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J.H.Rosny, M.Renard & John-Antoine Nau :Gloire à Nos Illustres Pionniers!

Posté le 20 mars 2011

Il y a de cela quelques mois, j’avais trouvé un curieux petit livret à la couverture muette et donc ne payant de mine. A l’intérieur je découvre avec surprise le tout premier texte d’anticipation de J.H.Rosny « Les Xipéhuz ».

Ce qu’il y a de « troublant » c’est que le nom de l’éditeur est bien Albert Savine, mais la date indique 1888. Hors d’après mes sources, l’édition originale de ce texte paru bien chez cet éditeur mais dans un recueil intitulé « Immolation » et ce en 1887. Je ne trouve pas de traces de cette édition qui visiblement publia « Les Xipéhuz » de façon isolée. Visiblement il ne s’agit pas d’un « bidouillage » fait à partir de « Immolation » comme peut en témoigner la page de garde dont je vous donne ici une reproduction. Peut-être la seule et unique édition de ce chef-d’œuvre en volume ?

En tout cas lors de ma visite a l’exposition « Science et Fiction, aventures croisées » de la cité des sciences, j’ai été assez étonné de voir le mépris total des organisateurs vis-à-vis de cet illustre romancier, un des plus grands écrivain conjectural de notre pays qui influença, inspira et encouragea toute une génération d’auteurs. Il fut, rappelons le à l’origine du décernement du premier prix Goncourt en 1903 et attribué à un roman « d’anticipation » puisqu’il s’agit de celui de John Antoine Nau (pseudonyme d’’Eugène Torquet )pour son « Force ennemie », petit rappel :

Les Tkoukriens, dont planète gravitant autour d’Aldébaran décident d’envahir la terre. Mais afin de savoir si celle-ci est viable et présente toute les caractéristiques d’une future colonisation, dépêchent un émissaire afin d’effectuer quelques repérages. Histoire d’accomplir sa mission le plus discrètement possible, Kmohoûm volontaire pour cette délicate mission, se désincarne et « loge » dans l’esprit du narrateur de cette singulière histoire. Philippe Veuly se plaint alors d’être habité par une chose malfaisante, une « force ennemie ».Tout cela porterait à sourire si le malheureux n’était le pensionnaire d’un…asile d’aliéné. Celui-ci va donc voyager dans son propre corps, au cœur de la pensée de Kmohoûm, découvrir un monde terrifiant et hostile, peuplé de créatures cauchemardesques:

« Lugubrement laids,répugnants, monstrueux avec des crinières de bêtes,des peux teintes comme de boue et de sang,des griffes en poignards courbes, faites pour lacérer,et des yeux,des yeux globuleux,injectés et hagards pleins, tour à tour, de terreur lâche et de cruauté. »

Ce simple mortel va vivre une expérience terrifiante que tout le monde passera sur le compte, soignants en tête, pour les délires d’un pauvre fou, tandis que l’hôte indésirable, face à un environnement peuplé de créatures aussi « perturbées », préférera regagner sa planète profondément perplexe sur la nature humaine. Il semblerait que tout projet d’invasion fut abandonné, sinon nous ne serions pas ici pour en discuter.

Loin de la thématique habituelle de l’invasion par engin spatial interposé, l’auteur a certainement enrichi le thème du voyage dans l’espace par projection mentale. Mais, contrairement à Gustave Le Rouge, Jean De La Hire, E.R.Burroughs, ou du héros de Jean Chambon dans son roman « Cybele », le transfert ne se fera pas de la terre vers une autre planète,mais du coté inverse .Une tentative d’invasion, moins spectaculaire que celle de Wells dans sa « Guerre des mondes » ou de Varlet et Jonquel dans leur « Épopée martienne », mais certainement aux conséquences, s’il elle avait réussie, tout aussi terrifiantes.

A la même exposition dans le département « Extraterrestres » j’eu la grande surprise de voir mentionné comme fondateur du genre (il y avait à chaque fois un panneau « de la science à la littérature ») Maurice Renard et son « Péril bleu ».Un autre petit rappel est une fois de plus nécessaire afin d’éclairer le lecteur de ce blog, profane en la matiére:

Imaginez que le monde où nous vivons n’est en fait que le fond d’un vaste océan et que l’espace qui nous entoure appartient à un univers peuplé de créatures qui échappent à notre entendement et notre compréhension. Imaginez ensuite qu’elles nous considèreraient comme de vulgaires animaux et de ce fait s’amuseraient à nous pêcher comme de simples poissons.

Tel est l’argument de cet extraordinaire roman de Maurice Renard « Le péril bleu » où une race d’extra terrestres, les Sarvants, nous regardent comme des animaux sans importance, nous capturent, nous dissèquent nous étudient. Au départ tout commence comme un banal roman policier, les personnes disparaissent les unes après les autres, puis vient le tour des animaux, des objets, des édifices…. A l’image de l’animal de laboratoire, l’homme est ainsi l’objet d’expériences incompréhensibles qui dépasse sa propre logique et qui remet tout naturellement en doute sa légitimité dans un monde qu’il croyait bien à lui. Un jour pourtant, les Sarvants découvrent que nous ressentons la peur, la douleur et que nous sommes peut-être un animal doué de raison.

Un roman certes qui n’est pas exempt de certaines faiblesses mais qui souligne une fois de plus que l’auteur, à qui nous devons l’origine du si beau « merveilleux scientifique », était soucieux de l’avancée technologique de son époque, mais aussi qu’il voulait nous mettre en garde des dérives de la science. C’est au travers de ses nombreuses « chimères » qu’il parvint avec bien souvent avec une certaine audace à nous montrer à quel point, cette littérature qui fut pendant trop longtemps relégué au rang de « mauvais genre », mérite à être connue et reconnue et trouver enfin sa place au sein de collections dignes de ce nom.

Certes c’était une excellente chose que de mentionner cet extraordinaire auteur (la seule et unique fois dans l’exposition) mais il aurait été à mon avis plus judicieux de mentionner le nom de Rosny Aîné dans ce cas particulier, ne serait-ce que par respect pour la mémoire d’une plume aussi talentueuse. Mais il faut dire que les références des auteurs « d’anticipations anciennes »lors de cette manifestation, furent assez anecdotiques.

Seul Robida sera mentionné et exposé avec le cartonnage de « La guerre au XXéme siècle » et deux exemplaires de « La guerre infernale ». A croire que l’auteur, dans son œuvre abondante et originale, n’a eu de cesse de nous parler de la haine qui pouvait animer l’espèce humaine. Il est également regrettable d’avoir omis sa fabuleuse participation au domaine de « L’urbanisation conjecturale » et que l’on ait complètement occulté ses dons de visionnaire dans cette thématique (« Le XXéme siècle », « La vie électrique »). En effet Robida dans un style percutant accompagné de ses superbes illustrations, nous dépeint un futur ou les villes seront en proies à la circulation, l’envahissement des panneaux publicitaires, des câbles électriques, la surpopulation….. Toutefois, un bon point leur sera accordé pour nous avoir exposé de très nombreux objets gravitant autour du cinéma, costumes accessoires, maquettes. Il sera possible également de découvrir sous verre de magnifiques éditions du XVIIIéme et du XIXéme d’ouvrages fondateurs dans notre domaine : « L’homme dans la lune » de Francis Godwin, « La découverte Australe » de Rétif de la Bretonne, « Les hommes volants » de Robert Paltock, « L’an 2440, rêve s’il n’en fut jamais » de Louis Sébastien Mercier. Une occasion unique de regarder d’un peu plus prés des ouvrages rares et qu’il nous sera presque impossible de posséder dans nos bibliothèques.

 

 Une présentation peu commune pour une oeuvre fondamentale hélas ignorée lors de cette manifestation

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