« L’épopée Martienne » de Théo Varlet & Octave Joncquel: Un Pur Délire Conjectural!

Posté le 7 juin 2012

 

Le résumé qui va suivre, relevé dans le tome second de cette extraordinaire saga qu’est « L’épopée martienne », vous donne un aperçu de la densité du récit et des idées qui y fusent à tout bout de champs. Une invasion extraterrestre impliquant, martiens, joviens ce n’est déjà pas si mal, mais comme si cela ne suffisait pas, les auteurs vont également placer une thématique de fin du monde sur fond d’une tout autre invasion, interne celle là avec cette horde d’abominables anthropophages, sans parler des « Soviet » voulant asseoir leur suprématies…Une apocalypse totale comme on en rencontre rarement dans ce genre de littérature. Le tome premier se terminera par l’arrivée de cet obus martien occupé par les grands maîtres de la planète voulant aider à la réincarnation des âmes martiennes. « Guerre des mondes » sur fond de  spiritualité, le second volume nous plonge au cœur des ténèbres où les quelques survivants terriens, conscient de ce drame affreux vont s’efforcer de lutter face à ces puissantes créatures voulant coûte que coûte conquérir cette terre promise. Car en détruisant leur planète, les joviens ont ainsi libéré des millions d’âmes en quête de réceptacles humains. Une œuvre foisonnante et complètement folle, proche des délires de Gustave Le Rouge et de son épopée Martienne, du périple de Serge Myrandhal de Gayar ou des aventures extraordinaires des héros de Jean de le Hire dans sa « Roue fulgurante »

Deux volumes fourmillant d’idées complètement extravagantes ne vous laissant pas souffler une minute et si après le résumé qui va suivre vous n’avez pas envie de vous plonger dans cette délirante épopée, alors tout espoir est perdu d’avance.

 

« L’épopée martienne » deux Volumes :

-         Tome  premier : « Les titans du ciel, roman planétaire » de Octave Joncquel & Théo Varlet. Librairie Edgar Malfére bibliothèque du Hérisson.1921.

-         Tome second : « L’agonie de la terre, roman planétaire » de Octave Joncquel & Théo Varlet. Librairie Edgar Malfére bibliothèque du Hérisson.192.

 

Ces deux volumes furent réunis dans la collection « Classique » des éditions Encrages en 1996. Outre les deux romans précités, vous y trouverez également un autre texte de Théo Varlet, tout aussi passionnant sur une thématique de voyage dans le temps : «  La belle Valence », précédé d’un article de Joseph Alrairac fort passionnant « Mais qui a donc inventé la premiére machi,nne à voyager dans le temps?» Tout cela illustré par le crayon inspiré du talentueux Guillaume Sorel. Une raison de plus pour faire l’acquisition de ce volume superbe et indispensable à toute bonne bibliothèque.

 

 Résumé du tome premier

C’est un demi-siècle après la Grande Guerre 1914-18. Les États-Unis du Globe sont constitués et la paix règne – par l’intimidation – grâce aux « foudroyants » dont le Directoire-Terrestre de Paris a monopolisé le secret. La science progresse toujours, et vient d’établir la télégraphie avec Jupiter et Mars. Les trois planètes fraternisent et font échange de nouvelles. Mais les traîtres Martiens en profitent pour réaliser – dans des circonstances tout autres et bien plus atroces -l’invasion prophétisée par H.-G. Wells. Ils se proposent d’annihiler la civilisation sur la Terre avant d’y débarquer eux-mêmes. Arrivés à bonne portée, ils ouvrent le feu, au début de l’été 1978.

Le publiciste Léon Rudeaux est en compagnie de Sylvain Leduc, chef-pilote au camp d’aviation du Crotoy, lorsque, sous leurs yeux, le premier obus tombe  dans la direction de Paris. En hélicoptère « rotatif », les deux amis arrivent au dessus de la capitale qui brûle, enlèvent Gaby Leduc réfugiée sur un toit, et gagnent le poste de T. S. F. interplanétaire du Mont-Valérien. Un avion de sauvetage y dépose aussi Gédéon Botram, le seul Directeur échappé à la catastrophe. Botram organise les secours, puis transfère à Marseille les débris du gouvernement. Rudeaux est chargé des services d’informations. Nouvelles, chaque jour plus graves. Lyon, Nice,Rome, Londres, Chicago, Boston, Yokohama, détruites successivement par les torpilles martiennes. La panique se répand, formidable ; la société se désagrège ; les mouvements nationalistes, communistes, anarchistes, s’enchevêtrent, en une poussée de folie collective. Il n’y a plus d’États~Unis du Globe ; partout on fuit, on pille, on se bat, on se rue aux jouissances.

Avec la jeune dactylographe Raymonde, qui sera désormais sa fidèle compagne Rudeaux prend deux jours de congé. Ils traversent Marseille en pleine effervescence de révolution et d’orgie, et vont chercher la tranquillité dans un petit port voisin : Cassis. Mais on y proclame justement le soviet, et ils s’échappent à grand’peine de la bagarre. Cette nuit-là, réfugiés parmi les rochers déserts de la côte, ils voient tomber la dixième torpille, sur Marseille. L’avion de l’ex-milliardaire Isaac Schlemihl recueille le couple et, faisant un crochet sur la mer pour éviter la flambée apocalyptique, le transporte aux Saintes Maries de la Mer, où l’on retrouve Gédéon Botram et les Ministres échappés à l’incendie et aux troupes anarchistes qui attaquaient le palais du gouvernement, lors de la chute de l’obus.

Ce fantôme de pouvoir assiste impuissant à la déroute de la civilisation dont il apprend les détails, effroyables ou grotesques par la T. S. F., et par les randonnées de Sylvain Leduc, chef de l’Aviation. Le Grand-Conseil de Jupiter, indigné par le lâche attentat martien, a bien promis aux Hommes de châtier leurs ennemis ; mais les positions astronomiques des planètes sur leurs orbites ne seront pas avant deux ans favorables à cette intervention jovienne. Le savant Ladislas Wronsky, par bonheur, découvre enfin un moyen d’agir sur les dispositifs télémé­caniques des torpilles que gouvernent à distance les Martiens : les torpilles ultérieures sont projetées en mer ; l’humanité respire.

Réjouissances par toute la Terre délivrée ; illuminations,danses ; mais on ne se réorganise pas pour cela. L’anarchie se développe encore, par la vitesse acquise.

Cependant, la planète Mars s éloigne toujours sur son orbite ; elle a cessé d’envoyer ses projectiles, et l’on croit le bombardement fini pour cette fois, lorsque au dernier moment trois obus sont encore lancés. Ils provoquent de vastes conflagrations volcaniques (Italie, Japon, Mexique) et surtout un effet moral déplorable sur l’humanité restante. Ladislas Wronsky ne voit plus qu’un moyen de sauvegarder la civilisation jusqu’à des temps meilleurs, c’est de grouper l’élite savante en gardiens du feu sacré. Léon Rudeaux, accompagné de sa femme travestie en pilote-aviateur (à cause des soviets), part en mission afin de recruter les membres de ce futur Conservatoire. Ils survolent la France ravagée par la folie destructive et homicide, puis la Belgique, l’Angleterre, et visitent sans grand succès quelques Universités. Après la panne tragique de Dury ( chez le faux docteur Landru qui tient sous son pouvoir hypnotique toute une maison de fous), ils apprennent à Amiens le désastre des Saintes Maries assiégées et détruites par les Hordes noires de Provence. Botram, Wronsky, et les autres ont péri, malgré les efforts de Leduc et de sa flotte aérienne. Le couple reste donc à Amiens, où les hasards de cette époque étrange ont rassemblé une foule d’artistes qui se livrent uniquement à leurs nobles travaux. La ville tient plusieurs mois  tandis que la peste, la guerre, le délire « nuit-éternaliste » achèvent de dépeupler le monde… Une Horde anthropophage s’en empare à la fin, l’incendie, et massacre la plupart de ses habitants. Les avions de Sylvain Leduc en sauvent un petit nombre, et ces rescapés ( dont Rudeaux, qui voit la mort de très près, et sa femme, ) vont s’adjoindre à la colonie du Mont-Blanc.

La civilisation n’est plus représentée que par une dizaine de groupes disséminés dans les cinq parties du monde qui retourne à la barbarie. Espoir suprême de  l’avenir, ces groupes attendent la réalisation du châtiment céleste dont Jupiter leur renouvelle la promesse : Mars, qui a péché par le feu contre la loi d’amour et de fraternité, sera détruit par le feu dans la nuit du 21 au 22 juin 1980.

 

Et en effet, les colons du Mont-blanc suivent, dans les télescopes et les lunettes de l’Observatoire, la fantastique exécution que leur commente l’abbé Romeux, l’astronome. Les Joviens ont passé deux ans à charger des batteries d’accumulateurs-solaires ; et au moment fatal cette somme d’énergies calorifiques est appli­quée à un projecteur géant braqué sur la planète criminelle. Ce Foudre de Jupiter s’allonge à vue d’œil vers Mars, l’atteint, et le balaie en tous sens, inexorablement, jusqu’à extermination complète de la vie à sa surface… C’est la Terre à jamais sauvée, l’avenir rouvert…

Suprême déception ! Avant d’être atteints par le Glaive de feu, les infâmes Martiens ont eu le temps de lancer l’un des projectiles destinés à leur émigration sur la Terre désormais incapable de résistance ! L’obus est unique, il est vrai, mais le moral des derniers civilisés n’en est pas moins très ébranlé par ce coup inattendu. Quelle mystérieuse menace ne renferme pas ce projectile de la dernière heure? Pendant les trois semaines que durent et son trajet et l’expectative de son arrivée sur Terre,la démoralisation gagne le Mont-Blanc. Les aviateurs de Chamonix décampent avec leurs appareils et entraînent dans leur désertion quelques femmes de l’Observatoire : ils vont gagner Tahiti, où ils « se la couleront douce ». Sylvain Leduc, enragé par ce lâchage, jure d’aller à lui seul combattre les Martiens à leur débarquement.

Un radio de Jupiter annonce que l’obus arrivera aux environs du Caire, où se trouve l’une des « stations » civilisées. Leduc, accompagné de son seul mécanicien resté fidèle, le jeune Moreau, et du couple Rudeaux, vole à son secours… Dans un état d’exal­tation croissante, il mène à toute vitesse, jour et nuit, par-dessus l’Italie transformée en nécropole et la Méditerranée. Le Caire. Où donc est l’Obus ? Voilà le faubourg de Gizeh, le poste de T. S. F., la « colonie » ; mais les colons ? Le seul Nazir-bey est là, devant son manipulateur, à lancer sans répit le signal de détresse : SOS… SOS. Son récit terrifie le couple Rudeaux : l’Obus tombé auprès des Pyramides ; tout le personnel de la colonie, bien armé, s’y est rendu, mais nul n’est de retour !Leduc, plus matamore que jamais, ne fait plus que rire du troublant Parfum dont l’atmosphère est saturée, et que Nazir~bey attribue aux Martiens ; malgré la recommandation expresse de son hôte, il va faire un somme dans le rotatif, après quoi : gare aux gens de l’Obus ! L’inquiétude mystérieuse s’ag­grave : des ombres suspectes défilent dans la nuit, processionnant vers les Pyramides ; Léon et Raymonde, envahis par une tor­peur vertigineuse, voient successivement Leduc s’envoler dans la même direction, et Nazir~bey, hagard, sortir et se joindre aux pèlerins somnambules ; eux-mêmes se sentent irrésistiblement attirés au dehors, puis vers les Pyramides et l’Obus fatal…

Une dernière lueur de raison les arrache à l’emprise du Parfum. Rudeaux pousse sa femme dans un bar désert, au pied du Sphinx. Sauvés ! Car ils voient par la fenêtre, avec horreur, les autres pèlerins s avancer jusqu’à l’Obus, où les Mages mar­tiens, à ailes de chauves-souris, les happent et leur font subir les passes magnétiques destinées à les dépouiller définitivement de leurs âmes d’hommes, au profit des âmes martiennes arrivées par millions depuis l’incinération de leur planète,  la Terre étant le paradis des Martiens que la métempsycose conduit à chaque renaissance d’un degré plus près vers le Soleil, nirvana suprême. Rudeaux sait tout cela, car lui aussi, malgré sa volonté de ne pas dormir, subit l’influence du Parfum et un instant d’inattention a livré son cerveau à une âme martienne. L’âme n’a pu garder sa conquête, et Rudeaux a repris possession de son corps, mais il se sent prêt à succomber de nouveau. Raymonde, elle, n’a cessé de jouer du piano pour se tenir éveillée ; mais soudain son jeu devient automatique et somnambule :  c’en est fait, elle est envahie ! Elle ne reconnaît plus Léon ; son âme martienne sourit à l’Autre, à l’amant martien prêt à s’incarner dans le corps de Léon… Instants hagards d’angoisse, de jalousie atroce, de lutte désespérée… Léon griffonne les dernières lignes de son journal :

« … C’est l’autre qui va me chasser à jamais de mon corps, sitôt que je cesserai d’écrire, sitôt que je céderai au sommeil… Voici que la Face mutilée du Sphinx s’ombre mystérieusement de crépuscule… ma bien-aimée désâmée gémit de volupté sous le redoublement du Parfum paradisiaque… les pèlerins somnam­bules recommencent à passer… là-haut, sur leur Donjon sinistre et sur les Pyramides, les Mages de Mars, aux cornes lumineuses, dans la soirée ardente, agitent leurs ailes de chauves-souris vers les horizons de la Terre Promise… »

 

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