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Archive pour août 2012

« Archie Dumbarton » de Victor Hatàr Ou Le Dernier Homme Sur La Terre

 

Avant de vous présenter une nouvelle où il sera question de cette thématique, une fois n’est pas coutume voici un roman « récent » mais dont l’originalité ne pourra que ravir les amateurs de littérature décalée et jouissive. Drôle, grinçant, sarcastique, un roman dont le propos ne devrait pas vous laisser indifférent. Un texte très peu connu et qu’il était indispensable de faire connaître à celles et ceux qui en ignoraient l’existence.

« Archie Dumbarton, une histoire criminelle » de Victor Hatàr.Editions Denoël « Les lettres Nouvelles » .1977. Traduit du Hongrois

 

« Archie Dumbarton, représentant de commerce et brico­leur qualifié, se réveille un matin dans sa villa londonienne et constate successivement une panne d’électricité, la mort de sa femme, la mort de ses deux enfants. Il sort et, dans les rues, ne rencontre que des cadavres. Seul rescapé, désor­mais, d’un brutal et énigmatique cataclysme, Archie commence par piller avec entrain tous les magasins de la ville. Mais rapidement sa solitude de survivant lui devient insupporta­ble, en dépit des inventions que lui suggère son génie du bricolage. Sa dernière trouvaille : organiser lui-même sa propre crucifixion — peut-être a-t-il une chance de sauver ainsi l’humanité apparemment anéantie… »

Roman de science-fiction ou conte métaphysique ? L’un et l’autre sans doute, et un brillant exercice d’humour, où l’on retrouve l’invention verbale et la fantaisie d’un écrivain hongrois parmi les plus originaux de son temps.

 

Sur L’auteur

 Né en 1914, Victor Hatâr fait à Budapest des études d’archi­tecte. Il fait de la prison sous le régime fasciste (en 1943) Puis sous le régime communiste (en 1950) et, du fait de la censure, accumules manuscrits impubliés. Après le soulèvement d’octobre 1956, il s’exile à Londres où il vit et publie aujourd’hui. Il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages : romans, essais, poèmes et satires.

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« La Formidable Energie » De Jean-Marie Defrance

« La formidable énergie » de Jean-Marie Defrance .Editions Argo.1928

 

Au départ, ce roman me posa un problème car je ne savais pas si j’avais affaire à un « faux amis » (pourtant avec un titre pareil) ou alors à un de ces romans où la partie conjecturale n’occupe que le tout dernier chapitre. Toutefois la lecture du livre étant agréable, et en regard des œuvres antérieures de cet auteur, il ne me fut pas difficile de m’abandonner à la lecture de ses pages qui m’entraînèrent dans une bien formidable histoire. Le héros, ingénieur spécialiste en hydraulique commencera son périple en Amazonie et ce afin de faire les repérages nécessaires à la construction d’une gigantesque centrale hydraulique. L’utilisation d’une immense chute d’eau, fréquente dans ses régions, étant élément indispensable à ce titanesque projet. Une telle centrale permettrait d’assurer une production considérable d’électricité, nécessaire au développement du pays. Mais son ambition tombe bien vite à plat, en effet en France,une toute nouvelle énergie vient d’être découverte par l’utilisation de la différence de température entre l’eau de mer à 1000 mètres de profondeur et à la surface , soit, environ 250centigrades ceci permettant de réaliser à moindre coût la production de « Formidables énergies » . A son retour, au hasard d’une de ses haltes, Paul notre malheureux inventeur, assistera bien malgré lui aux derniers instants d’un bagnard évadé, un certain Vingras et inventeur selon lui du mouvement perpétuel .Ce dernier, échoué au gré de sa cavale dans une tribu Amazonienne, chargera notre ingénieur d’un message d’affection adressé à ses deux filles, vivant à Rochefort. De retour en France il s’acquittera de sa mission (remettant par la même occasion aux deux orphelines un sac d’or, dernière richesse du père) non sans percevoir par la même occasion un gage de reconnaissance , un curieux petit ouvrage écrit par la main de Vingras .

Cette brochure, contenant de nombreux dessins et autres formules mathématiques explique le moyen de fabriquer une énergie (encore une) gigantesque et inépuisable. Très septique sur les hypothèses avancées par ce vieil original et de plus très éprouvé par son dernier voyage en Amérique du Sud, Paul décide de ranger le petit carnet de tout oublier pendant quelques jours et de se prendre un repos bien mérité dans son village natal en pays Basque. Arrivé sur place, ce voyageur infatigable et marcheur invétéré va faire la connaissance, lors de l’une de ses promenades en solitaire, d’un homme des plus singulier et considéré dans la région comme un vieux fou, pratiquant de douteuses expériences. Ce « fou », est en vérité un savant de génie, découvreur de la suprême énergie, qui régule tout notre univers: « Le mouvement ». Il n’y a ni lumière, ni électricité, ni chaleur, il n’y a que le mouvement. Le principe de toutes ses inventions et de la force les faisant fonctionner reposent sur cette source d’énergie : Transmission à distance, Rayon destructeur, accumulateur d’énergie solaire, Transmetteur de matière etc… Mais le monde dans sa folie, son égoïsme et sa fureur est-il prêt à tant de merveilles ? Sur cette question philosophique, Paul quittera un vieillard fatigué, seul et blasé refusant tout son savoir et son génie à une humanité qui finalement n’en vaut pas la peine. De retour chez lui , notre héros confronté à la routine quotidienne , à la futilité d’une existence fade et sans lendemain ,échaude par ses projets avortés, partira en un lieu reculé de la France y couler des jours paisibles : seul ? Non puisqu’il sera accompagné le bougre des deux ravissantes filles de Vingras . Comme quoi être une géniale cervelle n’empêche pas quelques élans de cœur.

 

 

Troisième et dernier roman conjectural analysé sur le blog,ce texte qui n’est qu’une lente progression, un parcours initiatique du héros vers la découverte de cette  « Formidable énergie »,pourrait arriver quelque peu à dérouter le lecteur. L’auteur nous conduit fort curieusement sur les traces de cette énergie tant convoitée pour nous faire changer de direction dès que le but est presque atteint. Paul se trouve enfermé dans de hasardeuses réflexions, comme prisonnier d’un destin qu’il ne peut éviter et qu’il ne peut contrôler. La réponse est là au bout de ses doigts mais il rechigne à vouloir se l’approprier. Pourtant cette énergie inépuisable basée sur le mouvement ne manque ni de charme ni de possibilités infinies….

Victime indirecte de la science, lui qui ingénieur en hydraulique passa son existence à trouver la solution idéale en matière d’énergie, il semble au bout du compte, vouloir arrêter  cette course effrénée et laisser à d’autre le soin d’améliorer le sort de l’humanité. En effet en admettant la possibilité de l’utilisation de cette prodigieuse découverte  l’humanité est-elle prête? Finalement nous assistons à une vie vouée à 1′échec, un bilan bien négatif d’une existence dont la finalité ne peut être que l’objet d’une réflexion dont la récurrence peut  nous insupporter : Le progrès peut-il changer l’homme ? Ce n’est pas l’édifice de la science qui est fragile mais l’homme qui en a dessiné les plans. Ce qu’il y a de curieux dans l’œuvre de cet auteur, c’est que nous avons toujours affaire à des inventeurs contrariés dont les projets sont toujours bouleversés pour une raison ou une autre. Qu’il s’agisse de la fin tragique du savant dans « La lumiére » ou de celle tout aussi injuste dans « Le roi des eaux », à chaque fois ces formidables chercheurs seront voués à l’échec et assisteront impuissants, et pour cause, à la mise à mal de leurs formidables projets. Jean-Marie Defrance connut-il les mêmes déboires dans sa vie professionnelle ? A la seule différence dans le présent ouvrage, le sort du personnage ne sera pas des plus dramatique car notre ingénieur  décide de se retirer du monde de la science, entouré, une fois n’est pas coutume avec de bien délicieuses créatures.

 

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Roland Dorgelès et La « Machine à finir la guerre »

 

Dans l’anticipation ancienne, les machines ou inventions pouvant assurer une forme de suprématie totale lors d’un conflit armé, sont légions. Sur les pages de ce blog, un bon nombre d’inventeurs se sont décortiqués la cervelle afin de trouver LA solution permettant d’assurer à leur pays une victoire totale. L’avion ultra perfectionné, fut pendant très longtemps l’apanage de ces diaboliques savants qui, prenant une longueur d’avance sur leurs adversaires, trouvèrent une solution plus rapide, plus maniable et surtout plus discrète que le dirigeable : L’avion ! Mais cette arme utilisée afin de mettre un point final à toute tentative de velléité de la part de voisins trop « envahissants » rendant en cela toute guerre impossible reste beaucoup anecdotique car bien souvent les bonnes intentions finissant par s’émousser, cette arme demeure malgré tout un outil puissant de conquête. Une arme utilisée comme moyen de dissuasion, voilà une thématique qui à l’époque n’était pas chose courante et les auteurs usèrent alors de toute leur imagination afin d’apporter un peu de « piment » à une chose qui finalement arrivait d’entrée de jeu à tuer le serpent dans l’œuf. L’homme étant ce qu’il est, lorgnant toujours dans le jardin d’à coté où l’herbe est toujours plus verte, l’apparition et l’utilisation de cette fameuse arme, ne pourra se faire sans quelques petites démonstrations au préalable. Souvenons nous du roman de Norton « Les flottes évanouis » de la « Revanche fantastique » de Denay et Tassin, deux romans analysé ici même et « De la guerre finale » de Barillet Lagargousse, à venir d’ici quelques jours. L’autre arme « révolutionnaire » qui fut utilisée avec une largesse qui confère au plagiat, est le fameux rayon pouvant  soit neutraliser les moteurs des engins de guerre, soit un autre pouvant faire exploser à distance la moindre parcelle d’explosif. Si la première se révèle déterminante pour clouer les avions au sol aussi bien au décollage qu’un fois dans les airs, cette merveilleuse invention ne pourra par contre être d’aucune utilité sur les canons qui dans ce genre de tête à tête ne manquent pas d’arroser copieusement les lignes adverses, d’où l’utilité de la seconde de ces inventions.

Dans le petit résumé qui va suivre, extrait de « Guerre et révolution dans le roman français 1919 1939 »  de Rieuneau Maurice (Paris, Klincksieck, 1974) l’auteur nous parle du roman de Dorgeles écrit à quatre main avec Régis Gignoux « La machine à finir la guerre » et qui évoque justement cette thématique. Si le roman s’articule autour de cette invention pouvant faire exploser la poudre à grande distance, ici tout n’est que le prétexte à la satire et surtout permettre à l’auteur des « Croix de bois » de nous livrer quelques scènes  assez troublantes et douloureuses de ce que fut l’enfer des tranchées. Il est également coupable d’une autre œuvre conjecturale « Si c’était vrai ? » parue aux éditions Albin Michel en 1934

Ce petit article est également un moyen détourné de vous faire admirer la splendide illustration qui accompagna la parution en pré originale dans la revue « L’heure » avant d’être publié en volume chez Albin Michel en 1917. Bien que jouant sur le coté sensationnel de la « Machine » qui ressemble plus à un tripode Martien de « La guerre des mondes »  de Wells qu’a un banal  engin capable de faire exploser la poudre à distance, l’effet étant ici d’attirer l’œil du lecteur.  Comme quoi l’impact visuel comme argument de vente fut et restera toujours déterminant en tant qu’outil de marketing.

 Extrait:

« En 1917 il écrit en collaboration avec son ami Gignoux, un roman satirique sur la guerre « La machine à finir la guerre ». Ce livre lui était demandé par le rédacteur en chef de « L’heure », Maurice Sorton, ami du journaliste, qui le destinait à son feuilleton. Il fut écrit en quinze jours, par un sujet trouvé par Gignoux. Dorgelès s’était chargé de la seconde partie, qui conduit les personnages au front, et lui donna l’occasion de décrire rapidement les tranchées et le spectacle de la guerre. En fait, cette œuvre appelée par Dorgelès « Roman satirique », tient plus de la farce  que de la satire, tant les effets sont gros et le thème invraisemblable .Il s’agit d’une machine merveilleuse qui serait capable de mettre fin à la guerre en faisant sauter simultanément tous les explosifs situés  à une distance de cent kilomètres. Son inventeur n’a pu la construire faute de capitaux, et l’on ignore d’ailleurs qui il est, son existence n’étant révélée que par une annonce publicitaire veille de plusieurs années, que trouve par hasard un bourgeois naïf et patriote, Mr Toulevent. La première moitié de ce livre, écrite par Gignoux, passe en revue les divers milieux Parisiens pour montrer que personne ne souhaite mettre fin à la guerre en retrouvant l’auteur de cette merveille. Des aventures causasse conduisent Toulevent chez le faux maréchal Z. chroniquer militaire d’un grand quotidien, chez une actrice, chez le cardinal-archevéque de Paris, chez un ancien président du conseil, chez un journaliste cocardier dans lequel on reconnaît la caricature de Gustave Hervé, chez un homme politique patriote qui pourrait bien être Clemenceau et ainsi de suite. Tous ont de bonnes raisons de refuser leur patronage.

L’héroïque Toulevent va donc s’engager dans une troupe de théâtre aux armées pour rechercher au front l’inventeur dont il a retrouvé la trace. Dorgelès devait prendre ces personnages à la gare de l’est pour les conduire au front que Gignoux n’avait pas vu.

Le voyage de cette troupe, vers le front est l’occasion de décrire en le ridiculisant, l’enthousiasme patriotique des comédiens qui jouent les mêmes scènes d’épopées de puis le début de la guerre. Les deux vedettes féminines s’entre-dévorent car l’une chante la Marseille sur scène et l’autre la déclame. Mais dans le chapitre XI «  Plus prés de la guerre ou du roman à la réalité » plonge brutalement les civils dans la guerre. Toujours à la recherche de l’inventeur génial, Toulevent et son compère Vingdoix fournisseur aux armées, cheminent à travers les lignes, morts de peur à chaque éclatement d’obus. Dorgelès trouve là prétexte à décrire les tranchées, les bruits, les couleurs du front,les scènes de la vie des soldats. On est déjà tout prés des « Croix de bois » par le ton de description réaliste qui fait oublier pour un temps l’intrigue invraisemblable et la satire. On assiste même à un bref engagement, fusillade au cours de laquelle Chartier, l’inventeur est blessé.

La suite retrouve la veine satirique du début, Chartier sera soigné, guéri et remis au travail. Sa machine expérimentée, donne satisfaction. On sollicite de gros fabricants d’armements pour qu’ils la construisent ; mais ils refusent hargneusement l’un après l’autre, de ruiner ainsi la source de leur scandaleux profit. La guerre doit durer ! Construite enfin par les services du ministère de la guerre, la machine va entrer en action, sous les yeux du grand quartier général rassemblé à ses pieds, lorsqu’on apprend que l’ennemi demande l’armistice. »

Maurice  Rieuneau 

 

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« Bibliographie Seignolle » De Alain Sprauel: Un Outil Exhaustif Et Indispensable!

( En vrac )

 

Il est des personnages emblématiques de la littérature populaire, un populaire noble dans le sens du terme et si quelques tortueux esprits voient en cela un qualificatif péjoratif, c’est qu’au bout du compte ils n’ont rien compris et ne peuvent alors que passer leur chemin .En infatigable arpenteur de l’imaginaire, Claude Seignolle, ce grand faiseur d’histoire, ce conteur hors pair, a élevé au rang de patrimoine national, toutes ces légendes qui firent de notre pays, à l’instar de la brumeuse Angleterre, le territoire des légendes et des superstitions, terreau fertile de drames épouvantables qui dans les coins les plus reculés de nos campagnes, firent naître de bien curieuses histoires racontées le soir au coin du feu.

J’ai toujours été admiratif de cet immense écrivain, et le culte que je lui voue, n’est pas le fait inconsidéré d’un collectionneur maniaque et obsessionnel, mais bien la marque d’une profonde admiration pour un magicien des mots et du langage, qui parvient si bien dans une verve toute en nuance et en subtilité, nous apporter les preuves d’une extrême sensibilité et d’un talent que peu d’écrivains fantastiques peuvent revendiquer. Il est pour moi de la trempe d’un Jean Ray, d’un Thomas Owen et plonger dans un de ses livres, est une immense satisfaction, un plaisir extrême, le présage d’un formidable voyage dans ces terres de l’imaginaire qui sont pour moi comme un seconde maison. Cet auteur possède une parfaite maîtrise des atmosphères étranges et sulfureuses et je me délecte et savoure avec un plaisir immense sa prose imaginative à l’odeur surannée des contes d’autrefois. La lecture de ses premiers textes fut un véritable choc et je me rappelle de cet émoi qui fut le mien lorsque  je fis mes armes dans le domaine du fantastique dans cette si prestigieuse et unique collection qui lui réserva une place d’honneur : Les éditions Marabout. Car avant de connaître le plaisir des éditions originales, elle fut comme beaucoup de lecteurs de ma génération, une mine inépuisable où je venais, armé de ma seule imagination, piocher avec une exaltation toujours plus fébrile dans cette matière extraordinaire, cette substance impalpable mais riche en sensation, de toute ces choses comme le disait si bien l’écrivain Gantois, dont on fait les bonnes histoires. Cet éditeur fut la cause de bien des nuits blanches avec des textes aux pouvoirs ensorcelants, agrémentés de superbes couvertures dont il m’arrive encore de regarder les formes fantomatiques réalisées par des artistes si admirablement inspirés.

 Cet écrivain puissant et imaginatif, ce gardien de notre mémoire populaire ne m’a jamais déçu, chaque livre, chaque histoire est la porte ouverte non seulement vers des mondes originaux, mais une plongée enivrante dans cette poésie du macabre où les mots ne sont jamais en trop, où l’ambiance est à l’image de ce brouillard épais et tenace qui recouvre inexorablement toute chose dans bon nombre de ses histoires, les enveloppant insidieusement comme pour vouloir déformer une réalité qui peut à tout instant sombrer dans le macabre. Car voyez-vous, les univers de Claude Seignolle sont constitués de ces petits rien qui à tout moment peuvent faire basculer votre raison, franchir cette barrière si tenue entre le réel et le surnaturel, car il est le dépositaire de cette mémoire collective qui au fil des générations à construit toute une mythologie fantastique où bien souvent la mort côtoie de façon insolente les vivants, comme pour nous mettre en garde et mettre à mal notre arrogance.

Voilà un faiseur d’histoires qui n’a eu de cesse au cour de sa vie de mettre à l’honneur toute la matière première nécessaire à façonner le patrimoine culturel d’un pays en le sublimant d’une si merveilleuse façon où la sueur glacée de cette peur qui nous étreint et nous fascine, côtoie le plaisir  d’une écriture merveilleuse qui coule d’une si belle façon en donnant à notre si belle langue française toute sa force et sa richesse. Il est l’écrivain du langage des fantômes, de la peur qui rode, des vengeances posthumes et des esprits tourmentés et ce diable d’homme doit avoir quelques entrées avec le royaume des ténèbres pour en retranscrire ainsi toute sa substantifique moelle.  On se laisse souvent emporter dans son univers et peu importe la caresse glacée de cette main qui vous entraîne dans les royaumes du fantastique, la musique de son vocabulaire est là pour nous envoûter et nous faire oublier l’espace d’un instant qu’avec un si formidable guide, la mort n’est pas si terrible que ça.

Le magnifique hommage qui vient ici de lui être rendu avec cette « Bibliographie Seignolle, 95 années de diableries » est un de ces objets précieux et rare qui ne pourra que combler d’aise  les passionnés de Claude Seignolle. Un livre qui nous est décrit dans la préface de Claude Seignolle d’une manière si admirablement courte et précise : « Ma bibliographie, c’est ma biographie ». Quoi de plus admirable pour quelqu’un qui a consacré sa vie à l’écriture. Voilà un outil indispensable confectionné avec une minutie conférant à la maniaquerie, qui nous recense toutes les œuvres de l’auteur avec une précision d’horlogerie Suisse, et parcourir les quelques 260 pages de cette bible au papier glacé est un plaisir dont tout amateur de littérature fantastique ne devrait pas se priver. Le menu en est alléchant et se décline en de nombreux chapitres qui sont autant une invite à un plantureux repas aux saveurs étranges : Préface de Claude Seignolle, une BD inédite de Laurent Lefeuvre, répertoire détaillé des romans et nouvelles fantastiques de l’auteur, les recueils fantastiques, les anthologies de contes et légendes, les essais sur le Folklore, textes érotiques, les autobiographies, les traductions,adaptations pour la jeunesse et la bande dessiné, les biographies, les adaptations pour la radio, la télévision, le théâtre , le cinéma …..Tout un ensemble exhaustif réalisé de mains de maître par un auteur déjà réputé pour l’excellence de son travail sur les biographies des écrivains de l’imaginaire. Alain Sprauel, collectionneur acharné et grand amateur d’ouvrages bibliophiliques des littératures de l’étrange possède à son actif un « tableau de chasse » assez exceptionnel où figurent des travaux de grande qualité avec des auteurs aussi prestigieux que Serge Brussolo, Pierre Pelot, Stephen Wull, Michel Jeury,Graham Masterton, Bran Stocker, John Shéridan Le Fanu…Passant des auteurs anciens aux modernes avec une grande aisance, ses travaux font référence dans le domaine et ce travail exceptionnel sur Claude Seignolle vient compléter le sérieux et le professionnalisme d’un homme déjà reconnu pour sa monumentale bibliographie sur Jack London. L’ouvrage est admirablement bien organisé, complété par une index permettant de retrouver dans cet ouvrage toutes les œuvres, courtes ou longues, essais, critiques etc…de l’auteur.

L’ouvrage est en outre agrémenté d’une magnifique iconographie où se croisent photos, couvertures, les éditions rares ou introuvables comme celles beaucoup plus récentes. Mais la grande originalité de ce précieux volume est d’avoir réalisé cet album comme un ouvrage/ hommage de la mythique collection Marabout. Même présentation, avec une magnifique couverture et je pèse mes mots, de Laurent Lefeuvre dont il vous sera possible également d’apprécier tout le talent dans cette bande dessinée inédite qui débute l’ouvrage « Celui qui avait toujours froid ». Pour un peu, avec un  titre pareil,on se croirait transporté en Nouvelle-Angleterre dans une nouvelle de Lovecraft. Le dessin en N &B est absolument sublime et confirme le talent de ce dessinateur hors pair sur une histoire bien évidemment de Claude Seignolle. La couverture donc, est une œuvre un peu à la manière de celle qui enchantèrent nos mirettes éblouies lors de l’achat d’une volume de la collection Marabout « Fantastique » et je ne peux m’empêcher en regardant cette planche couleur de Laurent Lefeure, de voir sous les traits de Claude Seignolle en personne, un personnage se transformant en loup Garou, un peu comme si le pouvoir de la couverture de  «Hugues le Loup » de Erckmann-Chatrian, paru également aux éditions Gérard, faisait encore son office après des décennies. Ne pouvait-il pas y avoir plus bel hommage que de réaliser ainsi une créature aux traits si abominables et abritant un si extraordinaire auteur. Sous l’apparence de l’homme doux et aimable se cache l’incarnation de notre terrifiant patrimoine culturel populaire, un authentique faiseur d’histoire qui y consacra la majorité de sa vie. La planche N&B se trouvant également en première page et nous révélant l’auteur recouvert d’une peau de loup et surveillant tapis dans l’ombre un petit enfant, est tout aussi délectable.

Même constat pour la fin du volume, ici l’auteur de cette bibliographie et celui de l’objet de ce travail,nous sont présentés à la manière de la défunte collection, c’est-à-dire avec un texte dans le sens longitudinal….un témoignage de respect jusqu’au-boutiste !

Chers amis, ce petit bijou est à tirage très limité, soit 95 exemplaires et si vous êtes assez rapide il vous sera également possible d’avoir un tirage signé par les deux auteurs et tout cela pour la modique somme de 35 Euros….

Personnellement j’ai fait mon choix, mais pouvait-il en être autrement pour cet écrivain faisant partie de mon choix si je devais un jour me retrouver seul sur cette fameuse île déserte avec une sélection de dix auteurs dans les bagages. Si un jour, notre pauvre humanité se retrouvait réduite  au despotisme d’une société totalitaire condamnant par le feu toute trace de littérature, nul doute que cette précieuse mémoire orale transmise dans le secret aux générations futures, se consacrerait sans hésitation possible pour ma part, à Jean Ray et Claude Seignolle, bien évidemment !

« Bibliographie Seignolle, 95 années de diableries » Par Alain Sprauel. Editions du Boisgeloup. Illustration de couverture et intérieures de Laurent Lefeuvre.2012.

 

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Les Introuvables:  » Une Nuit D’épouvante » de Georges Héjean

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Toujours en provenance de l’inépuisable revue « Nos loisirs » dont nous avons déjà eu la joie de découvrir quelques petites perles de la Science-fiction et du Fantastique dans les pages de ce blog, voici dont une petite nouvelle horrifique qui ne dépareillerait pas dans un recueil de Jean Ray, une histoire hantée de terre et de mer qui, bien que classique, reste toujours d’une efficacité redoutable : La mer n’en a pas terminé de tous nous terrifier !

« Une nuit d’épouvante » nouvelle de Georges Héjean. Dans la revue « Nos Loisirs » .17 Mai 1908

 

La Marie-]eanne, qu’on croyait perdue, était si­gnalée au port de l’île Loc-Tudy. Elle avait donc échappé à la tempête ! Ce fut autour de moi un soupir de soulagement parmi les femmes et les ma­rins groupés sur le môle. On apercevait distincte­ment à bord maintenant les silhouettes des trois hom­mes qui composaient tout l’équipage : Jean Binic, le patron, le matelot Bourlaouen et Pierre Quilbec, le mousse. Courbés en deux, ils rejetaient par-dessus bord, au fur et à mesure, l’eau qui envahissait la coque. Un seul foc de fortune hissé au bout d’une rame qui remplaçait le mât brisé suffisait à la marche de la barque. Poussée par un vent violent de Sud- Ouest, elle approchait rapidement, tantôt penchée sur le flanc à croire qu’elle allait chavirer, tantôt se re­dressant vaillamment et coupant les vagues qui, en formidables paquets d’eau, menaçaient de la briser. Déjà elle avait tourné la pointe de l’île : les hommes à bord travaillaient sans relâche. De la terre, dont ils n’étaient plus distants que d’une cinquantaine de mètres, partirent des appels, des encouragements : « Ohé l Jean, courage ! Ohé ! Aborde ! » En même temps que des cordes, entre les mains de quelques solides gaillards, s’apprêtaient à se lancer. Soudain un cri d’horreur jaillit de toutes les poitrines. Dans un remous sinistre, la Marie-Jeanne sembla s’écraser sous une lame, fit un bond comme un animal blessé et retombant, coula à pic… Les trois hommes, sans doute exténués, ne reparurent point. On chercha en vain leurs corps jusqu’à la nuit. Le courant de la marée montante les avait-il entraînés jusqu’au fond de la baie ? Dormaient-ils leur dernier sommeil dans la vase sablonneuse, sous les ombrages funèbres des pins de Penaveur?… Je quittai le môle, péniblement impressionné, je dînai mal et je m’endormis lourde­ment au sifflement des rafales.

Vers minuit, je m’éveillai. Une angoisse oppressait ma poitrine. Je me levai et m’habillai rapidement. Une force mystérieuse semblait me pousser. Je sortis et m’élançai vers la calle tragique. La pleine lune bril­lait de tout son éclat. Le vent faisait encore rage et des nuages déchirés passaient au ciel à grande vitesse.

Je m’étonnais de ne point voir le douanier de garde. La mer complètement basse semblait frissonner sous l’ouragan. Des bancs de sable s’allongeaient çà et là, comme des linceuls, formant des taches blanches que coupait le profil sombre des balises. Dans le fond de la baie, les pins de l’île Garo, secoués dans la nuit, tordaient des bras presque humains.

Tout à coup, je vis distinctement tout près de la calle une forme flottante recouverte de vase. Je me précipitai au poste de la douane pour demander de l’aide, des cordages, un canot… Je frappai, rien ne répondit. Je revins en courant et quelle fut mon hor­reur quand je vis le corps se dresser, de l’eau jus­qu’au ventre, et marcher vers l’échelle de fer scellée à la pierre du quai ! Immobile, muet, j’attendis. Le claquement des sabots sur le métal montait lente­ment. Enfin une tête surgit, pâle, avec, dans leurs orbites profondes, deux yeux fermés que je sentais me regarder !

La peur me fit frissonner et c’est à voix basse que je parvins à articuler :

-« Est-ce vous, Jean Binic ? »

Pas de réponse. L’homme s’était arrêté. Alors il ouvrit un œil — le droit, je me rappelle — et ce ca­davre, car c’était un cadavre, livide, la bouche ou­verte, la mâchoire pendante, ce cadavre fit un cligne­ment d’œil avec l’air de dire : « On est de mèche, n’est-ce pas ? »

Je tremblai plus fort, et quand l’homme me tendit une main où je voyais distinctement l’affreux plisse­ment de la peau et les ongles décolorés, je m’enfuis comme un fou. Je rentrai fermant la porte à double’ tour et je me jetai tout habillé sur mon lit, après avoir .encore tourné la clé de ma chambre.

J’attendais depuis un temps indéfinissable quand une voix m’appela par mon nom. En même temps des coups très distincts retentissaient dans le corri­dor d’entrée.

Je restai silencieux, le cœur battant…

Alors je perçus nettement un grincement de gonds qui m’était familier, puis des pas lourds gravissant l’escalier de bois, et enfin, après un moment d’hésita­tion, trois coups : toc, toc, toc, frappés près de la serrure.

On heurta de nouveau. Et comme je ne disais mot, la porte s’ouvrit, comme si je ne l’avais jamais fermée.

Un fantôme entra, sur lequel étaient collés des vê­tements de marin dégouttants d’eau de mer. Sous les mailles du jersey la blancheur d’un squelette apparais­sait .La clarté de la lune l’illuminait de face, mais aucune ombre cependant ne se projetait derrière lui. Avec un frémissement d’ossements froissés, il s’a­vança vers le lit.

Je reculai, sans souffle, inondé d’une sueur froide et je restai, la face collée à la muraille, n’osant plus regarder.

La voix profonde et calme prononça gravement, par saccades, comme oppressée: « Viens avec moi !… Viens  Tu ne réponds pas ? Je ne te veux que du bien. Je reviens de très loin… L’au-delà, il y a du vrai… Viens ! Je connais la route la plus sûre… Viens ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! » Un éclat de rire strident comme un claquement de castagnettes.

Comme aiguillonné, je bondis sur mon lit, affolé, et je hurlai :

-« Non  Va-t’en. Tu es la Mort. Je le sais, Va- t’en ! Je suis trop jeune ! Je veux vivre ! »

-« Donne-moi seulement la main », dit le fantôme, « et je m’en vais. »

Avec une peine infinie, je soulevai mon bras, qui me semblait du plomb :

-« Tu me le jures ? » Demandai-je, la tête perdue.

Oui !

Je tendis la main au spectre et je ressentis alors au contact de ses doigts glacés une effroyable souffrance qui monta, gagna l’ épaule, envahit ma poitrine et vint m’étreindre le cœur, je me sentis mourir peu à peu et dans un dernier cri de douleur, je m’aban­donnai…

Je m’éveillai, brisé de fatigue. La lune éclairait ma chambre. La tempête avait cessé. Un calme serein régnait, rythmé par le bruit de la marée montante. J’essayai de me lever. Mon bras droit, sur lequel j’é­tais couché, était engourdi et presque paralysé. Je restai, quelques minutes sans pouvoir ouvrir les doigts. Avais-je rêvé ? Je ne sus que penser, car les portes de ma chambre et de ma petite maison étaient grandes ouvertes et sur les marches de l’escalier, dans le corridor, je pouvais voir de larges empreintes de vase, laissées par des sabots qui n’étaient pas les miens.

 

Georges Héjean.

 

 

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« Le Roi Des Eaux » De Jean-Marie Defrance Ou La Science Au Service De La Société!

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« Le rois des eaux » de Jean-Marie Defrance. Editions de L’onde, Toulouse. Illustrations de Jean lanére.1922. 50 exemplaires sur papier surglacé

 

Jean Delorme, ingénieur de son état passe quelques jours de villégiature en Dordogne, prés de Condat. D’une santé fragile il espère ainsi se refaire une petite santé et profiter de ce paisible cadre champêtre. Mais les grands esprits étant toujours en activité, il remarque tout le potentiel considérable dont bénéficie la région et commence à élaborer des plans en vue d’exploiter une formidable énergie qui vous tend ici les bras. L’homme est un brillant chercheur en hydraulique et pour lui, quel plaisir que t’apporter à ce coin reculé tout le confort que pourrait dispenser l’électricité. Lors d’une de ses promenades, il sauve d’un accident de cheval, Madeleine de Signy dont il tombe bien évidemment amoureux. Celle-ci, également très brillante dont certaines de ses inventions confèrent au génie, n’a d’yeux que pour lui et voit dans ce brillant jeune homme une source de progrès pour sa région. Mais dans l’ombre, de sinistres gredins ourdissent de sombres projets et comptent bien damner le pion à ce freluquet à la jeunesse insolente. Delorme, un jour qu’il était en pension dans un hôtel du village, entend par le plus pur des hasards une conversation entre deux étrangers. Il y est question des plans qu’il a pourtant secrètement élaboré : se pourrait-il qu’il y ait un traître dans son entourage. Avec une telle menace sur les épaules, Jean préfère disparaître à la grande stupéfaction de son ami le Docteur de Saint-Féréol et de la toute belle Madeleine.

Peu après cette mystérieuse « évaporation » d’un homme, un certain Vaniman débarque dans la vallée avec comme projet, la construction d’un super barrage qui permettra ainsi d’alimenter toute la région en électricité. Véritable petite révolution car à cette époque le charbon est la source principale d’énergie. Mais il n’y a pas de hasard et le lecteur se doute bien que ce formidable projet fut dérobé à noter malheureux ingénieur, que tout le monde dans les parages, pleure à chaudes larmes. Mais alors que ce vaste projet commence à prendre forme, un mystérieux personnage se faisant passer pour « Le roi des eaux » vient  contrarier les plans crapuleux des misérables scélérats, avec de brèves mais efficaces tentatives de sabotage. Mais une surprise plus grande encore attend nos espions industriels. Ces piètres débutants en hydraulique,ne savaient probablement pas lire un plan car, faisant fi des avertissements concernant un vaste réseau de galeries se trouvant sous le lit d’une rivière, le jour de l’inauguration, l’édifice s’affaisse. Bien évidemment on pense qu’il s’agit d’une exaction du mystérieux justicier. La vallée se transforme petit à petit, de grandes zones sont inondées, les industriels ne s’embarrassant pas d’écologie ou de respect de la propriété : Seul l’argent est important !

On dépêche alors les meilleurs fins limiers de France pour se lancer à la poursuite du criminel, on pense retrouver sa trace, relever des indices…mais l’homme est beaucoup trop malin. Au bout du compte Vaniman sera obligé de lâcher prise face à la menace qui pèse sur lui, il est prêt à négocier avec « Le rois des eaux » afin de faire cesser cette menace constante qui pèse sur son usine. Fort heureusement, le justicier s’est rallié la cause des habitants de la vallée, il faut dire que ceux-ci ne voient pas d’un bon œil la transformation de leur belle région et ce, malgré les promesses d’une hypothétique amélioration de leur condition de vie. Un soir pourtant avant que ne se concrétisent les négociations, un homme, un agent à la solde du fourbe industriel, poursuit encore obstinément Madeleine. Celle- ci se dirige vers une rivière et place des écouteurs sur ses oreilles qui, prolongés par un câble, se terminent par une sphère quelle plonge immédiatement dans l’eau. Brusquement elle se met à parler, comme si son interlocuteur vivait au fond de la rivière ou quelque part dans l’immense lac artificiel. Elle semble inquiète à l’autre extrémité, son auditeur parait malade, affaibli « Pourquoi rester encore plus longtemps sous l’eau ?» lui demande t’elle. Mais elle n’a pas le temps de terminer, l’espion se jette sur elle pour lui dérober son appareil. Fort heureusement le cocher qui l’attendait non loin de là, intervient et malgré son age, le projette dans la rivière. Ce dernier ne demande pas son reste et s’éloigne à la nage.

Madeleine  a eu très peur car elle avait également apporté avec elle sa dernière invention, en vue de la tester dans les eaux tumultueuses du cour d’eau.

 

« Madeleine travailla fiévreusement à sa nouvelle invention et fit de nombreuses expériences dans la Tialle, le ruisseau qui traversait la propriété de Vais.

Les résultats furent extraordinaires. Deux longs câbles étaient plongés dans la rivière, l’un très gros en cuivre, l’autre plus fin formé par l’alliage de plusieurs métaux; bientôt l’eau, qui coulait le long des câbles, s’échauffait et un courant électrique intense les parcourait. La force produite était proportionnelle à la vitesse du courant et à la quantité d’eau de refroidissement. Elle était également fonction de l’importance du tronçon de rivière intéressé, donc do la longueur des câbles métalliques.

C’était la suppression des hauts bar­rages, des tunnels, des machines coûteuses. L’installation était infiniment plus simple et plus rapide, ne demandant presque aucun entretien. Les branchements pou­vaient se faire en n’importe quel point des câbles au moyen d’un appareil de trans­formation; l’aspect des rivières ne serait ainsi plus modifié.

C’était certainement un désastre pour les entrepreneurs, mais quel avantage pour l’humanité toute entière!

Le prix de l’énergie électrique était encore très élevé à cause de l’importance exagérée des travaux et des spéculations financières, mais le public allait enfin avoir l’électricité à profusion et à bon compte.

C’était une découverte formidable, une véritable révolution. »

 

Avec cette nouvelle invention, il semblerait que toute concurrence soit définitivement éradiquée.

Quelque temps après, un nouvel incident vient troubler la quiétude d’une vallée qui décidemment connaît ici, sa période la plus agitée de son histoire. Une nouvelle fois les vannes du barrage se brisent, probablement un ultime avertissement, inondant encore cette paisible campagne. Cette catastrophe va se révéler l’ultime tableau de cette rocambolesque histoire. A l’arrivée sur les lieux du directeur, il aperçoit deux hommes qui s’affairent au dessus d’un petit sous- marin de poche. M.de Saint Féréol tente d’en extraire avec difficulté un homme à moitié inconscient. Pas de doute, les témoins confirment, il s’agit bien du « Roi des eaux ». Mais une fois postiches enlevés, c’est le visage de Jean Delorme qui apparaît. Jusqu’au bout et dans l’ombre il aura voulu s’opposer aux riches industriels qui, par appât du gain, lui ont volé ses projets et mis en péril toute une région.  Mais grâce à son génie, son obstination et l’appui de ses fidèles amis, il est parvenu à mettre en avant la merveilleuse invention de Madeleine qui, nous n’en doutons pas un seul instant, parviendra à vite s’imposer en raison de la simplicité de son fonctionnement. Epuisé, par cette lutte impitoyable, Jean va sombrer définitivement dans les eaux glacées de la mort : « Le roi des eaux disparaît, sa tache achevée »

 

 Un scientifique doublé d’un justicier

« Galamus », « Paul Basiaux-Defrance » et « Jean-Marie Defrance » sont différents pseudonymes utilisés par Paul Basiaux, ingénieur hydraulicien, né à Liège en 1887. Publié, et je pense qu’il n’y a pas de hasard, aux éditions de « L’onde » à Toulouse, une revue s’intéressant aux sciences appliquées, à l’art et à la littérature, ce roman comporte en autre de jolies petites compositions  de Jean Lanère. Avec ce roman, le troisième à ma connaissance se rattachant à notre domaine, l’auteur nous démontre une fois de plus toute son attirance pour les énergies nouvelles et économiques. En règle générale elles sont de fabrications relativement simples, applicables sur des technologies accessibles par tous. Il y a chez cet auteur une volonté sociale, et l’on sent en lui l’homme de science au service du bien être de l’humanité. Comme en témoigne ce roman « Le roi des eaux » le progrès ne doit en aucun cas faire l’objet de spéculations d’industriels véreux, voulant s’enrichir sur le dos de la société. Ce genre de discours relatif à la science pour tous, est déjà fortement présent dans ses deux autres romans « La lumière ou la prodigieuse histoire de trois inventeurs, Roman Utopiste » (Editions Eugène Figuiére 1913), déjà analysé sur les pages de ce blog et « La formidable énergie » (Editions « Argo », 1928) à venir très prochainement. D’ailleurs, l’auteur en regard de sa formation, n’hésitera pas à mettre en avant les aventures de personnages principaux, sympathiques et totalement désintéressés, spécialistes en hydraulique.

Tout l’intérêt de ce court roman n’est pas forcément l’invention en elle même qui, bien que révolutionnaire sur le plan technique, n’occupe qu’une infime partie du roman, il s’agit plutôt du combat de cet homme, Jean Delorme qui sous couvert d’un mystérieux justicier donne du fil à retordre aux fourbes spéculateurs. Sorte de héros de l’ombre, justicier impitoyable que les habitants du cru vont considérer comme une sorte de « génie des eaux » voulant se venger des exactions des puissants hommes d’affaire. Ce « Roi des eaux » est vraiment l’archétype du justicier complètement détaché de toute reconnaissance, il agit par souci d’équité et de vengeance. Au final, il va préférer se sacrifier pour la bonne cause, n’écoutant que son courage et sa soif de justice, pour disparaître dans un dernier baroud d’honneur et révéler enfin a véritable identité.

Malheureusement pour les passionnés qui ne manquent pas de fréquenter « Sur l’autre face du monde » les ouvrages de cet auteur restent extrêmement difficiles à trouver. Qu’en est-il de ces autres romans aux consonances « fantastiques » : « L’invention du Docteur Gibson », « L’homme sans poids »…l’avenir peut-être  nous le dira ! 

 

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« To-Ho Le Tueur D’or » De Jules Lermina

 

Jules Lermina (1839/1915) est un auteur important dans notre domaine puisqu’il contribua à édifier le genre avec des ouvrages inventifs où les idées fusent en abordant des thématiques aussi variées que passionnantes. Il porte à son actif des recueils de nouvelles aussi fameux que « Histoires incroyables » et « Nouvelles histoires incroyables » (édition Boulanger 1885), « A brûler, conte astral » (Didier & Méricant 1889), « L’élixir de vie » (Editons G.Carré 1890) « Le secret des Zipélius » (Didier & Méricant 1893), « La bataille de Strasbourg » (Editions Boulanger 1895, « L’effrayante aventure » (Editions Tallandier 1910) et le très célèbre et fameux « Mystére-ville » sous le pseudonyme de William Cobb. (Le « Journal des voyages »  du 4/11 1904 au 25/3 1905).

Avec le texte qui suit nous sommes dans un registre plus « classique » relevant plus de l’aventure exotique mais qui pourtant  peut intéresser les explorateurs de l’imaginaire que nous sommes avec cette thématique d’un enfant élevé par des « singes ». Thématique déjà abordée avec humour et brio par Robida dans ses « Voyages très extraordinaires de Saturnin Farandoul », dans le cas de Lermina il s’agirait plutôt « d’hommes singes », une espèce rare qui pourrait se revendiquer appartenir à ce fameux « chaînon manquant » qui, sans nul doute, doit peupler quelques forets mystérieuses de contrées éloignées.

 

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« To-Ho le Tueur d’Or » de Jules Lermina. « Journal des Voyages » du N° 448 du Dimanche 2 Juillet 1905 au  N°470 du Dimanche 3 Décembre 1905. Illustré par Ch. Clérice

Les Hollandais de Sumatra parviennent à enlever  aux indigènes Atchés et Sakeys révoltés la femme et 1 la fille du capitaine Villiers, détenues prisonnières. Mais, dans le combat, le fils du capitaine, le petit George, disparaît. On le croit tué par les Sakeys. En réalité, l’enfant a été sauvé du couteau de ces sauvages par un être bizarre, mi-homme, mi-singe, que les Sakeys avaient capturé dans la forêt. L’Homme- bête l’emporte au fond des bois, parmi ses semblables.

Cependant la sœur de George, Margaret, revenue avec sa famille en Hollande, conserve quelque espoir. Son fiancé, le docteur Leven, au cours d’une mission à Sumatra, a découvert les traces et les ossements de ces homme-bêtes. Qui sait si George n’est pas pri­sonnier dans ces forêts où le jeune savant va faire la prospection de l’or pour la maison Vanderheim, à laquelle les Villiers sont associés ?

En outre, une mission scientifique à Sumatra est confiée au docteur Leven qui part avec Margaret deve­nue sa femme et le vieux savant Valtenius. Mais un autre bateau emmène à Sumatra, en même temps queux, V Allemand Koolman, ancien associé, lui aussi, de la maison Vanderheim, rejeté par elle et qui veut se venger. Il est accompagné du capitaine Ned et de cinquante bandits.

Or, George -vit toujours, recueilli, nourri, élevé par son sauveur, l’Homme-bête, To-eHo. Et parmi ces êtres étranges, il a trouvé un homme, Van Kock, qui, fuyant ses semblables, a préféré vivre à l’état sau­vage et a vieilli dans la compagnie de ces demi-singes dont il s’est efforcé de développer l’intelligence et le langage. C’est pendant cette retraite volontaire qu’il a découvert un procédé pour détruire l’or. La sœur de George, le fiancé de celle-ci, Lewen, et un vieux savant, Valtenius, ont résolu de le retrouver tout en faisant la prospection de l’or pour la maison Vanderbeim, de Rotterdam. Ils ne soupçonnent point qu’un ancien associé de cette maison, l’Allemand Koolmaan, accompagné du capitaine Ned et de cinquante bandits, s’est embarqué en même temps qu’eux pour Sumatra afin de se venger d’avoir été remercié…

 

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Le « Journal Des Voyages » à L’heure De L’Europe!

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A l’heure de l’Europe et de la disparition des frontières, cet article de la revue « Journal des voyages » N° 457 du Dimanche 3 Septembre 1905, vient un peu recadrer un contexte quelque peu tendu et nous confirmer, s’il besoin en est, de la suite tragique de ces événements qui allaient embraser l’occident. L’auteur fait montre d’un patriotisme exacerbé et d’une morgue insupportable quand à son jugement des plus radical à l’encontre de ses voisins directs. Nous retiendrons le dessin superbe mariant avec humour et satyre les propos d’un auteur ébloui par la flamme patriotique

 

 « L’Europe Vivante » de Auguste Terrier

 

L’Europe s’agite, nous disent les journaux, et c’est en ce moment un vrai branle-bas des peuples! Comment figurer cette agitation aux yeux de nos lecteurs de façon à leur faire saisir d’un coup d’œil les questions qui se débattent en ce moment dans notre monde? Qu’ils jettent les yeux sur la carte ci-contre, et ils diront si nous avons trouvé.

A tout seigneur tout honneur !

C’est l’ours russe qui tient le plus de place, mais ce n’est pas vers nous qu’il regarde. Il a trop allongé vers l’Est une de ses pattes avides et il la porte maintenant en écharpe, car là-bas une meute d’abeilles a eu raison de son coup de griffe. Mais son écharpe l’empêche sans doute de voir l’autre blessure qu’il porte au flanc, celle-là, car c’est dans sa tanière qu’elle lui a été faite par les révoltés, et c’est en vain que de sa patte droite il se débat contre eux.

Le malheureux reste indifférent à ce qui se passe derrière lui, où le lion suédo-norvégien s’est trouvé coupé en deux par un coup de hache par­lementaire qui, jusqu’à présent, chose curieuse, n’a pas fait couler de sang.

Insolente, conquérante, avide, matérielle, cas­quée et ferrée, la Germania profite de ce que son voisin l’ours est si mal en point, et c’est elle qui, de toute sa force, de toute sa corpulence, écrase l’Europe centrale. Est-ce sur la frontière française qu’elle s’élance ? S’avance-t-elle vers le Maroc qu’elle couve déjà d’un œil conquérant? Vous le voyez et vous devinez qu’elle emplit le monde de son bruit et qu’elle est, à elle seule, un danger pour tous.

  Et pourtant les autres puissances la laissent s’agiter. L’Autriche et la Hongrie restent apparemment unies, encore qu’on devine bien que l’heure n’est pas loin de la séparation et des coups le bec. Le petit ours Martin de Berne fait le mort, le roi des Belges rêve à des spéculations au Congo ou même à la Bourse, la petite Hollande respire ses tulipes et… digère son chocolat, le bon lazzarone italien danse de joie dans sa botte, depuis que ses finances sont reconstituées et que les sous ne manquent plus dans sa poche, quand il veut acheter son macaroni et vider un fiasco de Chianti. C’est encore vers la Germania que le Sultan Rouge, toujours menacé par les États bal­kaniques et menaçant pour eux, se tourne comme vers un protecteur, tout en gardant sa position difficile par-dessus le Bosphore et en cherchant à écraser le brave petit Grec qui essaie vainement d’amener à lui le joli poisson Crétois.

Mais voici les ennemis de la Germania. Le pauvre coq gaulois fait ce qu’il peut pour résister à la grosse bouchère allemande qui veut lui tirer quelques plumes. Fort de son droit, il se contente do gonfler ses plumes et de glousser, comme lors­qu’il veut qu’on le laisse en paix. Dédaigneux de la Germania,il tend le bec vers l’amie inattendue qui, de l’autre côté de l’eau, fait la belle en lui prodiguant de larges sourires bien endentés.. À qui se fier, Albion ou Germania? A lui seul, brave coq, et bien des vantards et des bruyants tairont leur voix de crécelle si tu te relèves sur ses ergots dans un valeureux et clair cocorico.

Parmi tes voisins tu as soit des indifférents comme cette Espagne qui dort quand elle n’est pas au cirque, ou ce Portugal dont tout l’effort consiste… à se reposer, en imitant les belles ma­nières londoniennes, ou encore cette Italie qui tra­vaille surtout pour elle; soit des profiteurs comme cette Angleterre qui te suit et te flatte parce que c’est son intérêt; soit des adversaires comme la Germania brutale et conquérante. Ton ami l’ours est pour longtemps éclopé. Si la bombe que les adversaires ont mise dans ce Maroc où tu voulais chercher ta pâture vient à éclater, c’est ton calme d’abord et le sentiment de ta force qui maintien­dront la paix dans cette Europe, moitié caserne et moitié ménagerie, dont les barbares lointains ont failli rompre l’équilibre !

 

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« Le Péril Jaune »: Splendeur et Xénophobie Des Publications D’avant Guerre

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Les invasions diverses et variées furent une des thématiques les plus employées dans l’anticipation ancienne. Qu’elles soient d’origines extra terrestres dont le plus bel exemple demeure sans contexte « La guerre des mondes » de Wells, et dont la célébrité ne doit pas pour autant occulter une autre saga, Française celle-là, de Théo Varlet et Octave Joncquel « L’épopée Martienne » réunie sous deux volumes « Les titans du ciel » et « L’agonie de la terre » (Editions Malfére « Bibliothèque du Hérisson 1921 & 1922), ou d’origine « humaine », l’homme à toujours lorgné son voisin avec ce regard de travers caractéristique de la jalousie et de la convoitise. Mais un jour il se posa cette question : « Que se passe t-il au-delà des mers ? » Alors, partant faire de grandes explorations, il alla conquérir d’autres terres vierges, pouvant lui apporter richesse et puissance, sans se douter un seul instant que celles-ci abritaient des hommes fait à leur image et pouvant aspirer aux mêmes désirs de conquêtes qu’eux. L’Asie et plus particulièrement le chine, est une terre de légende, où flotte une aura de magie et de mystère, renforcée par ces curieuses créatures à la peau jaune, obséquieuses et sournoises, dont le regard souvent fuyant et la politesse exagérée sont les signes d’une fourberie sans nom. Cette image des plus simpliste qui fut à l’époque colportée par toutes les revues xénophobes de l’époque, et plus particulièrement au début du XXème siècle, contribua grandement à définir les cultures asiatiques comme des peuplades dont il fallait se méfier, usant des pratiques barbares, comme la torture des plus délicates et se complaisant dans la souffrance où du moins prenant un malin plaisir à torturer de la plus exquise des façons ses malheureuses victimes. Tout ce qui nous dépasse et ne nous ressemble pas est alors considéré comme étranger, barbare, défiant les préceptes d’une civilisation occidentale qui seule, pouvait détenir les clefs d’une grande culture et d’une civilisation hautement raffinée. Cette peur indescriptible de « cet autre » à la peau jaune fut donc source majoritairement de malentendus que « l’esprit supérieur » de la race blanche n’a jamais essayé de remettre en question car pour ce cerveau étriqué et obtus, il ne pouvait y avoir d’âme et de conscience ailleurs que dans l’esprit raffiné et supérieur de l’occidental.

Oubliant alors les sauvages exactions que celui-ci vint à commettre au nom d’une sacro sainte religion ou quelques idéaux aux fondements douteux, il s’évertua à penser que le sauvage à la peau coloré était capable des pires atrocités afin de conquérir les terres de ces voisins étrangers qu’il convoitise et désire. Bien souvent la mémoire est sélective et dans ce genre d’anticipations, c’est toujours l’autre le méchant, celui qui ne nous ressemble pas. Car voyez vous le blanc lui, il colonise pour la rédemption des sauvages, pour leur bien être et leur salut et peu importe les moyens mis en place.

A une époque où l’Afrique était presque entièrement sous la domination des « gentils blancs » et donc ne présentait pas une réelle menace, c’est l’Asie qui fut l’objet de toutes les attentions et perçue donc comme potentiellement dangereuse. Elle fut donc utilisée comme le terreau d’une menace d’invasion à l’échelle planétaire et quoi de plus naturel de la part d’un peuple toujours représenté dans l’imagerie populaire comme vil, fourbe, mesquin et cruel…

Les auteurs s’en donnèrent donc à cœur joie et si le but d’alors n’avait d’autres intentions que de divertir, le cynisme et la méchanceté dont ils firent preuve dans leurs peu élogieuses descriptions n’avait d’égal que la bêtise et la stupidité de leurs propos.

Les exemples sont légions dans les publications d’avant guerre, souvent d’ailleurs accompagnées d’illustrations peu élégantes et s’il est vrai que certains textes attisent nos convoitises conjecturales, il n’en demeurent pas moins pour un grand nombre, le reflet d’une mentalité fortement xénophobe qui ne cessera d’alimenter les pages de nombreuses anticipations. De fait, si les romans « revanchards » fleurirent à une certaine époque, vantant les méfaits d’un peuple Allemand qui n’avait d’autre désir que de conquérir le reste de l’Europe, d’autres invasions plus spectaculaires se tramaient dans les cervelles fiévreuses de nos anticipateurs avec quelques invasions « noires », comme le dirait si bien le Capitaine Danrit, recordman toute catégorie des massacres en masse, et surtout le stigmatisation des peuplades asiatiques qui furent l’objet de bien des fantasmes et d’intentions peu louables.

L’article qui va suivre et paru dans le numéro 2 de la revue « Je sais tout » du 15 Mars 1905 est dans ce sens assez édifiant.

 

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Le Péril Jaune

 

Une effrayante masse d’hommes ennemis des blancs. L’Indo-Chine Française est-elle menacée ?  Découverte sensationnelle d’un plan d’envahissement de l’Europe par la race jaune.  Une jonque mystérieuse. Le massacre des Européens en Asie et l’envahissement de l’Europe. Ce cauchemar sera t’il un jour la réalité ?

A l’heure où les regards de tous se portent, anxieusement pour cer­tains, avec trop d’indifférence pour beaucoup, vers les régions loin­taines de l’Extrême – Orient, le « jaune », c’est encore, dans notre intellect d’Européen, le magot poussif et ridicule dont la silhouette disgracieuse se dessine sur les paravents d’importation, ou en figurines de marbre et de bois volées dans les pagodes.

C’est aussi l’homme cruel et arriéré, félin et lâche, esprit borné par nature et par desti­nation, noyé dans l’immensité d’une population innombrable et d’un territoire pour ainsi dire sans bornes : au demeurant, agglomération inoffensive et assez ridicule, qu’il sied de mépriser et dont il est courant de se moquer, hommes-femmes aux cheveux tissés en lon­gues nattes ou en chignons, croupissant dans une ignorance séculaire et profonde…

C’est une immense erreur ! Et combien ter­rible sera le réveil de ceux-là qui s’endorment béatement au ronron berceur de cette enfantine chanson du «Chinois de Chine» si drôle avec sa longue robe brodée et sa « queue dans le dos !

 

Les convoitises japonaises. Rêves énormes de domination

Par ce qui se passe actuellement, et sur terre, et sur mer, en Extrême-Orient, on voit que le Japon est une puissance militaire de premier ordre. Aujourd’hui c’est la Russie qui subit le choc et demain ce sera la France, comme le prouve la pièce très longue et très curieuse publiée dernièrement.

Il s’agit du rapport rédigé, au printemps de 1902, par le général baron Kodama, gou­verneur de l’île dé Formose, et adressé au général Katsura, alors président du conseil des ministres.

Ce document sensationnel, et dont l’authen­ticité est incontestable, a pour but de recher­cher quelle époque sera la plus favorable pour une invasion de nos possessions de l’Indochine. Le baron Kodama établit égale­ment de la façon la plus minutieuse les plans de mobilisation de l’armée japonaise destinée à conquérir les colonies françaises.

C’est l’île de Formose, cédée par la Chine au Japon en 1895, devient la base natu­relle de l’offensive du Japon contre l’Indochine française. Quant au lieu de débarque­ment des troupes du Mikado, les pièces annexées au rapport du général Kodama indiquent la baie de Kouang-Tcheou, port cédé à bail par la Chine à la France, et qui est devenu en réalité une possession fran­çaise.

L’étude du baron Kodama, qui est des plus détaillées, examine par le menu la durée de la mobilisation, du transport et du débarque­ment des armées japonaises, ainsi que la durée des mêmes opérations pour les troupes françaises venues de la métropole. L’auteur arrive ainsi aux conclusions suivantes :

«Trois armées japonaises fortes, chacune, de 100.000 hommes, seraient débarquées, les deux premières à Kouang-Tcheou, la troi­sième en trois endroits de la côte chinoise.

Les troupes chinoises se retireraient sans combattre.

Contre ces 300.000 Japonais arrivant succes­sivement, les Français pourraient opposer successivement : le 20e jour, 95.000 hommes; le 80e jour, 34.000; le 101e, 37.000; le 150e, 75.000, en tout 271.000 hommes.

Les Japonais conservent donc constamment la su­périorité numérique. Leur victoire, dit le rapport, n’est pas douteuse. Le Tonkin, l’Annam, la Cochinchine,L’Annam tombent en leur pouvoir.

Le baron Kodama estime qu’il est possible que ces événements s’accomplissent en 1908.

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La jonque mystérieuse

Mais il ne faudrait pas s’imaginer que le Japon, nation essentiellement mi­litaire, est seul à convoiter nos possessions asiatiques. La Chine aussi s’ébranle, la Chine aussi se transfor­me, et ceux de ses officiers qui ont reçu leur enseigne­ment au Japon songent à se débarrasser des étrangers blancs, et tracent même un plan de conquête de l’Europe. Le document — chinois, cette fois — qui est resté jusqu’à présent inédit et que nous publions plus loin, est une preuve émouvante de ce réveil menaçant de la Chine.

Voici dans quelles cir­constances cette pièce a été découverte.

Vers le milieu de février 1904, une canonnière fran­çaise croisait au large des côtes de Siam, dans la région des îles Poulo-Condore, quand elle aper­çut une jonque filant à grande allure et qui lui parut suspecte.

Le navire français se mit à la poursuite de la jonque. Celle-ci se voyant sur le point d’être capturée, se réfugia dans une petite crique de l’île Poulo-Pan-Yang, et fut incendiée par son

Equipage qui s’embraqua sur un sampan.

Les chinois qui l’occupaient ne firent qu’une résistance insigni­fiante, et prétendirent qu’ils étaient d’inoffensifs pêcheurs que la présence de la canon­nière avait fort effrayés.

Maïs les matelots avaient fouillé avec soin tous les coins et recoins de la petite embar­cation, et ils apportèrent à leur chef, avec un certain nombre d’instruments hydrographiques, une cassette en acier renfermant des papiers couverts d’hiéroglyphes chinois.

Ces papiers, transportés à Saigon, furent traduits. Une pièce surtout apparut comme étant particulièrement importante. Nous avons pu en avoir communication et nous la soumettons à nos lecteurs. C’est une véritable révélation sur l’état d’âme des Célestes, qu’on nous représentait comme étant à tout jamais endormis.

Le plan infernal Traduction rigoureusement exacte

Société Divine des Hiep-Hao-Thoug (i). Rapport mensuel du Comité exécutif de la Société, rédigé par la co­lonne d’Etat-major Tsoun- Ho-Thao, et comprenant les grandes lignes du pre­mier mouvement offensif contre l’Europe et plus particulièrement contre les Français, les Russes et les Espagnols. Soumis et approuvé à sa Divine Lu­mière, Sa Majesté l’Em­pereur, lequel a ordonné qu’un exemplaire de cette étude serait remis à chaque officier d’Etat-major, qui le renverrait annoté, s’il y a lieu, dans le mois qui sui­vra sa réception.

« Le premier acte du vaste mouvement qui a pour but premièrement, de débarrasser l’Asie des barbares qui l’occupent depuis tant de siècles et d’aller enfin à notre tour en Europe reconquérir les trésors qui nous furent ravis et donner à nos soldats une juste récompense à leurs efforts, ce premier acte consiste simultané­ment dans l’occupation , absolue de tous nos ports de la côte depuis Vladivostock jusqu’à Hong- Kong, y compris le golfe d’Annam, et de toute L’Indochine actuellement en la possession des Français.

« La plus grande entente est nécessaire pour réussir et ce premier coup décisif devra être frappé au même instant dans tout l’Empire.

« Le soir du jour indiqué, il ne devra plus y avoir dans tout l’Empire Céleste un seul Européen vivant ou un seul de leurs parti­sans, les prêtres noirs (missionnaires) et les desservants seront exécutés séance tenante et nous déconseillons l’application de la torture dans aucune circonstance, parce qu’il n’y aura pas de temps à perdre.

« D’ores et déjà nos dispositions sont prises pour faire sauter en rade des ports, les bateaux de guerre qui y seront ancrés.

« Les Européens des Concessions soit à Chang-Haï, soit à Tien-Tsin, seront mis à mort de préférence par les domestiques mem­bres des différentes sociétés secrètes. Quant

à ceux qui ont des traîtres à notre cause à leur ser­vice, il y aura lieu, au moment du massacre gé­néral, d’avoir recours aux soldats et aux hommes de bonne volonté

« Les questions de détail seront réglées ultérieure­ment par une circulaire adressée à chaque préfet provincial. En ce qui con­cerne l’Indochine, la hui­tième armée formée des deux corps du Kouang- Toung et du Kouang-Si, actuellement factionnée dans toute la région située au nord du Tsé-Kiang, de­vra descendre, le premier corps, en prenant pour ob­jectif le delta d’Haïphong, le deuxième corps, la région montagneuse de Lao-Kay. Il va de soi que nos émissaires et ceux du japon, répandus dans toute la région, ont pris leurs dispositions pour provo­quer, le moment venu, le massacre général de tous les Européens. » Après avoir tracé ces principes généraux, le colonel chinois qui est l’auteur du rapport, aborde la question de l’en­vahissement proprement dit de l’Europe et, après avoir préconisé l’abstention de toute opération maritime rendue nécessaire par l’incontestable supériorité des flottes euro­péennes, il trace à premiers traits les bases d’une invasion progressive de l’est à l’ouest établissant les différents points de ravitaille­ments et les principales bases des opérations futures. Il termine en adjurant les officiers du corps de l’Etat-major chinois de collaborer, avec lui, de toutes leurs forces à la préparation de ces grands événements destinés, dit-il, à rendre à son tour l’Europe tributaire de l’Asie.

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Un cauchemar terrifiant. L’invasion jaune à Paris

Sans doute cette conception d’un envahis­sement de l’Europe nous semblera préma­turée. Il ne faut pas oublier, cependant que les masses chinoises sont des forces sans emploi. Si le Japon les coordonne, les met en œuvre et les dirige, elles ne réussiront peut- être pas immédiatement à envahir l’Europe, mais elles chasseront certainement de l’Asie les Européens.

Les Chinois haïssent les étrangers, les « diables rouges » qui sont venus chez eux pour établir des voies ferrées et bouleverser les tombes des ancêtres. Les ligues popu­laires xénophobes, c’est-à-dire qui ont la haine de l’étranger, se multiplient dans toute la Chine. Partout on entend ce cri : « Dehors les impurs ! »

Les agents, les espions, les excitateurs japonais entretiennent ce sentiment et, d’un jour à l’autre, nous pouvons craindre de voir se produire un formidable soulèvement des Jaunes contre les Blancs.

Dans une œuvre d’imagination, un mandarin très connu pour ses sentiments xéno­phobes a exprimé sous une forme saisissante la haine de ses compatriotes pour tout ce qui est Européen.

L’auteur suppose qu’un rêve lui a révélé le glorieux avenir qui attend la race jaune, Chinois unis aux Japonais. Dans une bro­chure accompagnée d’images destinées à frapper l’esprit des Chinois, et qui a été dis­tribuée à profusion dans certains milieux, il dépeint avec un luxe de détails terrifiants et une virtuosité remarquable, l’envahissement progressif de l’Europe par les armées jaunes.

Il a vu, dans un songe, comme un irrésis­tible torrent de lave, les hordes innombrables

et armées avec les derniers perfectionnements de l’art militaire moderne, rouler impétueusement comme une vague colossale de l’Est à l’Ouest. Déjà Pétersbourg, Moscou, Berlin, Vienne ont disparu.

A son tour, Paris est conquis par les Jaunes triomphants. Paris devient le glorieux butin des hordes de l’Asie. Notre mandarin, qui con­naît la capitale de la France, décrit, avec complaisance, l’entrée des Asiatiques par les Champs-Élysées. « La fameuse avenue des Champs-Elysées, raconte- t-il, s’étend droite, majes­tueuse et vide sous le clair soleil de cette matinée de la troisième saison. De toutes parts, des nuages de famée où se mêlent des tourbillons d’étin­celles jaillissant des somptueuses demeures, désertées à cette heure; des pans de murs gisent écroulés, et parmi les décombres, c’est un amas de meubles dorés, de tentures, de tableaux éventrés, toutes les ruines accumu­lées, fruit du pillage effroyable, auquel se sont livrées les bandes révolutionnaires qui ont dévasté Paris mieux que n’auraient jamais pu le faire nos armées koughouses. Depuis huit jours que nous avançons en terre française, invincibles, vers une capitale dont la prise de possession sera la consécration éclatante de cette campagne, et depuis que les armées l’ont évacuée en hâte, les inévitables bandes de rapaces, à qui toute idée de bien et de mal est inconnue, et qui fouillent comme des corbeaux les champs de bataille, se sont ruées sur la ville glorieuse et jadis si belle. Le Louvre flambe par toutes ses fenêtres, la place de la concorde est environnée de flammes, la Seine charrie des monceaux de cadavres dans ses flots de boue et de sang.

Nos guerriers Kounghouses n’ont pas perdu leur bonne habitude d’accrocher à la selle de leur monture, pendues par la chevelure, les têtes fraîchement coupées de nos ennemis.

C’est quelquefois une véritable guirlande, sanguinolente et grimaçante, d’un fort curieux effet.

« Maintenant, les mouvements des troupes sont de plus en plus nombreux, toutes les issues sont barrées par la cavalerie échelonnée depuis le Louvre jusqu’à l’entrée de la ville, et l’avenue s’étend plus immense, semble-t-il,maintenant que le mouvement qui l’animait autrefois a disparu. Soudain, très loin, nous entendons le son aigu des musiques et le grincement des cymbales ; et voici que le fracas du cuivre fait trembler l’atmosphère autour de nous. Les deux empereurs viennent de pénétrer dans Paris : mille bouches à feu rugissent en même temps en un effroyable tonnerre et, là-bas, sous la voûte de l’Arc de Triomphe, apparaissent nos étendards sacrés. Une joie immense nous étreint, fait dilater notre cœur et briller nos yeux. L’instant tant attendu est venu : nous voici dans Paris, nous voici maîtres du monde. Imposante, la masse des armées s’avance, descendant l’avenue triomphale : en tête, la cavalerie d’avant- garde, sous les ordres du prince Kanin et du général Luong-Thao. Un peloton d’indomp­tables Kounghouses suit en désordre, malgré les efforts des officiers japonais qui essayent de maintenir l’alignement.

« Voici maintenant les troupes des théâtres et les acrobates qui ont diverti les armées pendant les moments d’accalmie : montés sur des échasses, des géants gesticulent et frappent en cadence sur des cymbales. D’innombrables joueurs de flûtes, de samzen, de banïo des porteurs de gongs — ceux-ci frappés à tour de bras — suivent dans un pittoresque et tumultueux désordre : c’est un vacarme assourdissant fait du cri strident des trom­pettes, du sifflement aigu des flûtes et des fifres, du roulement des gongs et des tams- tams, les tout dominé par l’incessant tonnerre des canons hurlant la victoire. Lorsque tout cet amas de gens est passé comme une trombe multicolore et terrible, un grand espace vide s’étend alors entre elle et la masse sombre et grandissante de l’armée.

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L’impressionnant défilé Le cortége des chefs du monde et des empereurs vaincus.

« Et maintenant, c’est une minute solen­nelle ; voici, précédés des deux porte-éten­dards à cheval tenant l’un le drapeau blanc auréolé du Soleil Levant, l’autre l’Etendard sacré du Dragon, voici, dis-je, à cheval et côte à côte, Sa Divine Lumière l’Empereur, et Sa Majesté le Mikado. Il semble qu’une clarté éblouissante nous aveugle, et nous nous prosternons tous devant notre Gloire qui passe…

« Le Mikado est revêtu de l’uniforme de général en chef, coiffé du képi à aigrette blanche, ganté de blanc et chaussé de bottes à l’écuyère. Sa Divine Lumière l’Empereur, pour ce jour qui comptera comme un des plus merveilleux de l’histoire du monde, a voulu revêtir le costume de ses ancêtres, dont les corps profanés gisent dans la plaine sacrée de Moukden. C’est la tiare impériale en tête, un riche manteau de cour brodé de perles et de diamants sur les épaules, et vêtu de la robe jaune impériale, qu’il descend en triom­phateur cette avenue, jadis aussi le théâtre d’autres cortèges somptueux. Derrière les deux souverains vient la suite empanachée des généraux, au premier rang desquels se trouvent ceux d’entre eux qui se sont illustrés dans la première guerre contre la Russie.

« Et voici, maintenant, le plus impression­nant spectacle qui se puisse concevoir; il est regrettable que des milliers d’Européens ne soient pas massés à droite et à gauche de cette longue avenue pour bien fixer dans leur esprit les détails de cette magnifique céré­monie, pour bien se rendre compte de la ruine finale et définitive du prestige européen et pour comprendre enfin que la balance des destinées humaines est passée à jamais en d’autres mains. Où sont maintenant ces chefs puissants, et dont les noms, jadis, faisaient trembler toute la terre? Que sont devenus ces rois et ces empereurs de l’Eu­rope, arbitres du monde, qui prétendaient rouler un jour le sol sacré de notre Asie et faire de nous leurs esclaves? L’empereur l’Autriche a disparu dans la tourmente : nul ne sait même où repose son cadavre! Le Sultan jeté dans les flots de la Corne d’Or.

Le roi d’Italie tué dans les combats qui se livrèrent avant l’anéantissement de Rome. Et voici, courbés sous le faix de lourdes chaînes et de la cangue ignominieuse qui pèse sur leurs épaules, marchant à pied et encadrés par des cavaliers Kounghouses, qui hâtent leur marche, parfois, de la pointe de leurs lances, voici, meurtris, hâves, exsangues, l’empereur d’Allemagne et le tsar Nicolas !

« Derrière les deux souverains déchus, les plus célèbres généraux de l’Europe marchent en groupe compact, quelques-uns, couverts de blessures, les vêtements en lambeaux, de lourdes chaînes aux mains et aux pieds et la cangue enserrant le cou. Des coolies tiennent derrière eux de hauts écriteaux, qui relatent leurs noms et leurs crimes : c’est l’heure ma­gnifique de l’expiation, et l’immense et mer­veilleux cortège se déroule dans son impo­sante splendeur, au son des gongs et des tam-tams… »

Nous arrêtons ici ces citations traduites à peu près littéralement. Les documents que nous livrons aujourd’hui au public, ne sont- ils pas un avertissement significatif de ce qui nous attend demain peut-être ?

Les événements qui se déroulent là-bas, marquent un pas de plus fait chaque jour dans la voie d’une des plus grandes révolu­tions des hommes qui se soit jamais vue et qui se puisse concevoir! Il n’y a pas lieu de rire du péril jaune, et lorsque l’empereur Guil­laume dénonçait, il y a dix ans, ce péril, avec une clairvoyance rare, dans le fameux tableau symbolique que nous reproduisons ici, c’est lui qui avait raison !

 

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Bibliographie sélective du « Péril jaune » dans les ouvrages d’anticipations anciennes.

 

 - « Hurrah !!!Ou la révolution par les cosaques » de Ernest Coerderoy. Londres 1854

- « Clovis Bourbon, excursion dans le vingtième siècle » de Ernest. Jonchére. A.Lacroix Verboeckhoven.1868.

- « La bataille de Strasbourg » de Jules Lermina. L.Boulanger, 2 tomes.1895.

- « L’orient vierge, roman épique de l’an 2000 » de Camille Mauclair. Ollendorf.1897.

- « L’Asie en feu, le roman de l’invasion jaune » de Louis Gastine Editions Delagrave.1904.

- « L’invasion jaune » du capitaine Danrit. Flammarion.1905.

 - « Le péril jaune : Un cauchemar terrifiant, l’invasion jaune à Paris » Dans la revue « Je sais tout » N°2 15 Mars 1905

- « La cité des tortures » Nouvelle de René Thévenin. Journal des voyages N° 518. Dimanche 4 Novembre 1906

- « La guerre infernale » de Pierre Giffard et Albert Robida. 30 Fascicules. Editions Méricant.1908.

- « L’immortel » Roman fantastique de Régis Vombal. Première parution dans la revue « Nos loisirs ». Du N°48 (13éme année) le 29 Novembre 1908 au N° 49 le 6 Décembre 1908.

- « Elisabeth Faldras » de O.de Traynel. Librairie Paul Ollendorff. Paris 1909.

- « Aéropolis, roman comique de la vie aérienne » de Henry Kistemaeckers.Fasquelle.1909

- « L’aviateur du pacifique » du capitaine Danrit. Flammarion.1909.

- « Les flottes évanouies » de Roy Norton. Roman adapté de l’Anglais par Mlle J.Crémieux . Editions Pierre Lafitte « Nouvelle bibliothèque ».1911.

- « Bansaï » de Para Belum pseudonyme de Ferdinand Heinrich Grautoff . Editions Nilsson.1912.

 

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- « Le destructeur » André Du Bief. Editions du Sans-écu.1925.

- « Le Fulgur »  Paru en feuilleton en 1924 dans un obscur quotidien de l’Yonne, « Fulgur » est l’œuvre collective de neuf élèves du lycée Louis le Grand : Roger Vailland, Robert Brasillach, Thierry Maulnier, Paul Gadenne, Fred Semach, Jean Martin, José Lupin, Pierre Frémy, et Antonin Fabre. Réédité en 1992 aux éditions Julliard dans la collection « Seconde chance » dirigée par Francis Lacassin.

- « En l’an 2125 » de Raoul Le Jeune. Bibliothèque de « La mode familiale » collection « Fama ».1928.

- « Les samouraïs du soleil pourpre » de Albert de Bonneau. Editions Tallandier de 1928 à 1931. Série en 6 fascicules.

-  1 « Les Samouraïs du soleil pourpre » éditions Tallandier « Voyages lointains Aventures étranges » N°31.1928.

-  2 « Les mystères de Chinatown » éditions Tallandier « Voyages lointains Aventures étranges » N°34.1928.

-  3 « Les damnés de Sakhaline » éditions Tallandier « Voyages lointains Aventures étranges » N°36.1928.

-  4 « Le trésor du Shogun » éditions Tallandier « Voyages lointains Aventures étranges » N°88.1931.

-  5 « La jonque aux cercueils » éditions Tallandier « Voyages lointains Aventures étranges » N°90.1931.

-  6 « La reine du Hara-Kiri »  éditions Tallandier « Voyages lointains Aventures étranges » N° 92.1931.

 

- « Gorillard » de Jean de la Hire. Éditions Tallandier « Le livre national » N° 868.1931 Couverture illustrée par Maurice Toussaint. Et sa suite :

- « Le mystère jaune» de Jean de la Hire. Éditions Tallandier « Le livre national » N° 869.1931 Couverture illustrée par Maurice Toussaint.

- « La ruée des jaunes » de Louis Gastine. Baudiniére.1934.

- « La folle ambition du docteur Jarmoy » de Pierre d’Aquila .Collection Bayard N°183. 1935.

- « Le maître de l’invisible » Série d’abord édité par les éditions et revues Françaises (22 fascicules signés E.Brooker) puis  par la Société d’édition Gles (16 fascicules signés Sam.P.Norwood).

Il nous faudra bien évidemment rajouter à cette liste provisoire, le péril jaune personnifié avec le  « Dr Fu-Manchu » de Sax Rohmer. Il s’agira en l’occurrence d’une « invasion » beaucoup plus insidieuse avec cette tentative de déstabilisation par « l’intérieur » de la puissance Britannique, et cette figure emblématique du mal qui usera de tout son génie et de sa perfidie pour d’arriver à ses fins. Sans oublier bien évidemment « L’ombre jaune » de Henri Vernes le fou criminel le plus fameux et éternel ennemi de Bob Morane, et enfin une femme et non des moindres, la redoutable « Mme Atomos » de André Caroff, une savante Japonaise qui ne rêve que de laver l’affront de Nagasaki et Hiroshima. Elle trouvera en Smith Beffort et Yosho Akamatsu de redoutables adversaires et une sérieuse entorse dans son désir de conquête d’un Occident qu’elle déteste et méprise.

Une page qui est bien loin de se terminer!

 

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Disparition De Roland C.Wagner dans Un Tragique Accident De Voiture

( Non classé )

Ce matin travail, à mon retour je furette un peu sur le net, je lis quelques infos inquiétantes et puis le doute se confirme, avec le message de Julien : Roland C.Wagner est mort hier dans un tragique accident e voiture. Je le savais fidèle de cette page et je me souviens de l’avoir rencontré lors du festival de Sévres où il est venu me saluer pour me dire que les Savanturiers était certainement le groupe le plus intéressant de Facebook.  Mais je ne voudrais pas parler de cela aujourd’hui, mais vous parler de la disparition d’une figure emblématique de la science-fiction Française. Je le savais ouvert à toutes ces choses qui firent les origines de la science fiction Française et le ton délirant et humoristique de ses romans, nous prouvent que c’était un personnage plein de malice et très au fait des territoires de l’imaginaire.Un homme que je ne connaissais pas mais qui me semblait d’une grande disponibilité et d’une extrême gentillesse Je suis loin d’être un spécialiste de cet  auteur mais avec sa disparition c’est un homme talentueux et extraordinaire que notre communauté vient ici de perdre. Je voudrais ici saluer sa carrière exemplaire et toute l’originalité de son œuvre. Modeste témoignage de toute l’admiration que je lui porte et que nous lui portons tous. C’est la grande famille de l’imaginaire Français qui est aujourd’hui en deuil et toute notre profonde affliction se porte vers ses proches, dans un moment aussi difficile. Parfois les mots deviennent inutiles dans ces moments de grande peine mais sont œuvre sera toujours présente pour témoigner de quel grand écrivain il fut et restera toujours.

 

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