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« La Disparition Du Papier »: Un Thématique Peu Utilisée

Posté le 26 mai 2011

Pour nous qui vouons au papier un amour incommensurable, que se passerait-il si le papier disparaissait ou pire, si une étrange maladie s’attaquait d’un façon impitoyable à nos précieux volumes ? Cette thématique cauchemardesque fut au moins abordée dans deux ouvrages d’anticipation, ce qui est peu en regard des autres textes traitant de la fin du monde ou tout du moins de la fin de la civilisation. Car imaginez un peu le monde civilisé privé d’un tel support.

Le premier, à ma connaissance, à avoir utilisé cette bien triste hypothèse est Georges Blond dans « Les naufragés de Paris » éditions « Le livre contemporain » 1959. L’auteur nous met en garde : Il ne s’agit nullement d’un roman d’anticipation ! Comme pour vouloir se faire le témoin d’une catastrophe qui est bien arrivée, acteur impuissant d’un drame épouvantable dont est frappé l’humanité.

« A partir d’un fait d’abord presque imperceptible, les conséquences s’enchaînent irrésistiblement. Un grain de sable dans la trop complexe mécanique de notre civilisation et, progressivement, tout s’arrête. Plus de journaux ni de livres ; les transports sont paralysés, le ravitaillement devient impossible, la lumière s’éteint. La ville prend son visage des grands désastres, on revoit les exodes historiques, le sauve-qui-peut des égoïsmes…. »

Un roman traité avec une certaine froideur, un ton proche du documentaire, dans la plus pure tradition du roman catastrophe.

Dans le second texte, le narrateur de l’histoire se réveille un matin avec une étrange odeur qui semble flotter dans l’air, un incendie ? Alors incrédule il constante que sa pièce est recouverte par une fine poussière…Tous ses livres viennent de disparaître ! Il ne reste que les reliures, comme si les livres avaient été mangés de l’intérieur. A l’extérieur en contre partie, c’est la panique, les gens s’aperçoivent progressivement de l’étrange phénomène et très rapidement ce nouveau « mal » contamine la terre entière, il ne reste plus un seul bout de papier sur le globe. Une telle situation donne lieu à des scènes assez burlesques mais la tragédie prend rapidement le dessus et l’on ne compte plus le nombre de suicides de gens ruinés ou de bibliophiles dont les précieux ouvrages ne sont plus que cendres. Est-ce une maladie, un virus, un redoutable insecte dévoreur de pulpe de bois ? Le mystère reste entier et le milieu scientifique commence à plancher sur une possible parade.

Alors que l’économie mondiale basée sur l’argent papier commence à battre de l’aile, les solutions commencent à prendre tournure. On se dépêche de prendre en photos tout ce qui est encore « récupérable », la pellicule et le micro film, sont les moyens les plus fiables de l’instant. La radio, connaît un regain d’intérêt, pénurie oblige et face à une telle débandade, une solution s’impose, la création d’un papier qui sera cette fois protégé de ces attaques assassines. Jamais auparavant cette noble et fine pellicule de cellulose, n’avait ainsi suscitée un tel engouement et elle tente ainsi de trouver progressivement la place qu’on lui avait jadis toujours refusée.Un roman beaucoup plus léger que le précédent, faisant preuve d’une bonne dose d’humour lorsque l’on sait que cette plaquette fut demandée pour un…fabricant de papier.

Toutefois il vous faudra beaucoup de chance ou quelques espèces sonnantes et trébuchantes pour trouver cette « pièce » bibliophilique tirée à très peu d’exemplaires Peut-être verrons nous un jour le même style d’ouvrage, commandité par un gros fabricant de « E-book », avec cette fois-ci une fin moins heureuse, mais là il ne s’agira probablement pas d’un roman d’anticipation.En tout cas une thématique passionnante qui devrait à mon avis donner des sueurs froides aux maniaques de l’accumulation de livres que nous sommes.

Après « La fin de l’or » (P.Hamp, éditions Flammarion 1933), « La mort du fer » ( S.S.Held , éditions Fayard 1931) « La disparition du rouge » (François Pafiou, Nos loisirs N°11 15 Mars 1908)…, nous voici confronté à un nouveau fléau qui, dieu me garde, ne restera qu’à l’ébauche dans les cervelles enfiévrées de nos écrivains de l’imaginaire.

- « Les naufragés de Paris » de Georges Blond. Le livre contemporain .1959. Cartonné avec jaquette. Réédité au format de poche, éditons Presse Pocket N°826. 1971.

- « La maladie du papier » de Eero Tolvanen. Imprimé par A.Deurve et Cie, pour le compte des papeteries Ruysscher. Cartonné, 32 pages, illustrations originales de Sempé, tirage limité à 500 exemplaires.1964.

 

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