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Archive pour mai 2012

« L’avion Fantôme » de Luc D’Harcourt

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« L’avion fantôme » de Luc D’Harcourt. Editions de l’essor.1942

 

Le monde de l’aviation est en émoi…Depuis quelque temps en effet de nombreux aviateurs disparaissent sans laisser de traces. Le produit du hasard, une malédiction ? Tous se volatilisent de la plus mystérieuse des façons. Un jour pourtant un message des plus stupéfiant se fait entendre sur la radio nationale. Un des infortunés pilote a envoyé un message, il s’agit du Norvégien Hans Norch, affirmant qu’il allait bien, qu’il se trouvait à un endroit qu’il lui était impossible pour le moment de révéler et que bientôt, il retournerait parmi les siens, porteur d’une importante nouvelle.

De son coté Allain Marvent, jeune et fougueux inventeur et pilote hors pair, décide en compagnie de son mécanicien Bob Claes et de son second et ami Robert Fournier, de joindre Buenos Aires au commande d’un appareil des plus révolutionnaire. Mais le voyage ne se passe pas comme prévu et sont forcés par une mystérieuse panne, de se « poser » en plein océan Atlantique. Après avoir embarqué dans un canot de sauvetage, fort heureusement le groupe est récupéré au bout de quelques jours par un sauveteur des plus inattendu. Inconscient au moment des faits, ils se réveillent dans une étrange structure qui n’est autre que le repère sous-marin du professeur Natzen : « Ile d’or »

Ce génial inventeur est un philanthrope ne voulant que le bien de l’humanité et lorsqu’il construisit cette forteresse sous les flots, il ne se doutait pas que son plus fidèle assistant ourdissait dans l’ombre un plan machiavélique. A peine remis de leurs émotions notre trio se trouve ainsi devant le maître des lieux qui leur propose un bien étrange marché. S’ils acceptent de l’aider dans sa lourde tache, il leur promet de les libérer et de les rendre à celles et ceux qu’ils aiment. Le projet du professeur est tellement grandiose qu’ils n’hésitent pas un seul instant. La visite de cette merveille technologique peut alors commencer, en compagnie d’un invité surprise, Hans Norch qui fut lui aussi secouru il y a quelques semaines par ce généreux scientifique. Bien évidemment Natzen est accompagné de sa fille qui n’a d’yeux que pour le beau et ténébreux Allain.

Il leur explique que lorsqu’il a « mystérieusement » disparu il y a quelques années avec sa fille, c’était pour mette à l’abri des convoitise, sa toute dernière et géniale invention. Il s’est donc installé dans cette « retraite inaccessible des hommes » afin de mettre à projet une formidable entreprise, celle de récupérer le plus grand nombre possible de trésors sous-marins. Pour cela il fit construire divers appareils de plongée  avec un alliage léger et très résistant de son invention le « Ferro-electrum ». Sorte de tanks aquatiques, d’une grande maniabilité, ils peuvent intervenir à des profondeurs incroyables. Cette panoplie des plus innovante se complète avec un équipement de scaphandres spéciaux pouvant eux aussi résister à de grandes pressions. Mais le « clou » de cette cité sous la mer est sans nul doute ce qu’il appelle « ses chevaux de bataille »  deux engins volants équipés chacun d’un turbo moteur alimenté par décomposition « intra-atomique » et capables de voler à 1300 Kms/h à une altitude de 18000 mètres. Le plus grand des appareil peut emporter à son bord une cloche sous marine pouvant être larguée au dessus de la mer afin d’intervenir si besoin est, de manière plus rapide et efficace.

Toute cette structure étant la convoitise d’un ennemi redoutable et impitoyable, un puissant système de radar protége l’ensemble du territoire et de redoutables canons électriques sont disposés en batterie, prêts à intervenir dans les plus brefs délais. Car cette technologie, comme nous le précision au début, est source de convoitises de l’ingénieur avec lequel il a collaboré sur ce chantier colossal. Un jour en effet, cet « ami » fidèle, las de récupérer des trésors pour en faire profiter des œuvres caritatives et les ambitions personnelles de Natzen,  s’est enfui à bord d’un de ses tanks, avec la totalité des richesses accumulées et a construit sa propre base sous marine avec toute une bande de gibiers de potence et de malheureux naufragés. Inventeur de son coté d’un rayon capable d’immobiliser les moteurs des avions et des bateaux, il ne lui restait plus qu’à faire prisonnier les malheureuses victimes et de les exploiter sous de viles menaces. D’où la mésaventure de nos héros qui furent par miracle récupérés par le « bon » coté de la, force…

Va s’en suivre une lutte de pouvoir avec combats au fond des océans, Robert Fournier sera capturé par le fourbe ingénieur mais sauvé par son ami Allain suite à une manœuvre d’infiltration dans la forteresse adverse, des plus audacieuse. Sur place, le pilote va se faire un allié précieux, qui lui permettra de s’évader à son tour, non sans avoir préparé un plan de destruction de cette antre du mal et de la perversion. Au final, après un expédition de retour assez mouvementée ou nous assisterons à un combat avec une pieuvre géante, bizarre comme idées non…, tout le monde se retrouve sain et sauf dans la fameuse « Ile d’or ». Nantzen conscient qu’un telle technologie est beaucoup trop dangereuse pour une humanité cupide et destructrice, préfère détruire le travail de toute une vie, non sans avoir donné la possibilité à nos captifs volontaires de quitter son repère à bord de l’un de ses appareils et d’avoir accordé la main de sa fille à cet homme si courageux. Lui, préfère retourner à l’anonymat, de toute façon tout le monde le croit mort et comme cadeau d’adieu cède à notre intrépide équipée deux coffres contenant une fortune en or et pierres précieuses des plus confortables.

Comme quoi, tous les savants ne sont pas des êtres malfaisants et méprisables.

 

Une histoire des plus classique avec, une fois n’est pas coutume, un « gentil » savant et un projet des plus ambitieux, celui de récupérer les trésors engloutis sous la mer. La science au service d’un chercheur de trésor, voilà une idée pas banale. Cette thématique d’une forteresse sous marine construite à un telle profondeur afin d’échapper à la convoitise des hommes, me rappelle un peu un autre roman de Jean Bonnery « Les chercheurs de trésors » analysé sur ce blog, sauf que le savant de cette histoire avait des intentions plus belliqueuses, à l’image de l’ingénieur ami de Nantzen qui retourna sa veste à des fins plus personnelles. Le plus drôle dans cette histoire, c’est que le titre du roman de Luc D’Harcourt « L’avion fantôme » est un peu usurpé, car ici point d’appareil « fantôme », si ce n’est l’une des inventions du professeur et dont la fonction est assez clairement définie, mais en aucun cas ne venant hanter les immensités de l’océan. Probablement un titre accrocheur afin d’attirer un jeune public en mal de sensations fortes.

Cet éditeur Belge publia au moins deux autres titres relevant de notre domaine :

- « La prison sous l’océan » de R.H.Jacquart

- « Le pharaon des Andes » de Florent Vollois

 

 

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« Le Pont Sur L’abîme » De George R.Stewart

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« Le pont sur l’abime » de George R.Stewart. Editions Hachette.1951. Jaquette illustrée couleur de Couronnes. Réédité en 1981 chez Robert Laffont collection «Ailleurs et demain Classiques» N°17

 

Ish est un jeune Améri­cain qu’une épidémie quasi mondiale a par miracle épargné. Le voilà seul parmi les maisons et sur les routes, libre d’utiliser à son gré le courant que débitent encore les centrales hydrauliques, les stocks de farine et d’acier. Seul aussi en face des animaux et des plantes qui reprennent leurs droits. La vie est désor­mais facile… et menacée de toutes parts.

Ce sont en réalité toute son énergie, l’habileté de ses mains et les ressources de son cerveau qu’il va lui falloir mettre en œuvre. Celles de son cœur, aussi, car une femme, Em, devient bientôt pour lui «la» femme par excel­lence. Sur ces nouveaux Adam et Eve repose le destin de la race humaine. Ish est « un pont sur l’abîme »

Guidés par l’étonnante imagination de l’auteur, à la fois sensible et scienti­fique dans sa minutie, nous suivons pas à pas les détours, les surprises, les joies et les peines d’un héros dont la destinée est exceptionnelle entre toutes…

Un roman Post-cataclysmique des plus passionnant longtemps introuvable dans son édition Française originale et qui fut fort heureusement réédité dans la fameuse collection « Ailleurs et demain classiques ». Agrémenté d’une très intéressante et érudite préface de Remy Maure

 


 «Je tiens ce livre pour le meilleur roman de science-fiction. Je crois qu’il s’agit d’un des meilleurs romans jamais écrits.
 Parce que George Stewart y a traité l’un des plus stupéfiants sujets qu’il soit possible d’imaginer : la mort et la résurrection de l’humanité.
Dans ma propre carrière, ce livre a été un point de repère majeur. Pour moi, cette œuvre a la simplicité et la grandeur d’une chaîne de montagnes. Installés sur la plaine de la science-fiction ordinaire, nous portons le regard dans cette direction pour la première fois… et plus jamais nous ne pouvons nous satisfaire de cet ordinaire parce que cet exemple nous a démontré que de pareils sommets pouvaient être atteints.
Un roman dont l’impact demeure entier au bout de vingt ou trente ans a bien mérité sa qualification de chef-d’œuvre.
Je témoigne, persiste et signe, que ce livre en est un.
John Brunner

 

 

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« La Découverte De L’oncle Pamphile » de Marcel Jeanjean: Une Dystopie A L’usage Des Enfants!

« La découverte de l’oncle Pamphile » Texte et Dessins de Marcel Jeanjean. Librairie Delagrave. 64 pages.1931

 

Robert et Jacqueline, neveu et nièce du célèbre Professeur Pamphile, viennent passer un séjour dans sa maison de campagne afin de profiter un peu du bon air. Leur oncle est un personnage illustre qui impressionne beaucoup le jeune Robert, voyant en lui un homme un peu trop sérieux. Hélas un problème va se poser rapidement pour les deux enfants : Que faire pendant ces trois semaines pour se distraire un peu? Ils vont donc entamer une exploration en règle de la vieille maison et, malgré les avertissements de leur oncle, vont pénétrer dans la bibliothèque, attenante à son laboratoire. Les titres des ouvrages font tourner la tête des enfants, que des livres sérieux et pénètrent illico alors dans la petite pièce attenante et… interdite. Toute une théorie de manettes et d’ampoules multicolores s’offre à leurs yeux émerveillés et de curieuses machines attendent ici bien patiemment que le maître des lieues vienne leur donner un ultime commandement. Robert, apercevant un appareil ressemblant à une T.S.F dicté par une curiosité toute légitime,  en tourne un des boutons, histoire de mettre un peu de musique et de gaîté dans cet endroit des plus austère. Mais le résultat n’est pas à la hauteur de son attente, un bourdonnement sourd se fait attendre, une étrange lumière envahi le laboratoire , ils se sentent tout à coup sous l’effet d’une immense torpeur, leurs yeux se ferment…ils s’effondrent !

Fort heureusement l’évanouissement n’est que passager et ils se réveillent avec leur oncle à leurs cotés qui leur annonce la « bonne nouvelle » : ils sont hors de danger mais viennent d’effectuer un bon dans le futur. La machine actionnée par Robert à libérée ses fameux « rayons ultra Z-W » et ils ont désormais à Paris en l’an 2350. Panique sur le visage de nos jeunes amis, mais l’oncle Pamphile les rassure il leur sera possible de retourner dans « leur passé » grâce à une autre machine qu’il a emporté avec lui et libérant quant à elle les « Rayons infra Z-W ». Très pragmatiques, les enfants veulent profiter de l’aubaine, puisqu’il leur est possible de repartir comme ils le souhaitent, et visiter un peu ce monde du futur. Pamphile hésite pour finalement leur accorder une seule et unique journée.

C’est alors un monde bien étrange qu’ils découvrent, un monde où la lune est colonisée depuis longtemps mais habitée par des gens peu fréquentables. Notre belle capitale est complètement métamorphosée. Une foule immense, habillée de manière uniforme, se presse dans les rues réservées aux piétons. Car la circulation très dense, possède ses propres artères afin d’éviter tout accident. Véritable fleuve mouvant, large de plus de cent mètres où se pressent des véhicules d’une grande rapidité. Les gens habitent dans des tours immenses et dans le ciel il est possible d’apercevoir, suspendus à des câbles, des véhicules de transports publics semblables à des obus. Un ballet incessant d’immenses appareils, zèbre le ciel de leurs rapides trajectoires.

Mais il est l’heure d’aller manger et d’aller goûter la gastronomie du futur. Les restaurants n’existent plus il faut se rendre à « La clinique de gastrothérapie ». On y mange un plat unique, le bifteck synthétique. Avant le repas le client doit se peser et si par mégarde à la sortie son poids dépasse le volume réglementaire : Amende ! Après avoir placé un curieux petit appareil au creux de votre estomac, un médecin vous prescrit les éléments essentiels dont vous avez besoin. Les repas se prennent dans une salle commune d’une tristesse affligeante. Les enfants apprennent que certains aliments ont complètement disparus et qu’il faut être extrêmement riche pour consommer certaines de ces denrées. Pour boire du champagne par exemple il vous faut aller sur Saturne, planète à la limite des zones interplanétaires. Donc sur terre, l’eau radioactive est la boisson nationale.

Le temps passe et les vingt quatre heures accordées par le généreux tonton défilent à une vitesse prodigieuse. Il est temps de se diriger à la station d’Aéro-bolides la plus proche. Avec le métro aérien, ce n’est qu’une simple formalité. Arrivés devant leur transporteur aérien, c’est la stupéfaction générale. Décrit comme « une aile parabolique épaisse ». Désigné sous le nom de « Aile volante » elle est abondamment pourvue de panneaux vitrés qui permettent de voir largement en avant. Plusieurs batis-moteurs surmontent l’aile habitable et portent une énorme hélice à quatre pales à chaque bout. IL y en a au total dix à l’avant et autant à l’arrière. Le décollage se fait au moyen d’une gigantesque catapulte. Même procédé à l’atterrissage où l’énorme appareil par un système de radio guidage se pose sur un chariot spécial. Comme l’appareil ne peut se faire escale dans toutes les villes, les passagers désirant descendre prennent un planeur utilisant le recul d’un explosif pour aller dans un sens ou dans l’autre et pour freiner la descente. Il est ainsi possible de descendre d’un avion en vol à quinze mille mètres de hauteur et atterrir sur la terrasse même de la maison que l’on habite. Les passagers seront alors équipés d’un casque respiratoire.

Les enfants sont enthousiastes devant une telle technologie mais le professeur modère leur exaltation car voilà un agent de « la sévérité publique » qui veille au bon ordre à bord. En effet il existe un procédé répartissant à l’année les sentiments des citoyens,évitant tout débordement des humeurs : Minute de rire, minute de bonté, minute de gravité, de méditation, de poésie, de rêve….en dehors des moments fixés tout signe sortant du cadre obligatoire sera sévèrement puni : prison ou amende. Pamphile rassure le fonctionnaire :

«  Ces enfants sont des indigènes d’une planète encore peu connue et j’ai précisément la charge de les éduquer »

Ouf !

L’appareil prend de l’altitude et c’est une capitale méconnaissable que contemplent les enfants. Tous les célèbres monuments ont disparus : Tour Eiffel, Louvre les tuileries, Notre dame…Tout a été déplacé en Amérique sur la « voie triomphale ».

Brusquement Jacqueline s’affole, un lot de bombes vient d’être largué de l’appareil…Son oncle la rassure c’est le service de la poste qui expédie le courrier par obus spéciaux. Voilà notre passagère des plus rassurée.

Le voyage se poursuit ainsi et nos voyageurs du temps n’ont pas le temps de souffler une minute. De leur poste d’observation, ils assistent au départ d’un « Obus de transport interplanétaire de la compagnie générale d’astronautique » société qui assure des départs réguliers pour toutes les planètes de notre système solaire.

Leur appareil prend de plus en plus de l’altitude, permettant de mesurer l’importance de la superficie de la toute nouvelle capitale. Pamphile en profite pour faire un peu d’histoire et apprendre à ses enfants que la France est intégrée à la « Confédération Européenne » Notre pays à d’ailleurs diminué en superficie et fut victime de nombreuses guerres « chimiques et bacillaires ». La dernière en date est celle de 2308 ou « Guerre de la paix » :

« Alors, des confins de la Poméranie, surgit un dictateur inattendu : le major Von Säbel, qui marcha sur Genève à la tête d’une armée d’agents de police et de gymnastes qui avaient suive des cours à l’école de guerre de Postdam. Ce sont les successeurs de Von Säbel  qui tiennent encore aujourd’hui dans leurs mains de fer le sort de la confédération »

Petit problème cependant. La confédération est une association libre de tous les anciens peuples, avec cette seule restriction que celui qui la quitte est instantanément mis à la raison par les gaz asphyxiants et les bombes chimique de l’aviation et de l’artillerie fédérales des descendants de Von Säbel.

Les deux enfants deviennent de plus en plus perplexes sur les bienfaits de cette société moderne et soi-disant évoluée » : L’homme a t-il vraiment progressé vers un avenir Radieux ?. L’avion pendant ce temps poursuit sa vertigineuse ascension pour atteindre la stratosphère. Le professeur en profite pour leur expliquer que, en raison des difficultés à alimenter un moteur à explosion à une aussi haute altitude, l’avion fonctionne à l’électricité, alimenté par un système Télémécanique. 

« Des usines électriques sont ancrées à divers endroits sur les océans et plongent à de grandes profondeurs où les différences de température créent une circulation d’eau dont l’énergie mécanique est transformée en énergie électrique. La source en est inépuisable. Ces centrales électriques diffusent à travers l’espace des ondes qu’il suffit de capter sur des récepteurs télémécaniques appropriés pour faire marcher toutes les mécaniques que l’on veut »

A présent l’altitude de l’appareil est beaucoup trop importante et afin de contempler le paysage extérieur défilant sous leurs pieds, il est nécessaire d’utiliser des écrans de téléviseurs. Tout en bas sur une mer immense, évoluent de curieuses machines à l’aspect sphérique. En 2350, tous les bateaux ont disparus, pour laisser place à de singuliers rouleurs marins à chenilles. Ils sont constitués de larges bandes à aubes qui tournent rapidement et dont le mouvement entraîne ce bizarre cargo à vive allure. Eux aussi captent dans l’espace l’énergie dont ils ont besoin.

Mais voilà que les cotes américaines apparaissent brusquement. Le ciel est encombré d’avions qui circulent en longues files serrées. A l’approche de New- York Jacqueline s’exclame :

« Où est donc la fameuse statue de la liberté ? »

Pamphile de lui répondre doucement

« La liberté a été supprimée, mon enfant ! »

Les enfants assistent aux départs de quelques planeurs et demandent avec empressement si l’avion va atterrir avant la nuit :

« Avant la nuit ? Mais vous ignorez donc qu’il n’y a plus de nuit sur le continent Américain ? »

Décrétant que certaines populations « inférieures » n’avaient nullement besoin des bienfaits de cet astre magnifique, des scientifiques bloquèrent la rotation de la terre de façon à « immobiliser » le pays face à son rayonnement perpétuel. Comme la confédération Européenne se trouvait hélas dans la zone d’ombre, elle fit un contrat avec l’Amérique afin de recevoir par réfraction douze heures de soleil de façon quotidienne. Une grande partie de l’Asie se trouve ainsi pongée dans une nuit perpétuelle, seulement éclairée à l’électricité, mais de toute manière la quasi totalité de ces pays sont propriétés des Etats-Unis….Et le professeur de leur expliquer la fameuse doctrine de Monroë qui vit le jour en 2180. Celle-ci se base sur le principe du professeur de géologie W.Fancyfull qui prouva à l’époque que le continent américain rejoignait le continent Asiatique par les mers immergées au fond du Pacifique et qu’en réalité tous les autres continents se trouvaient ainsi naturellement rattachées à l’Amérique par le fond des mers » : Pourquoi limiter au rivage des océans les terres américaines ?… Impossible d’aller à l’encontre de théories aussi évidentes !

Brusquement, voici qu’apparaît sur les écrans « La voie triomphale »., une longue avenue bordée de monuments les plus célèbres  placés les uns à coté des autres, soit 4500 kilomètres allant de Washington à San Francisco. Le transport de ces volumineux édifices se fit au moyen de gigantesques transporteurs à chenilles.

A peine eurent-ils le temps de s’émerveiller devant cette succession de bâtiments prestigieux que l’aile volante fait une terrible embardée, pour plonger à une vitesse folle…Malheur, les chinois de l’usine flottante leur envoyant les ondes électriques viennent de se mettre en grève, le courant est brusquement coupé ! C’est la chute libre à plus de dix-huit mille mètres de hauteur. Le capitaine fait signe qu’il n’y a plus rien à faire, c’est la mort imminente ! Alors Pamphile fouille précipitamment dans la poche de sa veste pour en sortir la machine à rayon « Infra W.Z ». « Fermez le yeux, fermez les yeux ! » leur cria t-il.

Les voilà revenus dans notre bon XXéme siècle, au milieu d’un champ. Ils croisent une fermière qui porte un volumineux panier dont le contenu des cerises, est des plus appétissant…Bigre ! C’est qu’ils ont faim. Ils savourent alors avec délice les fruits gorgés de sucre et de soleil en pensant avec répulsion à cette horrible viande synthétique. Pamphile se met alors à courir, à gambader dans cette nature si généreuse et se met à cueillir des fleurs, lui le scientifique pur et dur qui ne jurait que par les formules mathématique. De retour dans sa maison il se précipite vers son laboratoire et se met à tout détruire. Est-il devenu fou ? Bien au contraire affirme t-il, il ; vient de retrouver la raison. Il réalise enfin qu’avec son invention il venait d’ouvrir une porte vers un futur des plus horrible. Le comportement de ses petits enfants face à ce monde terrible l’a profondément ému : « L’arbre de la science, voyez-vous mûrit de beaux fruits, mais il ne faut y mordre qu’avec précaution ».

Ainsi l’illustre professeur va-t-il désormais aspirer à une vie plus simple, proche de la terre et de l’amour de sa famille.

 

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Une Dystopie à l’usage des enfants

 

Un texte des plus amusant qui fourmille d’inventions aussi farfelues les unes que les autres. En rédigeant ce texte, magnifiquement illustré, l’auteur nous livre ainsi une vision des plus désespérée d’un monde futur où, par souci  de nivellement, la société est totalement uniforme, privée de sentiments et de son propre sens critique. Nous ne sommes pas loin finalement de l’univers de « Big Brother » de Aldlous Huxley, une sorte de dystopie à l’usage des enfants. Car le texte est bien adressé à des enfants avec l’archétype du savant fou et de ses deux neveux qui vont nous servir de guide dans ce futur des plus angoissant où tous les poncifs de l’époque vont défiler à une vitesse folle, tel un inventaire à la Prévert. L’auteur  passe alors en revue les différentes thématiques du genre où avancées technologiques, société, moyens de transport, alimentation…seront détaillés avec un certain sens de l’humour. Une dénonciation d’un modernisme effréné avec une marche impitoyable du progrès qui balaye tout sur son passage sans avoir le moindre petit regard de compassion sur une humanité soumise et conditionnée. Il est d’ailleurs assez curieux de relever dans les propos de l’auteur un anti-américanisme des plus virulent, n’hésitant pas à montrer du doigt un pays dominateur dont la puissance écrase de son influence énorme, une grande majorité de pays. L’auteur nous décrit ce peuple comme impitoyable, orgueilleux s’annexant sans vergogne des terres lointaines sous le prétexte d’une doctrine des plus suspecte.

Chaque page, que dis-je, chaque ligne est le moyen de trouver une invention des plus ahurissante, avec ce ton volontairement détaché, proche de la caricature. C’est un des textes du genre le plus pessimiste qu’il nous soit possible de lire, à ranger aux cotés de celui de Claude Farrère « Les condamnés à mort », « Un monde sur le monde » de Perrin et Lanos, « L’age alpha ou la marche du temps » de Jean marie Gerbault.

Le résumé dont je viens de vous donner un petit aperçu est loin de retranscrire toute la richesse d’un roman qui, et il est important de le repréciser, était adressé à des enfants en bas âges, ce qui fait que, comme nous le précise Jacques Van Herp dans son « Panorama de la science fiction », ce roman pourtant un des plus inventif passa complètement à la trappe et ne sera que peu souvent cité en exemple (peut-être également en raison de sa rareté).

Le seul point noir à cette fable « anti-progrès » est le ton volontaire ou non employé à l’encontre des pays étrangers. Je n’ai pas réussi à déterminer si cette xénophobie était purement contextuelle, provenant d’un racisme virulent qui se serait développé dans notre futur où si l’auteur exposait ici sa propre vision à l’encontre des populations de couleurs .Je cite :

« C’est un négre ? »

« Il n’y a plus de négres. Un accord diplomatique, appelé la « charte d’égalité », signé à Genève en l’an 2000, les a supprimés .On a procédé depuis à la dépigmentation en grand de l’épiderme de toutes les races de couleur.»

Le problème c’est que l’auteur, par la voix de Pamphile ne prend aucune position sur cet acte des plus barbare. Il en est de même pour les habitants des pays Asiatiques avec un positionnement des « blancs »  quelque peu dominateur.

Reste fort heureusement dans cet ouvrage des plus foisonnant, des planches couleurs qui sont un véritable régal pour les yeux et l’on comprend l’intérêt des collectionneurs pour ce  coup de crayon inspiré de l’artiste et de ses représentations absolument magnifiques d’engins volants. Il faut dire qu’il était prédisposé à ce genre d’exercice, en effet Marcel Jeanjean fut pilote de reconnaissance en 1917 puis devint peintre officiel du département de l’air.  Sa carrière d’illustrateur sera en permanence influencée par son goût pour les avions, en particulier  pour les machines comme en témoigne sa série phare, « Les aventures de Fricasson ». Celles-ci narrent les exploits d’un jeune globe trotter accompagné de son chien dont au moins une des aventures nous intéresse « Fricasson découvre l’Atlantide »

Le professeur Pamphlegme à d’ailleurs une forte ressemblance avec un autre héros de Marcel Jeanjean, le Professeur Cornibus que l’on retrouve dans l’album « Les fantastiques aventures de Cadet et Cadette dans la planète Mars » dans cette palpitante aventure il sera accompagné de Cadet et Cadette découvrant une planète Mars utilisant les robots comme esclaves.

Un album en images des plus merveilleux, un ouvrage « pour enfant » que je me devais de vous faire partager, non seulement pour sa richesse thématique, mais pour la beauté des illustrations au trait si épuré et si naïf mais qui relève d’une grande qualité de composition.

 

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Dossier Illustrations: « Les Samouraïs Du Soleil Pourpre » de Albert De Bonneau

 

Avant de consacrer un article sur le « péril jaune » avec la mise en ligne d’un texte édifiant paru dans la revue « Je sais tout » N° 2 du 15 Mars 1905 et intitulé « Le péril jaune », abordons cette thématique par l’image avec une des sagas la plus célèbre dans le genre et rédigé sous la plume de Albert Bonneau. Roman d’aventure scientifique par excellence, subtile alchimie d’action, de courses échevelées, de trahisons, de morts violentes, d’inventions extraordinaires, de guerres futures…tous les ingrédients qui firent le succès des auteurs populaires des célèbres éditions Ferenczi.

Je vous laisse découvrir les magnifiques couvertures de Maurice Toussaint ou sa plume inspirée parvient à merveille à retranscrire toute la magie et le charme des illustrations d’antan.

Il existe deux présentations de cette série en six volumes aux titres les plus évocateurs

En livraisons individuelles :

-  1 « Les Samouraïs du soleil pourpre » éditions Tallandier « Voyages lointains Aventures étranges » N°31.1928.

-  2 « Les mystères de Chinatown » éditions Tallandier « Voyages lointains Aventures étranges » N°34.1928.

-  3 « Les damnés de Sakhaline » éditions Tallandier « Voyages lointains Aventures étranges » N°36.1928.

-  4 « Le trésor du Shogun » éditions Tallandier « Voyages lointains Aventures étranges » N°88.1931.

-  5 « La jonque aux cercueils » éditions Tallandier « Voyages lointains Aventures étranges » N°90.1931.

-  6 « La reine du Hara-Kiri »  éditions Tallandier « Voyages lointains Aventures étranges » N° 92.1931.

 

Les six volumes seront regroupés dans deux cartonnages éditeurs comportant donc 3 fascicules chacun.

 

-  Tome 1 : « Les Samouraïs du soleil pourpre » contenant : « Les Samouraïs du soleil pourpre » « Les mystères de Chinatown » « Les damnés de Sakhaline »   Editions Tallandier 1931.

-  Tome 2 «  Le trésor du Shogun » contenant : « Le trésor du Shogun » « La jonque aux cercueils »  « La reine du Hara-Kiri »    Editions Tallandier 1931.

 

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« Le Rayon Infernal » De Felix Celval

 

« Le rayon infernal » de Félix Celval . Edition F.Rouff, collection « Romans pour la jeunesse ».Fascicule illustré couleur.1935

 

Alors qu’une guerre menace la France, Marcel Cardan ingénieur et inventeur, se rend  au ministre de la guerre afin de proposer une arme redoutable: Le rayon de la mort !

Il s’agit d’un faisceau invisible pouvant à des distances incroyables stopper les moteurs de tout types, avions, tanks, bateaux. Hélas personne ne semble vouloir accorder le moindre crédit à l’invention extraordinaire de ce jeune rêveur, d’autant plus qu’un riche industriel de l’armement, « Fulgur » vient quant à lui proposer toute une panoplie d’armes meurtrières et peu onéreuses. Fort heureusement la menace de tempête s’éloigne, les voies diplomatiques parviennent une fois de plus à calmer les ardeurs des plus belligérants. Cependant, le sinistre Fulgur ayant eu vent de l’invention de Cardan, lui propose d’acheter sa découverte contre une forte somme d’argent. L’ingénieur, certes peu cupide mais pas stupide suspecte le sinistre gredin d’une alliance secrète entre cette compagnie d’armement et une puissance étrangère. Il refuse catégoriquement.

Ne perdant pas courage sur le destin de sa prodigieuse invention, il est alors temps pour lui de songer à équiper les quelques appareils de sa petite compagnie aérienne en vue d’une démonstration en règle. Pour l’occasion, il sera aidé par un assistant malicieux du nom de Zanzi et virtuose de la mécanique ainsi que d’une charmante personne, Giselle secrétaire de Fulgur qui n’hésite pas à fournir de nombreux renseignements concernant son patron car bien évidemment amoureuse du beau Marcel : Rien de pire qu’une bluette dans le domaine de l’espionnage industriel !

 La réussite semble assurée, hélas coup de théâtre, la secrétaire est enlevée, Marcel disparaît et avec sur lui une partie des plans du rayon de la mort et pour clore le tout, histoire d’en rajouter un peu plus, son usine avec les appareils de démonstration est détruite.

Par la suite, jouant la carte du sentimentalisme, Fulgur le fourbe engagera alors Zanzi en lui expliquant avec une incroyable astuce, l’intérêt de poursuivre l’œuvre de son ami sans oublier que tout l’honneur des résultats reviendrait de plein droit à la mémoire de son inventeur. Bien sûr, l’industriel ne possédant qu’une partie des plans dérobés il lui faut pour mener à bien ses projets et ce malgré laide d’un savant Letton (quelle drôle d’idée),Boris Horlevitz, l’assistance du mécano du célèbre inventeur.

Le jour des essais en présence des officiels arrive. Les masques tombent : Horlevitz n’est autre que Cardan, la nouvelle secrétaire de Fulgur si laide, mais tellement efficace vous l’avez deviné est effectivement Giselle. La vengeance sera redoutable! Pour en finir définitivement avec toute l’organisation de l’infâme traître trafiquant avec des pays voisins, Cardan équipe secrètement les appareils de démonstration avec sa toute nouvelle invention: Le « radiardant ». Il s’agit d’un autre puissant rayon pouvant tout incendier à son contact.

Le roman se termine dans une apocalypse de feu et de sang, opposant le « radiardant » à l’artillerie lourde de Fulgur. La victoire ne faisant aucun doute, tans pis pour la délégation officielle, tout finira par la consécration du père du « rayon de la mort » héros national qui épousera Lucienne Morand sur fond de légion d’honneur. La France peut, une fois de plus dormir sur ses deux oreilles.

Quel drôle de petit roman, très court mais plein de rebondissements. Toutes les ficelles du roman d’aventures de l’époque y sont utilisées (sexe, mensonges et beau héros…). Mais ici, elles seront des plus efficaces, certes parfois énormes mais toujours amusantes. Les noms des inventions sont également au top des innovations les plus utilisées dans ce type de littérature : « Rayon de la mort » « Radiardant » sans oublier, petit détail amusant, le très célèbre patronyme: « Fulgur »! Personnellement je préfère celui de la bande à Brasillach qui est tout de même plus sympathique (mon cote patriotique). Par contre ce rayon à arrêter les moteurs change un peu du classique rayon faisant exploser la poudre à distance et nous imaginons la tête des aviateurs privés de leur moyen de propulsion. Encore un mot pour terminer.Dans le roman de Celval, la nationalité pour laquelle travaille le traître français n’est pas précisée, ni jaune belliqueux, ni sale boche, ni sale nègre. Et bien Mr Celval, aurait-on oublié la meilleure ficelle des romans d’aventure de l’époque: la xénophobie….??

 

 

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« Crimes Instantanés: En Pressant Le Bouton Du Mandarin » de Léon Groc

( Non classé )

 

Une petit nouvelle de Léon Groc qui fut rééditée dans le N° 2 bis du « Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique » Elle provient du numéro spécial « Le miroir du monde, Spécial XXXème siécle » de Noel 1933. J’avais déjà eu l’occasion de vous faire le détail de cet hors série des plus riche, tant pour ses illustrations que pour la quantité de textes inédits relevant de notre domaine. Cette nouvelle pourrait être sous-titrée «  La criminalité à travers les ages » car l’auteur y fait état des diverses armes utilisées des origines jusqu’à nos jours, c’est-à-dire le XXXème siècle, où les malfrats font état d’une grande ingéniosité en matière de meurtres et de vols.Le monde est ainsi divisé en deux catégories : « Les destructeurs » et « Les épureurs »…on se croirait en plein « Ninority Report » ! Il est à noter que Léon Groc , y fait un intervenir un personnage illustre , le professeur Clodomir, savant réputé qui fut le héros d’un autre de ses romans des plus intéressant «  Le chasseur de chimère » (France édition 1925).

Un moyen de rendre hommage à ce merveilleux écrivain, qui me révéla le potentiel énorme de ce genre littéraire qui ne cesse de m’émerveiller

Je vous laisse donc en compagnie du narrateur célèbre criminologue dont les découvertes sont des plus surprenantes.

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« Crimes instantanés : En pressant sur le bouton du Mandarin ». Par Léon Groc. Illustrations de Lalande. Pages 37 à 39. 

 

L ‘expert criminaliste bien connu Géo Clonr révèle les moyens subtils dont usent les destructeurs, mais heureusement aussi leur adversaires, les èpureurs.

La criminologie, Messieurs, n’est pas une science nouvelle. Ses origines sont très lointaines. Dirais- je qu’elles se perdent dans la nuit des temps?… Ils existaient des criminologues, en tout cas, dès ce XXème siècle, dont la barbarie ingénue et prétentieuse nous fait sourire.

L’évolution humaine atteignait alors cette période de transition, entre la fin des prétendues civilisations primitives et l’avènement de la société actuelle préparée, réalisée, enfin poussée au plus haut degré de perfection.

De cette curieuse époque, qui s’est terminée par les bouleversements que vous savez, il nous reste des témoignages assez imprécis. Ils s’expriment tous à l’aide des singulières et grossières méthodes qu’employaient nos ancêtres pour transmettre et conserver la pensée. Ces vestiges d’autrefois sont constitués le plus souvent par des feuilles de cette matière nommé « papier », et portant de bizarres signes appelés «caractères d’imprimerie». Les hommes d’il y a 1000 ans les gardaient dans des meubles fabriqués péniblement avec la matière ligneuse des arbres, et qu’ils désignaient sous le nom de «bibliothèques». Des fouilles récentes ont permis également de mettre au jour des disques faits d’une substance dure, brillante et noire, et des rouleaux étroits et longs où sont reproduites, sur une sorte de pellicule transparente, des scènes de la vie de ces temps primitifs. Vous n’ignorez pas qu’elles superstitions s’attachaient à ces objets, où les hommes du XXème siècle s’imaginaient fixer pour toujours les mouvements et les sons.

Ce sont ces divers témoins d’une époque heureusement disparue, qui nous permettent de reconstituer ce qu’était alors la criminologie…

D’après ces documents, donc, on a pu établir que les ancêtres de nos grands criminels obéissaient à de biens étranges mobiles. En ces âges lointains, les hommes se divisaient en deux catégories: «riches » et « pauvres ».

Les « riches » possédaient la totalité d’un lourd métal jaune, aujourd’hui fort commun, et à peu près inutilisable, mais alors très rare, et qui servait à mesurer la valeur des récoltes, des prés, du bétail. Les « pauvres » en étaient démunis. Il est malaisé de réaliser aujourd’hui les sentiments de haine et d’envie qu’engendrait cette répartition inégale des biens de la terre… Comment nous mettre à la place de ces êtres insuffisamment évoluées, et que l’appât d’un fragment de métal jaune jetait dans des transes frénétiques?

Toujours est-il que ce fut pour la conquête de cette fiction que se commirent alors les plus épouvantables forfaits.

Les contemporains des auteurs de ces crimes ne sont d’ailleurs pas unanimes à les flétrir.

Alors que certains sont extrêmement sévères pour un nommé Landru -dont on se demande d’ailleurs si il a bien existé, et s’il n’est pas le même personnage de légende, connu sous le nom de Barbe-Bleue- d’autres décrivent avec une complaisance admirative, les coupables exploits d’un certain Alexandre! On ne tolérerait pas aujourd’hui une si fâcheuse incohérence !

Encore les arrêts de justice étaient-ils assez rigoureux pour les criminels qu’animait la seule soif du métal. Mais de quelle indulgence n’usaient-ils pas pour toute une catégorie de crimes, dits « passionnels »! Il est assez difficile aujourd’hui, de saisir l’étrange mentalité des hommes qui commettaient de tels actes et ceux qui les absolvaient. Qu’est-ce que la «jalousie » -c’est ainsi qu’ils s’exprimaient- sinon une forme de l’égoïsme et une perversion de l’instinct de propriété?

Les armes qu’employaient les meurtriers, en cette ère révolue, n’étaient pas moins étranges que les mobiles qui les poussaient. Vous connaissez tous, Messieurs, ces machines à tirer, d’une simplicité enfantine, que l’on a découvertes au cours de fouilles récentes, et que, les auteurs antiques appelaient «canons » et « mitrailleuses ». Eh bien! si j’ai compris les textes que j’ai sous les yeux, les ancêtres de nos malfaiteurs avaient des canons et des mitrailleuses de poche, nommés «revolver» par les uns, et « pistolets » par les autres, et dont ils usaient pour tirer sur leurs semblables !

Il est fort heureux soit dit en passant, qu’ils aient été pourvus de si médiocres moyens d’action! Autrement avec les instincts féroces qui les animaient, à quels carnages ne se seraient-ils pas livrés !…

Vous souriez, messieurs! Vous pensez que de telles armes n’étaient guère redoutables ! Mais vous oubliez assurément que la police était aussi mal pourvue que les malfaiteurs, et que la médecine et la chirurgie étaient dans l’enfance… Aussi les faibles projectiles lancés par ces armes grossières étaient-ils toujours dangereux, souvent mortel…

Plus tard, au cours des siècles qui suivirent, l’armement des hommes contre les hommes se perfectionna… L’avion ce précurseur de nos trains interstellaires, devint, entre les mains des bandits, un engin efficace, et l’on assista bien souvent à des batailles aériennes entre policier et criminels.

Puis, l’on arriva, après plusieurs siècles encore, à « l’âge des radiations ». C’est là une époque qui nous est mieux connue. Il n’est pourtant pas inutile ici de nous en rappeler les diverses phases.

Les rayons meurtriers et les rayons protecteurs ont été longtemps confondus. Il a fallu de patientes et savantes recherches, poursuivies avec une admirable persévérance dans les laboratoires, pour les discriminer. Les plus simples des hommes savent aujourd’hui produire et utiliser ces rayons.

Mais si l’on se met à la place des premiers hommes qui virent l’un d’entre eux détruire radicalement en quelques secondes, à 1000 kilomètres de distance, la maison de son ennemi, on conçoit qu’ils purent imaginer que ce destructeur incarnait le génie du mal ! Lorsqu’ils pensèrent (et l’événement leur donna raison) que l’on pouvait aussi délibérément abattre une ville qu’une maison, ce fut la grande panique qu’ont enregistrée les historiens…

Nul d’entre vous n’ignore comment les rayons bienfaisants intervinrent pour lutter contre les rayons diaboliques et comment la société put se défendre enfin contre les détenteurs de la nouvelle machine à tuer!

Toutefois, en découvrant le moyen de juguler les émissions malfaisantes, on n’avait pas trouvé celui d’éteindre la haine de l’homme pour l’homme. Et l’histoire des crimes dut enregistrer de nouveaux progrès dans l’art de nuire à son prochain.

Vous avez tous présent à la mémoire -ce n’est pas tellement ancien- l’histoire horrible et merveilleuse de la première application de la désintégration de l’atome en ses éléments primaires. La possession de cette force que nous avons canalisée, à laquelle nous sommes accoutumés, et que nous – employons à des usages industriels et pacifiques, fut alors considéré comme une sorte de prodige.

Libérer des millions de chevaux-vapeur contenus dans une tête d’épingle: quel rêve en ces temps où régnait la plus triste et la plus lourde ignorance! Vous savez tous comment cette énergie fut tout d’abord mise au service du mal, et comment un prestigieux bandit prétendit l’utiliser pour asservir le monde, et faillit réussir!…

Cette année 2933 a été marquée par une diminution des méfaits constatés au cours des années précédentes, mais aussi par l’éclosion d’une nouvelle manifestation des mauvais instincts de l’homme, encore si imparfait, hélas! Malgré l’évolution de notre civilisation moderne.

Les « voleurs d’intelligence » ont été moins monstrueux et moins audacieux que naguère. On signale pourtant la mésaventure arrivé au professeur Clodomir, qui, au milieu d’un cours en Sorbonne s’est trouvé subitement aussi inculte, aussi nul, aussi ignorant qu’un nouveau-né.

Il a émis quelques vagissements inarticulés, s’est mis à sucer son pouce avec une sorte de sensualité ingénue, tandis qu’il tendait avec convoitise sa main libre vers le crâne chauve de son préparateur, qui brillait sous la lampe et qu’il prenait pour une boule…

Un auditeur, cachant sous son vêtement, un appareil capteur de rayons psychiques, avait profité d’une distraction du savant professeur, pour lui dérober, d’un seul coup, toute son intelligence et tout son savoir!

Le commissaire de police de la région a ouvert aussitôt une enquête et a pu arrêter le voleur avant qu’il ait utilisé son butin. Le professeur Clodomir est rentré en possession de son bien moral…

Des tentatives analogues ont été faites en diverses villes, à l’aide de ce même appareil de captation des ondes cérébrales. Mais la plupart ont échoué, grâce au casque protecteur, impénétrables aux rayons externes, et que vient de mettre au point un inventeur au service d’une police admirable, à laquelle il faut rendre cet hommage qu’elle s’efforce de prévenir les crimes avant même de songer à les réprimer.

Messieurs, je vous remercie des applaudissements que je viens d’entendre, et qui s’adressent, non à l’orateur, mais à ceux dont il fait l’éloge mérité.

Toutefois, il faut bien enregistrer, à l’actif des malfaiteurs, un «vol d’affection », à la suite duquel une mère a cessé d’aimer son enfant pour chérir celui d’une autre femme… Est-il plus grand forfait que cet affreux rapt de l’amour maternel?

On signale encore un menu, mais étrange larcin, qui relève, cette fois des lois de l’optique plutôt que celle de la psychique: un fantaisiste a dérobé l’ombre de son voisin, uniquement par tracasserie, et pour lui jouer un mauvais tour!… Car, enfin, quel usage le larron ferait-il de deux ombres? Une sévère admonestation du commissaire au délinquant a suffi pour convaincre celui-ci de la stérilité de sa stupide plaisanterie, et il a restitué l’ombre qu’il détenait indûment!…

Mais j’en arrive, Messieurs, à une nouvelle forme, bien alarmante en vérité, de méfaits, qui a été constatée tout récemment, et contre laquelle il paraît bien difficile de sévir.

Et, cependant, si l’on trouve le moyen d’y parer, il faut s’attendre à une effrayante épidémie de crimes! Plusieurs citoyens de notre fédération terrestre se sont plaints d’être l’objet, de la part d’inconnus, de singuliers sévices. On les dépouillerait peu à peu de leur personnalité, de leur « moi », pour faire d’eux des sortes de machine vivantes au service de leurs persécuteurs. Un certain nombre d’humains seraient déjà ainsi entièrement « dépersonnalisé », et n’auraient même plus le pouvoir, ni la volonté, de protester.

Ceux qui nous ont adressé des plaintes ne sont qu’au début de cette « dépersonnalisation ».

Le danger est grave, messieurs, d’autant plus grave que les méthodes les plus modernes d’investigations policières sont demeurées vaines, jusqu’à présent du moins.

On a employé sans succès le procédé des « empreintes morales ». qui a remplacé depuis longtemps la préhistorique méthode des empreintes digitales, qu’utilisaient les ancêtres de nos détectives.

Cette anthropométrie psychique n’a rien donné. Les persécuteurs sont restés inconnus. Et c’est au point qu’on se demande s’il ne s’agirait pas d’habitants des planètes voisines, qui prétendraient ainsi coloniser la Terre!

Je ne veux pas terminer sur cette note pessimiste. Je veux espérer de tout mon coeur -et vous luire partager cette espérance- que la science sauvera une fois de plus la société humaine et la civilisation terrestre. C’est sur ce voeux que je conclus ce modeste et incomplet exposé.

Léon Groc

 

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« Machine à Peindre »: La Science Au Service De L’art !

 

Le thème de la peinture reprenant vie ou de personnages projetés dans un tableau vivant est en général un sujet essentiellement abordé en littérature fantastique et nous citerons pour exemple des textes aussi fameux que ceux de Hoffman « Le peintre de l’église des Jésuites » récit publié dans les Contes Nocturnes en 1817, « Le chef d’œuvre inconnu » de Honoré de Balzac (1832),« Le portrait » de Nicolas Gogol (1840) « Le portrait ovale » de Edgar Allan Poe (1842), , « Le portrait de Dorian Gray » de Oscar Wilde (1890), « Le portrait du mal » De Graham Masterton( 1985). Bien souvent il s’agira de spectres ou de fantômes et donc n’impliquant aucune utilisation de machines ou d’inventions révolutionnaires. De toute évidence le propos fut des plus utilisé dans les littératures de l’imaginaire et la quantité des textes existant nous prouve la fascination qu’un telle thématique exerçait sur les auteurs.

Dans le domaine de l’anticipation ancienne comme celle beaucoup plus récente d’ailleurs, rares sont les auteurs ayant utilisés cette thématique Dans le précieux « Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique » Philippe Gontier admirable érudit et rédacteur de l’excellent « Boudoir des Gorgones » nous cite « La fameuse machine à peindre » de Franz Von Stuck dont l’auteur nous fit une description et une fort belle caricature dans la revue Munichoise « Fliegende Blätter » en 1888. Illustration et texte qu’il vous sera possible d’apprécier à la fin de cet article

Mais cette « machine à peindre » connu une antériorité puisqu’en se référant toujours au même bulletin, il est possible de relever dans son numéro 4 (Octobre 1990) un petit article de Guy Costes nous rapportant la couverture du « Journal amusant » (N° 598,15 Juin 1867) sur lequel il est possible d’admirer une couverture d’Albert Robida et intitulé « L’exposition !!! ». Détail des plus « amusant » il est possible d’apercevoir dans le coin inférieur gauche une curieuse machine à peindre.

Selon les sources de notre ami grand spécialiste entre autre des « Terres creuses » cette thématique sera également traitée par Carsten Raven dans un dessin publié dans le « Pêle-mêle » N°39 du 25 Septembre 1904 et intitulé « Toujours le progrés »

Par contre, il n’est pas fait état d’une autre invention, toujours du génial Robida et que l’on retrouve dans une de ses œuvres phares : « Le XXemé siècle ». En effet dans le chapitre 4 et intitulé « Photopeintres et ingénieurs », agrémenté d’un planche des plus évocatrice « « Les photopeintres au Louvre »,l’auteur nous livre un descriptif non pas à proprement parler d’une « machine » à reproduire les toiles, mais d’un ingénieux système photographique reproduisant à l’identique une toile réputée. Voici la description qui nous en est faite :

« Les progrès de la science ont permis de supprimer à peu près complètement l’usage de la palette et du pinceau. Sauf quelques retardataires obstinés, les peintres ou plutôt les photopeintres collaborant avec la lumière électrique ou solaire ; ils obtiennent ainsi presque instantanément de véritables  merveilles en photopeinture sur toile, carton, bois ou peau d’âne ; des reproductions fidèles, soit de tableaux célèbres, soit de modèles vivants habilement groupés. Grâce à  cette rapidité d’exécution, une toile comme les Noces de Cana dont l’original, entre parenthèses, a dû demander un temps prodigieux à Paolo Caliari dit Véronèse, reproduite en grandeur de modèle, peut être livrée au public pour la faible somme de 99 Francs 95. »

Voici donc une invention qui permettre à tout un chacun de posséder chez lui un tableau réalisé par les signatures les plus prestigieuses. En popularisant de la sorte l’accès à une culture universelle, les riches devront se payer le luxe de nouvelles manies de collectionneurs pouvant échapper à la marche inexorable de la science. Mais Robida était un grand idéaliste dont la satyre voulait mettre un point final à cette bourgeoisie voulant affirmer sa différence et montrer sa « supériorité » culturelle et intellectuelle par la force et le pouvoir de l’argent.

Avant de fermer provisoirement ce chapitre sur la « Machine à peindre » Jean de Quirielle produisit également un roman qu’il est intéressant de mentionner. Roman que j’avais analysé dans les pages de ce blog. En effet « La Joconde retrouvée » est également un de ces rares exemples qui, contrairement à la thématique évoquée jusqu’à présent, va agir en sens inverse, à savoir de rendre vivant par un moyen scientifique, le personnage d’un tableau « emprisonné » dans une toile. Curieux roman pour une non moins curieuse méthode dont les tenants et les aboutissants, même s’ils déçoivent quelque peu, ne manqueront pas d’intriguer le lecteur des plus curieux.

 

« La machine à peindre » de Franz Von Stuck

«  Le brevet d’une invention de toute importance a été déposé dernièrement. Il s’agit de rien moins qu’une machine à peindre. L’inventeur en est un peintre qui a souhaité garder l’anonymat pour se protéger des représailles de ses confrères. La machine permet de produire en un temps record des peintures de tous genres et de tous styles. Les clients pressés peuvent même attendre l’oeuvre demandée sur place. Pour commander une toile, il suffit d’indiquer le sujet choisi et le maître par qui l’on souhaite le voir traiter. Les portraits peuvent être commandés par courrier, par télégraphe ou par téléphone. L’appareil peut fournir des galeries complètes de maîtres anciens et modernes. Des conditions peuvent ainsi être consenties en cas d’achats par douzaines. Le propriétaire de cette machine est un marchand d’art qui en a acheté les droits à l’inventeur pour cent marks.

La machine à peindre est commandée par un excellent critique d’art, mieux placé que quiconque pour savoir de quoi se compose un bon tableau, ce que les peintres doivent peindre et comment. Les innovations sont exclues systématiquement, ce qui supprime les motifs de perplexité tant chez les critiques que chez le public. Celui-ci n’a plus à craindre de surprise ou de gêne : il sait par avance comment il doit réagir devant les oeuvres. Les marchands d’art ne pourront plus se plaindre de la pénurie de tableaux. Quant aux peintres, ils sont désormais superflus, si ce n’est pour apposer leur signature sur les productions de la machine. Face à cette révolution, nous ne pouvons que conseiller aux peintres de se reconvertir dans la sculpture. A ce jour, on n’a pas encore inventé de machine à sculpter. »

 

 La machine de Franz Von Stuck                                                                  La Machine à Photopeinture de Albert Robida

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Albert De Pouvourville: La Science Au Service De La Guerre!

 

Albert de Pouvourville, fils d’un officier d’ordonnance de Napoléon III, d’une famille noble de Lorraine, entre à Saint-Cyr puis démissionne au bout de peu de temps, alors qu’il était officier dans l’armée métropolitaine. Il s’engage comme soldat dans la Légion Etrangère, part pour le Tonkin et retrouve au bout de deux ans ses galons d’officier.

Peu de temps après, il démissionne de l’armée pour entrer dans la Garde Indochinoise, institution qui assurait la force armée autochtone à la disposition de l’autorité civile dans les pays de protectorat (Tonkin, Annam, Cambodge, Laos),

Il quitte assez vite la Garde Indochinoise et devient conseiller des Gouverneurs Généraux voire des ministres des Colonies, et porte-parole de groupes d’intérêt économique privés et de publications politiques et financières. Il connaît très bien la langue vietnamienne mandarinale du Tonkin, et adopte un sobriquet qu’il place en sous-titre de son nom : Mat Gioi, qui signifie « l’oeil du jour ». 

L’homme, en tous cas, témoigne d’une maîtrise exceptionnelle de la culture et des traditions vietnamiennes et sino-viêtnamiennes, qu’il relate avec une admiration à peine dissimulée tout en se complaisant à décrire en détail des scènes de supplice d’une cruauté atroce

La notice biographique ne cache pas que cet aventurier fuma l’opium, mais sans excès jusqu’à sa mort à 78 ans. Cette habitude transparaît avec insistance dans la plupart de ses ouvrages.

Parfois désordonnée voire chaotique, l’oeuvre d’Albert de Pouvourville présente un intérêt majeur pour la connaissance du Tonkin entre 1880 et 1910 puisqu’elle relate la conquête française vue du côté des mandarins indochinois et des Pavillons Noirs ou vécue par les plus modestes des soldats et agents français et indigènes. 

Après 1920, il écrivit de nombreux ouvrages, romans, essais sur l’art, sur l’âme annamite, toujours consacrés à l’Indochine, aux pays voisins, à la politique et à l’économie française dans ces régions. 

Le livre majeur de ce prolifique auteur est à coup sûr L’Annam sanglant , récit de la prise d’Hanoï par le commandant Rivière en 1881 vue exclusivement du côté des Pavillons Noirs. D’autres ouvrages, « Chasseurs de pirates » , « Le maître des sentences » , « De l’autre côté du mur » , reprennent le même thème des affrontements en Moyenne Région tonkinoise. Un recueil de nouvelles, « L’heure silencieuse », est empreint d’une incroyable cruauté : ce ne sont que récits de vengeances subtiles, couronnées de supplices compliqués.

Ce sont probablement ses origines de famille militaire et sa part active au sein de l’armée qui influencèrent cette brève mais prolifique occupation « d’anticipateur militaire » thématique dont il fut un des protagonistes les plus actif dans notre domaine notamment avec cette œuvre phare en la matière «  L’héroïque aventure ». Vaste saga martiale qui, à l’instar de la rarissime saga du Colonel Royet « La guerre est déclarée » ( 20 Fascicules éditions Tallandier 1931) et de la toute aussi fameuse « Guerre infernale » de Albert Robida et Pierre Giffard ( 30 Fascicules éditions Méricant 1908) et de « La guerre dans l’espace » de Louis Gastine (18 Fascicules éditions de la maison du livre 1912) reste des plus fameuse pour le coté démesuré de ce conflit qui embrase l’Europe, et la richesse des inventions que vont employer les différents pays, protagonistes de cette gigantesque tuerie scientifique. Contrairement à l’ennemi classique en vigueur à cette époque, mais il faut dire que les choix étaient des plus limités en raison des vieilles rancunes avec notre ennemi éternel, Pouvourville ne jettera pas son dévolu sur la forme xénophobique de rigueur en choisissant le sournois asiatique, mais plutôt le fourbe teuton dont les appétits de conquête et de pouvoir sont aussi disproportionnés que les fils de  l’empire du soleil levant.

Ainsi l’auteur, comme vous allez le lire dans une partie de la préface se trouvant dans le tome 1 « La guerre prochaine » est conscient des progrès techniques que vont faire les différentes nations et de tout le mal que celles-ci vont se donner afin de produire des armes de plus en plus élaborées et de plus en plus meurtrières : Navigyres, Rayons de la morts, super bombardiers, gaz toxiques, blindés gigantesques, Tanks sous-marins,explosifs surpuissants… tout y passe, sur terre comme sur mer, en passant par les forces terrestres ! Les guerres du futur se gagneront dans les laboratoires et les hommes qui y participent en paieront le lourd tribut. Tout cela bien évidemment avec une petit relent de patriotisme nécessaire ppur ne pas dire obligatoire dans ce genre d’exercices

Une saga donc des plus mémorable où l’auteur exprime toute ses inquiétudes face à un avenir qui ne s’annonce pas des plus radieux, prémices d’une guerre à venir qui sera des plus meurtrière (14/18 était déjà passé par là) et dont les enjeux, outre territoriaux et économiques seront très certainement technologiques. En affichant une puissance démesurée en terme d’engins de destructions, que pourront faire certaines nations face au rouleau compresseur de la science et de la barbarie ?

 

Extrait de la préface à « L’héroïque aventure »

 «  Vous le savez : la cavalerie, arme de nos aïeux splendides, a été détrônée par l’infante­rie; l’infanterie, vieille reine des batailles, ne tient plus devant ces artilleries gigantesques, qui font, avec les villes, des ruines, et avec des champs, le désert. Présentement, L’armée de L’air prime et commande tout. Et, de jour en jour, d’invention en invention, son rôle, hé­roïque en 1914, s’avère, pour 1940, criminel.

Aux champs de bataille futurs, il n’y aura plus de fantassins, de cavaliers, d’artilleurs. Plus d’hommes, ou du moins très peu. Il y aura l’effroyable investissement de l’air : des inva­sions de microbes, des pluies de poisons. La mort collective tombera, muette, du haut des airs. Les projectiles, se riant des distances et des trajectoires, utiliseront, dans la strato­sphère, les forces cosmiques et les vitesses pla­nétaires. Le petit enfant de Bayonne sera aussi près de la mort que le poilu de Metz ou de Strasbourg. Les obus de l’ennemi n’enlève­ront plus seulement les bras et les têtes, mais la vision à l’œil et la mémoire au cerveau.

Ces dangers tragiques, je n’hésite pas à les réaliser devant vous dans des tableaux et avec leurs corollaires inévitables. En affirmant que s’ils ne sont pas, en 194., tels que je les dis aujourd’hui, c’est qu’ils seront pires.

Les cacher ? En diminuer le péril? Il me sem­ble que ce ne serait pas vous estimer, fils de France, comme vous voulez l’être, et comme vous le méritez. Il faut que vous les connais­siez, intégralement et sans voiles, et que, de­vant eux, vous demeuriez impavides et forts. Pour ne pas mourir, votre pays a besoin de votre vie. Mais soyez assurés du fond de vous- mêmes. Votre race, invinciblement, vous pro­fère de toutes ses puissances…

De ses puissances créatrices surtout. Au fond des laboratoires où se préparent les réponses à toutes les attaques, dans les galeries souterraines  où mûrissent les métaux inconnus et sauveurs, sur les tables polytechniques où s’élaborent les solutions heureuses des mor­tels problèmes, partout, tous les cerveaux de France travaillent pour vous, silencieusement, victorieusement.

Relisez vos annales : il n’y a pas de limites à l’ingéniosité, à la profondeur, à l’audace des intelligences de votre pays. Pour chaque trait dirigé contre vous, elles vous mettront en main le bouclier de la protection et l’arme de la riposte. Si effroyable que soit la menace, soyez confiant, levez le front, et passez outre.

Plus heureux qu’Achille, vous êtes trempés tout entier aux eaux vives de votre race et dans l’intarissable source de son génie.»

A. De Pouvourville 

 

Bibliographie :

 

- Editions Baudiniére, série en 25 Fascicules illustrés par Claudel.

 Première parution sous le titre de « La guerre prochaine »

1934:

1. Le Navigyre
2. Alerte sur Paris
3. Le Mur de lumière

1935:

4. La Route de feu
5. Paris Invincible

 

La suite de la série se poursuivra sous un titre général différent, en reprenant la numérotation  depuis le départ, mais forme une suite cohérente commencée avec « La guerre prochaine »

 
1. La Frontière d’acier
2. Les Canons-Longs
3. Au Secours de Prague
4. Alpinistes et sous-marins
5. Les Aquatanks
6. Les Crimes de la science
7. Nos Savants répliquent
8. La marche vers Stuttgart
9. Prise de Karlsruhe
10. Croiseurs et torpilles
11. L’Europe en armes
12. Tirs stratosphériques
13. Les métèques au poteau
14. Les tricolores sur Munich
15. Le rayon orange
16. La bataille de Franche-Comté
17. La fin d’un reître
18. Combats sur la mer du Nord
19. Vers la Ruhr
20. La bataille de Belgique
21. La victoire des Ailes
22. Vers le grand duel
23. La ruée sur le Rhin
24. L’aube du grand choc
25. L’épopée.

Cette série fut reprise par la même éditeur en 6 forts volumes (5 fascicules par exemplaires). Illustré par Claudel .

1934:

1. Les Navygires : ( « La guerre prochaine », »Alerte sur Paris », « Le Mur de lumière », « La Route de feu », « Paris Invincible »)

1935:

2. Batailles Aériennes : (« La Frontière d’acier », »Les Canons-Longs », »Au Secours de Prague », « Alpinistes et sous-marins », « Les Aquatanks »)

3. Forteresses mouvantes : (« Les Crimes de la science », »Nos Savants répliquent », « La marche vers Stuttgart », »Prise de Karlsruhe », »Croiseurs et torpilles »)

4. Le rayon orange : (« L’Europe en armes », « Tirs stratosphériques », « Les métèques au poteau », »Les tricolores sur Munich », « Le rayon orange » )

5. Combats Navals : (« La bataille de Franche-Comté, « La fin d’un reître », « Combats sur la mer du Nord », « Vers la Ruhr », »La bataille de Belgique »)

6. L’épopée : (« La victoire des Ailes », « Vers le grand duel »,«La ruée sur le Rhin », « L’aube du grand choc », «L’épopée » )

 

Toujours dans l’anticipation militaire :

 « Pacifique 39 » Baudiniére, 1934In-16, 351 pages. Illustré par Claudel

 

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« La Terre De Sannikov » De Vladimir Obroutchev

 

Nul n’est besoin de faire l’apologie des terres creuses et de l’immense richesse de cette thématique dont Guy Costes et Joseph Altairac nous ont largement abreuvé dans leur mythique ouvrage de référence faisant preuve de référence incontournable. Thématique où explorations souterraines et découvertes d’antiques civilisations firent souvent bon ménage.Ainsi les deux romans de Vladimir Obroutchev sont-ils non seulement deux passionnants romans d’aventures, mais ils mettent également en exergue les mystères de ces régions polaires, portes d’entrées à une multitude de passages donnant accès à ces extraordinaires mondes souterrains ou non, saint Graal des adeptes de civilisations disparues. Déjà dans son autre roman « La Plutonie »( 1924 pour la parution originale) l’auteur faisait-il pénétrer une expédition dans les profondeurs de la terre par une de ces « portes » découverte en Alaska. Fidèle aux théories de Symmes ils vont y découvrir un monde intérieur non seulement abritant une mer souterraine mais qui plus est, éclairé par un astre intérieur. Les entrailles de la terre constituent donc un nouveau monde inconnu constitué d’une faune et d’une flore primitive et d’un reliquat d’hommes préhistoriques.

Cette fascination pour les ancêtres des premiers hommes et des régions polaires,sera de nouveau de mise dans « La terre de Sannikov » (1926 pour la parution originale) avec son lot de découvertes merveilleuse ( faune et flore préhistorique ) mais cette fois l’auteur sera moins avare concernant les traces d’une ancienne civilisation puisque l’intérieur de ce fameux cratère découvert par les explorateurs sera peuplée de deux races distinctes qui s’affrontent pour leurs survies : Les Onkilons d’une nature pacifiste et les Vampous, créatures hirsutes beaucoup plus sauvages et au comportement des plus agressif.

Les textes qui suivent sont la préface et la postface de la réédition Radouga où l’auteur nous présente sa théorie sur les possibilités, certes hasardeuses, de découverte d’anciennes civilisations ayant habitées  notre planète qui, si elles restent des plus hypothétiques, n’entretiennent pas moins un imaginaire des plus féconds et ce depuis plus de 2000 ans. Rarement thématique aussi « fantastique » n’eut une durée de vie aussi longue et riche quant à son contenu.

 

Préface à « La terre de Sannikov »

 
   «  Près de la moitié de l’Arctique, c’est-à-dire des glaces qui entourent le pôle Nord sont à proximité immédiate du territoire de l’Union Soviétique. A la différence de l’Antarctique, vaste continent situé autour du pôle Sud, l’Arctique est un océan. L’océan Glacial arctique est semée, dans les zones voisines des continents d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Nord, de nombreuses îles, grande et petite, absente dans sa partie centrale, autour du pôle lui-même.

    Du fait de la rigueur du climat, ces îles sont recouvertes en quasi-permanence d’une couche de glace et de neige dont elles ne sont libérées que pour une brève période, durant l’été polaire. La mer qui entoure ces îles est, elle aussi, prise par les glaces, pour la plupart des glaces immobiles, tandis que l’espace marin restant est recouvert d’une banquise épaisse qui se déplace dans diverses directions, sous l’action des vents et des courants.

    Malgré les conditions de navigation difficiles et le climat rude, des marins courageux se sont aventurés dans l’Arctique, découvrant, étudiant progressivement et peuplant même parfois ces îles.

    II y eut des tentatives de dérive (volontaire ou non) sur les glaces flottantes afin de pénétrer dans les zones de l’océan Glacial prises en permanence par les glaces et de les étudier: en mesurer la profondeur, la température des différentes couches d’eau, la composition de celles-ci, étudier la faune et la flore de ces eaux, la constitution des fonds marins, la direction des courants, etc.

    La découverte d’îles nouvelles dans l’Arctique s’est poursuivie jusqu’à une époque récente: c’est ainsi qu’en 1881 déjà furent découvertes les petites îles Jeannette, Bennett et Henriette, au nord de l’archipel de la Nouvelle-Sibérie, en 1913, le grand archipel de Sévernaïa Zemlia, au nord de la presqu’île de Taïmyr, plus tard encore de petites îles dans la mer de Kara. Mais on ne saurait affirmer que toutes les îles de l’Arctique soient déjà connues, car il peut encore exister, dans la zone des glaces flottantes, des îles inaccessibles par mer et très difficilement accessibles par les glaces flottantes. L’avion constitue un nouveau moyen d’exploration aérienne de ces régions de l’Arctique.

    Une légende conte depuis près de cent cinquante ans l’existence et le mystère de deux îles. Des hommes courageux, partant pour les îles proches des côtes nord-est de Sibérie pour y chasser les animaux à fourrure, les rennes sauvages et y chercher des défenses de mammouths, ainsi que certains explorateurs du Grand Nord ont aperçu ces îles par temps clair mais n’ont pu les atteindre. II s’agit de la Terre de Sannikov, au nord de l’archipel de la NouvelleSibérie, et de la Terre d’Andréev, au nord de l’embouchure du fleuve Kolyma, la première portant le nom du chasseur et marchand Yakov Sannikov, et la seconde celui du sergent Andréev qui, les premiers, distinguèrent ces îles à l’horizon parmi les glaces.

    Ce roman conte une tentative de retrouver l’une de ces îles, la Terre de Sannikov, et de l’explorer. II se rattache à la science-fiction parce que cette terre y est présentée telle que l’auteur s’en imagine la nature et la population à partir de suppositions théoriques données.

    Le lecteur pourra néanmoins se faire une idée de certaines îles de l’Arctique, des conditions de déplacements sur la banquise, de la nature et de la population de cette terre inconnue telles qu’elles pourraient être réellement, si elle existait au lieu et dans les conditions supposés par l’auteur. Dans la postface, le lecteur trouvera en outre la réponse à certaines questions relatives à l’hypothèse de la Terre de Sannikov ainsi qu’un aperçu de découvertes scientifiques soviétiques dans l’Arctique expliquant dans une certaine mesure le mystère de la Terre de Sannikov. »


Postface

« Le jeune lecteur, après avoir lu, la description des aventures de Goriounov et de ses compagnons sur la Terre de Sannikov, est en droit de demander à l’auteur, si cette terre existe en réalité, perdue parmi les glaces de l’océan Glacial arctique. Ce livre est en effet un roman de science-fiction destiné à instruire et distraire la jeunesse.

    Et à cette question du lecteur, l’auteur répond que ce voyage sur la Terre de Sannikov a effectivement été inventé.

    La question de savoir si cette Terre existe aujourd’hui a été ainsi résolue par des recherches de l’Union Soviétique dans l’Arctique: cette Terre a existé, peut-être pendant plus de cent ans, comme l’ont montré les observations de Sannikov et de Toll, mais elle a disparu il n’y a pas si longtemps. Dans la partie est de l’océan Glacial, les explorateurs polaires soviétiques ont découvert des îles flottantes. Des recherches scientifiques ont confirmé la conclusion de l’amiral S. Makarov faite en 1899 déjà sur l’existence dans l’océan Glacial arctique d’îles de glace en dérive. Alors qu’il naviguait en août au nord de la grande île du Spitzberg, Makarov aperçut parmi les glaces de l’océan une île inconnue. Les compagnons de l’amiral y trouvèrent des blocs erratiques et de petites pierres, et la glace de l’île n’était pas salée. Makarov établit qu’il s’agissait d’un immense iceberg qui devait s’être détaché du Spitzberg, à l’extrémité d’un glacier….

    …On peut penser que la Terre de Sannikov également était une île de glace semblable, un iceberg détaché d’un des glaciers de Sévernaïa Zemlia. Au nord de l’archipel de la Nouvelle-Sibérie, il a dû heurter un haut fond et y est demeuré plus de soixante-dix ans, car Yakov Sannikov a remarqué cette île au nord-ouest de l’île Kotelny en 1811, etÉdouard Toll en 1886 a vu par temps parfaitement clair, au même endroit, quatre colonnes montagneuses en cône aplati, prolongées par un bas piémont, à l’est. Mais il est possible que les deux observateurs aient repéré des îles différentes, posées sur des hauts fonds à peu près au même endroit en des années différentes de leur formation.

    De telles îles de glace flottantes ne pouvaient, bien évidemment, abriter les Onkilones qui ont fui les Tchouktches depuis les côtes nord de Sibérie Orientale. II ne peut y avoir aucune végétation sur des îles flottantes. De telles Îles ne pouvaient pas non plus attirer les oiseaux en période de nidification. On peut penser que les oiseaux qui venaient du sud passer l’hiver dans les pays du nord cherchaient des endroits mieux protégés pour faire éclore leurs oisillons, endroits qui abondaient dans les archipels des îles de l’océan Glacial.

    Quoi qu’il en soit, il sera intéressant, pour le lecteur, d’apprendre ce qui suit sur le passé récent de la région de l’océan Glacial arctique: celui-ci est, en général, très riche en îles, petites et grandes, dans tout son bassin, délimité par les côtes d’Europe, d’Asie et d’Amérique. Dans ces îles, on rencontre assez fréquemment des roches volcaniques jeunes et, sur certaines d’entre elles, par exemple en Islande, il existe des volcans en activité. Cela démontre que le gros volcan imaginé dans ce roman et qui constitue la Terre de Sannikov n’est pas impensable dans cette partie du globe. Des études géologiques ont déjà révélé que la partie orientale de l’océan Glacial arctique sur toute sa longueur, depuis la presqu’île de Taïmyr jusqu’à l’île Wrangel et, dans le nord, jusqu’à 80 de latitude, était une terre émergée au début de l’ère quaternaire, et constituait les confins nords de la Sibérie. Cela a été démontré par la découverte, dans le sol de ces îles, des restes de gros mammifères: mammouths, rhinocéros, buffles, chevaux. Ils ne pourraient pas se trouver là si ces îles n’avaient pas formé autrefois une terre reliée à la Sibérie au début du quaternaire. Les explorations ont indiqué aussi que, dans certaines îles, il subsiste encore des vestiges des glaciers qui recouvraient autrefois les parties les plus élevées de cette terre.

    Dans la Grande île Liakhov qui constitue une partie de l’archipel de la Nouvelle-Sibérie, de nombreuses défenses de mammouths sont prises dans ces glaces fossiles et ont été récupérées par les chasseurs qui venaient au début du printemps depuis le continent les ramasser lorsqu’elles étaient extraites de la glace par les vagues de l’océan. Autrefois on apportait régulièrement à la foire de lakoutsk de cent cinquante à trois cents tonnes de défenses, ce qui prouve que des centaines de ces gros animaux vivaient sur cette ancienne terre au début du quaternaire. On peut expliquer une telle concentration de mammouths sur ces petites îles par le fait que, en ces points qui constituaient les zones élevées de l’ancienne terre, les mammouths se réfugièrent en grand nombre lorsque la terre où ils vivaient commença de s’enfoncer: ils cherchèrent alors, dans les hauteurs, un refuge contre la montée de l’eau qui inondait les plaines. Nous avons donc la preuve de l’existence de volcans dans cette ancienne terre septentrionale, ainsi que de grands troupeaux de mammouths et de glaciers, et nous pouvons dater l’époque où cette terre s’est enfoncée en dessous du niveau de la mer. Cet affaissement a eu lieu pendant ou à la fin de la dernière période glaciaire. La découverte de dessins de mammouths, représentés par les hommes primitifs, indique qu’ils en étaient contemporains.

    Donc, l’hypothèse de base de mon roman selon laquelle, sur une grande île perdue dans l’océan Glacial et qui était autrefois le sommet et le cratère d’un grand volcan, la chaleur de celui-ci a permis à des hommes primitifs et à des mammouths de subsister depuis la fin de la dernière période glaciaire, n’est pas dénuée de vraisemblance. Et cette terre bénie parmi les glaces polaires a pu abriter les Onkilones, originaires de l’Alaska, apparentés aux tribus d’Indiens d’Amérique et qui ont reculé, sous la pression des Tchouktches, vers les îles de l’océan Glacial.

    La question de la disparition des Onkilones devrait être étudiée par- l’Institut d’histoire de la culture matérielle ou l’Institut d’histoire de l’Académie des sciences de l’URSS afin que soit reconstituée l’histoire de ce petit peuple de Sibérie du Nord qui existait il y a trois ou quatre cents ans. On a retrouvé, dans les îles de l’archipel de la Nouvelle-Sibérie, les restes de leurs demeures, très particulières, ce qui indique que des représentants de cette tribu y ont longtemps vécu, mais on ne sait rien d’autre les concernant. Les explorateurs polaires du XIXe siècle ne les ont pas trouvés sur ces îles. Tous les Onkilones ont-ils été décimés par une quelconque épidémie ou sont-ils morts en tentant de traverser en canoës ou de franchir à pied trop tôt les zones de glace jeune séparant les îles les unes des autres?

    La question de la migration des oiseaux, au printemps, vers le nord et de leur retour en automne sur le continent, dont on trouve parfois des mentions dans la presse, demeure non résolue. Pour la tirer au clair, if faudrait:

1. Interroger soigneusement la population de toute la côte nord de Sibérie, depuis l’embouchure des fleuves Olénéka et Léna à l’ouest jusqu’à l’embouchure du fleuve Kolyma à l’est, ainsi que ceux qui passent l’hiver sur les îles de Nouvelle-Sibérie et Wrangel pour savoir si ces migrations d’oiseaux, vers le nord au printemps et inversement à l’automne, se poursuivent et, si oui, en quelle quantité, quels oiseaux elles concernent et quelles sont les espèces dominantes.

2. Si les vols d’oiseaux se poursuivent, les avions qui effectuent chaque année des vols d’exploration au-dessus des glaces de l’océan afin d’en étudier la quantité et les déplacements pour assurer la navigation sur la Voie Maritime du Nord, devraient constamment tenir compte de l’existence d’une terre inconnue parmi les glaces et effectuer des observations afin d’en découvrir enfin les dimensions, le relief et toutes les particularités. Le vol d’oiseaux vers le nord, remarqué en 1938 déjà par ceux qui passaient l’hiver sur l’île Henriette, prouve qu’en cette année il existait parmi les glaces une terre propice à la nidification des oiseaux et à leur séjour durant l’été. Mais la situation orientale de cette île permet de douter que ces oiseaux se fussent dirigés vers la Terre de Sannikov qui devait se situer (si elle existait en 1938) plus à l’ouest. Par conséquent, il devait se trouver parmi les glaces, au nord de l’archipel de Long, en 1938, une terre permettant aux oiseaux de passer l’été. Peut-être certains de mes jeunes lecteurs deviendront-ils pilotes en région polaire et se fixeront-ils pour tâche de résoudre l’énigme de cette terre; peut-être la découvriront-ils sous un voile de brouillard, parmi les glaces, et s’y poseront-ils pour l’étudier et nous indiquer comment elle se présente à l’heure actuelle. Ne convient-il pas en conclusion de nous rappeler l’existence, dans l’océan Glacial arctique, au nord de la presqu’île de Taïmyr, de l’archipel de Sévernaïa Zemlia qui fut exploré pour la première fois en 1930-1932 par une expédition de quatre hommes, comprenant le géologue Ourvantsev qui a décrit cette expédition et ses découvertes dans un excellent livre. Toutefois, l’étude de l’archipel par cette expédition a laissé bien des questions non résolues, et il serait fort souhaitable, dans les prochaines années, qu’elle soit renouvelée pour en permettre une nouvelle étude. »

V. Obroutchev

 

Résumé éditeur de « La terre de Sannikov »

Pourtant, elle existe ! s’écria un jeune homme qui venait d’entendre un rap­port tendant à démontrer que la terre en­trevue par certains navigateurs dans l’Océan Arctique devait être considérée comme un mythe.

Grâce à l’aide d’un savant compréhensif et généreux, l’étudiant Goriounov peut, avec quelques amis, se lancer dans une expédi­tion qui sera riche en découvertes, en joies et en périls.

Ils parviennent à atteindre la Terre de Sannikov et s’émerveillent de trouver, au mi­lieu des glaces, dans l’immense cratère d’un ancien volcan, une vallée fertile, habitée par un « peuple disparu », les Onkilons. Sur les prairies paissent des troupeaux de rennes et dans les vastes forêts vivent des mammouths et autres animaux de l’époque préhistorique. Les jeunes gens, bien reçus par les Onkilons, apprennent à parler leur langue, étudient leurs mœurs et recueillent de précieux spécimens de la faune et de la flore.

Cependant, l’activité volcanique n’était qu’assoupie, la terre tremble, de graves mal­entendus surgissent entre les étrangers et leurs hôtes ; les voyageurs auront à faire face, au retour, à des dangers plus terribles encore que ceux qu’ils ont bravés sur les banquises, au milieu des tempêtes… L’auteur de ce livre de fiction scientifique a fort bien imaginé les péripéties dramati­ques de l’étonnant voyage. Géologue éminent, il a su remarquablement dépeindre les régions de l’Arctique: migration des oiseaux vers le nord, nature du sol, décou­verte de fossiles… Aussi la fiction ingé­nieuse sur laquelle repose le roman n’est pas entièrement gratuite et le lecteur s’in­téressera d’autant plus aux héros, étudiants et trappeurs, que leurs observations et leurs trouvailles comportent un enseignement scientifique. C’est avec un intérêt constant que l’on suit Goriounov et ses compagnons au delà du voile de brouillard et de l’en­ceinte de glace.

 

 Bibliographie

- « La Plutonie » Editions en langues étrangères. «  Littérature soviétique pour l’enfance et l’adolescence »Moscou.1954. Illustrations de G.Nikolski. Réédité chez Radouga  collection « Aventures et Science-Fiction.1987.

- « La terre de Sannikov » Editions de la Farandole.1957. Illustrations de A.Orloff. Attention cet ouvrage comporte une jaquette. Réédité chez Radouga  collection « Aventures et Science-Fiction.1987. Ce film fut l’objet d’une adaptation cinématographique Réalisé par Albert Mkrtchan Produit par Mosfilm en 1973.Interprétation: Vladislav Dvorjetski, Gueogui Vitsine, Oleg Dal (Source : « Culture populaire de l’union soviétique »). Il bénéficiera en outre d’une sortie VHS en France sous le même titre, distribué en 1995 par Socai Film.

 

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Un « Atelier de Curiosités » Des Plus Fantastique !

( En vrac )

 

Rendez-vous était donc pris le Mercredi 2 Mai au Soir avec Eric Poindron pour un de ses merveilleux « Ateliers des Mots & Curiosités » intitulé pour l’occasion « Un voyage au cœur des mondes fantastiques ».

C’est à Boulogne, rue St Denis que nous nous sommes retrouvés, dans la magnifique maison de Prune, dont l’accueil et la gentillesse furent l’annonce d’une soirée des plus agréable. Je rencontre donc pour la première fois, l’organisateur de ces délicieuses et célèbres réunions, qui ne trahissent en rien la réputation qui les précédent.

Eric Poindron, pardon cher Eric de flatter ainsi ton ego, est un homme des plus charmant, une très belle personne, dont l’érudition et la générosité ne sont pas de vaines légendes. D’un enthousiasme des plus communicatif, au verbiage des plus prolixe et ô combien passionnant, nous prouvant par la même, que si parfois certaines personnes parlent pour ne rien dire, le diable d’homme lui rebondit sans cesse sur des sujets pertinents et d’un grand intérêt. Mais de belles rencontres il y en eut toute la soirée et plus particulièrement Rodolphe Trouilleux, auteur de ce « Paris Macabre » (Edition du Castor Astral collection « Curiosa & Coetera ») que j’ai dévoré à pleines dents et qui nous rappelle combien notre histoire est riche de légendes et de faits « fantastiques », si chers à Claude Seignolle. Rodolphe est un homme également d’une grande culture et d’une extrême sensibilité, un amoureux de la capitale et, comme je l’ai découvert avec plaisir, de Albert Robida. Son dernier livre « Paris secret et insolite » est une de ces promenades en photos de cette ville qui renferme encore une multitude de petits secrets que seul le curieux attentionné parviendra à découvrir. Une déambulation des plus insolite dont je vous recommande la lecture. Livre qui me fut offert par l’auteur et j’en suis fort touché !

Mais revenons à notre événement où pour l’occasion, exposition « Futur-Antérieur : Archomodernisme, Rétrofuturisme,Steampunk » oblige, notre ôte eut le bon goût de placer cette soirée sous le signe de l’anticipation ancienne. L’invité de la soirée, Jean François Sanz commissaire de l’exposition ne pouvant se déplacer,  c’est à moi que revint l’honneur de présenter le sujet. Etre ainsi l’élément moteur l’espace de quelques heures, d’un sujet des plus vaste ne fut pas chose aisée, mais avec la complicité de tous les participants très rapidement, la discussion fut des plus animée et d’une grande richesse et notre médiateur, fort instruit dans les domaines de l’imaginaire, servait admirablement de fil conducteur.

Ce petit cénacle composé d’une douzaine de personnes, mais est-il nécessaire d’être plus nombreux entre personnes à l’érudition des plus affûtée, a donc débattu en première partie de soirée sur un sujet des plus vaste qu’est le « merveilleux scientifique », de son histoire et de ceux qui l’on faite, de sa genèse, tout en évoquant les différents « ponts » qui semblent vouloir se construire entre passé et présent sous la forme de courants aussi éclectiques que le « Steampunk », établissant ainsi une esthétique des plus intéressante et des plus prometteuse.

Avec les avis éclairés de Alexandra Tenenbaum, une passionnée, une vraie de la première heure et dont le magnifique travail sur exposition et catalogue de « Futur-Antérieur » ne sont plus à démontrer, de Antoine Irigoyen un passionné de littératures de l’imaginaire possédant une perception très avisé du domaine,  Antoine du Peyrat directeur artistique indépendant et ancien directeur graphique chez Flammarion une autre enrichissante rencontre dont l’érudition et les avis éclairés sont de ces instants précieux qui marquent votre vie, Gaël « Fantask Nocturne » un fan d’imageries décalées créateur de la superbe page « Les douves du château », Philippe Bécart écrivain et passionné d’une grande sensibilité,Jérémie Rueff d’une gentillesse extrême grand fan de jeux de rôles et des mondes fantastiques, Prune dont les interventions furent des plus judicieuses et qui maintenant est passée maîtresse dans l’art des univers à vapeur…..….et tous les autres dont je garde un souvenir des plus chaleureux.

Les questions, avis, remarques  fusèrent donc de toute part et c’est dans la bonne humeur que nous sommes allés, au bout de deux bonnes heures d’échanges fructueux, nous restaurer d’excellentes victuailles préparées pour l’occasion et accompagnées d’un vin des plus délicieux( je tenais à le préciser…).

Le deuxième partie, tout aussi plaisante, fut consacrée, sur proposition de Eric, à un genre que nous affectionnons tout particulièrement : Les détectives de l’étrange ! Un sujet passionnant que nous n’avons certes fait qu’effleurer mais qui n’empêcha pas moins un nouveau débat des plus animé où les noms de « Harry Dickson, Jules de Grandin, Le Duc de Richleau, Carnacki » et bien d’autres encore, furent prononcés avec une certain enthousiasme mâtiné d’un certain respect. Tels les redoutables fantômes qu’ils ont en charge de trucider, il nous fut ainsi possible de ranimer ces chasseurs de spectres, dont les ombres magnifiques ne cessent de nous fasciner. Toute une facette de cette littérature populaire qui mérite ainsi toute notre attention et cette ferveur qui fera peut-être qu’un jour, cette littérature aura la place qu’elle mérite dans le monde de l’édition.

La soirée s’est terminée par la lecture, la thématique s’y prêtait fort, d’un texte de Eric Poindron contenu dans son « De l’égarement à travers les livres » et intitulé « Le(s) Collectionneur(s) ». Un texte des plus admirable lu par la voix chaude et profonde  de Jacques Lefebure un autre amateur de curiosités. Un vibrant hommage à ces auteurs que nous aimons tant. Un moment unique où la présence si familière de Lovecraft, Hodgson et Poe fut des plus appréciée, une invitation des plus justifiée et l’ont pouvait presque percevoir cette sorte d’aura magique, témoignant d’une présence quasi palpable de ces merveilleux auteurs.

Au final une soirée d’une grande richesse où j’ai rencontré des personnes d’une grande sensibilité, ouvertes à toutes les littératures et dont l’enthousiasme, la générosité et la chaleur me fait regretter une fois encore, de ne pouvoir plus souvent participer à ces merveilleuses soirées. Sans fard ni prétention, un lieu de convivialité où chacun apporte son bagage, malle ou petite valise peu importe, car ce qui compte voyez vous c’est toute la sincérité que contient la valise qui reste le plus important. J’ai rencontré des gens passionnés, des vrais, sans vernis ni artifices et je voudrais les remercier une fois de plus pour leur accueil des plus chaleureux et tout spécialement mes pensées les plus affectueuses se dirigent vers la gentillesse de Prune et la générosité de Eric.

Des rencontres qui comptent énormément dans la vie d’un homme ! 

Jean Luc Rivera et Draghon Ash,vous nous avez manqué…..

 

« L’atelier des mots & Curiosités »  en plein débat: Existe t-il une vie après la littérature?
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