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Archive pour juin 2011

Les Introuvables : »La Disparition Du Rouge » De François Pafiou

Que se passerait-il si certaines couleurs venaient à disparaître ? Cette curieuse anomalie de la nature aura t-elle des conséquences fâcheuses sur l’avenir de l’espèce humaine ? Si dés le départ la disparition de cette nécessaire couleur prête au badinage et à la dérision, on va s’apercevoir qu’elle va entraîner de terribles conséquences sur le devenir des hommes.

Une nouvelle courte qui justifiait une mise en ligne sur mon blog, afin que tout un chacun puisse se faire une opinion sur le sens de la démesure dont pouvait être capable nos illustres aïeux. Cette nouvelle fut déjà rééditée dans « Le bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique » N° 20 (Pâques 1998) et dans le N° 13 de la revue « Le boudoir des gorgones » numéro spécial « Anticipation ancienne » d’Octobre 2005

« La Disparition du rouge » nouvelle de François Pafiou. Parution dans la revue « Nos Loisirs » N° 11 (3éme année). 15 Mars 1908.

 

Les Introuvables :

 

Avez-vous jamais songé aux extraordinaires modifications que subiraient nos idées sur le monde si quelques-uns de nos éléments d’appréciation venaient à changer ? Les conséquences pourraient être, suivant le cas, ou joyeuses ou tragiques ; elles ne seraient jamais indifférentes, la spirituelle fantaisie de notre collaborateur en fournit la preuve.

 

Lorsque l’abbé Gamma annonça en pleine Académie des Sciences l’imminente disparition du rouge, il y eut un moment de stupeur bien légitime dans la vénérable assemblée. Malgré la considération dont on entourait généralement le digne astronome, quelques rires se firent jour sous la coupole. On oublia ses travaux si méritoires sur les taches du soleil, pour ne considérer que l’absurdité de la prédiction. Le président exprima d’un geste discret l’opinion de tous en se touchant légèrement le front du doigt.

– Vous me croyez fou, mes chers et éminents collègues, ajouta alors l’abbé, et cependant vous savez comme moi, que la couleur ne réside pas dans les objets, mais bien dans la lumière. Si telle étoffe paraît rouge, c’est qu’elle absorbe tous les autres rayons dont se compose la lumière blanche pour ne réfracter que le rouge qui frappe votre vue. Cela étant, pourquoi ne pas admettre que sous l’influence de modifications subies par le spectre solaire, une couleur puisse disparaître à nos yeux.

Pas un seul des académiciens, en effet, ne se leva pour protester, mais l’abbé vit bien qu’il n’avait convaincu personne.

Le lendemain, ce fut un beau tapage dans toute la presse. Les plaisanteries tombèrent dru comme grêle sur l’infortuné visionnaire. Concevait-on un pareil phénomène ! la disparition d’une couleur qui depuis que le monde est monde rutile et flamboie dans la nature ? Quoi les cerises, les roses perdraient leur éclat, les rosbifs saignants, gloire des restaurateurs, n’allaient plus être qu’un vain mot et les poètes seraient forcés de chercher de nouvelles épithètes pour célébrer les lèvres de l’aimée ! Assurément, disait-on, l’abbé a tourné son télescope du mauvais côté, et au lieu de fixer l’astre du jour, il s’est perdu dans la lune ! Et Ponchon d’écrire une gazette pleine de verve sur le deuil qui menaçait d’atteindre son nez.

Quelques esprits hardis essayèrent bien de défendre la cause du malheureux savant, reprirent en les développant ses arguments, firent valoir l’existence des rayons ultraviolets qui échappent à notre vue et soutinrent qu’en somme, il n’y avait rien d’impossible à ce que les rayons rouges passassent au même rang d’invisibles sans cesser d’exister. Rien n’y fit. Le siège de chacun était fait ; il n’y avait qu’à enfermer l’abbé Gamma à Charenton.

Cependant une série de catastrophes aux causes mystérieuses ne tarda pas à jeter une vive émotion dans le public. Ce fut d’abord une rencontre terrible de deux trains en pleine vitesse sur la ligne de Paris- Bordeaux. Il faisait un temps splendide. Pas un nuage au ciel. Les signaux avaient fonctionné à merveille et cependant le mécanicien n’en avait tenu aucun compte. Ses dernières paroles, quand on le releva mourant parmi les autres victimes, furent pour affirmer avec toute l’énergie dont il était encore capable qu’il n’avait pas vu le disque.

Le fait n’aurait pas eu grande répercussion, si, coup sur coup, des déraillements, des collisions analogues, ne s’étaient produits en France, en Angleterre, aux Etats-Unis, sur les railways du monde entier, partout où le disque rouge est employé pour dire : on ne passe pas. En même temps, les oculistes s’étonnaient du grand nombre de cas de daltonisme qu’ils avaient à soigner. Des peintres ne distinguaient plus sur leurs palettes l’ocre jaune du vermillon, les canuts de Lyon confondaient leurs soies.

Chose curieuse, les professionnels seuls, c’est à dire les gens ayant besoin de savoir discerner les couleurs pour l’exercice de leurs métiers, se découvraient cette maladie. Dans la vie courante les gens absorbés par leurs affaires personnelles ne prenaient pas garde qu’ils étaient atteints du même mal. Il fallut un article sensationnel du Petit Parisien rappelant la communication faite naguère à I’ académie des Sciences, pour dessiller les yeux de chacun. Cet article, anonyme, qu’on sut plus tard être de l’abbé Gamma lui-même, rapprochait les faits l’on sait, et citait encore d’autres cas significatifs, montrant que les animaux n’étaient pas exempts des mêmes impressions. Dans les arènes du Midi, le taureau demeurait impassible et regardait d’un œil différent la cape du toréador tournoyer devant son mufle, pendant que dans les mares la grenouille dédaignait le petit bout d’étoffe qui jusqu’ alors, pour son malheur, l’avait toujours fait se précipiter sur l’hameçon.

Le doute n’était pas permis, une modification extraordinaire, s’était opérée dans la lumière du jour, faisant disparaître complètement la couleur rouge du lever au coucher du soleil. Il n’y avait que le soir avec l’éblouissante électricité, le gaz clignotant ou la vacillante bougie, pour rendre à la pourpre son éclat et sa couleur vraie.

Pendant que les savants se passionnant pour ce nouveau problème, rendaient hommage au vieil astronome dont la sagacité avait su prévoir l’événement, les télégrammes volaient d’un bout du monde à l’autre les relations internationales s’établissaient sur de nouvelles bases. On devine, par exemple,quelle perturbation avait été jetée dans les signaux maritimes. Les multiples pavillons qui servent journellement dans les sémaphores ou à bord des vaisseaux, devenaient incompréhensibles. Le drapeau tricolore, privé du plus riche de ses tons, faisait un effet piteux. Quant au pantalon garance, qui est l’apanage du tourlourou français, il acquérait des qualités d’invisibilité qu’on lui avait toujours déniées.

Le rouge, d’ailleurs, ne fut pas seul à disparaître. Le violet et l’orangé dans la composition desquels il entre s’altérèrent : le premier devint bleu, le second tourna au jaune. Les peintres se jetaient la tête au mur. Tel maître du pinceau qui s’était fait une spécialité des bruyères en fleurs, voyait s’évanouir son gagne-pain. Seuls, quelques impressionnistes de la dernière heure se frottaient les mains, le cobalt, dont ils faisaient un usage presque exclusif, tenant bon.

Dans les villes on s’occupa uniquement de cette situation nouvelle et de ses conséquences. A la campagne ce fut autre chose. Les paysans, on le sait, malgré la diffusion de plus en plus grande de l’enseignement se sont toujours peu souciés de ce qui ne touche pas leurs intérêts particuliers.

Dans la plupart des provinces, la nouvelle de la disparition du rouge ne produisit pas beaucoup plus d’effet que celle du dernier vol d’aéroplane exécuté à Issy-les-Moulineaux.

Le gouvernement crut agir sagement en faisant placarder partout des affiches, pour expliquer aussi clairement que possible ce qui s’était passé et renseigner les populations. Ne fallait-il pas d’ailleurs prendre d’urgence des mesures pour répondre aux nécessités du moment ? On conçoit l’émoi que souleva, dans des pays arriérés comme la Bretagne, un placard ainsi conçu :

                                             REPUBLIQUE FRANÇAISE

                                                 LIBERTÉ - ÉGALITÉ -FRATERNITÉ 

                                     DISPARITION du Rouge et du Violet

                                             TRANSFORMATION DU DRAPEAU

               Modification des Décorations de la Légion d’honneur, de l’Instruction publique, etc.

La politique s’en mêla. Le parti réactionnaire, exploitant la crédulité des rustres, s’efforça de démontrer qu’il fallait rétablir le drapeau blanc seul garanti bon teint et l’ordre de Saint-Louis au ruban d’azur…

Ces faits se passaient en 1909, je crois, en tout cas dans les premières années du XX éme siècle. Lés hommes vivaient alors à la surface de la Terre. Le refroidissement du soleil ne les avait pas encore forcés à se réfugier à l’intérieur du globe.

J’ai retrouvé ceci en feuilletant les vieux journaux du temps dont ma bibliothèque est pleine, mais je suis étonné de voir que les guéris de cette époque qui manifestaient un certain goût pour la science, et surtout se figuraient savoir beaucoup, n’aient pas prévu ce qui allait arriver. Ils connaissaient bien pourtant la propriété des rayons rouges, d’être les seuls à transmettre la chaleur et eussent dû penser que leur disparition entraînerait fatalement le refroidissement de la planète.

FRANÇOIS PAFIOU.

ladisparitiondurouge1 dans les Introuvables



Arnould Galopin à L’honneur Chez « L’Arbre Vengeur »

Même si son nom prête à sourire, Arnould Galopin n’en est pas poins l’auteur du très célèbre « Le Docteur Oméga, aventures fantastiques de trois Français sur la planète Mars »  (Librairie mondiale 1905) réédité chez Albin Michel « Les belles aventures » 1949. Inventeur de la « Répulsite » ( Hommage à Wells et sa cavorite ») le célèbre savant va ainsi vivre de mystérieuses et trépidantes aventures sur l’astre rouge….actualité oblige. Cette faune et cette flore à la mesure de l’imagination de l’écrivain, se retrouveront dans une sorte de réédition, mais en douze fascicules , superbement illustrés, sous le titre « Les chercheurs d’inconnu, aventures fantastiques d’un jeune Parisien » ( Editions Jules Tallandier 1908/1909 illustré par Paul Thiriat)). Ici, la « répulsite » se transformera en « Stellite ». D’une manière générale un reliure de la série sans les magnifiques couvertures se rencontre encore de temps en temps sur la toile.

Il rédigea également une singulière histoire de savant fou « Le bacille » où le machiavélique génie, décide dans un excès de mégalomanie afin de punir une humanité indigne de son génie, d’empoisonner à l’aide d’un virus, l’eau potable de la populations. Rassurerez vous, le méprisable projet n’aboutira pas. Publié a l’origine chez Albin Michel en 1928, l’ouvrage vient d’avoir l’honneur d’une ressortie chez « L’arbre vengeur » dynamique et sympathique éditeur, très attaché à l’anticipation ancienne. Si vous aimez les histoires de fous criminels, alors n’hésitez pas, le texte garde encore un certain charme.

Note de l’éditeur:

« Quand on prononce le nom de Galopin, prénom Arnould, le scepticisme le dispute à l’incrédulité : est-il donc possible de s’appeler comme ça ? Quand on annonce que l’on va rééditer un de ses meilleurs romans, l’incrédulité se fait inquiétude : z’êtes sûr que cela vaut la peine ? Eh bien oui, d’une voix d’une seule nous répondons que Le Bacille, son fameux roman d’anticipation bactériologique (pour faire court) a toutes les vertus de cette excellente littérature populaire dont nous déplorons, à mi-voix, l’extinction. Les plus curieux de nos lecteurs seront donc ravis d’apprendre que les libraires les plus intrépides l’accueilleront à l’office demain, à l’heure du laitier, la plus belle. »

 

Arnould Galopin à L'honneur Chez



Dossier Illustrations: « Le Chateau Hanté D’Owlesfear » De René Thévenin

Mais qu’elle est donc cette main mystérieuse qui semble vouloir frapper ainsi une innocente victime ?

Dans ce roman à l’ambiance fortement fantastique notre attention se portera sur la présence d’une peuplade amphibie. Cette relation avec des créature marines se retrouvera dans un autre de ses romans inédits et paru dans la revue « Journal des voyages » « La proie des sirènes » (repris par la revue « Mon Bonheur » du N° 45, Dimanche 21 Août 1910, au N° 54, Dimanche 23 Octobre 1910). Dans ce récit un chirurgien veut procéder à une curieuse intervention sur le corps d’une démente affligée de graves troubles de la perception. Par hypnose et l’injection de bonnes doses de morphine, il va ainsi « remodeler sa psyché » et par de savantes opérations, obtenir des mains palmées et une mâchoire aux redoutables dents acérées. La malheureuse créature va s’échapper avant que le dément ne lui greffe des ailerons de requins et sera source de terreurs et de légendes sur les mers.

René Thévenin (1877, 1967), attaché au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, était un homme de talent qui au travers de ses nombreux récits de « mystère et d’aventure » enflamma nos âmes d’aventuriers et de chasseurs de mystères. Son inventivité et sa formation scientifique, en font un écrivain essentiel de la conjecture ancienne, pouvant être rangé sans problèmes aux cotés des Moselli, Groc et autres Magog. Un sens de l’aventure certes, mais un goût pour les hypothèses les plus audacieuses et les plus novatrices. Plusieurs de ces romans firent le bonheur des acharnés que nous sommes avec des thématiques aussi passionnantes que celui de la mutation de l’homme ( « Les chasseurs d’hommes ») , les civilisations disparues ( « La jungle insurgée »), le roman préhistorique ( « L’ancêtre des hommes ») la thématique du métal « vivant » (« Le collier de l’idole de fer » ). Dans « Sciences et voyages » il publiera également neuf essais conjecturaux « Voyons nous le monde tel qu’il est » et particulièrement intéressants car ils explorent d’une manière scientifique la relation d’un être humain avec certains phénomènes extraordinaires, modifiant la perception de l’univers qui l’entoure.

Malheureusement une bonne partie de son œuvre reste de nos jours inédite car jamais éditée en volume. Mais tout ceci n’est qu’une partie de l’iceberg puisqu’il écrivit également et entre autre sous pseudonymes, de nombreux scénarii de bandes dessinées comme avec l’inestimable Pellos, et son superbe « Futuropolis » ou Thévenin signera du pseudo « Martial Cendres ».

« Le Château Hanté » Journal des Voyages Octobre 1912 ( N° 830 Dimanche 7 Octobre 1912 au N°839 Dimanche 29 Décembre 1912).Couverture couleur de Georges Conrad (1874-1936) illustrateur très inspiré et dont le superbe graphisme illumina les couvertures de la série des « Toto Fouinard, le petit détective Parisien » (Série en 12 fascicules de Jules Lermina) et la tout aussi célèbre collection « La vie d’aventure », série en 18 fascicules, avec son célèbre « Mr Rien aventures extraordinaires d’un homme invisible » de Louis Boussenard.

Le roman « Le château hanté » fut réédité en Avril 1929 dans la collection « Le masque » sous le titre « Le château hanté d’Owlesfear » collection de romans d’aventures N° 4, illustration de couverture de A.Masson, illustration intérieures de Arsène Brivot. Il fut de nouveau réédité en Février 1992 dans la collection « Idés et autres… » Éditions Recto Verso, N°33 (Hors commerce limité à 50 exemplaires)

Bibliographie sélective

- « La cité des tortures » parution dans la revue « Journal des voyages » du N° 518, 4 Novembre 1906 au N° 521, 25 Novembre 1906.

- « La tête ensorcelée » La vie d’aventure N° 6. Novembre1907.

- « Sous les griffes du monstre » Parution dans la revue « Journal des voyages » du N° 602 au N°619 (année 1908, illustré par Georges Dutriac) Rééditions en volume Tallandier « Bibliothèque des grandes aventures » N° 192,1926, Réédition Tallandier « Chevaliers de l’aventure » N°52, 1934.

- « Le maître des vampires » Parution dans la revue « Journal des Voyages » du N°649 au N°674 (année 1909 illustré par Conrad) Réédition en volume Tallandier, « Grandes aventures et voyages excentriques » N°4,1923, Réédition Tallandier, « Grandes aventures et voyages excentriques » N° 521,1935, Réédition Tallandier, « Le livre d’aventures » N° 22,1953.

- « La proie des sirènes » parution dans la revue « Journal des voyages », N° 716, Août 1910 au N° 723 Octobre 1910.

- « Dans les mains des invisibles » parution dans la revue « Journal des voyages » du N°772 au N°778 ( année 1911, illustré par Conrad)

- « Le mystère de la Bermina » supplément « La vie d’aventures » au Journal des voyages N° 741, Dimanche 19 Février 1911, N° 2 de la série.

- « Celui qui rodait dans la foret » supplément « La vie d’aventures » au Journal des voyages N° 784, Dimanche 10 Décembre 1911, N° 12 de la série.

- « Le château hanté de d’Owlesfear » voir plus haut.

- « L’auto fantôme » éditions Tallandier « Les romans mystérieux ».1913.

« Barnabé Tignol et sa baleine » Éditions Albin Michel.1922

- « Le collier de l’idole de fer » Tallandier, « Grandes aventures et voyages excentriques » N°22, 1924. Réédition Tallandier, « Grandes aventures et voyages excentriques » 2 éme série N° 8,1936.

- « L’étrange croisière de la Terror » éditions Ferenczi « Les romans d’aventures » » 2 éme série N° 26,1926.

- « La jungle insurgée » éditions Ferenczi « Les romans d’aventures » 2 éme série N° 39,1927.

- « La foret sanglante » éditions Ferenczi « Le livre de l’aventure » N° 2, 1929.

- « Les chasseurs d’hommes » La renaissance du livre collection « Le disque rouge » 1933, pré originale dans la revue « Sciences et voyages » du N° 529 au N°557, (du17/10/1929 au 1/05/1930). Réédité dans l’anthologie « Sur l’autre face du monde et autres romans scientifiques de Sciences et Voyages », Laffont, Ailleurs et Demain/Classiques, 1973.

- « L’ancêtre des hommes » parution dans la revue « Sciences et voyages » du N°648 eu N°681, 28/01/1932 au 15/09/1932).

- « Voyons nous le monde tel qu’il est » 1er article d’une série de neuf consacré : la vue. « Sciences et Voyages » N°649, 4 Février 1932.

- « Voyons nous le monde tel qu’il est » second article d’une série de neuf : les radiations. « Sciences et Voyages » N°650, 11 Février 1932.

- « Voyons nous le monde tel qu’il est » troisième article d’une série de neuf : les impressions d’un surhomme. « Sciences et Voyages » N°651, 18 Février 1932.

- « Voyons nous le monde tel qu’il est » quatrième article d’une série de neuf : Un univers où les lois de la physique ne semblent plus respectées. « Sciences et Voyages » N°652, 25 Février 1932.

- « Voyons nous le monde tel qu’il est » cinquième article d’une série de neuf : Vingt Siècles en dix secondes. « Sciences et Voyages » N°654, 10 Mars 1932.

- « Voyons nous le monde tel qu’il est » sixième article d’une série de neuf : Dans le domaine de la terreur. « Sciences et Voyages » N°657, 31 Mars 1932.

- « Si le monde n’était pas ce qu’il est » septième article d’une série de neuf : Modification des lois de l’univers. « Sciences et Voyages » N°658, 7 Avril 1932.

- « Si le monde n’était pas ce qu’il est » huitième article d’une série de neuf : Un voyage paradoxal. « Sciences et Voyages » N°662, 5 Mai 1932.

- « Si le monde n’était pas ce qu’il est » neuvième article d’une série de neuf : Un voyage paradoxal, suite et fin. « Sciences et Voyages » N°663, 12 Mai 1932.

- « La Bête sans nom » parution dans la revue « Sciences & Voyages », nouvelle série, n°10 (04/1936).

- « Le Pilote Fantôme » éditions Tallandier 1937.

- « Les Pays légendaires devant la science » collection « Que Sais-je » n°226, 1946. Ouvrage intéressant puisqu’il traite de pays et de civilisations « Fantastiques » : Le royaume d’Ophir, Thulé, l’Atlantide….

 

 

Dossier Illustrations:

 

 



« Les Ruines De Paris » de Alfred Franklin : Une Nouvelle Découverte.

Ce curieux petit roman extrêmement rare, 250 exemplaires numérotés et signés, nous relate par le biais d’une correspondance entre une mission d’exploration et le ministre de la marine et des colonies, une bien singulière découverte. En 4875, suite à de nombreuses catastrophes, Nouméa est devenue la capitale de la nouvelle civilisation. Un groupe de scientifiques va donc s’efforcer de retrouver les ruines de l’ancienne Paris et vont extrapoler sur les vestiges des antiques monuments, de façons hasardeuses, voire même douteuses.

Comme nous le signale Pierre Versins dans son encyclopédie : « Le principe avait été utilisé déjà par un certain Bonnardot en 1859 dans son texte « Archéopolis » et devait l’être à nouveau plus tard, notamment par Edmond Haraucourt en 1904 dans « La traversée de Paris ».

On se souviendra également du roman de Henriot « Paris en l’an 3000 » où, comme son titre l’indique , en l’an 3000 une expédition chargée d’explorer le pôle Nord découvre les ruines de l’ancienne capitale. Le voyage se fera à bord de « L’obus » dont l’allure est celle d’un immense paquebot, pourvu d’ailes tout aussi gigantesques. Roman d’aventure archéologique prétexte à une visite guidée de l’ancien Paris et, c’est ici que cela devient interssant, des extrapolations des scientifiques qui en font la découverte.

Le texte de Franklin sera par la suite réédité en 1908, dans une version très augmentée chez Flammarion sous le titre de « Les ruines de Paris en 4908, documents officiels et inédits ». Pourquoi une telle démarche et une modification de la date ? Il semblerait que l’explication soit donnée dans la préface de l’édition de 1908 par l’écrivain lui-même qui cette fois n’hésitera pas à signer le texte de son propre nom. C’est en relisant cette préface et la découverte fortuite d’une réédition, fidèle à la première version et trouvée dans une volume regroupant une année complète de la revue « La mosaïque, revue pittoresque de tous les temps et de tous les pays » et datant de 1879 qui m’a de ce fait inciter à vous présenter les trois éditions de « Ces ruines de Paris » qui, bien que ne se situant pas à une époque identique, proviennent d’un seul et unique auteur. 

Quoiqu’il en soit, et peu importe les éditions, ce roman « archéologique » reste aussi difficile à trouver que ces ruines du même nom. Mais laissons à l’auteur le loisir de pouvoir s’expliquer sur les pages de ce blog :

« La première édition de ce petit livre paru au mois d’Avril 1875. Elle était anonyme, mais il en fut tiré une dizaine d’exemplaires portant le nom de l’auteur. J’ai appris plus tard que l’imprimeur s’était vu obligé de déposer un de ces derniers, en sorte que, contre mon intention, le volume fut inscrit sous mon nom dans le journal officiel de la librairie ( livraison du 24 Avril 1875,N°3882).

La même année la « Librairie de la Sorbonne » publia une seconde édition, toujours anonyme. Cette bagatelle fut, parait-il, réimprimée vers 1879, avec mon nom cette fois, dans cette « Mosaïque » appartenant à l’éditeur Pigoreau ; reproduction faite d=sans doute à mon insu, car je n’en ai gardé aucun souvenir. Elle m’a été révélée, en octobre 1904, par un extrait du « Petit-Niçois » extrait qu’une agence de publicité m’envoya à Paris.

Un de ces rédacteur de ce journal ( Victor Emmanuel)ayant trouvé ma fantaisie relation dans un ancien numéro de la « Mosaïque », e,rédigea pour ses lecteurs une rapide analyse et conclut ainsi : « Après avoir pris, à lire cette boutade, un plaisir très grand, je me proposais d’en faire, un de es jours prochains, le sujet d’une de mes chroniques, lorsque, ouvrant par hasard le « Journal » du Mercredi 12 Octobre, j’y trouve un long article de tête de Mr Edmond Haraucourt qui, sous le titres « La traversées de Paris », reprend et amplifie, sur le plan identique, avec des arguments, des péripéties et presque des mots pareils, l’idée géniale d’Alfred Franklin…La coïncidence est vraiment curieuse et valait d’être signalée »

C’est ce que je me suis décidé de faire aujourd’hui, le « Petit-Niçois » étant, me dit-on, un journal très répandu dans le midi. Toutefois je tiens en même temps à déclarer que le critique de Nice m’a semblé trop sévère. Mr Haraucourt s’est inspiré de mon livre, cela est évident ; mais, en réalité, je ne vois guère qu’il m’ait emprunté beaucoup plus que l’idée première. Somme toute, ce que je lui reprocherai surtout, c’est de m’avoir forcé à mettre une préface quelque peu prétentieuse en tête d’une bluette modeste qui s’en était très bien passée jusqu’ici »

Alfred Franklin.

Une petite préface qui nous éclaire sur bien des points et qui met un terme définitif à l’hypothétique accusation de Plagiat à l’encontre de E.Haraucourt. On se souviendra de l’article de Pierre Versins dans sa préface à la réédition du roman « Martien » de Gustave Le Rouge, et intitulé « Qui a copié ? » La littérature regorge de ce genre d’histoires.

 

- « Les ruines de Paris en 4875, documents officiels et inédits ». Anonyme (A.Franklin). Librairie Léon Willem & Paul Daffis. Frontispice de Tavernier. 1875. Tirage 250 exemplaires.

- « Paris dans 3000 ans » de Alfred Franklin. Revue « La Mosaïque, revue pittoresque de tous les temps et de tous les pays » Année 1879. Pages 50, 51, 59, 60, 71,72. Une seule illustration anonyme ?

- « Les ruines de Paris en 4908,documents officiels et inédits » de Alfred Franklin. Éditions Ernest Flammarion.1908. Édition très augmentée.

 

Il vous sera également possible de consulter mon article consacré aux découvertes archéologiques de Paris dans les textes d’anticipations anciennes sur le lien suivant:

Uploaded with ImageShack.us« >http://merveilleuxscientifiqueunblogfr.unblog.fr/2010/02/22/une-expedition-polaire-aux-ruines-de-paris-quelques-elements-dune-archeologie-de-la-capitale/

 

 La seule et unique illustration de la réédition dans la revue « La mosaïque »

parisdans3000ans dans les auteurs et leurs oeuvres

 

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Une Réédition Très Attendue : « Le Détective Novel Et L’influence De La Pensée Scientifique » De Régis Messac

Habitués à nous livrer des ouvrages de qualités et des pavés du « genre », souvenez vous du monumental « Jean Ray L’alchimie du mystère », les éditions Encrage/Belles lettres dans sa collection « Travaux » viennent de rééditer un monument de Régis Messac, pratiquement introuvable de nos jours, ou à prix d’or « Le détective novel et l’influence de la pensée scientifique ». Brillant sujet de Thèse de Doctorat,véritable bible du genre, cette passionnante étude met en évidence les liens étroits qui existent entre la « science » de la déduction et de l’analyse précise et méticuleuse des faits et de tout un courant de littérature qui s’est développé dès le XIXéme siècle. En passant en revue toute l’histoire des enquêteurs célèbres de la littérature policière dans sa forme la plus « populaire »( et même plus avant car l’auteur remonte à l’antiquité) jusqu’au détective doté d’une conscience scientifique, c’est tout un éventail aussi large que possible de ces combattants du crime, que l’auteur nous propose ici.

Ouvrage incontournable, pour la richesse de ses informations, de ses thématiques et de la pertinence de ses analyses, saluons ici cette formidable entreprise qui occupera sans nul doute une place de choix dans votre bibliothèque de l’imaginaire.

Présentation de l’éditeur

« D’où vient le roman policier, et comment le définir? C’est à ce phénomène sociologique et aux raisons qui le déterminent que répond la magistrale thèse de doctorat ès lettres que Régis Messac a soutenue en 1929. Loin de restreindre son étude au XIXe siècle, qui voit l’avènement du genre, Régis Messac remonte à la plus haute Antiquité pour y trouver ses racines historiques et philologiques. Fidèle à la formation qu’il a reçue, comme à la méthode des détectives qui lui sont chers, l’auteur procède du proche au lointain, du connu à l’inconnu, du présent au passé, en suivant la piste, véritable voyage dans le temps.

La thèse de Messac, si moderne par le choix de son objet comme par sa conception, est en même temps profondément classique, au meilleur sens du terme. D’une culture foisonnante, le livre évoque avec le même enthousiasme la Bible et le Talmud, les sources du récit voltairien ou les dernières livraisons de Nick Carter. Messac a le don de raconter les histoires sans jamais les déflorer; son exposé fourmille de détails et d’exemples curieux, comme ceux de l’action que peuvent exercer des forces collectives et anonymes sur l’oeuvre littéraire.

« Le postulat du « Detective Novel », écrit Claude Amoz dans sa préface, démontre avec fermeté que ce genre littéraire entretient un lien quasiment ontologique avec la pensée scientifique. » Si les romans dits de détection ne trouvent leur essor qu’à une époque où l’on croit en la science et au progrès, Messac s’élève contre l’usage abusif du concept de déduction cher à Poe et à Conan Doyle. Mais plus encore qu’un procédé inductif, l’auteur préfère y voir « des raisonnements fondés sur l’observation d’un fait particulier conduisant à un autre fait particulier ».

Ce livre est tout sauf rébarbatif, l’érudition et l’analyse emportent l’adhésion; il doit son principal intérêt à l’extrême rigueur de sa méthode et à l’immense richesse de bibliographie; il se dévore aussi facilement que les romans policiers dont il fait l’autopsie. »

Sommaire :

LIVRE PREMIER : LES ARCANES DE LA FIRÁSAH

I. Voyages et aventures des princes de Sarendip

II. Sur le chemin d’Athènes

III. La couronne d’Archimède

IV . Miracles et réalités

V . Miracles et littérature

VI. Le retour des princes subtils

LIVRE DEUXIÈME : FANTÔMES ET BRIGANDS

I. Le chapitre des mouches

II. La gaieté de Beaumarchais

III. Le visionnaire

IV. Les mystères du château d’Udolphe

V. Caleb Williams

VI. De Wieland à Wieland

LIVRE TROISIÈME : VOYAGES PHYSIOGNOMONIQUES

I. Correspondances

II. Pathfinders

III. Une ténébreuse affaire

IV. Le Figaro du bagne

V. Vidocq et Vautrin

LIVRE IV : LES MYSTÈRESDE LA RUE MORGUE

I. How to write a blackwood article

II. L’héritage de Caleb Williams

III. Natural magic

IV. De Dupin à Campanella

LIVRE CINQUIÈME : LES MODERNES MILLE ET UNE NUITS

I. La suite au prochain numéro

II. Où mènent les mauvais chemins

III. Les Mohicans de Paris

IV. Les héritiers de Vautrin

V. Les exploits de Rocambole

VI. Monsieur Lecoq

LIVRE SIXIÈME : SHERLOCK HOLMES ET NICK CARTER

I. « The Newgate Novel »

II. Les morts de Nick Carter

III. Les déductions de Sherlock Holmes

IV. La dernière incarnation de Rocambole

CONCLUSION ANNEXES

Bibliographie

Tableau chronologique des principaux textes citésLe roman policier Principaux articles recensés

Postface par Francois Guérif

Index

 

Une Réédition Très Attendue :



Dossier Illustrations: « L’âme du Dr Kips » de Maurice Champagne

( Non classé )

Et dire qu’il y a tant de collectionneurs qui gardent jalousement dans leurs bibliothèques de précieuses informations. A quoi sert de les entreposer si ce n’est pas pour les faire aussi partager ? Alors on va essayer de faire de notre mieux, avec nos petits moyens de façon à en faire profiter tout le monde :

« L’âme du Dr Kips » de Maurice Champagne » Journal des Voyages N° 811 du 16 Juin 1912 ( du N°811 du 16/06/1912 au N° 828 13/10/1912) . Superbement illustré par Dutriac. Réédité sous le titre:

« Le secret du Yogi » Éditions Tallandier « Bibliothèque des grandes aventures » N° 158.1927

- « Le secret du Yogi » Éditions Tallandier « Chevaliers de l’aventure» N°41.1934

 

Dossier Illustrations:



Dossiers Illustrations: « L’hallucinante Aventure » De Maurice Limat

Un petit voyage en ballon dans le Matto Grosso et voilà nos audacieux aéronautes plongés dans un mystérieux cratère à la poursuite d’un…ptérodactyle ! Un petit roman d’aventure classique du très prolifique Maurice Limat mais il est surtout incontournable pour sa magnifique et « Hallucinante »couverture de Auguste Liquois.

« L’hallucinante aventure » Roman d’aventures par Maurice Limat. Éditions A.B.C. 1943

Dossiers Illustrations:

 

 



Les Coups De Coeur Du « Moi »: Le club Diogéne de Jérome.Sorre & Stéphane.Mouret

Le rythme des parutions est tel, qu’il nous est souvent difficile de parler des ouvrages qui nous ont vraiment procuré un immense plaisir. De plus il faut savoir concilier entre travail et vie de famille et nous nous retrouvons ainsi submergé par une pile incroyable de livres qui non seulement menace de s’écrouler à chaque instant mais nous regarde d’un oeil accusateur comme pour bien vouloir nous faire comprendre à quel point nous avons un retard considérable de lecture. Je suis comme beaucoup de nos amis lecteurs, un boulimique de livres, mais ma capacité de lecture est inférieure à mon rythme d’achats et donc il m’arrive de lire certains romans quelques semaine après les avoir achetés.

Ce petit « problème » vient donc de se produire avec le recueil de Jérôme Sorre et Stéphane Mouret « La mort et quelques amis s’invitent au club Diogène », acheté dés parution mais « dévoré » quelques semaines après. Pourtant je voudrais faire ici amende honorable car je n’avais pas attendu un tel délai pour lire le premier volume qui fut déjà une révélation. Vous savez tout le bien que je pense de cet excellent éditeur qu’est Malpertuis, honorable institution dont j’avais déjà eu l’occasion de vous e parler lors d’un article précédent sur mon blog. Christophe Thill, qui dirige la collection, est un homme charmant, rencontré au festival « Zone franche » de Bagneux, et dont l’enthousiasme, le dynamisme et le professionnalisme, sont des gages de réussite. « Malpertuis », un nom mythique et qui force le respect pour toute une génération de lecteurs de littérature de l’imaginaire et la politique éditoriale de son équipe est une preuve de sa volonté, de son identité. Un label de qualité, qui nous propose des ouvrages passionnants, venant de ce fait égayer un peu la morosité dont souffrait quelque peu le domaine fantastique en France.

« Le club Diogéne » est une de ces curiosités littéraires comme nous aimerions en lire plus souvent et dont il nous faut saluer la venue, tant l’originalité de son contexte, l’excellence de son style narratif et la diversité de ses thématiques, sont une véritable bouffée d’air pur (ou de relents putrides car l’on y croise souvent la mort) pour le lecteur curieux et avide de nouvelles sensations. Un cabinet de curiosités donc, qui se visite avec délectation et chaque nouvelle est un objet rare et précieux dans laquelle nous plongeons avec une joie toute gourmande. Mais une petite visite guidée s’impose.

Les deux romans entrent dans un cycle qui devrait nous porter jusqu’à l’aube de la première guerre mondiale, et pour notre plus grand plaisir les deux auteurs n’auront de cesse, au fil des extraordinaires et rocambolesques aventures de leurs héros, de nous présenter ainsi un éventail de tout ce que la littérature d’horreur peut nous servir de délectable. « Goules, vampires, morts-vivants, fantômes, monstres humains, maniaques, pervers, quatrième dimension, rejeton de Cthulhu, extra-terrestres …. » tout y passe, ou presque.Un improbable musée des horreurs, que les différents protagonistes vont affronter avec plus ou moins de succès, dans un étalage de scènes parfois assez spectaculaires où le grand guignol côtoie l’horreur suggérée la plus pure et la plus efficace qui soit.

C’est à la suite 52, au cinquième étage d’un hôtel sordide, d’une rue située probablement en dehors du temps, que sévit ce club très fermé, dirigé par un mystérieux « Monsieur », un homme sans age « aux traits d’un vieillard mais au corps de jouvenceau » et dont les mystérieuses origines nous seront à peine esquissées dans la nouvelle du second volume « Le trafiquant d’éternité »…vous avez dit immortel ? Cette « société secrète », agissant dans l’anonymat le plus strict, ne possède pas de statut légal et semble être inconnue des services de police (Bien que dans le second volume, un certain inspecteur Dacan, suive les faits et gestes du club avec un intérêt particulier). Constitué de sept membres permanents, cinq hommes et deux femmes, il semblerait que ce soit la soif d’aventure qui pousse ainsi nos courageux personnages à pourchasser le crime sous toutes ses formes. L’aventure certes, mais surtout rompre également une vie monotone que les différents intervenants, trouvent fade et insipide. Ils voulaient de l’action ? Ils vont être servi !

Pourtant, loin d’être des investigateurs de l’occulte à proprement parler, ils sont avant tout une sorte de rempart contre le crime et si leurs propres existences ne sont pas exemptes de zones troubles et de quelques dérives de comportements, ils n’en restent pas moins voués à une seule et unique cause: combattre le mal sous toutes ses formes. Bien souvent le crime prendra une bien sinistre et infernale apparence. Dès la première enquête du volume « Le chérisseur de tête » intitulé « Une amie commune » (on appréciera le jeux de mot) le ton est donné et cette course poursuite dans un Paris ensanglanté par l’épisode trouble de la commune, est une sorte de mise en bouche brutale et sans concession où notre atypique club se lance sur les traces de « La bosse » une goule perfide aux appétits féroces. L’atmosphère y est oppressante, les pages transpirent le sang et la peur et tout le génie des écrivains est de nous avoir propulsé dans une époque où les rues de la capitale étaient plongées dans une horreur sans nom. En choisissant délibérément de telles circonstances, les méfaits de la redoutable créature ne pouvaient que faire partie de cette ambiance de feu et de sang et donc pouvoir opérer sa sinistre besogne en tout impunité, sans risque d’attirer l’attention. En effet quelques cadavres de plus dans la panique générale, quoi de plus naturel dans cette période de tueries et de massacres.

La grande force du style est de mêler de façon habile et bien documentée les différentes actions dans des quartiers de Paris à une époque où la misère, la crasse et la corruption étaient de mise. Tout transpire le vice et la décadence et ce n’est pas le comportement libertin de certains de ses membres qui va mettre un frein à une telle ambiance. En effet au club Diogène,on couche à tout va et dans la mesure du possible on déboutonne son pantalon aussi vite que l’on vide une bonne bouteille. Il n’est pas rare de croiser les relents hallucinogènes de quelques flacons d’absinthe ou l’ambiance moite et doucereuse de sordides fumeries d’opium. Bons vivants, il veulent jouir de la vie et y croquer à pleines dents. Ils savent qu’il ne faut pas manquer une bonne occasion lorsqu’elle se présente, la vie est trop courte et les redoutables créatures qui vont leur barrer la route sont des preuves supplémentaires qu’il faut jouir de chaque instant. D’ailleurs ils n’hésiteront pas à s’acoquiner avec certains des monstres qu’ils auront à combattre tel Franklin avec une vampire dans « Pour vierges avertis » (Tome premier) et dont le titre ne laisse pas indifférent. Une histoire soit dit en passant absolument extraordinaire et qui renouvelle le mythe du vampire d’une manière très habile. J’ai toujours été blasé par les nouvelles axées sur les suceurs de sang et là je peux vous dire que j’ai pris un « pied » incroyable….. Mais comme nous parlons un peu des idées souvent brillantes de nos deux compères, revenons rapidement sur l’originalité des différentes thématiques abordées dans les deux volumes.

En fait le sous titre qui pourrait convenir à cette incroyable équipée est sans nul doute « Les anciens mystères de Paris » en voulant en cela rendre hommage non seulement à Eugène Sue, mais à toute une cohorte d’écrivains qui choisirent Paris comme lieu géométrique de toutes les terreurs et du mystère: Léo Malet et son « Nestor Burma » dans « Les nouveaux mystères de Paris », Frédéric Dard et ses « Derniers mystères de Paris », et le trublions de cette joyeuse équipe Roland C.Wagner et ses « Futurs mystères de Paris » où le détective « Tem » possède un curieux pouvoir. Si la capitale fut ainsi à l’honneur par ces écrivains si talentueux, Jérôme Sorre et Stéphane Mouret sont parvenus à la rendre plus mystérieuse, inquiétante et dangereuse. Car la peur rode dans chaque ruelle. Des venelles torves et sinueuses qui ne sont pas sans nous évoquer un monstrueux tube digestif, prêt à vous engloutir et vous digérer à tout moment. Paris nous y est alors décrit comme un organe gigantesque, aux féroces appétits et qui ne se trouve rassasiée, qu’à grands renforts de massacres et d’épouvantables rituels. Cette ville est une apologie de la violence, repère de tous les monstres que les enfers ont engendrés et jamais métropole ne fut plus dangereuse pour un chasseur de spectres.

Des goules (« Une amie commune » Tome1) et des vampires vous disais-je, mais également un savant psychopathe ( «La folle étude du Dr Seyeux »), un dangereux collectionneur de têtes ( « Chef d’œuvre », tome 1, un must!), un fantôme amoureux ( dans la remarquable nouvelle « Un péché presque de chair » tome 1, que n’aurait pas renié le grand W.H.Hodgson),un « Nevolodz » un cauchemar de la mythologie Russe qui à la désagréable manie de dévorer vivantes ses victime ( « Puzzle » tome 1), un extra-terrestre venant sur terre pour réaliser de redoutables et horribles expériences sur les êtres humains (« Universellement votre » tome 2, une excellente nouvelle mêlant SF et grand guignol sur fond d’exposition universelle, un régal quand à son final!). J’ai pour ma part apprécié cette dernière, une introduction au deuxième volume assez brutale et cauchemardesque (une version « Freaks » mais en plus hallucinante, mais où vont-ils chercher tout cela…), sans oublier « D’une rue à l’autre » (Volume 2) qui pourrait être un brillant hommage à Jean Ray et sa « Ruelle ténébreuse », si ce n’était l’explication finale,vraiment géniale, nimbée d’une poésie surréaliste et dont l’originalité est à mon avis unique dans la littérature fantastique. Dernier petit coup de cœur personnel « Nos Aïeux » (volume 2).Une fois de plus ils ont frappés très très fort avec cette organisation de vieillards qui sous couvert d’une paisible maison de retraite, fomente une domination mondiale de la pègre avec un passage des plus jubilatoire qui n’est pas sans nous rappeler un épisode de James Bond : Génie quand tu nous tiens ! Vous parler de toutes les histoires serait gâcher le charme de la découverte, mais sachez qu’il y aura également des mouches récalcitrantes, des tentacules un brin collants, un collectionneur de cheveux particulier, la disparition brutale et horrible d’un être cher……

Dans les méandres de ce labyrinthe infernal il y en a pour tous les goûts et chacun y trouvera « créatures à son pied ». Il est en effet difficile de ne pas se laisser entraîner dans d’aussi palpitantes aventures et de partager la quotidien assez mouvementé de cette plaisante et picaresque assemblée. Le style narratif y est toujours dynamique et incisif, pas de temps morts ou presque et si le langage employé par ces hommes d’une époque révolue peut nous sembler parfois un brin « ampoulé » le vocabulaire sera souvent un parfait équilibre entre le précieux et le châtié, avec un soupçon toujours a bon escient de vulgarité, propre aux gens dont le comportement glisse de temps en temps vers la décadence.

Au final un équilibre parfait ou l’humour est une qualité constante et dont la truculence de certaines situations vous feront regretter de refermer le livre. Gageons que ce cycle sera promu à un brillant avenir et dont l’originalité et le plaisir de lecture (mais le mot est faible) feront date. Félicitons ce duo de choc qui mérite ici toute notre attention et nos encouragements les plus vifs et les plus sincères et en grands égoïstes que nous sommes : Mettez vous vite au travail car le « Club Diogène » c’est comme un verre d’absinthe, les délires qu’il nous procurent sont un ravissement, mais quand la bouteille est vide, le manque se fait cruellement ressentir.

Félicitons enfin pour les illustrations de couvertures de Patrick.Mallet qui au début je dois l’avouer me laissèrent perplexe, mais que finalement après lecture, je trouve fascinantes et collant parfaitement aux ouvrages : colorées, mystérieuses, une bonne transcription des redoutables aventures qui attendent nos héros. Dans la veine des romans populaires d’antan. A quand un portfolio du reste des nouvelles ?

- « Le chérisseur de têtes et autres pacotilles » Le club Diogène (1871-1877) Volume 1. De Jérôme Sorre et Stéphane Mouret. Editons Malpertuis collection « Absinthes, éthers, opiums » N°9. 2009.

- « La mort et quelques amis s’invitent chez le club Diogène  » (1878-1885) Volume 1. De Jérôme Sorre et Stéphane Mouret. Editons Malpertuis collection « Absinthes, éthers, opiums » N°9. 2009.

http://www.ed-malpertuis.com

 

 Jamais une collection ne porta aussi bien son nom: Bienvenue au royaume de la mort!

Les Coups De Coeur Du lamortetquelquesamis dans les coups de coeur du

 

 

 



Dossier Illustrations: « L’horrible invasion »

La mer peut vous réserver bien des surprises, fantômes, spectres pirates, créatures abyssales, Hollandais volant et autres malédictions. Mais bien souvent le danger vient de l’intérieur, scorbut, vermine, rats….Ceux de la photo ne sont pas de Sumatra, pourtant ils sont tout aussi redoutables. Illustrations de Damblans pour la revue Journal des voyages, pour le roman de William Westall.

Né le 14 juillet 1865 à Montevideo et mort le 21 janvier 1945 à Bois-Colombes,Eugéne Damblans commence sa carrière de dessinateur en Argentine avant de partir s’installer en France à l’age de 25 ans. Il débutera comme illustrateur dans la revue « La caricature » et exercera son talent dans de nombreuses autres publications comme le « Journal des voyages ».Son habileté pour les scènes exotiques feront de lui un dessinateur hors pair non seulement pour les revues de voyage mais pour dépeindre également les événements d’actualités. Il n’est pas rare de croiser au fil des numéros du « Journal des voyages » des couvertures couleurs de ce talentueux artiste. « Les survivants de la Diana » N° 814 du Dimanche 7 Juillet 1912de la revue « Journal des Voyages »

 

« Malheur aux rats de Sumatra, geint un Birman, agonisant…….. »
Dossier Illustrations:



Dossier Illustrations: »Le Chevalier Illusion » ou L’imagerie Populaire au Service de L’ufologie?

Une nouvelle petite rubrique qui va s’efforcer de vous faire profiter du talent d’un grand nombre d’illustrateur qui officièrent au service de l’anticipation ancienne ou du fantastique. Toute une époque où les couvertures de nos chères publications avaient un certain « panache », savaient attirer l’oeil du lecteur avec un grand sens de l’imagination et un goût prononcé pour l’aventure, l’exotisme et la démesure.

Aujourd’hui: Conrad et Paul D’Ivoi.

D’après le passionnant ouvrage de Michel Meurger « Alien abduction » éditons Encrage collection « Scientifiction », les phénomènes d’observation de vaisseaux extra-terrestres et leurs configurations, sont étroitement liés non seulement à la technologie de l’époque (moyen de propulsion, formes etc..) mais également à l’impact de l’imagerie populaire ( roman de « merveilleux scientifique », fantastiques,presse à sensation, revues spécialisées….) qui depuis la fin du 19 éme siècle inonde les couvertures bariolées de nombreuses revues. Une hypothèse hasardeuse mais qui mérite que l’on s’y arrête.Engins extraordinaires qu’ils soient terrestres, amphibies ou aériens, autant de formes complexes et variées qui enflammèrent notre quête de l’étrange. Depuis que l’homme s’est envolé, devenant de ce fait par véhicule interposé « plus léger que l’air », il s’est évertué à extrapoler des voyages vers d’autres planètes tout en considérant que ces habitants si lointains, pouvaient nous rendre la pareille.

On ne s’étonnera donc pas, en voyant une telle couverture, que les phénomènes d’observations d’engins spatiaux prirent la forme de cigares et de soucoupes. Les auteurs de ces romans « d’imagination scientifique », édifièrent peu a peu au travers de leur romans aux hypothèses souvent hasardeuses mais toujours très audacieuses, le terrain fertile à l’imaginaire collectif de toute une société, avide de sensations, de mondes étranges et lointains. Un moyen également d’exprimer toutes leurs craintes les plus refoulées, leurs peurs les plus secrètes.

- « Le chevalier Illusion » de Paul D’Ivoi. Journal des voyages N° 839. 29 Décembre 1912. Illustration de Conrad.

 

 

Dossier Illustrations:



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