiction

 

- « L’androgyne » de André Couvreur. Janvier 1922. N°007. Réédition Albin Michel « Les fantaisies du Dr Tornada » 1923.

- « Dans trois cent ans » de Pierre Mille. Janvier 1922. N°007.

- « L’homme qui voulut être invisible » de Maurice Renard. Janvier 1923. N° 019. Réédition Crès dans le recueil de nouvelles « L’invitation à la peur » 1926.

- « Où » de Claude Farrère. Juin 1923. N°024. Réédition Ernest Flammarion dans le recueil de nouvelles « L’autre coté….contes insolites » 1928.

- « Le valseur phosphorescent » de André Couvreur ». Décembre 1923. N°030.

- « 1937 » de Claude Farrère. Février 1924. N°032. Réédition Ernest Flammarion dans le recueil de nouvelles « Cent million d’or »  1927.

- « Les mémoires d’un immortel » de André Couvreur. Décembre 1924. N° 042.

- « Les navigateurs de l’infini » de J.H.Rosny Aîné Décembre 1925. N° 054. Réédition, « éditions de la nouvelle revue critique » 1927.

- « Le feu du ciel » de Pierre Dominique. Mars 1926. N° 058. Réédition « Bernard Grasset » sous le titre « …Selon St Jean » 1927.

- « Le non lieu du fils à papa » de Louis Thinet. Février 1927. N° 068.

- « Le biocole » de André Couvreur. Juin 1927. N° 076.

- « Le bateau rouge » de Artus et Touchard. Décembre 1928. N° 090.

- « Celui qui viendra » de Tancrède Vallerey. Décembre 1929. N° 102.Réédition « Petite bibliothèque ombre » 1998.

- « Napoléon bis » de René Jeanne. Février 1931. N° 129. Réédition « La nouvelle société d’édition » 1932.

- « Le cas de la baronne Sasoitsu » de André Couvreur.Avril 1939. N°214.

 

 

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