« Fascinax »: Petits Rappels Sur Un Super-Héros A La Française

Posté le 24 juin 2012

 

Publié en 1921 à la « Libraire des romans choisis » cette série en 22 fascicules, bénéficiera pour ses couvertures du talent de Gino Starace et de son fils Jean. Pour le néophyte, la carrière de cet illustrateur hors pair, trouvera son plein essor pour les couvertures des éditions Fayard avec entre autres les superbes planches de la série des Fantômas.

Afin de mieux présenter le personnage, reportons nous au titre du premier fascicule : « Qui est-ce ? » Déjà à la vision de la couverture nous avons le portrait assez théâtral d’un personnage avec chapeau et cape, au un visage charismatique d’où ce dégage une force et une volonté des plus formidable. Le personnage nous est présenté comme un homme « Doué d’un pouvoir mystérieux qui protège les faibles et démasque les fourbes »

Le héros, Georges Leiceister est un jeune médecin en poste à Mendoro aux Philippines. Il sera contacté afin de réaliser une autopsie sur un Yogi du nom de Nadir Kritchna, exécuté par électrocution pour un crime dont il n’est visiblement pas responsable. Mais le « cadavre » ressuscite et grâce à l’aide providentielle de Georges, il parvient à s’enfuir et se mettre hors de danger. Voyant en lui un homme bon et destiné à un avenir hors du commun, le yogi décide de lui transmettre une partie de ses formidables pouvoirs. Car dit-il je vois en vous un homme incapable de faire un mauvais usage de cette puissance mystérieuse. Il va ainsi le conduire dans un endroit des plus secret, une crypte extraordinaire où sont représentées les divinités les plus sacrées du panthéon indien. Un rite de passage sera de mise et véritablement « enfermé » dans les bas reliefs de la salle, il devra, armé du « poignard qui repousse les ombres », repousser les attaque des dieux à tête d’éléphant, de crocodile et de tigre. Il sortira vainqueur de l’affrontement, les créatures redeviendront pierre, la crypte une salle des plus banale, mais Leiceister lui sera devenu « Fascinax ».

Volonté d’hypnotisme, dont de voyance du passé et de l’avenir, vitalité exceptionnelle, tel sont les pouvoirs de cet être exceptionnel. Cependant, cette formidable puissance, il va très vite l’apprendre à ses dépends, devra servir à contrecarrer les pouvoirs d’une autre créature tout aussi puissante mais dont les pouvoirs seront au service du mal : Numa Pergyll !

C’est ainsi que va naître le premier super héros de la littérature d’imagination scientifique qui, tout au long de sa vingtaine d’aventure va se trouver aux prises de situations les plus invraisemblables et des êtres les plus redoutables :

- Un univers étrange peuplé de chats dirigé par la mystérieuse Lady Agnès Gray dans l’épisode N°3

- Momie et princesse égyptienne dans le N°4

- Utilisation d’un véhicule révolutionnaire « La Fascine », entre l’automobile et l’aéroplane…

- Une pierre précieuse maléfique dans le N°6

- « Croquignolle » un gigantesque polichinelle, dirigé par « la reine des sirènes » dans le N° 10, cette même « reine » que nous retrouverons dans le fascicule suivant où il est aussi question de radioactivité et d’électro magnétisme.

- N° 13 et nous sommes confrontés à de redoutables martiens mais tout cela ne s’avère être qu’une supercherie…dommage !

A partir de cette décevante treizième aventure, le style s’essouffle, le délire des premiers numéros laisse place à la banalité. La saga va ainsi prendre une autre tournure, beaucoup plus tournée vers le fantastique, mais un fantastique de « bazar », aux ficelles grossières, aux idées mal exploitées. Pourtant les titres des exemplaires étaient prometteurs et alléchant mais hélas on retombe vite dans une littérature qui contribua malheureusement à entretenir la mauvaise réputation du genre. Changement d’auteur, lassitude de l’écrivain ou directives de l’éditeur ? Difficile à dire d’autant plus que les couvertures semblent également changer et le travail méticuleux des premières livraisons, laisse également place à un travail bâclé, atypique et sans conviction.

Dans un article consacré à la série et rédigé par Claude Hermier ( Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique N°11 Novembre 1992), l’auteur évoque le nom de Gustave Le Rouge, alors que dans un précédent article (le premier réalisé sur le sujet) paru quand à lui dans le N°10 du « Chasseur d’illustrés » de mai 1969, Georges Fronval avançait ce lui de Marcel Allain….Le mystère reste entier mais il est clair que face et je cite  Claude Hermier :

« Style alerte, coloré, effets de surprise, dosage judicieux d’ingrédients qui sont l’exotisme, les pouvoirs paranormaux, les objets maléfiques, l’anticipation, le fabuleux, les mondes étranges….Je trouve dans Fascinax, du moins dans les premiers récits, style du « Mystérieux Docteur Cornélius » : même démesure, même magie, même couleur, même ton et certains thèmes récurrents : Le royaume des chats, le Lunatic Asylum (ainsi le numéro 7 du « Dr Cornélius » ne porte-t-il pas le titre « Un drame au Lunatic Asylum » ?). L’émeraude, pierre maléfique s’il en fut apparaît chez Cornélius (fascicule 14 « Le buste aux yeux d’émeraudes »)

Je suis certain que si l’on y regarde de plus près, il serait probable de trouver d’autres similitudes. Un sacré gars le « Gustave » et sa production doit également se noyer dans un océan de pseudonymes et de textes anonymes.

Par la suite ce type de personnage ne se rencontrera quasiment plus, ce rôle sera plutôt attribué à d’autres personnages d’exception qui utiliseront une autre genre de pouvoirs afin de résoudre diverses enquêtes, à la limite du fantastique et du surnaturel pour certaines et d’autres pour affronter des génies du mal ou de redoutables bandes organisées.

En somme toute une page de tout notre patrimoine de la culture « populaire » dont nous nous devons d’être fier. Ébauche du super héros, prototype du vengeur masqué aux supers pouvoirs ? Quoiqu’il en soit nous avons dans ce personnage « fascinant » et énigmatique les premiers jalons du justicier impitoyable, cet homme au double visage, sur lequel pèse toute la folie et la méchanceté des hommes. Une figure emblématique, seulement vénérée par un petit groupe de passionnés, des nostalgiques du vieux papier qui savent fort heureusement qu’un jour viendra où ces figures légendaires ressortiront de l’ombre.

Liste des Fascicules :

- N°1 « Qui est-ce ? »

- N°2 « Le docteur aux yeux verts »

- N° 3 « La morte de Long Island »

- N° 4 « La momie sans pouce »

- N° 5 « La vapeur écarlate »

- N° 6 « La pierre fatale »

- N° 7 « L’avalanche vengeresse »

- N° 8 « Le saut de la mort »

- N° 9 « Au bord de l’abîme »

- N° 10 « Le jouet qui parle »

- N° 11 « Le sous marin volant »

- N° 12 « Le téléphone mystérieux »

- N° 13 « Un message de la planète Mars »

- N° 14 « Une caverne aux millions »

- N° 15 « L’escalier de feu »

- N° 16 « L’obus infernal »

- N° 17 « La cloche humaine »

- N° 18 « Le château du fantôme »

- N° 19 « La roche ensorcelée »

- N° 20 «Le pendu de l’Ile-aux-rats »

- N° 21 « L’auberge du diable »

- N° 22 « Les bijoux qui tuent »

Pour les passionnés du personnage, il est intéressant de savoir que Georges Leiceister fut de nouveau sollicité pour de nouvelles courtes aventures. En effet on retrouve notre héros dans l’excellente anthologie de Jean marc Lofficier « Les compagnons de l’ombre » (Six volumes à ce jour). Ainsi dans le volume cinq c’est Lovern Kindzierski qui le ressuscitera dans un affrontement des plus singulier avec….Irma Vep (« Les périls de Paris ») alors que dans le même volume Fascinax fera « équipe » avec Jules De Grandin pour affronter son ennemie de toujours : Numa Pergyll (« Cadavres exquis »). Ce même auteur, en grand passionné de littérature populaire Française avait déjà composé pour le volume quatre des « Compagnons » une incroyable nouvelle « Le gambit du traître » ou vont s’affronter : Flax, Belphégor, Fantômas Mabuse, Harry Dickson….Tout un programme !

Un remerciement tout particulier pour l’article de Claude Hermier cité précédemment et qui fut une source de précieux renseignements. Ce même article fut repris dans l’ouvrage paru aux éditions de« l’oeil du sphinx » et intitulé « L’archéologue du merveilleux » collection « les études du Dr Armitage » un supplément à D&M 1996

Pour avoir un aperçu complet du visuel de l’ensemble des fascicules c’est ici: Fascinax intégrale

 

 

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Un commentaire pour « « Fascinax »: Petits Rappels Sur Un Super-Héros A La Française »

  1.  
    Ferocias
    27 juin, 2012 | 9:38
     

    Serge Lehman scénarise une nouvelle série de BD (après la Brigade chimérique) qui a pour titre « Masqué ». A découvrir!

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