Il est toujours important et nécessaire de saluer les bonnes intentions et les nouveaux projets. Mais lorsqu’il s’agit de la création d’un blog qui traite d’anticipation ancienne, avec mise en ligne de textes rares et inédits et d’articles traitant de conjecture rationnelle je ne peux qu’applaudir des deux mains.
A la base de cette initiative, notre ami des « Peuples du soleil » qui a toujours entretenu avec ce genre de littérature, des rapports très étroits et c’est donc en véritable amoureux de littérature populaire et de toutes ses ramifications, qu’il nous présente cet « ArchéoSF » qui, comme son nom l’indique bien, va exhumer des textes anciens, visser sa frontale et plonger dans cette mine de papiers si vaste et riche en minerais conjectural , pour aller quérir quelques pépites inestimable d’un patrimoine littéraire fort volumineux et inconnu dans sa grande majorité.
Je suis vraiment heureux d’avoir pour « frère d’arme » un tel compagnon amateur de vieilleries, car il faut l’avouer la toile ne regorge pas d’illuminés de notre genre qui, en véritable « archéologue du merveilleux », fouillent, entassent, répertories toutes ces œuvres condamnées à l’oubli et qui se révèlent bien souvent exceptionnelles. Si « Sur l’autre face du monde » à jusqu’à présent plus une vocation de faire découvrir certains classiques ou certaines raretés au travers de résumés ou d’analyses thématiques, « ArchéoSf » se propose d’aller encore plus en avant avec une mise en ligne de textes introuvables, dont ne pouvait jouir que quelques collectionneurs avares et paranoïaques.
Connaissant la rigueur du rédacteur en chef, nul doute que ce petit dernier fera date et sera fort apprécié des amateurs mais également des curieux, avides de découvrir un tout nouvel aspect de la littérature de l’imaginaire, de ce merveilleux scientifique si cher à notre cœur.
Outre la première partie d’un roman de SH.Berthoud « Voyage au ciel » (1841), et un article fort passionnant de H.Vanaisse sur « Le navire aérien » (1867) fort bien illustré, il vous sera possible de télécharger en Pdf dans la rubrique « Téléchargement » (une excellente idée qui plus est) le texte de Berthoud cité plus haut et ce, dans son intégralité. Bonne chance donc à ce nouveau compagnon de route, en quête d’exotisme, de dépaysement et de voyages extraordinaires sur terre sur mer et dans l’espace, dans des territoires pendant longtemps relativement peu explorés et qui n’attendaient que la témérité et la pugnacité de courageux « Savanturiers » pour en préciser la cartographie.
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Pour nous qui vouons au papier un amour incommensurable, que se passerait-il si le papier disparaissait ou pire, si une étrange maladie s’attaquait d’un façon impitoyable à nos précieux volumes ? Cette thématique cauchemardesque fut au moins abordée dans deux ouvrages d’anticipation, ce qui est peu en regard des autres textes traitant de la fin du monde ou tout du moins de la fin de la civilisation. Car imaginez un peu le monde civilisé privé d’un tel support.
Le premier, à ma connaissance, à avoir utilisé cette bien triste hypothèse est Georges Blond dans « Les naufragés de Paris » éditions « Le livre contemporain » 1959. L’auteur nous met en garde : Il ne s’agit nullement d’un roman d’anticipation ! Comme pour vouloir se faire le témoin d’une catastrophe qui est bien arrivée, acteur impuissant d’un drame épouvantable dont est frappé l’humanité.
« A partir d’un fait d’abord presque imperceptible, les conséquences s’enchaînent irrésistiblement. Un grain de sable dans la trop complexe mécanique de notre civilisation et, progressivement, tout s’arrête. Plus de journaux ni de livres ; les transports sont paralysés, le ravitaillement devient impossible, la lumière s’éteint. La ville prend son visage des grands désastres, on revoit les exodes historiques, le sauve-qui-peut des égoïsmes…. »
Un roman traité avec une certaine froideur, un ton proche du documentaire, dans la plus pure tradition du roman catastrophe.
Dans le second texte, le narrateur de l’histoire se réveille un matin avec une étrange odeur qui semble flotter dans l’air, un incendie ? Alors incrédule il constante que sa pièce est recouverte par une fine poussière…Tous ses livres viennent de disparaître ! Il ne reste que les reliures, comme si les livres avaient été mangés de l’intérieur. A l’extérieur en contre partie, c’est la panique, les gens s’aperçoivent progressivement de l’étrange phénomène et très rapidement ce nouveau « mal » contamine la terre entière, il ne reste plus un seul bout de papier sur le globe. Une telle situation donne lieu à des scènes assez burlesques mais la tragédie prend rapidement le dessus et l’on ne compte plus le nombre de suicides de gens ruinés ou de bibliophiles dont les précieux ouvrages ne sont plus que cendres. Est-ce une maladie, un virus, un redoutable insecte dévoreur de pulpe de bois ? Le mystère reste entier et le milieu scientifique commence à plancher sur une possible parade.
Alors que l’économie mondiale basée sur l’argent papier commence à battre de l’aile, les solutions commencent à prendre tournure. On se dépêche de prendre en photos tout ce qui est encore « récupérable », la pellicule et le micro film, sont les moyens les plus fiables de l’instant. La radio, connaît un regain d’intérêt, pénurie oblige et face à une telle débandade, une solution s’impose, la création d’un papier qui sera cette fois protégé de ces attaques assassines. Jamais auparavant cette noble et fine pellicule de cellulose, n’avait ainsi suscitée un tel engouement et elle tente ainsi de trouver progressivement la place qu’on lui avait jadis toujours refusée.Un roman beaucoup plus léger que le précédent, faisant preuve d’une bonne dose d’humour lorsque l’on sait que cette plaquette fut demandée pour un…fabricant de papier.
Toutefois il vous faudra beaucoup de chance ou quelques espèces sonnantes et trébuchantes pour trouver cette « pièce » bibliophilique tirée à très peu d’exemplaires Peut-être verrons nous un jour le même style d’ouvrage, commandité par un gros fabricant de « E-book », avec cette fois-ci une fin moins heureuse, mais là il ne s’agira probablement pas d’un roman d’anticipation.En tout cas une thématique passionnante qui devrait à mon avis donner des sueurs froides aux maniaques de l’accumulation de livres que nous sommes.
Après « La fin de l’or » (P.Hamp, éditions Flammarion 1933), « La mort du fer » ( S.S.Held , éditions Fayard 1931) « La disparition du rouge » (François Pafiou, Nos loisirs N°11 15 Mars 1908)…, nous voici confronté à un nouveau fléau qui, dieu me garde, ne restera qu’à l’ébauche dans les cervelles enfiévrées de nos écrivains de l’imaginaire.
- « Les naufragés de Paris » de Georges Blond. Le livre contemporain .1959. Cartonné avec jaquette. Réédité au format de poche, éditons Presse Pocket N°826. 1971.
- « La maladie du papier » de Eero Tolvanen. Imprimé par A.Deurve et Cie, pour le compte des papeteries Ruysscher. Cartonné, 32 pages, illustrations originales de Sempé, tirage limité à 500 exemplaires.1964.
Dossier « Les détectives de l’impossible »
Avant mes égarements dans l’extraordinaire roman de Éric Poindron (je vous conseille d’y consulter l’intéressante bibliographie se trouvant en fin de volume), je ne connaissais en rien les aventures de « L’Arcamonde », cet étrange échoppe d’antiquité dirigée par un bien singulier personnage, Frans Bogaert. Tenant boutique dans la toute aussi mystérieuse et fascinante ville de Bruges, notre héros est non seulement un amateur et un dénicheur de curiosités de toutes sortes, mais également un amateur de bizarreries historiques, de rumeurs improbables et d’énigmes insolubles dont il s’alimente avec avidité. Il ne trouve satisfaction qu’une fois bien repu, c’est-à-dire une fois que les ténèbres s’éclaircissent et que le mystérieux objet dont il vient de faire l’acquisition livre enfin ses secrets.
« Voyez-vous, je possède un second compte en banque qui ne se crédite que de curiosité satisfaite »
Une bien belle phrase qui colle comme un gant à notre antiquaire.
Prenons pour exemple dans ses mystérieux dossiers, la deuxième enquête « L’orgue de Quinte » où notre détective fait l’acquisition d’un étrange objet : Un orgue à liqueur, ancienne possession d’un certain Mr Des Esseintes,héros principal du roman de Joris-Karl Huysmans dans son roman « A rebours ». Un objet des plus singuliers qui l’intrigue fortement et ses investigations vont le mener sur les traces d’un ancien maître verrier, Jean Vincent. Ce dernier créa en fait cette curieuse machine dont le but ultime, était de réaliser la larme parfaite, indispensable à la fabrication d’un cristal unique et d’une pureté incomparable. Mais l’acquisition des douze perles provenant de sources émotionnelles aussi différentes que violentes, seront les prémices de difficultés et de souffrances qui conduiront notre artiste sur le chemin de la guillotine. Une bien curieuse histoire où le Vatican dépêche un de ses agents les plus expérimentés.
On retrouve dans ce roman une forte « odeur » d’un autre texte dont la finalité, avec sa recherche de la fragrance ultime menant à une série de crimes, semble relativement identique, tout en gardant son identité et une forte personnalité. Mais dans cette quête de la larme parfaite recueillie avec un instrument des plus originaux « Le cueille-chagrin », l’auteur fait montre d’une grande originalité, avec une série de forfaits dont le machiavélisme nous laisse complètement coi. Mélangeant avec finesse le réel à l’imaginaire, on se laisse facilement convaincre par cette enquête, tant la plume experte de l’auteur nous emporte dans un tourbillon où tout semble se confondre, dans une suite d’événements où l’on a du mal à différencier le vrai du faux.Une bonne partie de l’intrigue se trouve être résolue dans une sorte de huis clos, au cour d’une nuit orageuse et dont la structure narrative me rappelle les fameuses histoires d’un autre détective : Carnacki.
Bogaert est sans contexte une invention originale qui, grâce l’imagination débordante de Hervé Picart, lui assure une place bien méritée dans le cercle très fermé des « détectives de l’étrange ». Mais ce qui fait la force et la particularité de ce détective hors du commun, c’est son approche du fantastique qui se fera toujours par l’intermédiaire d’un objet insolite. Ici, point de méditation sous les veloutes bleutées d’une épaisse fumée de pipe, ni tout l’attirail de pacotille du chasseur de spectres au rabais, mais une logique implacable et une parfaite connaissance de l’histoire des hommes et de ses petits secrets.Fait déterminant dans son enquête, lui attribuant toute son originalité, ces investigations gravitent toujours autour d’une pièce d’antiquité, relique inestimable échappée de quelques cabinets de curiosité, sulfureux et diabolique.
Dans un style personnel et captivant nous suivons ses différentes aventures avec ce doux petit frisson qui parcourt notre dos et qui me rappelle avec satisfaction le plaisir éprouvé lors de mes anciennes lectures, lorsque je me plongeais dans les aventures de Harry Dickson ou de John Silence. L’auteur fait en outre preuve d’une grande érudition dans le domaine des objets anciens, à croire que, outre ses nombreuses activités, il trouve le temps de tenir boutique dans une échoppe siégeant dans la quatrième dimension.
C’est dans une atmosphère des plus jouissive enfin , qu’il se permet pour notre plus grand plaisir, un petit clin d’œil comme le précise le texte de présentation de l’éditeur ci-dessous, au film Américain des années 50.On ne s’étonnera pas alors de faire la comparaison entre le héros Bogaert/Bogart et du nom de son assistance dans le roman… Lauren. Les écrivains des nostalgiques ?
J’ai vraiment hâte de me plonger dans la prochaine aventure (je ne sais pas pourquoi, j’ai commencé dans le désordre) mais il ne fait aucun doute que la prochaine sera tout aussi palpitante et finement menée. Remercions les éditons du « Castor Astral » d’avoir eu l’excellent idée de nous proposer une collection consacrée à ce sympathique et redoutable « détective antiquaire » qu’il vous est désormais indispensable de découvrir.
Le seul petit point noir, vraiment minime, concerne les couvertures qui me paraissent un peu trop « sobres » et ne sont pas à la hauteur des textes proposés.
« Au cœur de la vieille ville de Bruges, une boutique désuète au nom étrange : L’Arcamonde. C’est le domaine de Frans Bogaert, gentleman distingué et cultivé qui se livre avec autant de flegme que de passion à ses activités d’antiquaire et de brocanteur. Avec l’aide de son assistante, Lauren, qui semble sortie en droite ligne d’un film américain des années 1950, et des instruments sophistiqués que recèle son atelier, Bogaert se livre à la demande à des expertises d’objets hors du commun : un très ancien dé en bois venu des bords de la Baltique et qui demeure invariablement glacé, un orgue à liqueurs qui vous ferait verser des larmes, un cœur-de-gloire issu d’une macabre tradition toscane… Chaque objet l’entraîne dans une enquête passionnante qui révèle des pans secrets de l’Histoire, mais aussi quelques méandres étonnants de l’âme humaine »
Volumes du cycle de « l’Arcamonde »
- Tome 1 « Le dé de l’Atanas ».
- Tome 2 « L’orgue de Quinte »
- Tome 3 « Cœur-de-gloire ».
- Tome 4 « La pendule endormie ».
- Tome 5 « La lampe de Providence » (vient juste de paraître)
http://www.castorastral.com/collections.php?id_collection=8&KT_az=all
J’ai déjà eu l’occasion de vous dire, dans les pages de ce blog, tout le bien que je pensais de cette formidable revue « Quinzinzinzili, l’univers Messacien ». Continuant ainsi son travail de défrichage autour de l’œuvre abondante de Régis Messac et de son apport considérable à l’anticipation ancienne, le numéro 12 vient donc de paraître avec un sommaire toujours aussi abondant et passionnant.
Après une petite « mise en bouche » concernant le célèbre titre utilisé pour la présente revue, il vous sera possible d’en savoir un peu plus sur une autre de ses œuvres, atypique mais tout aussi généreuse : « A bas le latin ! ». Vient ensuite un très gros dossier, absolument indispensable et qui nous éclaire un peu plus sur la fascinante série de « La brigade chimérique ». Une œuvre foisonnante sur le rôle de ces « super héros » qui naquirent sous la plume féconde des auteurs populaires d’avant guerre, et qui renaissent ainsi de leurs cendres dans ce cycle riche et parfaitement bien maîtrisé. Ce dossier se penche sur la genèse de cette saga, de ses sources d’inspiration et d’une interview fort bien venue de Serge Lehman. A lire impérativement pour celles ou ceux dont « la brigade chimérique » représente un tournant indispensable pour une certaine reconnaissance de tous ces héros qui peuplèrent la grande multitude des éditions populaires Françaises.
Un dernier article, tout aussi intéressant viendra clore ce numéro 12, « Régis Messac et l’empire du pseudo », tout est dans le titre et l’on y apprend une foule de choses qui nous permettent de mieux cerner le personnage et de son rapport avec l’écriture. C’est Régis Messac, qui aura le mot de la fin avec « Hypermonde, remontons le temps » et de son approche du terme utilisé comme titre de la toute première collection française de science-fiction.
Je ne saurais trop vous recommander la lecture de cette revue unique et bien évidemment de vous conseiller de vous y abonner, car il serait vraiment dommage d’en manquer, ne serait-ce qu’un seul numéro.
« La terre dans cent mille ans, roman de mœurs » Tome 1 : L’île enchantée. De A.Vilgensofer. Editions H.Simonis-Empis. In-12 Broché.1893 (Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique N°28 Juin 2008)
En 1900, le professeur Anima un éminent savant spécialiste de l’encéphale, disparaît mystérieusement après avoir fait la découverte d’un fluide révolutionnaire permettant de plonger tout être vivant en « animation suspendue ». La communauté scientifique pleure alors cette perte irremplaçable, privant ainsi l’humanité d’une telle sommité dont les travaux contribuèrent à améliorer considérablement les avancées dans le domaine médical. Seule une lettre sera retrouvée, avec quelques explications laconiques expliquant qu’il s’est retiré dans un endroit isolé du monde et qu’il est donc inutile d’entreprendre des recherches. Dans l’enveloppe, un testament qui stipule que sa fortune devra être gérée par son notaire de façon à ce que sa « descendance »puisse en jouir beaucoup plus tard quitte à ne revenir que dans « 100 000 ans ! ».Comme un malheur n’arrive jamais seul, la faculté tente de mettre en application sa fameuse formule et c’est bien évidemment un échec, car toutes les bonnes recettes de grand-mères, il manque le petit « truc » faisant toute la différence.
Les années puis les siècles s’écoulent, Anima restera pendant très longtemps une sorte de légende pour finir par s’effacer complètement des mémoires. Pourtant, à l’aube radieuse de ce « 19éme siècle de l’ère céleste », une compagnie creusant une immense galerie à travers le globe terrestre (une époque où les voies de communications terrestres sont exclusivement souterraines) découvre dans une grotte parfaitement isolée, à l’intérieur d’un caisson hermétiquement clos, un corps sans vie parfaitement conservé. Nul doute n’est possible, les hypothèses arrivent toutes à la même conclusion : il s’agit de la découverte du siècle, celle du professeur Anima. Malgré de nombreuses réticences, faut-il le garder comme une pièce de musée que chacun pourrait venir contempler ou faut-il le « ressusciter » ? C’est le Dr Max qui va assumer la lourde responsabilité de ranimer cette illustre relique. Un long processus qui va durer plusieurs semaines et au bout du compte c’est un savant radieux qui en présence de son fils va assister au réveil tant attendu. Le noble vieillard ouvre alors les yeux en prononçant la désormais célèbre réplique : « Où suis-je ? »
Aprés deux mois de rééducation intensive, arrive le jour où il nous faut présenter ce miraculé d’une époque révolue, au grand conseil suprême. Dans un premier temps il sera proclamé membre à part entière et bénéficiera en outre d’une coquette somme afin de subvenir à tous ses besoins. Un fois cette petite formalité effectuée, débute alors la découverte de ce monde extraordinaire dans lequel il vient de se réveiller. Pour commencer, le Français est devenu la langue universelle, histoire de régler notre aversion légendaire pour les langues étrangères. A bord d’une voiture électrique, la toute première tache sera de se rendre à la gare centrale, ils doivent en effet accueillir Bob, le sage des sages. Chemin faisant tout en regardant un monde bien étrange qui défile devant ses yeux, il apprend que la terre est désormais peuplée de cent milliards d’êtres humains et que tout fonctionne à l’électricité. Cette énergie nécessaire en grande quantité est tirée d’une source quasi inépuisable : La rotation de la terre !
Arrivés à la gare, le décor est grandiose, une multitude de routes s’entrecroisent sur plusieurs niveaux et l’on peut voir un ballet incessant de milliers de véhicules circulants dans un accord parfait. Le terminal quand à lui, s’étend sur plusieurs kilomètres avec une station pour chaque grande capitale de la terre. Ces dernières sont reliées par un tunnel, traversant notre planète de part en part et ce dans toutes les directions. Les déplacements se font à l’intérieur de capsules propulsées par un système d’air comprimé. Les voyages sont donc très rapides (une heure pour se rendre en Chine). Pour les transports urbains par contre la technique est plus conventionnelle, les trajets se font par l’intermédiaire des « déplaceurs », gigantesques tapis roulants. Puis c’est le retour à l’institut, un immense bâtiment de 600 mètres où tout le monde acclame le « héros du jour ». Toute la transmission se fera grâce à ce petit bijou de technologie le télémicrophone.
Après un discours bien enlevé accompagné des remerciements d’usage, Anima se laisse guider dans sa nouvelle résidence, un hôtel particulier où toutes les fonctions d’usage sont assurées par un système mécanique et pneumatique. De son balcon il peut en outre admirer le nouvel Arc de Triomphe avec une hauteur de 150 mètres mais qui semble bien ridicule à coté de cette gigantesque tour avoisinant les 1200 mètres. Max en profite pour lui monter les vestiges de l’ancien Paris, appelé désormais Eden et devenu depuis un immense parc d’attraction. Au dessus de toute cette merveille architecturale, un ballet incessant de dirigeables de toutes tailles donne au ciel de cette mégapole des airs d’une immense ruche bourdonnante. Après un copieux repas, le savant disserte un brin en abordant quelques points sur la structure de cette société du futur. Il existe en effet quelques règles déterminantes, comme cet indispensable « contrôle des naissances » en utilisant une stérilisation systématique des femmes jugées trop « légères intellectuellement » et ceci uniquement afin de prévenir l’augmentation des « indésirables ». D’autres par contre ne seront utilisées u’à des fonctions de reproduction et l’auteur en profite pour nous livrer une vision assez cocasse de la femme dans 10 000 ans : une soumission totale !
L’éducation est devenue la clef de voûte de ce système « bien huilé ». Chacun est scolarisé dés l’age de cinq ans et placé dans une école expérimentale. Plus tard et en fonction de leurs aptitudes, ils seront dirigés dans des écoles professionnelles afin d’y apprendre leurs futurs métiers. Pour ceux qui sortent du lot, un traitement »spécial » leurs seront réservés. Après une carrière bien remplie, lorsque viendra l’age de la retraite il semblerait que tout l monde soit sur le même pied d’égalité, avec le droit de posséder sa petite villa avec jardin.
Le lendemain, la visite se poursuit par un petit crochet par le « boulevard du monde », une immense ligne droite partant de la capitale, qui traverse allégrement l’Europe pour terminer sa course aux confins d l’Asie. Il en existe ainsi une bonne vingtaine de similaire et toutes sont bordées, dans les limites de la ville, par de luxueux hôtels et de splendides magasins.
Prenant ensuit ensuite l’avenue de la justice, le groupe arrive devant le temple de la loi. Une immense bâtisse, faisant plus office de symbole, dans un monde qui semble idéal et en dehors de toute idée de forfaitures. En effet ici, les petits délits sont rares et les affaires criminelles quasi inexistantes. La peine de mort est abolie car seul un esprit dérangé pourrait commettre de tels actes et l’on ne tue pas les fous, on les enferme dans une prison spéciale en Sibérie en leur donnant de saines occupations.
Tout ce qui l’entoure est donc absolument merveilleux, irréel mais pourtant une seule chose ne semble pas avoir beaucoup évoluée : le désordre amoureux. Et pour cause, pendant le récit, se déroule en fond une bien ennuyeuse histoire de cœur entre Lucien, fiancé à julienne et son meilleur ami Bernard qui lui doit épouser Constance. Le drame, comme d’habitude, c’est que Lucien aime Constance. Notre pauvre Anima, se sachant que faire devant ce chassé croisé sentimental et ne trouve rien de mieux à faire que d’offrir un collier à la pauvre Lucienne. Cet achat sera d’ailleurs une occasion supplémentaire de nous faire découvrir les comptoirs d’expéditions, envoyant en autre, la nourriture dans des milliers de foyers. Il ne mesure pas moins de 10 Kms, desservant des centaines de conduits souterrains.
Après tant d’inventivité, le roman va se poursuivre hélas sur le développement assez rébarbatif de l’idylle entre les jeunes tourtereaux, juste le temps d’apprendre toutefois qu’il n’existe plus qu’une seule religion universelle et ne comportant de ce fait qu’un seul dieu. Le culte s’effectue dans un immense temple ou le représentant de cette foi unique, récite les paroles sacrées, basées sur l’amour du prochain, au renoncement au « coté obscur de la force » à être productif et royal.
La fin du roman va se focaliser sur la préparation des futurs époux, nous donnant ainsi l’occasion de nous replonger une fois encore sur les merveilles de cette civilisation. Constance et Bernard vont en effet se marier et toute la famille se rend en cette occasion sur « l’île enchantée », un havre de paix et d’harmonie situé au centre d’Eden. Les architectes, dans un souci de rendre à la capitale un nouvel éclat, réussirent à édifier une œuvre colossale. Ce gigantesque parc d’attraction abrie à plus de 300 mètres d’altitude, un pont » aérien,ou s’active des centaines d’appareils de différentes tailles dont les plus magnifiques représentants sont sans nul doute les imposants « poissons » et les minuscules « mouches ». Au sol, un port souterrain recueille une armada de petits submersibles se déplaçant à l’intérieur de splendides grottes sous-marines. Mais le véritable « clou » du spectacle, est sans contexte une reconstitution miniature des chutes du Niagara, dont le débit est alimenté par tous les affluents de la Seine. Ce jour là, une immense joute aérienne doit avoir lieu entre les « poissons » et les « mouches ». Les spectateurs se trouvent disposés à la périphérie d’un immense dôme, pouvant ainsi assister au spectacle en toute sécurité. SE déroule alors une étrange féerie aérienne dont la ville a le secret, un spectacle étrange ou l’on assiste entre autre , à la projection d’immenses boules électriques par les puissants dirigeables, devant être récupérées par les petits « aéronefs insectes » qui virevoltent gracieusement autour des mastodontes. Après le spectacle, Anima ne peut s’empêcher d’aller admirer un de ces petits appareils dont toutes les parties, ailes, hélices…sont entièrement rétractables, leur donnant un aspect de grosses boules.
Hélas, nous touchons au terme de notre voyage. Bernard refuse le mariage, car il sait que le cœur de Constance vibre pour celui de Lucien et donc qu’il en soit ainsi. Comment faire obstacle à d’aussi nobles sentiments ?
L’amour !Toujours l’amour…..
Fort des ses quelques 500 pages d’une écriture bien tassée, ce roman se divise en deux inégales parties. La première est tout à fait passionnante puisqu’elle nous décrit une terre plus vieille de 100 000 ans, avec toute sa technologie, son cortège d’inventions fabuleuses et la description d’une structure sociale, que l’auteur se veut idéale. En ce qui concerne la seconde, et c’est hélas un des gros défauts de ce genre de textes produits à cette époque, l’auteur nous déstabilise un peu, quitte même à nous ennuyer profondément et noyer le lecteur dans un chassé croisé amoureux qui n’apporte pas grand-chose à la structure du roman.
Même si l’ensemble se lit avec un certain intérêt, il faudra malgré tout faire preuve d’une certaine « tolérance », car s’il est vrai que le roman ne manque pas d’originalité, la technologie terrienne dont fait montre Vilgensofer, n’est pas le produit d’un scientifique assez rigoureux, mais d’un rêveur idéaliste qui reste enraciné dans un certain classicisme. Donc pas d’innovation spectaculaire, « la fée électricité » reste en tête de liste et le symbole d’un modernisme triomphant. Mais à cette époque, un auteur que l’on a souvent tendance à oublier lui avait déjà fauché la vedette, il s’agit bien sûr de Albert Robida avec son célèbre « 20éme Siècle » et sa suite toute aussi fameuse « La vie électrique ». « La terre dans 10 000 ans » demeure avant tout comme le dit si bien Versins dans sa célèbre encyclopédie : « Un bonne anticipation utopique, à la mode au 19éme siècle ».
Toutefois, et c’est à mon avis une des forces principales du roman, on s’entichera quelque peu des descriptifs de cette gigantesque mégapole, construite tout autour de l’ancien Paris, dont il ne reste pour mémoire que ce parc d’attraction, Eden. L’auteur serait-il le précurseur du parc Eurodisney ? Un grand visionnaire en somme….Rajoutons également quelques idées « lumineuses », bien que non exploitées où du moins plus amplement développées et qui fusent de temps en temps à travers certains chapitres : L’utilisation de la force libérée par la rotation de la terre ( comme nous aurions aimé faire la visite guidée de cette immense centrale avec ces accumulateurs géants, ces bobines gigantesques et de l’activation de ces milliers de travailleurs/fourmis, occupés à entretenir ce mastodonte d’acier). Il en est de même pour ce système de communication « intra terrestre » permettant de se déplacer par l’intérieur du globe, « l’île enchantée » et tout son attirail de merveilles scientifiques. Il est aussi question à un moment d’un contact avec la planète Mars et de ses habitants. Beaucoup d’éléments faisant preuve de la part de Vilgensofer d’un certain sens de l’imagination, qui laissera hélas trop souvent la place au roman de mœurs.
L’autre point noir du roman et qui fait un peu « tache d’huile » face à un tel débordement d’optimisme, concerne les solutions radicales au développement de la race humaine, en excluant et éradiquant tout simplement les indésirables. En voulant obtenir une population exempte de toutes « tares » le discours en devient par trop radical en développant une certaine forme de sélection, où le hasard n’a plus de place, l’individu différent et non conforme, un boulet pour la société. Ce monde qui se veut parfait et productif, n’hésitera pas à exterminer les « hors normes » dans un premier temps et par la suite éviter, et ce de façon scientifique, que la descendance ne soit corrompue. Il existe de nombreux textes, encombrés par une telle marque de xénophobie, en trouvant des solutions expéditives tout en cautionnant leurs actes pour le sacro-saint principe du bienfait de l’humanité. Rappelez vous « La culture de l’humanité » de Eugène Conti, dont vous trouverez l’analyse dans les pages de ce blog. Il en est de même pour le conditionnement et l’éducation des enfants qui se fera, tout comme « Le monde tel qu’il sera » de Emile Souvestre et des années plus tard dans « L’île sous cloche » de Xavier de Langlais, d’une manière tout aussi brusque en déterminant le staut social des futurs adultes en fonction de leurs physiques et aptitudes intellectuelles, ou en fonction des besoins de la société.( Vous pouvez également retrouver une analyse un peu plus détaillée dans mon article consacré aux « Villes » et faisant suite au résumé de « Un monde sur le monde » de Henri Lanos )
Des idées assez brusques qui ne nous feront pourtant pas oublier la plus singulière d’entre toutes, à savoir le statut de la femme,de sa fonction de soumission totale et de sa réduction en un simple « objet » servant à la reproduction. Vision rétrograde qui reflète bien une certaine mentalité de l’époque nous prouvant si besoin est, que certains auteurs de l’époque n’étaient pas encore prêt d’accepter le véritable bouleversement social, en accordant un véritable statut à la femme et de son importance comme élément actif dans une société évoluée.. Mais une certaine forme de misogynie était monnaie courante à cette époque.
Pourtant, le roman n’hésite pas à s’enfoncer peu à peu dans une histoire d’amour qui vient casser un peu le rythme et il est probable qu’à cette époque, un roman sentimental pouvait être un argument de vente. A la fin du volume, il est précisé « Fin de l’île enchanté » et le héros nous parle d’un prochain voyage autour du monde dans le but d’approfondir ses connaissances sur sa nouvelle patrie. Utilisera t-il le boulevard du monde pour son exploration ou le tube pneumatique ?
Une chose est certaine, le périple ne se fera pas par la voie des airs, car si les transports aériens étaient l’apanage des moyens de locomotion de cette époque, un signe évident d’un progrès technologique, dans ce roman le bon vieux dirigeable quand à lui est relégué comme un outil de distraction et absolument pas LE véhicule de l’avenir. Comme pour vouloir marquer cette rupture, ils ne sont que des vestiges d’un passé très anciens, des antiquités juste bonnes à servir d’attractions pour touristes.
Une fois n’est pas coutume, un appel à la mobilisation générale est lancé afin de découvrir une suite éventuelle à cette aventure, malgré tout assez riche en thématiques.
« Histoire de quatre ans, 1997-2001″ dans ce rare roman de Daniel Halévy, l’auteur nous décrit le déclenchement d’une immense épidémie bouleversant les structures politiques occidentales, puis l’avènement d’une Europe unifiée face au danger intégriste.Il imagine une société de la fin du vingtième siècle dominé par une démocratie de démagogues:
« Les populations, réduites à l’oisiveté, ayant perdu tout stimulant, toute vigueur et toute notion de valeur, s’adonnent à des divertissements passifs, drogue, érotisme, homosexualité, pratiques considérées comme normales. Les organismes, corrompus et affaiblis par une vie malsaine, sont victimes d’une nouvelle épidémie, que la médecine n’arrive pas à maîtriser»
Un roman visionnaire d’une grande complexité qui nous démontre les rouages et les difficultés d’une société en pleine mutation se restructurant sur le modèle d’une utopie se voulant idéale. Publié pour la première fois en 1903 ( 6éme cahier du Jeudi 24 Décembre)aux « Cahiers de la Quinzaine » ce petit ouvrage de 143 pages était quasiment introuvable et fut par bonheur réédité en 1997 aux éditions Kimé, collection « détours littéraires ». Cette édition bénéficie en outre d’une passionnante préface de Frédéric Rouvillois
Curieusement depuis ma plus tendre enfance, même si je n’étais pas un lecteur exemplaire, j’ai toujours adoré le mot « bibliothèque », Je lui trouve une rondeur et un équilibre parfait, un mot riche de promesses, de sensations, de voyages et de découvertes. Ce qui me plaisait avant tout, c’était l’alignement des volumes, la symétrie des étagères et je me disais alors que si les livres étaient ainsi les uns contre les autres, si bien serrés, c’était pour éviter que les mots qui se trouvaient à l’intérieur ne puissent s’échapper.
Comme je le signalais il y a quelque mois dans un billet consacré à mon rapport avec les livres, je n’étais pas prédestiné à ressentir un tel attachement pour ce simple objet si anodin en apparence. J’ai toujours été réticent dans ma jeunesse à me lancer dans ses longues heures de solitude et de me plonger à la découverte d’univers imaginaires et de territoires inconnus et terrifiants. Mon père avait pourtant essayé de me convertir en m’achetant, le classique des classiques « L’île au trésor ». Je fis la moue en découvrant le volume, bien enveloppé dans son papier cadeau. Je pensais plutôt à une bande dessinée, à l’époque objet de mes convoitises.
Je n’étais pas prêt, je ne savais pas dans quels mondes merveilleux, on voulait me conduire et me guider. Il faudra bien des années pour que je finisse par rencontrer le véritable amour, le roman qui allait transformer ma vie et ouvrir mes yeux et mon esprit sur un royaume insoupçonné.
Si je vous parle de la sorte de ma petite personne et le lecteur voudra bien m’en excuser, alors que je suis censé vous parler de mon dernier « coup de cœur », c’est qu’il y a forcément une raison, un lien qui nous rattache, un lien de phrases et de mots. En fait et sans aucune hésitation, si j’avais lors de ma jeunesse rencontré le livre de Eric Poindron « De l’égarement à travers les livres », il ne fait aucun doute que cette passion pour la littérature qui maintenant est la mienne, aurait débuté d’une manière beaucoup plus précoce. Il y a dans cet ouvrage, tous les germes d’une œuvre qui donne envie d’aller au-delà de la simple lecture, de s’immerger, de se donner corps et âme à cette passion, certes envahissante et dévorante, mais qui vous procure une sensation de bien être incommensurable, qui donne un sens à votre vie, qui vous transporte et vous sublime.
Amis lecteurs, je viens de dévorer un livre qui vient de trouver une excuse à mes plaisirs coupables, un livre bibliothèque, un cabinet de curiosités littéraire.
Organisé comme un roman à énigme, à la recherche de bizarreries romanesques, le héros (peut-être l’auteur, ou peut-être vous ou moi..) est contacté par un singulier personnage .En le faisant passer pour une sorte « d’élu » car frappé d’une singulière pathologie la « Bibliopathonomadie » (de l’égarement à travers les livres) et dont le symptôme principal est une forte tendance à la onirobibliomania, ce mystérieux « Professeur » le convainc de rejoindre une sorte de société secrète « Le cénacle troglodyte » qui, pour faire court, est chargée de collecter, entasser, répertorier des textes et leurs secrets : « Tous ceux qui ne doivent pas disparaître » pour paraphraser l’auteur.
Débute alors une passionnante chasse au trésor, à la recherche d’improbables énigmes littéraires, de secrets cachés entre les lignes, sous les épaisses couvertures de cuir et la poussière des années, protégeant les précieuses reliques des mains impies et profanes. Mais prenez garde car la curiosité à un prix, vous serez de fait agrippé par la main dés la première phrase, pour vous rassurer vous mettre en confiance et on vous laissera au bout de quelques lignes couloirs, dans le recoin d’une salle encombrée d’étagères, de livres poussiéreux, de mystères de plus en plus épais. Vous vous retrouverez seul dans un monde où l’imagination sera votre seul mot d’ordre, la lecture votre seule arme et la raison votre pire ennemi. Un univers où il n’existe aucune certitude, les possibilités y sont diverses et la seule véritable logique est celle imposée par votre capacité et votre ouverture à l’imaginaire.
Car dans ce roman, Eric Poindron brouille les pistes et ce diable d’homme en fin érudit et collectionneur avisé mélange d’une subtile façon, faits réels et imaginaires, personnages historiques et héros de la littérature et si vous êtes comme moi, en retard de plusieurs années de lectures intensives, il vous faudra garder un œil sur votre moteur de recherche pour ne pas devenir fou. Et justement c’est une constante du roman, « Qui lit trop devient fou », une expression qui prend alors tout son sens, car cet « égarement » est réalisé comme une enquête mais qui ne vous apportera pas de véritables réponses. Chacun doit se faire sa propre idée, les faits ne sont ici que pour attiser votre curiosité, susciter chez vous le besoin de savoir, mais rarement de comprendre, l’envie de pénétrer encore plus avant dans le mystère, d’aller au-delà d’une simple lecture.
En créant ainsi cette nouvelle race de « Détective littéraire » (en ce qui me concerne le premier du genre) Eric Poindron vient enrichir la littérature d’une nouvelle figure emblématique qui, à l’instar de son homologue le détective de l’étrange, va écumer les territoires vastes et insoupçonnés qui se cachent au plus profond de nos bibliothèques. Et les bibliothèques, ce n’est pas se qui manque dans ce livre véritable labyrinthe de papier dont le lieu géométrique de tout le savoir débute à Reims, où notre héros se lance à la recherche de cette mystérieuse antre du savoir. Quête improbable au fil d’indices qui oscillent entre l’imaginaire et le réel, à la rencontre de personnages énigmatiques dont la présence est si forte qu’elle devient obsédante pour le narrateur et dont les appétits bibliophiliques ne semblent ne vouloir jamais s’apaiser. Dans cet univers dont l’existence trouve sa substance grâce à l’intérêt que le lecteur lui accorde de pages en pages, les personnages resurgissent d’un monde profondément enfoui dans la mémoire de ces fameuses bibliothèques et dont les fantômes après des années ou des siècles d’errance, se trouvent ainsi libérés, réclamant avec avidité notre devoir de mémoire.
Ainsi vous y rencontrerez de bien singuliers personnages comme cet écrivain dont le héros Peter Schlemihl après avoir participé à un étrange marché, est à la recherche de son ombre. Vous ferez équipe avec un certain Monsieur Claude, hommage à ce sublime raconteur de fables et de légendes, ce « Spécialiste des Folklores fantastiques, de diables de toutes tailles et des légendes malfaisantes » dont le chemin croisant celui de notre « détective », nous mènera sur les traces du « voyage mouvementé de Louis XVI à Varenne », mais avec une telle compagnie, la conclusion ne peut que finir que sur quelques diableries. Qu’est-il arrivé au corps de Voltaire ? Un mystère plane sur l’authenticité du corps se trouvant au Panthéon et si ce n’était pas lui ? Qu’est-il arrivé à son cœur et son cerveau dont la dépouille semble avoir été dérobée ? Nous découvrons un Lewis Carroll atteint d’une étrange maladie ou bien serait-il un amateur « De curiosités médicales ». Un homme, amoureux des farfadets lègue une partie de sa fortune à une femme de confiance afin qu’elle puisse « veiller sur son petit peuple », elle va tenir sa promesse mais lorsqu’elle déménage en Avignon à coté d’Alexis- Vicent-Charles Beringuier (l’homme qui aimait les écureuils), elle ignore l’étrange aversion qu’elle va de ce fait accélérer chez ce curieux personnage qui passa sa vie à les combattre et à rédiger un rarissime « Les farfadets ou tous les démons ne sont pas de l’autre monde », une somme de renseignements en trois volumes. Sans aucun doute mon personnage préféré de toute cette galerie atypique.
Mais comme l’auteur n’est pas en reste avec la littérature « fantastique » et que l’on devine derrière le brillant homme de lettre, un amour pour certaines lectures plus « légères », son détective prendra également connaissance d’un récit qui pourrait se révéler une pièce déterminante sur les derniers jours de la vie de W.H.Hodgson. Un récit fascinant qui oppose Lovecraft, ou peut-être est-ce son double, au très célèbre Carnacki le chasseur de fantômes. Un pari insensé dont l’enjeu est un ouvrage mythique « « Le bibliotaxinomia considéré comme un assassinat ». Un rencontre déjà légendaire qui pourrait figurer en bonne place dans la célèbre anthologie « Les compagnons de l’ombre » où le reclus de providence se révèle en outre un redoutable « collectionneur de curiosités » Et comme pour brouiller un peu plus les pistes, nous avons droit à l’énumération de toute une bibliothèque infernale et maudite si chère aux continuateurs de H.P.L.
Rassurez-vous, vous croiserez également la route d’une grande quantité d’autres personnages tout aussi célèbres et mystérieux, qu’il vous sera possible de retrouver en fin de volume dans une utile et intéressante bibliographie agrémentée de « Quelques livres jugés essentiels pour instruire le jugement et qui furent des compagnons de l’auteur durant la rédaction de ces confessions ». J’ai pour ma part relevé quelques ouvrages passionnants qui doivent d’ores et déjà cheminer vers ma bibliothèque.
Une fois arrivé à la fin des 200 pages, nous vient alors comme un malaise, une sensation bizarre, comme un manque : la bibliopathonomadie serait-elle contagieuse ? Lire ce livre, c’est participer à une expérience aussi savoureuse que jubilatoire où l’auteur nous emporte de façon magistrale dans une histoire recomposée, une intrigue qui ne trouve de solutions que par l’intérêt qu’elle suscite en nous. Dans cet « égarement » où nous nous laissons emporter avec plaisir et délectation, Eric Poindron nous fait partager son amour pour la littérature et tout ce qu’elle peut comporter de mystérieux et d’enrichissant. C’est un voyage trépidant auquel il nous convie, dans cette zone crépusculaire entre le mythe et la réalité et qui nous fait vivre, avec une parfaite maîtrise du verbe, une érudition sans faille et un goût prononcé pour le roman d’aventure, un des plus agréable moment que la littérature romanesque puisse nous donner.
J’espère, cher Eric que vous me pardonnerez ces excès de bavardage et il ne me reste plus qu’a vous adresser une dernière supplique : A quand la suite !
« De l’égarement à travers les livres », dont on ne félicitera jamais assez le superbe travail de couverture de Casajordi, est le 5éme volume de la collection « Curiosa & Coetera » aux éditions du « Castor Astral ».Une bien belle collection où il vous sera possible, antre autre, de découvrir un très intéressant recueil de nouvelles d’un auteur que j’apprécie tout particulièrement : Claude Seignolle ( « Au château de l’étrange »), et d’un roman tout aussi fascinant : « Le Paradisier » de Frédéric Clément.
Un éditeur à suivre et à consommer sans modération !
Je me rappelle de l’article de notre érudit ami Joseph Altairac dans sa postface à la réédition de « L’épopée martienne » et de «La belle Valence » aux éditions Encrage. « Mais qui donc a inventé la première machine à voyager dans le temps » est intéressant car l’auteur se penche sur la possibilité d’autres textes écrits avant celui de H.G.Wells « La machine à explorer le temps », à savoir avant 1895. Joseph citera principalement deux textes, « The clock that went backward » d’Edward Page Mitchell et publié en 1881 et l’autre « A Connecticut yankee in king Arthur’s court » (un américain à la cour du roi Arthur) de Mark Twain date lui de 1889.
Hors, lors d’une de mes innombrables errances sur le net à la recherche d’œuvres introuvables ou oubliées, j’ai rencontré au hasard d’un moteur de recherche un nom assez singulier : « El Anacronopete ». Amateur de curiosité je me lance à la découverte d’un nouveau mot qui désigne en réalité un roman dont le héros principal est une bien curieuse machine et pour cause : Une machine à voyager dans le temps ! Le terme est semble t-il un néologisme pour désigner une action peu commune « celui qui vole contre le temps ». Il s’agit d’un roman publiée en 1887 par un écrivain Espagnol, Enrique Gaspard y Rimbau, mais qui selon toute vraisemblance fut écrit en 1881. Bien évidemment je ne possède pas le texte et je doute fort qu’il existe une traduction Française, toutefois grâce au renseignements glanés par ci par là, je vais essayer de vous en présenter le contenu.
Cette curieuse machine et cela semble être un point important, fut construite visiblement comme un véhicule temporel et donc utilisé pour cette fin. Cette « Anacronopéte » est décrite par l’auteur comme une structure en fonte et mue par l’électricité. On ignore à quoi servent les quatre dispositifs pneumatiques se terminant par des tubes, dont la structure évoque une étrange créature tentaculaire. Par contre un autre système dispensant le « fluide Garcia » nous intéresse plus particulièrement, puisqu’il permet aux passagers se déplaçant à « contre courant » du temps, de ne pas rajeunir. A l’image de certaines machines « révolutionnaires » de l’époque, celle-ci possède également tout le confort intérieur.
L’Histoire donc s’articule sur l’invention de la machine par Don Sindulfo Garcia, un scientifique de Saragosse et de son assistant Benjamin. Au départ, le savant nous dévoile sa curieuse théorie et nous explique qu’en « volant rapidement contre la rotation de la terre » il est ainsi possible de remonter le cour du temps, donc faire un « bond » dans le passé. Le premier voyage sera un saut de puce puisqu’ils vont quitter l’exposition universelle de 1878 et se rendre à la bataille de Tétouan se déroulant en 1860.Au cour de ce voyage inaugural, quelques passagers (en autre un lot de militaires : 17 Hussards !) qui visiblement ne seront pas soumis aux effets du « fluide Gracia » prendront une sacrée cure de rajeunissement, pour tout simplement « s’évaporer ». A bord également, le maire de Paris fait embarquer quelques femmes de « petites vertus » afin de leur prodiguer une séance de régénération, de leur inculquer une « meilleure hygiène mentale » et participer ainsi à « une vaste programme de régénération morale de la France ». Au cour du voyage, ils rencontreront Lumen (Personnage du roman de Camille Flammarion) qui va leur conter son observation de la bataille de Waterloo depuis l’étoile Capella. Après cet essai concluant, la machine repartira par la suite dans le futur (leur présent à eux) mais un jour avant la date initiale de leurs départs, en raison d’une erreur de manipulation de Sindulfo.
Suite à ce premier essai somme toute assez concluant, le savant décide de repartir, mais pour un voyage bien plus long et animé de motivations beaucoup plus ambitieuses. En effet la quête de Sindulfo sera cette fois la recherche de l’immortalité. Nos explorateurs vont ainsi faire une courte mais remarquée visite à la reine Isabelle de grenade en 1492 où il n’hésiteront pas à altérer le cours de l’histoire puisque le savant va lui suggérer d’être attentif aux propositions d’un certain Génois du nom de Christophe Colomb. Ensuite petite escale à Ravenne en 690, pour faire le plein de provisions, pour finir en Chine à Hénan en 220, où siége l’empereur Hien-ti. Celui-ci se montre très affable avec nos étranges visiteurs et leur montre toutes les merveilles de la civilisation chinoise comme l’imprimerie. Va suivre une curieuse histoire où l’empereur, ayant perdu son épouse l’impératrice Sun-Che, demande en échange du secret de l’immortalité, la main de Clarita. Clarita est la nièce de Sindulfo présente lors des nombreux « déplacements » de la machine. En fait le terrible empereur à fait « momifiée vivante » sa chère et tendre épouse (une manie parait-il à cette époque) et il se trouve que par le plus pur des hasard notre scientifique avait acheté une authentique momie chez le brocanteur du coin et qui se révèle être l’impératrice défunte. Elle se « réveille » ainsi dans « l’anacronopéte » et semble vouloir se marier avec son sauveur. Va s’en suivre un chassé croisé amoureux entre les différents personnages de l’appareil (il abrite à son bord un beau militaire, un capitaine rescapé de « l’évaporation ») pour se finir entre le roman spirite et la métempsychose, car visiblement les militaires disparus lors du premier voyage, sont toujours présents dans la soute de l’appareil sous forme d’âmes désincarnées et vont être rematérialisés par un procédé que le résumé consulté n’explique pas.
Le voyage va ainsi se poursuivre avec un équipage assez conséquent et ils choisissent de se rendre prés du Vésuve lors de son irruption en l’an 79 et assistent à la destruction de Pompéi. Mauvais souvenir pour tout le monde car, capturés et jetés en pâture aux lions du cirque ils faillirent être dévorés sans l’intervention providentielle du commando de hussards. Toujours en mal de sensations fortes, ils remontent encore plus loin à l’époque de l’arche de Noé et du déluge pour finalement se rendre compte que la vie éternelle est étroitement liée avec Dieu et la religion. Sindulfo, complètement rendu fou par ces multiples expériences (et semble t-il par une sombre histoire de cœur) va accélérer la machine à tel point qu’il la fera exploser une fois arrivé au jour de la création.
Le roman se terminera pour la seconde fois d’une manière tout aussi abrupte, car Sindulfo se réveille, hélas ce n’était qu’un rêve, alors qu’il s’était endormi tandis qu’il assistait à l’adaptation théâtrale d’un roman de Jules Verne.
Un roman novateur sur le thème de la machine temporelle
Dans ce roman qui joue énormément sur la comédie et un sens très affûté de la conjecture, l’auteur n’est pas en mal d’inventivité et d’idées fantaisistes. Ainsi son merveilleux appareil qui, d’après les critiques est décrit avec force de détails, est équipé de larges baies vitrées afin de pouvoir jouir du spectacle et son intérieur possède tout le confort moderne électrique : Salle d’étude, laboratoire, toilettes hommes et femmes, dispositif de lavage et séchage du linge automatique, cuisine équipée, balaie mécanique…Dame ! Lorsque l’on voyage dans le temps il faut être équipé. Une autre de ses nombreuses particularités, est son volume. En effet en regard des « commodités » installées à bord, tout l’équipement digne d’un « paquebot temporel » et surtout du nombre de passagers qu’il peut emporter, nul doute que cette « Anacronopète » est d’un volume assez conséquent.
Nous sommes donc bien en présence d’une machine à voyager dans le temps et pour remettre au goût du jour la fameuse problématique de « Qui est le premier », il est assez difficile de départager les deux lauréats. H.G.Wells publia son célébrissime « The time machine, an invention » en 1895, mais il ne faut pas oublier qu’une de ses toutes premières nouvelles annonçant cette thématique « The chronic argonauts » fut quand à elle publiée en 1888 dans le « Science School Journal). Elle reprend dans les grandes lignes le sujet du roman publié 7 ans plus tard, dont entre autre la fameuse machine.
Le texte de Enrique Gaspar fut publié à Barcelone en 1887 (mais rédigé en 1881), éditions « Bibliotéca Arte y Letras » ce qui semble affirmer sans aucun doute son antériorité et donc son classement en tête de liste du classement.
« The clock that went backward » d’Edward Page Mitchell ne peut pas être à mon avis considéré comme le tout premier, non pas en raison du principe en lui-même de cette sorte « d’horloge temporelle » construite par un mystérieux horloger « Jan Lipperdam », mais parce que l’auteur dans le texte ne semble pas l’avoir « inventé » comme une machine à voyager dans le temps ( visiblement il n’y a aucun descriptif de cette horloge) mais comme une objet propre au « merveilleux », doté de pouvoirs « magiques » et qui serait là comme faire valoir au changement d’époque des protagonistes de l’histoire. Il y a certes un déplacement temporel mais il semblerait que l’horloge ne soit pas exactement un véhicule mais plutôt un « objet » aux vertus singulière, capable de se déplacer dans le temps.
Quand aux histoires successives des deux « Lauréat » nous connaissons tous bien les textes de Wells dont nous apprécions le style d’écriture, la façon dont il se sert de la science comme moteur à de passionnantes thématiques, et la manière dont va être menée l’intrigue avec un sens très approprié de l’imagination, qui personnellement me procure toujours autant de plaisir lors de la lecture de ses œuvres.
Il me sera plus difficile de me prononcer sur l’ouvrage de Enrique Garcia. Le seul « outil » que j’ai entre les mains est le résumé en Anglais fait par un amateur du genre, mais les quelques éléments ainsi glanés, permettent toutefois une petite appréciation. Visiblement, l’auteur était friand de fictions romanesques car il cite au moins par deux fois dans son ouvrage des auteurs fortement impliqués dans des textes « d’anticipation » : Camille Flammarion et Jules Verne. Son penchant pour ce genre de littérature permet donc de supposer qu’il avait certaines prédispositions à ce genre d’exercice. Et l’on ressent dans son histoire un auteur fortement imprégné par tout un courant de son époque et de ses influences littéraires, avec son lot habituel d’inventions merveilleuses et des miracles qui à l’époque paraissaient sans limites grâce à la « fée électricité ». Très prisé également en cette fin du 19éme, cette touche habituelle de spiritisme avec une petite intrigue conférant à la métempsychose, qui dans de nombreuses œuvres seront une marque de fabrique.
Un ouvrage donc tout à fait symptomatique de son époque, si ce n’était le concept, qui confère au génie, de cette fameuse machine à voyager dans le temps. Qui plus est, non content de créer ce nouveau concept de voyager dans notre « passé », il nous propose en prime une description très détaillée de la machine, et trouve une parade aux possibles conséquences d’un tel retour en arrière et de son incidence sur notre organisme (ou plutôt métabolisme), en créant le « fluide Garcia ». Son inventivité ne va pas s’arrêter là et pour cause, il nous expose en prime une bien incroyable hypothèse sur le moyen de remonter le temps, en exerçant une accélération importante dans le sens opposé de la rotation de la terre. Rappelez vous que cette « hypothèse » sera exploitée dans le premier « Superman » de Richard Donner en 1978.
Contrairement au roman de Wells, qui reste assez évasif sur les caractéristiques de sa machine, Enrique Garcia lui, avance une théorie qui pour l’époque, était déjà un sujet de réflexion peu exploité et pour le moins audacieux et novateur.
Nous pardonnerons une fois de plus à l’auteur de s’être fourvoyer dans la classique fin « ce n’était qu’un rêve » (Que je viens de rencontrer également dans l’ouvrage de Louis Denay et Eugéne Tassin « La revanche fantastique » mais dont nous allons reparler très prochainement) technique fréquemment utilisée à l’époque, comme pour faire pardonner un trop plein d’imagination et se faire passer pour de gentils illuminés, amateurs de chimères et d’absinthe. Quoiqu’il en soit, cette « pirouette » scénaristique ne nous empêche pas d’apprécier ces textes à leurs justes valeurs et de saluer ces écrivains pour leur sens assez démesuré de l’imaginaire. Souvenons nous également pour conclure, de l’étrange hypothèse de Guiseppe Lipparini dans son roman « Le maître du temps » (revue « Les annales » du 26 Février au 9 Mai 1909 N° 1340 à 1350) où un savant avait inventé un curieux appareil capable de photographier le passé :
« Rien dans l’univers n’étant perdu, l’énergie que je développe en faisant un mouvement doit subsister. Autrement dit, à chaque acte de l’homme correspond une projection de cet acte dans l’espace. Cette projection se conserve, si un instrument spécial la reçoit, il peut après une suite de siècle, reconstituer l’acte qui l’a produite. Cet instrument doit dans son principe se rapprocher de l’œil humain. »
En un mot, tout mouvement se conserve dans l’espace et le temps et peut donc être « photographié ! Mais Déjà Eugène Mouton dans sa nouvelle « L’historioscope » (Dans le recueil « Fantaisies » G.Charpentier éditeur,1883) nous avait donné un brillant aperçu de la possibilité de photographier des événements passés, tout comme Jean Rigaut en 1921 dans sa nouvelle « Un brillant sujet » L’auteur qui après Wells, nous proposera également une machine, en bon acier et boulons, sera Français, puisque dans son roman « Aventures d’un voyageur qui explora le temps », Octave Béliard projettera par son intermédiaire deux jeunes enfants au temps de la Rome antique.
D’autres romanciers suivront les traces de ces précurseurs, dont l’imagination débordante fut l’occasion l’espace d’une aventure, de se laisser aller à leurs désirs les plus secrets qui, encore plus extraordinaire que de voyager dans l’espace à la rencontre de nouvelles formes de vies, révèrent de rencontrer leurs lointains ancêtres, de partager leur quotidien et qui sait peut-être de découvrir enfin qui à réellement cassé le vase de Soisson.
Une thématique riche en possibilités qui n’a pas finie de faire parler d’elle et dont les caractéristiques permettent de multiples horizons et, en regard de la richesse de l’histoire de l’humanité, une multitude d’extrapolations et d’aventures diverses et variées.
En tout cas les droits du livre sont dans le domaine public et le texte consultable sur internet. Il ne reste donc qu’à le traduire ( ce qui ne devrait pas poser de problème) et trouver un courageux éditeur ( mission plus délicate)en quête d’un ouvrage inédit et original. Une rareté et un roman précurseur du genre, dont il serait dommage de se priver.
Le thème du voyage temporel Dans les romans conjecturaux.
il y a quatre façons de « visiter » le passé de notre histoire :
1 – La bonne vieille fouille archéologique, on découvre des objets inertes, témoins muets de gloires passées qui bien souvent entraîneront une relecture de notre propre histoire. (Une thématique très riche en références, seuls les titres les plus emblématiques seront ici cités) Ou alors ces mêmes fouilles conduiront l’explorateur à découvrir une monde « caché » témoin d’une époque, majoritairement préhistorique et qui est parvenue à survivre jusqu’à notre époque (ou celle ou vie le héros de l’histoire). Toutes les « Atlantides » sont volontairement retirées de ce corpus, la thématique justifiant à elle seule une rubrique à part. Les oeuvres citées dans cette liste sont les plus représentatives et ne constituent en aucun cas un ensemble exhaustif.
- « Les ruines de Paris » de Joseph Mery, dans le recueil « Contes et Nouvelles » éditions Victor Lecou 1852, réédition Hachette « La bibliothèque des chemins de fer » en 1856.
– « Archéolopolis » in « Fantaisies Multicolores de A.Bonnardot chez « Castel Libraire Editeur 1859.
– « Une ville ressuscitée, Pompéi ou Paris » de Ty. Parution « la vie Parisienne » N° 10 de la 10éme année. Samedi 9 mars 1872. (Réédition « Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de Fantastique N° 10, Juin /Août 1992).
– « Les ruines de Paris en 4875, documents officiels et inédits » de Franklin Librairies « Léon Willem et Paul Daffis » 1875. Réédité par Flammarion en 1908 sous le titre « Les ruines de Paris en 4908 » édition très augmentée.
- « Paris depuis ses origines jusqu’en l’an 3000 » de Léo Clarétie 1892.
- « 5000 ans ou la traversée de Paris » de Edmond Haraucourt EN 1904.
- « L’inscription » de Eugène Fourrier en 1906. (Réédition « Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de Fantastique N° 9, Février/Mars/Avril 1992).
- « Une exploration polaire aux ruines de Paris » De Octave Béliard. Lecture pour tous Juin 1911
– « Ci-gît Lutèce » de André Muller. Parution « La vie Parisienne » N° 30 52éme année. Samedi 25 Juillet 1914. (Réédition « Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de Fantastique N° 11, Novembre 1992).
- « La vénus d’Asnières, ou dans les ruines de Paris » de André Reuzé Fayard 1924.
– « La tempête universelle de L’an 2000 » du colonel Royet (journal « A l’aventure du N°55/ 16 juin 1921 au N°59/14 juillet 1921) Réédité par le « Visage vert, éditions de l’hydre N°4.
- « Une expédition aux ruines de Paris » de Jean Spitzmuller. Quatre fascicules dans la collection « Les beaux romans d’aventures » couverture illustrée couleur de E.Ydondi « L’hélioscope géant » N° 69 1923 « La cité disparue » N° 70 1923 « La fin d’une race » N°71 1923 « Yuki-Yako » N° 72 1923 Ces fascicules furent réunis en un seul volume la même année sans les couvertures couleurs sous le titre général « Une expédition aux ruines de Paris »
- « En l’an 2125 » de Raoul Le Jeune. Collection « Fama » Bibliothèque de « la mode nationale ».1928 .
- « Montmartre perdu et retrouvé » par Marc Daubrive. Illustrations de Julhés. Pages 25 à 27. L’éminente intelligence Fatimiloara, de l’institut des étoiles Fianarantsoa, devant le micro destiné a transmettre aux planètes voisines de sa patrie, son rapport universellement attendu sur les recherches effectuées par la mission Chou Lan Po , pour découvrir l’emplacement de l’ex capitale de Paris. « Le miroir du monde ». Noël 1933
- « Hommage de Tombouctou à Paris » par Jacques Bainville. Illustrations de Marc Moallic. Pages 5 à 7.Revue « Le miroir du monde ». Noël 1933
– « Paris en l’an 3000 » texte et dessins de Henriot. Henri Laurens éditeur 1934.El Anacronopete »
Ceci pour le premier cas de figure et pour le second cas :
– « L’étrange aventure de Pierre Fontramie » de J.L.Gaston Pastre. Société de la revue le feu.1920.
- « Les dieux rouges » de Jean D’Esme. La renaissance du livre 1923.
- « La plutonie » de O’Broutchev. Editions de Moscou.1954.1924 pour la parution originale.
- « Le raid mystérieux de Martin Crusoé » de T.C.Bridges. Editions Fernand Nathan.1926.
- « La cité des ténèbres » de Léon Groc. Tallandier « Bibliothèque des grandes aventures » N°119.1926
- « La cité sans soleil » de Albert Bonneau Tallandier 1927 « Bibliothèque des grandes aventures ».
- « La cité des premiers hommes » de Maurice Champagne. Tallandier « Voyages lointains, Aventures étranges N°36.1929.
- « Le peuple des ténèbres » de Joseph O’Neill. Gallimard.1939.
- « La vallée perdue » de Noëlle Roger. La petite illustration du N° 915 au N°917.1939
- « Nira Australe Mystérieuse » de Eugène Thébault Edition Geldage 1930.
– « Le soleil du monde » de André Falcoz. Tallandier « bibliothèque des grandes aventures ».1930
- « La vallée du passé » Une aventure de Franck Sauvage N° 2. Guy d’Antin. Pim service, collection « Aventures ».1939.
2 – Faire venir le passé à soi en ressuscitant ou en ramenant à notre époque de manière volontaire ou fortuite des gens ou des animaux d’une autre époque :
- « 10 000 ans dans un bloc de glace » de Louis Boussenard, Marpon et Flammarion 1890.
– « Jadis chez aujourd’hui » De Albert Robida, court roman se trouvant dans l’ouvrage « Kerbiniou le très madré » page 189 à 290. Paris Librairie Armand Colin 1903.
- «Le presqu’homme, roman des temps futurs» . De Marcel Roland. Éditons Méricant « Actual-Bibliothèque ». 1907.
- « L’effrayante aventure » de Jules Lermina. Tallandier « Les romans Mystérieux » 1910.
– « Quand le mammouth ressuscita » de Alex Begouen Librairie Hachette « collection prix Jules Verne »1928.
- « L’homme qui réveille les morts » de Rodolphe Bringer et Georges de La Fouchardiére Albin Michel 1918.
– « La vapeur du néant » Une aventure de Franck Sauvage N° 3. Guy d’Antin. Pim service, collection « Aventures ».1939.
3 – Le voyage dans le temps soit par l’intermédiaire d’une « machine » soit par une phénomène « mystérieux », hypnotique, magique, médicamenteux (drogue), naturel ou autres.
Dans le premier cas de figure :
- « El Anacronopete » de Enrique Gaspard y Rimba.Biblioteca Arte y Letras.1887
- « La machine à explorer le temps » H.G.Wells Mercure de France 1899.
- « Aventures d’un voyageur qui explora le temps » de Octave Béliard « Lecture pour tous » Janvier 1909 N°4 page 365 à 376.
– « Un brillant sujet » de Jacques Rigaut. Paru dans le N°18 de « Littérature » en Mars 1921, réédité en volume dans le recueil « Papiers posthumes » en 1934
– « La belle Valence » de Théo Varlet & André Blandin, Librairie Edgar Malfére « Bibliothèque du Hérisson » 1923.
– « L’homme qui s’est retrouvé » de Henri Duvernois. Editions Grasset.1936. (Ici ce n’est pas une machine à proprement parlé, mais d’un vaisseau spatial qui effectue un voyage de quatre ans dans l’espace et dont les passagers constatent à leurs retours qu’ils sont revenus dans le passé de la terre et on donc également effectués un voyage dans le temps)
– « Voyage inouï de Mr Rikiki » de Cami. Editions Baudiniére.1938
– « Le voyageur immobile » de Alain de St Ogan et Camille Ducray, Editions Sociales Françaises 1945.
- « Le voyageur imprudent » de René Barjavel, Edition Denoël 1944.
- « Le Chronastro » de H.G.Viot. Editions Magnard collection « Sciences et aventures ».1949.
- « Malheureux Ulysse » de Jacques Droit. Nouvelle parue dans « Galaxie, Anticipation » première série. Avril 1956.N°29
Dans la deuxième possibilité :
– « L’an 2440, rêve s’il n’en fut jamais » DE Louis Sébastien Mercier. A Londres 1776.
- « Manuscrit de Monsieur CAL Larsonnier » Editions Plon & Cie.1881.
- « Dans 1000 ans » de Calvet. Librairie Ch.Delagrave.1884. Pré-originale dans « Le musée des familles.1883
– « L’horloge des siècles » de Albert Robida, Editions Félix Juven 1902
– « Le brouillard du 26 Octobre » de Maurice Renard dans le recueil « Mr D’outremort », Louis Michaud 1913.
- « Le règne du bonheur » de Alexandre Arnoux. Arthème Fayard &Cie.1924
- « Les semeurs d’épouvante » de Fernand Mysor, Bernard Grasset 1923.
Terminons à présent sur le quatrième point qui nous intéresse dans le thématique du roman de Lipparini :
4 - « Le voyage dans le temps par l’image »
Si les appareils permettent de retransmettre le son et l’image au moyen d’un écran (ancêtre de la télévision) appelés « Téléphote ou Télétroscope » (H.Lanos),« Téléchromophotophonotétroscope» (Didier De Chousy) ou « journal Télephonoscopique » Albert Robida) sont relativement courants dans la vieille anticipation, Fixer sur pellicule ou plaque photographique des moments de l’histoire par contre n’est pas un procédé relativement courant et je vais m’efforcer de faire un récapitulatif des œuvres qu’il m’a été possible de consulter.
- « Récits de l’infini » (Lumen & rêves étoilés) de Camille Flammarion 1872, nombreuses éditions
- « L’historioscope » d’Eugène Mouton (Mérinos) Dans le recueil de nouvelles « Fantaisies » G.Charpentier éditeur, 1883 pages 223 à 267.
- « Le maître du temps » de Giuseppe Lipparini. Parution dans la revue « Les annales » du 26 Février au 9 Mai 1909 N° 1340 à 1350.
- « Les Bacchantes, roman contemporain » de Léon Daudet, Edition Flammarion 1931.
- « La cité des asphyxiés » de Régis Messac. La fenêtre ouverte collection « Les Hypermondes ».1937.
- « Echec au temps » de Marcel Thiry. Edition de la nouvelle France, collection « Chamois ».1945, mais écrit en 1938.
- « L’Ombre du passé » De Ian Efrémov. Dans le recueil de nouvelles « Récits, contes scientifiques » Editions en langue étrangères Moscou 1954, pages 9 à 55.
- « Le siège de Syracuse » d’Alexandre Arnoux, Albin Michel 1962.
- « Avant l’aube » de John Taine 1934 pour l’édition originale (Baltimore, Williams Wilkin) Collection « Outrepart II » La proue la tête de feuille 1971, collection dirigée par Pierre Versins, pour l’édition Française