Dossier « Les Détectives De L’impossible »
« Les semeurs de cauchemars, une aventure de Kevin Rocamir, le chasseur de monstres »
Texte de J.P.Laselle, dessins de Sanahujas. Parution dans la revue « Le Fulmar » N° 6, 4éme trimestre 1981.
Une étrange épidémie semble vouloir frapper certains quartiers de Paris. Kevin Rocamir et Sélène son épouse, tout comme le brave Chasseloup sont victimes d’horribles cauchemars et dont les conséquences faillirent tourner au tragique. Quelques jours après, ils reçoivent une curieuse lettre de menace et portant la signature d’une mystérieuse association « Les frères de la météorite ».
Aussitôt au travail, Rocamir fait très vite le lien entre leurs cauchemars et la présence chez chacun de protagonistes d’une étrange plante dont les fleurs exhalent un parfum entêtant. Les rêves se poursuivent de plus en plus inquiétants et « réels », on frôle la catastrophe, les victimes manquent de mourir dans d’affreuses circonstances. Rocamir parvient à découvrir l’adresse de la fleuriste qu’il lui avait livrée l’étrange pot de fleurs, mais peine perdue, celle-ci se suicide lorsqu’elle découvre la terrible menace. Boulevard de Clichy, la belle Judith se trouve également en proie à d’horribles cauchemars et décide de se rendre chez le célèbre détective, car elle sent se vie menacée. Un homme de couleur noire lui emboîte le pas….C’est son amant, un homme de la mystérieuse confrérie. Peu discret il sera capturé par Rocamir et avant d être assassiné par un de ses complices il aura le temps de lui révéler que leur chef se trouve en Centre Afrique dans les montagnes de feu. Rocamir se lance dans l’aventure en compagnie de Judith.
Sur Place, son expédition sera capturée par les redoutables frères de la météorite. La rencontre avec le cerveau de l’affaire est assez incroyable, l’homme un illuminé rêve de conquérir l’Afrique…le monde. Son seul obstacle, Rocamir avec sa perspicacité et son courage, lui que l’on nomme le « Chasseur de monstres » Se proclamant grand botaniste, il exulte en révélant sa prodigieuse découvert. Il s’agit d’un aérolithe qui s’est écrasé non loin de sa « base ». Dans celle-ci il y avait de nombreuses graines qui, développées dans son laboratoire secret, donnèrent ces plantes, géantes pour certaines d’entre elles, et dont le parfum possède ces étranges propriétés. Mais le détective est un homme gênant et le criminel tente de s’en débarrasser en l’enfermant dans une serre remplie de plantes gigantesques. Il ne devra son salut que dans l’intervention du sorcier du village qui voit d’un mauvais œil son influence mais à mal par ce savant illuminé. Aidé par les hommes de sa tribut, il exterminera les membres des frères de la météorite, le monde est sauvé une fois de plus. A paris Silène est inquiète, elle souffre encore de cauchemars et pour cause :
« J’ai rêvé que Kevin me trompait, qu’il couchait avec cette mulâtresse, cette Judith ! »
Les Exploits par l’image du Célèbre « Chasseur De Monstres » un détective de choc du duo Laselle/Sanahujas
«Fils spirituel des « Ghost Finder », « Phanton Fighter » et autres « Napoléons de l’immatériel » que sont John Silence, Jules de Grandin, Sâr Dubnotal et bien entendu Harry Dickson, Kévin Rocamir, le détective des Rémois Laselle et Sanahujas a pour mission de nous replonger dans l’univers baroque des enquêteurs de série, la veine la plus populaire du « Policier fantastique » C’est en ces termes que François Ducos, débute la présentation de la Bande Dessinée « Les semeurs de cauchemars » et l’on ne pouvait pas faire plus bel hommage que d’associer les exploits de Kevin Rocamir aux aventures des détectives de l’impossible les plus fameux en la matière. Un hommage justifié et d’une importance essentielle lorsque l’on découvre avec un certain étonnement que les créations de Brice Tarvel ne sont pratiquement jamais citées.
Dans cette « sainte trinité » du genre, je dois avouer avoir une préférence pour ce séduisant personnage dont la physique pourrait se situer entre une héros d’Alexandre Dumas et un dandy de la fin du XIX éme. Athlétique, courageux et séducteur, afin de mieux vous présenter le personnage, je vous laisse en compagnie de la description faite par son créateur :
« Rocamir, grand barbu aux cheveux bruns et longs, affectionne les complets a carreaux, fume la pipe, pratique la boxe Française et le lancement de Boomerang. C’est un occultiste et alchimiste dilettante, ce qui lui rendra bien des services au cour des affaires exceptionnelles qui se présenteront a lui. Il est marié avec Silène, mais selon le rite de l’antédiluvienne civilisation de Mû, mariage ayant été célébré quelques années auparavant dans un temple perdu du Pacifique Sud. Kévin et Silène forment un brillant couple d’enquêteurs qui coupe souvent l’herbe sous les pieds du faire-valoir de service, le ventripotent commissaire Anthelms, Amédeé, Aime Chasseloup (A.A.A , pour les intimes) de la brigade spéciale de Paris. La B.S.P est un service annexe de la police, une sorte de brigade des maléfices. »
Voilà un descriptif des plus pittoresque, ce qui ne rend pas moins le personnage des plus sympathique. Le nom du personnage, vient d’un hommage que l’auteur voulait rendre au père de Harry Dickson. Il s’inspira d’une de ses aventures « L’île de Mr Rocamir » et le prénom fut tout simplement choisi sur un calendrier qui se trouvait devant lui. Je rajouterai que Rocamir est tout de même un fieffé coquin coureur de Jupons. Dans « Les semeurs de cauchemar » il ne résistera pas au charme de Judith, et les formes généreuses que lui accorde le dessinateur Sanahujas, sont assez explicites.
Un enquêteur des ténèbres hors norme qui hélas est resté trop longtemps dans les cartons de Brice Tarvel, faute de ne pas avoir trouvé d’éditeurs assez courageux pour poursuive l’aventure. Ce qui, je le répète une fois de plus est assez regrettable, tant les histoires sont palpitantes et le travail du dessinateur intéressant et original. Je ne suis pas un spécialiste de la bande dessinée, mais je suis rentré dans l’aventure avec un grand plaisir et certaines planches m’ont vraiment impressionnées. C’est un projet qui date de 1974 et le scénariste, travaillant étroitement avec le dessinateur cité plus haut, réalisèrent pas moins de cinq histoires qui nous attendent bien patiemment, et quelles histoires…..
- « Les hallucinés de Montebrune » Vers la fin de l’année 1927, un fou criminel rode dans la banlieue Parisienne. Celui-ci à la particularité de trancher les mains de ses victimes et de les emporter. Il compte pouvoir les animer un jour d’une vie propre.
- « Dossier Drachenstein » Le Dr Drachenstein a appris à se servir du Mana, cette énergie psychique qui a été utilisée par ceux qui ont érigé les statues de Pâques. Les monstres de pierre sèment la terreur et la mort.
- « Les têtes écarlates » Deux gardiens d’un phare de la cote Bretonne et une jeune femme sont sauvagement assassinées. Les cadavres sont retrouvés scalpés et percés de flèches. Quelques jours plus tard cette agression se renouvelle en Sologne, par une nuit de tempête : un marchand de remèdes miraculeux et sa fille adoptive seront eux aussi attaqué par des indiens.
- « La cité des ténèbres » Des Yétis ont été aperçus aux alentours de Mortepierre, un petit village de Lozère.
- « Wana Kong, allias la vipère noire ». Véritable fille de Fu-Manchu et pourquoi pas une sœur éloignée de Sumuru, cette étrange créature n’est aussi belle que vénéneuse. Scientifique et biologiste hors norme, sportive accomplie (pratique le Karaté et Yoga), dotée d’une force psychique prodigieuse (qu’elle utilise pour chauffer à blanc sa bague en forme de serpent et « marquer ainsi ses victimes »). Enfant, ces parents ont été sauvagement assassinés et depuis par réaction elle désire créer un monde utopique ou seulement « paix, science et beauté, auraient leur place ». Mais pour arriver a ses fins, un seul moyen : L’anéantissement de toute la civilisation….vaste programme ! (Comme dirait De Gaulle).
Sa fortune est colossale et proviendrait de la découverte d’un vaisseau extra-terrestre rempli d’or. C’est dans ce vaisseau qu’elle découvrit deux créatures appelées « Zorgoms » et qui vont devenir ces gardes fidèles : « Ils dépassent les deux mètres, sont d’une maigreur effrayante et possèdent de longs bras aux mains griffus. Leur visage est osseux, blafard, surmonté d’un crâne chauve, très développé et éclairé par de grands yeux fixes. Ils sont vêtus de guenilles. Les Zorgoms ont une affreuse manie : ils dévorent les yeux de leurs victimes. » La rencontre avec cette « déesse du mal « ne se fera pas sans heurt comme vous pouvez vous en douter et dans une folle histoire ou se mêlent, assassinats de prostituées, laboratoire secret, combat avec de repoussantes créatures, au final Rocamir succombera aux charmes de Wana. Celle-ci « marquera » au fer rouge son ultime amant, et se suicidera plutôt que de tomber aux mains de la police.
Voilà une scénario assez prometteur avec une héroïne hors du commun et qui n’est pas sans nous rappeler également une certaine « Mme Atomos »…..les mystères de l’Asie ! Cette ultime aventure du détective ne restera qu’à l’état de synopsis, dommage voilà une histoire qui, sur le papier, était sincèrement très alléchante.
Au final, un univers assez incroyable où Brice Tarvel nous dévoile une fois de plus tout l’amour et le respect qu’il porte à la littérature populaire. Car visiblement, à la lecture des synopsis, les références sont nombreuses, constituant un passionnant mélange des genres.
Le portrait type d’un sympathique mais non moins redoutable « Chasseurs de monstres » qui je l’espère trouvera peut-être un jour un mécène afin de lui permettre de nous régaler de ses extraordinaires aventures.
Deux autre aventures qui hélas restent dans les archives du célèbre détective
« Les doigts de foudre, une aventure de Max Corbelin, détective de l’obscur »
De Jean-Pol Laselle. Parution dans la revue « Le Fulmar » N°4, Septembre 1981.
Un misérable « traîne savate » est témoin d’une scène horrible sur les bords de Seine. Une élégante femme est victime d’un étrange phénomène, l’attaque de se qui semble être une araignée de feu ou de « quatre doigts avides de brûler et de déchirer ». Le malheureux est à son tour agressé après avoir entendu comme la plainte d’un chien, et sombre alors dans le néant. A son réveil, toute trace du cauchemar à disparu. Après mure réflexion il décide d’aller en parler à Corbelin, le détective réputé.
Arrivé a son cabinet, le fin limier est en fort bonne compagnie : Sa collaboratrice, Alice Champagne, Rigobert Chalivot le célèbre journaliste du « Chant du Coq », qui pour un temps est devenu le disciple du maître et enfin Dieudonné Malgrain, chef de la B.E.C (Brigade des enquêtes confidentielles).
Alors qu’il vient de terminer son récit, confortablement installé dans la douce chaleur du cabinet de Corbelin, la servante vient annoncer la visite d’un autre visiteur. C’est Oscar, le valet de Thémistocle Passevent, qui réclame cette fois assistance au détective, son maître est menacé de mort. En effet son patron vient de recevoir un message l’avertissant de partir de chez lui, sinon « Les doigts de foudre » frapperont avant peu. L’homme sera terrassé, malgré la protection du détective et de ses fidèles acolytes.
Mais le drame semble vouloir continuer, quelques jours après Corbelin reçoit un appel téléphonique, d’une danseuse de cabaret. La malheureuse vient de recevoir une lettre de menace. Le soir de la représentation, alors que l’on croyait tout danger écarté, la sinistre plainte se fait entendre. D’abord imperceptible, la terrible menace se fait de plus en plus précise :
« Ces espèces de boas aveuglants flottèrent un bref instant à hauteur d’homme, postillonnant des gerbes d’étincelles ».
Soudain, par un incroyable virement de situation, le détective saute au coup de Chavillot. Un terrible lutte s’engage, des coups s’échangent, Corbelin triomphe, tenant à bout de bras un sinistre trophée : Une main artificielle ! Rigobert se nomme en fait Emile Logniard et dans son habile prothèse, abritait une réserve de magnésium et des minuscules fléchettes de curare. Les quatre premiers doigts crachaient la substance lumineuse alors que le dernier décochait son redoutable projectile. La curieuse plainte « canine » n’était en fait que le bruit provoqué par l’air comprimé. Toute cette machination dans le seul but de la vengeance.
Il y a de cela plusieurs années Logniard avait cambriolé une bijouterie. Avant d être arrêté avec son complice, le magot fut caché, sous la maison de Passevent. L’agression manquée d’Ulysse était en réalité un test afin de tester la fausse main. Bettina, la danseuse de cabaret n’était coupable que d’être son ancienne maîtresse. C’est la jalousie qui le poussa à cette forfaiture. L’arrogance du criminel, le poussa par défit ou par folie,à vouloir devenir l’élève du maître afin probablement d’éprouver ses véritables compétences. Le criminel comprendra comme il se doit à ses dépends que jamais le novice ne peut surpasser son modèle !
Le »Fulmar » qui abrita de redoutables détectives de l’impossible. La belle et sulfureuse « Vipère noire » entre Mme Atomos et Sumuru…
Le célèbre détective au flegme et à la logique légendaire vient avec cette petite enquête « grossir » la famille des détectives des ténèbres. Bien qu’il s’agisse ici d’un « fantastique expliqué » l’ambiance de la nouvelle n’en est pas moins intéressante. Mort mystérieuse, lettre de menace, éléments surnaturels, retournement de situation, tous les éléments nécessaires à passer un bon petit moment de lecture. L’explication finale est un peu « rocambolesque » et meme tirée par les cheveux, mais par une habile « pirouette » l’auteur nous apporte une explication, digne d’un héros de fascicule populaire.
Corbelin nous est présenté comme un personnage implacable, très calme et surtout très insomniaque. Ces talents admirables furent au moins utilisés dans une affaire, évoquée lors de la réunion avec ses amis et collaborateurs, et où il est question d’un certain « Abdul Le Rouge » le sinistre sultan fantôme. Son arme redoutable, une hache d’abordage qui porte encore les traces de sang de ses victimes, est d’ailleurs le clou de sa collection entreposée dans « La cave aux reliques ». Un vaste cellier où le détective entrepose les objets récupérés lors de ses multiples combats face aux génies du crime. Voilà un fait unique dans les annales des détectives de l’impossible ou le héros fait preuve d’un certain fétichisme à l’égard des ses enquêtes passées. Il est aussi intéressant de constater, une fois n’est pas coutume que notre détective est entouré d’une jeune et ravissante assistante.
En résumé une carrière très brève, mais profondément marquée par une atmosphère fantastique et un désir sincère de la part de l’auteur de renouer avec la tradition populaire des détectives des ténèbres.
Ainsi j’achève provisoirement le tour d’horizon des œuvres de Jean-pol Laselle mais le dossier ne rentre pas pour autant dans les affaires « classées » puisqu’il sera bientôt venue l’heure de le rouvrir, mais cette fois sous le nom de Brice Tarvel qui pour notre plus grand plaisir vient de retrouver de nouvelles aventures de notre cher « Harry Dickson » et de nous faire l’honneur de nous présenter son dernier « héros », Nuz Sombrelieu.
Du pain sur la planche donc et voilà une rubrique qui n’est pas prête de voir la fin !
hello teddy ; pour infos , le magazine » science ficiton magazine » no 69 ( oct nov 2010) , en kiosque , debute une serie de dossiers sur les detectives de l’etrange , avec Carnacki , par emmanuel collot .Pas encore lu mais a l’air plutot bien achalandé
Merci à toi, je suis tombé dessus par hasard l’autre jour en prenant le train pour Paris et…of course!je l’ai acheté. Très intéressant et bien documenté sur Hodgson. L’analyse faite sur Carnacki est passionnante, une vision assez inédite et originale de ce chasseur de fantômes.Le prochain numéro (en Décembre) sera consacré a Jules de Grandin…par la barbe d’un bouc vert!