Voici un liste relevée dans la revue Fiction N° 99 du mois de Février 1962, Ce qu’il y a d’étonnant dans cette dernière est la présence,sur une vingtaine de titres sélectionnés , d’au moins dix romans ( si l’on y adjoint les oeuvres de René Barjavel) relevant de l’anticipation ancienne, avec quelques titres assez prestigieux : « Le péril Bleu », » »La mort de la terre », »La maison des hommes vivants » . D’autant plus extraordinaire qu’à l’époque, ces textes n’avaient pas bénéficié d’une réédition dans des collections « populaires » ( Le « Péril bleu » ne paraîtra en collection Marabout que 12 ans plus tard ) sans parler de ceux de Claude Farrère ou de André Maurois.
Cette liste réalisée par Damon Khnight nous révèle avec plaisir toute la vivacité d’une genre qui à l’époque n’était pas forcément au goût du jour, non seulement en raison d’un manque de réédition, mais parce que l’on aurait pu croire que déjà à l’époque le genre était tombé en désuétude .
Cette revue fut très généreuse en ce qui concerne les auteurs de « merveilleux scientifique » ( ce numéro 99 comporte en outre la deuxième partie et fin du roman de José Moselli « La fin d’Illa) et nous reviendrons très prochainement à ses nombreuses contributions en établissant une liste complète de tous les articles de fond et romans qu’elle publia au cours de sa longue existence.
Petite rappel sur le Lauréat de la liste « Le péril bleu », au coude à coude avec ce petit chef-d’œuvre de Francis Carsac « Ceux de nulle part »
Imaginez que le monde où nous vivons n’est en fait que le fond d’un vaste océan et que l’espace qui nous entoure appartient à un univers peuplé de créatures qui échappent à notre entendement et notre compréhension. Imaginez ensuite qu’elles nous considéreraient comme de vulgaires animaux et de ce fait s’amuseraient à nous pêcher comme de simples poissons.Tel est l’argument de cet extraordinaire roman de Maurice Renard « Le péril bleu » où une race d’extra terrestres, les Sarvants, nous regardent comme des animaux sans importance, nous capturent, nous dissèquent nous étudient. Au départ tout commence comme un banal roman policier, les personnes disparaissent les unes après les autres, puis vient le tour des animaux, des objets, des édifices….A l’image de l’animal de laboratoire, l’homme est ainsi l’objet d’expériences incompréhensibles qui dépasse sa propre logique et qui remet tout naturellement en doute sa légitimité dans un monde qu’il croyait bien à lui.Un jour pourtant, les Sarvants découvrent que nous ressentons la peur, la douleur et que nous sommes peut-être un animal doué de raison.
Un roman certes qui n’est pas exempt de certaines faiblesses mais qui souligne une fois de plus que l’auteur, à qui nous devons l’origine du si beau terme de « merveilleux scientifique », était soucieux de l’avancée technologique de son époque, mais aussi qu’il voulait nous mettre en garde des dérives de la science. C’est au travers de ses nombreuses « chimères » qu’il parvint avec bien souvent avec une certaine audace à nous montrer à quel point, cette littérature qui fut pendant trop longtemps relégué au rang de « mauvais genre », mérite à être connue et reconnue et trouver enfin sa place au sein de collections dignes de ce nom.
LES VINGT MEILLEURS ROMANS FRANÇAIS DE S. F.
Notre ami Damon Knight, qui poursuit ses efforts en faveur de la science-fiction française aux U. S. A., a récemment procédé à un référendum auprès des critiques et fans de notre pays, afin de déterminer la liste des meilleurs romans du genre en France. Les réponses à ce référendum, qui a compté quinze participants, ont mentionné 134 titres. Vingt d’entre eux seulement étaient cités plus de trois fois.
En voici la liste :
Maurice Renard | Le péril bleu | 8 | voix |
Francis Carsac | Ceux de nulle part | 8 | » |
René Bar javel | Le voyageur imprudent | 7 | » |
J. H. Rosny | Le mort de la Terre | 6 | » |
Charles Henneberg | La naissance des dieux | 6 | » |
J. H. Rosay | Les navigateurs de l’infini | 5 | » |
» » | La force mystérieuse | 5 | » |
René Bar javel | Ravage | 5 | » |
Jacques Sternberg | La sortie est au fond de l’espace | 5 | » |
Gérard Klein | Le gambit des étoiles | 5 | » |
René Bar javel | Le diable l’emporte | 4 | » |
Jean Ray | Malpertuis | 4 | » |
Charles Henneberg | La rosée du soleil | 4 | » |
Stefan Wul | Niotirk | 4 | » |
Kurt Steiner | Aux armes d’OrtogLes étoiles ne s’en foutent pas | 4 | » |
Pierre Versins | 4 | » | |
Maurice Renard | Le docteur Lerne, sous-Dieu | 3 | » |
André Maurois | Le peseur d’âmes | 3 | » |
Claude Farrère | La maison des hommes vivants | 3 | » |
Stefan Wul | Piège sur Zarkass | 3 | » |
« Le merveilleux scientifique, c’est cette science-fiction d’antan, un genre qui ne portait pas encore son nom d’aujourd’hui, et qui, durant plus d’un siècle, de 1850 à 1950, enchanta des générations de lecteurs à travers ses récits souvent feuilletonnesques, remplis d’explorateurs, de savants géniaux, de formes de vie différentes ou de fins du monde effrayantes.
Remis au goût du jour par le biais de certaines publications de Rivière blanche (le Nyctalope, Les Compagnons de l’ombre) ou de bandes-dessinées (La Brigade chimérique, Les Sentinelles), le merveilleux scientifique a enfin son anthologie propre. Quatorze nouvelles inédites rendent ainsi hommage à tout un pan de la littérature de l’imaginaire, vous transportant dans les univers de Georges Méliès, Maurice Renard, José Moselli ou Léon Groc, mais croisant également le merveilleux scientifique avec la féérie, l’humour, les mythes régionaux ou révolutionnaires.
Ces déclinaisons d’un patrimoine plus que jamais d’actualité sont accompagnées de solides études critiques, qui, non contentes de proposer une rétrospective approfondie du merveilleux scientifique passé, se penchent aussi sur son renouveau contemporain et sur ses lendemains qui chantent faux… Embarquez pour un voyage dans un temps pas si lointain, qui a plus que jamais quelque chose à nous transmettre. »
« Dimension Merveilleux Scientifique »
Hommage à toute cette littérature qui envahit nos bibliothèques poussiéreuses, et composée « à la manière de…. » elle sera je n’en doute pas l’un des éléments de la mise en exergue de tout ce limon originel qui depuis quelques années commence à sortir de ces marais obscurs et ce grâce à la volonté d’une poignée de passionnés et de fins érudits.
Outre de nombreux textes piochant leur inspiration dans toute cette réserve inépuisable de l’anticipation ancienne, vous y trouverez de passionnantes analyses rédigées par des amoureux du genre, savanturiers de leur état, et de quelques reproductions d’illustrations anciennes dont il nous faudra un jour je l’espère, publier un ouvrage digne de ce nom.
Le lifting final est assez réussi et je voulais remercier les éditeurs, Philippe Ward et Jean Marc Lofficier, d’avoir bien voulu accepter ce changement de dernière minute, qui sied mieux à l’esprit de l’anthologie , et Jean-Guillaume Lanuque sans qui ce bel objet n’existerait pas.
Je compte sur votre passion et votre générosité pour encourager ce genre d’entreprise audacieuse et vous préciser que e sont vos participations qui donneront aux éditeurs, la volonté de renouveler ce genre d’expérience avec peut-être un « Dimension Merveilleux Scientifique 2 » avec encore plus d’illustrations et quelques textes rares et introuvables.
Bonne lecture et je compte sur vous amis explorateurs de l’imaginaire
« Dimension Merveilleux Scientifique » Anthologie dirigée par Jean-Guillaume Lanuque. Éditions Rivière Blanche, collection Fusée N°38, 432 pages. Parution début Juillet
http://www.riviereblanche.com/dimmerveilleux.htm