Dans un article fort pertinent sur l’incontournable Blog « ArchéoSF » notre ami Philippe Ethuin soulève l’épineux problème de la propriété de l’espace. En effet, les auteurs d’anticipations anciennes encombrent le ciel d’objets volants (avions, chalets, dirigeables….) tous plus hétéroclites les uns que les autres et l’on se retrouve ainsi confronté à un véritable ballet aérien des plus insolite. Car la vie dans le futur sera régulée par ce trafic aérien incessant où l’homme, lassé de sa condition de terrien préférera s’adonner aux joies des escapades aériennes et autres batifolages acrobatiques. Comme pour appuyer cette issue inexorable, des auteurs n’hésitèrent pas à nous donner de fait une vision hallucinante et merveilleuse, avec une humanité s’élevant au statut de ces nobles volatiles qui pendant longtemps furent contemplés avec une pointe de jalousie. Robida, pour citer le plus entreprenant, occupe le ciel de notre futur pays, avec une myriade de vaisseaux aérien petits et gros (« En 1965 », « Le XXéme siècle et la vie électrique ») Pierre Souvestre dans « Le hommes=oiseaux » anticipe notre avenir comme un peuple ne vivant que dans les airs au moyen de machines diverses, sans oublier probablement la référence dans ce domaine en matière d’innovation et de beauté graphique, celle proposée par l’illustrateur A.Guillaume dans un numéro spécial de l’assiette au beurre « A nous l’espace » du 14 Décembre 1901.De magnifiques planches en couleur dont certaines occupent quatre pages dépliantes, nous donnent un aperçu de la vie des citoyens dont toutes les actions de la vie quotidienne se passeront dans les airs. Rien n’est précisé, dans ce cas unique d’imagerie conjecturale, si le ciel appartient à l’un ou l’autre des protagonistes, mais une chose est certaine, c’est que pour veiller au grain et faire respecter la navigation aérienne, des agents de police volants sont ici pour régler la circulation aérienne et peut-être même, mais ceci est aussi du domaine de la conjecture, sont-ils là afin de bien surveiller le bon respect de la limite des parcelles d’un ciel qu’il est désormais difficile à maîtriser.
Un exemple du génie de l’illustrateur qui avec une pointe d’humour nous dévoile un aspect fort cocasse de ce ciel que l’on pensait pendant longtemps « Infranchissable ». En raison de la taille de l’illustration (dépliante sur quatre pages) il m’a été nécessaire de la scinder en deux parties, mais le plaisir reste tout aussi intact !
« L’assiette au beurre spécial A nous l’espace ! » 14 Décembre 1901.Illustré par A.Guillaume.
« Les encombrements : Malgré les remèdes tous plus ingénieux les uns que les autres que M Lépine s’efforce d’apporter aux inconvénients de la circulation, les encombrements sévissent encore dans les grands centres de la capitale »
Je possède les deux éditions des Hommes volants. Ca mériterait une réédition tiens aussi bien pour l’aspect histoire de l’aviation que pour les illustrations de Métivet.