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Archive pour mars 2011

Un Bien Triste Nouvelle Avant De Partir En Vacances: La disparition de Michel Gourdon!

( En vrac )

Je me prépare prépare à faire une petite visite à Barcelone, voir si « l’anticipation ancienne » et les « Héros de l’ombre » y sont tout aussi actifs. Mais sacrebleu, j’ai tout de même emporté dans mes valises un fascicule de Harry Dickson du père Darvel, le volume second du « Club Diogéne » et la « Revanche fantastique » de Louis Denay et Eugéne Tassin (1873). Une histoire où il est question d’une guerre future et d’immenses avions en forme de chauves-souris, Hum!!!. Mais nous en reparlerons très prochainement dans les pages de ce blog.

Je vais donc abandonner pour quelques jours mes petites fadaises conjecturales et laisser « Sur l’autre face du monde » pour quelques jours de vacances très attendues. A bientôt les amis, reprise de contact le WE prochain avec René D’Anjou et « Véga la  magicienne »!

Mais avant de vous quitter je voudrais tout de même vous rappeler la nouvelle, la mort d’un très grand Monsieur du monde de la littérature populaire, un illustrateur de génie qui, à l’instar de Brantonne, assura la pérennité d’un univers fait de créatures diaboliques, de monstres, d’ombres falotes qui hantent tout un monde de crimes et de magouilles, de superbes créatures dont la plastique rivalisent avec les Pin-up de nos voisins Américains. Véritable bourreau de travail, son oeuvre fut exemplaire et colossale et restera dans nos mémoire comme un personnage discret et de grand talent, dont la production considérable qu’il réalisa avec toujours la même passion et la même fougue, restera à jamais gravée dans nos mémoires.

Mr Gourdon , vous avez tout notre respect et notre admiration!

 

On en parle sur le site de Bdfi, où je lui rend un modeste petit hommage:

 

http://forums.bdfi.net/viewtopic.php?pid=36934#p36934

 

Un Bien Triste Nouvelle Avant De Partir En Vacances: La disparition de Michel Gourdon! dans En vrac angoissefn1



« Guy Sabran » Un Illustrateur Trés Inspiré

Nous sommes au pays des enfants, où la bicyclette n’existe pas. Ici l’avion est roi alors les fils « Cornebuse », inventent un magnifique avion pouvant également être amphibie. Un rallye aérien est organisé où le talent des différents appareils sera mis à l’épreuve. La destination de chaque étape est donnée en plein vol et nos intrépides aventuriers partent ainsi à la découverte du monde. C’est au cour de leur périple qu’ils rencontreront les redoutables poissons volants, siégeant sur la couverture. Ils rencontreront également un savant maître d’une « île mystérieuse » possédant un formidable porte avion. Finalement ils décideront de rester on leur propose de devenir « estafettes des forces aériennes », le virus de l’aventure restant toujours aussi fort en eux.

Une ouvrage magnifique composé à chaque fois d’une illustration pleine page. Un superbe album « pour enfant » du génial Guy Sabran.

« Cornebuse &Cie«  de Guy Sabran. Les éditions GP. Texte et illustration de Guy Sabran.28 pages.1945

 

Grâce a son génie, le Docteur Urlunim , invente un combustible révolutionnaire, la pastille d’Utopon. Une fois mise en place sur le nom moins extraordinaire « Nébulor-Fulgur » (aérien et amphibie comme il se doit)débute alors une odyssée riche en péripéties, mais le combustible se révèle instable et va conduire tout l’équipage vers une irrémédiable catastrophe. L’explosion de l’appareil détruit tout à des kilomètres à la ronde. Le héros de l’histoire, un enfant tombe alors à une vitesse vertigineuse vers la terre. Il arrive au sol et se réveille au pied de son lit….ce n’était qu’une rêve.

Dans cette gentille parabole sur les dangers de la science et d’une forme d’énergie (atomique ?) qui échappe au contrôle des hommes et malgré la fin « brutale » et mainte fois utilisée, l’innocence de l’histoire laisse la place à la beauté des illustrations Un album avec de magnifiques compositions, beaucoup plus « anticipation » que le précédent. De superbes couleurs et une esthétique très années cinquante, un must en la matière !

« La croisière du Nébulor, fusée atomique ». Les éditions GP. Illustrations de Guy Sabran. 30 pages .1946.

 

Esquisse bibliographique de l’œuvre conjecturale de Guy Sabran.

 

- « la voiture du futur » Texte de Roger Baschet titré « anticipation », dans la revue « l’illustration » du 6-10-34 a l’occasion du salon de l’automobile et du tourisme.

- « Cornebuse &Cie » de Guy Sarban. Les éditions GP. Texte et illustration de Guy Sarban.28 pages.1945. 

- « Les vacances fantastiques des fils de Casseboufique » Les éditions GP. Illustrations de Guy Sarban. 30 pages .1946.

- « La croisière du Nébulor, fusée atomique ». Les éditions GP. Illustrations de Guy Sarban. 30 pages .1946.

- « Nous étions sept astronautes » de Lucien Prioly. Editions Bordas.1946. Couverture de Guy Sabran.

- « L’île des hommes de fer » de Lucien Prioly. Editions Bordas.1948. Couverture couleur de Guy Sabran.

- « La porte des étoiles » de Paul Berna. Illustrations de couverture et intérieures en couleur de Guy Sarban. Editons G.P. « Bibliothèque rouge et or ». Relié avec jaquette.1954.

- « Nous irons à Lunaterra » de Paul Berna. Illustrations de couverture et intérieures en couleur de Guy Sarban. Editons G.P. « Bibliothèque rouge et bleue ». Relié.1954.

- « Le continent du ciel » de Paul Berna. Illustrations de couverture et intérieures en couleur de Guy Sarban. Editons G.P. « Bibliothèque rouge et or ». Relié avec jaquette.1955.

 

   cornebuse1 dans les auteurs et leurs oeuvres  lacroisiredunbulor1  nbulor1



« La Fin Du Monde » Selon Camille Flammarion

« La fin du monde » de Camille Flammarion 1ére édition en revue dans « La science illustrée » nos 314 à 339 (du 2 Décembre 1893 au 26 Mai 1894), suivront de nombreuses rééditions.

Nous assistons dans l’ouvrage à l’histoire de l’humanité du 25éme siècle jusqu’à une époque très éloignée dans le futur. Ce volume illustré par de nombreux dessinateurs dont Albert Robida, nous dépeint l’évolution de notre civilisation, tant sur le plan scientifique que moral, social et morphologique. Dans la première partie : « Au 25éme siècle, les théories », un chapitre nous intéresse plus particulièrement : « Comment le monde finira ».Dans un immense amphithéâtre le directeur de l’observatoire de Paris transmet à une assemblée de savant et ce par l’intermédiaire d’un « Téléphonoscope » un message sous forme d’image venant de la planète Mars. Le texte « Photophonique » est très clair : Les astronomes de la ville équatoriale de Mars, préviennent les habitants de la terre qu’une comète gigantesque s’approche d’elle risquant de la détruire complètement. Fort heureusement, comme nous l’apprendrons plus tard dans la seconde partie : « Dans 10 millions d’années » le globe échappera à la catastrophe.

Cette thématique de la fin de notre globe terrestre se trouvant d’une manière récurrente dans une bonne partie de son oeuvre. Il semble d’ailleurs que Flammarion connaisse bien ces « classiques » puisque dans le second volet de l’ouvrage « Dans dix millions d’année » un des personnages se nomme « Omégar » faisant en cela référence à l’ouvrage de Mme Elise Gagne « Omégar, le dernier homme proso-poésie dramatique de la fin des temps en douze chants » (Didier et Cie, libraires- éditeurs 1859).

Il est également à préciser que l’homme fut un passionné avant la lettre du domaine de « l’anticipation » puisqu’il réalisa un ouvrage faisant encore référence de nos jours « Les mondes imaginaires et les mondes réels, revue critique des théories humaines scientifiques et romanesques, anciennes et modernes sur les habitants des astres ». Un copieux volume de 400 pages (en fait le volume fait 577 pages mais c’est la deuxième partie qui commence page 169 qui nous intéresse plus particulièrement). L’auteur y aborde tout de même pratiquement une cinquantaine de romans et nouvelles des origines à nos jours et traitant de voyages extraordinaires tant terrestres que sur d’autres planètes et de la rencontre avec maintes contrées et populations étranges et fabuleuses. Nous aurons ainsi le plaisir d’y rencontrer : « L’homme dans la lune » de Godwin, « Le monde dans la lune » de Wilkins, « Voyage dans la lune, Histoire des états et empires du soleil » de Cyrano de Bergerac, « Le voyage extatique céleste » du père Athanase Kircher, « Nouvelles de la lune » de Mercier, « Voyage de Milord Céton dans les sept planètes » de Lambert et de Kant, « Les hommes volants» de Rétif de la Bretonne etc….Des romans phares mais rarissimes pour une grande partie.

Un ouvrage unique en son genre et indispensable plaçant de ce fait Camille Flammarion comme un précurseur du genre. Un auteur vraiment passionnant dont je ne peux que vous recommander la lecture de toute son œuvre romanesque, tant les thématiques abordées sont d’une richesse et d’un intérêt certain.

 - « Le fin du monde »: Le revue illustrée N°182 à 189 (1893).

- « La fin du monde » Revue « La science illustrée » N°314 à 339 (2 Décembre 1893 au 26 Mai 1894).

- « La fin du monde« . Editions Flammarion, existe en cartonné ou en broché ( Avec de nombreuses illustrations dont A.Robida).

-  » La fin du monde » Editions Flammarion in-12. 1917. Reprenant les illustrations du précédent volume.

- « La fin du monde«  Editions Flammarion in-12. Vers 1930, sans les illustrations.
 

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« Alerte Aux Martiens » De Lucien Prioly

Les Martiens sont très inquiets de l’importance que prennent sur la terre les expériences atomiques .De ce fait, ils vont enlever un couple de terriens, Marie-jeanne Mayadoux et François Chamboux qu’ils vont présenter au conseil des sept du suprême pouvoir, une sorte d’ hémicycle puissant,regroupant les sages de la planète.

La mission du couple, si elle est acceptée (après le document s’auto détruira…) est de rapporter aux habitants de la terre un ultimatum. L’arrêt immédiat de leurs recherches et leurs expériences sur l’atome. Pendant ce séjour « forcé » sur l’astre rouge, les deux « abductés »vont découvrir les merveilles d’une civilisation Martienne proche de la perfection, mais leurs présences vont aussi apporter le trouble et certaines interrogations face à un système trop bien huilé et aux apparences trompeuses: Tant de bonheur et de perfection cache surement quelque chose!

Le voyage se poursuivra par la suite sur Vénus, devenu une planète « pénitencier » où les condamnés exploitent divers gisement. En fait ses prisonniers n’ont pas encore commis de délits, ils sont là à titre « préventif » car susceptibles de déviationnisme et donc inculpés préventivement (un peu comme dans le film « Minority report »).

Par la suite, conscient des limites du systéme, le peuple gronde et voulant échapper aux griffes du conseil des sept, une violente révolte éclatera, mettant ainsi fin à une longue période de soumission. La population partira en exode sur Vénus, leur planète devenant à son tour un astre mort. Pour une fois l’espèce humaine dans ce roman fera preuve de bon sens en écoutant ses frères Martiens, en tirant toutes les conclusions nécessaires et en bannissant de notre globe toutes les armes nucléaires.

Une moralité à rapprocher de l’excellent film de Robert Wise : Le jour ou la terre s’arrêta.

Du même auteur il sera possible également de lire deux autres « anticipations »: « Nous étions sept astronautes »(Editions Bordas 1946) & « L’île des hommes de fer » (Editions Bordas 1948). Les couvertures des deux ouvrages sont superbement illustrées par Guy Sabran.

  Merci à mon ami Jean-Yves qui me signale également l’ouvrage signé sous le pseudonyme de Philip Fobster « Soucoupe volante » édité chez André Martel en 1955.

« Alerte aux martiens  » de Lucien Prioly éditions André Martel 1954. 

 

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Les Coups De Coeur Du « Moi »: « L’or et la Toise » de Brice Tarvel

« Comme je ne lis pas que des choses anciennes et surannées et que de temps en temps j’ouvre un livre dont la date n’affiche pas toujours le centenaire sur la page de garde, je me suis dit qu’il serait également sympathique de vous faire part de mes coups de cœur, ou de vous parler d’un ouvrage qui mérite toute notre attention. »

 

Présenter une œuvre reste en soi une chose assez délicate, car on ne sait pas si l’on va employer les mots justes, réussir à faire passer les émotions, le plaisir de lecture, la joie extrême de tourner les pages et de découvrir frémissant, ce qui se passe derrière…Il est à mon avis plus facile de démolir un texte et d’en vanter l’inutilité de sa lecture. En règle générale lorsque un ouvrage me déplait je le délaisse et l’ignore, non point par lâcheté, mais le temps est une chose trop précieuse pour l’utiliser en inutiles fadaises ou en méchancetés mal intentionnées. Alors pensez, lorsqu’il faut parler d’un roman écrit par un ami, la chose reste délicate et périlleuse. On pourrait en effet me targuer de favoritisme et de faire preuve d’un certain manque d’objectivité.

Pourtant, même s’il me faut reconnaître un certain enthousiasme pour l’auteur, je dois avouer que la lecture de son dernier roman « L’or et la toise » n’était pas tout à fait gagnée, car je n’ai pas une grande affinité avec le genre qu’il aborde dans ce premier volume de son nouveau cycle, à savoir la Fantasy. Peut-être que je classifie mal ce dernier et je prie l’auteur de bien vouloir m’en excuser, ma connaissance dans ce domaine se bornant à quelques classiques indémodables, du « Cycle des épées » de Fritz Leiber, à la saga d’Elric de Michael Moorcock, en passant bien entendu par RE.Howard, les ouvrages de Clark Ashton Smith et d’autres auteurs éparpillés dans cet océan de titres auxquels nous nous accrochons comme une bouée de sauvetage afin d’éviter de sombrer dans l’ennui et le dégoût.

Lorsque je suis arrivé à la dernière phrase du livre en question, je me suis rappelé de son interview pour le site « La confrérie de l’imaginaire » où il nous explique comment fonctionne son mode de travail, se confie sur sa technique d’écriture, et qu’il nous avoue avec toute la modestie qui l’anime :

« Je n’ai pas d’autres ambitions que de divertir, de faire passer un bon moment ».

Je crois que tout le secret de sa réussite est là, dans une démarche aussi humble et simple à la fois, d’avoir pour le lecteur cette notion de respect et de lui procurer au final quelque chose de simple et de complexe à la fois : Du plaisir !Mais ne vous faisons pas plus attendre et plongeons séance tenante dans cette palpitante et incroyable saga.

La Fagne est un pays maudit, fait de marécages putrides et nauséabonds où furent déversé jadis les produits d’expériences de mages peu scrupuleux. Elle fut aussi le siége de la malédiction du redoutable Vorpil, virtuose des maléfices et des incantations. Le pays est alors divisé en deux, la Fagne du Nord où choses et gens se mettent à grandir de façons démesurées et celle du Sud ou à l’inverse tout, à la fâcheuse tendance à diminuer à vue d’oeil. Dans cet univers où semble régner un chaos indescriptible, peuplé d’abominables créatures aux appétits féroces et « d’humains » dont l’apparence ne cesse de se modifier au gré de la fantaisie de chacune de leur morphologie, une singulière et dangereuse course au trésor se prépare.

Deux aventuriers (Jodork et Clincorgne) qui n’ont certainement pas froids aux yeux, s’embarquent pour une expédition somme toute assez incroyable,dans cette redoutable jungle dont le qualificatif d’innommable reste le terme le mieux approprié. Parviendront-ils à déjouer les nombreux piéges qui se cachent dans cette végétation en pleine liquescence, pourront-ils déjouer la perfidie de Renelle, dont toute la « grasse » n’a d’équivalent que sa cupidité, arriveront-ils à déjouer le fanatisme des moines pourpres, adorateurs du cadavre embaumé de Mûm, mystérieuse créature qui dit-on viendrait d’une lointaine planète ? Mais ceci, n’est qu’un avant goût de menaces plus terribles encore qui les guettent à proximité du château du seigneur Tillot. Dans les eaux boueuses de la sinistre bâtisse rôde le « grand grimacier » créature titanesque, aux excès de fureurs redoutables que rien ne semble vouloir calmer. L’issu de cette singulière aventure sera la découverte d’un trésor, assez peu banal et qui ne peut que vous laisser les bras ballants et la mine satisfaite.

Pour définir toute la richesse imaginative d’une telle épopée, le terme « passionnant » est à mon sens le mieux adapté. Il y a un tel sens du délire et d’une telle implication dans cet univers que Brice Tarvel vient ici de créer de toute pièce, qu’il me parait difficile de trouver ailleurs son équivalent. Chaque page foisonne d’une idée nouvelle, d’une situation à la fois drôle, cocasse, délirante ou tragique. Mais pour que cet univers soit le plus apte à marquer son territoire et porter en lui les germes d’une œuvre vraiment pensée et réfléchie, il va ainsi et ce pour notre plus grand plaisir, créer tout un langage, inventer des expressions, établir un dictionnaire. Des mots qui évoquent chez nous un passé moyenâgeux, mâtiné de quelques expressions d’une France bien profonde, agrémenté de quelques libertés phonétiques qui ne peuvent que nous réjouir et nous forcer à l’amusement. Les dialogues entre les différents protagonistes sont parfois d’un comique assez savoureux et l’on reste souvent dans l’attente de la prochaine réplique, tant l’auteur à le sens de la répartie truculente et savoureuse.

A la limite , pour donner un petit avis négatif sur le roman, c’est à ce niveau que le style bien que pour moi est un des atouts majeurs , pourrait rebuter certains lecteurs peu habitués à ce genre d’exercices. En fonction des personnes, sa force pourrait devenir sa faiblesse.

Mais je trouve personnellement que l’auteur fait montre d’une grande inspiration en y ajoutant cette touche très personnelle et concrétise ainsi toute une vie vouée à l’écriture et au domaine de l’imaginaire. Je n’aime pas faire ce genre de comparaison, car il y a ceux qui s’inspirent et ceux qui copient, mais l’on sent dans l’écriture de Brice Tarvel cette passion dévorante qu’il voue à certains écrivains qui ont marqués sa plume féconde. « L’or et le toise » c’est un subtil mélange de Rabelais, Jean Ray et Brussolo, mais le raccourcie serait vraiment trop abrupt si derrière ce style et cet univers inimitable, il n’y avait pas la patte d’un auteur imaginatif et méticuleux, qui loin de plagier leur style en fait un subtil mélange en pétrissant les mots de manière habile et par la magie de l’inspiration et du talent, affirme un style unique et nouveau. N’est-ce pas là, une sorte de consécration lorsqu’un auteur trouve ses marques d’une manière aussi personnelle, par une œuvre originale et innovante ?

Le talent de l’écriture ne saurait suffire, si en plus il n’y avait une telle abondance d’idées toutes plus incroyables les unes que les autres et l’on se demande parfois si l’auteur ne prend pas quelques substances illicites pour arriver à nous jeter ainsi sur la feuille des idées aussi farfelues et délirantes. Jamais il ne nous laisse reprendre notre souffle, et les événements s’enchaînent à une vitesse folle et chaque page tournée est le prémisse d’une découverte toujours aussi merveilleuse, d’une situation plus incroyable que la précédente : Les Aquachiens et leurs redoutables fringales, les Nuitons créatures charbonneuses dont l’expiration servent à gonfler une vessie de Palusore créant ainsi une singulière montgolfière, les moines pourpres adorateurs de Mûm, les Croquedurs, le Mâche-dru, les traînes-vase, le Grand grimacier, Ogres, Habitants des marées dont les curieuses décoctions à base de sang de dégénérés permettent la fabrication d’onguent qui vous évitent de vous transformer en poisson….Tout un monde fantasmagorique et dont la liste est beaucoup trop longue pour vous en citer toutes les créatures qui le peuple.

Un complexe univers créé de toute pièce, régi par ses propres lois, mais dont la logique et l’inspiration ne peuvent que charmer le lecteur. Je me suis laissé séduire par le charme envoûtant de la belle Candorine, frappée d’une étrange malédiction pour avoir goûté l’eau maudite de la Fagne et qui, suite à d’incroyables péripéties, se trouve transformée en « sirop de grenouille ». De nouvelles aventures attendent nos intrépides aventuriers et nous avons tous hâte de pénétrer dans ce pays « D’obscurie » évoqué par l’auteur, et qui nous semble tout aussi peu fréquentable car peuplée de vampires et autres abominations. Un second volume qui laisse présager d’autres palpitantes péripéties.

Alors plongez sans retenues dans l’eau saumâtre et pestilentielle de la Fagne. Vous y rencontrerez certes des créatures peu recommandables dans un air vicié qui vous laissera un goût amer de vase dans la bouche, mais avec un plaisir immense de lecture et la sensation d’avoir pénétré dans un univers original et unique ce qui, par les temps qui courent, est déjà une chose trop précieuse pour y passer à coté. Remercions l’éditeur d’avoir ainsi donner à l’auteur la possibilité d’affirmer un style inimitable et un sens du divertissement tout à fait remarquable.

  »L’or et la toise, Ceux des eaux mortes«  Tome 1 Par Brice Tarvel. Editions Mnémos, collection « Dédales »

 

 La belle et mystérieuse Candorine sous le pinceau expert de Johann Bodin

Les Coups De Coeur Du



« Paris Qui Dort » De René Clair: La capitale Victime D’un Singulier « Rayon »!

Un beau matin, le gardien de nuit de la tour Eiffel se réveille et constate avec stupéfaction que toute la ville est endormie: les gens dans les rues sont figés comme des statues, leur conférant une allure fantomatique, irréelle, parfois drôle, souvent cocasse. Les passagers d’une avion qui vient de se poser à l’aéroport semblent aussi échapper à la mystérieuse léthargie .

Nous assistons alors à des scènes incroyables ou, dans les rues d’un Paris incroyablement calme, le groupe se livre à de gargantuesques ripailles, forcent les coffres de la banque de France et, du haut de la dame de fer, contemplent tout un monde qui désormais leur appartient. Mais, comme le dit si bien un personnage « A quoi sert autant d’argent lorsque l’on s’ennuie? »

Un appel de détresse vient soudainement rompre la monotonie de leur retraite. Une voix féminine se fait attendre, qui leur donne rendez-vous dans une rue de la capitale. Il s’agit de la fille d’un célèbre personnage, le professeur « Ixe », qui vient de mettre au point une redoutable invention: Le rayon lourd. C’est ce dernier qui est responsable de ce mal mystérieux et après une discussion très animée, les naufragés finissent par le convaincre d’inverser les effets du funeste rayon.

Tout revient à la normale, mais les protagonistes se rendent compte qu’ils n’ont pas pensé à mettre suffisamment d’argent de coté. Le gardien décide de retourner chez le professeur et profitant d’un moment d’inattention de celui-ci actionne l’appareil : Paris se fige de nouveau ! Alors qu’il s’apprêtait à détrousser l’agent d’une banque, Ixe inverse de nouveau l’effet de l’onde paralysante. Le voleur sera pris la main dans le sac, mais il a beau parler de son incroyable aventure et que le temps s’est figé pendant 48 heures sur la capitale, on l’éconduit gentiment dans un asile psychiatrique où Il va d’ailleurs retrouver tous ces anciens compagnons. Finalement ils ressortiront, fauchés mais heureux de pouvoir à nouveau profiter pleinement de leur liberté.

Un film de René Clair certes muet mais absolument merveilleux où le réalisateur, profitant de l’argument conjectural, nous livrera des scènes absolument savoureuses, parfois même surréalistes avec ces personnages figés dans des positions qui prêtent souvent à l’amusement (un policier poursuivant un malfrat, un suicidé voulant se jeter dans la Seine, dans le groupe il y a un homme qui découvre que sa femme est chez lui avec son amant, complètement figé….) Sans oublier les plans inoubliables de la capitale avec ses rues désertes et surtout les passages savoureux de cette bande de joyeux drilles qui, voulant charmer l’unique femme du groupe, se livrent sur les structures métalliques,à des acrobaties défiant les lois de l’équilibre.

Les vues de Paris réalisées en camera plongeante sont véritablement merveilleuses et l’on se dit que de nos jours, une telle prouesse technique, à savoir vider complètement les rues de la capitale, semble pratiquement impossible à réaliser. Le film est tourné avec une décontraction évidente et il est tout a fait plaisant de constater que pour une fois, et contrairement à ce que nous pouvons lire dans notre domaine en matière de « Rayons », René Clair opta pour la version édulcorée, où ce dernier sera le fruit d’un savant fou, pas du tout intéressé et dont l’expérience ne servira pas le crime, mais une bande de potaches en goguette et ce pour notre plus grand plaisir.

Il est à préciser que quelques années plus tard il réalisera un autre film « A nous la liberté » en 1932, publié sous forme de roman par Lucien Allina chez Tallandier dans la collection « Ciné Bibliothèque » Il s’agit d’une satyre du monde moderne. Le réalisateur y dénonce l’industrialisation à outrance et le fait que la machine, loin de servir l’homme ne fait que l’entraîner vers sa propre destruction. En 1937, les producteurs du film accusèrent Charlie Chaplin d’avoir plagié dans « Les temps modernes » certaines scènes du film de René Clair. Le réalisateur très flair-play avoua qu’il en était très honoré et que de toute manière il devait beaucoup à Chaplin. Toute une époque !

René Clair publiera en 1926 un roman utopique « Adams » aux éditions Grasset.

 

 



J.H.Rosny, M.Renard & John-Antoine Nau :Gloire à Nos Illustres Pionniers!

( En vrac )

Il y a de cela quelques mois, j’avais trouvé un curieux petit livret à la couverture muette et donc ne payant de mine. A l’intérieur je découvre avec surprise le tout premier texte d’anticipation de J.H.Rosny « Les Xipéhuz ».

Ce qu’il y a de « troublant » c’est que le nom de l’éditeur est bien Albert Savine, mais la date indique 1888. Hors d’après mes sources, l’édition originale de ce texte paru bien chez cet éditeur mais dans un recueil intitulé « Immolation » et ce en 1887. Je ne trouve pas de traces de cette édition qui visiblement publia « Les Xipéhuz » de façon isolée. Visiblement il ne s’agit pas d’un « bidouillage » fait à partir de « Immolation » comme peut en témoigner la page de garde dont je vous donne ici une reproduction. Peut-être la seule et unique édition de ce chef-d’œuvre en volume ?

En tout cas lors de ma visite a l’exposition « Science et Fiction, aventures croisées » de la cité des sciences, j’ai été assez étonné de voir le mépris total des organisateurs vis-à-vis de cet illustre romancier, un des plus grands écrivain conjectural de notre pays qui influença, inspira et encouragea toute une génération d’auteurs. Il fut, rappelons le à l’origine du décernement du premier prix Goncourt en 1903 et attribué à un roman « d’anticipation » puisqu’il s’agit de celui de John Antoine Nau (pseudonyme d’’Eugène Torquet )pour son « Force ennemie », petit rappel :

Les Tkoukriens, dont planète gravitant autour d’Aldébaran décident d’envahir la terre. Mais afin de savoir si celle-ci est viable et présente toute les caractéristiques d’une future colonisation, dépêchent un émissaire afin d’effectuer quelques repérages. Histoire d’accomplir sa mission le plus discrètement possible, Kmohoûm volontaire pour cette délicate mission, se désincarne et « loge » dans l’esprit du narrateur de cette singulière histoire. Philippe Veuly se plaint alors d’être habité par une chose malfaisante, une « force ennemie ».Tout cela porterait à sourire si le malheureux n’était le pensionnaire d’un…asile d’aliéné. Celui-ci va donc voyager dans son propre corps, au cœur de la pensée de Kmohoûm, découvrir un monde terrifiant et hostile, peuplé de créatures cauchemardesques:

« Lugubrement laids,répugnants, monstrueux avec des crinières de bêtes,des peux teintes comme de boue et de sang,des griffes en poignards courbes, faites pour lacérer,et des yeux,des yeux globuleux,injectés et hagards pleins, tour à tour, de terreur lâche et de cruauté. »

Ce simple mortel va vivre une expérience terrifiante que tout le monde passera sur le compte, soignants en tête, pour les délires d’un pauvre fou, tandis que l’hôte indésirable, face à un environnement peuplé de créatures aussi « perturbées », préférera regagner sa planète profondément perplexe sur la nature humaine. Il semblerait que tout projet d’invasion fut abandonné, sinon nous ne serions pas ici pour en discuter.

Loin de la thématique habituelle de l’invasion par engin spatial interposé, l’auteur a certainement enrichi le thème du voyage dans l’espace par projection mentale. Mais, contrairement à Gustave Le Rouge, Jean De La Hire, E.R.Burroughs, ou du héros de Jean Chambon dans son roman « Cybele », le transfert ne se fera pas de la terre vers une autre planète,mais du coté inverse .Une tentative d’invasion, moins spectaculaire que celle de Wells dans sa « Guerre des mondes » ou de Varlet et Jonquel dans leur « Épopée martienne », mais certainement aux conséquences, s’il elle avait réussie, tout aussi terrifiantes.

A la même exposition dans le département « Extraterrestres » j’eu la grande surprise de voir mentionné comme fondateur du genre (il y avait à chaque fois un panneau « de la science à la littérature ») Maurice Renard et son « Péril bleu ».Un autre petit rappel est une fois de plus nécessaire afin d’éclairer le lecteur de ce blog, profane en la matiére:

Imaginez que le monde où nous vivons n’est en fait que le fond d’un vaste océan et que l’espace qui nous entoure appartient à un univers peuplé de créatures qui échappent à notre entendement et notre compréhension. Imaginez ensuite qu’elles nous considèreraient comme de vulgaires animaux et de ce fait s’amuseraient à nous pêcher comme de simples poissons.

Tel est l’argument de cet extraordinaire roman de Maurice Renard « Le péril bleu » où une race d’extra terrestres, les Sarvants, nous regardent comme des animaux sans importance, nous capturent, nous dissèquent nous étudient. Au départ tout commence comme un banal roman policier, les personnes disparaissent les unes après les autres, puis vient le tour des animaux, des objets, des édifices…. A l’image de l’animal de laboratoire, l’homme est ainsi l’objet d’expériences incompréhensibles qui dépasse sa propre logique et qui remet tout naturellement en doute sa légitimité dans un monde qu’il croyait bien à lui. Un jour pourtant, les Sarvants découvrent que nous ressentons la peur, la douleur et que nous sommes peut-être un animal doué de raison.

Un roman certes qui n’est pas exempt de certaines faiblesses mais qui souligne une fois de plus que l’auteur, à qui nous devons l’origine du si beau « merveilleux scientifique », était soucieux de l’avancée technologique de son époque, mais aussi qu’il voulait nous mettre en garde des dérives de la science. C’est au travers de ses nombreuses « chimères » qu’il parvint avec bien souvent avec une certaine audace à nous montrer à quel point, cette littérature qui fut pendant trop longtemps relégué au rang de « mauvais genre », mérite à être connue et reconnue et trouver enfin sa place au sein de collections dignes de ce nom.

Certes c’était une excellente chose que de mentionner cet extraordinaire auteur (la seule et unique fois dans l’exposition) mais il aurait été à mon avis plus judicieux de mentionner le nom de Rosny Aîné dans ce cas particulier, ne serait-ce que par respect pour la mémoire d’une plume aussi talentueuse. Mais il faut dire que les références des auteurs « d’anticipations anciennes »lors de cette manifestation, furent assez anecdotiques.

Seul Robida sera mentionné et exposé avec le cartonnage de « La guerre au XXéme siècle » et deux exemplaires de « La guerre infernale ». A croire que l’auteur, dans son œuvre abondante et originale, n’a eu de cesse de nous parler de la haine qui pouvait animer l’espèce humaine. Il est également regrettable d’avoir omis sa fabuleuse participation au domaine de « L’urbanisation conjecturale » et que l’on ait complètement occulté ses dons de visionnaire dans cette thématique (« Le XXéme siècle », « La vie électrique »). En effet Robida dans un style percutant accompagné de ses superbes illustrations, nous dépeint un futur ou les villes seront en proies à la circulation, l’envahissement des panneaux publicitaires, des câbles électriques, la surpopulation….. Toutefois, un bon point leur sera accordé pour nous avoir exposé de très nombreux objets gravitant autour du cinéma, costumes accessoires, maquettes. Il sera possible également de découvrir sous verre de magnifiques éditions du XVIIIéme et du XIXéme d’ouvrages fondateurs dans notre domaine : « L’homme dans la lune » de Francis Godwin, « La découverte Australe » de Rétif de la Bretonne, « Les hommes volants » de Robert Paltock, « L’an 2440, rêve s’il n’en fut jamais » de Louis Sébastien Mercier. Une occasion unique de regarder d’un peu plus prés des ouvrages rares et qu’il nous sera presque impossible de posséder dans nos bibliothèques.

 

 Une présentation peu commune pour une oeuvre fondamentale hélas ignorée lors de cette manifestation

J.H.Rosny, M.Renard & John-Antoine Nau :Gloire à Nos Illustres Pionniers! dans En vrac lesxipehuz1 scienceetfiction dans En vrac

 



De nouveaux engins « subaquatiques »

Pour reparler un peu des moyens de transports « subaquatiques »voici donc un petit paradoxe de couvertures d’un roman de Maurice Champagne. Il s’agit du volume « L’île engloutie » paru à l’origine chez Arthéme Fayard dans sa mythique collection « L’aventure » N° 6 en 1929. Rappelons le, ce roman est le second d’un diptyque dont le premier volume a pour titre « Le refuge mystérieux »  (Editions Tallandier « Voyages lointains, Aventures étranges » N°25,1928, illustrations couverture et intérieures de Maurice Toussaint) dont vous pouvez admirer la couverture dans ces pages.

En effet la réédition de 1940 chez Tallandier  » Grandes aventures, Voyages excentriques » 3éme série N°53 et intitulé « L’île engloutie » nous montre un véhicule sous-marin, proche de l’autochenille, alors que l’édition suivante de 1950, toujours chez le même éditeur mais dans la collection « Grandes aventures », porte le titre « L’auto sous la mer » et où nous voyons une sorte de contrée sous-marine où deux scaphandriers regardent l’air très étonné un monstre antédiluvien. Il est assez drôle de constater qu’entre les deux titres, il y eut une cette sorte  » « inversion » entre l’illustration et le titre de l’ouvrage. Illustrations fort belles au demeurant et toujours de la plume très inspirée de Maurice Toussaint. Rappelons que cette fameuse « Ile engloutie » paru en 1933 chez Tallandier toujours dans la collection  » Bibliothèque des grandes aventures » N°480, puis aux éditons Dupuis « Spirou-collection N°9″ en 1952.Quand à « L’auto sous la mer » le texte sera publié encore une fois chez Tallandier, cette fois dans la collection « Univers Aventures » en 1950

Et comme je le précisais dans mon précédent billet et pour revenir l’espace d’une ou deux illustrations, pour les plus casaniers, il y a la possibilité de marier les deux moyens de locomotion avec le surprenant « Monde nouveau », curieux appareil capable de voler et de naviguer sous les eaux, fruit du travail de Robert Ceylus et de son génie créatif. Il sera la vedette du roman « L’avion sous-marin » du Docteur Rodiet et Émile Lutz (Éditions Jules Tallandier, cartonnage éditeur, 1928, illustration de couverture et intérieures de Maurice Toussaint). Le texte sera entièrement remanié la même année en 1928, sous les pseudonymes de Teidor et Duthuit .Toujours sous le même titre de « L’avion sous-marin » (Tallandier, le livre National, « Bibliothèque des grandes aventures et des voyages excentriques, N°204,) mais avec deux couvertures différentes et autre édition qui date quand à elle de 1933(Tallandier Bibliothèque des grandes aventures » N°479) , sous le crayon de Maurice Toussaint. Comme c’est dans les vieilles marmites que l’on fait les meilleures soupes, l’auteur reprendra le concept du « Nouveau monde » dans un roman signé une cette fois A.Rodiet,« L’île ressuscitée » encore aux éditions Tallandier collection « Grandes aventures, voyages excentriques » 2éme série N°11. Il existe probablement d’autres versions de des deux textes car une chose est sûre, c’est que les écrivains à cette époque avaient le chic pour nous emmêler les pinceaux en utilisant plusieurs patronymes et différents titres pour nous ressortir des textes identiques.

 

 Une quête des fonds marins aussi tenace que celle qui suscita l’exploration de l’espace.

De nouveaux engins   autosouslamer dans les genres  lerefugemystrieux  avionsousmarinbis  avionsousmarin  ileressuscit



Petits Rappels De Navigation Sous-Marine

Les concepts d’engins sous-marins furent presque aussi nombreux que les engins spatiaux et il n’était pas rare d’ailleurs de voir des prototypes pouvant combiner les deux, comme le firent par exemple Rodier &Lutz dans leur roman « L’avion sous-marin » ( Editions Tallandier 1928, illustrations de Maurice Toussaint).

L’imaginaire fut dans ce domaine assez généreux même si certaines formes adoptent des lignes beaucoup plus classiques et conventionnelles. En effet au départ le moyen de locomotion le plus approprié fut sans contexte le bon vieux scaphandre, donnant ainsi naissance à une nouvelle race de piéton aquatique. L’imagerie populaire représentant cette curieuse créature à la tête disproportionnée est assez riche et elle enflamma toute une génération, avide d’aventures, de chasses aux trésors et de combats sous-marin avec de redoutables créatures marines. Par la suite, le bathyscaphe sera le signe évident d’une volonté toujours plus pressente d’aller plus loin, c’est-à-dire plus profond et son utilisation sera le gage de belles explorations dans des textes aussi célèbres que ceux de Dennis Wheatley ( « La découverte de l’Atlantide » éditions Gallimard 1938), Sir Arthur Conan Doyle (« La ville du gouffre » Editions Albin Michel « Collection des maîtres de la littérature étrangère » 1930) ou la nouvelle de H.G.Wells ( « Dans l’abîme » dans la revue « Le monde moderne » N°74 , 1901 superbement illustré par Warwick Goble)

Mais, progès aidant et afin d’aller toujours plus en avant dans les meilleures conditions possibles, l’avancée ultime fut sans nul doute le sous-marin, plus rapide, plus sûr et entièrement autonome. Si Jules Verne ouvrit le bal en la matière avec son « Nautilus »,toute une génération d’auteurs lui emboîtèrent rapidement le pas:

le « Faragus » du roman de H de la Blanchére ( « Sous les eaux » Librairie Théodore Lefévre & Cie 1883), « L’éclair » de A.de Lamothe ( « Fleurs des eaux » Editions Blériot Frères, 1880), encore un « Eclair », mais celui d’Aristide Roger (« Voyage sous les flots,aventures extraordinaires de Trinitius » Librairie d’éducation, 1878). Deux versions du sous-marin « Le Vengeur », celle de Pierre Maël, ( « Le sous-marin Le vengeur » paru dans « Le journal des Voyages »  du Dimanche 1er Décembre 1901, au 22 Juin 1902),et celui de Gaston Leroux dans les toutes aussi extraordinaires « Aventure effroyables de M.Herbert de Renich  ( » Le capitaine Hyx » suivi de « La bataille invisible » Edtions Pierre Lafitte , 1920 pour les deux volumes).Citons aussi le « Terror » dans le roman de Corentin Goulpar (« Le sous-marin Terror » Edition  Arthéme Fayard collection « L’aventure »N°14) ainsi que le « sous-marin sans nom » dans le roman de Guy de Téramond (« Le secret du sous-marin » Tome 1 et « Le secret du sous-marin, Bertha l’espionne » Tome 2. Editions Ferenczi « Les romans de Guy de Téramond » N°9 &N° 10, 1922 pour les deux volumes. D’autres choisiront ce moyen de locomotion pour se rendre au pôle Nord comme le fit Emilio Salgari avec le « Taimyr »  ( » Au pôle Nord » Librairie Ch.Delagrave, 1901Illustré par G.Gamba). d4aillers quatre années plus tard il y retournera, mais cette fois à Bicyclette!

Mais comment ne pas rester admiratif face une fois de plus au génie créatif d’Albert Robida et de son torpilleur sous-marin au nom si délicat de « Cyanure de potassium » (« La guerre au XXéme siècle » Editions Georges Decaux, 1887) Ensuite il y eut un « mix » entre bateau et sous-marin comme ce fut le cas dans le court roman de Emile Gautier avec son « Désiré » (« Le désiré, première traversée d’un bateau sous-marin » la Science illustrée, N° 266, 31 Décembre 1892 au N° 270 28 Janvier 1893).

Par la suite, très rapidement les auteurs imaginèrent de nouveaux moyens de locomotions aquatiques et si le « crabe mécanique » du colonel Royet dans son « Le tunnel de Gibraltar » (« Editions Tallandier « Bibliothèque des grandes aventures, Voyages excentriques » N° 494, 1933) est un parfait exemple de ce que Michel Meurger appellerait « Biomécanomorphie » ( une technologie se basant sur l’observation et la création d’engins proche de formes vivantes) les auteurs verseront beaucoup plus dans la facilité en imaginant des véhicules aquatiques, assez proche de nos véhicules terrestres : Tank, voitures, autochenilles…. 

Ce sera le cas par exemple pour le « Navigator » de Guy Peron dans son roman « La croisière du tank sous-marin » (Editions Tallandier « Bibliothèques des grandes aventures, Voyages excentriques »,N° 362, 1931), ou encore de la voiture amphibie dans le roman de Maurice Champagne ( « L’île engloutie » titré parfois « L’auto sous la mer » en fonction de l’édition, Arthème Fayard collection « L’aventure » N° 6 en 1929, pour l’édition originale).moyen de locomotion que l’on retrouvera dans un autre de ces romans « Le refuge mystérieux » ( Editions Tallandier « Voyages lointains Aventures étranges » N°25, 1928).

Il y aura même un « sous-marin de l’espace » avec le fameux « Vélox » de H.Gayar ( « Aventures merveilleuses de Serge Myrandahl » deux tomes parus Laumonier en 1908, « Sur la planète Mars » et « Les Robinsons de la planète Mars »réédité par la suite en un seul volume « Les Robinsons de la planète Mars » Tallandier « Bibliothèque des grandes aventures » en 1927 sous le pseudonyme de Cyrius) En effet dans le roman ce curieux véhicule sera propulsé sur Mars par la force psychique conjuguée de plusieurs fakirs Hindous.Un fois à destination,le « Vélox » grâce à ses capacités explorera en outre une grotte sous-marine, siège d’une antique civilisation.

Il y eut enfin pour clore provisoirement ce petit tour d’horizon et pour faire une sorte de transition à tout cela, le fameux « Victoria » du roman de Jean de la Hire  « Le trésor dans l’abîme » Dans cet ouvrage, c’est un ingénieur du nom de Korrides qui sera l’inventeur d’un bathyscaphe capable de plonger pour l’époque à des profondeurs incroyables. On lui préférera toutefois l’illustration du cartonnage original de M Lalau, dont les formes du curieux engin aquatique sont beaucoup plus évocatrices avec son système de bras articulés.

- « Le trésor dans l’abîme » de Jean de la Hire. Cartonnage polychrome avec illustrations de M.Lalau. Editons Boivin &Cie.1907.

- « Le trésor dans l’abîme » de Jean de la Hire. Editons Boivin &Cie « Roman de la jeunesse ». 1925. Existe sous deux présentations, format relié et format broché. Texte abrégé, reprise de certaines illustrations de M.Lalau. Couvertures couleurs.

- « Le trésor dans l’abîme » de Jean de la Hire. Editions Rouff « Grande collection nationale » N°209. Vers 1930.

- « Le trésor dans l’abîme » de Jean de la Hire. Editions Tallandier « Grandes aventures, Voyages excentriques » 2éme Série N°7. 1936. Couverture de Maurice Toussaint.

- « Le trésor dans l’abîme » de Jean de la Hire. Editions Tallandier. 1936. Couverture muette - « Le trésor dans l’abîme » de Jean de la Hire. Cartonné, illustré, éditions Dupuis.1942

Mais tout ceci ne fait que fermer provisoirement le dossier sur la navigation « subaquatique » car dans ce domaine les références sont nombreuses et tout aussi mal explorées que les fonds sous-marins et il nous faudra dans un avenir proche faire un recensement de toutes ces machines amphibies qui repoussèrent un peu plus les frontières de notre imagination

 

 Des dangers de la « Ballade » en scaphandre il est certainement plus sûr de passer au bathyscaphe.

 Pour ensuite passer au bon vieux sous-marin, classique puis avec des ailes et finir dans l’espace!

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« On a Eteint L’étoile Polaire » de Henri-Georges Las Vergnas

Peut-on prouver dans un laboratoire que dieu n’existe pas…..et bien oui, et c’est ce que Henri-Georges Las Vargas, nous avance dans son roman assez cocasse : « On a éteint l’étoile polaire ».

Un curieux titre qui, je le pensais à l’époque, cachait une histoire d’arme suprême, d’exploration spatiale ou autres fadaises cataclysmiques de savants fous en mal de destruction massive. Le résultat ne sera pas sans conséquences et le professeur Cornélius Brennahem va diviser le monde en deux clans : les pour et les contres. La terre va sombrer dans la folie et les institutions vont peu à peu s’effriter, des actes répréhensibles seront exercés sur des religieuses et des hommes d’églises (des actes peu recommandables), une folie meurtrière va s’abattre sur le monde. Paris devient la proie des vandales (destruction d’édifices publics, l’arc de triomphe n’y coupera pas et le drapeau noir flottera même, non pas sur la marmite, mais sur la tour Eiffel) un équilibre vient ainsi de se rompre.

Afin de couper court à un massacre total, on décide secrètement d’éliminer le fauteur de troubles selon une bonne vieille méthode : l’empoisonnement. En rétablissant ainsi l’ordre établi des choses en supprimant la cause de tels maux, la terre pourra ainsi retourner à ses préoccupations essentielles et continuer à vivre dans l’ignorance mais la tranquillité.

« On a éteint l’étoile polaire » de Henri-Georges Las Vergnas. Editions de la Gazelle 1948

 



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