« La Formidable Energie » De Jean-Marie Defrance

Posté le 24 août 2012

« La formidable énergie » de Jean-Marie Defrance .Editions Argo.1928

 

Au départ, ce roman me posa un problème car je ne savais pas si j’avais affaire à un « faux amis » (pourtant avec un titre pareil) ou alors à un de ces romans où la partie conjecturale n’occupe que le tout dernier chapitre. Toutefois la lecture du livre étant agréable, et en regard des œuvres antérieures de cet auteur, il ne me fut pas difficile de m’abandonner à la lecture de ses pages qui m’entraînèrent dans une bien formidable histoire. Le héros, ingénieur spécialiste en hydraulique commencera son périple en Amazonie et ce afin de faire les repérages nécessaires à la construction d’une gigantesque centrale hydraulique. L’utilisation d’une immense chute d’eau, fréquente dans ses régions, étant élément indispensable à ce titanesque projet. Une telle centrale permettrait d’assurer une production considérable d’électricité, nécessaire au développement du pays. Mais son ambition tombe bien vite à plat, en effet en France,une toute nouvelle énergie vient d’être découverte par l’utilisation de la différence de température entre l’eau de mer à 1000 mètres de profondeur et à la surface , soit, environ 250centigrades ceci permettant de réaliser à moindre coût la production de « Formidables énergies » . A son retour, au hasard d’une de ses haltes, Paul notre malheureux inventeur, assistera bien malgré lui aux derniers instants d’un bagnard évadé, un certain Vingras et inventeur selon lui du mouvement perpétuel .Ce dernier, échoué au gré de sa cavale dans une tribu Amazonienne, chargera notre ingénieur d’un message d’affection adressé à ses deux filles, vivant à Rochefort. De retour en France il s’acquittera de sa mission (remettant par la même occasion aux deux orphelines un sac d’or, dernière richesse du père) non sans percevoir par la même occasion un gage de reconnaissance , un curieux petit ouvrage écrit par la main de Vingras .

Cette brochure, contenant de nombreux dessins et autres formules mathématiques explique le moyen de fabriquer une énergie (encore une) gigantesque et inépuisable. Très septique sur les hypothèses avancées par ce vieil original et de plus très éprouvé par son dernier voyage en Amérique du Sud, Paul décide de ranger le petit carnet de tout oublier pendant quelques jours et de se prendre un repos bien mérité dans son village natal en pays Basque. Arrivé sur place, ce voyageur infatigable et marcheur invétéré va faire la connaissance, lors de l’une de ses promenades en solitaire, d’un homme des plus singulier et considéré dans la région comme un vieux fou, pratiquant de douteuses expériences. Ce « fou », est en vérité un savant de génie, découvreur de la suprême énergie, qui régule tout notre univers: « Le mouvement ». Il n’y a ni lumière, ni électricité, ni chaleur, il n’y a que le mouvement. Le principe de toutes ses inventions et de la force les faisant fonctionner reposent sur cette source d’énergie : Transmission à distance, Rayon destructeur, accumulateur d’énergie solaire, Transmetteur de matière etc… Mais le monde dans sa folie, son égoïsme et sa fureur est-il prêt à tant de merveilles ? Sur cette question philosophique, Paul quittera un vieillard fatigué, seul et blasé refusant tout son savoir et son génie à une humanité qui finalement n’en vaut pas la peine. De retour chez lui , notre héros confronté à la routine quotidienne , à la futilité d’une existence fade et sans lendemain ,échaude par ses projets avortés, partira en un lieu reculé de la France y couler des jours paisibles : seul ? Non puisqu’il sera accompagné le bougre des deux ravissantes filles de Vingras . Comme quoi être une géniale cervelle n’empêche pas quelques élans de cœur.

 

 

Troisième et dernier roman conjectural analysé sur le blog,ce texte qui n’est qu’une lente progression, un parcours initiatique du héros vers la découverte de cette  « Formidable énergie »,pourrait arriver quelque peu à dérouter le lecteur. L’auteur nous conduit fort curieusement sur les traces de cette énergie tant convoitée pour nous faire changer de direction dès que le but est presque atteint. Paul se trouve enfermé dans de hasardeuses réflexions, comme prisonnier d’un destin qu’il ne peut éviter et qu’il ne peut contrôler. La réponse est là au bout de ses doigts mais il rechigne à vouloir se l’approprier. Pourtant cette énergie inépuisable basée sur le mouvement ne manque ni de charme ni de possibilités infinies….

Victime indirecte de la science, lui qui ingénieur en hydraulique passa son existence à trouver la solution idéale en matière d’énergie, il semble au bout du compte, vouloir arrêter  cette course effrénée et laisser à d’autre le soin d’améliorer le sort de l’humanité. En effet en admettant la possibilité de l’utilisation de cette prodigieuse découverte  l’humanité est-elle prête? Finalement nous assistons à une vie vouée à 1′échec, un bilan bien négatif d’une existence dont la finalité ne peut être que l’objet d’une réflexion dont la récurrence peut  nous insupporter : Le progrès peut-il changer l’homme ? Ce n’est pas l’édifice de la science qui est fragile mais l’homme qui en a dessiné les plans. Ce qu’il y a de curieux dans l’œuvre de cet auteur, c’est que nous avons toujours affaire à des inventeurs contrariés dont les projets sont toujours bouleversés pour une raison ou une autre. Qu’il s’agisse de la fin tragique du savant dans « La lumiére » ou de celle tout aussi injuste dans « Le roi des eaux », à chaque fois ces formidables chercheurs seront voués à l’échec et assisteront impuissants, et pour cause, à la mise à mal de leurs formidables projets. Jean-Marie Defrance connut-il les mêmes déboires dans sa vie professionnelle ? A la seule différence dans le présent ouvrage, le sort du personnage ne sera pas des plus dramatique car notre ingénieur  décide de se retirer du monde de la science, entouré, une fois n’est pas coutume avec de bien délicieuses créatures.

 

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3 commentaires pour « « La Formidable Energie » De Jean-Marie Defrance »

  1.  
    Ferocias
    24 août, 2012 | 12:22
     

    L’utilisation de l’énergie thermique des mers a donné une carte de la collection Byrrh: http://archeosf.blogspot.fr/2011/07/chromo-anticipation-exploitation-de.html

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  2.  
    24 août, 2012 | 13:42
     

    Oui bien vu, merci de cette précision…

    Répondre

  3.  
    24 août, 2012 | 13:42
     

    Oui bien vu, merci pour cette précision…

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