« Mon voisin le prophète » Conte philosophique de René Fermont. Editions Edgar Malfére « Bibliothèque du Hérisson ». 1932.157 pages. (Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de fantastique n°11 Novembre 1992, tirage 140 exemplaires)
Le narrateur de ce « conte » habite à coté d’un singulier voisin. Agénor Micodac, un nom singulier pour une aventure tout aussi étrange que l’auteur va retranscrire fébrilement, caché dans une maison en ruine. Il s’agit de la retranscription d’un songe cauchemardesque et cette tache est une mission de la plus haute importance car ce témoignage fera également office d’avertissement aux générations futures. Refusant toutes notions de progrès, l’auteur rédigera les lignes de cette forme de « testament » à la lueur chiche d’une bougie. Il va ainsi noircir des pages et des pages d’une écriture rendue pratiquement illisible par la fébrilité d’une main dictée par un esprit en plein délire.
Ce songe commence par une vaste assemblée de savants venants des quatre coins du globe. Agénor y assiste par l’intermédiaire d’un vaste écran mural, dans un endroit qu’il ne peut identifier. Cette docte communauté s’interroge : Le monde dans lequel nous évoluons n’est-il pas trop étriqué ? En glué dans de mesquines ambitions, rongé par des passions inutiles, n’est-il pas grand temps de nous épanouir et de nous libérer de si futiles contraintes ? C’est ainsi qu’une folle idée va germer. Pourquoi ne pas créer le surhomme de demain en éradiquant le sous homme d’aujourd’hui ? Ma fois, l’idée semble excellente et après un rapide « tour de table », c’est un savant Russe (pas celui de Graffigny….) qui semble trouver la meilleure des solutions. Il suffit de mettre au point un rayon capable de supprimer toutes les passions humaines et principalement le désir. Plus de désir, plus de reproduction et seules quelques « élues » auront le privilège de voir leurs ventres s’arrondir. Mais attention, une maternité entièrement sous contrôle, car cette fécondité « scientifiquement conçue » permettra d’élaborer le fleuron des générations futures : Le Macrobe !
Mais de tels procédés indignent l’opinion publique, l’humanité s’indigne et l’on organise alors une immense armada dans le but de détruire ce repère de savants fous, d’illuminés aux idées insensées. C’était sans compter sur les ressources technologiques de ces vieillards dérangés et loin de détruire leur antre infernal, le corps expéditionnaire sombre dans un profond sommeil. Trois après ils se réveilleront en constatant l’ampleur des dégâts. Canons, tanks ne sont plus qu’un amas de ferraille tordue. Face à cette formidable puissance, les pays s’interrogent, l’heure est à la négociation. En échange d’une soumission totale de la part des différentes « puissances », les savants promettent aux chefs d’états une ère de bonheur et de prospérité. Toutefois, une condition est de mise à savoir accepter le contrôle des naissances. Le marché est sans équivoque et la terre entière, face à de nouvelles preuves de la supériorité de ce « nouvel état scientifique », est contrainte de s’incliner. Les mères porteuses sont ainsi soumises à la terrible expérience et arrive le jour tant attendu de la délivrance.
Aussitôt mis au monde, un étrange véhicule aérien se pose devant les maisons, faisant sortir une étrange créature robotisée. Malgré les supplications des jeunes mères, ces « robots » emportent les nourrissons vers une destination inconnue. Il ne sera possible de les revoir que dans sept longues années. L’humanité dans cette nouvelle opulence tant désirée regarde avec des yeux de condamnés le temps qui défile et que la rapproche de plus en plus vers ce qui semble être son échéance fatale. Les sept fatidiques années arrivent à leur terme, la rencontre tant attendue est organisée et c’est devant les yeux ébahis de toutes ces mères qu’arrive dans une immense vallée une légion d’enfants dans une formation impeccable. Des larmes plein les yeux, elles découvrent des êtres blonds, de tailles et de morphologies similaires : Tous identiques jusqu’au bout des ongles ! Une nouvelle race vient de naître, télépathes, surdoués, dépourvus de sentiments et de la moindre parcelle d’humanité, juste un numéro leur sert d’identification. Peu à peu, le monde va ainsi vieillir dans la crainte de cette nouvelle race.
Les villes se dépeuplent, les campagnes se vident et le dernier homme de l’ancienne race va finir ses jours dans une affreuse solitude, à moitié fou, parcourant le décor apocalyptique d’un monde désert. Les savants quand à eux on finalement succombés à leur tour, avec l’impression du devoir accompli. Mais que reste t-il de leur folle ambition ? Arrive le temps de la destruction et de la reconstruction. Les Macrobes, seuls survivants d’un monde ayant effacé toute trace de son passé, neutralisent systématiquement les vestiges d’une humanité trop faible, trop archaïque. Leur folle ambition va pouvoir se réaliser en forgeant un monde nouveau, à leur image et selon leurs propres critères.
Pourtant, un de ces créatures supérieures va prendre conscience de l’absurdité de leur projet. Exclu de sa communauté pour d’obscures raisons il va ainsi parcourir seul, les décombres de la dernière capitale encore intacte. Nous allons ainsi assister à sa lente métamorphose dans un univers hostile, à s’adapter dans monde qu’il ne connaît pas et dont personne ne l’avait informé. Il va réapprendre les coutumes de ses ancêtres, partager grâce aux livres, au cinéma, à la musique toutes les émotions qui firent l’essence meme de cette race que l’on avait toujours considérée comme inférieure. Comprenant l’erreur de ses pères, il tentera meme de convertir une Macrobe afin de refonder à l’image de Adam et Eve une humanité nouvelle. Il y a encore un peu d’humanité en elle, et malgré son exposition au fameux rayon, se laissera convaincre et meme charmer par cette personne aux arguments si convaincants. Héla, la police veille et notre renégat, baptisé dans le rêve d’Agénor « Anthrope », sera froidement abattu devant les yeux horrifiés de sa première et ultime conquête.
Les Macrobes, prenant cela comme un avertissement et un signe du fléchissement de leur supériorité, s’embarqueront dans de gigantesques vaisseaux spatiaux afin de conquérir de nouveaux mondes. Ici se termine le songe d’Agénor Micodac, convaincu que son cauchemar n’est qu’un avertissement au destin de l’humanité. Il voit en effet dans la succession de ses rêves les prémices de métamorphose d’une l’humanité trop confiante en ses savants et aux chatoiements du progrès u’ils font miroiter devant les yeux émerveillés d’un monde trop naïf :
- « Oui ou non l’humanité est-elle lancée à toute vitesse vers le progrès ?
- Oui - Vous parait-elle bouder aux applications nouvelles de la science qui multiplient sa puissance d’action ou accroissent son confort ?
- Non
- L’esprit humain est-il près de voir trahir sa capacité d’invention ?
- En vérité je ne crois pas…(et je lançai un regard sur le manuscrit).
- Bon !bon ! si donc des inventions sont illimitées, ne risque-t-il pas d’arriver une époque où la perfection de la mécanique sera mise en péril par l’imperfection de son conducteur ?
- Peut-être - Et alors ce jour là, si l’on veut poursuivre le progrès ne faudra-t-il pas avant tout transformer, perfectionner le conducteur ?
- Peut-être - Eh bien ! mon cher Monsieur, quand on en sera là, et vous venez d’avouer qu’on y viendra, ce sera l’heure des Macrobes.
- …..Demain dans mille années, dans vingt siècles, qu’importe au cour des destinées ! »
Nous « modifier » pour une vie meilleure ?
Dans cet habile roman « Fin du monde » l’auteur nous laisse le choix de plusieurs hypothèses : Délire d’un fou, simple cauchemar ou don de voyager dans l’espace temps ?
Nous voilà de nouveau en présence d’une version très pessimiste du monde face au progrès de la science et se révèle une attaque sévère de la technologie et des savants qui en sont les instigateurs. L’auteur, qui ne semble pas posséder d’autres romans conjecturaux dans sa bibliographie, nous livre ici un texte réunissant tous les ingrédients nécessaires pour revendiquer une bonne place sur une étagère de notre bibliothèque : Savants excentriques, inventions merveilleuses, race supérieure (me faisant penser aux gamins de « Les coucous de Midwich »), fin de monde et voyage dans l’espace avec colonisation.
Mais la thématique assez intéressante qui s’en dégage est incontestablement celle de la maternité placé sous contrôle scientifique afin d’obtenir une race de Surhommes. Il doit s’agir d’un des premiers textes dans ce domaine à mettre en évidence le rôle prépondérant de l’interaction de la science sur une modification effectuée directement sur le fœtus.
En effet dans la majorité des œuvres rencontrées dans ce domaine, la vie sera recréée artificiellement en laboratoire ou d’ailleurs bien souvent science et magie feront bon ménage. La vie sera ainsi « façonnée » au moyen de pièces organiques( Frankenstein) soit par la magie pure (Le Golem) ou de manière plus scientifique en laboratoire (L’œuf de verre).De ce fait, en dehors du besoin farouche de vouloir recréer la vie, le savant dans son désir « d’améliorer » l’espèce humaine fera tout son possible pour obtenir une « mutation », étape ultime et indispensable entre l’homme et le surhomme.
Cette thématique est assez fréquente dans notre littérature et pour arriver à ses fins, il utilisera principalement deux méthodes :
- Agir directement à la source, avant la conception comme dans « La culture de l’humanité » de Conti (dont le résumé va bientôt suivre) ou lors de la grossesse (voir résumé plus haut).
- Soit dés la naissance en conditionnant le nourrisson ou le jeune enfant avec des méthodes assez radicales, lire a ce sujet l’incroyable « Le monde tel qui sera » de Emile Souvestre.
Il semblerait qu’en regard d’un autre thématique que d’autres avant moi qualifièrent de « Homme modifié », les romans appartenant à la catégorie « culture de l’humanité » semblent avoir été plus modeste car peut-être moins spectaculaires ou relevant d’un domaine plus incertain voir même probablement tabou. Il est d’ailleurs dommage de des romans comme « Le mystérieux Dajan-Phinn » de Michel Corday, « Apparition des surhommes » de B.R.Bruss ou « Le sceptre volé aux hommes » de H.J.Proumen, ne nous donne pas plus d’explications sur les origines de ces êtres supérieurs. Sont-ils le produit d’expériences en laboratoire, d’une expérience sur le cerveau humain ? Le doute subsiste.
Si l’homme de science s’efforce à vouloir créer ou « cultiver » l’humanité, ne serait-ce pas pour la rendre meilleure et supérieure ? En tout cas il semble plus prudent de vouloir lui attribuer ce genre de désirs qui ne font qu’honorer sa profession.
Quoiqu’il en soit le pessimisme et la noirceur qui se dégage à chaque fois des romans relevant de cette thématique nous prouve une fois de plus que l’époque n’était pas propice à accorder toute sa confiance aux bienfaits de la science. Remarquez avec la démence dont fait preuve une grande partie de ces cervelles dérangées, il y a de quoi se poser des questions.
La « culture de l’humanité » dans la conjecture ancienne
- « Le monde tel qu’il sera » Par Emile Souvestre. Edité par W.Coquebert.
- « L’amour dans cinq mille ans » de Fernand Kolney. Publié a compte d’auteur.1905
- « L’œuf de verre » de Jean de Quirielle. Edition Méricant « Les récits mystérieux ».1912
- « L’aventure des 13 filles de Mademoiselle D’Oche » de François Poncetton. Editions Crès.1921.
- « Voyage au Pays de la quatrième dimension » de G.de Pawlowsky. Editons Eugène Fasquelle.1923
- « Le meilleur des mondes » de Aldous Huxley. Librairie Plon « Feux croisés, âmes et terres étrangères » 1933
- « Liquidation du monde » de Constantin. Editions Emile Paul.1937
- « La culture de l’humanité, par la fécondation artificielle sélectionnée » par Eugène Conti. Editions Eugène Figuiére.1937
- « Le magicien » de Somerset Maugham. Les éditions de France.1938.
- « L’ovipare » de Etienne Gril. Les éditions de « Romans et Nouvelles ». 1942.
- « L’île sous cloche » de Xavier De Langlais. Editions « Aux portes du Large ».1946
« Le Duc Rollon » de Léon de Tinseau. Edition Calmann-Lévy (in 12 Broché) 1913. Réédition chez Cosmopolites « Collection du lecteur » N° 34, in- 12 cartonné avec jaquette illustrée couleur.1930.(Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de fantastique, Février/Mars/Avril 1992, Tirage 102 exemplaires)
En ce début de l’an 2000, le monde « civilisé » se divise en trois super-puissances : L’état de Colombie, le Canada et le royaume du Japon, occupant une partie des Etats-Unis. Le reste du monde, parés un e guerre universelle, est retourné à la barbarie. Waren Islinghton, fleuron de la culture Colombienne et inventeur du carburant solide, attire l’attention de son gouvernement sur un phénomène risquant de compromettre la situation de son pays : La disparition, faute de matière première de l’industrie métallurgique.
Un explorateur de renom, Douglas Grant, apportera la solution idéale à savoir aller chercher ailleurs ce qu’il est impossible de trouver sur place. Cet ailleurs, comme par hasard c’est la France et plus précisément la Normandie où Grant à relevé la présence quasi-inépuisable de la précieuse ferraille. Mais nos intrépides explorateurs semblent ignorer un point déterminant dans leur indispensable quête : le facteur humain !Après un voyage sans histoire et d’une banalité confondante, l’expédition composée de quelques sommités et d’une charmante jeune fille, doit se rendre à l’évidence car la réalité est tout autre. En effet, ici point de promesse de verroteries et autres pacotilles à bon marché pour convaincre les autochtones du coin, la région est sous la protection du seigneur des lieux, le duc Rollon, vieil original refusant toute notion de progrès.
Histoire de compliquer un petit peu plus la négociation,un autre concurrent est déjà sur la brèche, un émissaire du Canada représentant son gouvernement qui lui aussi est confronté aux mêmes problèmes de matières premières. Un affrontement assez singulier avec d’un coté « l’honnêteté » Colombienne et de l’autre la ruse des « fourbes » Canadiens. Pour seul arbitre, un vieil homme au regard fatigué, symbole d’une société archaïque et dont les yeux ont contemplé la chute d’une civilisation prés d’incessantes guerres technologiques.
Dans cette France retournée à l’age médiéval, seul le père Eustache dernier descendant de l’ordre des bénédictins et d’un savoir prodigieux, tente d’assembler secrètement les derniers vestiges de la connaissance afin de les utiliser au mieux pour le confort de cette communauté. C’est d’un œil amusé qu’il assiste aux efforts déployés par les deux puissances afin d’amadouer le Duc. Ce vénérable moine, en homme lucide et clairvoyant, comprend toute l’importance de l’acier pour les générations à venir et qui sera probablement d’un enjeu déterminant pour les générations futures et la reconstruction du pays.
Après d’infructueuses tentatives, les Canadiens doivent baisser les bras et rentrer la tête basse, tandis que les Colombiens voient leur salut en la personne de Pierre de Mandeville, héritier direct du duc Rollon. Ce sympathique jeune homme vient en effet d’avouer sa flamme à Edith Worgloff, membre de l’expédition et nièce du président de Colombie. Le roman se termine ainsi par un accord éventuel accord d’union entre les deux pays. Toutefois, la question du mariage doit être mûrement réfléchie, tant les conséquences peuvent se révéler délicates. Une interrogation se pose à l’issue de cette aventure, avec cependant une lueur d’espoir : La France tel le phénix, peut-elle renaître de ses cendres ?
Une fois n’est pas coutume dans ce genre d’ouvrage, c’est un simple mariage qui probablement changera le cour de l’histoire et le destin de tout un pays.
Les vestiges d’une civilisation
Il est assez rare en conjecture ancienne de rencontrer des romans évoquant le « déclin » d’une civilisation retournant à une vie archaïque, pour passer sous silence le roman de Léon De Tinseau. Certes l’ouvrage est par moment assez lourd et indigeste mais il porte en lui tous les stigmates et les maladresses d’un auteur peu enclin à ce genre d’exercices. Il est également curieux de noter que la France, dans cette humanité reconstruite, ne figure pas dans les nations de pointe et dont le savoir et la technologie rayonnent dans le monde entier.
Probablement est-ce le fait que l’auteur appartenait peut-être à la vieille aristocratie et que par nostalgie d’une époque révolue (le système féodal) il voulait ainsi faire ressurgir tous les attraits d’un monde idéal mais définitivement obsolète. Dans ce monde figé et refusant tout apport technologique, nous avons les prémisses d’un texte profondément « écolo » mettant en garde l’humanité et de sa folle ambition d’aller toujours plus loin.
Une fois de plus cette course effrénée conduira l’espèce humaine à sa destruction et en bon élève attentif, le duc Rollon s’efforcera de retarder le plus possible le jour où la science fera de nouveau irruption sur ses terres. Car le véritable mal, c’est le progrès et le vieil homme sait très bien que l’histoire se répète sans cesse et que loin de servir l’homme elle ne fait que l’asservir. Une véritable gangrène qui ronge le discernement des hommes, dont la soif de conquête et de pouvoir ne l’utiliseront qu’à des fins de destruction. Rollon sait très bien que l’avenir ne lui appartient plus son destin est aux mains de Mandeville et sa plus grande crainte risque de se concrétiser car ouvrir la porte des richesses minières de son pays, c’est ouvrir la porte à une nouvelle course effrénée pour la richesse et la domination.
C’est un texte qui met en garde contre les dérives de la science et qui, bien que rédigé avant la première guerre mondiale et son cortège d’atrocités, se révèle assez symptomatique des tensions de l’époque. Robida avait également dans « L’ingénieur Von Satanas » évoqué de tels écarts dans un roman beaucoup plus noir, en nous décrivant une humanité également retournée au bas de l’échelle, se refusant à tout apport technologique. Mais l’auteur avait lui le prétexte d’avoir traversé la tragédie de 14/18. D’autres approches similaires nous serons proposées et il faut citer pour mémoire le célèbre « Ravage » de Barjavel où la disparition de l’électricité entraîne une régression volontaire des derniers survivants sans oublier « Le grand cataclysme » de Henri Allorge qui ressemble au texte de Barjavel pour sa thématique (La disparition de l’électricité) mais qui se rapproche cependant plus de celui de De Tinseau, dans ce cas de figure,on assiste aux efforts d’une humanité réutilisant des techniques archaïques, pour finalement se diviser de nouveau afin de reconquérir le monopole des ressources naturelles et sombrer de nouveau dans la folie et le chaos.
Mais la destruction et la « renaissance » de l’humanité ne seront pas uniquement le simple fait de catastrophes technologiques, dame nature est également là pour faire valoir ses droits et rappeler aux misérables fourmis que nous sommes, qu’en l’espace d’un clin d’œil notre folle ambition peu être réduite à néant.
Au final, une thématique peu courante, avec une seule préoccupation, celle de savoir si l’homme sage n’est pas celui qui reste dans l’ignorance. Une problématique qui dans ce genre de littérature arrivera toujours à la meme conclusion, une société idéale n’est pas le fait de sa technologie mais de la raison des hommes qui la constitue.
Quelques petits rappels bibliographiques sur le thème de la fin de la civilisation….. et de sa renaissance.
- « Le dernier homme » de Mary Shelley. Publié pour la première fois en 1826. Edité en France en 1988 aux éditions du Rocher. Ouvrage cité de façon anecdotique, tout comme les deux textes suivants :
- « Omégar le dernier homme, proso-poésie dramatique de la fin des temps en douze chants » par Mme Elise Gagne. Paris ; Didier & Cie, Libraires éditeurs.1859.
- « Les derniers jours de la terre » Par le Docteur Eusèbe Magnus. Paris à la librairie illustrée. 1875
- « La cité rebâtie » de Emile Solari. Paris librairie universelle.1907.
- « La mort de la terre » de J.H.Rosny Ainé. Librairie Plon.1912. Pré originale dans « Les annales politiques et littéraires » du N°1405 au N°1412 (du 29 Mai au 17 Juillet 1910)
- « Le nuage pourpre » de H.P.Shiel. « Je sais tout » de Septembre 1911 à Janvier 1912 (N° 81 à 84). Illustré par M.Orazi. Réédité en volume chez Pierre Lafitte. Couverture illustré couleur. 1913.
- « L’ingénieur Von Satanas » de Albert Robida. La Renaissance du Livre.1919. Illustré par l’auteur.
- « Le soleil noir » de René Pujol. Lecture pour tous Avril/Mai/Juin 1921.Illustré par A.F.Gorguet.
- « Le grand cataclysme, roman du centième siècle » de Henri Allorge. Editions Crès. 1922. Réédité chez Larousse collection « Contes et romans pour tous »1929.
- « L’homme qui vient » de Frédéric Rouquette. 1922
- « Le nouveau déluge » de Noëlle Roger. Editions Calmann-Lévy. 1922.
- « La peste écarlate » de Jack London. Editions Crès.1924
- « Le Napus, fléau de l’an 2227 » De Léon Daudet. Editions Ernest Flammarion.1927.
- « La mort du fer » de S.S.Held. Arthème Fayard &Cie Editieurs.1931
- « Quinzinzinzili » de Régis Messac. Editions de la fenêtre ouverte Collection « Les Hypermondes ».1935. Réédition Edition Spéciale. 1972.
- « Sur la terre qui change » de Léon Lambry. Librairie de l’œuvre St Charles. Illustré par Le Rallic.1937
- « Ravage, roman extraordinaire » de René Barjavel. Editons Denoël 1943 pour l’édition originale Réédité par la « Toison D’or » (vers 1944) couverture illustrée couleur. Il existe à ce jour de très nombreuses rééditions.
- « Le dernier couple » de R.H.Jacquart. Les éditions « La Concorde ». Vers 1943.
- « Le rire jaune » de Pierre Mac Orlan. Editions Maréchal.1944
- « S’il n’en reste qu’un, Roman extraordinaire » de Jean paulin. Editions Self. 1946.
- « Le pont sur l’abîme » de George R.Stewart. Editions Hachette.1951.
- « Sa majesté des mouches » de William Golding. Edition Gallimard « N.R.F ».1956.
- « Les naufragés de Paris » de Georges Blond. Le livre Contemporain. 1959
- « Le nuage vert, ou le dernier survivant » de A.S.Neill. Editions O.C.L.D. 1974
- « Archie Dumbarton, une histoire criminelle » de Victor Hatar. Editions Denoël « Les lettres nouvelles ».1977 Refermons comme il se doit cette rubrique provisoirement dans l’attente de nouvelles références.
La blonde ou la brune ? Une époque bénie où les illustrateurs avaient un certain sens de l’esthétique
Dossier « Les Détectives De L’impossible »
« Les semeurs de cauchemars, une aventure de Kevin Rocamir, le chasseur de monstres »
Texte de J.P.Laselle, dessins de Sanahujas. Parution dans la revue « Le Fulmar » N° 6, 4éme trimestre 1981.
Une étrange épidémie semble vouloir frapper certains quartiers de Paris. Kevin Rocamir et Sélène son épouse, tout comme le brave Chasseloup sont victimes d’horribles cauchemars et dont les conséquences faillirent tourner au tragique. Quelques jours après, ils reçoivent une curieuse lettre de menace et portant la signature d’une mystérieuse association « Les frères de la météorite ».
Aussitôt au travail, Rocamir fait très vite le lien entre leurs cauchemars et la présence chez chacun de protagonistes d’une étrange plante dont les fleurs exhalent un parfum entêtant. Les rêves se poursuivent de plus en plus inquiétants et « réels », on frôle la catastrophe, les victimes manquent de mourir dans d’affreuses circonstances. Rocamir parvient à découvrir l’adresse de la fleuriste qu’il lui avait livrée l’étrange pot de fleurs, mais peine perdue, celle-ci se suicide lorsqu’elle découvre la terrible menace. Boulevard de Clichy, la belle Judith se trouve également en proie à d’horribles cauchemars et décide de se rendre chez le célèbre détective, car elle sent se vie menacée. Un homme de couleur noire lui emboîte le pas….C’est son amant, un homme de la mystérieuse confrérie. Peu discret il sera capturé par Rocamir et avant d être assassiné par un de ses complices il aura le temps de lui révéler que leur chef se trouve en Centre Afrique dans les montagnes de feu. Rocamir se lance dans l’aventure en compagnie de Judith.
Sur Place, son expédition sera capturée par les redoutables frères de la météorite. La rencontre avec le cerveau de l’affaire est assez incroyable, l’homme un illuminé rêve de conquérir l’Afrique…le monde. Son seul obstacle, Rocamir avec sa perspicacité et son courage, lui que l’on nomme le « Chasseur de monstres » Se proclamant grand botaniste, il exulte en révélant sa prodigieuse découvert. Il s’agit d’un aérolithe qui s’est écrasé non loin de sa « base ». Dans celle-ci il y avait de nombreuses graines qui, développées dans son laboratoire secret, donnèrent ces plantes, géantes pour certaines d’entre elles, et dont le parfum possède ces étranges propriétés. Mais le détective est un homme gênant et le criminel tente de s’en débarrasser en l’enfermant dans une serre remplie de plantes gigantesques. Il ne devra son salut que dans l’intervention du sorcier du village qui voit d’un mauvais œil son influence mais à mal par ce savant illuminé. Aidé par les hommes de sa tribut, il exterminera les membres des frères de la météorite, le monde est sauvé une fois de plus. A paris Silène est inquiète, elle souffre encore de cauchemars et pour cause :
« J’ai rêvé que Kevin me trompait, qu’il couchait avec cette mulâtresse, cette Judith ! »
Les Exploits par l’image du Célèbre « Chasseur De Monstres » un détective de choc du duo Laselle/Sanahujas
«Fils spirituel des « Ghost Finder », « Phanton Fighter » et autres « Napoléons de l’immatériel » que sont John Silence, Jules de Grandin, Sâr Dubnotal et bien entendu Harry Dickson, Kévin Rocamir, le détective des Rémois Laselle et Sanahujas a pour mission de nous replonger dans l’univers baroque des enquêteurs de série, la veine la plus populaire du « Policier fantastique » C’est en ces termes que François Ducos, débute la présentation de la Bande Dessinée « Les semeurs de cauchemars » et l’on ne pouvait pas faire plus bel hommage que d’associer les exploits de Kevin Rocamir aux aventures des détectives de l’impossible les plus fameux en la matière. Un hommage justifié et d’une importance essentielle lorsque l’on découvre avec un certain étonnement que les créations de Brice Tarvel ne sont pratiquement jamais citées.
Dans cette « sainte trinité » du genre, je dois avouer avoir une préférence pour ce séduisant personnage dont la physique pourrait se situer entre une héros d’Alexandre Dumas et un dandy de la fin du XIX éme. Athlétique, courageux et séducteur, afin de mieux vous présenter le personnage, je vous laisse en compagnie de la description faite par son créateur :
« Rocamir, grand barbu aux cheveux bruns et longs, affectionne les complets a carreaux, fume la pipe, pratique la boxe Française et le lancement de Boomerang. C’est un occultiste et alchimiste dilettante, ce qui lui rendra bien des services au cour des affaires exceptionnelles qui se présenteront a lui. Il est marié avec Silène, mais selon le rite de l’antédiluvienne civilisation de Mû, mariage ayant été célébré quelques années auparavant dans un temple perdu du Pacifique Sud. Kévin et Silène forment un brillant couple d’enquêteurs qui coupe souvent l’herbe sous les pieds du faire-valoir de service, le ventripotent commissaire Anthelms, Amédeé, Aime Chasseloup (A.A.A , pour les intimes) de la brigade spéciale de Paris. La B.S.P est un service annexe de la police, une sorte de brigade des maléfices. »
Voilà un descriptif des plus pittoresque, ce qui ne rend pas moins le personnage des plus sympathique. Le nom du personnage, vient d’un hommage que l’auteur voulait rendre au père de Harry Dickson. Il s’inspira d’une de ses aventures « L’île de Mr Rocamir » et le prénom fut tout simplement choisi sur un calendrier qui se trouvait devant lui. Je rajouterai que Rocamir est tout de même un fieffé coquin coureur de Jupons. Dans « Les semeurs de cauchemar » il ne résistera pas au charme de Judith, et les formes généreuses que lui accorde le dessinateur Sanahujas, sont assez explicites.
Un enquêteur des ténèbres hors norme qui hélas est resté trop longtemps dans les cartons de Brice Tarvel, faute de ne pas avoir trouvé d’éditeurs assez courageux pour poursuive l’aventure. Ce qui, je le répète une fois de plus est assez regrettable, tant les histoires sont palpitantes et le travail du dessinateur intéressant et original. Je ne suis pas un spécialiste de la bande dessinée, mais je suis rentré dans l’aventure avec un grand plaisir et certaines planches m’ont vraiment impressionnées. C’est un projet qui date de 1974 et le scénariste, travaillant étroitement avec le dessinateur cité plus haut, réalisèrent pas moins de cinq histoires qui nous attendent bien patiemment, et quelles histoires…..
- « Les hallucinés de Montebrune » Vers la fin de l’année 1927, un fou criminel rode dans la banlieue Parisienne. Celui-ci à la particularité de trancher les mains de ses victimes et de les emporter. Il compte pouvoir les animer un jour d’une vie propre.
- « Dossier Drachenstein » Le Dr Drachenstein a appris à se servir du Mana, cette énergie psychique qui a été utilisée par ceux qui ont érigé les statues de Pâques. Les monstres de pierre sèment la terreur et la mort.
- « Les têtes écarlates » Deux gardiens d’un phare de la cote Bretonne et une jeune femme sont sauvagement assassinées. Les cadavres sont retrouvés scalpés et percés de flèches. Quelques jours plus tard cette agression se renouvelle en Sologne, par une nuit de tempête : un marchand de remèdes miraculeux et sa fille adoptive seront eux aussi attaqué par des indiens.
- « La cité des ténèbres » Des Yétis ont été aperçus aux alentours de Mortepierre, un petit village de Lozère.
- « Wana Kong, allias la vipère noire ». Véritable fille de Fu-Manchu et pourquoi pas une sœur éloignée de Sumuru, cette étrange créature n’est aussi belle que vénéneuse. Scientifique et biologiste hors norme, sportive accomplie (pratique le Karaté et Yoga), dotée d’une force psychique prodigieuse (qu’elle utilise pour chauffer à blanc sa bague en forme de serpent et « marquer ainsi ses victimes »). Enfant, ces parents ont été sauvagement assassinés et depuis par réaction elle désire créer un monde utopique ou seulement « paix, science et beauté, auraient leur place ». Mais pour arriver a ses fins, un seul moyen : L’anéantissement de toute la civilisation….vaste programme ! (Comme dirait De Gaulle).
Sa fortune est colossale et proviendrait de la découverte d’un vaisseau extra-terrestre rempli d’or. C’est dans ce vaisseau qu’elle découvrit deux créatures appelées « Zorgoms » et qui vont devenir ces gardes fidèles : « Ils dépassent les deux mètres, sont d’une maigreur effrayante et possèdent de longs bras aux mains griffus. Leur visage est osseux, blafard, surmonté d’un crâne chauve, très développé et éclairé par de grands yeux fixes. Ils sont vêtus de guenilles. Les Zorgoms ont une affreuse manie : ils dévorent les yeux de leurs victimes. » La rencontre avec cette « déesse du mal « ne se fera pas sans heurt comme vous pouvez vous en douter et dans une folle histoire ou se mêlent, assassinats de prostituées, laboratoire secret, combat avec de repoussantes créatures, au final Rocamir succombera aux charmes de Wana. Celle-ci « marquera » au fer rouge son ultime amant, et se suicidera plutôt que de tomber aux mains de la police.
Voilà une scénario assez prometteur avec une héroïne hors du commun et qui n’est pas sans nous rappeler également une certaine « Mme Atomos »…..les mystères de l’Asie ! Cette ultime aventure du détective ne restera qu’à l’état de synopsis, dommage voilà une histoire qui, sur le papier, était sincèrement très alléchante.
Au final, un univers assez incroyable où Brice Tarvel nous dévoile une fois de plus tout l’amour et le respect qu’il porte à la littérature populaire. Car visiblement, à la lecture des synopsis, les références sont nombreuses, constituant un passionnant mélange des genres.
Le portrait type d’un sympathique mais non moins redoutable « Chasseurs de monstres » qui je l’espère trouvera peut-être un jour un mécène afin de lui permettre de nous régaler de ses extraordinaires aventures.
Deux autre aventures qui hélas restent dans les archives du célèbre détective
« Les doigts de foudre, une aventure de Max Corbelin, détective de l’obscur »
De Jean-Pol Laselle. Parution dans la revue « Le Fulmar » N°4, Septembre 1981.
Un misérable « traîne savate » est témoin d’une scène horrible sur les bords de Seine. Une élégante femme est victime d’un étrange phénomène, l’attaque de se qui semble être une araignée de feu ou de « quatre doigts avides de brûler et de déchirer ». Le malheureux est à son tour agressé après avoir entendu comme la plainte d’un chien, et sombre alors dans le néant. A son réveil, toute trace du cauchemar à disparu. Après mure réflexion il décide d’aller en parler à Corbelin, le détective réputé.
Arrivé a son cabinet, le fin limier est en fort bonne compagnie : Sa collaboratrice, Alice Champagne, Rigobert Chalivot le célèbre journaliste du « Chant du Coq », qui pour un temps est devenu le disciple du maître et enfin Dieudonné Malgrain, chef de la B.E.C (Brigade des enquêtes confidentielles).
Alors qu’il vient de terminer son récit, confortablement installé dans la douce chaleur du cabinet de Corbelin, la servante vient annoncer la visite d’un autre visiteur. C’est Oscar, le valet de Thémistocle Passevent, qui réclame cette fois assistance au détective, son maître est menacé de mort. En effet son patron vient de recevoir un message l’avertissant de partir de chez lui, sinon « Les doigts de foudre » frapperont avant peu. L’homme sera terrassé, malgré la protection du détective et de ses fidèles acolytes.
Mais le drame semble vouloir continuer, quelques jours après Corbelin reçoit un appel téléphonique, d’une danseuse de cabaret. La malheureuse vient de recevoir une lettre de menace. Le soir de la représentation, alors que l’on croyait tout danger écarté, la sinistre plainte se fait entendre. D’abord imperceptible, la terrible menace se fait de plus en plus précise :
« Ces espèces de boas aveuglants flottèrent un bref instant à hauteur d’homme, postillonnant des gerbes d’étincelles ».
Soudain, par un incroyable virement de situation, le détective saute au coup de Chavillot. Un terrible lutte s’engage, des coups s’échangent, Corbelin triomphe, tenant à bout de bras un sinistre trophée : Une main artificielle ! Rigobert se nomme en fait Emile Logniard et dans son habile prothèse, abritait une réserve de magnésium et des minuscules fléchettes de curare. Les quatre premiers doigts crachaient la substance lumineuse alors que le dernier décochait son redoutable projectile. La curieuse plainte « canine » n’était en fait que le bruit provoqué par l’air comprimé. Toute cette machination dans le seul but de la vengeance.
Il y a de cela plusieurs années Logniard avait cambriolé une bijouterie. Avant d être arrêté avec son complice, le magot fut caché, sous la maison de Passevent. L’agression manquée d’Ulysse était en réalité un test afin de tester la fausse main. Bettina, la danseuse de cabaret n’était coupable que d’être son ancienne maîtresse. C’est la jalousie qui le poussa à cette forfaiture. L’arrogance du criminel, le poussa par défit ou par folie,à vouloir devenir l’élève du maître afin probablement d’éprouver ses véritables compétences. Le criminel comprendra comme il se doit à ses dépends que jamais le novice ne peut surpasser son modèle !
Le »Fulmar » qui abrita de redoutables détectives de l’impossible. La belle et sulfureuse « Vipère noire » entre Mme Atomos et Sumuru…
Le célèbre détective au flegme et à la logique légendaire vient avec cette petite enquête « grossir » la famille des détectives des ténèbres. Bien qu’il s’agisse ici d’un « fantastique expliqué » l’ambiance de la nouvelle n’en est pas moins intéressante. Mort mystérieuse, lettre de menace, éléments surnaturels, retournement de situation, tous les éléments nécessaires à passer un bon petit moment de lecture. L’explication finale est un peu « rocambolesque » et meme tirée par les cheveux, mais par une habile « pirouette » l’auteur nous apporte une explication, digne d’un héros de fascicule populaire.
Corbelin nous est présenté comme un personnage implacable, très calme et surtout très insomniaque. Ces talents admirables furent au moins utilisés dans une affaire, évoquée lors de la réunion avec ses amis et collaborateurs, et où il est question d’un certain « Abdul Le Rouge » le sinistre sultan fantôme. Son arme redoutable, une hache d’abordage qui porte encore les traces de sang de ses victimes, est d’ailleurs le clou de sa collection entreposée dans « La cave aux reliques ». Un vaste cellier où le détective entrepose les objets récupérés lors de ses multiples combats face aux génies du crime. Voilà un fait unique dans les annales des détectives de l’impossible ou le héros fait preuve d’un certain fétichisme à l’égard des ses enquêtes passées. Il est aussi intéressant de constater, une fois n’est pas coutume que notre détective est entouré d’une jeune et ravissante assistante.
En résumé une carrière très brève, mais profondément marquée par une atmosphère fantastique et un désir sincère de la part de l’auteur de renouer avec la tradition populaire des détectives des ténèbres.
Ainsi j’achève provisoirement le tour d’horizon des œuvres de Jean-pol Laselle mais le dossier ne rentre pas pour autant dans les affaires « classées » puisqu’il sera bientôt venue l’heure de le rouvrir, mais cette fois sous le nom de Brice Tarvel qui pour notre plus grand plaisir vient de retrouver de nouvelles aventures de notre cher « Harry Dickson » et de nous faire l’honneur de nous présenter son dernier « héros », Nuz Sombrelieu.
Du pain sur la planche donc et voilà une rubrique qui n’est pas prête de voir la fin !
Dossier « Les Détectives De L’impossible«
Avant de passer aux exploits de Kevin Rocamir, je voudrais faire une petite parenthèse sur quelques « occasionnels » de cette noble profession des « détectives de l’impossible ». Au fur et à mesure cette rubrique se renouvellera de façon sporadique car c’est un domaine qui fut « taquiné » par un grand nombre d’auteurs, et ce parfois de manière purement anecdotique.
Martin Hewitt
- « La main de gloire » de Arthur Morrison, dans le recueil « La main de gloire » La renaissance du livre, collection « Le disque rouge ».1933. Traduit de l’anglais par René Lécuyer. Un autre volume contenant d’autres aventures du célèbre détective fut édité chez le même éditeur « L’étrange aventure du Nicobar » en 1932, mais seule la nouvelle portant le nom du volume référencé plus haut appartient au domaine du fantastique. Une curieuse histoire de la main coupée d’un pendu et qui posséderait certaines propriétés magiques est à la base de cette histoire qui baigne dans le surnaturel
René Vignaud
Pas vraiment un détective mais un journaliste qui n’a pas froid aux yeux et qui prêtera main forte à la police afin de débrouiller quelques cas insolubles et mystérieux.
- « La mort aux ongles longs » De Gille Hersay. Editions Ferenczi collection « Le Verrou » N° 7 1950. Plusieurs corps sont découverts, victimes visiblement d’une créature proche de la dessiccation. Le reporter va découvrir, que l’auteur de cette macabre série n’est autre qu’un cadavre mort depuis belle lurette et maintenu artificiellement en vie au moyen d’un sérum. Le savant « fou » responsable de cette forfaiture utilisait une machine qui émettait son rayon « W.K » capable de « téléguider » ce zombi à distance. La T.S.F au service du crime….
- « Le chant des suicidés » De Gille Hersay Editions Ferenczi collection « le Verrou » N° 27. 1951. Première édition Ferenczi collection « Crime et police » N° 59. 1934. Vignaud intervient en gironde suite à la disparition d’un de ses amis. Dans la région une légende se répand au sujet d’une jeune et belle femme qui serait à l’origine d’une vague de suicides. Lorsqu’il lui rend visite, il est fait prisonnier et, attaché reçoit le baiser… d’un lépreux. La charmante créature, victime elle-même de la redoutable maladie, décide telle la mante religieuse, de tuer ses prétendants en leur inoculant l’effroyable germe. Ce qui explique cette vague de suicide, les victimes en proie à la folie, préférant mettre un terme à leur existence. La vindicte populaire mettant fin aux agissements de la vénéneuse créature, Vignaud sera sauvé grâce au vaccin miracle injecté en catastrophe. Dangereux le métier de journaliste !
Barnabas Hildreth
Officier de l’intelligence service, grand spécialiste des affaires insolites, il est le seul à pouvoir dénouer les enquêtes les plus bizarres et improbables. Né sous la plume de Vincent Cornier c’est grâce à la perspicacité de la revue « Mystère Magazine » que les lecteurs Français découvrirent les exploits de cet enquêteur hors du commun. Ce singulier personnage apparaîtra dans au moins quatre aventures, apportant ainsi la pleine mesure de son talent et de ses capacités :
- « La balle au bois dormant » Mystère Magazine N° 17 5Juin 1949). Comment une balle tirée il y à plus de 200 ans peut-elle traverser sa victime.
- « Odeur Mortelle » Mystère Magazine N° 19 (Août 1949). Une curieuse enquête ou bien avant « l’invention » de la bombe atomique (L’histoire fut publiée pour la première fois en 1935), il est question d’un cadavre pétrifié et « irradié ».
- « La mante qui riait » Mystère Magazine N° 21 (Octobre 1949). Une étrange « mante » d’origine très ancienne, tissée de fils d’or, possède la curieuse caractéristique d’émettre un ricanement sinistre lorsqu’on la bouge. Mais le plus terrible, c’est qu’elle tue toutes les personnes qui s’approchent d’elle.
- « La chose » Mystère Magazine N° 57 (Octobre 1952). Une créature sème la terreur dans un petit village, des corps sont retrouvés horriblement mutilés.
L’inspecteur Skipp
– « La rue ou errait la mort » de Henriette Robitaillie. Maison de la bonne presse, collection « La frégate ». 1949. Un roman où plusieurs personnes sont retrouvées, foudroyées par une mort mystérieuse. Seul indice, une curieuse et profonde brûlure qui semble avoir transpercée la chair. Le coupable, involontaire est encore un professeur ayant découvert une puissante matière irradiante, la « Brownite ». Le savant va découvrir trop tard que malgré un épais étui de plomb, la matière sur courte distance et en présence d’un métal commun, conserve sa redoutable propriété de diffusion. Responsable de ces meurtres malgré lui, il préférera se donner la mort.
Max Kearny
- « La dernière enquête de Kearny » de Ron Goulard, parution dans la revue « Fiction » N° 266 Février 1976 (page 129 à 144). Notre détective de l’occulte va enquêter sur « L’agence fantôme » une boite spécialisée dans la magie et la sorcellerie. Cette « dernière enquête » fut hélas la seule et unique apparition en France de cet amusant détective.
Détective X
-« La mort ……et toi toute seule » de Serge Jacquemard. Editions Fleuve Noir collection « Spécial police » N°1254.1976. Dans mes références je n’ai pas retrouvé le nom de ce privé qui sera contacté par une femme dont le mari vient de disparaître. Son enquête le conduira dans un mystérieux château où pour survivre, ses deux occupants tuent des jeunes personnes afin de se glisser dans leurs corps par des procédés magiques. Il s’agit de templiers se refusant de mourir. L’histoire se terminera dans un bain de sang.
Russel V.Chillders
- « Les germes du diable » de Jory Sherman. Librairie des Champs-Élysées, Collection « Le masque fantastique ».1980. Dans une région reculée des Etats-Unis, des animaux puis des êtres humains sont massacrés et vidés de leur sang. Russel V.Chillders, « Investigateur professionnel des phénomènes psychiques » mène l’enquête et va se trouver plonger dans une affaire ou démonologie et occultisme risquent de faire vaciller sa raison.
D’après mes sources quatre autre de ses aventures existeraient aux USA.
Dr Jeremy Sanders
– « Un loup pour l’homme » de Richard Nolane. Parution dans la revue Antarès N° 4 (1982) Créé par le grand spécialiste de la littérature fantastique, Richard Nolane de son vrai nom Olivier Raynaud, cette aventure met en scène ce spécialiste des « Enquêtes extralucides ».
Dans la nouvelle « Un loup pour l’homme » notre détective traque un loup garou qui contrairement au modèle du genre se transforme en homme pour assouvir ces instincts les plus vils. Une étrange histoire de métamorphose inversée….original !
Frederica Master & Francis St Clare
- « Dis moi qui tu hantes ».Parution dans la revue Antarès N° 20. Longue nouvelle de Ronald Chetwynd Hayes où il est question d’une étrange maison hantée. Nos deux héros devront exercer leurs talents de détectives « Para-psychique » et ceci sur un ton plutôt humoristique.
Karel Dekk
- « Espion de l’étrange » de Karell Dekk (Serge Lehman) Edition Fleuve Noir « Anticipation » N° 1842. 1991. C’est une « histoire dans l’histoire » ou le héros écrit un livre racontant les faits réels qui lui sont arrivés lors d’une transaction pour le moins étrange et qui va le conduire à passer « de l’autre coté du miroir » et de devenir ainsi « Espion de l’étrange ».
- « L’homme qui voulait sauver l’univers » Nouveaux mondes de la science fiction. Ailleurs et autre. Miniature N°7. 1991.
- « Sur l’échine de la grande ourse » Revus « Planète à Vendre » N° 12.1992.
- « Collector » Revue Yellow Submarine » N° 100.1993.
- « Le système Dougoujief » Revue « Yellow Submarine » N° 121. 1996.
Sadie Sumerskill & Christopher Swann
- « Whitechapel » de Laure Odéne. Editions Florent-Massot collection « Poche révolver fantastique ». 1997. Tout est dans le titre et nos deux détectives vont se retrouver à lutter contre un redoutable fantôme que l’on croyait mort à jamais. Suite a la réouverture de l’ancienne station de métro de Whitechapel, une vague de crimes horribles signée par un scalpel d’argent affole la population. Une lutte contre « le mal à l’état pur » s’engage.
La page se referme provisoirement, les prétendants sur la liste se bousculent, à très bientôt donc pour de nouvelles aventures.
Je crois qu’un des éléments qui m’a fait aimé la vieille anticipation, en dehors bien évidemment de sa richesse thématique, est certainement le coté loufoque voir même surréaliste des titres de certains de ses ouvrages. Il est possible de se rendre compte de l’ingéniosité et de la démesure de certains auteurs rien qu’à la lecture des intitulés de leurs livres.
Orthographe revisitée, invention de nouveaux mots, de noms d’illustres savants et de planètes lointaines, de terres inconnus, de cités fabuleuses , de phrases énigmatiques, de mystérieuses associations, de qualificatif ronflants,tout y passe et bien souvent ils seront les garants de découvertes extraordinaires.
Pour les curieux que nous sommes et dont la fringale de lectures passionnées et passionnantes, il est parfois difficile d’arriver dans un état de satiété livresque mais cette faim insatiable sera parfois calmée par la découverte d’un titre et d’une œuvre dans laquelle nous trouverons un répit momentané. Parfois tout est le dans titre et lorsque l’on voit le doux intitulé qui, en première page nous explose à la figure comme autant de promesses à d’agréables nuits blanches, comment ne pas succomber à la contemplation de tels ouvrages : « l’homme qui a été mangé », « La planète des cocus », « Culture de l’humanité », « Prodigieuse découverte et ses incalculables conséquences sur la destinée du monde », « Tréponème », « Le faiseur d’hommes et sa formule », « Le peuple du pôle », « L’homme qui peut tout », « La guerre des vampires », « Sous leurs doubles soleil des Dryméennes chantent » et « Dryméa monde de vierge », « La Babylone électrique »,« La cité des suicidés ou des asphyxiés »,« Rob.Hinsonn-Crousô » et autres « Faiseurs de folles » Honnêtement, il y a de quoi clouer le bec des plus septiques.
Je ne vais peut-être pas faire preuve d’une grande clairvoyance, mais c’est d’abord le titre de l’ouvrage qui attise mon appétit, ensuite je regarde l’illustration de couverture (s’il y en a une c’est encore mieux) et ensuite je regarde le nom de l’auteur. Je guette le moindre mot ou adjectif qui pourrait déclencher en moi tout un système d’alerte qui du cerveau lance le signal à mon bras de façon à ce que celui-ci se saisisse le plus rapidement possible de l’objet, sous les yeux consternés de mes voisins de « chine ». Comme quoi, l’anticipation ancienne développe les réflexes !
Aujourd’hui je vais vous parler d’un titre qui m’a toujours, plus que phanstamer, fait délirer pour son titre très évocateur et jubilatoire : « Le club des toqués ».
J’ai toujours adoré ce titre car non seulement je trouve le terme extraordinaire, mais surtout parce qu’il désigne bien souvent des personnages assez exubérants et rarement dangereux. De plus le fait d’appartenir à un club, implique un regroupement de toute une ribambelle de « doux cinglés » et dont la folie peut abriter certainement un « je ne sais quoi » de génial et de délirant.
La première fois où j’ai rencontré cet ouvrage, c’était comme beaucoup d’entre nous, dans l’encyclopédie de Versins, mais le personnage fut assez chiche en renseignements et ma recherche sur le net ne me renseigna guerre plus. A force de persévérance, (une qualité essentielle dans notre domaine) il m’a été possible de trouver le précieux ouvrage. De cet auteur je possédais déjà « Sous les eaux » , et Versins parlait d’une réédition du texte « Le testament du Dr Faragus » provenant du volume cité précédemment.Mais que cache vraiment ce « Club des toqués », que font-ils, qu’el est leur but ? Autant de questions qu’il m’a été possible d’élucider à la lecture du recueil.
Ce « Club » appelé aussi « Fool’s club » est une joyeuse assemblée de scientifiques et d’hommes du monde, tous avec de bonnes situations ou en passe d’embrasser une honorable carrière et qui se réunissent tous les soirs dans un petit appartement loué à cet effet. Plutôt que de se mélanger à la vulgarité d’un bar ou d’une taverne, ils préfèrent la quiétude d’un petit local entre gens de bonne compagnie. Mais ce n’est pas pour autant qu’ils dédaignent bières et alcools, généreusement délivrés par la concierge la mère Grimblot et ce bien sûr moyennant fiance. Cette joyeuse bande se constitue d’une vingtaine de personnes aux noms aussi farfelus que cocasses : Mr Stradivarius, Mme Popotte, Mr Pistil, Reine en bordée, etc. …..
Le but de ces réunions, outre le privilège d’être entre individus de bonne condition, sera avant tout de se raconter à tour de rôle des histoires. Mais attention, des histoires véridiques tout autant qu’extraordinaires. Autre règle fondamentale, un seul récit par semaine et il faut le terminer avant minuit. A cette heure, les honnêtes gens qui travaillent doivent se reposer. C’est ainsi que débute l’ouvrage, avec une présentation des règles intérieures du « Club des toqués », suivit par les différentes histoires des quelques membres permanents.
Dans l’ouvrage initial, le « Testament du Dr Faragus » est divisé en trois parties, avec au milieu l’intervention de « Reine de bordée » et de « Quibus ». Le récit de Faragus étant trop long, il fut nécessaire afin de respecter le règlement, de la raconter sur plusieurs soirées. Le dernier chapitre clôturant le recueil est assez amusant car l’auteur écrit en ces termes :
« Ici finissent mes notes sur le « Fool’s Club ».
Le club a disparu.
Les toqués sont restés.
Et depuis ces jeunes années envolées, la mort fauche sans relâche autour de nous. A mesure que l’un tombe, la petite phalange se serre bien encore la main, mais la place vide ne se remplit plus…..
C’est que la jeunesse s’est aussi enVolée. Chacun, attaché à la glèbe de la vie, féconde de son coté, et, se croyant un fort, ne cherche plus à sentir le coude de son voisin le labeur.
Ainsi va le monde, et, pour copie conforme, le dernier des toqués signe ici ».
H. B.
- « Le club des Toqués, aventures sous-marines, sublunaires et autres » de H.De La Blanchére. M Dreyfous Editeur. « Bibliothèque d’aventures et voyages ».277 Pages.1878
- Le règlement.
- Histoire de Mme Popotte.
- Les plantes qui marchent.
- Une causerie avec Vénus.
- Le testament du Dr Faragus (1ére partie).
- Le grand trou.
- « Red-Lion-Court » Le testament du Dr Faragus (2éme partie).
- La fin du monde.
- « Catastrophe » Le testament du Dr Faragus (3éme partie).
- Fermons la porte.
- En partie réédité, avec uniquement « Le testament du Docteur Faragus » sous le titre : « Sous les eaux » Librairie Théodore Lefèvre & Cie. Illustrations de Vierge et Ferat. 1883. 262 Pages. Reliure éditeur.
- Réédition de « Sous les eaux » dans la revue « Le journal des voyages » 1ére série du 4 Octobre 1891 (N° 743) au 21 Février 1892 (N° 763).
En cliquant sur le lien ci-dessous vous obtiendrez l’image de la couverture du N°du « Journal des voyages »
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k398735.image.f210.pagination.langFR
« L’étrange aventure de Pierre Fontramie » de J.L.Gaston Pastre. Société de la revue « Le feu » 1920 (Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de fantastique N°18 Juillet 1997)
Pierre Fontramie, jeune et dynamique aventurier, reçoit un beau matin une invitation du mystérieux duc de Palerme. Celui-ci vient de le convier à participer à une exploration aux confins du Tibet. Dégagé de toute contrainte, il accepte avec enthousiasme cette proposition.
A Tripoli, après un voyage sans encombre, il est reçu par un élégant officier qui l’invite à prendre place dans une étrange embarcation afin de le conduire sur l’île de Yerta. Arrivé à destination, il fera la connaissance du duc ainsi que de quelques un de ses amis dont le plus extraordinaire semble être le professeur Lauricci. C’est un génial inventeur, dont l’aspect très banal, cache portant un brillant cerveau. Ainsi, c’est lui qui bouleversera la vie des habitants de l’île, ou tout fonctionne à l’électricité mais surtout il est le génial inventeur d’un nouveau métal : le Palernium. Possédant des caractéristiques extraordinaires, il équipe entre autre un magnifique mono rail, moyen de transport le plus utilisé dans ce havre de paix.
Toutefois le couronnement de cette fabuleuse visite se fera lors de la visite de la « Rondine », un avion de 180 mètres de large. Cet immense oiseau métallique aux ailes prodigieuses possède un équipement dépassant en perfectionnement technologique ce que la science de l’époque peut fournir à la civilisation. Des moteurs actionnés à l’électricité cela va de soi, mais avec une autonomie illimitée car recevant directement la précieuse énergie d’une immense centrale se trouvant sur l’île. Le fluide est ainsi « véhiculé » par un système d’ondes électromagnétiques. C’est à bord du puissant appareil que le voyage va s’effectuer.
Le jour du départ, le « Rondine » s’élève majestueusement dans les airs et Fontramie découvre alors quelques unes des merveilles du bord comme cette gélatine vitrifiée, souple et translucide et pratiquement invulnérable. Elle permet en outre la transmission des vibrations de la voix lorsque l’on parle avec un masque à oxygène : utile à très haute altitude.
Le voyage se poursuit à la limite monotone (pour eux comme pour le lecteur) et chaque pays traversés donne suite à d’interminables dissertations philosophiques. Fort heureusement le Tibet est enfin en vue lorsque l’avion est soudainement frappé par un gigantesque éclair le forçant à se poser dans une immense et providentielle clairière. Mais l’atterrissage ne se fait pas sans quelques sueurs froides car il faut à l’appareil éviter d’imposantes falaises. Cette zone est véritablement cachée au cœur d’une majestueuse chaîne de montagnes.
Au sol, chacun s’occupe comme il le peut et Pierre en profite pour mener une petite exploration du site. La curiosité étant un vilain défaut l’aventurier sera enlevé, ainsi que l’ensemble de l’équipage, après avoir sombré dans un sommeil artificiel. Le réveil se fera en douceur, la bouche pâteuse certes mais en présence de curieux individus, habillés de façon fort étrange et parlant semble t-il…le Grec ancien ! Il leur faudra plusieurs jours de captivité pour que le mystère perde un peu de son épaisseur.
La population de cette vallée, provient d’un corps expéditionnaire Gréco Romain fort de 15000 hommes et traînant avec lui femmes et enfants et qui fut coupé de l’armée principale de l’empereur Julien alors en campagne contre la Perse. Pour des raisons »mystérieuses », ils se retrouvèrent après un long périple dans cette contré située aux premières pentes du Tibet où ils fondèrent une colonie. Par la suite,un cataclysme ferma complètement l’unique passage menant à la vallée. Malheureusement, les nouveaux venus ne sont pas perçus d’un bon œil, la voie des airs est celle qu’emprunte les démons, mauvais présage…destin funeste ! Il ne restera plus qu’au sénat de décider du destin des infortunés naufragés, rien de bon en prévision.
Le sort va se jouer sur un incroyable coup de hasard où Fontramie sauve de la noyade un des « principaux » de la cité, permettant ainsi un sursis et une relative liberté à nos rescapés. Les journées s’écoulent paisibles et monotones, dans une contrée aux allures idylliques et petit a petit, la curiosité laisse place au désespoir. Le mal du pays commence à se faire sentir avec le sénat qui parle de plus en plus de détruire la « Rondine ». Celui-ci pense que la technologie ainsi apportée ne peut que nuire à leur société ou toute forme d’évolution est exclue. Fontramie lui, fait un peu la sourde oreille car il est en train de vivre le parfait amour avec Arkaïa, si douce que son nom est aussi celui de la colonie.
Du coté de l’équipage, des plans d’évasion commencent a s’échafauder, deux hommes téméraires tenteront même une fuite par les airs, peine perdue car leur bonne volonté finira écrasée sur le sol. Un passage possible sera découvert prés d’un volcan mais celui-ci est impraticable. Leur désespoir ne fera que croître lorsqu’au retour ils contempleront les « restes » de la « Rondine » entièrement démontée et saccagée. Peu de temps après, une nouvelle menace gronde, du coté des éléments cette fois, le volcan manifeste quelques signes d’activité.
La population murmure que la colère des dieux est attisée par la présence des étrangers. Dans la panique générale, Fontramie n’a pas que des ennemis et apprend l’existence d’une galerie creusée dans la falaise et réalisée au début de la création de cette communauté. Entreprise de façon clandestine, à l’époque les ouvriers furent tous empoisonnés, et le tunnel rebouché. Aidés par l’éruption soudaine du volcan qui débloquera de manière accidentelle cette issue salvatrice, les deux amants s’échappent, en compagnie de l’équipage, dans une course effrénée laissant derrière eux, un peuple en révolte et un cataclysme d’une force inouïe. Arrivés de l’autre coté de la falaise ils perçoivent un terrible grondement et un gigantesque rougeoiement qui embrase l’horizon. Après plusieurs jours d’une marche forcée, ils trouveront le salut dans une providentielle caravane de thé qui les ramènera à la civilisation. Seule la princesse Arkaïa sera le témoin vivant de cette extraordinaire aventure.
Le constat d’un échec
Cet ouvrage trouverait parfaitement sa place dans une étude du style « La S.F à la lueur d’une lampe à pétrole ». En effet si la thématique peut sembler intéressante au premier abord, elle s’enlise vite dans une « Robinsonnade » qui hélas tombe à plat. Le roman de Pastre est parfaitement divisé en deux parties. La première, très alléchante et prometteuse nous apporte son lot de savant génial et d’inventions merveilleuses. Les idées sont classiques (omniprésence de l’électricité comme énergie révolutionnaire) mais la datation du roman nous laisse présager certaines innovations dans le domaine.
Toutefois il nous faut émettre un petit bémol, car le transport des « fluides » électriques fut déjà largement exploité entre autre dans l’ouvrage de Henry Barbot « Paris en feu, Ignis Ardens » en 1914. Le « Palernium » nous est présenté comme une nouvelle matière exceptionnelle et dont les propriétés de légèreté et de résistance, nous révèlent bien l’importance à cette époque de doter les avions de matériaux innovants afin de les rendre plus performants. A cette époque beaucoup d’auteurs utiliseront ce moyen de transport comme l’aboutissement d’une certaine technologie et de la marque du triomphe de l’homme sur le progrès.
Le second volet, nous plonge également dans une autre thématique chère à nos auteurs de conjectures avec la découverte d’une ancienne civilisation, ayant vécue en autonomie complète parce que totalement isolée du reste du monde. Un ouvrage de plus à ranger dans la catégorie « Mondes perdus » avec ici également une certaine réserve quand à l’originalité du développement de l’intrigue. En réalité, c’est ici que l’auteur s’enlise nous prouvant un certain manque d’imagination. A l’endroit où Lermina/Robida nous comblèrent d’un époustouflant « Mystére-Ville », Pastre de son coté nous plonge dans une société archaïque où rien n’a évolué, où les maisons ne possèdent même pas de vitres aux fenêtres. Pas l’ombre des « Douches phoniques » et des « serres photophoniques » qui nous avaient enthousiasmé dans le texte de William Cobb.. Cette antique civilisation Gréco-romaine se figea littéralement sans essayer d’améliorer son quotidien.
La faute en incombe peut-être au Sénat, préférant une société d’incultes, plutôt que de lutter contre une assemblée de savants. Je pense fortement que l’auteur ne possédait pas au moment de la rédaction de ce roman la verve et l’imagination délirante de biens des auteurs qui lui succédèrent (pourtant il s’agit là de son meilleur roman à mon goût). Par moment nous avons vraiment l’impression que le talent de certains auteurs de cette période, redoutaient une forme de « quand dira t-on » ou de « ce n’est pas trop sérieux d’écrire de telles énormités » (voir article sur le prix « Jules Verne »). Il existait réellement un cloisonnement dans le « scientifiquement correct » (fort heureusement il y a de magnifiques exceptions).
Beaucoup d’auteurs ne possédaient pas cet esprit à la fois technique et imaginatif, permettant de créer une technologie nouvelle, basée sur des données différentes. Pourtant bons nombres de précurseurs donnèrent le ton juste et il manqua certainement la petite étincelle suffisante et indispensable à créer une réelle dynamique. Héla une preuve supplémentaire que dans le contexte de l’époque il était très difficile de concevoir de nouvelles cultures et une idéologie radicalement opposée aux grands courants de l’évolution des espèces. En résumé des esprits inventifs mais cloisonnés par une imagination parfois un peu trop étriquée. Pour preuve cette dualité si timide entre le bien et le mal, science et sagesse, semant le trouble dans la ville d’Arkaïa.
Voilà pourquoi en dépit d’un argument résolument conjectural, celui-ci reste malheureusement victime de son époque et rédigé d’une main hâtive à la lueur tremblante d’une lampe à pétrole. Des idées intéressantes mais fragiles et rétrogrades, trop peu puissantes pour percer les ténèbres de la science. Fort heureusement, le domaine est vaste, une grande partie reste encore à explorer, et la découverte de territoires insoupçonnés plus que probable.
Sur L’auteur
Les quelques renseignements qui suivent proviennent d’un article de Jean Luc Buard que l’on trouvera dans la revue « Le Petit Détective » N°8, Septembre 1991. Article précédé d’une analyse sur « L’étrange aventure de Pierre Fontramie ». Ce qu’il y a d’intéressant c’est que nous arrivons à peu-prés à une conclusion identique concernant les qualités littéraire de l’ouvrage : des idées mais mal exploitées et abordées très timidement, donnant à l’ensemble un arrière goût d’inachevé pour ne pas dire de bâclé.
J.L Gaston Pastre, Jules Louis de son prénom est probablement originaire du Sud de la France, de Montpellier semble-t-il. Cet auteur sera connu grâce à l’obtention du convoité « Prix jules Verne » organisé par la célèbre revue « Lecture pour tous ». Suite à cette récompense, l’auteur produira la majeure partie de son œuvre conjecturale pour cette dernière et l’on perdra toute trace de l’homme et de sa production en 1939.
Visiblement passionné d’histoire, il rédigea plusieurs ouvrages sur Napoléon et un autre sur la restauration. Marqué par la première guerre mondiale, on compte également dans sa bibliographie au moins trois volumes dans ce domaine. En regard de sa production « conjecturale » il est possible de noter une constance dans sa thématique : L’avion et le bateau. Une très grande partie de sa « fibre anticipatrice » se concentrera sur les possibilités à perfectionner les moyens de transport aériens ou maritimes, bien que par moment il tentera d’associer les deux comme dans « Le palace à la dérive ». Mais ses perfectionnements aussi « classiques » qu’ils soient (ce genre d’évolutions techniques sont relativement courantes dans la productions de l’époque) il est intéressant de noter qu’elles servent bien souvent la folie des hommes et faire progresser la machine de guerre.
Quand à l’éditeur, dont il est assez rare de rencontrer la production, était une revue mensuelle de littérature et de sciences, créée en 1905 à Aix en Provence, qui publia d’après mes recherches de nombreux ouvrages sur le régionalisme et la tauromachie.
Bibliographie des œuvres de J.L.Gaston Pastre
- « L’étrange aventure de pierre Fontramie ». Société de la revue Le Feu.1920.
- « La neuvième croisade » Ouvrage répertorié par Jacques Van Herp. Editions Plon-Nourrit &Cie. 1926. Parution en pré-original dans la « Revue Indépendante » ?
- « Le secret des sables » de J.L.Gaston Pastre. Edition pré- originale dans la revue « Lecture pour tous » Juin/Juillet/Août 1928. Illustré par G.Dutriac. Réédition en volume « Collection prix Jules Verne ».1928. Illustré par G.Dutriac. Réédition « Lisez moi aventure » N°46 (15Mars 1950) N°46 (1 Avril 1950) N°47 (15Avril 1950) N° 48 (1 Mai 1950)
- « La ville aérienne » Librairie Hachette. Bibliothèque verte, nouvelle bibliothèque d’éducation et de récréation. 1928.
- « Le palace à la dérive » Librairie Hachette.1929.
- « Les puits tragiques » dans la revue « Lecture pour tous » Août/Septembre/Octobre 1932.
- « Les pirates de la Hanse » dans la revue « Lecture pour tous » Juin 1936.
- « L’île Z » dans la revue « Lecture pour tous » Juillet 1936.
- « Le capitaine Alvez » dans la revue « Lecture pour tous » Septembre/Octobre/Novembre 1937.
- « Le grand complot de 1950 » dans la revue « Lecture pour tous » Janvier 1938.
- « Le capitaine Alvez » Les éditions des Loisirs « Loisirs/Aventures. 1939.
- « Les avions de la mort (roman de la guerre future) » dans la revue « Lecture pour tous ». Mars/Avril/Mai 1939.
- « Les sous marins fantômes » dans la revue « Lecture pour tous » Novembre/Décembre 1939, Janvier 1940.
Reste à savoir ce que renferme des titres aussi mystérieux que :
- « Sous les griffes du mandarin » éditions Hachette.
- « Une étourdissante aventure » éditions Tallandier.
- « L’amour sous le masque » éditions Tallandier.
- « L’île d’épouvante » éditions Tallandier.