Ce mois ci deux ouvrages viennent enrichir ces « coups de cœur » et, une fois n’est pas coutume, une superbe redécouverte et une étude qui je pense ne pourra que charmer les « collecteurs » de choses anciennes que nous sommes.
Si vous êtes comme moi, un amateur de curiosités et de choses rares, alors allez vite faire un tour sur ce lien et vous y découvrirez l’interview d’un personnage vraiment fascinant. En fait vous allez découvrir un petite facette de deux individus incroyables : Claude Seignolle et Eric Poindron. J’ai toujours été émerveillé par les gens de lettres, les vrais, ceux qui ne font pas beaucoup de bruit, qui utilisent les mots avec élégance et facilité. Je suis admiratif du langage et, bien que ne sachant pas l’utiliser avec autant d’aisance et de sobriété, je suis éperdument amoureux de la musique des mots, la couleur des phrases et la texture du vocabulaire. Nous découvrons donc dans ces lignes tout l’amour d’un homme cultivé et passionnant, pour un auteur qui bien que très discret, est pourtant à la tête d’une imposante bibliographie.
J’avais découvert Claude Seignolle il y a de cela plusieurs années et cette soif de mystère et de fantastique ne pouvait que me diriger vers cet auteur mêlant de façon érudite folklore et fiction. Un homme profondément enraciné dans notre terroir et dont le talent fait resurgir de manière saisissante tout se patrimoine culturel de contes et de légendes dont notre pays peut s’enorgueillir. Mais au-delà de l’histoire, il y a les mots et le fait de parcourir cet entretien, m’a redonné l’envie de me replonger dans l’œuvre de Mr Seignolle.
En reprenant la lecture de « La nuit des halles », je me rends compte à quel point j’étais passé à coté d’un ouvrage vraiment extraordinaire et d’une sensibilité extrême. Élégant mais jamais maniéré, sobre tout en étant puissant et poétique à la fois, des textes empreints d’une grande générosité de cœur et de sentiments. L’amour y flotte comme une étrange odeur de parfum douceâtre et entêtant comme la mort. Des personnages s’y meuvent et leurs destins marqués par une rencontre aussi soudaine que durable ne pourront être que source de souffrance et de mélancolie. Douleur de l’âme et de l’esprit, corps graciles et fantomatiques rencontrés au coin d’une rue au hasards d’une errance nocturne, compagnon de route d’un énigmatique et silencieux personnage, vie éternelle dont le destin se trouve enfermé dans la flamme tremblotante d’une bougie, quête improbable à la recherche d’une figure folklorique, la mort dans « La nuit des halles » est d’une présence permanente, réclamant son dû pour chaque histoire, comme pour mieux nous rappeler que nous faisons partie intégrante d’un cycle dont la fin est presque toujours inéluctable.
Claude Seignolle est un magicien des mots, nous ne pouvons que boire ses phrases avec une grande avidité, car elles coulent en nous de façon onctueuse et rafraîchissante et sont la promesse d’agréables moments de lecture, riches et captivants. Un auteur qui nous fait aimer encore plus la littérature et qui, personnellement, illumine mes journées dans la perspective de tenir entre mes mains un de ses ouvrages.
Un grand merci à Eric Poindron de nous donner l’opportunité dans sa prometteuse collection « Curiosa & coetera » de (re)découvrir toute la magie de ce fascinant et talentueux personnage.
– « La nuit des halles » de Claude Seignolle.G.P.Maisonneuve et Larose, éditeurs. Mille exemplaires sur Alfa mousse.1965.
- « Invitation au château de l’étrange » de Claude Seignolle. Editions du Castor Astral, collection « Curiosa & coetera ».2011.
Pour la passionnante interview de Eric Poindron, c’est ici:
http://www.heresie.com/eric_poindron.php
Walter Benjamin disait à propos des collectionneurs que « cette passion confine au chaos des souvenirs ». De ce fait dans cet ouvrage Philipp Blom nous raconte comment au travers de cette curieuse et singulière « manie », ils s’emploient à mettre de l’ordre dans le désordre du monde. L’auteur nous rappelle également que « dans notre société de consommation, nous sommes tous des collectionneurs à notre façon ».
Cette « Histoire intime des collectionneurs » est une étude passionnante des plus grandes figures du genre, une sorte de cartographie des objets insolites et rares accumulés par des personnages hauts en couleurs .Mais, loin de susciter l’ennuie par une liste laborieuse et sans intérêt, l’auteur parvient à attiser notre curiosité par quelques bonnes anecdotes et autres faits historiques toujours placés à point nommé, une étude qui se dévore comme un roman. Blom, en spécialiste du genre, prend ici un malin plaisir à décortiquer les traits de ces grandes figures historiques qui, sans avoir à aucun moment participées à l’édification de l’histoire des hommes, en sont pourtant les témoins et les archéologues attentionnés, au travers de leurs incroyables « collections ».
Lorsque la science n’était pas une science exacte, qu’elle ne possédait pas de véritable « statut » ce sont les collectionneurs qui commencèrent à accumuler et à répertorier, les objets curieux, les créatures bizarres que l’on rapportait de ces nouvelles terres, découvertes au-delà des océans. Mais déjà à cette époque (le XVIéme siècle) on s’interroge sur l’utilité de telles démarches et des personnages célèbres comme Saint Augustin, Saint Thomas D’Aquin opposent une farouche résistance, car ce poser trop de questions sur tout ce qui nous entoure, peut révéler des choses dérangeantes et avoir un effet néfaste sur les croyants, les éloigner de dieu : L’ignorance est le meilleur moyen de lutter contre l’opposition.
Les collectionneurs furent à l’origine des hommes curieux et dont la soif de découverte n’avait aucune limite, entassant au fil des années dans leur extraordinaire « Studioli » une quantité impressionnante d’autant de preuve de la singularité de notre monde. Livres, objets, curiosités parfois proches du macabre, du surnaturel ou de l’improbable, c’est un fascinant voyage au pays du bizarre que nous est ici proposé. Dans un monde de bêtise, d’ignorance et de violence, vous allez ainsi pénétrer dans une autre dimension, où la découverte se fait reine, le savoir un havre de paix, dans la quiétude feutrée originale et sereine de ces quelques cabinets de curiosités dont nous ne voudrions jamais ressortir.
- « Un histoire intime des collectionneurs » de Philipp Blom. Editions Payot.2010
A la dernière lecture de la revue « Quinzinzinzili, l’univers Messacquien », j’ai eu le plaisir de découvrir le résumé d’un texte d’un écrivain Anglais qui je dois l’avouer, me procura un immense plaisir. Plaisir de découvrir un roman que je ne connaissais pas et dont la thématique, très originale, fut relativement peu abordée dans notre domaine. Mais auparavant je voudrais revenir sur cette revue qui à mon sens, est un outil indispensable pour tout amateur d’anticipations anciennes et pour celui qui voudrait mieux comprendre et apprécier le véritable travail de chercheur de Régis Messac, de se rendre compte à quel point ce fut un homme cultivé, d’une grande pertinence dans ces propos et surtout, très ouvert au monde qui l’entourait.
Bien avant tout le monde, il s’intéressa plus particulièrement aux textes « d’imagination scientifique », un domaine qu’il enrichit lui même avec quelques écrits célèbres, mais également contribua à rédiger un indispensable travail critique qui reste encore de nos jours une source incontournable pour celui ou celle voulant approfondir ses connaissances en la matière : « Roman policier », « L’homme singe », «Les premières utopies », «Micromégas », »Terres creuses », « L’homme artificiel », « Voyages modernes au centre de la terre »…autant de sujets passionnants qui furent abordés de manière magistrale par cet infatigable dénicheurs de « chimères ». Il fut enfin, un des pionniers dans le domaine de l’édition à se lancer pour la première fois dans notre pays dans une collection vraiment « spécialisée » et reconnue en tant que telle , et dont le résultat fut la célèbre et très recherchée collection « Les Hypermondes » éditions de la « Fenêtre ouverte ». Hélas cette mythique collection ne connu que trois volumes et l’on se plait à imaginer l’excellence des titres à venir, si le destin en avait décidé autrement.
Au travers de cette revue, c’est un brillant et légitime hommage que lui rendent Olivier Messac et toute son équipe et s’il est une revue qui pour l’heure, il vous est indispensable d’acquérir, c’est sans nul doute ce « Quinzinzinzili ».Un hommage supplémentaire et très respectueux à un de ses plus célèbres romans, tant pour l’originalité de son titre que pour la singularité de sa thématique.
Le résumé que vous allez lire est donc extrait de ces innombrables articles que Régis Messac rédigea pour sa revue indépendante « Les primaires » et dont l’intégralité est reproduite petit à petit dans les pages de « Quinzinzinzili ». Rédacteur en chef de « Les primaires » (revue mensuelle de culture populaire, de littérature et d’art) elle fut éditée au 36 rue Ernest Renan à Issy-les-Moulineaux. Toute la production de l’auteur est ainsi répertoriée depuis le N°1 de ce « Bulletin » nous donnant ainsi un aperçu de la somme importante de documents que nous laissa cet incomparable chercheur Régis Messac :
« The Purple Plague » de Fenner Brockway (Sampson & Low, Londres). Paru dans la revue « les Primaires n° 90, juin 1937, p. 324 à 327, repris dans Quinzinzinzili n° 11, automne 2008, p. 29-30.
Une maladie contagieuse et inconnue s’est abattue sur l’Amérique. La période d’incubation dure dix ans et pendant tout ce temps le malade est contagieux sans le savoir, sans qu’on le sache. Puis des taches violâtres apparaissent sur sa poitrine, sa chair pourrit lentement, et il est sujet à des accès de folies furieuses. C’est le fléau violet.
Un savant, Robert Haden, travaille activement à découvrir un sérum contre la peste violette. Comme il doit se rendre en Europe, il s’est fait aménager un laboratoire dans une cabine pour pouvoir poursuivre ses recherches même pendant la traversée. En effet, le temps est précieux : chaque jour de nouveaux cas se déclarent ; l’existence de la race est menacée. Sur le bateau, malgré ses préoccupations, Haden, qui a volontairement renoncé aux premières classes (les passagers de 1re classe lui paraissent assommants) fait la connaissance de divers personnages : Schwartz,un vieil industriel enrichi,M Macmillan,un jeune professeur,Hilda et Connie deux étudiantes devenues danseuses pour gagner leur vie.
Le troisième jour, coup de tonnerre : Schwartz est atteint de la peste violette. Tous les voyageurs étant supposés contaminés,le gouvernement Anglais refuse de laisser débarquer les passagers. Le gouvernement Américain refuse également de les autoriser à revenir à New York. Tous les autres pays du monde suivent cet exemple. Le bateau maudit est condamné à errer sur les océans, au moins pendant dix ans, jusqu’à ce que tous les cas latents de peste violette se soient déclarés. Le seul espoir est que Robert Haden trouve on sérum et il y travaille avec acharnement tout en soignant Schwartz. Mais, à l’intérieur de cette petite communauté, isolée ainsi de la grande communauté humaine, d’autres problèmes se posent bien vite, qui font presque oublier aux passagers la peste violette. Maintenant qu’ils sont isolés du reste du monde, vont-ils continuer à respecter les valeurs établies par ce monde qui les a rejetés ? Les passagers de troisième classe vont-ils rester docilement parqués pendant dix ans dans leurs cabines minuscules et sordides tandis que les passagers de luxe continueront à jouir de presque tout l’espace disponible ? Et les gens de service ? Et l’équipage ? Le Stewart Wells, intelligent et mécontent, continuera-t-il à servir de bon gré l’insignifiant et borné Lord Oliver ? – Evidemment non.
Profitant de l’incapacité du capitaine, désarmé devant une situation qui le dépasse, le prolétariat du bateau s’organise. I trouve bientôt son leader en la personne de Joe Nathan, un jeune juif, passager de troisième classe. Une véritable révolution se produit, au cours d’une fête organisée par les officiers pour empêcher les passagers de songer à la peste .Le grand salon est envahi, les officiers désarmés, les récalcitrants enfermés. Nathan, et Wells organisent une république égalitaire, régie par un conseil élu. Ils négocient avec le reste du monde, et obtiennent d’être ravitaillés, surtout grâce à la présence à bord de Haden, sur qui l’on compte pour maîtriser la peste violette. Haden est d’ailleurs le seul à qui l’on concède des privilèges et qui soit exempté de travail manuel : tout le monde comprend que son temps est plus précieux que celui des autres. Les femmes on les même droits que les hommes. Et les relations entre les sexes sont naturellement modifiées par la situation nouvelle. Malgré les protestations d’un évêque Anglican qui voyageait en première, la quasi-unanimité des passagers refuse d’accepter le risque de procréer des enfants, qui viendraient sans doute au monde atteints de la peste violette.
Les médecins et les nurses du bord prennent donc toutes les mesures nécessaires pour qu’il n’y ait pas de naissances. Les femmes acquièrent aussitôt une liberté d’allures surprenante. Cependant, Connie Hale, la plus aimable des danseuses, après avoir longtemps hésité entre Joe Nathan et Haden finit par se donner à celui-ci. Mais Haden sera atteint de la peste violette, et aura tout juste le temps d’achever ses recherches avant de mourir. Converti, non sans hésitations, aux idées nouvelles, il laisse en guise de testament un billet à Nathan, lui léguant en quelque sorte Connie :
« Elle vous aidera à expliquer au monde la leçon de notre vaisseau ».
Une utopie ingénieuse, curieuse, originale.
Idée ingénieuse, comme on le voit, et ingénieusement exploitée. On voit aussi que la peste violette n’est qu’un prétexte, et que ce roman est en réalité une utopie. Le bateau est une île flottante, comparable à celle de Morelly, et de tant d’autres. Ses dimensions restreintes ont l’avantage de simplifier les problèmes, de les rendre plus aisément saisissables, et certains aspects de notre société et de notre époque sont présentés ainsi d’une manière frappante.
Mais cela offre aussi des inconvénients. La simplification peut-être poussée trop loin, et l’on est amené à dire quelquefois que Fenner Brockway a négligé bien des facteurs. Ses héros sont trop raisonnables, trop courageux aussi. Même la foule est facilement apaisée. Joe Nathan est presque surhumain, et cela rend les choses trop faciles. S’il se laissait dominer par ses passions ? -Cela arrive.- Ou s’il était atteint à son tour de la peste violette et ne laissait pour le remplacer qu’un successeur intrigant, égoïste et partial, et même sanguinaire et cruel, qui réduirait la révolution au remplacement d’une clique par une autre clique…Enfin – et c’est là un trait bien Anglo-Saxon- bien que le clygermen ne soient pas flattées dans ce récit, les personnages principaux ont tous une bonne dose de mysticisme. IL en résulte entre autres choses des longueurs : le récit des amours de Connie et de Haden est un peu traînant, et les dernières pages du récit sont moins intéressantes que les premières.
Cela dit, il n’en reste pas moins vrai que « Purple Plague » est un livre infiniment curieux et original, très supérieur à la moyenne des romans anglais et américains.
Un grand merci à Olivier Messac de m’avoir donné l’autorisation de reproduire dans les pages de ce blog ce précieux article ainsi que la couverture couleur de ce rare roman.
« Fin du monde et épidémies » en guise de conclusion
Un texte d’une grande originalité, passionnant pour cette reconstitution d’une véritable microsociété « flottante », une sorte d’île utopique à la dérive, dont l’élément conjectural, à savoir cette épidémie de « peste écarlate » n’est visiblement qu’un prétexte pour l’auteur de poser son regard et son jugement sur les fondements d’une société idéale. Un roman qui mériterait sans nul doute une traduction en Français. Mais dans les pages de ce blog, l’exhumation de ce roman sera le prétexte à faire un petit tour d’horizon sur épidémie et conjecture ancienne. Les deux derniers titres, bien que n’entrant pas vraiment dans la catégorie des « ancêtres » méritent toutefois dans ces pages une petite place privilégiée pour leur originalité et de leur succès auprès du public.
Les auteurs s’évertuèrent à infliger à notre civilisation toutes les fins possibles et inimaginables : Guerres, catastrophes naturelles (météorites, raz de marais, tremblements de terre etc.…), savants fous en quête de vengeance (une thématique assez récurrente dans le genre), péril nucléaire, invasion extra-terrestre, et la fameuse fin par épidémie. Toutefois, alors que l’Europe connu d’innombrables et dévastatrices vagues d’épidémies, et plus particulièrement la peste, cette thématique restera relativement confidentielle. D’une manière globale, en regard des ouvrages consultés, nous pouvons en conclure quelles peuvent être le fait soit des hommes (une création à des fins militaires ou de vengeance personnelle) soit de causes naturelles inconnues (la terre est frappée d’une soudaine maladie comme « La peste écarlate », sans que nous en connaissions les origines), ou tout simplement d’origine »extra- terrestre »
Afin d’élargir un peu plus le contexte de cette liste nous y trouverons également les causes d’origines « volatiles » (Gaz,fumées, etc.…) ainsi que les romans dont la fameuse « épidémie » sera source ou non de l’éradication de l’ensemble de l’humanité.
- « Le dernier homme » de Marie Shelley. Editions du Rocher.1988. Roman publié à l’origine en 1826.
- « La peste rouge » de Jean Bruyére. Paru dans « La science illustrée » du N°530 (22Janvier 1898) au N° 532 (5 Février 1898).
- « Le nuage pourpre » de H.P.Shiel. « Je sais tout » de Septembre 1911 à Janvier 1912 (N° 81 à 84). Illustré par M.Orazi. Réédité en volume chez Pierre Lafitte. Couverture illustré couleur. 1913.
- « Le ciel empoisonné » de Sir Arthur Conan Doyle. Editions Lafitte 1913
- « La force mystérieuse » de J.H.Rosny. Editions Plon.1914
- « Le rire jaune » de Pierre Mac Orlan. Editions Méricant.1914.
- « La conquête de Londres » de François Léonard. Editions Atar, Genéve.1917
- « La guerre microbienne : la fin du monde » par le Professeur X (pseudonyme du Dr Rochard) éditions Tallandier 1923.
- « La peste écarlate » de Jack London. Editons Crés.1924. (Paru semble t-il en 1915).
- « En l’an 2125 » de Raoul Le Jeune. Bibliothèque de « La mode familiale » collection « Fama ».1928. 126 pages.
- « Le bacille » de Arnould Galopin. Editions Albin Michel.1928.
- « La grande panne » de Théo Varlet. Editions des portiques 1930.
- « New Chicago » de Jean jacques Bernard. 1933. Pièce radiophonique, publiée dans le N°139/140 de la revue « Europe ».Juillet/Août 1957.
- « Changement de décor » de James Ray. Editions de la nouvelle revue critique.1934.
- « Quinzinzinzili » de Régis Messac. Editions de La fenêtre ouvert collection « Les Hypermondes ».1935
- « Le monde sans femme » de Martini Virgilio. Probablement paru en 1935, édité en France dans la collection « Présence du futur » éditions Denoël N° 129.
- « Le nuage vert, ou le dernier survivant » de A.S.Neill.1939 pour l’édition originale. Traduit en France en 1974 aux éditions OCDL
- « Le dernier blanc » de Yves Gandon. Editions Robert Laffont 1945.Rééditon
- « Le pont su l’abîme » de George R.Stewart. Editions Hachette.1951.
- « Je suis une légende » de Richard Matheson. Publié en 1954, 1955 pour l’édition Française. Editions Denoël « Présence du futur » N° 10 (Grand format).
- « Le nuage noir » de Fred Hoyle. Editions Dunod.196.
Une couverture sobre mais un roman original et une revue essentielle pour tout amateur qui se respecte
Nous évoquions il y a quelques jours l’ouvrage de Lauric Guillaud « L’éternel déluge » et traitant tout particulièrement de l’Atlantide et principalement dans sa forme romanesque. Il faudra donc joindre à ce précieux petit ouvrage, un autre titre du même auteur et paru également en 2001 « Atlantide et autres civilisations de A à Z ». Un fort volume grand format sur papier glacé de presque 300 pages, qui va nous inventorier films, fictions, noms de villes, de lieux, de personnages, d’auteurs, de héros, de créatures, etc.….qui entretiennent des liens étroits avec ces civilisations fabuleuses, Mû, Atlantide, Lémurie, Thulé, Hyperborée….Un ouvrage passionnant mais que les amateurs de « conjectures anciennes » devront parcourir en compagnie de « L’éternel déluge ». En effet, malgré l’ambition de cette encyclopédie se voulant et je cite « quasi exhaustive », de petites références manquent par ci par là, mais en regard du véritable travail « d’archéologue du merveilleux » réalisé par l’auteur, il nous faut avant tout le saluer pour cette louable entreprise qui ne manquera pas d’être un outil indispensable dans votre bibliothèque des « mondes défunts et des mondes cachés ». Une encyclopédie tout de même dédiée à la mémoire de Bernard Heuvelmans (Fondateur de la Cryptozoologie) et Pierre Versins (Encyclopédiste des conjectures anciennes), excusez du peu !
« Atlantide et autres civilisations perdues de A à Z » de Jean-Pierre Deloux et Lauric Guillaud, avec la collaboration de Francis Adoue. Éditions e/dite.2001
Nous connaissions tous Octave Joncquel pour avoir participé à l’élaboration avec Théo Varlet de ce que beaucoup considèrent comme le chef-d’œuvre de l’auteur « L’épopée martienne » comprenant les deux ouvrages « « Les titans du ciel » ( Librairie Edgar Malfère « Bibliothèque du hérisson, 1921) et « L’agonie de la terre » ( Librairie Edgar Malfère « Bibliothèque du hérisson,1922). Cette saga, unique en son genre est une véritable bataille à l’échelon cosmique où vont s’affronter Jupiter, Mars et la terre. Une guerre sans merci où la technologie des trois planètes va s’affronter dans des scènes absolument époustouflantes et d’une rare audace pour cette époque.
Mais Jonquel fut aussi l’auteur d’un texte d’anticipation qu’il réalisa seul et qui n’est pas très connu de la majorité des amateurs, car assez difficile à trouver. Nous ne retrouvons sa trace dans aucunes des références du genre à savoir le « Versin » le « Van Herp » et son « Panorama de la science fiction » pas plus que dans la colossale et complète étude consacrée sur « Les terres creuses »par nos amis Guy Costes et Joseph Altairac. A connaissance il ne fut véritablement mentionné et analysé que par Régis Messac dans sa célèbre revue « Les primaires » en Février 1935.
Le texte intégral, dont je me suis inspiré pour vous faire un petit résumé, vient d’être intégralement reproduit par la revue « Quinzinzinzili, l’univers Messacien » N° 10(Juin 2010) page 26/27. Revue essentielle dans notre domaine et dirigée par Olivier Messac, qui reprend dans ces pages, tout l’abondant appareil critique réalisé par Régis Messac et éparpillée, outre la revue « Les primaires », dans de nombreuses autres publications. Dans le prochain billet je reproduirai,avec l’autorisation de Oliver Messac,une autre superbe analyse parue dans « les primaires » et concernant un incroyable roman Anglais « The purple plague »
Dans le roman nous n’avons pas affaire à l’éternel « savant fou » dont le délire mono- maniaque, voudrait conduire la terre à sa perte ou sa destruction, mais plutôt, chose rare dans notre domaine, à quatre conspirateurs Irlandais qui, voulant se venger des gredins d’Anglais, décident purement et simplement de faire disparaître l’océan Atlantique ( d’où le titre).Ils vont donc se rendre dans l’île de San-Juan Fernandez où siégent d’immenses cavernes sous marines et là, à l’aide de puissant explosifs, ils vont faire s’effondrer le plafond, créant ainsi une immense dépression qui va attirer l’eau de l’océan. Toutefois, en voulant déstabiliser l’économie Anglaise, c’est toute l’économie mondiale qu’il vont toucher. En effet tous les océans vont finir par s’abîmer dans les entrailles de la terre, ne laissant que de vastes étendues désertique et boueuses en lieu et place des immenses étendues liquides et provoquer de ce fait le déclin de la civilisation.
Cette thématique assez extraordinaire d’une tentative (et dans le cas présent de sa réussite) de l’assèchement des océans fut assez anecdotique dans le domaine de l’anticipation ancienne. Pour mémoire nous en rappellerons les œuvres les plus significatives :
- « La mort de la terre » de J.H.Rosny Ainé.Éditions Plon.1912 - « Le formidable évènement » de Maurice Leblanc.Dans la revue « Je sais tout » ,Octobre et Novembre 1920. Réédition en volume, Editions Pierre Lafitte 1921.Réédition collection « Aventures extraordinaires » Editions Pierre Lafitte,1925, illustrations de R.Broders et M. Le Couture.Nombreuses rééditions par la suite.
- « Extraordinaires aventures de deux fiancés à travers le monde » Éditions Ollendorff 1922.Réédité sous le titre « Les buveurs d’océan » Tallandier Bibliothèque des grandes aventures N°113,1926. Réédité sous le titre « Le secret du Pacifique » Éditions Simon Collection d’aventures »,1939.Réédité sous le titre « Les buveurs d’océan » Éditions Jacques Glénat collection « Marginalia » 1979
- « L’an 1937 » de Claude Farrére. Nouvelle du recueil « Cent million d’or ».Éditions Flammarion 1927 (très inspiré du roman de Maurice Leblanc) - « L’homme qui supprima l’océan Atlantique, roman fantastique » de Octave Jonquel. Préface de Henry Wattebled. Edité par Radio-Picardie, 1934.
- « Le manuscrit Hopkins » de R.O.Sherriff. Éditions Plon, 1941.
- « Les buveurs d’océan » de Yves Derméze. La nouvelle édition Française, 1943.
- « Le voleur de mer » de Marc Minérath. La technique du livre, 1949.
- « Le voleur d’océan » de Léopold Massiéra .Édition Ferenczi collection « Mon roman d’aventure » N° 346.1955
« En l’an 2125 » de Raoul Le Jeune. Bibliothèque de « La mode familiale » collection « Fama ».1928. 126 pages. (Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique N° 23 Juillet/Aout/Septembre 1999). Article modifié et augmenté.
Nous sommes en 2125 dans la ville de Retokos. Sur la place principale, une foule immense attend de pied ferme l’arrivée de Théo Cérem, un audacieux explorateur qui, à bord de « L’aviteromer » revient des zones inexplorées au-delà de l’île de Vesper. Vesper ! Une île paradisiaque, surgie de l’Atlantique après la disparition totale de l’humanité. Les premiers Vespériens étaient de hardis astronautes qui,au péril de leur vie quittèrent leur lointaine planète pour venir s’échouer sur cette portion de terre après la destruction de leur appareil. Une colonie fût ainsi crée qui se développa et prospéra au fil du temps. Explorateurs dans l’âme, leur soif de découvrir d’autres horizons les poussèrent finalement à se lancer dans la découverte du reste du monde. C’est une race très amicale et malgré leur appartenance à Jupiter possèdent toutes les caractéristiques morphologiques des terriens.
Mais revenons à notre singulier appareil qui se pose au milieu d’une foule en délire. Un bien curieux engin qui possède de multiples fonctions : il roule, il vole, flotte et explore les fonds sous-marin…..mais par contre ne fait pas le café ! Réunis en conseil extraordinaire, le président de la république, ministres et savants vont ainsi écouter le récit de Théo :
« Messieurs, j’ai exploré une ville du nom de Dijon, située dans un pays, la France ! Architecture Bizarre et jonchée de milliers de cadavres »
Dans sa musette, un journal que les savants s’empressent de traduire. Par une curieuse coïncidence, le Français tout comme le Vespérien…est une langue latine ! Le texte révèle ainsi que les Etats-Unis d’Europe furent envahis par une race « jaune » qui détruisit toute trace de l’humanité au moyen d’une redoutable arme chimique très toxique. Seigneur ! Il existe bel et bien d’autres contrées au large de Vesper. Un deuxième expédition s’organise et notre pilote en profite pour embarquer Colomette sa douce et charmante épouse. Il est convenu qu’un contact se fera par radio toutes les heures.
Après un nouvel « Aviteromissage », nos aventuriers débarquent cette fois à Brest, dernier bastion de la race blanche. Rapide visite de la cité Bretonne en ruine et retour à domicile, les cales chargées de preuves, histoire de convaincre les plus septiques. En effet certains scientifiques refusent encore de croire à l’existence d’une autre civilisation. Dans ces fameuses « pièces à conviction », il y a des journaux récupérés dans la ville où les savants découvrent avec stupéfaction le récit des dernières années de la résistance Bretonne, date : 1950. Avant de tous rendre l’âme, les « Blancs » inventèrent également un terrible gaz meurtrier qui décima à sa tour toute la race belligérante. Les témoignages de batailles aériennes et navales terrorisent les Rétokosiens. De ce fait de singulières rumeurs commencent à enfler et l’on évoque l’idée d’une probable invasion de ces redoutables guerriers.
Afin de tuer dans l’œuf de telles inepties, on se prépare à une troisième expédition et supervisée par six génies locaux : Rolcit,Colla,Maretial,Coupix le chirurgien, Pécum le pharmacie. A cet effet un appareil plus conséquent est mis en chantier, il prendra le nom de L’hyménius. Un dernier occupant sera dépêché à la hâte et non des moindres puisqu’il s’agit de Coupefil, reporter au »Petit Rétokosien ». Nouvelle arrivée dans le port de Brest, la bonne humeur est de rigueur mais le dèclenchement par accident d’un canon de gros calibre d’un des anciens cuirassiers de la rade perturbe la visite de ce site archéologique. On décide alors de se diriger vers l’ancienne capitale : Paris !
Une visite en règle y est de rigueur et chacun s’efforce de découvrir un des monuments qui fit sa renommée. Mais un incident vient perturber leurs flâneries. En retournant à leur appareil, un des groupes s’aperçoit que l’appareil s’est volatilisé avec Colomette à son bord. Un rapport est aussitôt envoyé a la capitale et l’on ordonne le départ du « jumeau » de L’hyménius : L’hespérios. Mais pour faire le jour à cette mystérieuse disparition, il est utile de faire un petit voyage dans le temps et régler notre machine sur 1950.
En effet à cette époque, un navire de guerre commandé par Lucien Théoul ; parvint à échapper à l’extermination. Après un tour du monde à la recherche de survivants, ils ne découvrent qu’une petite communauté de Lapons. Dans ces terres hostiles, l’équipage du vaisseau va installer une colonie afin de commencer leur « éducation ». Après deux années de vie commune, ils décidèrent de sélectionner 200 représentants des deux sexes afin de retourner dans leur mère patrie :
« Ainsi nous nous chargerons mes amis et moi d’en faire des hommes qui seront les maîtres de la France, et leur descendants, à leur tour, seront les maîtres de toute l’Europe d’abord et du monde entier ».
De son mariage Théoul eut deux enfants, Georges et Lull. A la mort de Lucien, son fils poursuivit l’œuvre paternelle. En 1987 cette nouvelle communauté comptait prés de 500 membres. En l’an 2125, le chef de cette population Parisienne renaissante, n’est autre que Jean Théoul,quatrième descendant de Lucien et quel ne fut pas l’étonnement de son fils Paul, de voir débarquer un beau matin le magnifique « Avitéromer » des savants de Rétokos. Après une réunion d’un conseil provisoire (pratique également courante dans cette communauté) Paul propose de se rendre, en compagnie de son frère Marc, au devant de ces mystérieux occupants. Sur place ils ne rencontrent que la belle Colomette qui sera capturée et l’un des frères, par mégarde ou stupidité, actionne la mise en route de l’appareil. Pilotage automatique oblige, les occupants se trouent propulsés à quelques kilomètres de Paris.Lorsque le reste de l’équipage, continuant son exploration de la capitale, sera capturé, le dialogue sera fort heureusement possible grâce à l’intervention d’un des « Parisiens » qui parle le Latin. Un dialogue s’installe et après six longues heures d’un pénible entretien, la vérité se fait dans les deux camps.
De son coté, le naufragé involontaire, reprend le contrôle de sa « prison volante » et survole de nouveau Paris pour terminer sa course en s’écrasant de façon lamentable sur l’obélisque. Tout espoir de retour pour les Rétokosiens est ainsi réduit à néant. Sur l’île natale, l’Hespéros commandé par Anvol, décolle enfin. Il sera par contre moins chanceux que l’appareil précédent puisque ce dernier explosera sous l’impact d’un violent éclair et ce, juste au dessus de Londres. Ne restera plus alors qu’a essayer de réparer l’Hyménius, mais avec un obélisque sur le travers…ce n’est pas gagné d’avance.
Fort heureusement, la solution viendra de la grâce elle-même, puisque Colomette lors d’une visite de la tour Eiffel découvre une T.S.F…en état de fonctionnement. Un message est alors envoyé de toute urgence à la ville mère. De l’autre coté,c’est Callas qui lui répond mais d’une voix empreint de terreur et d’angoisse. Il lui fait en effet une annonce terrible, une gigantesque météorite se dirige sur Vesper. Trop tard pour évacuer, le pire est à craindre. Tout le monde se presse alors sur l’appareil tout juste réparé et décolle en direction de toutes ses vies en péril. Mais une fois sur place, ils doivent se rendre à l’évidence : La capitale à été complètement engloutie.
De retour sur Paris, le sort semble s’acharner une fois de plus sur les malheureux car une hélice explose en plein vol, l’Hyménios tombe sur un récif, la quasi-totalité de l’équipage va y passer. Ne resteront comme survivant que Colomette et son mari. L’ouvrage se termine ainsi de la manière la plus abrupte :
« Que se passera-t-il en 2129 ? »
Pour un péril jaune de plus!
Voilà une fin qui nous laisse sur la notre et un appel est lancé aux érudits du genre : Existe-t-il un « En l’an 2129 » ? Quoiqu’il en soit sacré nom d’une pipe en bois, le peuple Asiatique à vraiment une dent contre nous : Gastine (« La ruée des jaunes » Baudiniére 1934), Robida (« La guerre infernale » Méricant 1905),O.de Traynel (« Elisabeth Faldras » Ollendorff 1909), Parabelum (« Banzai » Nillson 1908), Norton (« Les flottes évanouies » Pierre Lafitte 1911)Eugène Jonchére (« Clovis Bourbon » Lacroix,Verboeckhoven & Cie 1868) sans oublier le « Pape » de la Xénophobie le capitaine Danrit (« L’invasion jaune » Flammarion 1926). Mais il faudrait y consacrer un billet entier tant le sujet est vaste et les références nombreuses. Comme quoi le fameux « péril jaune » ne date pas d’hier.
Par contre et contrairement à une majeure partie de la production de l’époque, dans le roman de Le Jeune ils sont finalement parvenus à leurs fins et par la même occasion de la leur, puisque le résultat final est une éradication presque totale de la gente humaine. Hélas, si le ton de ce roman « apocalyptique » se voulait des plus dramatique, le coté insupportablement naïf des Vespériens et de leur manque de technologie, placent ce roman au raz des pâquerettes : des Jupitériens (c’est plus imagé que Joviens) qui jurent en prononçant les noms de Zeus et de Vénus. L’auteur voudrait-il nous faire croire que Jupiter est une ancienne colonie Grecque ou Romaine ?
Fort heureusement cette lourdeur de style et les incohérences qui parsèment ce roman sont largement compensées par des idées assez délirantes quoique très fantasques et l’humour (involontaire ?) dont fait preuve l’auteur en ce qui concerne les patronymes des protagonistes est assez jubilatoire : « Anvol » le pilote, « Lunax » l’astrologue, « Coupix » le chirurgien….on se croirait sur une grille de départ d’une course de la série « Les fous du volant !
Le Jeune n’est pas en mal de « pirouettes » scénaristiques et arrive toujours à retomber sur ses pieds en nous livrant des théories aussi farfelues les unes que les autres. Dommage car cette thématique d’une colonisation de la terre par des naufragés de la planète Jupiter, tourne vite court par leur manque affligeant de technologie (les nefs volantes semblent être le seul élément des avancées de la science et encore qu’elles semblent souvent être en proie à de nombreuses avaries) et dont la vie ressemble comme deux gouttes d’eau à la vie de n’importe qu’elle communauté Européenne de ce début de 20éme siècle. L’histoire se termine dans un Paris détruit en 1950 mais dont l’auteur nous livre une description d’une capitale début de siècle. Le Jeune n’était certes pas à cour de bonnes idées, mais n’était en aucune manière un visionnaire et encore moins un véritable « anticipateur ».Il semblerait d’ailleurs qu’une bonne partie des écrivains de cette époque projetaient les espoirs d’une science toute puissante en se focalisant sur le « plus lourd que l’air » et que la concrétisation de l’avancée technologique se résumait à la fabrication d’un appareil volant « révolutionnaire » au multiples caractéristiques (roulant, flottant et submersible).Pour preuve où une fois de plus dans ce « En l’an 2125 » l’engin volant où « Aviteramer » symbolise la substantifique moelle d’une technologie « extra-terrestre ».
Faisons cependant une nouvelle fois preuve d’une certaine indulgence puisque certaines idées, hélas fort mal développées, restent intéressantes et représentent une sorte de « condensé » de la production de l’époque : Fin du monde, Péril jaune, Habitants d’une autre planète s’établissant sur la terre, Récit des derniers survivants, roman gravitant autour d’une invention extraordinaire (ici en l’occurrence « l’Avitéromer). Sûrement s’agissait-il de la part de notre auteur d’une petite fantaisie écrite par un romancier peu habitué à ce genre d’exercice et dont l’imagination ne pouvait se libérer une fois de plus du « carcan » de son époque. Il reste cependant un bel exemple et une pièce supplémentaire à verser sur le compte de ce travail d’archéologue du merveilleux scientifique ( bien qu’ici le terme de scientifique soit un peu usurpé), un apport supplémentaire à verser dans la thématique « Des ruines de Paris » et surtout un témoignage supplémentaire dédié à tous les passionnés du genre, fidèles ou non à ce modeste blog.
Pour ceux que cela intéresse le livre est disponibles sur « Priceminister » ( on dirait un nom Vespérien!).Trois prix différents vous sont proposés…je vous laisse choisir ! Comme quoi dans ce domaine, on ne recule devant rien.
Une couverture très « Belle époque » nom de Zeus!
A l’aube du 20éme siècle, une section secrète de l’armée, la « Division sentinelles », teste sa nouvelle arme : un soldat sur lequel ont été greffés des membres métalliques. Insensible aux balles, déchirant les barbelés comme du papier, le soldat d’acier semble indestructible…..Jusqu’à ce que ses batteries s’arrêtent net au beau milieu du combat. Alors, lorsqu’un jeune scientifique, Gabriel Féraud, conçoit la pile au radium, l’armée entrevoit la possibilité de relancer le projet sentinelles et de le tester dans le sang, le feu et la boue des tranchées.
Après les prometteurs volume un et deux respectivement « Juillet-Août 1914, les moissons d’acier » et « Septembre 1914, la Marne » nous attendions avec impatience ce troisième volume de la série « Les sentinelles » intitulé « Avril 1915 Ypres ». L’attente ne fut pas vaine car nous retrouvons avec toujours autant de plaisir nos deux héros, Taillefer et Djibouti dans un volume où les dessins de Breccia sont toujours aussi percutants et le scénario de Dorison, plein d’originalité et d’idées sensationnelles.
La guerre est en train de s’enliser et nos deux combattants vont ainsi voir leurs rangs se gonfler d’une nouvelle recrue : le baron Hubert-Marie de Clermont qui répondra au surnom évocateur de « Pégase ». Ce dernier équipé d’une singulière machine, est quand à lui capable de voler. Un véritable homme volant qui se révélera un atout de poids pour ses futures missions. Mais l’armée Allemande décidée de ne pas en rester là va s’employer à contrecarrer l’apparition de ses « surhommes » en employant tout d’abord de redoutables gaz de combat, pour finalement créer leur propre machine de guerre : Le Ubermensch ! Un super soldat dont la tenue ressemble à si méprendre à un gigantesque scaphandrier terrestre, mais dont la puissance et l’invulnérabilité semble prodigieuse.Ainsi donc par « surhommes » interposés, c’est tout le savoir et la folie scientifique de deux pays qui vont s’affronter, dans un bain de sang épouvantable, comme pour atteindre d’une manière paroxystique les horreurs d’un conflit déjà dramatique.
C’est l’histoire de la guerre de 14/18 qui se trouve ainsi revisitée, dans cette superbe BD en trois volumes. A travers les péripéties de « Taillefer » c’est toute l’horreur des tranchées avec son cortège d’abominations que nous livrent ici Dorisson et Breccia. Un scénario des plus passionnant mis en image de façon magistrale où le froid, la souffrance et la misère du soldat sont réalisés avec une justesse presque palpable. Une réflexion sur les limites de la folie des hommes et des scientifiques qui en sont les instigateurs. Les prémisses de l’homme machine version « belle époque », une histoire magistrale qui mérite toute l’attention des amateurs de vieille anticipation, et des autres, pour l’originalité de son cadre historique et de sa thématique pour ne pas dire problématique.
La série « Les sentinelles » nous propose de ce fait, une réflexion sur les limites de la science et les problèmes d’éthiques qui en découlent. Car finalement ces surhommes sont les victimes de circonstances particulières, d’une guerre abominable et terrible qu’un appétit insatiable, condamne à aller toujours plus loin, aux frontières de la boucherie et de la barbarie. Si la thématique du « surhomme » fut également abordée avec brio dans l’excellente série « La brigade chimérique », force est de reconnaître que « Les sentinelles » innovent quelque peu en créant de toute pièce des héros malgré eux, des soldats aux supers pouvoirs que rien ne préparait à ce triste destin. Les héros de « La brigade chimérique » font appel à toute l’histoire et à notre patrimoine populaire, en faisant revivre des héros de notre littérature. Le résultat n’en n’est pas moins passionnant, la série brille pour l’inventivité de son scénario et le dessin d’un graphisme qui par moment est absolument original pourra par contre dérouter certains lecteurs peu habitués à ce genre d’histoire. Je pense qu’il n’y aura aucun intérêt à préférer une série à une autre, les deux œuvres font état d’une grande originalité et de valeurs intrinsèques qui en font sans contexte de véritables petits bijoux du genre.
Souhaitons qu’il nous faudra attendre moins longtemps pour voir débarquer sur les rayonnages le quatrième volume annoncé sous le titre de « Dardanelles » et que nous retrouverons avec toujours autant de plaisir la plume inspirée du dessinateur qui parvient si bien à nous plonger littéralement et sans retenue dans cette formidable épopée et sous l’imagination toujours aussi débordante d’un scénariste hautement inspiré. Il est d’ailleurs assez amusant que cette thématique sera par la suite reprise entre autre pour le cinéma et l’amateur curieux ne pourra que se ravir à la vision du dernier film de Zack Snyder « Sucker Punch » et dont l’héroïne voulant échapper à ses tortionnaires, s’évade par le rêve à la recherche de plusieurs « clefs » et dont l’une d’elle se trouve dans un monde alternatif plongé dans les horreurs de la première mondiale. Il s’agit en l’occurrence d’un conflit où l’armée Allemande utilise des soldats zombis, un assemblage de rouage et de vapeurs leur conférant une grande invulnérabilité. Les scènes de combats avec ses nuées d’avions, de dirigeables et l’intervention d’un robot « rétro futuriste » en font à mon avis la meilleure séquence du film, justifiant à lui seul sa vision.
« Les sentinelles Avril 1915, Ypres » Chapitre troisième. Scénario de Xavier Dorison, Dessins et couleurs de Enrique Breccia. Editions Delcourt. 64 pages.
« La Brigade Chimérique » de Lehman,Colin,Gess et Bessonneau. Editions de L’atalante, en 6 volumes.A consulter également le très intéressant site de la Brigade:
Une superbe couverture pour le N°3 et un sympathique supplément dans le N°1
Publié il y a de cela une dizaine d’année, cet ouvrage très accessible et d’une lecture plaisante ne pourra que ravir les amateurs du mythe de l’Atlantide et les passionnés d’anticipations anciennes que nous sommes. Le livre est divisé en trois grandes parties, une comme il se doit réservée au Thème de l’Atlantide et plus particulièrement de toute sa mythologie, aussi bien « historiquement » que dans la littérature de l’imaginaire (près d’une centaine de pages où seront cités un grand nombre d’ouvrages appartenant à l’anticipation ancienne) . La seconde quand à elle se réserve une petite place pour le continent de Mu et de la Lémurie, pour se terminer sur une troisième assez intéressante et intitulée « Les continents perdus de l’héroïc fantasy » où l’auteur s’attarde principalement sur C.A.Smith et R.E.Howard.
Mais ce qui va surtout retenir notre attention, ce sont les deux index se trouvant en fin de volume et intitulés « Bibliographie Atlantidienne Anglo-Saxonne 1844-1945 » et une « Bibliographie chronologique des mondes perdus Atlantidiens de langue Française » Même si l’auteur avoue que son travail est incomplet, argumentant le difficile accès de certaines œuvres devenues rares, tant en roman que dans certaines revues, ce travail regroupe 65 références entre 1812 et 1849, avec en général la date de parution en pré-originale, sa sortie en volume. Dans la majorité des cas, les références de l’éditeur sont mentionnées. En reprenant l’ouvrage de Alain Zamaron « Représentation des civilisations disparues dans la littérature d’aventures fantastiques de la fin du XIXéme siècle et du début du XXéme » qui consacra une partie de son étude au thème de l’Atlantide, je n’ai pas relevé autant de références.Un autre ouvrage qu’il me faut également mentionner et utile sur le plan bibliographique est l’ouvrage de Jean-Pierre Deloux et Lauric Guillaud « L’Atlantide de A à Z,et autres civilisations perdues » aux éditions « e-dite » 2001.
Un petit ouvrage dont qui sera utile dans votre bibliothèque, surtout pour le passionné en quête de références et dont cette « Bibliographie » pourra se révéler précieuse pour de futures recherches. J’avais déjà eu l’occasion d’apprécier le travail formidable de l’auteur dans deux autres études également très enrichissantes, l’incontournable pour tout amateur qui se respecte « Les détectives de l’étrange, tome 1 dom aine anglo-saxon » et « Les détectives de l’étrange, tome 2 domaine Francophone et expansions diverses » actes du colloque de Cerisy de Juillet 1999 (Editions Le Manuscrit 2007 pour les deux volumes). Il participa entre autre au volumineux « L’imaginaire médical dans le fantastique et la science-fiction » paru tout récemment aux éditions Bragelonne. Un homme donc très impliqué dans les littératures de l’imaginaire et dont les ouvrages ne peuvent que nous intéresser au plus haut point.
« L’éternel déluge » de Lauric Guillaud. Editions e-dite collection « essai ». 2001
Analysé en son temps dans le « Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique » et en venant de découvrir une magnifique illustration de couverture du volume, j’ai eu une envie irrésistible de vous parler de cet ouvrage visiblement assez délirant. Comme je ne le possède hélas pas moi-même, je prends la liberté de reprendre dans les grandes lignes le résumé fait à l’époque par le rédacteur en chef Philippe Wadbled. J’espère qu’il ne m’en voudra pas mais il me paraissait important, voir même essentiel pour notre domaine de vous parler de ce rarissime ouvrage.
Mystérieuse et charmante créature, la jeune Véga fut élevée et éduquée par la non moins mystérieuse confrérie « Les compagnons de l’étoile noire ». Elle ne connut que la douceur de son île secrète le « Stella négra » elle lorsqu’elle fera son entrée dans notre « civilisation » ce sera sous le surnom de « Lady bird ». En effet grâce à une invention des savants de son île elle sera capable d’effectuer de nombreuses prouesses aériennes, imitant en cela parfaitement nombre d’oiseaux. Mais la jalousie et la cupidité étant le maître mot dans ce monde nouveau, elle sera prévenue que de misérables scélérats ourdissent quelques mauvaises intentions à son égard. Il lui faut donc prendre retraite dans les Pyrénées, au Val-salut. Elle y rencontrera un charmant personnage, un ami qu’elle sauvera des griffes d’une bande d’apaches. Il faut dire que la diablesse est une redoutable adversaire et les brigands ne pourront que prendre la fuite face à cet ange des ténèbres que les malandrins confondent avec un vampire. Mais ceci n’est qu’un faible aperçu des performances dont la belle nageuse aérienne semble être dotée.Utilisant de ce fait une longue vue aux solides caractéristiques, elle parvient à espionner les malfrats dont elle surveille les allées et venues. Elle parviendra ainsi à déjouer un horrible complot, et du même coup à réduire à néant les odieuses exactions de cette organisation criminelle.
Visiblement le roman est parsemé d’inventions assez délirantes mais un peu alourdi semble t-il par des descriptifs un peu trop laborieux.
Voyons un peu le résumé que nous fait l’auteur de son propre roman :
« Ce récit appuyé sur de vieilles révélations et des lettres trouvées dans une cachette, montre l’explication de deux mystères historiques qui ont passionné notre époque et dont nul, sauf…l’héroïne de ce récit l’Oiselle n’a trouvée la clef. Outre cette partie du livre que nous intitulons : « En marge de l’histoire se place une découverte actuelle, l’art de voltiger dans les airs. ». Une jeune fille, dont la vie tient de près à l’un de nos énigmatiques héros, a vécu au milieu de mages et prophètes dans la retraite, ignorée des profanes, où ils étudient sans cesse et lancent leurs idées sur le monde. Ils lui ont construit un appareil d’oiseau et elle s’en sert avec maestria, parce que le fruit de son éducation spéciale a détruit en elle le sentiment de peur. Rien ne la pouvant émouvoir, elle ignore le « trac » et, au moral comme au physique, réussit à tout, étant maîtresse d’elle même. A travers mille aventures sur terre et sur le navire Arcadia, conduit uniquement par de jeunes Américaines qui ont embrassé l’état de « matelote », elle parvient à la nouvelle Atlantide, terre de l’avenir dont la pointe, déjà ; émerge de l’océan et où vit « L’énigme royal ». Une philosophie consolante, un intérêt sans cesse en haleine, émane de cette histoire, dramatique, gaie, mystérieuse, instructive, morale. Les sociétés secrètes d’où partent les mots d’ordres, les dessous troublants de l’évolution actuelle sont mis à découvert. Chacun, après avoir lu ces pages, comprendra bien des choses inexpliquées et le pourquoi de plusieurs causes célèbres. La partie scientifique du récit est un porte entr’ouverte sur les révélations de demain appelées à modifier la vie et les idées »
René d’Anjou n’est pas un inconnu dans notre domaine puisqu’il flirta déjà avec la conjecture avec quelques titres « vérifiés » et analysés il y à fort longtemps dans les pages du fameux « bulletin des amateurs d’anticipation ancienne ».Depuis j’ai effectivement retrouvé deux volumes recensés dans le N°5 du même bulletin : «L’alchimiste Fédor » et « Le pardon d’outre tombe ». Mais avec cet auteur il nous faudra être des plus attentif car bien souvent le titre de ses ouvrages ne nous apportent que peu sur leurs contenus.
En effet, si l’on se réfère à la liste des « Romans d’actualités de René D’anjou » et figurant sur deux pages en début du « Le pardon d’outre tombe » il est possible de s’apercevoir que les pistes sont, je pense de façon involontaires, assez brouillées. Prenons pour exemple « Véga la magicienne ». En fait il s’agit d’un roman annoncé « Pour paraître » et dont le titre « Royale Enigme » Est ainsi résumé :
« Ce livre explique et met en action : L’Oiselle (Vega) la femme qui a trouvée le secret de l’aviation et l’exerce. A travers mille aventures gaies et sentimentales, elle accomplit de vertigineuses prouesses. A ceci se mêle une révélation étrange, où l’histoire se mêle à la fiction, où un secret terrible peut transformer l’organisation actuelle »
Il est certain qu’à parcourir le résumé il nous faudra lire entre les lignes pour se douter de la présence d’un roman conjectural dans un tel ouvrage. Mais il faut avouer qu’à la lecture des nombreux titres réalisés par l’auteur, il y a de quoi en perdre son latin. Essayons de faire un peu le tour de son œuvre et d’en extraire ce qui nous semble appartenir au domaine de la conjecture. Il me faudra bien évidemment un peu « extrapoler » car je ne possède que très peu de ses romans, mais je vais me baser sur les différents articles du « Bulletin » et du résumé de quelques uns de ses romans qu’il m’a été possible de trouver dans les premières pages de « L’alchimiste Fédor » :
- « Cœur de France ».
- « Le maître de la chance ».
- « Châtelaine et fermière ».
- « La noble bohême ».
- « L’heure du berger ».
- « Maître après dieu ». (1)
- « Intuitif d’amour ». (2)
- « L’alchimiste Fédor ». (3)
- « Le pardon d’outre tombe ». (4)
Ouvrages annoncés en préparation :
- « Entre d’eux amours ».
- « Au tournant de la route ».
- « Royale énigme ».(Véga la magicienne)
- « Les compagnons des ténèbres ».
- « Le secret de l’ogresse ».
- « L’écueil ».
- « Cruelles amours ».
- « Dieu et patrie ».
- « Cœurs vaillants ».
- « Récits de la grande sœur ».
S’il est un domaine où il nous faut agir avec une grande prudence, c’est bien celui de l’anticipation ancienne. Effectivement nous avons tous de précieux témoignages à faire, au sujet d’ouvrages dont le titre ne nous inspirait que dédain mais qui se révélaient en fait des textes conjecturaux d’excellentes factures. Ma dernière expérience en date et déjà signalée en son temps dans le « Bulletin » par l’incontournable Marc Madouraud fut le roman de Jean de Lafon-Boutary « L’amour inquiet » & « L’énigmatique amour ».
Pour en revenir à notre « énigmatique » René d’Anjou, voyons voir de quoi nous disposons. Nous savons que son « Alchimiste Fédor » et « Le pardon d’outre tombe » appartiennent à notre domaine. Thierry Tessandie en avait fait un résumé dans le N° 5 du « Bulletin » (Décembre 1990) et depuis j’ai eu la chance de trouver les deux volumes. Un fois de plus il nous faut faire preuve d’une grande prudence car si le résumé fait par l’éditeur du premier ouvrage ne fait aucun doute :
« Grand roman d’aventure ou passe la révélation des secrets de la science de demain, où le cas étrange et mystérieux d’une double personnalité met en présence les « deux » moi que nous possédons tous et qui représentent la lutte perpétuelle dont notre âme est le théâtre. C’est aussi l’action puissante des sociétés secrètes qui bouleversent le monde à travers un drame passionnant d’amour »
Il ne sera pas possible d’en dire autant pour celui du second :
« Ce livre montre l’inanité de la vengeance humaine, le triomphe de l’amour et sa force à travers tous les obstacles et le moyen de sortir de la plus inextricable des situations par le vouloir et la foi »
Rien ne laisse présager dans ce résumé qu’il s’agisse d’un texte conjectural, pourtant les faits sont bien là et il sera question entre autre de rayons aux propriétés extraordinaires, ayant une action sur le cerveau et d’autres sur les métaux. Toujours à la fin du résumé cité plus haut, l’éditeur ou l’auteur ajoute en outre la précision suivante :
« Dans les romans marqués 1, 2, 3,4, bien qu’ils soient indépendants les uns des autres, les mêmes personnages se retrouvent » (voir la liste plus haut).
Il faudrait donc en conclure que les titres « Maître après dieu » & « Intuitif d’amour » appartiennent au même « cycle » et seraient également conjecturaux. Basons nous sur les deux résumés, d’abord celui du premier :
« Roman d’actualité ou la vie à la cour contemporaine d’un pays de l’Europe est décrite avec ses dessous d’intrigues, de passions, de complots, à travers lesquels se jouent une pure et fraîche idylle »
Puis du second :
« Où se retrouvent tous les personnages de « Maître après dieu ». Ce roman étrange, passionné, vibrant, montre la vie d’un ménage de souverains à travers l’exposition, les voyages incognito et l’existence à la cour de leur pays »
Rien de probant à la lecture de tout ceci mais il y a fort à parier qu’en raison de l’appartenance de ces ouvrages au même cycle, on y retrouve des éléments conjecturaux. Comme pour vouloir semer un peu plus le trouble dans un recensement qui risque de tourner au cauchemar, certaines sources, toujours du « Bulletin » nous apprennent que le volume « Les compagnons des ténèbres », serait annoncé comme une suite de « L’alchimiste Fédor » ou il serait question de la fameuse organisation « Les compagnons de l’étoile noire » et dont nous venons d’apprendre l’existence dans « Vega la magicienne » (alias « Royale énigme »). Le résumé de « Les compagnons des ténèbres » ne fait également aucun doute :
« Roman dramatique d’aventure et de magie. Entraîne le lecteur dans la vie des années futures, quand la science, à son apogée aura transformé l’existence d’aujourd’hui »
Pour en finir avec les quelques informations que nous possédons sur cet auteur, il sera également fait allusion, dans un autre de ses romans «Châtelaine et fermière », de l’origine et de la particularité des rayons « Y », rayons qui nous seront également présentés dans le volume « Le pardon d’outre tombe » et possédant cette fameuse propriété sur les métaux. Je vous en livre ici le résumé :
« Livre utile et agréable, contenant un enseignement clair et pratique de la vie à la campagne et le moyen d’y gagner de l’argent. Ce n’est pas abstrait car les conseils sont enveloppés dans une idylle fraîche, pure et gaie. Tous ces livres sont consolants, ils font penser, ne sont pas lecture vaine. »
En conclusion, René d’Anjou cachait bien sont jeu et si nous faisons un point sur les éléments que nous possédons concernant sont œuvre, il sera possible de dégager cette liste suivant où nous sommes à peu près sûr qu’elle renferme des éléments conjecturaux :
- « Châtelaine et fermière ».
- « Maître après dieu ».
- « Intuitif d’amour ».
- « L’alchimiste Fédor ».
- « Le pardon d’outre tombe ».
- « Royale énigme ».(Véga la magicienne)
- « Les compagnons des ténèbres ».
Il semblerait même que ces titres forment un cycle complet ou nous retrouverons des éléments communs et gravitant autour de cette mystérieuse société secrète des « Compagnons de l’étoile noire ».
Pour l’heure il ne nous reste plus qu’a trouver des éléments supplémentaires concernant l’auteur et son œuvre, il semblerait que sa production reste assez difficile à trouver, en tout cas mes recherches sur internet restent assez infructueuses mais je ne désespère pas de rencontrer, au détour de quelques obscures brocantes, un carton renfermant le fond d’une bibliothèque d’un quelconque amoureux de ce René d’Anjou qui n’en finie pas de nous étonner.
Un océan et une conception différente de l’anticipation séparent ces deux moyens de propulsions aériennes, pourtant…
Tout amateur de science fiction qui se respecte se doit de connaître cette période bénie où, dans les années 30, 40 et 50 fleurirent ces incroyables publications qui abreuvèrent la jeunesse de l’époque d’histoires sensationnelles. Aventures exotiques, intrépides héros, mondes étranges et lointains sur terre mais aussi sur d’autres planètes…Une incroyable diversité que rien n’égale aujourd’hui, tant la richesse et l’innovation furent à cette époque le maître mot. Tout un monde coloré et sensationnel que les collectionneurs d’aujourd’hui s’arrachent à prix d’or car malheureusement la mauvaise qualité du papier d’impression et le dédain affligeant dont ces publications furent l’objet à une certaine époque, rendent assez difficiles les travaux d’exhumations.
Je n’ai pas la chance d’avoir un grand-père ou un père, qui depuis sa tendre enfance aurait conservé jalousement des série complètes du « Journal de Mickey » de « Robinson » de « Hop-là !» de « Hurrah ! » ou de « l’aventureux », des titres qui résonnent à mes oreilles comme la promesse d’heures de lectures passionnantes, à suivre les exploits de « Flash Gordon » « Mandrake, le magicien », « Brick Bradford », « Bernard tempête » , « Buck Rogers » et autres « Jim la jungle ». Un monde chatoyant, bouillonnant, aux dessins vifs et enlevés, ou d’un simple trait c’est tout le génie et l’inventivité du dessinateur qui nous sont ici révélés.
Nous ne pouvons que rêver devant cette période enchanteresse, où les gamins, loin du brouhaha et de la pollution télévisée, pouvaient se plonger avec ravissement dans cet univers fait de courage et de loyauté, où de charmantes créatures étaient prisonnières de princes félons et de créatures improbables. C’est par le plus pur des hasards que j’ai découvert dans une librairie de Barcelone l’ouvrage de Jean-Jacques Gabut « L’age d’or de la BD, les journaux illustrés 1934-1944 » aux éditions Herscher. Je dois avouer, non sans une certaine honte, être passé à coté de cet ouvrage merveilleux lors de sa parution et cela failli être un crime de lèse majesté si je n’avais découvert et décoré cet ouvrage absolument magnifique. Presque 190 pages, très grand format sur du papier glacé, superbe iconographie respectant semble t-il les magnifiques couleurs de l’époque, cet album se lit comme un formidable roman.
Après un court passage sur les origines de la bande dessinée, l’auteur s’attarde sur les périodiques de la période mentionnée sur le titre et nous parle avec une réelle passion, pour ne pas dire amour, de toutes ces revues qui bercèrent son enfance et celle de son frère. En faisant ainsi l’apologie et ce à juste titre d’ailleurs de Paul Winkler, fondateur en France de la revue « Le journal de Mickey », « Robinson » et « Hop-là ! » c’est un hommage sincère et chaleureux que l’auteur fait à cet homme extraordinaire, ami de Walt Disney et qui compris très rapidement tout le potentiel qui pouvait ainsi se révéler dans le jeune public Français. Ce qu’il y a de plus extraordinaire, c’est que face au succès des publications de « Opéra Mundi » d’autres vont ainsi relever le défi comme « La librairie moderne » qui lancera « Jumbo » puis « Aventures » suivront de très prés « Les éditions mondiales » avec « L’aventureux » et « Hurrah ! », sans oublier « Junior » et « L’as », lancés quand à eux par la « Société Parisienne d’édition ».
Tout un « opéra de papier » faisant la part belle aux aventuriers Américains certes mais lorsque l’on regarde la qualité des textes et des dessins, nul doute n’est possible qu’à cette époque nos « petits jeunes » durent une sévère « claque » dans les dents. Lorsque je contemple les reproductions des pages de « L’astucieux » avec ces magnifiques planches de « Tarzan » ou « Superman », les bras m’en tombent tellement c’est beau.
Je me mets à rêver face aux planches en couleurs de « Guerre à la terre » de Auguste Liquois dont nous n’avons hélas qu’une réédition en noir et blanc. Je frémis de Jalousie en voyant la couverture du N° 7 de la revue « Le téméraire », certes une revue « Collabo » mais dont le sommaire « Les automates » ne manque pas de ma faire saliver, sans oublier ses magnifiques couvertures (superbes planches de « Vers les mondes inconnus » de Auguste Liquois) avec des sommaires tout aussi jouissifs : « La quatrième dimension », « Le mystère de l’Atlantide », « Les ancêtres de l’homme » etc… A la lecture de cet ouvrage divisé en plusieurs chapitres toujours bien documentés, j’ai découvert une multitude de choses non seulement intéressantes mais utiles pour qui veut bien se pencher et comprendre les mécanismes et l’influence sur la bande dessinée Française de cette véritable déferlante de héros Américains. L’auteur est une véritable mine de renseignements et sa plume aussi enflammée que passionnante à lire, ravira j’en suis certain les inconditionnels du genre ou ceux, qui comme moi tentent de découvrir et de comprendre ce véritable phénomène dont finalement nous entendons très peu parler.
Ouvrir le magnifique ouvrage de Jean-Jacques Gabut, c’est faire une plongée fabuleuse dans le temps, se baigner dans un univers a la fois magique, envoûtant et merveilleux, se laisser submerger par des couleurs à la fois chaudes et criardes au cotés de héros intemporels dont la notoriété et la magnificence ne pourront que traverser l’histoire la tête haute. Un fois de plus toute une période dont on parle très peu et qui ne survivra que grâce à la verve passionnante et passionné de tous ces archéologues du merveilleux qui mènent un combat solitaire et anonyme et ce pour notre plus grand plaisir.
Vous vous en doutez, un volume qui vient de me procurer un immense plaisir et je ne peux que vous conseiller, se cela n’est déjà fait, de vous précipiter chez votre libraire préféré et de commander sans plus tarder cet « Age d’or de la BD », indispensable à toute bonne bibliothèque des amateurs du genre.
Outre un précieux index, la fin de l’ouvrage comporte également une partie consacrée aux « Grands comics, les héros et leurs périodiques préférés » un entre aux « Tirage des journaux de l’age d’or » et enfin « Les correspondances des noms des héros de l’age d’or ».
« L’age d’or de la BD, les journaux illustrés 1934-1944 » par Jean-Jacques Gabut. Editions Herscher.2004