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Archive pour septembre 2011

Dossier Illustrations : « Les Aventures Du Nyctalope » de Jean de la Hire N°1

Faisant écho au magnifique travail d’Emmanuel Gorlier pour les éditions « Rivière Blanche » avec son indispensable « Nyctalope, l’univers extravagant de Jean De La Hire », je me suis dit qu’il serait également intéressant de vous présenter « Sur l’autre face du monde » un autre des aspects, également fascinant: Celui des magnifiques couvertures couleurs.

La série des aventures du « Nyctalope » nous propose tout au long de son incroyable épopée, tout un panel d’artistes de talent, qui parvinrent à nous rendre toute la force et le drame de ses nombreuses péripéties. Arthéme Fayard, Tallandier,Ferenczi, La renaissance du livre….autant d’éditeurs qui évoquent pour les passionnés et collectionneurs que nous sommes non seulement des heures extraordinaires de lecture, mais un plaisir des yeux sans cesse renouvelé.

Se plonger dans cet univers chatoyants et bigarré, c’est plonger à cœur perdu dans un univers au charme suranné qui, tout comme un bon vin qui nous enivre d’une manière si délicieuse, réveille en nous le souvenir du doux parfum des choses anciennes. La patine du temps agit alors comme l’expression d’une certaine forme de nostalgie à l’égard de tous ces artistes qui surent marquer notre inconscient collectif, de la trace indélébile du savoir faire et de la beauté.

Je vais donc reproduire par ordre chronologique, les couvertures de toutes les aventures de Léo Saint Clair, en espérant que la découverte pour certains de ces magnifiques couvertures, soit non seulement un ravissement pour les yeux, mais une occasion de leur donner envie de lire les passionnantes aventures d’un des tout premier « Super héros » de la littérature Française.

« Le mystère des XV » de Jean de la Hire. Première partie. Éditions Ferenczi « Les romans d’aventures » N°8.1922. Couverture illustrée par Gontran Ranson.

 

Dossier Illustrations :



La Revue « Quinzinzinzili, L’univers Messacquien N° 14″ Vient De paraître

Le N° 14 de l’excellente revue « Quinzinzinzili » sur l’univers Messacquien vient de paraître et comme à son habitude le sommaire est aussi riche que varié.

Un numéro sous le signe de l’aventure puisque une place de choix sera réservée à l’écrivain Jack London et d’un texte rare écrit en 1905 « What Life Means to Me » et traduit pour l’occasion en 1939 par Régis Messac pour la revue « Simplement » . Un texte profondément « social » où l’auteur nous explique ses origines et son apprentissage dans un milieu défavorisé où la vie était un combat de chaque instant.

Vous y trouverez également une passionnante étude de Léo Malet sur le roman policier (Le monde libertaire du 16 Mars 1956), où le célèbre écrivain donne son avis éclairé sur sa vision du genre. Vous y trouverez également une rubrique consacrée au roman de Marc Wersinger « la chute dans le néant » et hasard du calendrier, un article fort intéressant au titre accrocheur : « Peut-on Microméguer ? ». Assez amusant puisque je viens de consacrer un article de mon blog sur « Les micro-mondes dans la science-fiction ».

Coup de projecteur sur un ouvrage de Messac, « A bas le latin » et une échange entre l’auteur et un professeur de lycée, autour de ce célèbre texte, un petit tout d’horizon sur l’accueil du public concernant « Le détective novel et l’influence de la pensée scientifique » et nous voilà rendu à la fin de l’ouvrage pour une petite analyse de quelques ouvrages utopiques recensés à l’époque par Régis Messac.

Un numéro une fois de plus fort bien documenté et qui nous apporte avec le savoir que nous connaissons à l’équipe rédactionnelle, des éléments supplémentaires sur un genre qui ne cesse de nous émerveiller au fil des années. Une collection indispensable pour le curieux et le passionné de cette admirable littérature

« Quinzinzinzili, l’univers Messacquien » N° 14. Eté 2011.30 pages

 

La Revue



« Toujours Plus Petits »…..Petit Voyage dans le Microcosme de la Science Fiction

Avant de commencer ce petit dossier, je voudrais faire amende honorable auprès de Pierre Versins qui réalisa déjà en 1972 pour le compte de la collection « Ailleurs et demain classique » un travail identique. Lorsque j’ai découvert la nouvelle que vous allez lire par la suite, j’avais dans l’idée de préparer cette étude en ayant complètement occulté celle de Versins. Il faut dire que j’avais dévoré dans son édition originale le roman de Marc Wersinger « La chute dans le néant » en ayant oublié l’édition de chez Robert Laffont, rangée depuis fort longtemps sur une étagère inaccessible. C’est en faisant des recherches sur les publications et les rééditions des ouvrages qui composent la bibliographie, que j’ai redécouvert la préface de notre célèbre encyclopédiste. Les références furent précieuses, j’ai un peu modifié sa bibliographie et rajouté quelques petites choses et supprimé certaines. Probablement que ce modeste travail n’est pas exempt d’oublis, il permettra cependant de refaire un petit point sur cette thématique et de découvrir une nouvelle inédite tout à fait amusante.

 

 Venez, plongeons dans le micro-monde de nos ancêtres!

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Toujours plus petits

Dans sa quête sans fin de toujours vouloir repousser les limites du possible, l’homme de science fut de tout temps confronté à des situations qui forcément dépassaient le simple aspect technique, pour tomber dans l’épineux débat du problème éthique. Peut-on effectivement modifier l’homme dans le but de faire avancer la science en faisant cas des problèmes de morale ou de conscience. Doit-on changer sa structure, ses capacités alors que dame nature l’a programmé suivant une logique de l’évolution et qu’il serait condamnable et préjudiciable de le doter de capacités non prévues dans son code génétique? Vaste sujet qui suscite de nos jours de nombreuses polémiques et dont je ne voudrais pas ici enflammer le débat.

Le romancier lui, ne se pose pas se genre de question et nous pouvons même affirmer que son esprit se trouve bien souvent dénué de tout sans moral et ce d’ailleurs pour notre plus grand plaisir, et taille allégrement tel un « sculpteur de chair humaine » dans la substance moléculaire de ses sujets, sans se poser une seule fois l’épineux problème, propre à tout bonne conscience scientifique, du respect de l’individu. Comme nous l’avions vu lors d’un précédent billet consacré au « savant fou », ce dernier est bien souvent un être vil qui ne sert que ses propres intérêts. Soit il vaudra prouver au monde son génie et sera capable des pires atrocités, toujours au nom de la respectueuse marche du progrès, soit par vengeance en créant le « super homme », instrument de sa vengeance contre une humanité indigne de sa brillante cervelle.

Pourtant , dans le cas qui retient aujourd’hui toute notre attention, l’expérience réalisée, sera d’une manière générale l’objet du hasard ou bien le résultat d’une expérience voulue et donc parfaitement assumée. Ainsi avant d’arriver au cas qui nous intéresse plus spécialement, l’homme sera sans cesse « modifié » et profondément mutilé au plus profond de sa chair, remodelé, transformé, deviendra plus fort, plus intelligent (« Tréponème » de Marc La Marche), immortel « (« L’immortel » de Régis.Vombal, nouvelle qui sera accessible bientôt sur les pages de ce blog), doté du pouvoir de visionner l’avenir (« L’œil du purgatoire » de Jacques Spitz) et même invisible (« L’homme invisible » de H.G.Wells »). Essayons alors de faire un peu le tour du genre en s’arrêtant quelque peu sur les œuvres les plus significatives.

La question nous brûle les lèvres : Mais quel pourrait être le roman où, pour la première fois, nous avons relevé un cas de miniaturisation de l’être humain ?

 

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C’est vers Jonathan Swift qu’il faudra se tourner mais ici le cas est bien particulier, car s’il devient Géant à Lilliput (et là nous avons affaire à une civilisation de créatures minuscules) il deviendra par la suite minuscule à Broddingnag. Faut-il le classer dans le premier cas recensé en regard de cette transformation toute « naturelle » ( et comme pour reprendre le vieil adage : Au pays des aveugles les borgnes sont rois ») Quoiqu’il en soit, le personnage sera contraint aux mêmes vicissitudes des créatures insignifiantes, relatives aux êtres de petites tailles en luttant contre un monde devenu hostile. Il faudra également mettre de coté la sublime nouvelle de Fitz-James O’brien « La lentille de diamant » (1858 pour l’édition originale) qui raconte l’amour fou d’un homme pour une femme vivant dans le microcosme d’une goutte d’au et qu’il ne pourra bien évidemment jamais atteindre. L’auteur préférant rester dans le conte « merveilleux » interdisant ainsi toute possibilité scientifique d’accéder à ce monde mystérieux.

Par la suite, c’est un Français qui va s’illustrer en enrichissant la thématique d’un véritable cas de réduction de taille « scientifique » d’un être humain, même si le final laisse planer certains doutes. En effet dans son roman « Toujours plus petits », malheureusement complètement oublié de nos jours, André Bleunard ouvre la voie à la thématique. Le Professeur Al-Harick, adepte des sciences exactes contacte le Professeur Collioure de la société Hyperpsychique de Perpignan, pour lui faire part de sa toute nouvelle invention : Une machine capable de réduire de taille, humains et objets. La machine est une cloche gigantesque reliée à un complexe appareil par deux câbles d’une curieuse composition. L’expérience va réussir et les trois aventuriers vont ainsi vivre une bien curieuse aventure dans un monde ayant atteint des dimensions gigantesques et peuplé d’une fauve redoutable : Ici le moindre petit insecte prend une taille de dinosaure. Ils mesurent en effet le millième de leur taille initiale. L’auteur nous raconte avec précision toutes les modifications de la perception de notre monde que cela peut entraîner avec une telle réduction de notre volume. Un roman fondateur qui ne manque pas, même actuellement, de saveur, car parfaitement bien maîtrisé tant sur le plan scientifique que narratif (les affrontements avec les divers insectes ne manquent pas de charme et l’exploration de la goutte d’eau avec un scaphandre un régal).

Nous aborderons très rapidement un roman hélas inachevé de Mark Twain (1835-1910) « Trois mille ans chez les microbes » ( «Three Thousand Years Among the Microbes » 1905). À la suite d’une expérience qui tourne de manière inattendue, le narrateur, nommé B.b. bkshp en « microbique », est transformé en germe du choléra et se retrouve dans le corps d’un vieil ivrogne vagabond qui devient son univers. Il raconte 3000 ans de sa vie, à quoi s’ajoutent des notes rédigées 7000 ans plus tard. Mais où est le rêve et ou se trouve la réalité, et si toutes choses étaient inversées ?

En 1918 Waldemar Kaempffert dans sa nouvelle « The Diminishing Draft », aborde le sujet avec un certain brio. Un savant découvre les propriétés extraordinaires du « Baroturpinol », un germicide qui non content de vous réduire de taille, permet également de vous maintenir dans un état de vie suspendue. Son effet se trouvant immédiatement annulé dans une suspension saline. Notre homme est amoureux de son assistante, c’est réciproque, pais pas au goût de sa femme. A la suite d’une maladresse, la jeune maladroite absorbe la substance et se retrouve ainsi transformée en statue vivante. Objet d’adoration, le savant peut ainsi transporter de la manière la plus discrète l’adorable petite créature. Mais l’épouse du savant découvrant le mystérieux manége brisera un jour cette représentation tant haïe, brisant par la même occasion un amour si parfait. Cette nouvelle va en 1957 inspirer un réalisateur Français, Pierre Kast qui va en faire un film « Un amour de poche » avec Jean Marais et Geneviève Page.

Il faudra ensuite franchir un océan pour retrouver un génial chimiste inventant une « pilule à rapetisser ». C’est ce que va faire Ray Cummings en 1919 dans son désormais célèbre « The girl in a golden atom » (« La fille dans l’atome d’or » pour la traduction Française). Le scientifique va découvrir dans son microscope un étrange monde où réside une délicieuse créature dont il va tomber éperdument amoureux. Voulant la rejoindre il invente donc cette substance qui va lui permettre de rapetisser afin de rejoindre ce microcosme et vivre de trépidantes aventures au cœur de l’atome. L’ouvrage eut un tel succès qu’il connu deux suites (1920 et 1921).

Retournons en France dés à présent pour voir arriver quelques ouvrages dont les auteurs vont allégrement s’approprier la thématique et nous enthousiasmer avec de célèbres voyages dans le « macro monde ». Commençons par un chef d’œuvre et l’ouvrage phare de l’auteur : Octave Béliard .Avec son « Les petits hommes dans la pinède » (1927) nous avons l’exemple d’un roman original et qui pose le problème de l’homme face à sa création. Une fois n’est pas coutume un embryologiste tombe amoureux d’une créature minuscule, une femme, qu’il vient de « créer » avec bon nombre de ses semblables. Ils vont rapidement devenir autonomes, se reproduire, passer de « l’age de pierre » à une ère beaucoup plus technologique (leur évolution est hyper accéléré). Viendra l’heure où cette civilisation se retournera contre son créateur, son dieu, car la folie des hommes semble être contagieuse et le seul moyen de stopper net une domination totale, est l’embrasement de cette pinède où ils se sont développés.

Un an plus tard, la France va se distinguer avec cet ouvrage peu connu de Auguste Galopin (père de Arnould) qui va nous proposer avec son « Excursions du petit poucet dans le corps humain et dans les animaux » une sorte de « voyage fantastique » où le moyen utilisé sera des plus classique car devant être facilement « accepté » pour un jeune public. Mais donnons la parole au héros :

« J’ai donc été assez privilégié de la « bonne fée » pour qu’elle m’accorde les vertus qui étaient en son pouvoir : le don d’être impalpable, insaisissable, invisible, de pouvoir traverser les pores et la peau de tous les tissus des animaux et des végétaux ».

L’auteur ne s’embarrasse pas d’explications scientifiques en passant la main au bon vieux « merveilleux » et son cortège de fées et de sorcières. L’ouvrage est abondamment illustré et constitue un « cour d’anatomie en s’amusant ».

Toujours la même année le brillant et génial Maurice Renard fort d’un bon nombre de thématiques à son programme va nous enrichir d’un original « Homme chez les microbes » : Un homme trop grand pour se marier consulte son ami le Dr Pons qui va lui permettre de rapetisser de quelques centimètres. Seulement voilà, le processus ne semble pas vouloir s’arrêter et le malheureux poursuit sa chute vers infiniment petit. Il va atteindre ainsi un état microscopique après avoir affronté les épreuves d’usage : Frelon, araignée, bactérie…Il va cependant réapparaître quelques mois plus tard, vieilli et raconter son incroyable aventure dans un monde « intra-atomique » où il passera 65 ans de son existence. Ce sont les savants de cet étrange monde qui vont lui permettre de revenir à sa taille normale.

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Un an plus tard,Charles Magué qui dans le premier volume de sa célèbre trilogie « Les survivants de l’Atlantide » (1929), va nous conduire dans un monde étrange ou le minimalisme sera également e rigueur. Echappés à un terrible Typhon les passagers d’un avion s’abîment dans l’océan. Ils trouvent leur salut sur une mystérieuse île qu’ils baptisent « île noire » constitué par une immense barrière circulaire. A l’intérieur de celle-ci, ils découvrent une bien étrange civilisation : Micropolis. Sa population, descendant des Atlantes à la taille minuscule, fut ainsi rapetissée par les savants pour une raison d’espace vital. Résultat de différentes manipulations génétiques et de la prise d’une substance adéquate, ils purent ainsi perpétrer leur race, préservée du monde extérieur, cette particularité fut ensuite héréditaire et transmise de générations en générations. D’autres étranges aventures attendent nos aventuriers sur cette île extraordinaire (bientôt sur le blog vous aurez un résumé de la totalité des trois volumes que constitue cette trilogie).

En 1938 un autre écrivain Français Jacques Spitz, exemplaire quand à sa production dans le domaine qui nous intéresse, nous livre un roman extraordinaire pour l’originalité de sa thématique. Le Docteur Flohr, découvre que l’atome peut être « élastique » et par un procédé de son invention parvient à devenir gigantesque. Par la suite son expérience ira beaucoup plus « loin » en l’occurrence beaucoup plus bas puisque avec le soutient de l’armée il va obtenir des volontaires humains et obtenir ainsi une armée miniature. L’illustre savant possède une théorie assez surprenante sur la nourriture et ses propriétés lorsque celle-ci est soumise à une réduction de taille.

Des êtres de petites tailles, on en retrouve dans le roman d’Abraham Merritt « Brûle sorcière brûle » mais ici les créatures sont le produit de la magie et non de la science. Le roman inspirera le superbe film de Tod Browning « Les poupées du diable » en 1933, bien que l’idée du film se base plus sur une hypothèse plus scientifique. IL nous faut également faire une petite entorse au règlement et citer pour l’occasion un cas très célèbre de réduction de taille qui fut abordé dans la bande dessinée. En effet Willam Ritt et Clarence Gray vont créer un célèbre personnage dont « Le voyage dans une pièce de monnaie » reste des plus fameux. Brick Bradford qui deviendra en France « Luc Bradefer ». Le Pr Kopak trouve un nouvel élément de la table de classifacation de Mendéléieff le N° 85 qu’il baptise « Kopakium » qui a la propriété d’émettre un rayonnement capable de rapetisser les objets. Le professeur fabrique un générateur à élément 85 qui va permettre à son ami Brick, Kala, Beryl Salisbury et lui-même de se réduire à une taille infiniment petite et de pouvoir explorer le monde subatomique d’un système atomique d’un atome de cuivre d’une pièce de monnaie de bronze. Cette aventure se fera au moyen d’un véhicule de forme sphérique. Dans cet univers de l’infiniment petit, l’on a l’impression de se retrouver dans une galaxie avec ses planètes, ses civilisations étranges, tout un univers transposé dans des proportions subatomiques. Un classique du genre, au scénario brillant où il ne manque à mon avis que le trait de génie d’un Alex Raymond.

En 1939, c’est une histoire plus légère qui nous est proposée par Philippe Sonet S.J. et sa « Révolte chez le petit peuple » : Une visite chez le professeur Barclay et voilà notre petit Tom qui actionne malencontreusement une curieuse machine. Sous l’effet de ses curieuses radiations il va se retrouver avec une taille minuscule et explorer tout un monde merveilleux à la rencontre de sympathique insectes. Accompagné de délicieuses petites illustrations ce roman est une version pour les enfants de « L’homme qui rétrécit ».

Georges Gamow sera également de la partie avec son célébre personnage M.Tomkins. IL participera effectivement à l’édification du genre avec son « M.Tomkins explore l’atome » (1942 pour l’édition originale) et « M.Tomkins s’explore lui-même » (1952).En effet comme on n’est jamais mieux servi que par soi même et qui plus est dans le monde des rêves (c’est moins dangereux) : «Notre Héros de la curiosité scientifique, ayant entraîné sa femme dans un rêve particulièrement fantastique où tous deux faillirent se désintégrer, a du se garder de la physique comme de la peste. Mais la curiosité n’est jamais punie, et le voici maintenant se passionnant pour les problèmes de la vie. Injecté, au cours d’un cauchemar, comme un corps étranger à travers son organisme, y découvre les mystères de sa physiologie et de son hérédité, et le mécanisme de son cerveau »

Un autre classique, moins connu que celui de Matheson mais tout aussi important est « La chute dans le néant »Marc Wersinger de (1947). Robert Murier un scientifique hors pair va se rendre compte qu’à la suite d’une expérience, son corps ne va cesser de rapetisser pour finalement plonger dans une chute vertigineuse dans ce « néant » insondable dans lequel nul être humain n’a jamais osé et pu s’aventurer. Son voyage nous est décrit d’une façon méthodique et scientifique où la peur de l’inconnu va laisser place à l’émerveillement pour laisser place à une forme de poésie des plus surréaliste. Effectivement, là où le roman de Matheson quelques années plus tard va gagner en teneur plus romanesque, voir même épique, l’ouvrage de Wersinger lui nous donne une teneur plus scientifique, plus exacte et méthodique en nous décrivant d’une manière précise les différentes phases de ce voyage abyssal. Un classique méconnu d’une grande teneur dramatique.

Le futur auteur attitré des éditions fleuve noir « Anticipations », Jimmy Guieu entamera les hostilités au tout début de la collection avec « Les pionniers de l’atome ». En effet tout commence par un simple porte-clés comportant une pointe effilée. Un occultiste Hindou va s’apercevoir que sous cette banale apparence, se cache un moyen de passage entre notre univers et un monde microscopique. Le héros de l’histoire va découvrir que cette « porte » est le résultat d’une erreur scientifique dans un monde ou deux factions opposées se livrent une guerre sans mercie. Toujours chez le même éditeur c’est ensuite au tour d’un des meilleurs écrivains de la collection Stephen Wull et son « Retour à « 0″» d’innover et cette fois,en matière de chirurgie : « Le professeur Kam, un médecin réputé, découvre que Jâ Benal, un atomiste de renom est atteint d’une maladie lunaire incurable, la trichocystie. Il décide alors d’utiliser l’enmicrobainie, une découverte toute récente de son collègue le professeur Terol qui permet de réduire à une taille microscopique aussi bien du matériel que des hommes. Les deux scientifiques miniaturisent alors cinq équipes d’intervention formées d’étudiants en médecine qu’ils injectent dans les tissus du malade. Les équipes affrontent à l’arme blanche les dangereux virus et réussissent finalement à déclencher une réaction défensive naturelle des globules blancs contre la maladie. » Idée qui sera reprise par Richard Fleischer dans son mémorable « Le voyage fantastique » (1966) avec le regretté Donald Pleasance, film qui sera adapté en roman par Isaac Asimov.

Terminons enfin par ce classique de la littérature « microscopique » rendu célèbre par le film de Jack Arnold, « L’homme qui rétrécit » de Richard Matheson (1956) où nous assistons aux affres d’un homme condamné à rapetisser de jour en jour et dont une curieuse destiné le conduira dans la cave de la maison où il devra affronter bien des dangers avec entre autre le célèbre combat avec une araignée « gigantesque ». Face à ce terrible destin, le héros Scott Carey, va devoir accepter sa nouvelle condition et assumer sa nouvelle place dans un univers si familier mais pourtant si différent et hostile. Contrairement à d’autres ouvrage, et notamment celui de Wersinger, nous ne connaîtrons pas le détail de ses péripéties dans l’infiniment petit, l’auteur se bornant à nous donner un descriptif plus « conventionnel » et le roman de Matheson gagne en intensité épique, ce qu’il va perdre en dimension psychologique. Pourtant malgré un aspect plus sensationnel, voulant donner en cela à son roman un coté aventure, le final n’est pas dénué d’une certaine réflexion avec un homme qui face à cette nouvelle condition, accepte le sort qu’il lui est dévolu en se considérant faire partie d’un « tout » unique, dans lequel il a également sa place et un rôle à jouer.

Pour conclure, beaucoup déplorerons dans ce petit panorama l’absence de certaines oeuvres cinématographiques ( Dr Cyclop……) ou de BD ( les petits hommes….) mais je voulais me limiter au cadre purement littéraire et ne proposer dans cette liste que les titres emblématiques de ces différentes catégories.

 

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Bibliographie sélective

 

- « Les voyages de Gulliver » de Jonathan Swift. Edition en deux volumes chez Jacques Guérin.1727. Existe de très nombreuses rééditions.

- « Toujours plus petits » de André Bleunard. Dans « La science illustrée ». Du N° 287(27 Mai 1893) au N° 313(25 Novembre 1893).

- « The great Dark » de Mark Twain. (1905). Roman inachevé. Traduction Française chez Librio

- « Aventures du dernier Gulliver » de Perriton Maxwell. Dans la revue « Nos loisirs » N°4 (4éme année) 24 Janvier 1909.

- « The diminishing Draft » de Waldemar Kaempffert. Dans la revue « All-story magazine » du 9 Février 1918.

- « The girl in the golden atom » de Ray Cumming. Dans la revue « All-story magazine » du 15 Mars 1919. Traduction Française dans l’anthologie de Jacques Sadoul « Les meilleurs récits de Famous Fantastic Mysteries » Éditions j’ai lu N° 731.1977.

- « People in the golden atom » de Ray Cummings. Dans la revue « All-story magazine » 24 Janvier 28 Février 1920.

- « Les petits hommes dans la pinède » de Octave Béliard. Parution en pré-original en 1927 dans « L’association médicale ». En volume chez « La nouvelle société d’édition ».1928.

- « Excursions du petit poucet dans le corps humain et dans les animaux » du Dr Auguste Galopin. Éditions Albin Michel.1928.

- « Petite jungle » de Maurice Morel. Éditions Armand Colin « Bibliothèque du petit Français ».1928.

- « Un homme chez les microbes » de Maurice Renard. Éditions Crès.1928.

- « Out of the subuniverse » de R.F.Starzl. Dans la revue « Amazing stories » été 1928. Traduction Française dans l’anthologie de Jacques Sadoul « Les meilleurs récits de Amazing Stories période 1926/1932 » Editions j’ai lu N° 551.1974.

- « Princess in the golden atom » de Ray Cummings. Dans la revue « Argosy » 14 Septembre au 19 Octobre 1929.

- « Les survivants de l’Atlantide » de Charles Magué. Editions Tallandier « Bibliothèque des grandes aventures » N°252.1929.

- « Into the green prism » de A.Hyatt Verrill. Dans la revue « Amazing stories » de Mars à Avril 1929.

- « La cuve aux monstres » de Charles Magué.  Editions Tallandier « Bibliothèque des grandes aventures » N°332.1930.

- « The eternal man revives » de D.D.Sharp. Dans la revue « Wonder Stories Quaterly » été 1930.

- « L’archipel des demi-dieux » de Charles Magué. . Editions Tallandier « Bibliothèque des grandes aventures » N°379.1931.

- « Voyons nous le monde tel qu’il est » quatrième article d’une série de neuf réalisé par René Thévenin : Un univers où les lois de la physique ne semblent plus respectées. Il y sera question d’un homme de taille réduite partant à la découverte d’une monde qui diffère en raison de ses proportions réduites « Sciences et Voyages » N°652, 25 Février 1932. - « Brûle sorcière, Brule ! » de Abraham Meritt. Dans la revue « Argosy » du 22 Octobre au 26 Novembre 1932. Traduction Française dans la collection « Chef d’œuvre de la science-fiction et du fantastique » N°15.1976. Puis éditions Marabout N°710 (1980), Nouvelle Editions Oswald N° 11 (1984)

- «The man who fought a fly » de Leslie F.Stone. Dans la revue « Amazing stories » de Octobre 1932.

- « The green man of Graypec » de Festus Pragnell. Dans la revue « Wonder stories » de Juillet à Septembre 1935. Traduction Française « Kilsona monde atomique » Editions Hachette « Le rayon fantastique » N°33.1955.

- « He Who Shrank » de Henry Hass. Dans la revue « Amazing stories » de Aout 1936.

- « Luc Bradford dans la pièce de monnaie » de William Ritt & Clarence Gray.Paru dans les périodiques « Hurrah ! » (du N°1 à N°334) dans « Robinson » (du N° 23 à 279), « Le journal de Mickey » (du N° 80 à 85), « Donald » (du N° 14 à 313). Paru en volume aux éditions SERG en 1975

- « L’homme élastique » de Jacques Spitz. Editions Gallimard. Collection « Les romans fantastiques de Jacques Spitz » ,1938.Rééditions Marabout série « Science-fiction » N° 483. 1974.Réédition dans le recueil  « Joyeuse apocalypse » Éditions Bragelonne « Les trésors de la SF ».2009

- « La révolte chez le petit peuple » de Philip Sonet S.J. Roitelet aux éditions Durandal.1939. - « Mr Tompkins explores the atom » de Georges Gamow University Press, 1942. Traduction Française « Mr Tompkins explore l’atome » Editions Dunod.1954.

- « Neobiknovennie priklioutchenia Karika i vali » de Ian Larry.Traduction Française « les aventures extraordinaires de Karik et Valia » Editions Nagel.1946.

- « La chue dans le néant » de Marc Wersinger. Dans la revue « Le Figaro » de Mars à Mai 1947. En volume, éditions « Le Pré-aux-clercs » 1947.Réédition chez Robert Laffont collection « « Ailleurs et demain classique» ».1972. Réédition aux éditons de « « L’arbre vengeur» » en 2010

- « Les pionniers de l’espérance » de Roger Lecureux et Raymond Poïvet. « Le jardin fantastique » en volume Librairie vaillant collection « Images et aventures ».1968.

- « Mr Tompkins s’explore lui-même » Georges Gamow University Press, 1942. Traduction Française « Mr Tompkins s’explore lui même » Editions Dunod.1955.

- « Les pionniers de l’atome » de Jimmy Guieu. Editons Fleuve Noir « Anticipation » N° 5.1952.

- « Ma petite femme » de Louis Velle. Editions Calman levy collection « Labiche » 1953.

- « L’homme qui rétrécit » (« The Shrinking man »)de Richard Matheson .Editions Fawcett 1956. Traduction Française éditions Denoël collection « Présence du futur » N°18.1957.

- « Retour à «0» » de Stephen Wull. Editons fleuve noir collection « Anticipation » N° 72.1956.

- « Le voyage fantastique » ( « Fantastic Voyage »)de Isaac Asimov. Editions Bantam 1966. Traduction Française éditions Albin Michel collection « Super Fiction » N° 13.1981.

- « Asunrath » de Marie-Thérèse Brosses. Editions Le terrain vague.1967

Pour les passionnés de cette thématique, il existe en dehors de la préface de Versins dans la réédition du roman « La chute dans le néant » éditions Robert Laffont collection « Ailleurs et demain classique », 1972, un autre ouvrage faisant figure de précurseur. Il s’agit de l’ouvrage de Régis Messac « Micromégas », imprimerie « La laborieuse »1936. Fort heureusement cette étude rarissime fut rééditée en 2009 aux éditions Ex Nihilo et nous apporte une foule de renseignements très utiles pour un approfondissement du sujet.

 

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La nouvelle inédite que vous allez à présent découvrir est extraite de la revue « Nos loisirs » du 24 Janvier 1909. Elle illustre à merveille la thématique que nous venons d’évoquer et même si l’explication rationnelle qui nous est donné à la fin risque d’un peu décevoir, le texte n’en reste pas moins une fort belle réussite, un effroyable cauchemar des plus spectaculaire.

 

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Le docteur secoua d’un air pensif sa mèche de cheveux blancs comme neige, et sa figure, soudainement grave, s’allongea. C’était un chérubin de soixante-trois ans, tout rose, tout rond, avec un rire qui montait de son cœur comme un glouglou. Il suait la santé par tous les pores, et il offrait à ses clients la vivante incarnation de l’optimisme, l’essence de la bonne humeur.

On ne pouvait pas rester longtemps malade quand il vous soignait ; en trente années de pratique journalière, il n’avait pas eu dix malades dont la guérison fût au delà de ses méthodes curatives. Mais, cette fois, une certaine gravité assombrissait sa vieille face et l’inquiétude perçait clans son regard. Evidemment, il me croyait endormi, comme j’aurais dû l’être, après l’examen fatigant qu’il venait de me faire subir.

De mon poste d’observation, sous les couvertures, je voyais et j’entendais tout ce qui se passait autour de moi, à mon sujet : j’en voyais et j’en entendais trop, hélas ! Pour ma tranquillité d’esprit. Je flairais le danger dans l’attitude exceptionnellement réservée du médecin.

- Un cas difficile ! disait-il à ma femme,

- Est-ce vraiment si sérieux ? Murmura ma femme en tremblant.

- Pas si sérieux que nous ne le remettions sur ses quilles, j’espère, d’ici une semaine ou deux. Mais — il appuyait fâcheusement sur le mot — il faut qu’il passe par une opération, et tout de suite.

Immédiatement, je perdis toute envie de guérir. Rien ne comptait plus après une pareille sentence. Si les morticoles devaient m’ouvrir comme une boîte de conserves et jouer à cache-tampon avec mes intérieurs, pendant que je serais étendu sans force et sans défense, ce n’était sûrement plus la peine de vivre !

Mon angoisse morale fut aussi cruelle que mes souffrances physiques lorsque, après une nuit de fièvre et de rêves fantastiques, je m’éveillai le lendemain pour constater que tout était prêt, qu’on allait me transporter à l’hôpital, c’est à dire au billot, au hachoir, et m’y découper.

Le voyage fut un cauchemar. Enfin, je me trouvai, gisant parmi tout un attirail de scies, de couteaux, de pinces, de tire-bouchons, sur une table qui ne ressemblait pas mal au chevalet de torture de l’ancien temps Mais les victimes, alors, étaient moins innocentes que moi. Le groupe des jeunes docteurs qui entouraient ma carcasse paraissait tout à fait joyeux. Ils n’attachaient pas du tout à la circonstance présente autant d’importance que moi.

-  Ça se fait en deux temps et trois mouvements, dit un de mes assassins, le sourire aux lèvres. Il avait une barbe blonde, des lunettes, et il ajusta sur mon visage je ne sais quoi en forme de cône, j’aspirai de l’éther. Il n’y avait pas moyen d’y échapper. Je me sentis glisser hors du monde, hors de la vie, et la terrible chute n’en finissait pas. De plus en plus vite, je filais sur l’interminable pente de la mort. Je tâchais de résister. J’essayais de m’accrocher aux parois. En vain j’incrustais mes doigts, je piquais mes talons dans la surface implacablement unie qui me supportait…

Mes efforts étaient inutiles. Les voix de l’entourage devinrent confuses et lointaines. J’éprouvai une vague sensation de douleur, mais je la surmontai en riant, car j’eus subitement conscience que ce n’était pas ma douleur, mais la douleur d’un autre !… par exemple, de l’assassin blond qui s’intitulait chirurgien, ou du garçon de salle qui gardait la porte, ou du grand escogriffe en uniforme qui circulait dans le corridor, ou de l’infirmière au bonnet blanc, aux yeux mauves. La douleur avait son siège dans mon flanc, sans aucun doute, mais c’était un autre qui la sentait. C’était une énorme farce, et je savais que j’étais seul dans le vaste univers à la goûter ou même à la comprendre.

Alors, le désir de quitter l’incommode posture où j’étais retenu sur la table d’opération s’empara de moi tyranniquement. Je savais bien qu’il fallait me tenir tranquille ; mais il me sembla que j’étais isolé au milieu d’un nuage de vapeur blanche, et je n’eus pas plus de peine à surgir du chevalet que je n’en aurais eu à me lever d’une chaise.

J’étendis mes membres pour assurer le jeu de mes articulations et je m’élançai sur ce que je prenais pour le sol de la chambre. Ce fut une étrange impression d’arriver subitement à l’extrémité du plancher, de regarder par-dessus le bord et de mesurer une chute à pic de cinquante pieds au moins jusqu’à l’étage inférieur. Ma raison ne me rendait pas un compte satisfaisant de la situation, je percevais seulement un énorme visage humain, couvert de barbe blonde, qui m’observait derrière une immensité de blancheur, à travers un brouillard impénétrable. Je voulus écarter cette hallucination ; elle persista. Alors je perdis complètement la raison, et je fis un plongeon dans l’espace, par-dessus le rebord du plancher…

Etes- vous jamais tombé d’une grande hauteur ? Je pense que non ; ce n’est pas un amusement très commun. Mais si cela vous est arrivé, vous connaissez la sensation de passer comme une flèche à travers un tube d’air qui semble se solidifier, qui vous étreint, qui grince à vos oreilles à mesure que son étreinte se resserre. Vous vous demandiez quand vous arriveriez au fond de l’horrible tube. Au moment où la question se formula dans mon esprit, je sentis le rude choc de mon corps entrant en contact avec le sol, et je ne m’expliquai pas qu’il en restât des morceaux. Que dis-je ? A ma grande stupeur, je me trouvais intact, j’avais frappé sur un monceau de matière molle, quelque chose comme une montagne de linge. Je me débattis, je me dégageai des plis, je finis par atteindre le plancher.

Je ne sais comment j’eus l’idée, ni comment je fus conduit à vérifier que je n’avais plus mes proportions normales. Je m’étais réduit à un diminutif d’homme incroyablement petit. Je me trouvais justement près de la canne d’un des inspecteurs de l’hôpital, que je reconnus au bois particulier dont elle était faite. Elle me dominait maintenant comme une tour Eiffel. Elle me servit à mesurer ma taille, qui dépassait à peine: le bout ferré. Certes, je n’avais jamais caressé de folles illusions au sujet de mon importance dans le monde. Toute la race humaine n’est qu’une troupe de fourmis rampant autour d’une espèce de cochonnet que nous appelons la terre. Mais il est humiliant de se trouver soudain ramené aux dimensions d’une sauterelle, sans posséder le puissant mécanisme moteur de cet animal. J’appelai à moi toute ma philosophie pour envisager la situation ; je me consolai en pensant qu’il y avait des créatures encore plus petites que moi, bien vivantes, et mêmes utiles. Sur quoi, je me hasardai à chercher aventure.

Tous les objets prenaient un aspect nouveau et curieux ; les plus communs m’apparaissaient comme des phénomènes gigantesques. Un coffre à médecine fut pour moi comme une grande maison d’architecture excentrique ; un tas de poussière dans le coin de la vaste pièce grouillait d’une multitude d’êtres animés qui, j’en suis sûr, échappent à la vue d’un homme normal.

Un privilège me réconciliait avec ma singulière position : la faculté d’aller sans obstacle partout où il me plaisait. Je me tins un moment à l’ombre d’une cuvette de porcelaine, et je contemplai le passage de plusieurs paires de jambes démesurées. C’était pour moi une sensation bizarre de voir un pied monstrueux et une jambe enveloppée d’un pantalon s’élever en l’air, se précipiter sur le sol avec le fracas d’une montagne qui croule, et l’autre jambe répéter le même exercice. Un bruit de tonnerre retentissait à mes oreilles de Lilliputien. Ma curiosité faillit me coûter la vie.

Je m’étais risqué hors de l’abri que m’avait offert un pied de chaise pour passer sous une table assez éloignée, quand un homme s’avança du bout de la chambre dans ma direction, marchant à grandes enjambées. J’eus beau courir, les pieds du monstre, approchaient, et je ne savais pas où me fourrer. En une seconde, l’ombre d’un énorme pied me couvrit, et l’air déplacé me fouetta le visage. Instinctivement, je me laissai tomber à terre et je m’y aplatis. La masse de cuir s’abattit juste sur moi. Si je ne fus pas pulvérisé, c’est parce que le talon et la semelle touchèrent le sol respectivement devant et derrière moi : je me recroquevillai sous l’arche tutélaire qui marque le creux du pied.

Le danger passé, j’eus à peine recouvré mes esprits, que je m’enhardis plus encore à tenter de nouveaux exploits. J’entrepris de grimper après un pied de table qui se dressait sur mon chemin comme un tronc d’arbre fabuleux. Je ne sais comment j’atteignis le sommet; cependant, je l’atteignis. Le bois de la table était beaucoup plus rugueux pour moi qu’il n’apparaissait probablement aux yeux du vulgaire. Je me rappelle que, plusieurs minutes, je restai dangereusement suspendu au rebord de la table comme au bord d’une montagne à pic. Une fois hissé sur le plateau, ma curiosité me conduisit vers un objet vaste et noir, que je reconnus à la fin pour un  » chapeau melon  » posé sens dessus dessous. Je gravis les flancs recourbés du melon, m’a- grippant des pieds et des mains aux aspérités du feutre, et j’arrivai sur la bordure. Je rampai avec circonspection et jetai un coup d’œil dans l’abîme : c’était comme l’ouverture d’un cratère, un gouffre béant de ténèbres. A m’y laisser choir, je me fusse rompu les os. Je m’empressai de battre en retraite et de reprendre pied solidement sur le plateau.

Quelques pas plus loin, je me trouvai en présence d’un gros corps couvert d’excroissances jaunes et brillantes comme des boutons de cuivre. Un examen attentif me permit de reconnaître une orange ! A quelque distance de là, je remarquai une coupe à Champagne, imposante comme le Palais de Cristal ; je me demandai s’il serait possible d’en escalader les parois glissantes. Aussitôt pensé, aussitôt essayé. J’ôte mon veston et je m’escrime, j’avance, je retombe, je ne me décourage point ; enfin me voilà à califourchon sur le bord arrondi. Par hasard, le verre était plein d’eau ; il me faisait l’effet d’un lac plutôt bourbeux. Tout à coup, paf ! Je dégringole dans ce marécage. Je suppose que j’avais été précipité par un coup d’air provenant d’une porte ouverte brusquement. Sans perdre mon sang-froid, je tirai ma coupe et, bien qu’il ne fût pas commode de trouver une prise solide sur le verre mouillé, j’arrivai à sortir de ce qui aurait pu être pour moi un sépulcre aquatique ! J’étais comme un rat trempé.

Puisqu’il était écrit que j’échapperais à tout péril ce jour-là, fut-ce de l’épaisseur d’un cheveu, je résolus d’affronter les rencontres les plus hasardeuses et les plus surprenantes pour ma nouvelle manière de voir. Ayant aperçu, dans un coin de la table, » une masse de matière sombre, dont une extrémité s’avançait dans l’espace et dégageait du feu avec de la fumée, j’y courus directement.

Le bout opposé à celui qui brûlait paraissait avoir été saturé d’eau, mordu, haché, au point de tomber en pulpe et en débris. La chose était de forme cylindrique et, lorsque j’y fus juché, je m’aperçus qu’il s’en échappait une odeur acre. Par-dessus l’extrémité enflammée, je plongeai mes regards dans un amas croulant de cendres chaudes, d’où s’élevaient des vapeurs asphyxiantes. Je reconnus aussitôt le parfum ! C’était un cigare et, je dois le dire, pas fameux. Je me rappelai que je l’avais déposé moi-même sur le bord de la table en me livrant aux mains du chirurgien. La fumée en était si rance et si nauséabonde que je décidai, si la providence me permettait jamais de grandir et de reprendre ma place parmi les hommes, de renoncer au tabac, ou de changer de fournisseur.

 

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M’étant reposé, je me laissai glisser de la table, je me faufilai par la porte ouverte et par un long- corridor dans une autre pièce. Je me heurtai aux pilastres laborieusement sculptés d’un piano droit, et j’y grimpai sans difficulté. Dans le clavier aux larges touches, les noires ressemblaient à des bateaux à l’ancre sur une mer d’ivoire. En sautant avec force, je pus produire des sons qui retentirent au loin dans les ténèbres de la caisse. Pendant que je m’amusai ainsi, j’entendis un frou-frou de jupes et je me réfugiai derrière le couvercle relevé, d’où je pus contempler la redoutable et gigantesque musicienne. Elle s’assit et plaqua de vibrants accords dont j’eus le tympan presque fendu. C’était comme un roulement continu de tonnerre, mêlé aux cris variés d’une douzaine de sirènes. Je sentis que ces terribles vibrations me tueraient si je ne me mettais en sûreté immédiatement, et je pris ma course tête baissée vers l’extrémité du clavier. Je m’attendais aux clameurs aiguës de la belle artiste ; mais elle était si absorbée par son inspiration qu’elle ne me vit pas.

J’arrivai sur le tapis tout: échevelé, palpitant, et je sortis dans le hall. En me glissant le long des murs, j’atteignis la porte d’entrée de l’hôpital que la négligence du gardien avait laissée ouverte. Quelques- minutes affreuses encore, et je me trouvai au grand air. Je dégringolai le perron de marche en marche jusque sur le trottoir. Comme je restais en contemplation devant la taille prodigieuse des pavés, avant de traverser la chaussée, voilà qu’un ouragan déchaîné je ne sais d’où me soulève de terre, puis me précipite de tout mon long sur les dalles. J’eus à peine le temps d’apercevoir deux énormes roues, cerclées de caoutchouc, tournant avec une rapidité fulgurante, et je compris que j’avais été enveloppé dans le tourbillon d’air poussiéreux d’une automobile. Assurément, la rue n’était pas faite pour moi, si je tenais à ma faible étincelle de vie ; je m’engouffrai dans un petit restaurant.

La faim me tourmentait cruellement ; le parfum des mets fut délicieux à mes narines. L’endroit était pourtant fort sale. Un gros homme était attablé près de la porte ; il mangeait je ne sais quoi de mou avec une cuiller, les yeux à demi clos de contentement. Gravissant jusque sur sa table, j’atteignis le bord de son assiette et je me penchai pour avaler une parcelle de la bouillie dont il se gorgeait ; mais mon pied glissa et je plongeai la tête la première dans cette équivoque purée. A ce moment même, le dîneur affamé passait sa cuiller sous mon corps ; je me sentis emporté en l’air ; je ne savais pas encore ce qui m’arrivait, quand la large bouche du bonhomme s’ouvrit toute grande devant moi. Son haleine brûlante m’enveloppait, ses dents s’avançaient comme des crocs : j’allais pousser une clameur de détresse et d’agonie, lorsque…

– Dans quelques jours, disait le chirurgien à barbe blonde, il sera solide comme un écu de six livres. Excellente opération, et si facile ! Mettez-le au lit, et qu’il se tienne en repos. Le chloroforme lui laissera peut-être un mal de tête, mais pour le reste, il est remis à neuf.

Je vis le visage de ma femme incliné vers moi, tout brillant de joie.

– Oh ! Bob, s’écria-t-elle, avec un léger sanglot dans la voix, je suis si contente que ça soit fini !

– Et moi, donc ! Répondis-je dans un souffle.

 

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Les Coups De Coeur Du « Moi » : « Au Large Des Vivants » de Brice Tarvel

« Comme je ne lis pas que des choses anciennes et surannées et que de temps en temps j’ouvre un livre dont la date n’affiche pas toujours le centenaire sur la page de garde, je me suis dit qu’il serait également sympathique de vous faire part de mes coups de cœur, ou de vous parler d’un ouvrage qui mérite toute notre attention.»

Les Coups De Coeur Du  

Comment vous parler d’un livre dont vous avez lu avec un grand plaisir la première partie, avec la crainte de se répéter et de reformuler les mêmes appréciations ? Il serait alors possible de m’arrêter ici en vous invitant à vous rendre sur la page de mon blog et de lire la critique réalisée pour « Ceux des eaux mortes ».

Du reste voilà une solution de facilité qui n’est pas de mon habitude et en grand bavard que je suis, une méthode qui ne pourrait que générer une forme de dépression. Ne serait-ce que par respect pour l’auteur qui à sué sang et eau, et jamais telle métaphore n’a revêtu une telle puissance pour une saga se déroulant dans les marécages et au pays des vampires, et surtout parce que si le style reste identique, vif et rythmé avec des situations toujours aussi délirantes, il semblerait que l’ensemble du second volume possède une identité propre. Je ne parle pas de l’histoire qui utilise avec brio la thématique du vampire, mais de l’ensemble qui, pour une raison difficile à exprimer, possède un « je ne sais quoi » de supplémentaire qui évite au roman de plonger dans une certaine routine, piége récurant dans lequel certains auteurs sombrent parfois.

Comme je le signalais dans un précédent court article, les histoires de vampires il en existe des tonnes et j’éprouve une certaine lassitude à lire les méfaits de ces redoutables prédateurs de la nuit. Il y a des exceptions qui confirment la règle et avec les suceurs de sang du père Brice, là les amis c’est du grand respect et le mot est faible. Fort d’une imagination et d’un style original que nous lui connaissons, il est arrivé à redynamiser un mythe vieux comme le monde et qui fut utilisé avec diverses fortunes.

Entrer dans le roman de Brice Tarvel, c’est un peu comme pénétrer dans une maison hantée : On est septique, on a la frousse, mais la soif de l’aventure et de ressentir cet infime petit picotement le long de la colonne vertébrale, nous poussent à ouvrir la porte. Mais prenez garde, une fois à l’intérieur, et après avoir fait quelques pas, la sortie se referme et il ne vous reste qu’une solution, c’est aller de l’avant. Il faudra donc au « voyageur imprudent », avoir déjà tenté l’expérience avec le premier volume et si votre hardiesse vous a permis de violer les frontières de la Fagne, alors n’hésitez pas à vous enfoncer en pays d’obscurie : Autre temps, autre lieue….

Nos amis « traine-vase », se rendent dans cet étrange royaume dont on colporte moult légendes, souvent peu ragoûtantes d’ailleurs, afin de retrouver le mage Vorpil, le seul en mesure de faire passer de l’état liquide à l’état solide, la belle Candorine dont les restes ballottent dans une outre que son bien aimé Jodok transporte avec lui. Mais chacun possède une vison bien spécifique du mot « trésor ». Clincorgne, plus matérialiste, ne rêve que de se remplir les poches avec la dépouille de Renelle, transformé en maison « Cartier » qui pour l’occasion brille de mille feux. Transformée en imposant magot lors du premier tome, le deuxième sbire entend bien profiter des largesses de la magicienne et trouver un moyen de la « débiter » à sa convenance. Le périple prend une tout autre tournure et contraints de se délester provisoirement de leur pesant butin au fond de l’étang marquant la frontière de la Fagne, ils vont devoir affronter les pires cauchemars du pays d’obscurie. Mais l’espiègle Renelle n’entend pas en rester là et après avoir récupéré sa forme humaine va parcourir cette contrée à la recherche d’une nouvelle vie. Hélas la nature reprend toujours ses droits.

Sur le papier, tout cela semble relativement facile et pourrait même sombrer dans un classique roman de fantasy s’il n’y avait les fameux « vampires » aussi affamés que calculateurs et les passages régulièrement destructeur de la mâchoire, cette immense tempête capable d’avaler hommes, bêtes, maisons, montagnes et forêts. Ajoutez à cela le don particulier que possède Brice pour Raconter les histoires à « sa » manière et vous obtiendrez un cocktail une fois de plus jouissif et particulièrement plaisant à lire.

Pour l’occasion, le roman va s’enrichir de l’apparition de nouveaux personnages comme la malicieuse Quiquine, Elvége de Saint Vermont au caractère bien trempé, les bonnes sœurs de la communauté des trois chênes qui vénèrent une bien étrange divinité « Vuvix » au terrible destin ( pas de bras ni de jambes, qui fut démembré par quatre aigles pour racheter les fautes d’obscurie….), une bande de pillards sans foi ni loi et qui ne cesse de traquer le vampire, les fameux « sans-yeux » dont la privation de ce précieux sens à développé une ouïe particulièrement délicate et qui se nourrissent de délectables notes de musique, une âne qui parle et franchement insupportable ( lisez le livre vous comprendrez pourquoi), et puis il y a enfin la découverte de Vorpil et son château gardé par un bossu où le lecteur apprendra bien des choses sur l’obscurie et ses redoutables créatures….et bien d’autres monstruosités encore. Que de références les amis !

Il m’est si difficile de vous parler de tous ces personnages sans éprouver le plaisir coupable de vouloir vous en révéler les mystérieux secrets. Car toute la « magie » et la force de Brice Tarvel est de vous prendre par la main au début de chaque chapitre et de vous laisser en sueur ou exsangue en fonction des créatures rencontrées, et de ne jamais vous laisser le temps de respirer, car le chapitre suivant repart et de plus belle. Une délicate alchimie qui fonctionne à merveille sans qu’aucune lassitude ne s’installe pages après pages Le langage inventé de toute pièce dans cette extraordinaire saga est une fois de plus à l’honneur et je dois avouer prendre un certain plaisir à découvrir au fil des situations plus extravagantes les unes que les autres, une nouvelle expression, une nouvelle injure.

Toute la force de son style est de rester en permanence d’une agréable tenue et loin de s’essouffler et de perdre de son intensité, décolle de plus belle à chaque étape du roman. On ne peut que s’interroger face à une telle verve imaginative, et se demander si l’auteur, par une curieuse découverte dans quelques grimoires maudits, ne s’est pas concocté une substance lui permettant le rare privilège de voyager dans un des ces univers parallèles dont très peu d’élus peuvent se vanter d’en être revenus afin de nous en conter leurs extraordinaires découvertes.

L’auteur possède un sens du rythme particulièrement affûté, un souci du détail qui confère à la maniaquerie et chaque passage nous décrivant une mémorable baston est à ce point vivant que l’on a vraiment l’impression de voir le film devant nos yeux. C’est tellement « vivant » que l’on peut sentir la moiteur de l’air ambiant, le souffle brûlant de la mâchoire, sentir l’haleine fétide des sans yeux et entendre le claquement des dentiers métalliques de ces redoutables vampires.

Tout comme les grands romans qui explorent les territoires de l’imaginaire et dont je me suis sustenté jusqu’à la trogne, telles les canines inoxydables de nos redoutables morts-vivants d’obscurie, j’ai toujours un sentiment de compassion pour les malheureux lecteurs qui n’ont pas encore eu le bon goût de s’arrêter sur les ouvrages de ce merveilleux auteur. Faut-il qu’ils soient eux-mêmes atteint de quelque infirmité qui frappent les habitants d’obscurie pour ne pas céder aux magnifiques couvertures de Johann Bodin et faut-il qu’ils soient également frappés de ramollissement cérébral causé par une des fameuses décoctions de la perfide Renelle (car la bougresse elle va nous étonner jusqu’a la dernière ligne) pour rester indifférent à une tel plaisir de lecture.

Comme vous pouvez vous en douter j’ai éprouvé une joie immense à la lecture de ces deux ouvrages et voilà assurément deux beaux volumes que je n’hésite pas offrir lorsque je veux faire un cadeau original et prouver, si besoin en est, que l’imaginaire Français se porte d’une excellente manière et qu’il vient de trouver par la publication de ses deux volumes, un représentant au plus haut de sa forme et de son talent.

Nous avons une dette envers des écrivains de la trempe de Brice Tarvel, celle de nous faire passer de jubilatoires heures de lecture et pour un lecteur assidus, il n’y a à rien de plus précieux.

Jodok, Clincorgne et Renelle vous nous manquez déjà !

 « Au large des vivants, ceux des eaux mortes Tome 2 » de Brice Tarvel. Éditons Mnémos collection « Dédales ». Mai 2011. Couverture de Johann Bodin

 

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« La cuve aux Monstres » de Charles Magué: Episode Deux!

« La Cuve aux Monstres » par Charles Magué, éd. Tallandier « Grandes aventures, Voyages excentriques » N°332.couverture illustré couleur, 223 pages. 1930.

Voici donc nos deux intrépides explorateurs à Paris. Fort heureusement, ils avaient embarqués dans leur frêle esquif (et ce tout à fait par hasard, au cas où…) une petite quantité d’or et de diamant. A la tête d’une fortune rondelette ils peuvent donc repartir à la recherche de leurs amis.

C’est aux commandes d’un avion pouvant faire office de sous-marin, que Arramburu et son mécanicien, atterrissent quelques jours plus tard sur le lac intérieur de l’île noire. Tel le père Noël, le capitaine va alors déballer devant cette foule miniature les merveilles de la civilisation: un cinématographe et un électrophone…. Ravissement général des « Micropolites » devant les nombreux films, mais l’enthousiasme tombera très vite lors de la projection d’un documentaire sur la guerre 14/18: le progrès est aussi synonyme de destruction.

Les jours passent dans une douce quiétude et nos hommes/dieux, poussés par la soif de l’aventure vont, en compagnie de Mac et Mic, (dans ce sens c’est moins risible) les deux hommes singes apprivoisés lors de leur dernière aventure, partir pour explorer le tunnel qui servait de voie d’accès à la sinistre bande de mangeurs d’hommes. Un curieux voyage dans les entrailles de la Terre va alors débuter. Les découvertes se succèdent à un rythme infernal: caverne gigantesque abritant des milliers de squelettes fabuleux, combats avec une horde d’araignées et pour terminer en apothéose, l’arrivée à la lumière du jour dans une immense cuve naturelle recouverte d’une titanesque forêt.

Un voyage dans le temps commence alors qu’ils découvrent l’incroyable faune préhistorique qui y réside. Le chef de l’expédition jugeant l’endroit trop peu fréquentable et dangereux pour leur sécurité, donnera l’ordre de repli, non sans un certain regret. Seulement, le retour pose un problème, car un éboulis s’obstine à bloquer le passage. Les hasards du roman d’aventure devant nourrir un certain suspens combiné avec une maladresse de Frétillon qui voulait jouer avec des bâtons de dynamite, provoqueront une effroyable explosion à l’intérieur d’une galerie voisine. Cette détonation, par onde de choc sera la cause d’une énorme faille dans la muraille entourant l’île, permettant le passage d’un gigantesque raz de marée et remplissant l’intérieur de l’île comme une vulgaire cuvette.

Une fois de plus la chance aidant, ils découvriront de justesse un autre passage, long de plusieurs kilomètres et conduisant à un monde plus étrange encore. Décidément cette île est une joie pour le « conjecturopathe » en herbe. Celui-ci est en effet peuplé de créatures lumineuses: les hommes phares : « Crâne volumineux, bouche sans lèvres, un nez de canard et deux yeux horribles d’où s’échappe une étrange lumière ». Le système nerveux de ces être bizarres est nettement dessiné sous leur peau par des cordons lumineux, par un étrange effet de transparence. Baptisés par Aixamburu « photophares », le contact avec ces créatures sera des plus improbable et de courte durée car ceux-ci connaîtront une fin épouvantable au cours d’un combat sans merci avec les « monstres humains » en qui ils voyaient de redoutables ennemis. Triste fin que la disparition progressive de cette lumière dans les yeux de ces êtres dont la faiblesse n’avait d’égal que leur étrangeté.

Leur odyssée se poursuivra tant bien que mal, et suite à de nombreux petits problèmes propres à une exploration en terre étrangère, le voyage se terminera à l’entrée de la caverne débouchant sur l’île des « Micropolites ». Arramburu prendra la décision de faire fermer l’entrée gardant à l’esprit les nombreuses galeries sillonnant le dessous de la mer et débouchant sans aucun doute aux multiples îlots observés depuis l’île de « la cuve aux monstres ».

« Il y a là dessous- et je désignai le tunnel- des dangers auxquels vous n’auriez certes pas échappé. Ce passage doit être muré et rendu plus inviolable encore que les rochers qui l’entourent. Respectons les secrets de la Terre. »

 

Fin du second volume. Bientôt le final de cette épopée incroyable. Que vont devenir nos intrépides amis et à quels terribles dangers devront-ils encore faire face ? Vous le découvrirez très bientôt lors de l’épilogue de cette incroyable trilogie avec le tout dernier volume « L’archipel des demi-dieux »

 

 

 



Dossier Illustrations : « L’archipel des Monstres » de Louis Boussenard

Dans le vaste éventail des créatures marines que nous proposèrent de nombreux auteurs de littérature de l’imaginaire, si le poulpe et tous ces rejetons (je veux évidement parler de Cthulhu) occupent une place de choix dans le top des monstres abyssaux, le crabe conserve toutefois une place privilégiée.

On le retrouvera en effet dans bons nombres de textes conjecturaux. Qu’il soit géant ( H.de la Blanchére « Sous les eaux », Luigi Motta « le tunnel sous-marin », Captain WE.Johns « Les exploits de Biggles »,), le vestige d’une race éteinte ( ( Eric Townsend « Les hommes oiseaux »), de petite taille mais affamé ( Jean Cotard « Le flot d’épouvante », René Thévenin « L’étrange croisière de la Terror »), sa fonction sera toujours des plus agressive et le pauvre malheureux qui par malchance tombera entre ses pinces redoutables sait très bien quel sera son funeste destin. Redoutable arme de combat qui sectionne, broie, pour ensuite ingurgiter les chairs les plus vives comme les plus pale, nul doute que ce féroce prédateur des fonds marins, charognard à ses heures, sera utilisé par bon nombre d’écrivains, comme un monstre redoutable et impitoyable dont rien ne semble vouloir arrêter les funestes appétits.

Pour preuve cette superbe couverture de Conrad pour le roman de Louis Boussenard « L’archipel des monstres » et paru dans le « Journal des voyages » N° 522, du Dimanche 2 Décembre 1906. Nous prenons toute la mesure des visages pétrifiés par la terreur des deux protagonistes siégeant sur l’illustration face à cette véritable marée d’abominations rampantes.

 

Dossier Illustrations :



« Les Survivants De L’Atlantide » de Charles Magué. Une Fameuse Trilogie!

« Les survivants de l’Atlantide »Tallandier, «le Livre National», «Bibliothèque des grandes aventures» (1° série) r » 252. 1929. Broché in-12 de 222 pages. Couverture illustrée en couleur par P.Dmitrow

Fermement décidé à battre «le record du tour du monde en aéroplane», le capitaine Arramburu accompagné de son mécanicien Jules, d’un homme à tout faire surnommé «Pastèque» et d’un passager clandestin de dernière minute, vont vivre une extraordinaire aventure. Après un crash survenu dans la mer des Sargasses, victimes d’un gigantesque typhon, les naufragés ne devront leur salut qu’à un frêle esquif fabriqué en toute hâte avec la carcasse de l’avion. Suite à une traversée pénible de cette mer de désolation, un espoir apparaît enfin sous la forme d’un immense bout de terre qu’ils baptiseront «L’Ile noire». 

Il s’agit d’une immense barrière circulaire dont l’intérieur semble totalement inaccessible. Un passage sera pourtant découvert, il faut bien que l’histoire se poursuive, non sans avoir affronté les pieuvres gigantesques d’un lac souterrain et de trois monstrueux serpents, gardiens du seul et unique tunnel donnant accès au centre de l’île. Echappés de justesse aux redoutables mandibules, le début de leur périple s’achèvera de curieuse façon.

En effet, les ruines d’un temple Grec s’offre à leurs yeux émerveillés. Les inscriptions gravées dans cette langue ne posent aucun problème au capitaine qui s’était par bonheur adonné dans sa jeunesse à l’apprentissage des langues mortes. Après une exploration sommaire des environs, quelque chose semble ne pas tourner rond dans le décor… C’est après avoir manqué de détruire par inadvertance un groupe de statues que la lumière se fait enfin. Les «Statues» sort en fait des êtres humains et détail vraiment extraordinaire, les éléments faisant partie du paysage se trouve tout simplement réduit de moitié: Gens, maisons, végétation, animaux… Après les politesses d’usage, un des habitants, Phancés, racontera l’incroyable histoire de « Micropolis ».

Descendants de la fière Atlantide détruite par un gigantesque raz de marée, les derniers survivants purent se réfugier sur les hauteurs d’un énorme volcan, sur ce morceau de terre échappé à la colère des dieux, les survivants tentèrent de perpétrer les derniers brasiers d’une race agonisante. En raison du manque d’espace vital, il fallut la découverte par un savant d’un sérum permettant, grâce à des «manipulations génétiques», la réduction de toute chose vivante. Une fois acquise, cette particularité fut transmise ensuite au cours des générations.Un jour pourtant, des navigateurs abordèrent leur île, en quête d’une civilisation fabuleuse mentionnée dans les légendes. Ceux ci finirent leurs jours chez les Micropolites non sans leur avoir enseigné leur langue originelle: Le Grec, ainsi qu’une multitude de choses savantes et sages.

Nos quatre aventuriers s’installent progressivement dans cette civilisation paisible devenant même des dieux après avoir éliminé pieuvres, serpents ainsi qu’une bande d’anthropophages humanoïdes qui semaient la terreur chez nos vénérables Atlantes. Malgré les richesses de cette cité (dont la matière première est l’or et l’ivoire) le mal du pays commence à se faire ressentir. Récupérant certaines pièces importantes de l’avion, dont un des réservoirs pratiquement plein, «Pastèque» et le mécanicien, fort de leur ingéniosité parviennent à fabriquer une sorte d’hydroglisseur dont ils veulent faire profiter le tout premier essai à Arramburu. Faisant de mauvaises estimations, l’engin s’éloigne un peu trop de l’île et un mauvais brouillard aidant, les deux aventuriers finissent par s’égarer. Il ne reste plus qu’une seule alternative : Avancer !

Après des jours d’angoisse, de diète, de soif et de fièvres, ils seront miraculeusement récupérés par un cargo. Mais comme le termine si bien dans son journal le brave capitaine: «C’est que ni Pastèque, ni moi n’avons oublié nos mais de l’île noire et que nous n’avons mis qu’un point suspensif à nos aventures.

Fin du premier volume.Ne manquez pas très prochainement la suite de ces palpitantes aventures, constituant cette fameuse trilogie des « Survivants de l’Atlantide » intitulé  « La cuve aux monstres ». De nouvelles découvertes incroyables attendent nos aventuriers dans un roman palpitant et extraordinaire.

 

 Le tout début d’une incroyable aventure



Dossier Illustration: « L’horreur des Altitudes » D’aprés Sir Arthur Conan Doyle

Une hallucinante illustration de Ruck pour la nouvelle de Sir Arthur Conan Doyle: « L’horreur des Altitudes» » .

Parution dans la revue « Je sais tout »15 Avril 1922. Un être tentaculaire entre le pieuvre cosmique et les martiens de H.G.Wells. Le papier étant de mauvaise qualité il est impossible de rendre avec exactitude toute cette« Monstruosité ».

En tout cas,de quoi vous dégouter de prendre l’avion…..

 

 

Dossier Illustration:



Petites Modifications Du Blog

( En vrac )

Je viens de réaliser quelques légères modifications sur le blog.

Il vous sera ainsi possible, grâce au moteur de recherche ( en haut à gauche) de trouver un auteur ou une thématique en inscrivant un mot clef, ce qui dans le contexte de « Sur l’autre face du monde » risque de tourner au tour de : Savant fou, Rayon, fin du monde, Insectes, laboratoire, expérience, immortel et autres surhommes.

J’ai également agrémenté les colonnes de gauche et de droite de quelques reproductions de couvertures de romans de conjectures anciennes, que je vais m’efforcer de remplacer de manière assez régulière.

J’espère que ces changements vous donneront une envie encore plus grande de venir me rendre de petites visites, en tout cas merci pour votre fidélité.

Je vais m’efforcer de garder le même rythme de parution tout en essayant d’explorer de plus en plus profond un domaine d’une grande richesse et diversité thématique.



« Envoutement » du Docteur Albert Leprince

Véritable « touche à tout » de la médecine qui écrivit une quantité incroyable d’ouvrages sur l’acupuncture, la radiesthésie, la vertébrologie, l’homéopathie, les guérisseurs…le Docteur Albert Leprince fut également un grand spécialiste du roman mystique et ésotérique avec des titres aussi évocateur que « Lumière de l’au-delà » (éditions Jean Renard 1943), « Le secret du Bouddha » (Éditions Ariane 1947) « Les cerceaux cambriolés » (Éditons Jean Renard 1943, réédition chez Ariane en 1947) , « Les immortels de Rock-Island » ( Éditions Self 1947). Dans le présent roman, l’auteur nous propose un texte baigné par le surnaturel et les mystères de la magie. Superbe couverture très inspirée de Jef De Wulf, qui n’est pas sans nous rappeler la grande époque de « Weird Tales » et de son artiste attitré Virgil Finlay.

Concernant son œuvre conjecturale, quand est-il des œuvres annoncées aux titres aussi évocateur que : « L’étrange hallucination du professeur Normand » et « Explosif 93, l’homme qui fit sauter le Vésuve » ?

« Envoûtement » du Dr Albert.Leprince. Éditions Self. Société d’éditions littéraires Françaises. Illustré par Jef de Wulf

 

 

 

 



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