Dans une période de morosité éditoriale, il est parfois bon de relever quelques notes positives et pour l’amateur de littérature populaire dans le sens large du terme que je suis, il me semblait indispensable de signaler l’existence de deux éditeurs incontournables.
Grand fan de fascicules, vieille anticipation oblige, je ne peux que vous conseiller d’aller faire un tour du coté de ce petit label au nom, oh combien mystérieux : « Le Carnoplaste ».
Ne cherchez pas la définition d’un terme aussi énigmatique, vous ne le trouverez pas, à moins de le rencontrer dans quelques bibliothèques maudites, au détour d’un ouvrage dont on prononce le nom avec un mélange de respect et de terreur. Mais il faut avouer que l’intitulé a des sonorités bestiales, une résonance pleine de promesses interdites, de fantômes sur la lande, de justiciers aux visages effroyables, de catacombes infernales et de « sculpteur de chair humaine ».
Si d’aventure, vous avez suffisamment d’audace et de témérité pour ouvrir la page sulfureuse de leur catalogue, vous vous rendrez compte par vous-même, combien un tel inventaire de fascicule est une bénédiction pour nos cervelles hyper vitaminées et gorgées de détectives de l’occulte, de savants fous, de sectes diaboliques et de vengeurs masqués. « Hebna Calde » et « Harry Dickson » du prolifique et talentueux Robert Darvel, « Nuz Sombrelieu » de l’incontournable Brice Tavel et dont nous avons déjà parlé dans les pages de ce blog, « Jeanne d’arc contre le maître des vampires » la collection « Psychagog » (Il y a du clin d’œil à Sâr Dubnotal dans ce titre…) autant de héros de l’ombre qui vous feront vibrer dans des aventures aussi mystérieuses que pleines de rebondissements jugez par vous-même :
- « Le Baal des psychonautes »
- « Le mystère du grand nocturne »
- « Le réveil du chronomaître »
- « L’homme au ventre de cuir »
- « Le manoir des derniers soupirs »
- « Les spirites siamois »
Comme tout cela sent bon, la passion, l’hommage à toute une époque où les kiosques à journaux regorgeaient d’éditions populaires, où la folie des écrits rivalisait avec le délire pictural des couvertures bariolées. Un immense hommage, pour ne pas dire chant d’amour à toute une période ou la littérature populaire gagna ses lettres de noblesse.
Ensuite il y a cet autre éditeur, du nom de « Malpertuis ». Déjà le nom…..« Etrange demeure qui sue l’horreur des grands serpents qui l’habitent et l’effroi de ceux qui l’approchent…. ».Tout un programme puisqu’il symbolise à lui tout seul la quintessence du roman fantastique et vraiment on ne pouvait pas faire plus bel hommage à Jean Ray que de donner le nom d’un de ses œuvres à une collection si prometteuse.
Des textes baroques, magiques et envoûtants ou le subtil parfum du fantastique se mélange de façon harmonieuse à notre réalité, notre quotidien et notre routine. Qu’il s’agisse de la collection « Absinthes, éthers,opiums » dont le titre semble évocateur tant elle transpire, paradis artificiels et décadence, que la collection « Brouillards », les textes proposés sont toujours d’une grande originalité et d’un équilibre parfait.
Je dois avouer mon penchant pour la première des collections, non seulement pour l’ouvrage consacré à « Harry Dickson », aux commandes de l’infatigable Brice Tarvel, mais également pour l’ouvrage consacré au club Diogène. Cela faisait très longtemps que je n’avais pas eu un tel plaisir à lire un roman fantastique. Plongez vous au tréfonds de ces « mystères de Paris » ou dans un XIX éme siècle qui tremble sous la révolte, nos intrépides aventuriers affrontes goules, succubes,prostitués fantômes et vampires en tout genre. Une écriture alerte et soignée, des idées généreuses et originales, un bonheur de lecture.
Je reviendrais sur le passionnant retour de Harry Dickson ultérieurement dans mon dossier consacré aux « Détectives de l’impossible ».
Mais le tour d’horizon pourrait encore durer longtemps (avec la réédition de l’indispensable « Roi en Jaune » de R.W.Chambers et celle à venir de « L’empereur pourpre »), le volume consacré à Lovecraft ou des nombreuses anthologies d’excellentes factures. En résumé, un éditeur également incontournable, qui réhabilite avec brio un genre qui depuis pas mal de temps fut mis au rencard au profit d’une « Fantasy » un peu trop envahissante à mon goût.
Voilà, c’est le cœur qui vient de parler car j’estime qu’il est de notre devoir, à nous passionnés de cette littérature de « genre » d’encourager et de promouvoir ce genre d’entreprises. Mon intention n’était pas de passer une quelconque « pommade », mais de vous parler comme il se doit de gens courageux, volontaires et qui n’hésitent pas à prendre des risques et de nos jours c’est une chose suffisamment rare pour ne pas en parler.
Dossier « Les détectives de l’impossible »
Brice Flandre détective des ténèbres : « Le club des monstres »
de Jean-Pol Laselle. Revue « L’impossible » N° 10, Avril1972.Page 10 à 16
A Glontiére, un petit village paisible de Sologne tout semble aller pour le mieux jusqu’au jour où l’on découvre dans la Sauldre, un cadavre horriblement mutilé. Face à l’impuissance de la police de Romorantin, Paris détache un de ses meilleurs agent : Hippolyte Gingembre !
Sur place il va découvrir toute la complexité de l’affaire car à l’examen de la victime, Philippe De Nouaille, on découvre qu’elle fut sauvagement déchiquetée par…un requin ! Le brave policier afin d’éviter un certain enlisement de l’enquête préfère contacter son ami, le célèbre détective Brice Flandre.
On accuse comme il se doit, les gens du voyage, un groupe de bohémiens qui se trouvaient à proximité fleuve. Mais les soupçons s’envolent très vite lorsque l’on va découvrir le corps de la seconde victime avec le torse complètement broyé. Visiblement il s’agit d’un redoutable serpent style Boa constrictor. Gingembre ne sait plus à quels saints se vouer, Flandre quand à lui semble dubitatif mais un léger sourire anime son visage plongé dans une réflexion intense.
L’identité du troisième assassin sera révélée en présence du détective et de son élève Michel Servin, Mic pour les intimes. A la stupéfaction générale, ils aperçoivent une ombre monstrueuse, la silhouette impressionnante d’un Minotaure. Il vient d’accomplir sa macabre besogne en trucident Edouard Vouplex, l’instituteur du village. Mais qu’el est le lien entre les trois victimes et qu’elle est l’origine de leurs mystérieux agresseurs ?
C’est bien évidemment Brice Flandre qui va faire la lumière sue cette incroyable aventure. Le comte Sosthéne de Nouaille, grand voyageur devant l’éternel, vient écouler des jours paisibles dans ce petit village de Sologne. A son arrivé, il tombe amoureux fou d’Hortense Aster. Mais celle-ci ne l’entend pas de la sorte, car libertine impénitente elle multiplie ses relations amoureuses avec d’autres habitants de la bourgade.
Sur l’île de Java le comte s’était passionné de sorcellerie chamanique et fort de ses connaissances, un redoutable projet fut mis sur pied. Avec l’aide d’un chaman, qu’il fit passer pour un domestique, il invita de façon régulière les amants d’Hortense. La table et la cave du comte étaient une aubaine pour eux et petit à petit il les amadoua, gagna leur confiance en les faisant même participer à des rites chamaniques. La technique, après les avoir plongés un état de transe avancé, consistait à faire croire à la victime qu’elle était devenue un animal sauvage. On affublait le sujet de peau, de cornes ou de crinière afin de faciliter la « métamorphose », créant ainsi un véritable « Club des monstres » « Le but du comte était de faire se tuer entre eux les amants pour bénéficier à lui seul d’Hortense Aster. Tout commença par la mort de son propre fils qu’il fit exécuter par le colonel Dargeaut qui, pour la circonstance, devint un squale mangeur d’hommes »
Le comte de Nouaille se suicidera lors de son transfert quand à sa femme, honteuse d’avoir assistée à toutes ses horreurs terminera ses jours dans un asile.
Brice Flandre, Détective des ténèbres : « L’homme aux yeux de porcelaine »
de Jean-Pol Laselle.Revue « L’impossible »du N° 12,juin 1972. Page 2 à 8.
C’est l’histoire de trois vieilles filles habitant la banlieue Parisienne et dont la tranquillité va être troublée par les méfaits d’une horrible créature dont les yeux ressemblent à des soucoupes de porcelaine. Régulièrement, malgré leur réputation de « vierges farouches » elles invitent à leur table, fort appréciée, un prétendant de la plus jeune des trois, Mr Zéphir Dussault horloger de son état et un autre convive, goûtant depuis à une retraite bien méritée, Kléber Mansart. Celui-ci travaillait comme ingénieur aux chantier de St Nazaire où il avait œuvré à la construction d’un sous-marin à l’efficacité particulièrement vantée : « L’espadon ». Mais un invité de dernière minute semble vouloir être de la fête, non pas pour savourer la délicieuse cuisine des sœurs Grongonville, mais pour une raison qui semble pour le moment des plus mystérieuses :
« Là, à un demi mètre au dessus de la verdure, s’estompait sur la nuit tout à fait tombée une silhouette blême de cauchemar où seuls des larges disque d’un bleu pale, figurant des yeux, apportaient un peu de couleur, mais une couleur inhumaine comme celle appartenant aux yeux d’un masque mortuaire millénaire. »
C’est notre dévoué « Gingembre » qui informera notre détective des ténèbres de cette singulière affaire. Le pavillon des trois dames n’est pas très loin et ils décident donc d’y aller jeter un œil.
En compagnie de son fidèle élève, ils ne peuvent que constater la véracité des faits, puisqu’ils vont être également les témoins de la mystérieuse apparition. Mic tente de tirer sur la créature, faisant fi du conseil de son « maître » lui ordonnant de tirer au niveau du ventre. Il faut dire que « l’homme aux yeux de porcelaine » est d’une taille peu banale.
Un autre soir de vieille, bien décidés à en « découdre » avec cette chose, les deux policiers organisent une nouvelle veille. Mais, stupéfaction, ce n’est pas un mais deux fantômes qui surgissent de la nuit. Visiblement un des deux est de trop et un formidable combat débute sous les yeux consternés des deux hommes. L’une d’elle qui semble blessée va prendre la fuite, aussitôt talonnée par les deux observateurs. Ils découvrent non sans un certain étonnement qu’elle va trouver refuge chez l’horloger Zéphir Dussaut. Il s’agit en fait d’un gigantesque automate, un habille assemblage de rouages et de pistons révélant tout le génie de l’horloger. Avant de mourir, blessé mortellement par une balle, il ne peut que regretter son échec face au formidable complot organisé par Apolline Grongonville.
Celle-ci était de mèche avec des espions d’une puissance étrangère et voyant tout le bénéfice qu’elle pouvait tirer des révélations de Mansart au sujet des caractéristiques de son fameux sous-marin, décida de passer à l’action. Elle savait que l’horloger et l’ingénieur avaient des discussions passionnées et grâce à la complicité d’un nain actionnant une gigantesque marionnette de métal léger et doté de puissants microphones à la place des yeux, elle fit les enregistrements de leurs nombreuses conversations. Zéphir se doutant de la chose et pour ne pas mettre la vie de sa bien aimée en danger, réalisa le projet audacieux de créer une seconde créature afin de contrecarrer l’originale et de dérouter les espions et les voir fuir à jamais.
La suite vous la connaissez. Apolline sera arrêtée à la frontière, le nain sera découvert assassiné, victime de ses complices qui vont sûrement réfléchir à deux fois avant de s’opposer au redoutable Brice Flandre.
Brice Flandre aux prises avec « l’homme aux yeux de porcelaine » Dans l’antre du « Club des monstres » dessins réalisés par l’auteur
Dans l’ombre de Harry Dickson
Voilà un personnage des plus singuliers et dont les aventures hélas, ne connurent pas de suites. D’après mes sources « Jean-Pol Lasselle » serait le pseudonyme de Brice Tarvel, qui participa à l’élaboration d’un autre chasseur de spectres « Kevin Rocamir »et « Max Cordelin ». Les heureux possesseur de la collection complète du « Fulmar »pourront suivre dans le numéro 6 « Les semeurs de cauchemars », ses formidables aventures.
Ma passion pour les « détectives de l’impossible » remonte à l’époque glorieuse où je m’étais embarqué sur cette vieille coque de noix, rencontrée au hasard de mes lectures. Le nom de ce rafiot était une telle source de légendes que je me suis laissé prendre au jeu, en passager docile et émerveillé sous le commandement de Pierre Charles, François Ducos, Gérard Dôle…..
J’achetai de façon régulière les quelques 80 pages reliées à la ficelle ou aux agrafes, textes ronéotypés, reproductions de photos ou de documents avec les moyens de l’époque. Tout cela sentait bon la passion et la volonté de faire découvrir des mondes insoupçonnés.
Et puis arrive le N° 11 talonné de prés par son petit frère le 12 et surprise, en première page on annonce un dossier spécial consacré aux détectives de l’incroyable. A l’époque on ne parlait pour ainsi dire pas de cette catégorie de chasseurs de monstres, bien sûr nous les avions déjà rencontrés au détour de nos lectures boulimiques, mais personne n’avait encore envisagé de leur consacrer un dossier spécial .Un recensement un peu chaotique, des infos que se croisent, des sources bibliographiques pas toujours précises, mais le savoir et la passion sont au rendez-vous. Sans contexte mon dossier préféré sur la totalité des numéros parus.
Voilà pour la petite histoire du Fulmar, nous aurons l’occasion d’y retourner plus tard lors d’un article que je compte lui accorder.
Mais revenons au sujet qui nous intéresse aujourd’hui et voyons un peu comment ce détective de l’impossible nous est présenté par l’auteur.
Si dans sa première aventure, les descriptions du personnage et de l’univers qui l’entoure sont relativement avare en détails, par contre dans le second texte, l’ambiance est bien en place et quoi de plus naturel, lorsque l’on se lance sur les traces de Harry Dickson, d’en retrouver les éléments les plus déterminants et visiblement, l’auteur ne cache pas toute l’admiration qu’il porte à Jean Raymond de Kremer.
Brice Flandre habite une maison sur le quai Saint Michel à Paris, fume une grosse pipe en bruyère et dans ses aventures est accompagné de son « fidèle élève » Michel Servin qui à l’image de Tom Wills, sera le compagnon de tous les dangers du maître détective. Le surintendant Goodfield, se retrouvera dans la peau d’un autre personnage tout aussi pittoresque, Hyppolite Gingembre qui, plutôt que de s’avouer vaincu fera appel à son ami de toujours afin de le tirer « d’affaires » assez complexes et notre bonne Mrs Crown, irremplaçable femme d’intérieur cédera son tablier à Mme Dupin.
Dans « L’homme aux yeux de porcelaine » on retrouve un peu toute la thématique chère à Jean Ray, avec une ambiance assez proche de l’univers qui le caractérise. Pour commencer les trois sœurs Grongoville, qui nous paraissent d’un abord relativement paisible mais dont l’une d’entre elle se révèle une redoutable espionne qui n’hésitera pas à trahir et à tuer pour arriver à ses fins. Elles évoluent dans un monde cossu, en dehors du temps et les repas qu’elles organisent rivalisent d’ingéniosité avec celle du maître Gantois :
« Potage de poisson,poivrade, radis au beurre, anchois, huîtres Portugaises, ortolans sur le plat,terrines de pâté de campagne,aloyaux braisé,salmis de pintade,truite à la crème, faisan rôtis,râble de lièvre en matelote,artichauts de Bretagne,salades et fromages. Pour le désert, outre un gâteau à la pistache phénoménal,une marmelade d’orange, des biscuits pralinés,des compotes et des fruits frais. L’ensemble fut arrosé des meilleurs vins de France et d’Espagne, et on terminera par des fruits à l’eau de vie et de précieuses liqueurs ».
La bonne cuisine tout comme le cadre de l’histoire, semble vouloir rassurer le lecteur et l’installer dans un monde douillet et confortable.
« Avec ses murs fraîchement crépis de couleur claire, son toit pourpre comme verni et ses volets verts, le home des vieilles filles faisait penser à quelque jouet neuf abandonné par un enfant distrait au milieu de la luxuriante végétation du jardin, sous la lumière de miel de ce beau mois de juin. Les fenêtres à petits carreaux sertis de plomb à la mode d’antan ajoutaient encore à cette impression de miniature qui émanait de cette coquette bâtisse, trop jolie pour être vraie. »
On nous endort, nous place dans un contexte rassurant avant de nous mettre en présence de l’irrationnel et du fantastique. Même si parfois, l’auteur abuse un peu trop de ces effets de style, pouvant rebuter le lecteur peu habitué à ce genre d’exercice, la lecture n’en reste pas moins toujours agréable. Ces petites manies de toute manière seront vite pardonnées face au contexte assez « extraordinaire » des histoires.
Il préférera par contre la solution d’un fantastique « expliqué », suggestion pour la première aventure, espionnage mâtiné de fantastique et de conjecture pour le second. Finalement le cadre de ces enquêtes est assez intemporel et elles pourraient être écrites dans les années 20 ou 30 comme dans les années 70 ou 2000. Je crois que c’est cela qui fait la force de ces deux textes, dans un style très « A la manière de… » Ainsi ils conservent toute leur force, leur originalité et nous prouvent tout l’amour et le respect que l’auteur portait à la littérature de genre !
« Les deux hommes pénétrèrent dans la boutique fleurant bon la myrrhe et l’huile pour mécanique de précision. Un rayon de lune filtrait en haut du rideau de fer et jetait dans le magasin une flaque lactescente qui permettait d’y voir à demi. C’était un curieux univers qui se révélait aux visiteurs nocturnes. Mille tic-tacs formaient un fond sonore lancinant qui semblait sourdre des coins d’ombre. Les yeux cyclopéens des carillons, des cartels, fixaient les intrus face une insistance malfaisante tandis que ceux plus petit des montres et des réveils épiaient plus sournoisement. Sur la droite, des rayonnages supportaient une théorie de bocaux de verre dans lesquels finissaient de sécher des plantes médicinales ressemblant à d’effrayantes petites momies ravagées ».
Je dois avouer mon penchant pour cette aventure, car la thématique de l’automate, que l’on rencontre non seulement chez Jean Ray mais également dans beaucoup de textes d’imagination scientifique, à quelque chose de mystérieux, de magique et d’effrayant à la fois. Dans cette folle course de l’homme à se vouloir l’égal de dieu et de créer un ersatz d’humanité, il y a quelque chose de terrible et de pathétique. La créature, le double qui dans « L’homme aux yeux de porcelaine » porte le nom tellement adorable de Gédéon, a quelque chose d’attachant et de profondément humain, peut-être en raison de ce pourquoi elle avait été conçue. Sinistre fin que la sienne « obligée » de disparaître car son créateur va mourir
« Vous avez raison Mr Flandre, Gédéon ne vous fera aucun mal. Probablement ne bougera-t-il même plus jamais car je vais mourir…. »
Triste fin pour une noble cause.
En tout cas, les titres de jean-pol Laselle sont des plus évocateurs, et il faut lui décerner une mention spéciale pour les noms pittoresques de ses personnages. A travers l’originalité de cette création, on sentait vraiment poindre sous sa plume féconde, les prémisses d’un formidable chasseur de fantômes.
Pour conclure, il faut noter que de mémoire je n’ai pas de souvenir où cette véritable fonction de « Détective des ténèbres » apparaisse dans des textes antérieurs et clairement écrite en tant que telle. Le sous-titre est des plus explicite et même si l’on retrouve ce genre de « spécialistes » dans des œuvres beaucoup plus anciennes, « Brice Flandre » se pose comme le précurseur d’un genre nouveau et qui auparavant n’avait jamais était défini et revendiqué de manière aussi explicite.
Pour cette raison, je trouve assez regrettable que ce dernier, ne figure pas dans le recensement effectué dans le volume consacré au colloque de Cerisy et dont le thème « Les détectives de l’étrange, domaine Francophone et expansions diverses ». Dans son « survol chronologique des œuvres de langue Française » l’auteur ne parle absolument pas de ce « détective de l’occulte » qui, à mon avis plus que le personnage de « Fascinax » (que j’admire énormément mais qui a pour moi plus une stature de « super héros justicier », voir mon article sur le blog) aurait mérité une place au sein de cette chronologie.
Preuve en est que, une fois de plus ces « héros de l’ombre » issus de tout un courant de la littérature populaire et des publications amateur, sont voués à l’oubli le plus total. Mais nous ferons face et tenterons de leur accorder la place qu’ils méritent. Très prochainement, nous poursuivrons notre découverte des œuvres de Jean-Pol Laselle/Brice Tarvel qui participa grandement à l’édification de ces détectives occasionnels mais qui n’en restent pas moins très sympathiques.
Les deux couvertures de cette revue mythique où se déroulèrent les exploits du célèbre détective
Pour quelques notes bibliographiques de plus
En reprenant quelques numéros de la revue « Creepy », un sommet de la bd horrifique et une source de renseignements pour les fans de ciné fantastique, j’ai découvert deux nouvelles d’un certains Jean-Pol Laselle dans la rubrique « The Creepy fans club » : - « La promenade du canal triste ». N° 9 (1971)
- « Sur la lande des Mauvents » N° 11 (1971)
Dans la revue « L’impossible », quatre autres nouvelles sont à son actif :
- « L’araignée chinoise » N° 4 Octobre 1971
- « Le journal d’un homme mouche » N° 5 Novembre 1971
- « La mort dans un verre vide » N° 6 Décembre 1971
- « L’auberge de l’effroi » N°7 Janvier 1972
Dans la célèbre revue « Horizon du fantastique » :
- « Pour qu’un soleil se meure » N°27 page 31 (1974)
De nombreuses autres nouvelles se trouvent également dans les revues « L’aube enclavée », « Argon », « Le citron hallucinogène »….
Sans oublier « Le temps des cicatrices » publié dans l’anthologie « Dédale 2 » (N° 559, 1976) de la prestigieuse collection Marabout.
Pour conclure ce rapide tour d’horizon, Brice Tarvel, vient une fois de plus d’assouvir notre soif des « Détectives de l’impossible » en publiant à la formidable maison d’édition Malpertuis (déjà coupable du fantastique « Le chérisseur de têtes et autres pacotilles du club Diogène » dont nous reparlerons sur les pages de ce blog) un recueil de deux nouvelles venant grossir les exploits du Sherlock Holmes Américain :
- « Les dossiers secrets de Harry Dickson Tome 1 » par Brice Tarvel. Contient « La main maléfique » et « L’héritage de Cagliostro » Mai 2009. Nous espérons un second volume dans les mois à venir.
A Très bientôt pour un nouveau dossier en compagnie de « Kevin Rocamir » et de « Max Corbelin » détective de ….l’obscur !
Les suites des aventures du Sherlock Holmes Américain Le prochain « détective de l’impossible » invité sur les pages de ce blog
La conjecture ancienne n’est pas comme la vie « une long fleuve tranquille » et rareté n’est pas synonyme de qualité. Il nous arrive bien souvent de rechercher un ouvrage pendant fort longtemps, pour un titre alléchant ou une couverture qui attise notre curiosité de chineur et de collectionneur. Et puis il y a le nom de l’éditeur, qui déjà représente à lui tout seul des promesses pouvant aller au-delà de nos désirs les plus fous.
Tout amateur de vieille sf sait qu’il y a des noms qui sont plus prédestinés à abriter dans ses murs des écrivains relevant de notre domaine, prenons par exemple Crès ou Edgar Malfére C’est aussi le cas pour cet autre éditeur prestigieux qu’est Eugène Figuiére, dont j’avais repéré un titre depuis pas mal de temps et qui ne cessait de me hanter : « La vie ultra moderne 1926-1980 Presque la fin du monde » d’un certain Henri Perriot.
Le hasard des découvertes est ainsi fait que je découvris de la manière la plus fortuite l’objet de ma convoitise chez un obscur petit bouquiniste, perdu dans un village dont j’ai oublié le nom. Il est un peu abîmé, mais peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ! Je me rappelle m’être plongé rapidement dans sa lecture, je comptais en faire une analyse détaillée pour le « bulletin », dans l’espoir secret de révéler une œuvre essentielle de la vieille anticipation. Mais je vous laisse le soin de lire le résumé qui va suivre afin de vous laisser seul juge :
« La vie ultra moderne » de Henri Perriot. Edition Eugène Figuiére. 1927.
Le livre est en fait un répertoire de tous les papes ayant régnés sur le monde. Mais celui qui nous intéresse le plus est celui annoncé par la prophétie de Saint Malachie, en l’occurrence le pape Pierre Romain en 1978. Ce dernier sera la cause du règne le plus néfaste de l’histoire de l’église :
« Il causera la famine, la guerre civile générale, la peste et le choléra, ne résisteront à l’épreuve que les habitants des régions glaciales. Ces habitants seront saisi d’épouvante par le récit de ceux qui, par air et par mer,échapperont au cataclysme ; ce ne sera que longtemps plus tard que les rescapés oseront s’aventurer dans les déserts d’Asie,d’Amérique,d’Afrique et d’Europe. Le froid et la chaleur finiront de purifier. Une ère nouvelle commencera, ce n’est que du travail de la terre que s’occupera le nouveau monde, l’or n’aura aucune valeur »
Ce paragraphe page 189 et dernière page, résume le livre. A coté, Mme Soleil est une liseuse de bonne aventure ! Le sous-titre de l’ouvrage « 1926-1980, presque la fin du monde » est un piége pour les affamés de sociétés future et de destruction de la planète. L’auteur nous brosse sur la quasi-totalité du volume, un roman de mœurs pseudo philosophique et bavard des années 20. Cette vie « ultra-moderne » n’est en fait que le résultat d’une société qui tend vers le modernisme. L’auteur passe en revue les sports, la politique, la religion, la libration sexuelle (très peu) et même l’ésotérisme. Mais point de découvertes sensationnelles, de thèses scientifiques de l’ébauche d’une révolution technologique…. IL faut attendre les trois dernières pages et en particulier le dernier paragraphe afin de voir pointer timidement les deux ou trois prophéties finales (servant de fil conducteur à l’histoire) comprises entre 1940 et 1979.
Titre racoleur, lecture laborieuse où semble planer en permanence l’ombre « des faux amis » que tout amateur redoute. Il rentre hélas dans la catégorie des ouvrages que l’on se garde pour « la bonne bouche », espérant en cela trouver un grand millésime pour en fait se rendre compte qu’il ne s’agit que d’une horrible piquette. Dois-je ou non brûler ce livre ? Si cela intéresse quelqu’un je l’échange avec plaisir contre….. « La cité des automates de Léon Massieu ».
Pas d’amateurs, vous m’en direz tant !
Au hasard d’un chapitre et vous comprendrez :
Nos femmes modernes (page 16)
« La femme est obéissante, crédule, et orgueilleuse. La crédulité est un défaut mais ce défaut est devenu un avantage, car il est poussé du fait de la foi, à la superstition, la force supérieure. La felle est orgueilleuse, ce défaut l’avantage, il lui permet de mettre à profit son charme. La femme, malgré son intelligence inférieure a sû se faire meilleure utilisation des avantages qu’elle possède grâce à l’obéissance. Il existe des femmes intellectuelles, des psychologues qui ont su mettre à profit les connaissances des hommes savants, ces femmes sont devenues écrivains, elles ont écrit pour leurs sœurs, pour leur émancipation, pour leur bonheur. Elles leur ont savamment établi leurs théories concordant avec leur force, l’intérêt à jouer, chacune de ces femmes qui sont des génies dans leurs catégories, en ont tiré un profit, cela n’a rien que de naturel, puisque l’intérêt est la vertu primordiale de la psychologie »
Il ne va pas se faire que des amies !
Jules de Grandin sous le regard vif de…………Teddy Verano sous la protection de……. Harry Dickson : Bienvenue dans la grande famille des Détectives de l’impossible!
Dossier « Les Détectives de l’impossible »
Fervent admirateur de littérature fantastique tout comme de vieille SF (cela vous vous en doutiez), il est un genre resté pendant fort longtemps dans l’ignorance et qui n’a cessé d’exciter ma fibre de lecteur : Les détectives de l’impossible ! Bien que depuis quelques années réhabilités grâce entre autre à de fortes personnalités comme François Ducos (La défunte collection « Super Poche » au Fleuve noir) » ou Gérard Dôle (La dynamique maison d’édition « Terre de Brume »), c’est un genre qui reste encore « nébuleux » et qui peine encore à trouver ses véritables marques.
Oscillant entre le fantastique et le récit policier, cette branche dérivée de la littérature dite populaire, manque de réels repères, un peu comme l’enfant abandonné dont on à du mal à trouver les origines. Et pour cause, une fois de plus c’est « une genre dans le genre » et faute d’histoire bien précise, il est un peu à l’image des ses redoutables spectres pourchassés par nos célèbres détectives : il flotte entre deux mondes !
Pourtant les précurseurs furent nombreux et de Dupin d’Edgar Allan Poe, au célèbre binôme « Mulder/Scully », prés d’un siècle de chasseurs dd fantômes, hantent les rayonnages poussiéreux de nos bibliothèques. Mais en regard d’une certaine popularité, il ne faudrait pas trop crier victoire. En dépit d’une époque accusant une X-filomanie des plus tenace (le postulat du complot gouvernemental et d’un pacte avec les aliens fut sans contexte ce qui attisa le plus la curiosité), cette branche mutante de la « paralittérature » reste encore peu connue. L’historique en est incertaine, les ouvrages y faisant référence sont rares pour ne pas dire pratiquement inexistants.
Pourtant quelle imagination, quel délire, on tremble devant les exploits de Carnacki, on frissonne face à John Silence, on convulse devant les aventures de Harry Dickson et on se pâme d’aise à la lecture des exploits de Sar Dubnôtal le « Grand Psychagogue ». Car au-delà du personnage central de l’histoire, bien souvent l’auteur nous livre un pur joyau de la littérature populaire ou se mêlent en un accord parfait, fantastique, policier et parfois même conjecture. Essayons d’imaginer un seul instant, une aventure de Harry Dickson réalisée par Alain Resnais (projet à l’étude qui ne vit hélas jamais le jour, consulter a ce propos le formidable ouvrage « Repérages » Editions Le Chêne 1974), ou alors un Peter Cushing (Hélas décédé) interprétant Carnacki ou Eddy Constantine dans le rôle de Teddy Verano….
Finalement, les « chasseurs de spectres » tant sur le petit écran qu’en littérature sont légion, il suffit de savoir les débusquer à notre tour. Je vais donc essayer dans la mesure du possible, de répertorier et de vous parler de tous ceux….et celles qui contribuèrent à bâtir l’immense édifice de ces « héros de l’ombre » , qui continuent encore à faire les délices de nos longues soirées d’hiver.
Toutefois, avant de commencer cette louable entreprise, je vais me permettre de tracer les limites de mes « investigations ». Je pense en effet qu’il s’agit d’un domaine où il serait absurde d’être trop restrictif et de limiter le genre uniquement à la gente des détectives. Il me parait indispensable de procéder à un balayage beaucoup plus large et d’englober d’une manière générale tout enquêteur officiel ou non, confronté à des phénomènes paranormaux. De ce fait ce dernier appartiendra soit à une branche de l’état ou un de ses organismes (Police, armée, F.B.I, etc…) ou tout simplement de simples particuliers agissants pour leur propre compte ou pour un tiers (détective privé, médecins, professeur d’université, tec….).
Cette liberté d’englober une population aussi vaste, vient du désir d’exhumer de nombreuses affaires (non classées) et provenant de romanciers ou de scénaristes qui n’auraient aucune chance d’être répertoriés. Car il faut bien admettre que nombreuses sont les références ou les héros des différentes aventures que je vais ainsi recenser,n’ont pas d’attestations officielles, de mandats de perquisition, de locaux et de moyens bénéficiant du dernier cri de la technologie ou de bureaux miteux dans un immeuble insalubre.
Des plus célèbres, aux plus anonymes, la quête reste la même : Traquer le mal sous ses différentes formes. Peu importe les moyens utilisés et les motivations de chacun, un seul et unique mot d’ordre va tous les rallier à savoir en découdre avec les fantômes, spectres, revenants et autres formes ectoplasmiques. Bien évidemment, faute d’accessibilité à certains ouvrages, certaines références pourront vous sembler incomplètes, mais je compte sur votre participation, car ce blog est aussi le votre, afin de m’apporter toutes vos lumières.
Du comique au tragique, du médecin tiré à quatre épingles au privé alcoolique, de la supercherie scientifique aux phénomènes paranormaux confirmés, c’est tout un monde « au delà du réel » de maisons hantées, de statues maléfiques, d’êtres possédés, d’objets envoûtés, de matérialisations monstrueuses, de morts effroyables et de vengeances d’outre tombe, qui s’offrent à nous et que nous allons essayer dés aujourd’hui de partager.
« Mais il se fait tard, le brouillard enveloppe de son épais manteau, les ruelles étroites de mon quartier. Au loin un clocher égrène lentement les douze coups de minuit. Tout être et toute chose dans le halo jaunâtres des réverbères prennent alors des proportions fantastiques. Une plainte formidable déchire brusquement le silence de la nuit, une ombre spectrale s’élève dans le ciel accompagnée d’un ricanement diabolique. N’écoutant que mon courage, j’endosse mon imperméable après avoir vérifié le chargeur de mon révolver : Les affaires reprennent je dois à présent vous laisser ! »
John Silence se verra confier les affaires les plus incroyables Martin Mystère quand à lui ne sera pas de reste
« La vivante épingle » de J.Joseph Renaud. Editions Pierre Lafitte. 220 pages.1922. Ce volume contient deux autres nouvelles : « Une veillée » et « Judith ». (Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de fantastique N° 3 Septembre 1990. Tirage 36 exemplaires.
Au cours d’une soirée organisée par le Professeur Tarraube, grand spécialiste en archéologie égyptienne, celui-ci montre avec fierté un étrange objet découvert lors d’une expédition. Le critique Oscar Heckey, ne semble pas être impressionné par cette mystérieuse épingle verte en forme de crocodile. Pourtant, tous les invités évitent un trop longue observation, tant elle suscite l’effroi et le dégoût. Il faut dire que, de l’avis général elle semble véritablement dotée d’une vie propre, un peu comme si elle était « vivante ».
Bravant tous les interdits et la malédiction qui pèse sur cette amulette notre héroïque critique, dans un moment de fanfaronnade fort mal venue, bafouera haut et fort l’objet de toutes les attention. Mais on n’insulte pas d’une manière aussi effrontée les dieux à têtes d’animaux, Heckey sera découvert mort peu de temps après, la sinistre épingle plantée dans la nuque. Les circonstances sont d’autant plus mystérieuses que le cadavre sera trouvé dans un bureau fermé de l’intérieur et qui plus est sans aucune autre issue possible.
La presse s’empare de l’histoire sous le titre rabatteur de « Affaire de la vivante épingle ». Les journalistes brodent copieusement avec force de « malédictions » « envoûtements » et autres « sortilèges » de toute sorte. Le mystère est donc copieusement entretenu, le dossier piétine, toutes les hypothèses sont formulées, puis rejetées et l’on va finir par rejoindre la cause des « journaleux » et croire à une véritable malédiction. La police, pragmatique et à qui « on ne la fait pas », avant de classer ce « dossier brûlant » contacte en dernier recourt, un spécialiste des affaires étranges un spécialiste de l’occulte : Cristophe Rozes.
Fort de son expérience dans ce genre d’enquêtes et n’écoutant que son courage et sa perspicacité, plonge tête première dans une curieuse histoire. Ignorant les sombres avertissements qui jalonnent ses investigations (odeurs pestilentielles, hiéroglyphes de feu sur les murs de sa chambre, apparition d’un monstrueux crocodile,…) il parviendra à mettre à jour la formidable imposture. Car bien évidemment il y a supercherie, dont le responsable n’est autre que le Pr Terraube.
Ce dernier, voulant mettre un terme aux agissements crapuleux du célèbre critique, l’assassina et eut l’idée presque géniale de masquer sa forfaiture en une terrible histoire de malédiction. Tout finira par s’expliquer, les effroyables apparitions dont Rozes fut la victime, provenaient d’un complice, Ramou le domestique du professeur, un puissant fakir qui utilisera son immense pouvoir de suggestion afin d’envoyer des images mentales à sa victime. La logique et le bon sens, finissent toujours par triompher.
Le triomphe de la logique.
A la lecture de ce court roman, nous voici une fois de plus en présence d’un fantastique « expliqué », technique souvent utilisée par un grand nombre de romanciers, et qui consacrèrent de façon anecdotique, une partie de leur talent à rédiger des histoires ou il sera question de « débusqueurs de fantômes ».
Peut-être trouverez vous « bizarre » de débuter ce travail sur un recensement des « détectives de l’impossible », par un auteur qui ne lui consacrera qu’une seule et unique aventure, mais je me suis rappelé avoir analysé pour le « Bulletin » le cas étrange de cette «Vivante épingle » et finalement pourquoi ne pas commencer cette rubrique par un « occasionnel » de ce genre dans le genre.
Bien qu’il ne s’agisse que de sa seule et unique aventure, afin de donner plus de crédit au personnage, l’auteur nous le présentera comme un personnage assez expérimenté et dont le talent et la notoriété ne sont plus à démontrer :
« On continue à nous rabattre les oreilles avec les forces inconnues. Ces questions d’occultisme, spiritisme, magnétisme, etc…, n’ont guère comme représentants, comme leaders que des naïfs ou des escrocs. Un seul de ceux qui les ont traitées par écrit nous inspire une parfaite confiance : c’est Mr Cristophe Rozes .Son livre « Le regard du Sphinx », quoique septiques déterminés, nous n’en acceptions peut-être pas toutes les conclusions, méritait pleinement pour sa logique, sa prudence, sa documentation considérable, le grand succès qu’il a obtenu …. Mr Christophe Rozes est au courant de toutes les supercheries des occultistes professionnels. Les sociétés internationales d’études psychiques, il en est des sérieuses,lui demandent souvent son concours comme « vérificateur ». A diverses reprises, il a pincé de prétendus médiums en flagrant délit de tricherie »
Si ce singulier personnage nous est présenté comme une référence,ayant déjà une solide réputation à son actif, il n’en reste pas moins, plus qu’un débusqueur de fantômes, un spécialiste des « arnaques ectoplasmiques ». Rozes comme nous l’apprendrons par la suite dans le roman, a déjà été sollicité pour résoudre quelques affaires épineuses de maisons hantées. Il a en effet résolu le cas d’une chapelle prétendue hantée dans le parc d’un château du morvan. Alors que tout le monde, reporters, savants et policiers, pensaient à un authentique cas de malédiction, il boucla l’affaire en 48h. Un banale affaire d’auto suggestion et d’hallucinations collectives et dont il consigna le témoignage dans son ouvrage « Mémoire sur un célèbre cas d’hallucinations collectives ». Il déjoua également l’arnaque du fameux médium Sartoria, dont de grands savants avaient garanti la bonne foi et le surhumain pouvoir. Un homme tout à fait remarquable qui parvint à éclaircir des cas apparemment insolubles, comme le scandale de la maison hantée, l’affaire des démoniques de Lucerne, celle de Myriam la simulatrice et empoisonneuse, etc.…..
Nous avons donc ici affaire à un spécialiste des « affaires surnaturelles » mais qui visiblement ne le restent pas pour longtemps et ce grâce à son sang froid et à sa la logique infaillible. Rozes, par ses méthodes ne peut m’empêcher de penser avec sympathie au « John Silence » de Algernoon Blackwood ou au « Carnacki » de W.H.Hogdson. Toutefois, si tout comme ce dernier, il sera souvent confronté à des affaires qui seront dans la plupart des cas expliquées de façons rationnelles,la différence, et non des moindres, est que le héros de Hogdson devra affronter, au cour de sa longue carrière, le mal à l’état pur. Hogdson était un auteur trop versé dans le fantastique pur et dur pour ne pas laisser son enquêteur aux prises avec le surnaturel .
J’ignore si « La vivante épingle » est le seul roman de J.J.Renaud où il utilisera ce redoutable « chasseur de fantômes » (mais sources semblent me le confirmer pour le moment) mais nous pouvons désormais accorder à Christophe Rozes, une place dans la liste prestigieuse de ces « occasionnels » appartenant au club très fermé des « Détectives de l’occulte »
Un bon roman d’atmosphère, bien que rentant dans le domaine du « Fantastique expliqué », dont l’auteur parvient à entretenir une bonne dose de mystères, en associant de manière fort habile, roman policier à ambiance fantastique sur fond de malédiction égyptienne.
« Profanation » de Robert R.Metais. Editions Marcel Puget. Broché in 12 de 326 pages. Jaquette illustrée couleur.1953 (Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de fantastique N° 9 ? Février/Mars/Avril 1992, tirage 102 exemplaires, article révisé et corrigé)
Peut-on accuser quelqu’un de l’assassinat d’un homme mort depuis 3000ans ? Voici l’incroyable postulat qui se pose à la lecture de cet étonnant roman.
Tout commence le jour ou deux scientifiques, Fiquenelle et Vilrebert, spécialistes en biologie, élaborent une hypothèse pour le moins incroyable : Dans certains cas de mort cliniquement prouvée, l’altération tissulaire n’est pas toujours complète, impliquant de ce fait une « survivance » cellulaire. Dans cet état de déshydratation, il serait possible de les régénérer et l’on pourrait alors assister à la résurrection des autres structures organiques. Le résultat impliquerait rien de moins qu’une victoire sur la mort. Grâce à la complicité d’un ami archéologue, leur expérience va de ce fait se porter sur une momie récemment découverte et dans un parfait état de conservation.
Cette dernière va alors subir les « outrages » de la science moderne où bain régénérateur, humidificateur, appareil perfectionné de transfusion sanguine et bien sur appareillage électrique des plus sophistiqué (des impulsions électriques sont nécessaire pour redonner vie aux cellules « endormies ») seront les outils indispensables à la réalisation de ce formidable projet.
Comme d’habitude dans ce genre d’histoires, faisant fi des sombres avertissements ornant les murs de la chambre funéraire lors de la découverte du sinistre corps, nos deux scientifiques n’écouteront que leur soif de découverte. Le roman va ainsi se dérouler dans une étrange ambiance, envoûtante et terrible à souhait, où se produisent entre autre, deux morts effroyables dans un décor digne d’un laboratoire tout droit sorti des films de « Frankenstein » de la meilleure époque.
Au fil des chapitres, les événements se succèdent à une rythme effréné, et nous assisteront au réveil « nébuleux » de Zaouik, un jeune prêtre égyptien, à qui l’on donnera une apparence de vie. La pauvre créature, sera toutefois incapable de se comporter et de réagir en véritable être vivant : Des gestes automatique, le regard vide….en somme, le portrait type du zombi ! Le comble dans l’histoire, c’est qu’il sera tout de meme frappé par un sentiment qui, malgré les siècles ne semble pas s’être émoussé : L’amour !
C e n’est pas la superbe infirmière qu’il nous est possible d’admirer en couverture, qui fera l’objet de toute son attention, mais la fiancée de Vilrebert. Du coup le sang de ce dernier ne fait qu’un tour, et du résultat d’une passionnante expérience, il en fait un monstre abominable et qui se moque par la même occasion de la perturbation psychologique que se réveil aberrant provoqua chez Zaouik. Les chercheurs ne sont pas de grands psychologues…
Le fiancé jaloux, excédés par cette expérience, pourtant réussie mais qui n’est pas à la mesure de ses prévisions (le ressuscité reste parfaitement incontrôlable et puis on ne drague pas la fiancée du patron….) exécutera ce pauvre bougre d’un coup de couteau bien placé. Résultat notre infortuné égyptien qui finalement n’avait rien demandé à personne, succombera pour la seconde fois, sacrifié au nom de la science. Ils sont fous ces savants !
Encore des bandelettes
Une fois de plus, un roman archéologique, entre polar et conjecture, où la bonne vieille momie vient encore nous jouer des tours. Partagé entre la magie des anciens égyptiens (Fiquenelle succombera à la fin du roman, d’une terrible maladie, confirmant en cela la malédiction écrite sur les murs du tombeau) et la science moderne toute puissante mais combien fragile, ce roman version moderne de Frankenstein nous montre à quel point l’homme dans son désir d’égaler dieu peut arriver à des résultats pitoyables et dramatiques.
Sans tenir compte ici de l’aspect peu plausible de la théorie avancée (la mort cellulaire étant un processus irréversible) elle fut toutefois plusieurs fois utilisée par de nombreux écrivains, comme hypothèse possible d’une probable « résurrection » de tissus morts. « Profanation » souffre certes de quelques longueurs mais reste une fiction assez distrayante. Moins farfelus que « Sous les pyramides » de Stanley, le roman de Robert Metais mérite tout de même qu’on lui prête attention. De toute manière comment rester insensible face à la magnifique jaquette que nous propose cette édition ?
« Un étrange médecin, roman gai d’anticipation médicale » De J.M.Gylaud. Editions I.Ménard. 1957.214 pages ( Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique N° 24Juin/ Aout 2000,Article révisé et augmenté)
Beaubrac, paisible village de Province où le temps qui passe n’est qu’un vague concept, va pourtant connaître un événement sans précédent qui va venir rompre la douce torpeur de ses habitants. En effet, le docteur Sainbois vient de trépasser. Ce ne fut pas un brillant praticien, prescrivant toujours les mêmes médicaments et ce quelque soit la maladie, mais un brave homme sans histoire, aimé de tous.Son remplaçant, le Dr Rhuma, fils de la guérisseuse de la région, va lui succéder et l’on peut dire de c’est par lui que « le scandale arrive ».
Brillant et dynamique, il sait utiliser tout l’arsenal de la médecine moderne, pour le plus grand plaisir de sa future clientèle. Mais soigner efficacement tous ses patients reste un objectif secondaire, il veut en faire plus…Non content d’enlever toutes traces du moindre germe,virus et bactéries, le diable d’homme parvient en plus à « ressusciter » les mourants. Louable entreprise mais qui ne sera pas sans conséquences. Pour exemple, la « pauvre Mme Chausson » épouse du respectable Mr Chausson, directeur des nouvelles galeries, qui fut condamnée par toute la faculté, retrouve miraculeusement force et appétit. Au début tout le monde y trouve son compte et ce n’est pas Mme Boulle, la pharmacienne qui va affirmer le contraire.
Le Docteur soigne et soulage certes de façon « divine », mais ses ordonnances fort bien rédigées, restent conventionnelles et permettent des rentrées d’argent conséquentes. Devant une telle popularité, on se propose de voter en sa faveur pour sa nomination à la tête de la mairie : La gloire !
Bien évidemment, un tel succès suscite rumeurs et jalousies. Les familles des mourants se plaignent, car privées du jour au lendemain de l’héritage d’un grand-père ou d’une vieille à l’article de la mort. Ne parlons pas de Mr Défunt, le patron des pompes funèbres, dont l’activité se trouve progressivement réduite à néant. Les jours passent, le ruisseau devient rivière puis torrent, on s’interroge, le doute s’installe : mais qu’el est donc son secret ?
Rhuma en personne s’interroge, car ce « pouvoir » dépasse son entendement, lui un scientifique pur et dur rejetant les « pouvoirs » occultes de s a guérisseuse de mère, abandonné ainsi aux mains de l’irrationnel…Cette dernière brise enfin le silence et lui révèle l’incroyable vérité : Son père était en réalité un puissant fakir aux pouvoirs extraordinaires, un certain Ramahoura, un Hindoustanais héritier de la doctrine secrète la plus pure depuis 18 générations. Bon sang ne saurait mentir ! A l’annonce de cette nouvelle, point de : « Seigneur on m’aurait menti ! » mais tout simplement l’acceptation à assumer un destin somme toute assez peu banal. Pour un homme fier de ses connaissances et de son pur esprit cartésien, voilà un don qui risque d’ébranler quelque peu sa future carrière. Surtout en utilisant finalement un pouvoir qu’il ne peut absolument pas maîtriser.
La nouvelle quant à elle, se répand comme une traînée de poudre et une plainte bien torchée, vient atterrir sur le bureau bien lustré à l’encaustique, de l’ordre des médecins. Des « collègues » un rien jaloux, voyant leurs salles de consultations se vider petit à petit, ne purent supporter plus avant une telle insulte à la science et à sa logique et crurent de leur devoir d’en informer les autorités compétentes. Toutefois, le cas est assez délicat,ce « confrère » est en possession de diplômes réguliers, et d’une licence parfaitement légale.
Mais son comportement professionnel sort de l’ordinaire car il ressuscite ou presque des moribonds justement condamnés par ses propres juges. En l’occurrence la président du conseil, le plus éminent consultant de la célèbre faculté méridionale, dont nous tairons le nom en égard pour ses descendants. S’il représente un danger, c’est indirectement par le préjudice matériel et pécuniaire porté à ses confrères. Le débat est houleux, deux clans se forment, personne n’arrive vraiment à trancher. La solution est finalement proposée par « le faiseur de miracles » et rédigée à l’attention de monsieur le ministre de la santé publique :
« Je vous offre de rentrer dans une clinique où je serais saigné à blanc. Il m’y sera fait, en remplacement une transfusion avec le sang de 14 médecins dont les résultats et la pratique courante sont conforme à l’usage : c’est-à-dire qui, normalement, confirmant leur impuissance contre la maladie vraiment sérieuse et la mort. Chaque confrère cédera 500 grammes de son sang équilibré. Les 4 litres ainsi obtenus me transformeront, certainement en un médecin conforme aux normes établies par les usages professionnels et internationaux » (page.132)
Une sacrée théorie sur le papier…L’annonce est ensuite faite publiquement sur la place du village, après un fracassant roulement de tambour. La ville est sous le choc et se divise également en deux factions. Hélas, le jour de l’intervention, un stupide accident de moto, perturbe les suites du programme. Rhuma est vivant, mais paralysé, quadriplégique ! Ses jours sont hors de dangers toutefois il est hors de question de pratiquer cet échange standard de sang. Cloué sur un fauteuil roulant, il regagne sa maison et malgré son « handicap », ses vertus miraculeuses sont plus efficaces que jamais puisqu’il parvient encore à sauver des vies.
Mais le clan des adversaires est plus vindicatif que jamais, la hargne populaire ne se calme pas et réclame pas moins qu’un « exorcisme ». On espère ainsi, lors d’une cérémonie « officielle », extraire du malheureux mortel, l’essence diabolique qui coule dans ses veines et qui ose souiller tous ses pauvres mortels. Fort heureusement pour toute cette légion d’agonisants, l’eau bénite et les prières n’ont aucun effet face à ce don du ciel. Au final, conscient des conflits que son pouvoir est en train de générer, rhuma opte pour l’exil volontaire, dans un endroit ignoré de tous, pour une vie de reclus en possession d’un potentiel extraordinaire dont la stupidité humaine ne pouvait s’accommoder.
Vous avez dit bizarre ?
Un roman pas tout a fait sf, malgré le titre alléchant de couverture. En effet, posons le postulat suivant : Le pouvoir de guérison peut-il être solvable au genre « anticipation ». En regard d’une bonne majorité de textes « d’anticipation médicale » je serai tenté de dire oui. Il suffit déjà de consulter les quatre volumes analysés dans le N° 6 de la revue « Le petit détective » grâce aux bons soins de notre ami Joseph pour s’en convaincre.
La totalité des textes présentés font état de médecins capables de guérir une ou plusieurs maladies. Seules les méthodes vont changer, car dans le texte de Gylaud, nous sommes plus proche du « merveilleux » car le héros de l’histoire est investi d’un véritable don. Il n’a recourt à aucun appareil ni à aucune potion miracle, tout est « en lui ». Majoritairement et à l’opposé du « savant fou », le médecin est un homme de science qui ne va, non pas utiliser son savoir pour le malheur des hommes, mais au contraire pour le servir et lui apporter aide et réconfort : serment d’Hippocrate oblige !
Probablement aurons nous quelques « esprits dérangés » qui feront la réputation des pièces du grand guignol et de quelques romans bien délirants, mais encore faudrait-il poser les limites du genre entre le « savant fou » et le « médecin dérangé ». Peut-être la question ne se pose-t-elle pas puisque les deux appartiennent à la catégorie des hommes de science et que donc par définition on peu les cataloguer dans la rubrique des « savants ».Les limites sont à mon avis un peu floues et l’on peut ainsi discerner, histoire de chercher la petite bête un «sous genre dans le genre ».
Je pense personnellement que cette catégorie « d’anticipation médicale » ne concerne que les textes posant l’hypothèse de la médecine comme une science pouvant apporter, et ce quelque soit le moyen utilisé, une amélioration aux problèmes liés à la maladie (remèdes contre différentes maladies incurables, immunité face à certains virus, germes, maladies infectieuses) la vieillesse (immortalité, rajeunissement des tissus, remplacement d’organes défectueux, etc.…), les greffes, sérum de vitalité ou de rajeunissement, etc.….
Malheureusement, bien trop souvent ces illustres lumières du corps médical, détournèrent quelque peu leurs intentions premières au profit de recherches douteuses n’ayant qu’un seul but, assouvir leur égaux et leur soif de puissance. Cette thématique donna d’ailleurs le champ ouvert à quelques textes mémorables qui firent entre autre la réputation de certaines collections (« Méricant » « Tallandier » « Fayard »…) et qui contribuèrent à faire perdurer la sinistre réputation de ces « sculpteurs de chair humaine ».
Reste qu’un des aspects le plus intéressant dans l’ouvrage qui nous concerne, est sans nul doute sa galerie de personnages. Rhuma, nous est présenté comme un homme de science, pur et dur, qui se retrouve confronté à un élément surnaturel que des années d’études n’avaient pas préparé à affronter. Le cadre de l’histoire ne manque pas de piquant et dans le roman, tout le monde en prend pour son grade. En première ligne, les médecins et les religieux : que se passerait-il vraiment si un tel homme existait ? Faudrait-il remette en cause la science et ses limites, la religion et son autorité ?
Vaste débat, dont l’histoire pose déjà le problème épineux d’un « surhomme » lâché dans notre société, très cartésienne, et ne tolérant absolument pas la différence de l’autre. Même avec un fil conjectural aussi mince,le roman conserve un coté assez divertissant avec ses protagonistes affublés de noms ridicules mais hilarants (Rhuma, Dudéfunt,Barbec etc.…) et quelques passages savoureux comme ce chapitre ou la maison du Docteur est protégée par une foule d’invalides en rogne, voulant protéger coûte que coûte leur « assurance vie » au moyen d’armes hétéroclites et peu orthodoxes : béquilles,cannes pieds a perfusion, fauteuil roulant…Tout voltige, plâtres, pansements et seringues, accompagné d’une salve de jurons bien pesée.
Dans le domaine de l’anticipation médicale, les sujets abordés comme je le disais précédemment, sont divers et variés, mais « Un étrange médecin »échappe à cette règle, plus conventionnel, naïf même mais tellement divertissant avec son ton bon enfant et sa problématique désormais universelle de « l’être différent ».
Il n’en reste pas moins une attaque assez virulente contre notre médecine traditionnelle, qui condamne les gens parce qu’elle refuse à croire au domaine de l’irrationnel, et refuse à admettre les limites de son savoir. Je garde sous le coude deux titres que je n’ai toujours pas lu : « Le Docteur Miracle » et « Le secret du fakir » de Pierre Sales, Fayard « Le livre populaire ». Plus de 550 pages d’une écriture bien serrée ou je découvrirai peut-être de nouvelles hypothèses médicales concernant la guérison des malades, bien que le titre du second volume ne laisse planer aucun doute. A très bientôt donc….
Pour quelques serments d’Hippocrate de plus….. « Bibliographie sélective ou la gente médicale apporte sa contribution à l’effort de conjectures anciennes ».
La liste pourrait être longue, mais je me suis efforcé de ne répertorier que les ouvrages où la médecine et les gens qui se doivent de l’honorer ne l’utilisent principalement que pour apporter un semblant de réconfort ou de bien-être à l’humanité, ou du moins qui agiront en étant convaincu d’une si noble entreprise. Les dérives en ce domaine sont innombrables et feront l’objet probablement d’une rubrique à part
- « Le monde tel qu’il sera » de Souvestre. Edité par W.Coquebert. 1846
- « Le maître de la vie » de Jean Daurel. Bibliothèque indépendante. 1908.
- « La découverte du Dr Faldras » de O.De Traynel. Librairie Paul Ollendorff.1908
- « Elisabeth Faldras » de O.De Traynel. Librairie Paul Ollendorff.1909.
- « La médecine comique » de Taillefer. Paris « Les gémeaux ». 1922.
- « La poignante agonie, roman de mœurs médicales» de Paul Duplessis De Pouzilhac. Edité par Le Maitre Motane. 1925.
- « Contes étranges et aventures médicales » du Dr Georges Marsat. Editions de la Vicomté. 1926
- « Le Docteur Miracle » de Francis Croisset. Ernest Flammarion.1927.
- « Le triomphe de Lénine ( Anno diaboli 310,2227) » de Charles Rivet. Librairie académique Perrin. 1927.
- « Sésame ou la maternité consentie » de Michel Corday. E.Flammarion « Select-collection ». 1928.
- « Le sérum du Dr Chervoise » Tallandier « Le livre d’aventure » vers 1930 - « Tréponème » de Marc La Marche. Editions de la Jeune Académis.1931.
- « Les rayons du Docteur Volt » DE Henry Pellier et Marcel Mainfroy. Librairie Larousse « Les livres roses pour la jeunesse ».1931.
- « Le faiseur de vie » de Gabriel Trinquet. Le mercure universel. 1932.
- « Les fantaisies du Dr Mysti » de Ferdinand Duchêne. P&G Soubiron. Alger. 1934
- « La folle ambition du Dr Jarmoy » de Pierre D’Aquilla. Collection Bayard N° 183.1935.
- « L’expérience du Docteur Hortner » de Maurice Perot. Editions Ferenczi « Voyages et Aventures » N° 198.1937.
- « Les morticoles » de Léon Daudet. Editions Valére. Magnifiques illustrations de Lucien Boucher.1939.
- « Toubib sous l’orage » de Paul Duplessis De Pouzilhac. Editions R.Simon.1939
- « Les larmes noires » de Ant. K.Neidhart & Cie. 1945.
- « Laboratoire d’épouvante » de Pierre Desclaux. Editions « Le hublot » collection « Aventure et Police ». 1947
Comme d’habitude, toutes vos suggestions seront les bienvenues et je ne peux que vous encourager à venir grossir cette liste
« Le monstre de Saint Basile » de J.P.Besson. Agence Parisienne de distribution 1941. Collection « Stick ». Fascicule de 32 pages. Couverture et 2éme plat illustrés par un montage photo. (Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de fantastique N° 19. Décembre 1997)
Il est 22 heures sur une petite route menant à Gradour sur Vayres (Limousin) et Gédéon Bracy, un brave agriculteur y marche seul, sans se douter qu’il se dirige vers un horrible destin. Un bruit sourd se fait entendre, précédé d’un vrombrissement et c’est une mort brutale qui s’abat sur lui, soudaine, effroyable. De son corps on ne retrouvera le lendemain que des « restes » à peines reconnaissables. Ce cadavre sera le premier d’une longue série, victime comme on se plait à le dire dans la région, du monstre de la St Basile.
Paris, sous la pression médiatique va donc y envoyer ses deux plus fins limiers : Octave Beaumont et Babylas plique….tout un programme ! Les deux hommes vont mener une enquête discrète et à l’examen du dernier corps, découvrent un étrange poil, pouvant appartenir à un gorille. Poussant plus avant leur investigation, les différentes pistes les conduisent dans un magnifique château d’où s’échappe, une nuit de veille, une longue et mystérieuse plainte. Les deux comparses tentent d’élucider le mystère mais ils seront chassés du lieu comme des malpropres. Le chemin du retour sera tout aussi mouvementé, se faisant en effet poursuivre par une monstrueuse créature volante, la légende devient alors réalité :
« La bête à des ailes, de grandes ailes transparentes. L’affreuse bête ! Noire, gigantesque, immonde, peut-on concevoir pareille horreur ? Moi qui me refusais à croire…. »
Mais pour l’instant cette abomination volante semble avoir d’autres projets et s’éloigne dans bourdonnement assourdissant. Il en faut plus pour décourager nos courageux aventuriers et face à un Babylas insistant, décident de retourner vers l’énigmatique demeure. Non sans mal ils parviennent à pénétrer dans le parc sans encombre. Plique, le plus audacieux, s’introduit dans le pavillon et ne réussit que de justesse à réchapper aux crocs mortels de Blackie, le molosse de service.
Dans la confusion et les aboiements, Babylas perçoit des cris et tout en s’approchant de l’origine du bruit, découvre qu’il s’agit en fait d’une altercation entre un homme et une femme. Cette dernière semble être sa prisonnière, son corps est marqué par de nombreux jours de privation mais sa vitalité verbale n’en est pour autant affectée. Dans cette altercation, il est question de savant et d’expériences et la victime exprime son profond désaccord. Elle se dit être la fille du propriétaire du château, un certain professeur Pousset, dont les expériences sur les expériences l’ont conduit à la folie. Après avoir tué sa femme, il a séquestré sa propre fille, car elles représentaient une menace pour ses recherches.
Le policier passe à l’action et décide d’intervenir. Le professeur semble vouloir coopérer et entame des explications assez invraisemblables. Depuis des années, il travaille sur un produit, la vitamine Alpha dont la propriété est de faire accroître le développement des insectes. Toutefois, son fameux produit ne semble pas vouloir fonctionner sur toutes les espèces. Il va donc le tester avec acharnement sur des centaines de cobayes, jusqu’à ce qu’il découvre le sujet idéal : L’alliphora Vomitoria….une mouche quoi ! Babylas , un peu trop curieux demande à vois le phénomène, Pousset le conduit dans l’antre du monstre. Il ne faut jamais faire confiance à un lunatique, l’homme pousse notre infortuné détective dans la cage de la bête, la curiosité est un vilain défaut :
« Au fond de la grange qu’elle remplissait au trois-quarts, gisait une énorme masse aux reflets bleus qui figurait bien une mouche, mais une mouche démesurée, colossale, laquelle ne cessait de se frotter ses pattes répugnantes l’une contre l’autre. Atroce vision que celle de cet insecte atteignant un volume mille fois supérieur à la normale. Toutefois si la mouche paraissait disproportionnée et grotesque, non moins répugnantes s’avéraient les larves qui rampaient autour d’elle. »
Fort heureusement, les fous étant ce qu’ils sont, celui-ci n’avait pas pris la peine de fouiller son prisonnier. Après plusieurs attaques forcenées de la « mouche », il parvint à lui loger plusieurs balles dans la tête, il faut dire qu’à cette distance… Blessée a mort tout en s’écroulant, elle provoqua un éboulement de la cellule permettant ainsi à Babylas de s’échapper. Couvert de bleus mais sain et sauf, il en profite pour libérer la fille du scientifique et dans sa fuite éperdue, tombe nez à nez avec son supérieur, fraîchement débarqué de Paris. Ce dernier, inquiet par sa longue absence fit encerclé la propriété de Pousset, qui se trouve à présent bien en joue dans le prolongement de son arme de service.
Epuisé par tant de contrariétés, le savant va s’écrouler victime d’une crise cardiaque. Avant de mourir il parviendra à murmurer l’inévitable : « La science…je n’ai agi qu’en son nom… » Sa file lui pardonnera toutes ses atrocités ( la mort de la mère n’est qu’un détail…) en versant quelques larmes tout en regrettant la mort d’un si grand homme,victime de ses expériences et de sa soif de connaissance. Les larves quand à elles seront détruites par le feu et sous les décombres de la grange, il ne reste plus que de la mouche, qu’une bouillie informe et méconnaissable. En ce qui concerne la fameuse vitamine A, évaporée dans les airs avec le dernier souffle du professeur.
Gigantisme
Une mouche aussi grosse qu’un éléphant, voilà qui n’est pas banal et ce petit roman, soupoudré de quelques scènes de grand guignol, ne manque pas de charmes. Mais voyons un peu, jusqu’à présent nos écrivains nous avaient envoyé des araignées géantes avec Pierre Jouvet et son « Araignée de l’île » et « L’impossible enquête », toujours des araignées avec les « Catacombes infernales » de L.Vanderhaeghe et J.Des Marchenelles, Norbert Sevestre et sa « Révolte des monstres ». Vint ensuite le temps des fourmis plus ou moins géantes : « La ruée des monstres » dans le recueil « Le mystère du puy » de Daniel-Girard, « Spiridon le muet » d’André Laurie, sans oublier toute une ribambelle d’insectes en tous genres avec « La horde des monstres » de Charles Ronze et le célèbre « La horde des monstres » réédité neuf ans plus tard sous le titres « Face à face avec les monstres » (ces deux romans analysés dans les pages de ce blog) et puis « Désert des spectres » « Le monstre du Dr Karloff » « La cité sous la terre »…
Arrêtons ici, il faudrait tout un article afin de répertorier toutes ces charmantes bestioles, chose qui sera bientôt faite par votre serviteur. Par contre qu’en est-il des mouches ? Si ce n’est le remarquable ouvrage de Jacques Spitz « La guerre des mouches » dans lequel celles-ci gardent leur taille normale, ce qui n’empêche pas une férocité et une intelligence redoutable et la célèbre nouvelle de George Langelaan « La mouche », il n’existe pas grand-chose. Nous voici donc en présence (pour le moment car je sais qu’il y a parmi vous de redoutables rats de bibliothèques) d’un cas rare en conjecture ancienne de gigantisme d’une mouche. Les insectes volants d’une telle taille ne sont pas légion en ce domaine. Même le cinéma, friand de gigantisme (rats, lapins, vers, scorpions, fourmis….femme) fut de ce coté relativement modeste. Citons pour l’occasion la fameuse création de Inoshiro Honda : Mothra la mite géante !
Mais revenons à notre mouche, qui demeure malgré tout dans le roman, victime de sa grande taille mais de sa petite cervelle. Fort heureusement, celle-ci carnivore, eut la bonne idée de trucider et massacrer quelques malheureuses victimes, ce qui donna un peu plus de « piquant » et de mystère. Imaginons un seul instant, une gigantesque mouche à merde, faisant main basse sur toutes les fosses septiques de la région. Bon je vous laisse, j’ai quelques cafards à atomiser avant qu’ils ne prennent le pouvoir et vu les circonstances…je ne vous fais pas la Bizzzzzze !
Les couvertures sont tout aussi « monstrueuses »