A l’académie « des sciences et du progrès », le professeur Alexow, fait un discourt passionnant et enflammé sur les bienfaits de la science et sur l’évolution des technologies. La terre, après de nombreuses guerres et de luttes incessantes, semble vouloir retrouver une paix relative et les savants du monde entier dans un accord parfait n’ont plus qu’un seul but : le bonheur de l’humanité.
Mais une ombre plane sur le tableau, car le professeur vient de recevoir d’inquiétantes nouvelles de ses deux assistants qui effectuent de recherches sur Déimos, satellite de la planète Mars. Comme pour vouloir appuyer ses dires, les deux corps des pauvres malheureux sont véritablement « lâchés » au dessus de l’immense assemblée (qui se déroule dans un amphithéâtre en plein air) pour venir s’écraser pratiquement aux pieds de leur maître. Peu après une boule de feu s’immobilise dans l’espace pour disparaître aussitôt. Alexow sait de quoi il en retourne, car l’ennemi juré de la planète terre, le commandant KMX, refusant le désarmement est allé se réfugier avec son équipe de spécialistes, sur Mars afin de construire une base secrète.
Peu de temps après, le professeur reçoit un message visuel, où il découvre horrifié, les structures très complexes d’une véritable cité technologique, construite par le diabolique personnage sur la planète rouge. Les intentions sont simples, préparer la destruction de la terre ! Il voit ainsi une véritable armée, équipée de scaphandres portant le cercle noir de la redoutable organisation, s’affairer telle une immonde fourmilière à préparer dans ce qu’ils appellent « L’usine-robot » leur redoutable entreprise. Le scientifique n’ayant pas dit son dernier mot il s’embarque illico avec sa fille et un botaniste sur un engin spatial, afin de rejoindre sa propre station orbitale, véritables joyaux de technologie.
Pour se rendre sur Mars, il lui sera nécessaire de faire escale sur cette plate forme, afin d’économiser le précieux carburant. Arrivé à destination, il profite du peu de temps qu’il lui reste afin d’élaborer une stratégie visant a contrecarrer la folle ambition de KMX. Mais son vieil ennemi profite de l’effet de surprise et attaque la station. La bataille fait rage mais tourne en faveur de l’équipage du professeur et les gredins s’échappent à bord de leur engin spatial. Mais en se lançant à leur poursuite une avarie les force à faire un atterrissage forcé sur la lune. Pendant les réparations la fille de Alexow sera capturée.
Le temps presse, car tous savent que les jours de la terre sont comptés. Nouvelle petite escale sur Déimos, une aubaine pour eux car ils parviennent à se rendre maître d’un véhicule de l’ennemi. Ils vont jouer le tout pour le tout et enfilent les combinaisons de l’organisation. Arrivés sur Mars, qui est devenue sur une infime partie, une zone parfaitement habitable, ils se dirigent vers la gigantesque mégapole construite par les rebelles. En se dirigeant vers le bâtiment principal, un immense édifice de plusieurs dizaine de mètres de haut, il placent dans plusieurs point stratégiques de « l’usine-robot » abritant l’arme de destruction finale, de nombreuses charges d’un explosif spécial inventé par le professeur. Après une audace incroyable et une chance tout aussi extraordinaire, le « commando » parvient à récupérer la fille, rejoindre la navette qu’ils avaient subtilisée et s’éloigner à toute vitesse vers le petit satellite.
Une fois en sécurité il ne reste plus qu’à actionner à distance la mise à feu des puissants explosifs et assister non sans un certain effroi, la destruction des installations de KMX :
« Mais désormais les hommes n’avaient plus à trembler car si la science set une rame terrible entre les mains de ceux qui voudraient affirmer leur puissance, elle permet aussi de se défendre. »
Science-fiction et bande dessinée d’après guerre: Un nouvel essor !
Ce petit roman de science-fiction paru à l’origine dans les N°1 à 13 du supplément pour les garçons de « Jeudi-Matin » en 1949, est une aubaine pour les amateurs de curiosités. D’un format assez spécial entre la bande dessinée et le roman illustré, ce dernier est surtout intéressant pour les superbes illustrations de Jean-Loup Langevin, qui signait uniquement la majorité de ses compositions de son prénom.
Pour se rendre compte de son magnifique travail, il est nécessaire de se plonger dans les revues d’après guerre telles que « Francs Jeux » « Pierrot » « Lisette » ou « Nade ». Malheureusement de nos jours, cet artiste n’est connu que des seuls collectionneurs ou nostalgiques qui gardent précieusement, ces fragiles morceaux de papier et qui n’intéressent guère plus personne de nos jours. Constat d’autant plus regrettable que ces publications sont à certains égards d’une grande richesse et mettent en avant le talent de nombreux illustrateurs qui n’avaient rien à envier à leurs homologues Américains. Que l’on se souvienne de noms aussi talentueux que Pellos, Guy Sabran, Marijac «(allias Jacques Dumas), Remy Bourlés, Brantonne et son « Fulguros » etc…
Dans le présent récit force est de constater du modernisme qui anime les planches de « Jean-loup » et du dynamisme de ses personnages. Les lignes très futuristes de ses engins spatiaux nous révèlent la vision à la fois « classique » mais très « avant-gardiste » d’une certaine conception des technologies futures. Dans ses réalisations, rien n’est figé et l’on a parfois même l’impression que les fusées qu’il dessine vont littéralement « sortir » du cadre restreint de la page où elles se trouvent emprisonnées. Un dessin riche et généreux qui mettent en évidence un soucis du détail et une générosité dont faisait preuve les artistes de cette époque.
Le scénariste Jean de Rivelac quand à lui est connu des amateurs de conjecture ancienne pour avoir écrit un petit roman publié en 1945 et qui nous raconte l’histoire d’un engin spatial réalisant un voyage autour de la lune. Classiquement à cette époque l’histoire est un mélange de roman policier et d’espionnage. (« Vitesse : 93.600 Km/h » Les éditions artistiques et documentaires collection « Vie et aventure » la collection des jeunes)
« Bagarre dans le ciel » ne brille pas forcément pour son originalité avec cette thématique du savant fou qui veut détruire la terre mais le récit a toutefois le mérite d’être incisif, rapide et ne laisse place à aucun temps morts. Lorsque l’on y regarde de plus près, il est assez symptomatique des angoisses d’une époque qui venait de connaître les horreurs d’un conflit mondial et des sinistres conséquences de l’utilisation d’une arme nucléaire. Les deux blocs de l’est et de l’ouest viennent de rentrer dans la « guerre froide » et la course à l’armement et toutes les technologies qui en découlent sont assez caractéristiques de cet aspect « négatif » que l’on pouvait se faire de la science.
Ce roman vient donc ici nous faire passer un message quelque peu optimiste en insistant sur le fait que ce n’est pas la science qui est mauvaise, mais les hommes qui l’utilise. Voulant apporter un juste équilibre « Bagarre dans le ciel » nous propose un peu le « Yin » et le « Yang » de la technologie et le message de l’auteur est clair, la science est une chose redoutable dans les mains de scélérats aux intentions douteuses, mais elle peut être salutaire entre de bonnes mains. Cette vision souvent pessimiste des progrès scientifiques était l’apanage d’une grande majorité des romans Français d’avant guerre. Les auteurs voyaient d’un œil assez méfiant, l’intrusion brutale de toute cette panoplie technologique ,tout en ayant conscience que mise entre de mauvaises mains , elle ne pourrait qu’apporter mort et désolation.
Certes une vison des plus réductrice mais que l’on retrouve de manière systématique en regard des différentes thématiques abordées pendant des décennies : Savants fous, guerres futures, manipulations génétiques etc.…
Il nous faut donc avec la présente réédition, saluer une fois de plus les éditions de « L’apex » et de sa collection « Bédéphilia » sous la direction de Jean-Pierre Moumon de nous avoir donné l’occasion d’accéder à ce petit joyaux de notre patrimoine culturel populaire, en espérant qu’un jour toutes ces merveilles resurgiront sur les catalogues d’un grand éditeur, leur permettant ainsi de sortir d’un anonymat indigne et honteux.
« Bagarre dans le ciel » Texte de Jean de Rivelac, dessins de Jean-Loup Langevin. Edtions de l’Apex collection « Bédéphilia ».Janvier 1994, tirage limité à 250 exemplaires
« Les buveurs d’océan » de Yves Derméze. La nouvelle édition Française. 1943. 127 pages. (Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique N° 22 Février 1999).
Suite au naufrage du « Gypsie » Francis Carbier, mousse de son état, agonise en compagnie de trois autres personnages, à bord d’un canot, au milieu d’une mer déchaînée. Soudain alors que tout espoir semblait s’amenuiser, un immense quadrimoteur s’immobilise au dessus de l’esquif et un éclair fugitif embrase le dessus de la carlingue. La lueur de couleur bleuâtre, fuse de part et d’autre du canot et sous son action, les vagues « s’écartent, se décomposent, s’évaporent : l’eau avait bel et bien disparue ! Le radeau s’enfonce alors au milieu d’une muraille liquide, prête à se refermer sur eux. Fort heureusement, un filet est envoyé de la carlingue et trois des naufragés se trouvent hissés à bord de l’appareil. Francis, le seul resté à bord ne devra son salut qu’à une chance extraordinaire. Un message sera envoyé à la hâte, le naufragé sera récupéré à son tour.
Quelques jours plus tard, il raconte sa formidable aventure à son ami Max. Les deux hommes pêchent tranquillement au bord d’un étang. Brusquement, le même scénario se reproduit, l’appareil surgit de nulle part, projette son rayon bleu, assèche l’étang et tente de capturer les deux hommes. L’appareil s’éloigne aussitôt mais une écharpe tombe de l’engin, celles de Jacques l’un des trois amis disparus en pleine mer, preuve qu’ils sont encore en vie. D’après les calculs de Francis, lors de sa première rencontre, l’avion se dirigeait vers le Groenland. Il va donc affréter un navire le « Faring » et se lancer à la poursuite du ravisseur. Malheureusement, alors qu’il voulait que cette expédition soit tenue secrète, une journaliste Florence J.K, eut vent de l’opération. Il faudra donc compter sur sa présence à bord (les charmes de la gente féminines sont irrésistibles). Une fois arrivés au port de Angmagsssalite c’est en compagnie de deux Canadiens et du nouveau « pot de colle » que l’aventure polaire peut commencer.
Mais avant d’aller plus loin, effectuons un réglage sur notre machine à voyager dans le temps, en effectuant un petit retour en arrière, les choses pourront ainsi devenir plus limpides. Le responsable du mystérieux appareil, se nomme Stéphane d’Anec, professeur génialissime, un être supérieur rejeté par une humanité trop ingrate, blablabla…..en bref le prototype du savant fou qui ne rêve que d’une seule chose : Anéantir la terre !
« Me venger !…pour cela puisque le monde me repousse, je repousserai le monde ! Je l’anéantirai, je le détruirai ! Il ne restera plus sur la terre qu’un seul homme, moi !…je suis le destructeur du monde ! »
Comme le disait le général De Gaulle : Vaste programme !
En fait un bonhomme pas très sympathique qui va mettre son projet en route grâce à un redoutable rayon de son invention, le Rayon « M » dont la propriété est de transformer l’eau en oxygène et en hydrogène. Son objectif sera d’assécher la terre entière, en condamnant l’humanité à une mort horrible : La soif ! Mais sa folie meurtrière ne se s’arrête pas là, car non content d’avoir mis au point cette arme ravageuse, il produit en simultané le Rayon « M bis », qui lui possède la propriété de rendre fou. En résumé un diabolique personnage qui du coté invention ravageuse, en connaît….un rayon ! L’extravagant personnage nourri depuis toujours une haine viscérale à l’encontre de Max (on ne sait pas trop pourquoi dans le livre) et compte bien utiliser « le rayon qui rend fou » sur lui.Mais les plans du gredin vont se jouer à un petit détail prés, un des hommes capturés lors de la première expédition, va réussir à s’échapper d’une manière tout à fait rocambolesque, comme nous le verrons plus tard.
Revenons à présent sur notre petite expédition polaire. Un voyage somme toute bien monotone, mais une gaffe de la journaliste vient pimenter un peu l’ordinaire. Depuis leur départ, elle avait caché sur elle un minuscule appareil émetteur/récepteur, lui permettant ainsi de transmettre au jour le jour à son journal un compte rendu des événements. Bien évidemment, d’Anec intercepte les messages. Non seulement il est au courant de leur position mais également du projet d’attaque de sa base secrète. La chance sera pourtant de leur coté, car c’est au moment au le professeur se dirige avec son avion vers le groupe de Carbier,Lucien arrive à sauter de l’avion et non content d’être sain et sauf, « tombe » tout à fait par hasard sur notre petite expédition punitive. On s’embrasse, on saute de joie, lorsque Lucien sort de sa poche un flacon dérobé au hasard avant de quitter l’appareil. A l’intérieur un précieux liquide dont la vertu est de stopper l’action de terrible rayon « M ». Tous pourront donc boire à satiété lors de l’approche du repère de l’infâme crapule, en effet le rayon évapore tous les liquides…même la salive.
Il dés à présent urgent de préparer l’attaque du bastion du « buveur d’océan », car nos amis reçoivent des nouvelles alarmantes de l’Europe où le niveau des eaux commence à baisser sur certaines cotes Françaises et Anglaises. Pas de quoi prendre peur mais tout de même de façon significative. Le plan est simple, il suffira de faire exploser l’énorme stock d’essence entreposé par les gredins. Hélas, les messages de Francis seront une fois de plus interceptés, l’attaque échoue et toute l’équipe capturée. La sentence est implacable : La mort ! Fort heureusement notre belle Florence va user d’un excellent stratagème. Elle flatte le mythomane et propose de lui organiser un reportage en mettant en avant le génie inégalé du savant :
« Pensez à la répercutions qu’auraient les éditions spéciales indiquant en gros titres : Le maître de l’usine triomphe ! L’humanité est menacée de mort ! Le rayon « M » va s’étendre sur toutes les régions du monde ! Ce serait l’affolement, l’épouvante ! Je vois cela comme le plus fort tirage qu’on ait jamais réussi !…. »
Mais le lecteur avisé comprend entre les lignes le but de cette manœuvre. La journaliste accède pour cette opération à son émetteur portable et entre en contact avec la centrale d’Angmagssalik. Grâce au système du radioguidage, il sera possible d’envoyer de puissants bombardiers qui réduiront ainsi à néant la redoutable usine et ses armes destructrices. Les héros sont sains et saufs mais malheureusement pour le sommeil paisible des citoyens, l’ombre sinistre du savant fou risque de planer une fois de plus sur l’humanité, son corps ne fut jamais retrouvé dans les ruines gelées de son repère.
Pour quelques rayons de plus !
Les habitués de ce blog finissent par être familiarisés avec le thème du savant, sujet récurent et majeur s’il en est. Une fois n’est pas coutume, l’arme suprême utilisée ici est le célèbre et incontournable « rayon » qui à l’instar de la fameuse« pilule nutritive » ou du non moins célèbre « moteur électrique » est la véritable star de la conjecture ancienne. Formidable rayon destructeur, le « rayon de la mort » pour les intimes, sans lequel la vie des maîtres du monde serait bien triste. Mais cette puissante arme, fruit de la recherche de cervelles dérangées est aussi l’apanage de civilisations extra-terrestres très développées et qui l’utiliseront principalement à des fin « militaire » et de domination de la planète terre (« La guerre des mondes » de H.G.Wells ») toutefois cette thématique fut principalement utilisée dans la science-fiction Américaine qui avait un vision plus « agressive » et « radicale » des intentions des êtres venus de l’espace.
Alors nous avons droit dans ce domaine à tout un panel de cette formidable invention, inventée pour notre plus grand malheur ou bonheur suivant les cas de figure : Le porteur d’énergie (« L’étrange aventure de Pierre Fontramie » de J.L Gaston-Pastre), celui qui désintègre, le plus fameux (« Les condamnés à mort » de Claude Farrére, « Elisabeth Faldras » de O. Traynel), activant des explosifs à distance (« Le semeur de feu » de André Falcoz) qui donnent des maladies (« Les rayons ensorcelés » de H.Allorge) sans oublier celui qui rend amoureux ( A.Seuhl « L’amour par T.S.F ou Le rayon de l’amour ») etc.…. Encore une thématique qu’il serait un jour intéressant de lister dans les pages de ce blog.
En dépit d’une structure des plus anarchique et de situations les plus invraisemblables les unes que les autres (frôlant parfois même l’incompréhension), l’originalité du texte de ce texte reste sans nul doute ce rayon « M bis », le petit nouveau dans la famille, celui qui rend fou et dont les radiations semblent avoir touchées par mégarde la cervelle du pauvre d’Anec. Plus fort que H.J.Magog (ou du moins beaucoup facile et commode) qui voulait dans son roman « Les buveurs d’océan » ( Réédité sous le titre « Le secret du Pacifique » ) assécher le globe par le feu central terrestre, ce rayon à décomposer les liquides et à évaporer la salive reste une idée particulièrement délirante et qu’il serait utile de connaître afin d’abréger la logorrhée de certaines personnes médiatiques qui « envahissent » notre quotidien.
Hélas, cette histoire destinée comme le titre de la collection l’indique « Pour les moins de 18 ans », manque de rythme, personnages trop stéréotypés, avec cet insupportable petit relent de patriotisme de mauvais aloi, qui marqua un trop grand nombre de textes à cette époque. Un « petit Derméze » donc à lire dans le bus ou entre deux clients chez votre coiffeur, tout en lui accordant une fois de plus l’avantage de vous divertir sans jamais véritablement vous ennuyer.
Je ne sais pas vous, mais je commence curieusement à avoir la bouche sèche !
Deux titres identiques mais aucun plagiat à déplorer…cependant l’ouvrage de Magog reste dans nos favoris!
Comme il est de coutume, toute l’équipe de « Sur l’autre face du monde », heu ! C’est-à-dire moi…. vous souhaite un Bon et joyeux Noël !
En espérant quelques superbes petits cadeaux, de préférence de folles lectures avec une bonne dose, de savants fous, de laboratoires secrets, de créatures diverses et variées, de mondes extraordinaires, de voyages dans l’espace, de quatrième dimension, de maîtres de l’univers et de voyages dans l’espace. De saines et agréables lectures qui enchantent nos cœurs et qui valent tous les gadgets électroniques du monde.
Amicales pensées à toutes et à tous et à très bientôt
Lors d’un précédent billet consacré aux « Super- héros » de la littérature Française et plus particulièrement de « Fascinax », j’avais évoqué plusieurs grandes figures de la tradition populaire. En citant le mystérieux « Fantax » de Pierre Mouchot, je ne me doutais pas que cette célèbre et rarissime série ferait de nouveau parler d’elle. Nul n’étant prophète en son royaume, c’est en lisant un article sur le passionnant « L’ange du bizarre », le blog de Jean-pierre Dionnet qu’il m’a été possible de renouer le contact avec cet icône du héros justicier des années 40.
Du super héros, Fantax en possède toutes les caractéristiques et si, comme ses homologues Américains il ne fait état d’aucun pouvoir extraordinaire sa fonction de justicier masqué implacable, à l’image du tout aussi célèbre Batman, n’en est pas moins altérée. Costume rouge et noir avec un grand « F » en lettre de feu qui lui ceint la poitrine, longue cape, cagoule d’un noir de jais, véritable fantôme masqué il n’aura d’autre but que de lutter contre le mal sous toutes ses formes.
Comme il se doit à ce genre de personnage, l’homme opère sous une double identité et si lorsque la nuit venue il endosse son habit de vengeur, le jour il revêt l’identité de Lord Horace Neighbour, un respectable attaché d’ambassade. Sa principale caractéristique est d’être doté d’une force physique hors norme et d’un courage à toute épreuve. Fort heureusement du reste car les vils personnages qu’il devra affronter tout au long de ses nombreuses aventures, sont perfides et redoutables. D’ailleurs ce sont justement ses ennemis qui provoqueront la chute de notre héros, non pas dans le contexte de ces nombreuses péripéties mais plutôt dans « notre » réalité.
En effet « Fantax » usera parfois d’une certaine cruauté à l’encontre de ses adversaires, se qui n’était pas semble t-il au goût de la critique et de la censure qui à force de plaintes et de poursuites conduisirent le dessinateur à stopper définitivement la série. Malheureusement une fois de plus notre bonne « veille morale » eut raison d’un personnage fascinant de notre culture populaire. Il faut dire que pour l’époque, l’illustrateur n’y y allait pas de main morte et l’on assiste bien souvent à des scènes assez sanguinolente, un comble pour l’époque ! Pensez un peu ce que les esprits coincés et les instances catholiques devaient penser d’un tel étalage de cruauté et de Barbarie ! Des couvertures où l’on découvre les « méchants » de l’histoire dans des situations ou, sous des écoulements abondants de sang, la destinée du sombre personnage ne fait aucun doute. Malheureusement» la critique de l’époque ne semblait pas faire la distinction entre le bien et le mal et, faisant preuve d’une totale amnésie après les tragiques événements de la guerre, pensait qu’il était impossible de vaincre l’incarnation du mal sans la souffrance et la violence qu’il lui est associée.
Pierre Mouchot, la souffrance, il en connaît un rayon et à la lecture de la passionnante postface que lui consacre Danièle Mouchot, on se rend compte à quel point il était enfin important et utile de connaître un peu le passé de ce véritable « héros de la guerre » cette figure emblématique de la résistance, qui a toujours ignoré la peur et le danger. En regard de ce passé dans les tourmentes de la guerre, on comprend mieux les raisons qui poussèrent le personnage à créer un justicier implacable et courageux. Pour Pierre Mouchot qui connu la « frustration » de voir ainsi son pays occupé et diriger d’une main de fer une population impuissante, il semble évident que l’incarnation de « Fantax » est un peu le symbole de ce désir de justice, de ce « héros » universel qui serait à lui tout seul l’incarnation du bien, de la droiture, de l’intégrité et de l’équité.
Conscient de toute cette corruption qui avilie les cœur des hommes, le justicier est ainsi le juste poids qui rééquilibre la balance, la personne désignée en quelque sorte à faire le « salle boulot »et que nul ne se risque à assumer. Une telle démarche doit être débarrassée de tout préjugé, de toute pitié et c’est en cela que finalement le « super héros » doit s’acquitter d’une lourde tache, car en luttant contre le mal il sait qu’il devra faire appel à des méthodes peu conventionnelles, en agissant avec la même cruauté que ces ennemis. Le résultat, nous ne le connaissons que trop bien, en s’attirant ainsi les foudres d’une certaine « morale collective » qui préfère juger les actes d’autrui plutôt que de remettre en cause sa propre conscience. Toujours entre la frontière du bien et du mal, sa limite est toujours incertaine et semble souvent vouloir adopter le vieil adage affirmant que « la fin justifie les moyens ».
J’ai déjà lu quelque part l’évocation de « Fantômas », à l’adresse de notre personnage, pourtant la créature de Souvestre et Allain est à mon avis plus individualiste, retord et calculatrice, d’une nature plus malfaisante en agissant de manière quasi systématique pour ces intérêts personnels et par son attachement à faire souffrir ses semblables. Fantax est quand à lui le mythe fondateur du super héros tel que nous le concevons et tel qu’il fut créé outre Atlantique. Il est véritablement le précurseur Français du genre et sa dimension humaine de part l’absence de facultés extraordinaires (voler, envoyer des éclairs par les yeux etc…) lui confère un coté plus accessible, une certaine « banalité » qui finalement peu être l’apanage de monsieur tout le monde. Cette dimension terrestre du héros avec sa force et ses faiblesses, ne peut que le rendre sympathique et à la portée de tous.
Il nous faut donc remercier Tanguy Mouchot, petit fils de Pierre Mouchot, d’avoir ainsi fait ressurgir de notre mémoire une figure aussi exceptionnelle et emblématique que ce personnage de bande dessinée. Cette réédition inespérée va ainsi permettre de faire connaître ce célèbre « Fantax » qui n’était jusqu’à présent qu’un objet mythique de collectionneur et donc un personnage totalement inconnu de toute une génération de jeunes lecteurs.
La sortie de ce magnifique premier tome, couvrant les N° 1 à 8 (1946-1947) sera suivie par d’autres parutions, car l’objectif de Tanguy Mouchot, est de ressortir sur plusieurs volumes l’intégrale des 39 numéros, une bénédiction pour tous les amateurs du genre. A l’image d’autres figures mythiques et emblématiques de la littérature populaire, il était à mon avis grand temps de donner une seconde chance à cette formidable épopée qui nous prouve par la puissance et l’originalité de sa thématique, que la France fut sans nul doute le berceau de tout un potentiel créatif qui hélas ne put bénéficier de tout le soutient et la chance qu’il méritait.Combien d’œuvres originales et inédites dorment ainsi au fond d’étagères, de cartons, de caves et de greniers dans le vain espoir de connaître un jour la possibilité de retourner à la postérité.
Ce premier tome brille par la qualité de sa présentation, de la qualité des reproductions, tout en bénéficiant pour chaque aventure d’une impression en couleur des magnifiques couvertures d’origine, avec le noir, le rouge et le jaune comme couleurs principales et qui ne font que renforcer tout le charme et la beauté de celles-ci. La couverture réalisée par « Reed Man » est tout aussi splendide et la représentation de « Fantax » sur une cheminée, calibre à la main et prêt à bondir sur sa proie est d’autant plus exceptionnelle qu’il tient à la bouche une cigarette dont les volutes de fumée nous rappellent, en ces temps de censure et de restriction, à quel point nous avons à faire à une héros, hors du commun.
Acheter ce volume, c’est faire preuve d’un certain civisme et permettre à notre patrimoine culturel non seulement d’être sauvegardé mais également lui permettre de perdurer au fil des générations tout en lui accordant un statut d’intemporalité et d’accessibilité car après tout ce genre de chef d’œuvre doit absolument sortir du cadre restreint des collectionneurs fortunés.
Mr Tanguy Mouchot, ce sont tous les amateurs de notre passionnante culture populaire dans le sens large du terme qui vous remercient.
Pour commander ce précieux volume vous trouverez ci-dessous le lien internet du site de Tanguy Mouchot
Depuis que l’homme a commencé à redresser son buste afin de cueillir les quelques friandises qui poussaient sur les arbustes, son regard n’a eu de cesse de contempler l’immense ciel. Siège de terreurs indescriptibles, car capable de déverser sur sa misérable personne, le vent, l’eau et le feu, il fut depuis la nuit des temps source de respect de crainte et d’adoration. Puis vint le temps où les yeux se portèrent un peu plus loin dans l’espace et la découverte des nombreuses planètes qui le compose, une objet d’interrogations, de doutes et de suppositions : Sommes nous seuls dans cette immensité ?
Alors les idées les plus invraisemblables commencèrent à germer dans ces têtes folles, des plus sérieuses aux plus abracadabrantes et le contenu de ce blog en est un des exemples les plus frappant. Les hommes imaginèrent une cartographie du ciel certes des plus sérieuses et des plus détaillées, mais en ce qui concerne les probabilités d’une vie extra-terrestre on peut dire que l’imagination était au pouvoir. Pendant des décennies, les auteurs de toutes les parties du globe se sont essayés à imaginer la forme que pourrait avoir nos lointains cousins des autres planètes, en leur donnant toutes les formes et toutes les anomalies que l’on puisse imaginer. De la créature humanoïde qui nous ressemble comme un jumeau à la forme gélatineuse et gluante, toutes les diversités « aliens » furent envisagées, décrites, répertoriées.A l’époque où l’astronomie était une science approximative et que toutes les élucubrations étaient permises, les ouvrages regorgeaient d’histoires extraordinaires dont ces fameux « habitants d’une autre planète » se taillaient la part du lion.
Il faut donc saluer aujourd’hui l’excellent initiative de Yves Bosson (Dirige l’agence Martienne) et de Farid Abdelouahab (historien de l’art), de nous avoir compilé ce « Dictionnaire visuel des mondes extra-terrestres » qui se consulte comme un album photo où serait répertorié une quantité assez impressionnante de toutes les aberrations, anomalies et chimères produites par nos écrivains les plus imaginatifs. La photo de couverture est d’ailleurs assez symptomatique du contenu de l’ouvrage, puisque l’on y découvre le fameux « petit bonhomme vert » l’air malicieux (probablement échappé du roman de Frédéric Brown) tenant à la main un polaroid, prêt à prendre une photo d’un autre forme extra-terrestre que l’on ne trouvera pas dans le volume : L’être humain !
Le ton un peu humoristique est donné et en feuilletant les quelques 287 pages de l’ouvrage, il vous sera possible de vous rendre compte à quel point depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, l’homme et ce de manière quasi obsessionnelle s’évertuera à élaborer la représentation d’une forme de vie différente. De planètes en planètes, époques après époques les auteurs nous dressent ainsi un inventaire d’une sorte de « faune de l’espace ou des espèces », très colorée et qui nous prouve à quel point la morphologie de ces créatures se modifièrent au grés du temps. Ils mettent en outre en parallèle, tout comme l’avait fait Michel Meurger dans sa remarquable étude « Alien abduction » le rapport entre le morphotype du visiteur ou de la créature de l’espace et les avancées de la science ainsi que les œuvres d’imaginations de chaque époque : les coïncidences sont troublantes.
Tout un univers bariolé, riche en couleurs et aux aspects parfois les plus improbables. Fort heureusement, si le couronnement d’un tel inventaire fut à son apogée dans les « Pulps » Américains et les revues spécialisées dans la science-fiction, les compilateurs eurent l’excellent idée de rouvrir les placards afin de sortir une nombre appréciable de veilles revues et de lourds cartonnages afin de donner également la chance à nos illustres ancêtres de la « sf » Française, la place qu’ils méritent.
C’est ainsi que par ordre alphabétique, de la lettre « A » (comme Accueil, comité d’) à la lettre « Z » (comme Zoo cosmique) vous y retrouverez entre autres,Platon, Galilé, Cyrano de Bergerac,Restif de la Bretonne, Henry de Parville,Flammarion, Méliès ,Galopin, Le Rouge Wells, Buck Rogers, Fanck R.Paul, la planète des singes, la soupe aux choux, Alien le 8 éme passager…..de nombreuses références qui se lisent avec un plaisir d’autant plus grand que chaque page est accompagnée, comme son nom l’indique d’une ou plusieurs photos, peintures, gravures, en rapport avec le thème ou le livre abordé. L’ouvrage rend ainsi justice, grâce à une riche et généreuse iconographie, agrémentée de commentaires pertinents et de précieuses informations à toute une période totalement ignorée de la majorité du public où une fois encore « le merveilleux scientifique » était un genre mineur, une fantaisie d’esprits dérangés à l’imagination fantasque, en dehors de toutes réalités.
Avec un prix très attractif, ce dictionnaire unique en son genre qui ne tardera pas j’en suis certain à enrichir votre bibliothèque, comblera non seulement les vieux habitués du genre, mais également les esprits curieux et téméraires désireux de s’offrir un extraordinaire voyage aux sources de l’imaginaire et du merveilleux.
Preuve s’il en faut que finalement, nous ne sommes pas seuls !
« Dictionnaire visuel des mondes Extra-terrestres » de Yvon Bosson et Farid Abdlelouahab. Editions Flammarion. 288 pages.
Le blog fête donc aujourd’hui son premier anniversaire. Je dois avouer que je suis assez fier et heureux de célébrer ce petit événement car après tout, douze mois ce n’est pas si mal. Une année donc avec plus de 6000 visites et une densité d’articles qui avoisine les 80. Comme je ne suis pas un forçat de l’écriture et que je tape avec seulement deux doigts, on va considérer cela comme un exploit.
Je voudrais ici m’excuser pour les petites erreurs qui ont pu être commise ici et là, les inversions de dates, les noms parfois mal orthographiés et surtout pour les fautes d’orthographe tout court. Mais ce blog est avant tout animé par la passion et tout l’amour que je porte à cette littérature que je découvris finalement fort tardivement et qui ne cesse de me fasciner pour sa richesse thématique et son coté parfois vieillot, ringard, mais tellement attachant. Je voudrais remercier toutes celles et ceux qui m’ont toujours encouragés, par leurs mails aussi sympathiques que rafraîchissants. Un grand merci aux « grands anciens » pour leurs conseils avisés et d’avoir été là afin de rectifier mes petites erreurs et d’avoir éclairé par leur immense savoir quelques points obscurs que je n’arrivais pas à élucider.
Je ne sais pas si c’est un genre qui arrivera à perdurer, car l’avenir de l’anticipation ancienne est assez improbable : des lecteurs de plus en plus réticents, un manque cruel de rééditions permettant un accès à toutes et à tous, un marché de plus en plus délirant ou du moins pour ce qui concerne les « pièces » les plus rares. Il y a un mois l’intégrale des « Mystères de demain » de Féval & Magog, a été vendue 250 euros….le volume. Merci Bernard Goorden de nous avoir donné l’opportunité de pouvoir les lire à moindre frais. C’est un peu comme l’art en général, c’est toujours les plus riches qui peuvent profiter de certaines œuvres, mais ne revenons pas sur un débat qui commence déjà à dater.
En tout cas, c’est pour moi un véritable plaisir de vous faire partager mes quelques connaissances en la matière et si le contenu de ce blog peut être sujet à controverse, « pas assez de…., un peu trop de…. », je vais m’efforcer de l’améliorer au fil du temps en espérant qu’il parviendra à capter toute l’attention d’un nouveau public curieux, en quête de lectures insolites et originales. Je ne cours pas après les statistiques, peu m’importe de savoir si « Sur l’autre face du monde » est dans le top des blogs de l’imaginaire, j’espère seulement procurer un peu de plaisir à mes « fidèles lecteurs » qui, même s’ils ne sont pas pléthore, me rendent par leurs avis enthousiastes, l’envie de continuer cette sympathique aventure.
Une spéciale dédicace à Guy et à Jean Yves, pour la gentillesse et la bonne humeur de leurs avis aussi judicieux que pertinents.
Encore merci à toutes et à tous et en route donc pour une nouvelle année !
Il nous arrive souvent de découvrir, au hasard de savantes études et d’ouvrages qui nous sont aussi précieux qu’une lampe électrique lors d’une coupure générale de courant, des titres qui nous font vibrer au plus haut point. Pour ma part, il y en a des tas et si je collectionne maintenant depuis de nombreuses années, des ouvrages aux couvertures parfois fatiguées, sous le regard bienveillant de ma famille et de mes amis, il en reste énormément dont l’absence se fait cruellement ressentir.
A force de compulser l’incontournable « Les terres creuses » dont les pages sont usées d’avoir été trop lu ( même si ce n’est jamais assez) avec le temps j’ai réalisé une petite liste, ou plutôt une énorme liste des ouvrages que j’aimerai bien lire, posséder, toucher, admirer. Je sais, je suis un maniaque et un obsessionnel du vieux papier, mais le plus important c’est d’en avoir pleinement conscience. Donc, pour en revenir au fameux ouvrage cité plus haut, il m’arrive de maudire Guy Costes et Joseph Altairac (en toute sympathie rassurez-vous) d’entretenir cette dépendance aux objets rares et si convoités des collectionneurs, tout en sachant que les chances de dénicher certains volumes sont du domaine d’une chance inouïe voir même du miracle.
Devant l’inefficacité des nombreuses prières que j’effectue chaque jours et que mes chances d’hériter d’un mystérieux collectionneur qui par sympathie ou par respect de la noble tache que j’accomplie en alimentant ce blog, ferait de moi son légateur universel sont plus que minimes, je dois me résoudre à la possible réédition de certaines pièces rares. Halte là me direz vous, il existe de nombreux textes introuvables en ligne sur internet, alors arrête de faire ton malheureux ! Mais moi ce que j’aime, c’est l’odeur du papier, le bruissement des feuilles, le poids du livre entre mes mains. Il me faut de la substance, du volume, de la masse….
Bref, parmi, les ouvrages que j’ai découvert dans la dite « bibliographie commentée des mondes souterrains imaginaires »j’ai relevé entre autre depuis fort longtemps un titre qui ne cesse de me hanter : « Pigeon vole, Aventures en l’air » d’un certain Gabriel De La Landelle. Né en 1812,Homme à tout faire, qui fut officier de Marine et qui se consacra par la suite au journalisme et à la littérature, il est l’auteur d’une série d’ouvrages assez impressionnante, romans d’aventures maritimes, des critiques des poèmes, des chansons…. Mais ce singulier personnage s’est surtout illustré dans l’aéronautique (un comble lorsque l’on fit carrière dans la marine) et qu’il apposa sa marque d’une façon indélébile dans l’histoire de l’aviation Française. En effet il construisit en 1861 le premier prototype d’un hélicoptère à moteur à vapeur et fonde en 1863 avec le célèbre Nadar « La société d’encouragement pour la locomotion aérienne au moyen d’appareils plus lourd que l’air »…tout un programme ! Il publiera plusieurs ouvrages sur l’histoire de l’aéronautique et serait l’inventeur du terme « Aviation » mot désormais utilisé de manière quasi quotidienne. Il sera même cité par Jules Verne dans une de ses oeuvres
En voyant référencé cet ouvrage, dont les éloges n’arrêtent pas de pleuvoir, je me trouve un peu confis en lisant la note de nos amis encyclopédiste :
« On comprend que l’ouvrage soit unanimement considéré comme une des bases indispensables de toute bibliothèque de connaisseur d’anticipation ancienne »
Seigneur, la phrase qui tue venait d’être lâchée et je peux vous dire que mon cauchemar venait de commencer. Tout en prenant connaissance du contenu de l’article consacré à l’ouvrage, je commençais à avoir des sueurs froides un goût amer dans bouche, des tremblements dans les jambes : Comment ais-je pu rester aussi longtemps dans l’ignorance de pareille frénésie conjecturale ? Je ne voudrais pas rompre le suspens et je vous invite au plus vite à consulter la page 131 du volume, Corpus N° 103. Toutefois brisons un peu le secret en vous dévoilant qu’ il y sera tout de même question d’avenir de la civilisation avec son cortége « d’aéroplanes, de volateurs, d’avicelles, de mégalornis, d’hélicoptéres,d’iptéronefs, de villes et de campagnes volantes… »
Il me fallait agir au plus vite et trouver le précieux volumes ! Hé ! Hé ! Hé ! Ou plutôt Ah !Ah !Ah ! Car j’entends le rire de nos amis chercheurs face à mon innocence et ma candeur en apercevant (de façon fort polie comme il se doit) le désir, légitime il, faut l’avouer de trouver une telle rareté. Car le lascar est non seulement connu, mais très recherché et il me faudra donc pleurer toutes les larmes de mon corps avant de mettre la mains sur cet objet de convoitise que s’arrachent non seulement les intoxiqués de conjectures anciennes, mais les passionnés d’aéronautique, les bibliophiles et autres maniaques en tous genres.
La quête fut longue et le désespoir immense, non il n’y avait rien à faire, l’ouvrage était peut-être un mythe, un rêve d’affabulateur, que sais-je encore ! Pourtant impossible de remettre en question le savoir incontestable de nos deux archivistes fous qui au mépris de leur santé mentale compilèrent une telle somme d’informations.
Une fois n’est pas coutume, la réponse de mes attentes fiévreuses ne vint pas de notre doux pays , terre d’asile d’esprits à l’imagination puissante, mais de contrées beaucoup plus lointaines, terre d’asile quand à elle d’autres esprits tout aussi délirants qui « inventèrent » un terme de renommée internationale : La Science-Fiction. Et bien oui ! L’ouvrage si rare et si convoité a été réédité dans la patrie de Simak, Dick et Williamson, aux éditions « Nabu Press ».
Il s’agit en quelque sorte d’un fac similé de l’édition originale dans un format beaucoup plus grand (pour ceux comme moi qui on la vue qui baisse) avec les petits dessins d’origine et tout et tout… Une agréable surprise donc pour le boulimique que je suis. Bon ce n’est pas l’édition originale mais au moins je vais avoir la chance de lire cet ouvrage, qui me parait passionnant, et ce sur un support papier. Même si la couverture n’est pas très belle, on ne peut pas tout avoir, les naufragés des puces et des brocantes que nous sommes, pourront le ranger sur les étagères de leurs bibliothèque avec le sentiment du devoir (presque) bien accompli.
Pour une fois faisons preuve d’un certain « fair-play » en proclamant avec un l’œil larmoyant et la lèvre tremblotante : Dieu protége l’Amérique !
Mais au fait qui est ce « Nabu Press »?
- « Pigeon vole, Aventures en l’air« de Guillaume joseph Gabriel de la Landelle. P.Brunet, Libraire-Editeur,1868. Réédition « Nabu Press » 2010.
« Le voyageur immobile » de Alain Saint-Ogan et Camille Ducray. Les éditions sociales Françaises. 1945.190 pages. (Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique N° 11, Novembre 1992).
L’histoire va se passer sur une période relativement courte, puisqu’elle débute et se termine sur quatre nuits. Le narrateur y relate les faits racontés par un ivrogne, du romantique nom de Lafleur. Ce dernier, ancien journaliste d’un obscur quotidien, était un peu l’homme à tout faire, le tâcheron sans ambition à qui l’on confiait les tâches les plus ingrates. Pourtant sa « fibre » journalistique n’en était par pour autant évaporée et lorsqu’il prit connaissance d’une affaire insolite survenue dans un petit village du pays Basque, son sang ne fit qu’un tour !
Fortement intrigué et intéressé par d’étranges rumeurs, le journaliste se rend sur les lieux. Sur place il écoute d’une oreille attentive les élucubrations des villageois qui racontent qu’un homme, à l’accoutrement bizarre, s’est matérialisé subitement dans un champ de maïs. Pris aussitôt en charge par le comte Liversac le savant local, ce « Martien » comme l’appellent les gens du coin, ne fera par la suite que de brèves apparitions dans le village. Une aura de mystère flotte autour de ce mystérieux invité du comte. Tout ceci ne fait qu’accroître la curiosité de notre émule de Rouletabille et fort d’une certaine audace, parvient à se faire embaucher au château et obtenir un poste de confiance.Une véritable aubaine grâce à l’intervention providentielle d’un ami avec qui il s’est lié d’amitié,Antoine Saguet, le secrétaire de « Monsieur le comte ».Trop inconscient et loin de se douter à qui il avait à faire, ce dernier remettra dans les mains du reporter un rapport concernant une curieuse machine. Stupéfait, Lafleur découvre alors l’identité de l’homme mystère.
Il s’agit en réalité d’un Atlante, plus précisément d’un Halcarmendien, véritable nom donné à cette légendaire civilisation. Son arrivée dans ce petit village est le produit du plus pur des hasards, alors qu’il était aux commandes d’une machine expérimentale permettant de voyager dans le temps. C’est justement les plans de celle-ci que le Journaliste tenait dans ses mains. L’étrange invité se prénomme Owha et, d’une intelligence peu commune, il est parvenu à maîtriser notre langue avec une rapidité tout a fait surprenante. Il explique ainsi son arrivée dans un si modeste petit village, suite à une erreur purement technique. Dans un chapitre assez conséquent de l’ouvrage, l’auteur va lui permettre de nous brosser un tableau édifiant des merveilles technologiques de sa puissante civilisation (voyage dans les airs, énergie solaire et atomique….)
Le reporter complètement désemparé face à une telle découverte fera preuve d’un manque de prudence et sera finalement démasqué. Le comte n’étant pas un criminel, il ne lui reste plus qu’à passer un accord avec lui et de lui promettre une entière discrétion. Il faut dire que l’événement qui se prépare est de taille puisque aidé par un autre savant, le Pr Descaufli, Liversac va tenter de remettre la machine de l’Atlante en marche. Il est en effet impératif que Owha retourne dans son monde. Un départ qui sera plutôt bien accueilli par Saguet car, une fois n’est pas coutume, notre brave secrétaire est amoureux de la nièce du comte qui elle est amoureuse du bellâtre Halcarmendien.
Seulement la pratique est loin d’être aussi simple que la théorie et l’expérience est vouée à l’échec. Pourquoi ? Laissons plus instruit que nous nous donner une explication :
« Nous nous trouvons dans l’impossibilité philosophique à laquelle je viens seulement de songer….Pour revenir à son époque,Owha devrait franchir l’année qu’il vient de passer avec nous. Or, les choses sont ce qu’elles sont et ne peuvent être autrement. La machine était arrêtée et Owha jouissait pendant ces onze mois de l’illusion du temps qui s’écoule. Il ne put être à la fois sur sa machine et parmi nous, pas plus que celle-ci ne peut dans le même temps fonctionner pour être stoppée. Il eut dû pour retourner en arrière, repartir sans même laisser une fraction de temps s’écouler. Mais alors, revenant au moment même ou il mettait son appareil en route, il serait reparti fatalement vers notre siècle. Ce voyage d’aller et retour se serait poursuivi indéfiniment, prisonnier qu’eut été le voyageur entre ces deux mondes infranchissables »
En fait….une explication très logique où la philosophie parvient à expliquer un formidable paradoxe temporel ! Mais ici ce voyageur du temps est littéralement « immobile » car visiblement il ne voyage que dans le temps et non dans l’espace. Bref face à cette déconvenue, le secrétaire pensant se débarrasser de son rival par machine interposée, poussé par un excès de jalousie, se jette sur son rival. La prétendante voulant les séparer, bascule avec les deux hommes sur l’immobile engin, actionne un levier par mégarde et Pfutt ! Plus rien, le néant, le vide absolu, tous trois projetés vers …l’éternité (la bagatelle de 100.000 années). Ne pouvant retourner en arrière Descoufli, allez savoir pourquoi (une lubie de scientifique) programma la machine vers le futur. En tout cas, ce brave Antoine qui au départ refusait de « partager » son amour improbable, sera donc condamné à une passion à trois dans les méandres du temps : mais qui va tenir la chandelle ?
Ainsi se termine cette étrange histoire, au fait j’allais oublier que Lafleur, trop prés lors du départ de la machine, se retrouva stigmatisé sous la forme d’une brûlure ressemblant a si méprendre à un soleil, symbole de l’Atlantide. Comme frappé d’un terrible malédiction, à l’image de ces créatures de la nuit, il sera condamné à ne plus pouvoir supporter la lumière du jour. Vingt cinq ans après le drame, les deux personnages à qui nous devons ce récit, auront toutes les peines du monde à recoller les morceaux pour comprendre avec exactitude l’importance de cet épisode tragique. D’après leurs renseignements, les personnes rescapées ce jour-là moururent, victimes d’un mal étrange.
De nos jours il ne reste plus que la propriété, sinistre maison laissée à l’abandon car les gens du pays la disent hantée. Souvent la nuit, par temps d’orage on aperçoit de loin derrière les grilles, des ombres et des lueurs qui s’agitent. On raconte que ce sont les anciens propriétaires qui reviennent. Il nous sera impossible de savoir ce que nos « voyageurs immobiles » ont vraiment découverts sur cette terre Basque du futur. Mais peut-être restent-ils à tout jamais condamnés à « flotter » dans le présent, dans un repli de notre réalité qu’il leur est à présent impossible de rejoindre. A notre grand regret, nous ne le saurons jamais.
Un Atlante qui prend tout son temps !
Dans la lignée de la fameuse trilogie de Charles Magué (dont je vous parlerai très prochainement) ayant pour thème l’Atlantide, j’utiliserai en guise d’introduction une célèbre phrase remise au goût du jour : « Si tu ne viens pas à l’Atlantide, l’Atlantide ira à toi ! » et pour cause…
Une fois n’est pas coutume, l’auteur va mélanger de façon habile roman policier et conjecture pour aboutir à un texte où deux thèmes vont également se combiner de manière astucieuse : Le voyage dans le temps, et le mythe de l’Atlantide. Ce « voyage immobile » qui pourrait rappeler le titre d’un certain Maurice Renard, est cependant fort différent car là où « L’aérofixe » effectuait un vol stationnaire dans l’espace, certes il pouvait se « déplacer» géographiquement tout en étant immobile, mais sa machine n’avait aucun des caractéristiques lui permettant de se « déplacer dans le temps ».
Dans la nouvelle de Renard, c’est la terre qui bouge et la machine qui reste stationnaire, dans le roman de Saint- Ogan/Ducray, la machine reste immobile et c’est le « temps » qui se meut. La spécificité de « Le voyageur immobile » c’est qu’il va se servir du prétexte d’une thématique peu rencontrée en conjecture ancienne, à savoir situer le pays Basque comme ancienne terre d’asile de l’Atlantide. Utiliser ainsi une machine à « Voyager dans le temps » afin de valider une telle hypothèse, est assez séduisant et l’on se laisse facilement convaincre. L’auteur apporte ainsi sa pierre à l’édifice de la mystérieuse origine de la langue Basque.
Il faudra toutefois avoir une petite pensée émue pour le pauvre journaliste qui une fois de plus pensait dénicher le scoop de sa vie, lui permettant ainsi de sortir de l’anonymat et de sa vie de misère. A la place il ne gagne qu’une terrible malédiction, qui vient lui marquer le front de sa coupable curiosité, condamné à se terrer telle une larve et de fuir la lumière du jour.
Une œuvre assez originale, entretenue par une hypothèse audacieuse et novatrice. Dommage que les trois explorateurs ne soient jamais revenus, il me plait à imaginer le récit de leurs audacieuse et involontaire aventure, peut-être ont-ils rencontrés les Elois ou les Morlocks de Wells ?
Camille Ducray a déjà collaboré avec Alain Saint-Ogan pour un autre ouvrage intitulé « Le gouffre de la nuit » mais pour ce volume la participation de l’auteur se bornera uniquement aux illustrations (Editions sociales Françaises, 1946). Dans ce passionnant roman, il est question de la découverte d’une race de créatures souterraines, totalement dépourvues du sens de la vue. Cette fabuleuse contrée située entre Solutré et la Suisse se nomme la « Spélaïonie » (pour plus de renseignements sur ce sympathique roman, consulter la « bible » des terres creuses de nos amis Guy Costes et Joseph Altairac)
Dans « Le voyageur immobile » l’auteur s’est inspiré d’une nouvelle de Saint-Ogan parue en 1940 dans « La revue des deux mondes » et intitulée « Le sauvage de l’océan ». Camille Saint-Ogan est surtout connu comme le dessinateur des célèbres « Zig et Puce » dont la création date de 1925. Ils sont en outre les premiers héros d’expression Française à s’exprimer par les fameuses « bulles ». Les deux personnages nous intéressent particulièrement car nombre de leurs aventures relèvent de la conjecture et certains titres sont d’ailleurs très évocateurs :
- « Zig et Puce au 21éme siècle » Paru dans « Dimanche illustré » du 17 Décembre 1933 au 14 Octobre 1934,1935 en volume chez Hachette. Le volume le plus fameux en ce qui nous concerne.
- « Zig et Puce et le Professeur Médor » Paru dans « Cadet revue » à partir du 1er Avril 1939 interrompu par la guerre, en volume chez Hachette en 1941)
- « Zig et Puce et l’homme invisible ». Paru dans « Zorro » de 1947 à 1948, en volume chez Hachette en1949)
- « Zig et Puce et le cirque » Paru dans « Zorro » de 1948 à 1949, en volume chez Hachette en 1951,où l’auteur évoque l’Atlantide.
Il sera également le créateur de « Mitou et Toti » dont certaines aventures « taquinent » également notre domaine :
- « Les nouvelles aventures de Mitou et Toti » feuilleton illustré paru dans « Cadet revue » du N°46, 15 Novembre 1934 au N°59, 1er Juin 1935. Réédité en volume sous le titre « Mitou et Toti à travers les ages » Hachette 1938, collection « Les âges ».
Autres aventures conjecturales :
- « Le rayon mystérieux » bande dessinée dans « Cadet revue » du N°116, 15 Octobre 1937, au N°150, 15 Mars 1939. Réédité dans la revue « Phénix » 9 et 10.
- « Cric et Crac à travers les siècles » série en 13 fascicules Chavane éditions.
André Laurie de son varie nom Paschal Grousset (1845-1909) rentre dans la catégorie des écrivains (à l’instar d’Albert Robida) dont le talent fut un peu occulté par la célébrité de Jules Verne. Pourtant publié chez le célèbre éditeur Hetzel, il contribua à l’édification de notre genre de prédilection avec quelques œuvres assez honorables et qui, comme il était de coutume à l’époque, conciliaient le roman d’aventure avec le roman scientifique.
Il écrivit sous son véritable nom « Le rêve d’un irréconciliable » en 1869, une petite utopie bien gentille qui ne fera pas date dans l’histoire. Va commencer par la suite la série chez le célèbre éditeur des « Romans d’aventures ». Des textes de qualités assez variables, ou l’on sent la présence de certaines influences mais dont les qualités restent indéniables, à commencer par « Les exilés de la terre » en 1888, « De New York à Brest en 7 heures » en 1889, « Le secret du mage » en 1890, « Le rubis du grand lama » en 1892, son passionnant « Atlantis » en 1895, « Un roman de la planète Mars » en 1895, « L’épave du Cynthia » toujours en 1895 (en collaboration avec Jules Verne) « Le géant de l’azur » en 1904 et « Le maître de l’abîme » en 1905. Ce petit tout d’horizon serait complet sans parler de ce texte absolument génial « Spiridon le muet » (Date de parution 1906 aux éditions Jules Rouff &Cie) où un médecin, Aristide Cordat, découvre dans une grotte prés de la Corse une très curieuse civilisation de fourmis souterraine. Mais je laisse la place à pierre Versins le soin de vous résumer cette extraordinaire aventure :
« Leur roi Spiridon, possède grâce à son éducation, comme chaque roi de ces fourmis depuis le début de leur histoire, une taille égale à celle de l’homme, ainsi qu’une intelligence de premier ordre. Il s’occupe à des essais de dissection sur les plus aventureux habitants de l’île et, grâce au formol pris sur son peule, a inventé un sérum qui a des effets toniques, reconstituants et cicatrisants merveilleux. La caverne contient d’autre part un trésor abandonné là en même temps que les fourmis par les phéniciens. Avec Spiridon, le Dr Cordat découvre des facultés télépathiques grâces auxquelles elles peuvent converser. Nanti d’or et de diamants, Aristide emmène Spiridon, déguisé en Japonais, à Paris pour lui permettre de poursuivre ses études de chirurgie. Après trois opérations quasiment miraculeuses dont les guérisons s’effectuent en quelques heures, Aristide et Spiridon deviennent la coqueluche de la capitale, tout en étant en butte à des jalousies et des curiosités malsaines. Enlevé par un chirurgien concurrent, Spiridon menacé d’être disséqué lui-même, est contraint de tuer, cruellement, comme il ; en a l’habitude d’ailleurs. Puis il est victime d’un attentat au couteau. Pour le sauver, Aristide accepte de se laisser opérer. Prouvant ainsi qu’il n’est pas humain, donc pas responsable. Sous le choc opératoire, Spiridon perdra ses facultés et son intelligence, malgré le sérum »
Ce roman qui fit également l’objet d’une parution dans la revue « Le Globe Trotter » ( du jeudi 6 Décembre 1906 au Jeudi 28 Mars 1907) était pratiquement introuvable ce qui était fort regrettable comme vous venez de la constater à la lecture de cet incroyable résumé. Comme je le disais il y a quelque temps, ces auteurs avaient un sens de l’imagination et de la démesure assez incroyable.
Fort heureusement, et je dois ici saluer une fois de plus l’audace extraordinaire dont fait preuve de petit éditeurs, le texte est ressorti des oubliettes où il était hélas, condamné à une mort certaine. En effet les éditons « Des Barbares » spécialisée dans la littérature du 19 éme au 21 éme siècle, vient d’enrichir notre bibliothèque d’une précieuse réédition de l’ouvrage de André Laurie. Présenté et annoté par Christian Soulignac, le volume reprend en outre les magnifiques compositions de l’époque et réalisées par Eugène Damblans.
En regard de la couverture de cette inespérée réédition, il vous sera possible de juger du talent et de tout le mystère qui se dégagent de cet incroyable roman. Mais loin de se borner à ce travail salutaire, le même éditeur avait publié auparavant une autre œuvre de Pascal Grousset et tout aussi introuvable puisqu’elle ne bénéficia que les honneurs d’une sortie dans un périodique « La revue illustrée » ce qui complique encore plus, vous en conviendrez la chance de trouver un jour ce texte. « Un roman de la planète Mars » est un ancêtre du « Space opéra » que peu d’amateurs connaissent et qu’il était également grand temps de ressortir.
Un éditeur au final d’une grande intelligence et surtout d’une grande générosité car il va permettre ainsi de (re)découvrir deux textes essentiels aux passionnés de vieille anticipation mais aussi à toute une nouvelle génération de lecteurs qui ignorent probablement que la « science fiction » débuta sa longue mutation depuis plus d’un siècle et qu’en France, il existe aussi de nombreux précurseurs.
Pour les amateurs de André Laurie je précise qu’il existe également un numéro spécial de l’indispensable revu « Le Rocambole » et dont le numéro 51 (été 2010) se consacre entièrement à cet écrivain injustement oublié de nos jours
Vous trouverez tous les renseignements nécessaire avec les liens ci-dessous:
http://www.desbarbares.fr/index.php?lng=fr
http://www.lerocambole.com/listouvrages.php?col=3&bouton=2
La superbe et inquiétante couverture de la revue « Le Globe Trotter » Avec la tout aussi belle illustration de Damblans
Si le titre peut vous sembler quelque peu bizarre, impliquant un contexte des plus improbable, je pense que si vous êtes comme moi amateur de bizarreries littéraires, cette aventure est faite pour vous.
Nous avons déjà eu le plaisir de nous « frotter » à la plume talentueuse de Robert Darvel lors de ses précédentes incursions dans l’univers extraordinaire de Harry Dickson et de nous rendre compte à quel point le lascar s’y entend en atmosphères référentielles, en situation originales et fantastiques bref un langage des plus prolixe pour un genre qui au premier abord semble relativement aisé mais dont les continuateurs dignes de ce nom se comptent sur les doigts….d’une main !
Déjà pour le spécialiste en la matière, le pseudonyme du personnage devrait évoquer d’agréables souvenirs, peuplés de voyages dans l’espace par la seule force de la pensée, de vampires « Marsiens », d’aventures extraordinaires aux confins des mondes connus et inconnus. Car en fin connaisseur de littérature populaire et en amateur inconditionnel de tout un courant littéraire appelé « merveilleux scientifique », c’est un brillant hommage que l’auteur va ainsi rendre au travers des incroyables aventures de notre pucelle nationale. Revisiter ainsi l’histoire de ce symbole inaltérable et immuable, cela tenait du prodige voir du miracle, et pourtant….
Il faut dire que dés le départ, le pari n’était pas gagné car en l’espace de 32 pages, de rigueur pour ce formidable « éditeur de fascicules », raconter la genèse de cette l’héroïne, qui par un incroyable destin va rencontrer Jean De La Hire le « Roi des boy scouts », affronter le grand maître des Lyges, de redoutables vampires qui se cachent sous Orléans, se dédoubler afin de poursuivre son incroyable périple alors que « l’autre Jeanne » va connaître son funeste destin, voir son corps se couvrir entièrement d’un carapace métallique, réunir d’autres Erloors (nom donné aux chefs des vampires) et de leur permettre de retourner sur Mars par une technique des plus inhabituelle, il fallait en avoir de l’inspiration !
Mais l’auteur, en passionné du genre parvient par une étrange et formidable alchimie du verbe, à mélanger éléments historiques et culture populaire, grâce à une parfaite connaissance du sujet et d’un merveilleux sens de l’à-propos, qualité indispensable à ce genre d’exercice.
On retrouve chez Robert Darvel, tout le charme, la truculence et l’imagination débordante que l’on pouvait attendre et souhaiter dans ce pari aussi fou que celui de réécrire l’histoire de Jeanne d’Arc version littérature populaire. Les clins d’oeils ne manquent pas et les mordus du genre, tout comme les autres d’ailleurs car ce n’est pas une œuvre « élitiste », ne pourront que se délecter des nombreuses allusions faites à Gustave Le Rouge et ses fameux Erloors, à la planète Mars peuplée de Vampires qui se nourrissent de sang, à Jean De La Hire et la saga du « Roi des boy scouts », à l’Atlantide….pour se terminer en apothéose magistrale où nous assistons, la lippe pendante au départ de Jean De La Hire à bord de « La roue fulgurante ». Une épopée qui va à cent à l’heure où l’on n’a pas le temps de respirer.On se laisse emporter par une imagination aussi débridée et ici la lecture coule d’une façon abondante et soutenue, à l’image des pertes sanguinolentes de la malheureuse Jeanne…Tout un programme !
D’ailleurs, il semble que ce liquide vermeil symbole de vie et de mort, soit uns constante chez l’auteur car elle est étroitement liée à Gustave (Le Rouge…) lui-même créateur de la fameuse épopée Martienne (encore du rouge) et dont le héros n’est autre qu’un certain…Darvel ! Comme quoi, « bon sang ne saurait mentir » !
Voilà pourquoi, vous trouverez ici dans les pages de ce blog consacré à l’anticipation ancienne, un titre aussi inattendu, car avec cette nouvelle héroïne, Robert Darvel rend un profond et superbe hommage à toute une multitude de romanciers qui par leur imagination débordante, leur don de visionnaire et surtout de leur sens de la démesure qui ne semblait connaître aucunes limites, donnèrent à la littérature d’imagination scientifique, toutes ses lettres de noblesse. Nul doute que cette entreprise connaîtra tout le succès qu’elle mérite et nous attendons, après « Jeanne d’Arc au pôle Nord » (Qui nous cache encore de nombreuses références) et dont je vais entamer la lecture, d’aussi agréables surprises et qui plus est, cette faim insatiable que tout amateur digne de ce nom, éprouve à l’encontre de ce genre de « pépites ».
Félicitons pour finir, quitte à faire preuve d’un excès de dithyrambisme, le magnifique dessin de couverture réalisé par l’auteur en personne. Très suggestive, et d’un rouge sang des plus évocateur, elle nous donne envie de nous plonger corps et âmes dans ce monde riche en péripéties. Après les qualités d’artiste de Brice Tarvel pour « Nuz Sombrelieu » il semble que talent et diversité soient de mise chez le « Carnoplaste »
Plutôt que de rester dans l’ignorance d’un tel plaisir de lecture, filez de ce pas sur le site de l’éditeur afin de vous enivrer d’une bonne rasade de ses merveilleux fascicules, je peux vous donner ma parole que vous ne le regretterez pas!