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Archive pour juin 2012

Un Atelier Des Mots & Des Curiosités « Triplement Fantastique »

( En vrac )

 

Un ATELIER DES MOTS & DES CURIOSITÉS « triplement fantastique » jeudi 28 juin…  Avec FABRICE BOURLAND, GILLES BORNAIS et JEAN LUC BIZIEN 

 
Cher amis Savanturiers et Savanturières et autres arpenteurs de l’étrange, que diriez vous d’une soirée fantastique et bizarre autour d’une passion commune avec un verre à la main ? Tentant non ! Notre très vénérable ami et défricheur de l’imaginaire Eric Poindron, nous propose une soirée dont il a le secret et qui plus est, reconnue source d’utilité publique. De fait, et ce pour nos insatiables appétits de l’étrange, il organise une nouvelle édition de Savanturieres rencontres, dans un cadre chaleureux et érudit avec une thématique qui nous enchante au plus haut point, puisque nous y deviserons sur les incroyables et célèbres détectives de l’étrange. Un vaste sujet qui, de par sa forte implication dans le fantastique, est source de nombreux romans où excella un grand nombre de talentueux auteurs. Dupin, Carnacki, Harry Dickson, Jules De Grandin ,Teddy Verano, Ebezener Graymes…des noms qui réveillent en nous une soif d’aventures extraordinaires à la poursuite de revenants , monstres, vampires, loup garous et autres apparitions ectoplasmiques. Pour l’occasion nous aurons la joie d’y rencontrer FABRICE BOURLAND, GILLES BORNAIS et JEAN LUC BIZIEN qui viendront nous apporter leurs avis sur le sujet et nous parler des univers étranges dans lequel baignent leurs personnages. La chance immense d’être au plus près de ses conteurs à la plume inspirée et généreuse est une chance unique qui ne se refuse pas. Chacun de leur roman, dans des inspirations et des univers « presque » différents est une passionnante plongée dans un univers très proche du notre où parfois « ce petit rien » d’apparence anodine fait basculer les choses et nous entraîne de l’autre coté du miroir. Le fait de pouvoir échanger avec ces auteurs nos avis, nos impressions, pénétrer de façon plus intime dans ces univers bouillonnants d’inventivités, est une chance inespérée que tout Savanturier(e) qui se respecte, se doit de saisir au vol. Trois talents, trois styles brillants et passionnants que je vous propose de partager lors d’une soirée qui s’annonce d’ores et déjà chers amis, des plus inoubliable.
Rendez vous le Jeudi 28 Juin à partir de 20h à Paris bien sûr, dés que possible je vous confirme l’adresse. Une participation aux frais de bouche vous sera demandée, mais rassurez vous, rien d’exorbitant… 
Je compte sur votre érudite présence et de me signaler votre venue le cas échéant
Merci et à jeudi prochain…. je l’espère!

 Renseignements: Cabinet de curiosités de Eric Poindron

 

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Les Introuvables « Le Secret Du Docteur » De Charles Le Goffic

 

L’amour est aveugle parait-il…Jamais un tel adage ne fut autant pris au pied de la lettre. Beaucoup prétendent que les savants sont des êtres vils et égoïstes, pourtant celui de Charles Le Goffic, est animé d’une certaine forme de compassion, pour ne pas dire de pitié pour son ami le plus proche. Probablement un sentiment de culpabilité mais dans les histoires de cœur, il faut surtout se méfier des réactions de l’être aimé et ne jamais oublier que dans un triangle amoureux, la personne la plus dangereuse, n’est toujours celle à qui l’on pense.

Une nouvelle noire sur fond de découverte scientifique, fréquente dans ce genre de revues, qui nous permettra d’y « voir » un peu plus clair sur les relations amoureuses.

 

 

« Le secret du Docteur » Nouvelle dramatique de Charles Le Goffic. Dans la revue « Nos Loisirs » .19 Juillet 1908

 

- Oui, oui…Je vois…Je n ai plus cet écran de ténèbres devant les yeux…

- Que voyez-vous ? Dit le Docteur Abivain, tressaillant malgré lui et tout inondé de cette joie sainte du savant qui vient d’arracher un de ces secrets à la nature.

- Oh ! Pas grand-chose…encore… des clartés… de vagues fluorescences… et, parmi elles, des ombres, ce me semble.., une silhouette… la vôtre peut-être,Docteur.

- Attendez, dit le praticien qui se recula légère­ment… Distinguez-vous toujours cette silhouette, mon cher Jagoury ?

- Oui… Elle va, elle vient… elle agite les bras… elle… Ah! Mon Dieu, si je pouvais guérir !

Vous guérirez; dit gravement le docteur Abivain.

Il ramassa ses instruments,  une petite fiole à tubulure et une seringue de Pravaz, qu’il coucha soi­gneusement dans leur boîte, donna un tour de clef à la boite et la déposa dans le, tiroir d’un secrétaire de forme ancienne.

Comme il pénétrait dans la pièce voisine, une main lui saisit le poignet :

Marthe Jagoury était derrière la porte, d’où elle avait entendu la conversation des deux hommes.

- Tu mentais, n’est-ce pas? C’était une plaisan­terie ? Maurice ne va pas recouvrer la vue ?…

- Si, dit Je docteur Abivain, après un court mo­ment d’hésitation.

Tu as dit si. Mais tu es donc fou ? Tu veux donc absolument nous perdre ?

- Par exemple !

- Ou bien tu en as assez de moi ?

- Marthe!..,

- Il faut que ce soit l’un ou l’autre pour que tu agisses comme tu fais… Mais réfléchis donc ! S’il re­couvre la vue, c’est fini de notre intimité, de notre amour peut-être… Nous ne pourrons plus l’éviter… Il deviendra un mari comme les autres… Il pourra nous suivre, nous épier…

- Nous userons de précautions…

- Trop tard. Le pli est pris. Nous sommes trop habitués, toi et moi à ne pas nous gêner devant lui : nous nous trahirons à chaque instant.

- Enfin, tu ne veux pourtant pas que je me fasse criminel pour assurer notre sécurité?

- Oh ! Criminel !…..

Et quel autre nom veux-tu que je donne à un médecin qui, pouvant guérir un malade, refuserait de lui accorder ses soins ?

- Il y a deux ans que tu soignes Maurice et tu m’avais toujours dit qu’il était incurable.,

- Je le croyais aussi..

- Et depuis quand ne le crois-tu plus ?

- Depuis un mois.

- Et tout ce mois tu ne m’as rien dit.,. Pourquoi m’as-tu caché la vérité ?..Pourquoi ne m’as-tu pas prévenue que Maurice allait guérir ?

- Je voulais te faire une surprise,

- Jolie surprise !

- Je pensais, dit d’un ton piqué le docteur Abivam, que tu me verrais avec satisfaction réparer d’une cer­taine manière le préjudice moral que j’ai causé à ce pauvre Maurice.

- En d’autres termes, tu lui prenais sa femme, mais tu lui rendais la vue… Laisse-moi rire : il n’y a vraiment que les hommes pour établir des balances pareilles.

- Ris tant que tu voudras. J’ai fait mon devoir et, si c’était à recommencer, je t’assure que je le referais encore.

- Ton devoir? Qu’en sais-tu? Si tu m’aimes comme je t’aime, ton devoir est de me garantir contre tout ce qui peut gêner ou entraver notre amour. Voilà ton devoir. Et, quant à mon mari, j’estime qu’en la circonstance tu lui rends un singulier service : le pauvre homme, tant qu’il était aveugle, était parfai­tement heureux ; il ne savait rien, ne se doutait de rien… Maintenant qu’il va voir clair.. Sois tranquille, nous ne le tromperons plus longtemps sans qu’il sa­che… Et si c’est là ce que tu appelles une répara­tion !…

Le docteur Abivain ne répondit pas.

- Mais parle donc ! reprit Marthe. Dis quelque chose… Tu vois que ton silence me tue…

- Je n’ai rien à te répondre, dit le docteur Abi­vain. Ma décision est prise, je ne transigerai pas avec ma conscience.

- Tu as bien transigé avec elle quand il s’est agi de tromper ton ami…

- Soit ! dit le docteur Abivain. L’homme a failli : raison de plus pour que le médecin ne l’imite pas…

- C’est bien, dit Marthe qui sembla prendre son parti du refus qu’on lui opposait. N’en parlons plus… Après tout c’est peut-être toi qui as raison. Nous au­tres femmes, tu sais, nous ne voyons pas toujours les choses du même œil que vous. En usant de précau­tions comme tu disais tout à l’heure, nous pourrons peut-être déjouer les soupçons de Maurice. N’empêche que tu es un vilain monsieur… Etre resté un mois sans me rien dire Alors, c’est vrai ?,.. Avec cette petite fiole de liqueur blanchâtre et cette seringue de Pravaz que tu caches si jalousement dans le secré­taire de Maurice, tu as trouvé le moyen de guérir le glaucome ?

- Je crois que oui.

- Mais c’est une découverte, cela… une grande découverte… et qui va te rendre célèbre…

 

- Oh ! célèbre !… On s’était déjà servi avant moi de ce liquide d’origine organique pour combattre les paralysies du nerf optique… Je n’ai fait que perfec­tionner la découverte.

- Et combien penses-tu qu’il faudra encore d’in­jections pour guérir complètement Maurice ?

- Cinq ou six peut-être.

- Seulement ?

- Oui. Deux gouttes suffisent matin et soir… Les effets du liquide sont très rapides, mais il y a tant de précautions à prendre… Il faut tenir le flacon à l’om­bre, éviter tout contact avec l’air extérieur. Songe qu’une molécule infinitésimale d’oxygène peut vicier toute la préparation, qu’est-ce que je dis ? La rendre d’une nocivité terrible. Le malade perdrait défini­tivement la vue… Heu­reusement qu’avec ces flacons à tubulure il n’y a rien à craindre…

- Et, comme se parlant à lui-même, le docteur Abivain ajouta :

- Puis, j’ai la clef de la boîte sur moi.

- Marthe resta un mo­ment songeuse.

- Mais il est facile probablement de savoir si la préparation s’est trouvée en contact avec l’air extérieur? La cou­leur du liquide doit chan­ger ?

- Non… Il n’y a au­cun signe apparent qui révèle la pré­sence de l’oxygène.

- Ah ! dit Mar­the qui n’insista pas.

- Et, avec cette mobilité d’expression qui était un des charmes de sa na­ture capiteuse et perverse :

- Tu m’aimes toujours, Georges, toujours ? Tu m’ai­meras toujours, quoi qu’il arrive?…

Elle avait passé ses bras à son cou et, lascive, les yeux dans ses yeux, elle se collait à lui, l’enveloppait des chauds effluves de son beau corps d’amoureuse. On entendit un léger, bruit dans la chambre du malade : le docteur Abivain se dégagea de l’amollissante étreinte.

- À ce soir ! dit Marthe.

Le docteur Abivain et Maurice Jagoury étaient des amis de vieille date : ils avaient fait ensemble, à Ren­nes, leur volontariat et leurs études supérieures ; ils s’étaient retrouvés, quelques années plus tard, à Lannion, Maurice comme avocat, Abivain comme méde­cin. Maurice s’était marié ; Abivain était resté garçon. Maurice, brusquement, fut atteint du glaucome et dut quitter le barreau. Abivain le soignait. Il voyait Marthe tous les jours. Il n’avait pas fait attention jusqu’alors à la beauté de la jeune femme, à ses ma­nières enveloppantes et câlines. Il se croyait, par sa profession autant que par son amitié pour Maurice, à l’abri d’une surprise de ses sens. Maurice, à côté de lui, s’épanouissait dans le même candide optimisme. Et ce qui devait arriver arriva : un beau jour, sans qu’il sût comment, Abivain se réveilla l’amant de Marthe.

L’ensorceleuse, qui guettait depuis longtemps l’oc­casion, était parvenue à ses fins ; mais elle avait compté sans les retours de conscience de son amant à qui le remords inspira un dessein héroï­que : indifférent à la clientèle, riche d’ailleurs et pouvant négliger le soin de ses affaires, Abi­vain se voua corps et âme h la guérison de son ami ; il n’eut plus désor­mais qu’un malade, pour ainsi dire, ce Maurice, qu’il visitait tous les jours, à qui il consacrait toutes les veilles, tous les instants que ne lui disputait pas le jaloux amour de Marthe. Après deux ans de re­cherches où il s’était spécialisé dans l’étude des maladies des yeux,  il trouva enfin ce qu’il cherchait. Mais, soit qu’il ne fût pas sans inquiétude du côté de sa maîtresse, soit qu’en effet il désirât lui  « faire une surprise », il ne parla de sa décou­verte à personne, con­jura son ami lui-même de se taire, voulut at­tendre de lui avoir complètement rendu la vue, pour mettre Mar­the en présence du fait une fois accompli.

Un hasard avait déjoué ses combinaisons : Marthe avait surpris son colloque avec le malade. Mais, en­fin, l’aventure avait mieux tourné qu’il ne le pensait : après une assez vive opposition, la jeune femme s’était résignée. Et une joie profonde, où il ne savait ce qui l’emportait le plus, de l’orgueil du savant ou du con­tentement de l’honnête homme, pénétrait le docteur Abivain.

Son remords, pour la première fois depuis bien longtemps, lui donnait quelque relâche. Il ne put, ce jour-là, demeurer dans son laboratoire : il sortit, ga­gna par la Corderie les bords du Guer, trouva aux choses, une jeunesse, une nouveauté, une vertu d’apai­sement qu’il n’avait point discernées jusqu’alors. Féerie de l’avril breton avec ses bandes magiquement refleuries et pareilles, sur les pentes, à de fabuleuses toisons d’or ! Le clocher de Loguivy pointait entre les ormes ; des barques de goëmonniers, sous leurs voiles couleur de tan, remontaient le fleuve au fil du flux, et les acres parfums iodés qui traînaient dans leur sillage emplissaient d’une griserie salubre les poumons du docteur Abivain. La voix grêle d’une pastoure, sur la berge, entonna la complainte de Marc’ haridith a Gerenard :

Une chanson vient d’être écrite

En dialecte léonard.

Une chanson sur Marguerite De Kéronard

Le docteur Abivain écouta jusqu’au bout la chan­son, pris à la douceur de cette voix enfantine qui éveillait en lui mille confuses réminiscences. Il flâna encore quelque temps au soleil, sur le chemin de halage, puis revint à petits pas vers la ville, les nerfs détendus, la conscience allègre.

 - « Maurice est sauvé ! Maurice va guérir ! » se répé­tait-il tout en marchant.

Il lui tardait d’être au soir pour retrouver son ami, recommencer la bienfaisante injection et, le soir venu, quand, après avoir examiné le malade, il prit dans le secrétaire la boîte où il enfermait son flacon et sa seringue et y introduisit la petite clef qui ne le quittait jamais, sa main avait comme un léger tremblement, il attribua même à ce tremblement la difficulté qu’il éprouva à faire manœuvrer la clef et comme si, dans l’intervalle, la serrure de la boîte avait été forcée. Simple illusion : le flacon était à sa place, herméti­quement bouché. Il le mira un moment, y plongea la seringue de Pravaz- et, redevenu maître de lui, se pencha sur Maurice pour lui faire à la nuque la piqûre habituelle.

Le malade eut un sursaut plus violent qu’à l’ordi­naire,

- Je vous ai fait mal, mon cher ami ? demanda le Docteur Abivain.

- Oui, dit Maurice.

- Cela va se passer.

- Mais c’est que cela ne se passe pas, docteur… Ah ! Mon Dieu, et les ténèbres qui reviennent… l’écran.., le mur… Je ne vois plus rien…

- Ce n’est pas possible ! Faites un effort… regardez-moi…       

- Le malade obéit : la légère humeur vitrée qui re­couvrait le globe des yeux s’était soudainement épais­sie ; les pupilles s’étaient complètement déformées. Tâtonnant dans le noir, les mains de l’aveugle s’ac­crochèrent à la redingote du docteur…

Celui-ci avait pâli. II se rappela cette résistance qu’il avait éprouvée en faisant jouer la clef dans la serrure de la boîte et, brusquement, il comprit tout : la condescendance inattendue de Marthe, le subit in­térêt qu’elle avait montré pour sa découverte quand elle avait vu que son parti était pris et que rien ne l’en ferait changer, les questions qu’elle lui avait adroitement posées pour savoir si le contact de l’air extérieur ne modifiait pas la couleur du liquide… Ne pouvant l’astreindre à se faire criminel, Marthe avait pris le crime à son compte, ouvert la serrure de la boîte avec une fausse clef, débouché, puis rebouché le flacon. Il avait suffi : Maurice Jagoury était con­damné à la cécité perpétuelle…

Le docteur Abivain fut trouvé mort le jour meme dans son laboratoire : sur le plancher, à côté de lui, gisaient les débris, d’un flacon de cyanure de potas­sium dont il avait absorbé le contenu.

 

Charles Le Goffic

 

 Le docteur fut trouvé mort, le jour même dans son laboratoire

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« Le Coup De Coeur Du Moi »: »Le Serpent De Feu » de Fabrice Bourland: Ténèbres Quand Tu Nous Tiens!

 

Je viens donc de terminer le cinquième volume des aventures de Andrew Singleton et James Trelawney et c’est avec regret que le livre a été refermé, tellement l’histoire m’a passionnée, me plongeant dans cet état de béatitude que nous autres lecteurs atteignons, à la lecture d’un excellent ouvrage. Je ne vous cache pas toute l’admiration que j’éprouve pour cet auteur talentueux et si parfois j’ai une prédisposition à un enthousiasme des plus enjoué, c’est parce qu’il existe fort heureusement des écrivains qui nous font réellement plaisir et qui ne boudent ni  leur temps ni leur générosité afin de nous offrir des romans tout simplement parfait : Une générosité qui est un gage de respect vis-à-vis du lecteur et ça les amis, c’est une bénédiction.

Car le détective de l’occulte, est un genre particulier, répondant à certains critères que nous autres amateurs inconditionnels, recherchons avec une grande avidité. Un domaine où le maître mot est sans contexte l’originalité, en abordant une thématique peu ou prou utilisée. Avec Fabrice Bourland, chaque roman est une invite à autant d’univers fantastiques des plus innovants, avec cette précision conférant à la maniaquerie, attribuant à l’histoire une certaine authenticité qui n’est pas pour nous déplaire. Une minutie d’orfèvre dans la description des lieux, des personnages et de certaines technique utilisées à l’époque ( les descriptions des différentes formes d’embaumements sont un modèle du genre) qui rendent l’avancée de l’enquête encore plus trépidante avec la construction de chapitres forts remarquables qui au fur et à mesure, s’infiltrent en nous en déversant dans nos circonvolutions cérébrales,comme un produit indispensable dont nous ne pouvons nous passer : Les romans de l’auteur entraîneraient-ils une dépendance ?

Ainsi dans « Le serpent de feu » le héros va-t-il se retrouver à poursuivre une ombre inquiétante, dans une fumerie d’opium située dans une lugubre Chinatown,décrite avec une telle authenticité que l’on à l’impression d’en ressentir les effluves d’opiums. Tout y transpire, la crasse, la misère, la corruption et le vice. Ce Chapitre intitulé « Au paradis vert de Ji Hao » est un brillant exemple du talent de l’auteur, qui se déguste avec délectation me donnant ainsi l’impression de revivre les heures les plus glorieuses de « Fu-Manchu ».Tout comme cet autre chapitre, un de mes préférés, « « Aleister Crowley » où la rencontre Andrew Singleton avec cet édifiant personnage dans les deux sens du terme, grand maître d’une société secrète et dont les talents culinaires donnent lieu à des recettes d’une grande complexité à base de substances que la morale réprouve et qui ne manqueront pas de vous faire planer le cas échéant, pour le restant de la journée.

Une investigation fort troublante qui va conduire nos deux personnages, certainement les plus intéressants de cette nouvelle vague des détectives de l’occulte, à la poursuite d’un homme possédant un étrange pouvoir sur les morts. Un enquête initiatique où la toute nouvelle passion pour l’étude de la fameuse « Golden Dawn » (Aube dorée) va mener ces deux intrépides traqueurs de mystères, aux frontières de la mort. Car dans ce roman, dont le développement et la minutie exemplaire ne peuvent que forcer l’admiration, l’auteur ne se livre pas au simple exercice d’une éventuelle invasion de « morts-vivants » comme pourrait le laisser supposer le résumé de l’éditeur, mais d’une plongée ténébreuse dans les mystères des sociétés secrètes dont le but ultime n’est autre que de se rapprocher au plus près des arcanes des sciences ésotériques, au risque parfois de se brûler les ailes et d’y laisser la vie. Et comme pour apporter une touche supplémentaire « Le serpent de feu » baigne dans une ambiance d’avant guerre sur fond de couronnement du roi  George VI  rappelant au plus cinéphiles d’entre nous, le fameux film deTom Hooper « Le discours d’un roi », et des références au cinéma, il y en aura bien d’autres. Décidemment Fabrice Bourland ne nous laisse aucun répit.

Un roman foisonnant ,riche et inventif qui ne fait que renforcer toute l’attention particulière accordée à un auteur dont j’attends à chaque fois avec une impatience de plus en plus grandissante le prochain roman.Je m’étais un peu plus longuement étendu sur les qualités intrinsèques de cet auteur lors d’un antérieur coup de coeur et la lecture de cette cinquième aventure ne fait que confirmer quelques chose que je savais déjà

Allez juste une petite critique, la couverture assez banale et qui ne met pas en valeur cet excellent roman, peut-être aurions nous aimé quelques chose de plus…fantastique? Mais comme le dit le proverbe « Qu’importe le flacon… »

 

A consommer sans modération toujours chez le même éditeur, les autres aventures de ce duo de choc :D

- « Le fantôme de Baker Street » N° 4090.

- « Les portes du sommeil » N°4091.

- « La dernière enquête du chevalier Dupin » N° 4207

- «  Le diable du Crystal Palace » N° 4260

 

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« Fascinax »: Petits Rappels Sur Un Super-Héros A La Française

 

Publié en 1921 à la « Libraire des romans choisis » cette série en 22 fascicules, bénéficiera pour ses couvertures du talent de Gino Starace et de son fils Jean. Pour le néophyte, la carrière de cet illustrateur hors pair, trouvera son plein essor pour les couvertures des éditions Fayard avec entre autres les superbes planches de la série des Fantômas.

Afin de mieux présenter le personnage, reportons nous au titre du premier fascicule : « Qui est-ce ? » Déjà à la vision de la couverture nous avons le portrait assez théâtral d’un personnage avec chapeau et cape, au un visage charismatique d’où ce dégage une force et une volonté des plus formidable. Le personnage nous est présenté comme un homme « Doué d’un pouvoir mystérieux qui protège les faibles et démasque les fourbes »

Le héros, Georges Leiceister est un jeune médecin en poste à Mendoro aux Philippines. Il sera contacté afin de réaliser une autopsie sur un Yogi du nom de Nadir Kritchna, exécuté par électrocution pour un crime dont il n’est visiblement pas responsable. Mais le « cadavre » ressuscite et grâce à l’aide providentielle de Georges, il parvient à s’enfuir et se mettre hors de danger. Voyant en lui un homme bon et destiné à un avenir hors du commun, le yogi décide de lui transmettre une partie de ses formidables pouvoirs. Car dit-il je vois en vous un homme incapable de faire un mauvais usage de cette puissance mystérieuse. Il va ainsi le conduire dans un endroit des plus secret, une crypte extraordinaire où sont représentées les divinités les plus sacrées du panthéon indien. Un rite de passage sera de mise et véritablement « enfermé » dans les bas reliefs de la salle, il devra, armé du « poignard qui repousse les ombres », repousser les attaque des dieux à tête d’éléphant, de crocodile et de tigre. Il sortira vainqueur de l’affrontement, les créatures redeviendront pierre, la crypte une salle des plus banale, mais Leiceister lui sera devenu « Fascinax ».

Volonté d’hypnotisme, dont de voyance du passé et de l’avenir, vitalité exceptionnelle, tel sont les pouvoirs de cet être exceptionnel. Cependant, cette formidable puissance, il va très vite l’apprendre à ses dépends, devra servir à contrecarrer les pouvoirs d’une autre créature tout aussi puissante mais dont les pouvoirs seront au service du mal : Numa Pergyll !

C’est ainsi que va naître le premier super héros de la littérature d’imagination scientifique qui, tout au long de sa vingtaine d’aventure va se trouver aux prises de situations les plus invraisemblables et des êtres les plus redoutables :

- Un univers étrange peuplé de chats dirigé par la mystérieuse Lady Agnès Gray dans l’épisode N°3

- Momie et princesse égyptienne dans le N°4

- Utilisation d’un véhicule révolutionnaire « La Fascine », entre l’automobile et l’aéroplane…

- Une pierre précieuse maléfique dans le N°6

- « Croquignolle » un gigantesque polichinelle, dirigé par « la reine des sirènes » dans le N° 10, cette même « reine » que nous retrouverons dans le fascicule suivant où il est aussi question de radioactivité et d’électro magnétisme.

- N° 13 et nous sommes confrontés à de redoutables martiens mais tout cela ne s’avère être qu’une supercherie…dommage !

A partir de cette décevante treizième aventure, le style s’essouffle, le délire des premiers numéros laisse place à la banalité. La saga va ainsi prendre une autre tournure, beaucoup plus tournée vers le fantastique, mais un fantastique de « bazar », aux ficelles grossières, aux idées mal exploitées. Pourtant les titres des exemplaires étaient prometteurs et alléchant mais hélas on retombe vite dans une littérature qui contribua malheureusement à entretenir la mauvaise réputation du genre. Changement d’auteur, lassitude de l’écrivain ou directives de l’éditeur ? Difficile à dire d’autant plus que les couvertures semblent également changer et le travail méticuleux des premières livraisons, laisse également place à un travail bâclé, atypique et sans conviction.

Dans un article consacré à la série et rédigé par Claude Hermier ( Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique N°11 Novembre 1992), l’auteur évoque le nom de Gustave Le Rouge, alors que dans un précédent article (le premier réalisé sur le sujet) paru quand à lui dans le N°10 du « Chasseur d’illustrés » de mai 1969, Georges Fronval avançait ce lui de Marcel Allain….Le mystère reste entier mais il est clair que face et je cite  Claude Hermier :

« Style alerte, coloré, effets de surprise, dosage judicieux d’ingrédients qui sont l’exotisme, les pouvoirs paranormaux, les objets maléfiques, l’anticipation, le fabuleux, les mondes étranges….Je trouve dans Fascinax, du moins dans les premiers récits, style du « Mystérieux Docteur Cornélius » : même démesure, même magie, même couleur, même ton et certains thèmes récurrents : Le royaume des chats, le Lunatic Asylum (ainsi le numéro 7 du « Dr Cornélius » ne porte-t-il pas le titre « Un drame au Lunatic Asylum » ?). L’émeraude, pierre maléfique s’il en fut apparaît chez Cornélius (fascicule 14 « Le buste aux yeux d’émeraudes »)

Je suis certain que si l’on y regarde de plus près, il serait probable de trouver d’autres similitudes. Un sacré gars le « Gustave » et sa production doit également se noyer dans un océan de pseudonymes et de textes anonymes.

Par la suite ce type de personnage ne se rencontrera quasiment plus, ce rôle sera plutôt attribué à d’autres personnages d’exception qui utiliseront une autre genre de pouvoirs afin de résoudre diverses enquêtes, à la limite du fantastique et du surnaturel pour certaines et d’autres pour affronter des génies du mal ou de redoutables bandes organisées.

En somme toute une page de tout notre patrimoine de la culture « populaire » dont nous nous devons d’être fier. Ébauche du super héros, prototype du vengeur masqué aux supers pouvoirs ? Quoiqu’il en soit nous avons dans ce personnage « fascinant » et énigmatique les premiers jalons du justicier impitoyable, cet homme au double visage, sur lequel pèse toute la folie et la méchanceté des hommes. Une figure emblématique, seulement vénérée par un petit groupe de passionnés, des nostalgiques du vieux papier qui savent fort heureusement qu’un jour viendra où ces figures légendaires ressortiront de l’ombre.

Liste des Fascicules :

- N°1 « Qui est-ce ? »

- N°2 « Le docteur aux yeux verts »

- N° 3 « La morte de Long Island »

- N° 4 « La momie sans pouce »

- N° 5 « La vapeur écarlate »

- N° 6 « La pierre fatale »

- N° 7 « L’avalanche vengeresse »

- N° 8 « Le saut de la mort »

- N° 9 « Au bord de l’abîme »

- N° 10 « Le jouet qui parle »

- N° 11 « Le sous marin volant »

- N° 12 « Le téléphone mystérieux »

- N° 13 « Un message de la planète Mars »

- N° 14 « Une caverne aux millions »

- N° 15 « L’escalier de feu »

- N° 16 « L’obus infernal »

- N° 17 « La cloche humaine »

- N° 18 « Le château du fantôme »

- N° 19 « La roche ensorcelée »

- N° 20 «Le pendu de l’Ile-aux-rats »

- N° 21 « L’auberge du diable »

- N° 22 « Les bijoux qui tuent »

Pour les passionnés du personnage, il est intéressant de savoir que Georges Leiceister fut de nouveau sollicité pour de nouvelles courtes aventures. En effet on retrouve notre héros dans l’excellente anthologie de Jean marc Lofficier « Les compagnons de l’ombre » (Six volumes à ce jour). Ainsi dans le volume cinq c’est Lovern Kindzierski qui le ressuscitera dans un affrontement des plus singulier avec….Irma Vep (« Les périls de Paris ») alors que dans le même volume Fascinax fera « équipe » avec Jules De Grandin pour affronter son ennemie de toujours : Numa Pergyll (« Cadavres exquis »). Ce même auteur, en grand passionné de littérature populaire Française avait déjà composé pour le volume quatre des « Compagnons » une incroyable nouvelle « Le gambit du traître » ou vont s’affronter : Flax, Belphégor, Fantômas Mabuse, Harry Dickson….Tout un programme !

Un remerciement tout particulier pour l’article de Claude Hermier cité précédemment et qui fut une source de précieux renseignements. Ce même article fut repris dans l’ouvrage paru aux éditions de« l’oeil du sphinx » et intitulé « L’archéologue du merveilleux » collection « les études du Dr Armitage » un supplément à D&M 1996

Pour avoir un aperçu complet du visuel de l’ensemble des fascicules c’est ici: Fascinax intégrale

 

 

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Le Sillage: « Les Horizons Fantastiques »

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Cette éphémère collection qui frôla pourtant  les cinq ans d’existence, ne connu pas un nombre considérable de titres puisqu’elle totalisera en tout et pour tout quatre volumes. Trois Français et un anglo-saxon, dont un titre célèbre pour les amateurs d’anticipations anciennes, Léon Groc et son « Univers Vagabond »

Cette collection, très recherchée par les collectionneurs, doit surtout sa réputation pour la rareté de ses couvertures qui deviennent de plus en plus difficile à trouver en bon état.

Il existe au moins deux jaquettes différentes pour les deux premiers titres de la collection, moins intéressantes car non illustrées, elles n’en demeurent pas moins peu courantes.

 

- R.Teldy Naïm : « Paradis Atomiques, Roman des jours heureux » 1949.Le Sillage « Les Horizons Fantastiques »
- L.Groc et J.Zorn : « L’Univers Vagabond » 1950. Le Sillage « Les Horizons Fantastiques »
S.F Wright : « Cette sacrée planète » 1953. Le Sillage « Les Horizons Fantastiques »
R.Teldy Naïm : « Ceci arrivera hier » 1954. Le Sillage « Les Horizons Fantastiques »

 

« Paradis atomiques » note de l’éditeur

 

Comment vivront les hommes en l’an 2050 ? Quelle sera l’organisation sociale et politique du monde ? Les races seront- elles fraternellement unies ? Y aura-t-il encore une mon­naie ? Les hommes seront-ils parve­nus à supprimer la maladie ? Connaî­tront-ils le bonheur ? Sera-ce enfin l’âge d’or ?

Autant de questions qui nous han­tent, tantôt comme des cauchemars, tantôt comme de charmeuses utopies.

An 2050. Année de Paix.

Trois guerres atomiques mondiales ont modifié la face du monde. La première a vu se heurter les deux grands empires des anglo-saxons et des slaves ; la deuxième, les Jaunes et les Noirs, d’une part, et les Blancs, de d’autre ; la troisième Jaunes et Noirs. Ces conflits ont marqué les cartes du globe de «Terres désaf­fectées». «Désaffectée», l’Amérique du Nord, «désaffectée», l’Europe, au coeur de laquelle Paris, en ruines, dresse la carcasse démantelée de sa Tour Eiffel.

Le pouvoir est aux mains du Gouvernement Mondial, lequel tient ses assises aux Pôles. Mais ce Gouvernement est uniquement composé d’éléments de races noire, jaune, rouge ; d’Africains, de Japonais, d’Hindous, d’Indiens.

Et les Blancs ? Dénommés avec mépris «les décolorés», déci­més et réduits à quelques milliers d’individus, sont enfermés dans de gigantesques «Réserves», au Dahomey, sur la Terre de Feu et dans le « bush » australien, ils sont condamnés à vivre et à mourir, à l’écart du monde civilisé et, surtout, de la recherche scientifique. Ils représentent, pour leurs contemporains de couleur, le sel qui a corrodé l’âme du monde, le bras qui, ayant enclenché les catas­trophes finales, n’a su ni les éviter, ni les réparer.

La race blanche mérite-t-elle un semblable ostracisme ?

Ne se trouvera-t-il aucun de ses représentants pour la libérer, non par la force, qui n’arrange rien  (du moins, en profon­deur), mais par l’éclat incontestable et incontesté de la valeur humaine, scientifique, morale ? Reprendra-t-elle sa place parmi les hommes libres ?

Or, malgré tant de bouleversements, qu’est devenue justement la situation des hommes libres ? Sont-ils toujours capables d’amour, d’héroïsme, de renoncement ? Peut-on alors être toujours fier de l’homme ?

C’est à ces questions que R. Teldy Naïm répond « dans Paradis Atomiques ». Cette vie de l’an de grâce 2050, que Jules Verne, s’il vivait de nos jours, eût imaginée, R. Teldy Naïm l’a décrite avec un souci de la vraisemblance qui est l’essentiel de son talent. Il imagine que vers l’an 3000, l’on découvre un micropalimp­seste d’un auteur anonyme; ainsi s’enfonce-t-on dans le passé, déjà oublié, de la vie des hommes, en cette année 2050, après les ruines de la troisième guerre atomique.

Est-ce alors le paradis matériel ? Après tant d’événements boulever­sants, l’homme est-il resté le même ? Est-il toujours capable d’amour, d’héroïsme, de renoncements ? Peut- on alors être toujours fier de l’hom­me ?

R. Teldy Naïm reste, dans son anticipation, plein d’optimisme, mais d’un optimisme par bonheur teinté de scepticisme.

Le roman d’amour de Westminster avec Broadway, en ces temps où les planètes Mercure et Mars sont déjà dotées d’un statut de colonies, et où l’on espère pouvoir bientôt acclimater l’homme aux conditions de vie de la planète Vénus, nous montre assez que les droits du cœur et de l’âme ne mourront pas si facilement

Jean Pommier, dans « Afrique », a pu écrire :

« Le jeu est mené avec un brio étourdissant et une imagination déchaînée. Mais sous la fiction et le fantastique, on aperçoit une solide assise de scepticisme quant aux possibilités d’évolution morale des humains, puisque, même à l’époque où les faits sont situés, l’amour et la guerre les mènent encore. Au demeurant, l’ouvrage incline davantage à réfléchir sur les vraies valeurs mo­rales qu’un pesant in-octavo. »

 

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« L’univers vagabond note » de l’éditeur

 

A l’époque où se situe L’univers vagabond, la Lune et les planètes du système solaire ne sont plus que la proche banlieue de la Terre.

Les cosmo-réacteurs ont atteint en effet la vitesse fabuleuse de 3.000  kilomètres à la seconde. Pourtant, l’homme n’a pas encore réussi à franchir les limites du système so­laire. Même à cette vitesse, il ne faudrait pas moins de 450 ans pour atteindre la plus proche des étoiles L’homme est-il donc condamné à de­meurer le prisonnier des quelques planètes qu’il a annexées à son do­maine ? Telle est la question qui hante deux savants de ce monde fu­tur. Grâce à des prodiges d’ingénio­sité, ils réussiront à lui donner ré­ponse. Ils s’embarqueront à bord d’une fusée d’une conception hardie. Mais ce ne seront pas eux qui attein­dront l’étoile Proxima, but de leur voyage… Ils auront vaincu l’espace par procuration.

Mais l’astronautique est une scien­ce toute neuve !…

Quel carburant utilise la fusée ? Comment les passagers se nourris­sent-ils ? Où trouvent-ils l’air et l’eau qui leur sont nécessaires ? Autant de problèmes qu’il résout, en émet­tant parfois d’audacieuses hypothè­ses.

Servis par une connaissance pré­cise des possibilités scientifiques, les auteurs racontent avec une abondan­ce de péripéties parfaitement plau­sibles le long voyage de la fusée Cosmos vers les mondes lointains.

Le récit du séjour que font les passagers de la fusée Cosmos sur une planète du système de l’étoile Proxima n’est pas le morceau le moins passionnant du roman : les insolites paysages, et surtout les sin­guliers occupants : des pierres vi­vantes, radio-actives, pourvues de conscience et de volonté, qui ne voient pas avec plaisir arriver du fond de l’espace ces voyageurs ter­restres.

Les passagers de la fusée Cosmos parviendront-ils à s’arracher à cette planète hostile? C’est le dernier épi­sode, avant le retour vers la Terre, d’un extraordinaire voyage, le plus extraordinaire que pourront jamais tenter des hommes.

« C’est bien du Jules Verne et du meilleur », écrit Roger Ferlet. J. de Ricaumont, dans les Nouvelles Littéraires, qualifie ce livre de rafraîchissant. « Malgré son caractère scientifique, écrit-il, l’intérêt se main­tient sans défaillance, grâce au caractère vraisembla­ble, presque naturel de ces extraordinaires aventures. La qualité maîtresse des auteurs indispensable dans ce genre, est, en définitive, la crédibilité. »

 

 

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« Cette sacrée planète » note de l’éditeur

 

Cet ouvrage (The World below) est cé­lèbre aux Etats- Unis comme l’œuvre la plus extraordinaire dans le genre antici­pation»

C’est une histoire du futur le plus éloigné, dans laquelle le lecteur saute, par-dessus un demi million d’années, dans un monde indiciblement bizarre et où pénètre le « Voyageur du Temps », un nomme de notre époque, qui erre, à la façon d’un barbare, à travers cette civilisation étrange et fantastique, accom­pagné par l’énigmatique Femme Amphibienne.

Mr Bleiler écrit dans la préface :

« Dans ce monde d’un futur prodi­gieusement lointain, cet homme rencon­tre les deux branches extrêmement divergentes de la race humaine : les Tro­glodytes et les Amphibiens. Les Troglo­dytes sont, physiquement et intellectuel­lement, des géants, doués d’une sorte de super-science aussi brillante qu’impitoya­ble, mais ils sont fatigués et en voie d’extinction graduelle. Les Amphibiens, d’autre part, bien que cérébralement égaux des Troglodytes, ont, dans leur développement, mis l’accent sur la paix de l’âme et, en dépit de leur intense spi­ritualité et de leur harmonie avec la na­ture, manquent de force pour agir. Ils ont cessé de se reproduire, et leur nombre est limité ou augmenté par des lois qui dépassent l’entendement du héros du récit. Ainsi donc, l’Homme, comme les Troglodytes le savent parfaitement, est parvenu une fois de plus à une de ses crises cycliques de dégénérescence.Il res­te maintenant au primitif du XXe siècle, après avoir été purifié par les morales supérieures à la fois des Troglodytes et des Amphibiens, à offrir une synthèse des capacités humaines dépassant le pouvoir des hommes futurs trop hypers- spécialisés, tout en sachant parfaitement qu’il ne pourra que demeurer inférieur à chacun d’eux dans les limitée de leurs spécialisations respectives. Il est en son pouvoir de revenir encore une fois do fond du XXe siècle avec une femme, afin de donner naissance à une nouvelle race d’hommes. »

Aussi, ce livre est-il une invite à en­treprendre avec le «Voyageur du Temps » une des plus extraordinaires enquêtes dont l’humanité puisse rêver.

 

« Ceci Arrivera Hier » Note de l’éditeur

 

Le futur influe-t-il sur le passé ? Voilà un problème que se posent aujourd’hui physiciens et philosophes.

Dans un roman d’anticipation d’une lo­gique de fer, mais où l’humour le dispute à la fantaisie, R. Teldy Naim,répond à cette inquiétude.

Lilith, la blonde fille de l’espace sidéral, par un extraordinaire concours de cir­constances n’est pas née sur la Terre. Elle tombe sur celle-ci en plein XXXIIIéme siècle, à une époque où l’humanité cherche dé­sespérément à percer le mystère du « mil­lénaire oublié», période pendant laquelle l’Histoire du globe semble avoir été sus­pendue à la suite d’on ne sait qu’elle ténébreuse catastrophe.

La rivalité amoureuse entre Lilith et Vanika, l’étrange tzigane qui possède le secret de la quatrième dimension, emmè­nera Xavier et Seymour, les deux hommes qui ont décidé de « savoir », à tout prix, à travers la nuit des temps, où la ren­contre d’un personnage tout-puissant et protéiforme leur fera découvrir des aspects absolument inattendus de l’Histoire du Monde

Si vous voulez connaître comment le secret de la dixième symphonie de Ludwig van Beethoven, les arcanes de William Shakespeare, la disgrâce de Jacques Cœur, et jusqu’aux amours du grand Roi Salo­mon et de Balkis, la Reine de Saba., ont été conditionnés par des faits et des per­sonnages du XXXIIIe siècle ; si vous dési­rez apprendre de quelle manière des bou­leversements qui ne se produiront qu’en 1995 seront déterminés par des êtres qui ne vivront qu’en l’année 3293, lisez : « Ceci Arrivera Hier

 

Pour un complément d’informations vous référer à la page BDFI consacrée à cette collection

 

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Ce Que Seront Nos Loisirs Du Futur : Lorsque tout Le Monde Aura Des Ailes !

( Non classé )

 

Lorsque tout le monde aura des ailes il faudra bien nous adapter à cette nouvelle vie aérienne et donc adapter notre quotidien. Ainsi, après avoir admiré un agent de police aérien dans l’exercice de ses fonctions, penchons nous dès à présent plus légèrement,sur ce que serons nos loisirs du  futur :

- « Les courses aéro-auto-motiles » de picaresques corridas qui remportent toujours un franc succès.

- « Le grand prix prix de Paris » Le ballon présidentiel assiste ici aux exploits sportifs de nos vaillants concurrents qui, au péril de leurs vies font preuve d’une audace extraordinaire.

- « La nouvelle chasse à courre » Avec le célébre équipage du marquis de l’aigle. Attaqué au dessus de l’engrillagement des essarts, un aigle rembuché par Jolibois, passe par dessus du bois Leblond, puis prend son parti, refuit sur la Malniére devant les faucons d’attaque… 

 

Images extraites de «L’assiette au beurre» spécial « A nous l’espace » N°37.14 Décembre 1901

 

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« Savant Fou VS Momies »:Deux Petits Romans De Emil Anton Aux Editions Du Clocher

« L’île des Hommes Perdus » de Emil Anton Editions du clocher 1952. 64 pages. Couverture illustrée couleurs de Ruddy.

Un étrange virus fait ravage dans le monde scientifique. En effet, un nombre invraisemblable de savants de toutes nationalités disparaissent mystérieusement sans laisser de traces. La France semblait être préservée de ce fléau jusqu’au jour où, Jean Duplantier, spécialiste de la réflexion de la lumière, est à son tour enlevé alors qu’il se rendait à son appartement.

C’est grâce à la perspicacité de ses deux fils Guy et Yves et surtout aux connaissances de deux amis Raymond Saury et Gilbert Fleaurau, petits génies en matière de radar, qu’ils vont détecter l’avion ayant enlevé leur père alors qu’il se dirige vers une destination inconnue. Après différents calculs, le doute n’est plus possible, l’avion s’est posé sur l’île de Tamarica à la pointe de la Polynésie, perdue au milieu du Pacifique. Nos aventuriers réussiront, après un voyage tourmenté, à aborder dans la plus grande discrétion, les plages de cet îlot que les indigènes disent hantée. Le maître des lieux, Hans Burman y a construit un gigantesque complexe lui permettant de transférer les cerveaux des plus éminents savants du globe. Transfert s’effectuant dans les différentes têtes métalliques de toute son armée de robots, construite à des fins de conquête. Subtil mélange de force et d’intelligence, ces créatures lui permettent d’assembler et d’expédier dans l’espace une immense plateforme armée d’un super canon à l’énergie solaire. Celui-ci d’ailleurs détruira par la suite la ville de New-York, faisant tout fondre sur le passage de son rayon destructeur.

Les savants quant à eux, pauvres corps à l’esprit débile sont parqués dans un coin de l’île, à jouer comme des enfants. Héros obligent, le petit groupe parviendra malgré tout à détruire un des redoutables gardiens métalliques du maître. Mais oh ! surprise… à la mort de celui-ci, ils s’aperçoivent que le transfert de cerveaux volés peut aussi s’effectuer dans l’autre sens (l’intelligence n’étant qu’un fluide) et découvrir, le hasard faisant bien les choses, qu’il s’agit en fait de celui de leur père. La chasse est alors ouverte et l’on va tout guilleret « casser du robot ». Après un affrontement impitoyable, toutes ces boites crâniennes vides vont ainsi récupérer leurs géniales cervelles. Ne reste plus, faute de défenseurs qu’à détruire le repère du fou, dissimulé par quelques mètres de fond dans un lac situé au centre de l’île. Une bonne charge d’explosif fera l’affaire mais dans le fracas épouvantable de l’explosion ils entendront les réacteurs d’une fusée emportant avec elle ce bandit criminel. A leur retour en France, la chasse aux complices est engagée, tout le réseau du savant fou est démantelé. Quelques jours après ce drame Jean Duplantier apprendra par une source confidentielle que les restes de l’île interplanétaire furent retrouvés dans les bois de bohème éparpillés sur plusieurs kilomètres : mais pas de traces du savant criminel ! Les rêves de conquêtes de ce fou ont échoués, mais une menace plus terrible encore n’est-elle pas prête à se déchaîner sur l’humanité ? Vous le saurez chers lecteurs dans notre prochain numéro.

 

« Les momies vivantes » de Emil Anton Editions du clocher 1952. 64 pages. Couverture illustrée couleurs de Ruddy.

Hugues Verdier et Raoul Duflau, étudiants à la Sorbonne vont, en compagnie de Giselle la sœur de Hugues, faire une bien curieuse découverte. Alors qu’ils se rendaient chez leur oncle, un spécialiste en Egyptologie, ils font une halte chez un bouquiniste des quais de la Seine,où Giselle découvre un curieux petit ouvrage de J.B. Franchot :« étude sur les momies Egyptiennes ». Bien évidemment notre savant, Jérôme Bardou en vieux rat de bibliothèque, possède déjà l’ouvrage de cet auteur, mort dans d’étranges circonstances. Mais une surprise se trouve astucieusement cachée à l’intérieur de l’édition de Gisèle : Un authentique papyrus. Sur celui-ci est indiqué l’emplacement exact de la tombe d’une certaine princesse Amarou Ra, ensevelie d’après la légende, dans le désert de Nubie. A ce jour toutes les recherches furent infructueuses, une malédiction pèserait-elle sur le tombeau tant convoité ?

 Rien ne fait reculer un véritable aventurier et nos amis décident donc de partir à la recherche de cette mythique Hypogée contenant sans nul doute un fabuleux trésor. Le voyage par bateau ne se passe pas sans histoire – D’abord on tente d’assassiner l’oncle lors de la traversée, puis de sombres menaces écrites en hiéroglyphes leurs parviennent de mystérieuse façon. Une fois arrivés sur la terre d’Egypte, autre problème car personne ne désire participer à leur périple. Les porteurs avouant être menacés ainsi que leur famille s’il y avait une moindre collaboration. Finalement l’argent aidant, le corps expéditionnaire s’organise mais de nouveaux incidents entravent leur progression : chameaux tués, disparition d’hommes, assassinat du guide…Curieusement ce dernier sera remplacé par la survenue providentielle d’un jeune homme, Ali, au regard étrange mais se disant prêt à les conduire à l’emplacement exact du tombeau.

Ali n’est autre qu’un prêtre, gardien des anciens rites et défenseur du tombeau d’Amarou Ra. Grâce à certaines formules magiques, il attire les aventuriers un peu trop curieux et après les avoir tué, il possède le pouvoir de les momifier pour les ramener à une vie impie et profane, histoire de grossir son armée de gardiens du temple.

Toute l’expédition se trouve alors confrontée à toute l’horreur  de cette gigantesque caverne ressemblant à un immense musée, plein de sarcophages où dorment d’un sommeil éternel, de nombreuses générations d’aventuriers et d’archéologues. Après un terrible combat, où comme toujours le bien finira par triompher, le prêtre n’ayant pas le temps de réveiller ses horribles gardes du corps, préférera, grâce à un dispositif spécial, détruire l’ensemble du temple et ses immenses richesses. Les explorateurs s’en sortiront indemnes, mais rien ne subsistera de tout ces trésors archéologiques pouvant attester de leurs incroyables découvertes. Frustrant non ?

 

 Savant fou VS momies…

Voici donc brièvement, deux romans de cette agréable petite collection éditée dans la Haute-Garonne et qui donna naissance entre autre au célèbre roman du même Emil Anton « Les enfants des étoiles » et de celui de H.Suquet « panique sur le monde ». Il est à noter tout d’abord le coté très agréable des couvertures et plus particulièrement celle des « momies vivantes ». Les textes d’Emil Anton comme peuvent l’attester les titres du catalogue, sont toujours un agréable mélange entre fantastique et Science-Fiction et si les prétentions littéraires ne sont pas des plus immenses, il n’en reste pas moins que ses textes sont d’une facture agréable où l’aventure est de mise. Comme il se doit avec ces fascicules, le ton et la rapidité de l’écriture nous laisse bien présager de la moyenne d’âge des lecteurs mais il faut avouer que toutes ces idées, même ébauchées de façons superficielles, sont toujours plaisantes et très amusantes. Une fois de plus, le « Savant fou » , icône incontournable de ce genre de productions, y joue un rôle déterminant et contrairement à ses autres homologues celui-ci ne s’embarrasse pas d’une science trop compliquée et pour cause voyez dans le premier texte où l’intelligence est un fluide pouvant changer de propriétaires. Le moyen est simple, net et sans bavure ou presque, rappelez-vous le faciès des génies sans cervelle. Anton doit avoir une forte sympathie pour les « cerveaux » dérangés (de ceux qui détruisent New York sur un coup de tête) car finalement Hans Burman arrivera à s’en sortir, ce qui laisse une porte ouverte à une éventuelle suite…que nous attendons toujours

Le roman Fantastique, de facture classique (momies, manuscrit secret, malédiction) n’a rien d’original si ce n’est l’utilisation de ces audacieux aventuriers par le prêtre Egyptien afin de protéger éternellement l’objet même de leur convoitise. Il y a là une certaine ironie qui ne manque pas de charme. Le thème de la malédiction est certes très usé à force d’avoir été utilisé mais dans ce genre de récits courts et nerveux cela fonctionne toujours autant. De plus les deux derniers chapitres nous plongent directement dans un remake de « Les aventuriers de l’arche perdue » avec écroulement du temple, fosse aux serpents et tout et tout… Les mystères de l’ancienne Egypte n’en finissent plus d’appâter les amateurs, certes à leurs risques et périls, mais que deviendrait notre soif de lecture « Savanturières » s’il n’existait pas d’intrépides explorateurs pour oser les braver ?

 

Pour une liste complète des numéros parus dans cette sympathique petite collection vous référer à l’incontournable site BDFI

 

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La Régulation Du Trafic Aérien Du Futur: Le Policier Volant!

Dans un article fort pertinent sur  l’incontournable Blog « ArchéoSF » notre ami Philippe Ethuin soulève l’épineux problème de la propriété de l’espace. En effet, les auteurs d’anticipations anciennes encombrent le ciel d’objets volants (avions, chalets, dirigeables….) tous plus hétéroclites les uns que les autres et l’on se retrouve ainsi confronté à un véritable ballet aérien des plus insolite. Car la vie dans le futur sera régulée par ce trafic aérien incessant où l’homme, lassé de sa condition de terrien préférera s’adonner aux joies des escapades aériennes et autres batifolages acrobatiques. Comme pour appuyer cette issue inexorable, des auteurs n’hésitèrent pas à nous donner de fait une vision hallucinante et merveilleuse, avec une humanité s’élevant au statut de ces nobles volatiles qui pendant longtemps furent contemplés avec une pointe de jalousie. Robida, pour citer le plus entreprenant, occupe le ciel de notre futur pays, avec une myriade de vaisseaux aérien petits et gros («  En 1965 », « Le XXéme siècle et la vie électrique ») Pierre Souvestre dans « Le hommes=oiseaux »  anticipe notre avenir comme un peuple ne vivant que dans les airs au moyen de machines diverses, sans oublier probablement la référence dans ce domaine en matière d’innovation et de beauté graphique, celle proposée par l’illustrateur A.Guillaume dans un numéro spécial de l’assiette au beurre « A nous l’espace » du 14 Décembre 1901.De magnifiques planches en couleur dont certaines occupent quatre pages dépliantes, nous donnent un aperçu de la vie des citoyens dont toutes les actions de la vie quotidienne se passeront dans les airs. Rien n’est précisé, dans ce cas unique d’imagerie conjecturale, si le ciel appartient à l’un ou l’autre des protagonistes, mais une chose est certaine, c’est que pour veiller au grain et faire respecter la navigation aérienne, des agents de police volants sont ici pour régler la circulation aérienne et peut-être même, mais ceci est aussi du domaine de la conjecture, sont-ils là afin de bien surveiller le bon respect de la limite des parcelles d’un ciel qu’il est désormais difficile à maîtriser.

Un exemple du génie de l’illustrateur  qui avec une pointe d’humour nous dévoile un aspect fort cocasse de ce ciel que l’on pensait pendant longtemps « Infranchissable ». En raison de la taille de l’illustration (dépliante sur quatre pages) il m’a été nécessaire de la scinder en deux parties, mais le plaisir reste tout aussi  intact !

 

« L’assiette au beurre spécial A nous l’espace ! » 14 Décembre 1901.Illustré par A.Guillaume.

 

« Les encombrements : Malgré les remèdes tous plus ingénieux les uns que les autres que M Lépine s’efforce d’apporter aux inconvénients de la circulation, les encombrements sévissent encore dans les grands centres de la capitale »

 

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« Luraméné » de Louis Gaudar

 

« Luraméné » de Louis Gaudar. Editions « La nef de Paris » 1959

 

- Citez-les dans l’ordre.

- M, L, E, T, C prime. Puis A et H. Enfin, Z.

- Quoi, enfin Z ? Dites : énergie Z.

- Energie Z. ‘ L’énergie qui anima les statues et engendra ainsi les Vi…, les… Vi…

- Les Vita…

- Les Vitalithos !

- Et en quelle année cela se passa-t-il ?

- En 1969.

- Très bien I

C’est l’enregistrement pur et simple de l’interrogation, subie en 2500, par un petit Uramien sage et discipliné, cependant que les mouchards électroniques disséminés dans l’amphithéâ­tre détectent et transmettent les pensées secrètes du Profes­seur et des élèves…

 Le contrôle, tout est là ! Un contrôle total et permanent qui, seul, permet de déceler la moindre trace de non-confor­misme, le moindre écart avec la ligne moyenne d’un destin standardisé. Des prévisions valables, leur stricte exécution, voici les caractéristiques d’une Société enfin conforme et éta­lonnée. En corollaire, évidemment, la, suppression de tout in­dividualisme. Donc, le téléguidage des Uramiens, descendants des Hommes.

Il faut absolument lire ce roman d’anticipation qui laisse l’impression étonnante d’un reportage en direct sur la vie quotidienne des hommes en l’an 2500.

L’auteur — un scientifique — a délibérément ignoré les accessoires habituels : fusées, combats dans l’espace contre un envahisseur d’aspect souvent grand-guignolesque, colonisation de planètes- lointaines, etc.

Il a simplement développé, avec une implacable logique, quelques-unes des possibilités dangereuses que notre monde porte en lui.

Comme dans tous les grands classiques du genre (de Wells à Huxley) la description minutieuse, et non sans humour, d’un des destins possibles de l’humanité, comporte ici une critique radicale du présent et une mise en garde pour l’ave­nir, une fraternelle et vigilante inquiétude pour l’avenir des hommes.

 Ce curieux ouvrage comporte un chapite qui l’est tout autant et intitulé Les gargouilles de notre dame  où nous assistons à un ballet de  ces étranges chimères qui reviennent ainsi à la vie grâce à un procédés hors du commun….

 

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« En 1965″ : Albert Robida Un Auteur désabusé par le Progrès?

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A la lecture de ce texte de présentation du roman de Albert Robida « En 1965 » et paru dans la revue « Les annales » N°1896 (26 Octobre 1919) au N° 1909 (18 Janvier 1920), le lecteur habitué à ce pétillant personnage ne peut être que fortement étonné de l’image qu’il nous donne. Lui, l’homme des inventions aussi extraordinaires qu’extravagantes, nous révèle l’aspect d’un personnage relativement classique, un « monsieur tout le monde » ce qui finalement en soi n’a rien d’exceptionnel si ce n’était cette formidable aversion qu’il semble éprouver à l’encontre de la vie moderne et de son cortége d’inventions certes révolutionnaires, mais bruyantes et encombrantes. « J’abhorre  la vie moderne avoue t-il » et ressent même une sorte de terreur lorsqu’il se met à imaginer la vie au XXéme siècle, ce qui semble assez paradoxal en regard de son importante production dans le domaine conjectural. Il semblerait que l’écriture dans le cas présent est un exutoire, uniquement là pour coucher sur papier ses angoisses et ses hantises les plus tenaces comme pour vouloir les exorciser et surtout comme pour vouloir jeter à la face du monde : « Regardez ce qui vous attend, une vie faite d’agitation, de stress et de surmenage ». En fait sous le trait de la dérision et de la caricature il dénonce le rouleau compresseur du modernisme, cette course effrénée et aveugle vers un progrès des plus envahissant auquel finalement il ne croit guère qui, telle une énorme machine monstrueuse, engloutira de ses appétits insatiable, une humanité si fragile et tellement naïve.

Car plus qu’un anticipateur et un visionnaire, l’œuvre imaginaire de Robida est surtout présente pour son rôle de mise en garde, d’avertissement. Avec le verbe haut, la truculence de ses écrits et le délire permanent de toutes les planches qu’il a illustré avec un génie incomparable, se profile l’œuvre d’un homme inquiet, conscient des dangers du progrès et de la science. Sous couvert de fariboles conjecturales il dénonce ainsi toute la stupidité des hommes et la façon dont il peuvent se laisser séduire aussi facilement aux charmes de la fée électricité et de ses nombreuses tactiques de séduction. L’avenir est une chimère qui ne se conclura que par la destruction de l’homme par l’homme. Lui qui a inventé tant de machines roulantes, flottantes et volantes, il se révèle être un piéton invétéré, un irascible marcheur et arpenteur des routes de France qui ne voudrait pour rien au monde échanger sa paire de chaussure contre un billet en partance pour le ciel, la lune ou les étoiles.

Un facette des plus étonnante, un doux rêveur, mais dont les songes sont finalement à la lecture de cet article, de véritables cauchemars que l’artiste, par le biais de son art prodigieux,évacue tant bien que mal, pour le plus grand plaisir des boulimiques de l’imaginaire que nous sommes. Finalement, le lecteur est un grand égoïste ne se souciant guerre des états d’âmes de l’écrivain à partir du moment où son seul plaisir personnel trouve une forme d’apaisement.

 

 « Mr Robida et le nouveau roman des Annales  ». Par Furetiéres

 

 Mr Robida est aujourd’hui un vieillard, un vieillard vigoureux et aimable,

Des yeux bienveillants et ridés, une mèche blanche, hirsute et soyeuse, plantée sur le front, et, surtout, la modestie affable qui s’allie avec la simplicité naturelle, lui compo­sent une physionomie attrayante : celle de

quelque vieux savant doux et appliqué, plein à une érudi­tion toujours en éveil et d’une étourderie charmante dans la vie extérieure et dont le regard naïf est animé par la curiosité ardente propre au spécialiste amoureux de sa science.

 

Comment ! C’est à l’écrivain-dessinateur qui, dans un livre célèbre, a tracé, il y a près de quarante ans, le ta­bleau de la vie mécanique et industrielle dont nous voyons l’aube aujourd’hui, dont l’ima­gination précise avait prévu l’avion, les chemins de fer souterrains, la guerre chimi­que…, le vote des femmes…, et tant d’autres choses éton­nantes !

Je croyais trouver un esprit pratique, heureux d’assister a la vérification de ses hypo­thèses, et j’ai devant moi un artiste rêveur.

Ma surprise ne fait qu’augmenter dès les pre­miers mots que prononce M. Robida.

J’abhorre, me dit-il, la vie trépidante qu’on subit aujourd’hui; j’en ai toujours eu la han­tise. Et c’est dans une sorte d intuition funeste que j’ai écrit en 1882, le « XXe Siècle ». Je pré­voyais et je craignais cette course forcenée des hommes, cette existence où tout est hâtif, pres­sant subordonné à la rapidité. Toujours plus vite ! C’est le mot d’ordre ! Je déplore, vous pouvez le croire, d’assister à ce spectacle. Je maudis les camions haletants qui passent sous mes fenêtres et font trembler les vitres ; je re­doute, au point de ne m’y aventurer que contraint, les carrefours de Paris tour­billonnant d’autos mugissants, de tram­ways, d autobus monstrueux ; c’est avec angoisse que je parcours les tubes sou­terrains dans lesquels on lance les wa­gons électriques chargés de chair humaine en paquets. Cette vitesse perpétuelle et artificielle m’accable, m’étourdit, me brouille le cerveau. Je suis un lent et un calme. Je n’ai guère voyagé dans ma vie qu’à pied. Peu de temps encore avant la guerre, vous auriez pu me rencontrer avec mon baluchon sur les routes ; j’ai parcouru ainsi une partie de l’Autriche, de l’Allemagne de l’Italie et presque toute France, et ce furent là les meilleurs moments de ma vie. J’aime mon art parce qu’il s’allie avec la fantaisie, parce que je peux y prendre mon temps, m’arrêter où il me plait, quand je veux, par un croquis, fixer une vision heureuse. Cela, c’est l’existence saine et normale, et l’on apprend mieux et plus vite ainsi qu’en avalant des kilomètres poussiéreux dans un engin désa­gréable.

- Quoi ! Monsieur Robida vous détestez l’automobile ! Au moins, avez-vous eu la tentation de monter en avion, en aviette, pour em­ployer le terme précurseur dont vous avez bap­tisé les machines volantes dans votre roman ?

— Dieu m’en préserve !

Et M. Robida poursuit de sa voix hésitante, son discours aimable, surprenant. Il est assis dans son fauteuil, derrière sa table, une vieille table aux bords luisants par le frottement des man­ches et qu’il a achetée,me dit-il, en arrivant à Paris, il y a plus d’un demi-siècle. Combien de pierres lithographiques a-t~elle portées ? Une encore est là qui montre le talent de M. Robida plus aisé et vigoureux que jamais. Deux fenê­tres d’angle qui donnent sur l’avenue de Neuilly éclairent gaiement le bureau chargé de

vieux souvenirs et dans lequel M. Robida semble bien chez lui.

Il ouvre pour moi sa mémoire, me conte ses études de jeunesse à Compiègne,sa venue dans la capitale; comment c’est grâce à Dumas père, « croqué » un jour par lui, qu’il a placé sont premier dessin dans un journal humoristique. Puis sa collaboration variée à toutes les revues, son existence éparse en Europe. Son cerveau en est tellement farci de ces souvenirs, il en a une collection si nombreuse, qu’il saute, en parlant, des tranches entières.

 - Ah ! J’oubliais, me dit- iL. Pendant dix ans, j ai des­siné à Ia Caricature

Mais quand je reviens à l’objet de mon enquête et que je lui demande par quelle inspiration extraordinaire il a prévu certaines applica­tions de la science que nous avons vu réaliser pendant la guerre, telles que les gaz asphyxiants, les chars de com­bat et autres choses, il paraît surpris.

-Il m’est difficile de vous répondre  dit-il. j ai réfléchi, tout simplement, j’ai écrit et dessiné en m amusant

Et moi qui viens de relire Le « XXe Siècle » avec un intérêt captivant en y trouvant mille détails d’une vérité déconcer­tante, quand on songe à la date où ils ont été pensés, sur les transformations sociales les développements économiques et les moyens industriels, j admire M. Robida, prophète aimable et paradoxal

-Pourtant, ce n est pas sans plaisir, ajoute- t-il, que j ai repris la plume pour écrire un nou­veau roman d’imagination destiné aux Annales. C’est un jeu de l’esprit séduisant que de prévoir les applications de la science. Vous verrez, dans « Les Annales » les idées qui me sont venues sur la houille rouge, l’alimentation synthétique, l’habi­tation sous-marine et sur d’autres choses. Maïs, voyez-vous, je n’envie pas ceux qui vivront en 1965. Ils seront pris dans les engrenages de la société, mécanisés au point que je me demande où ils trouveront le temps et le moyen de savourer les joies qui nous étaient offertes autrefois : celle de flâner dans les rues, au bord de l’eau ou dans les bois, celle du silence, du calme et de la solitude. Ils ne les auront pas connues, ces joies, et ils ne sauront pas les regretter; mais pour moi, qui sais, je les plains.

 

Je quitte Mr Robida sur ces paroles désabusées et je le laisse penché sur sa table reprenant son travail avec une philosophie apaisée et bienveillante. Car si M. Robida a des regrets il n’a pas d’amertume.

 

 

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