Robida en grand visionnaire n’avait certes pas prévu le classement de ce monument que tout le monde nous envie au patrimoine mondial de l’Unesco, mais il avait comme à son habitude, le don de percevoir dans la folie des hommes et cette boulimie de consommation, l’essor que pourrait prendre publicité et tourisme.
Dans cet immense catalogue qu’est son œuvre phare « Le XXéme siècle », il nous est possible de constater la justesse de ses appréciations quant aux bouleversements que pourrait apporter une certaine forme de conditionnement sur le consommateur : Panneaux publicitaires géants sur les toits de Paris, ballons transatlantiques vantant les bienfaits de telles ou telles marques….l’information est partout ! Je suis toujours étonné lorsque je visionne le « Blade Runner » de Ridley Scott de constater que finalement avec un siècle de décalage, Robida fut un incroyable visionnaire et que beaucoup de nos écrivains et réalisateurs n’avaient rien inventé, ils ne font que reprendre des hypothèses et des thématiques existantes depuis fort longtemps.
La touche humoristique qui le distingue toujours de ses contemporains, fait toutefois la différence, et si un certain ton enjoué est toujours de mise, le message reste malgré tout, toujours aussi percutent.
Ainsi cette aquarelle inédite de l’artiste intitulée « Le Mont St Michel au péril des ingénieurs et des hôteliers » conserve t-elle toute sa puissance évocatrice, une merveille qui ne cesse de nous fasciner mais qui n’échappe pas aux idées mercantiles d’une société en pleine mutation. Sur cette vue d’ensemble, tout semble être fait pour le touriste et son confort : Gare, aéroport, cinématographe, usine électrique, palaces, tennis club….rien n’est laissé au hasard. Si le regard amusé de Robida est souvent débordant d’une certaine légèreté à l’encontre des vacanciers en mal de dépaysement (rappelons nous sa célèbre « arrivée des énervés » dans « La vie électrique ») il n’en demeure pas moins concerné sur les répercussions écologiques que pourraient avoir de telles dérives.
Une fois de plus une œuvre brillante et pleine de cette poésie naïve mais toujours lucide d’un homme qui se pose sans contexte comme un des plus grands visionnaires de la fin du XIXéme siècle.
Illustration provenant du N°6 de la revue « Le Téléphonoscope » Dessin Aquarellé inédit présenté au salon des humoristes en 1910
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