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Archive pour juillet 2018

« Sous Terre Personne Ne Vous Entend Crier » de Gilbert Gallerne : Un polar Fantastique Noir et Effrayant!

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Hasard des lectures , en classant les livres de ma bibliothèque, je tombe sur un ouvrage de la collection « Gore » le N°36 « Cauchemar à Staten Island » de Gilles Bergal , dont je parlais il y a peu dans la malle de l’étrange. Ce qu’il y a de plus curieux, c’est que je connaissais le Gilles Bergal écrivain de fantastique alors que je connaissais peu Gilbert Gallerne, plus auteur de polars . Honte à moi, il s’agit en fait de la même personne et comme j’apprécie énormément cet auteur dont je me rappelle l’anthologie parue chez Corps 9 « Créatures des ténèbres », je commande son dernier ouvrage « Sous terre personne ne vous entend crier » aux éditions French Pulp (qui ressortent entre autre « La compagnie des glaces » et la mythique série de Benoit Becker consacré au cycle « Frankenstein ») et me lance donc en simultané dans la lecture de ses deux romans.Deux signatures mais une même plume, avec toutefois 32 ans de décalage et en plus avec une thématique non pas similaire , mais une toile de fond identique puisque les deux romans abritent dans les entrailles de la terre (les égouts en l’occurrence) des sortes d’aberration de la nature, Mais les similitudes vont s’arrêter là (si l’on excepte le personnage principal, une commissaire de police n’ayant pas froid aux yeux) , les deux romans traitant d’une sujet assez éloigné, la survivance de monstruosités proche des profonds de Lovecraft pour le premier et d’un tueur en série pour le second , malgré une tare physique que le lecteur découvrira à la toute fin du roman . Ce qui m’a frappé lors de la lecture du « Gore », c’est la rapidité avec laquelle l’auteur vous place dans l’action, ici pas de fioriture, seuls les faits compte et il vous décrit avec une certaine habileté des personnages assez falots en apparence, mais dont la vie va basculer rapidement dans l’horreur la plus pure. L’ex inspecteur Coogan, marqué dans sa chair par la disparition d’un être aimé n’a plus rien à perdre, c’est un solitaire, un flic dont la carrière n’est pas exempte de belles réussites, mais il se retrouve seul face à une situation extraordinaire et son habileté va lui permettre de faire admettre l’impensable : l’existence de créatures mutantes avides de chair humaine. Dans cette ambiance de docks battus par une pluie incessante, il va provoquer cette horde de dégénérés, donnant lieu à un chapitre fort réussi où il se trouve acculé sur le toit d’un bâtiment, encerclé par les monstres, pour ensuite se conclure par un final d’apocalypse en affrontant avec une poignée de policiers mal préparés, l’antre de ces créatures qui vivent dans un labyrinthe de canalisation servant à évacuer les eaux usées. Un combat éprouvant où peu survivront et permettant de révéler l’incroyable vérité aux autorités sans pour autant prendre les mesures qui s’imposent.

Déjà avec ce roman, l’auteur nous révèle ses qualités , dans un roman qui certes trouve sa place dans une collection « Gore » mais qui à mon avis n’en est pas un pour autant ( avec une couverture assez hideuse et qui ne reflète pas l’esprit du livre) et je ne peux que féliciter les éditions « Rivière Blanche » d’avoir ressorti ce roman dans une collection se rapprochant plus du genre fantastique, car ce « Cauchemar à Staten Island », trouve plus sa filiation dans cette catégorie, lui donnant à mon avis , une meilleure chance de sortir un peu de l’oubli. À noter que ce fort volume contient en outre une autre aventure inédite De Coogan « « La nuit des hommes loups » , ainsi que l’intégralité du recueil de nouvelles cité plus haut « Créatures des ténèbres » .

A la lecture de ce roman fort sympathique, nous avions là, les prémices d’un auteur doué pour  l’imaginaire avec une écriture fluide, baignée de cet univers propre à la littérature de genre avec ce sens de l’urgence dans la description de ses personnages : quelques lignes suffisent à les mettre en place, on sait à qui on a à faire, les caractéristiques des individus et du décor qui les entoure sont presque cinématographiques ! Une même qualité d’écriture que nous allons retrouver bien des années plus tard, avec cet excellent roman policier mâtiné de fantastique, un genre qui semble le revêtir comme une seconde peau. Dés les premières pages, le constat est flagrant, l’homme n’a rien perdu de son plaisir d’écrire et de nous présenter des personnages qui présentés par d’autres, perdraient tout leur attrait et leur charme. Gilbert Gallerne parvient à les rendre vivant et terriblement crédibles, avec leurs forces et leurs faiblesses, leurs passions dévorantes, leurs faiblesses…….leur humanité ! Il se fait ici le porte-parole de ses quidams que l’on croise chaque jour dans la rue et pour lequel nous n’attachons pas d’importance, mais qui peuvent se révéler terriblement passionnant si l’on s’arrête un peu sur l’histoire de leur vie. Dans ce roman, des vies, on en croise plus d’une et il se fait ainsi le biographe de ces personnages insignifiants, mais dont le destin va faire qu’un jour, leurs routes vont se croiser et changer leur vie à tout jamais. Dans un style toujours aussi vif et saccadé, le roman se prend comme une rame de métro, tout va à toute vitesse, les stations s’enchaînent avec parfois quelques arrêts, mais uniquement pour mieux repartir, prendre de la vitesse, encore et encore afin d’arriver au terminus complètement dérouté par le bruit et les secousses !
Dans ces pages, on croise des flics scrupuleux, des flics obtus, une hiérarchie pas toujours efficace, de malheureuses victimes, de pauvres hères en mal d’identité et un tueur qui nous révulse et nous fascine. Dans cette enquête haletante, Jonzac , le héros, va se retrouver face à une terrible situation, rattrapé par son passé qu’il croyait loin derrière lui, mais qui vient lui exploser à la figure comme une bombe à retardement. En suivant, au plus profond de l’âme humaine et des profondeurs du métro parisien, le périple de cet homme qui va le conduire aux portes de l’enfer, l’auteur nous livre le portrait d’un héros de l’ombre qui se veut inébranlable de part sa fonction, mais qui risque de se retrouver déstabilisé face au terrible secret que « le meurtrier des catacombes » cache en lui. C’est une course contre la mort, une course contre la vie qui débute alors et dans une atmosphère oppressante, faite de souterrains putrides, de squats immondes et de débris humains rejetant une société qui lui ferme ses portes, le flic se retrouve alors face à ses propres fantômes, ses propres doutes et peut-être même ses regrets.
C’est également le roman de la nostalgie, de la fin d’une époque et l’annonce dans le texte du transfert du 36 vers les Batignolles et l’arrivée des « jeunes » qui portent certes un regard plein de respect vers leurs illustres pionniers faisant tout pour bousculer une police qui doit évoluer avec son temps, est le signe évident qu’une page vient de se tourner et que cette littérature de genre que nous aimions tant, avec ces grandes figures qui marquèrent toute une génération vont disparaître à tout jamais dans l’ombre des ruines de cet emblématique quai des orfèvres. Il est d’ailleurs surprenant et plaisant à la fois de voir combien l’auteur semble être dans un univers familier, un peu comme si lui-même, dans une autre vie peut-être, à fait partie de « la maison » .
Un roman policier donc, haletant et addictif, à la limite de ce genre crépusculaire qu’est le fantastique et qui nous laisse penser que Gilbert Gallerne est un véritable coureur de fond, que les années ne semblent pas altérer et dont le souffle puissant continue à stimuler l’imaginaire des lecteurs. Si je connais mieux sa part de ténèbres avec toute sa production fantastique qui trône en bonne place dans toutes les bonnes bibliothèques qui se respectent, je viens de découvrir son autre facette, celle d’un auteur profondément humain et dont l’œuvre reflète une personnalité attaché à des valeurs essentielles qui font que dans certaines situations il n’y a pas que des bons et des méchants, seulement des individus qui luttent pour leur survie et prêts à payer au prix fort leurs erreurs passées.
Si vous ouvrez « Sous terre personne ne vous entend crier » je pense qu’il se produira un phénomène assez curieux, il vous sera impossible de la lâcher et en ce qui me concerne, commencé dimanche après-midi un petit break pendant la nuit et terminé le lendemain matin ! Espérons que nous retrouverons Lionel Jonzac lors de prochaines aventures dans l’OCRVP « qui a entre autres pour mission d’élucider les veilles affaires non résolues » , un service qui s’annonce prometteur pour nous amateurs des « X Files » ,
Un grand chapeau pour terminer à cet éditeur « French Pulp » qui pour ce roman nous a fait les faveurs d’une fort belle couverture avec têtes de mort en relief et qui, lorsque l’on regarde son catalogue, nous régale d’aussi belles rééditions.
Alors il ne vous reste plus qu’à vous armer d’une puissante lampe torche, de bottes en caoutchouc et de vous enfoncer dans la moiteur et la noirceur des catacombes, à la découverte d’un univers insoupçonnable à la fois horrible mais terriblement passionnant.

« Sous terre personne ne vous entend crier » de Gilbert Gallerne. Éditions French Pulp, collection « Polar » . Juin 2018

Pour Commander l’ouvrage cliquez sur le lien ci-dessous:

http://frenchpulpeditions.fr/catalogue/polar/

sous terre personne ne vous entend crier

la nuit des hommes loup

cauchemar à staten island

 

 



« Monstres Cachés » Une Anthologie ImaJ’nère

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La peur est l’une des émotions la plus forte de notre organisme au même titre que la joie et la tristesse. Sa fonction principale est de nous protéger en plaçant notre corps en état d’alerte et de vigilance afin de se prémunir d’un danger extérieur. Ses manifestations peuvent varier d’un individu à l’autre en effet pour certains, elle peut être un stimulateur, mais pour d’autres elle sera source de paralysie pouvant se révéler catastrophique. Mais la peur peut également être source de plaisir, vous savez, ce petit frisson qui vient descendre le long de votre échine et vous procurer cet agréable picotement lors d’une sensation forte. La peur peut « donner des ailes » , vous faire agir de manière surprenante où elle vous procurera le courage nécessaire à réaliser des actes que vous jugiez jusqu’alors irréalisable ou elle sera capable de vous faire commettre les actes de pire lâcheté !
Mais qu’est-ce qui provoque la peur ? Elle est présente depuis que l’homme possède cette lueur d’intelligence et surtout capable d’analyser un phénomène, mais je crois que ce qui terrifie le plus les bipèdes que nous sommes, c’est la peur de l’inconnu. Depuis des temps immémoriaux, l’homme s’est évertué à bâtir des légendes, construire des mythes, des territoires peuplés de créatures fantastiques et redoutées. Son imaginaire sans limite a construit la forteresse de ses propres peurs et son inconscient, baigné de ces histoires extraordinaires, est condamné à cette éternelle crainte de ce qu’il ne comprend pas, de ce qu’il ne peut voir ou pire encore ce qu’il se plaît à créer de toute pièce. Cette peur est étroitement liée à deux phénomènes que l’on retrouve dans toutes les cultures, qu’elle que soit l’époque, qu’elle que soit la religion ou la couleur de peau : les monstres et la peur du noir ! Les deux sont étroitement liés, car dans cette obscurité impénétrable, manteau de ténèbres dont se dégage tous les méphitiques remugles de notre cerveau primitif, le monstre reste tapi, attendant bien patiemment l’erreur fatidique qui nous fera mettre un pied dans cette zone de non-retour qu’est l’obscurité. Probablement par masochisme ou tout simplement pour ressentir ce petit courant qui électrise notre épiderme, des hommes, probablement des envoyés des ténèbres que l’on appelle écrivains, s’évertuent depuis des siècles à inventer des histoires où ils lâchent, diaboliques qu’ils sont, une horde de monstres assoiffés de sang sur les pauvres humains que nous sommes. C’est ainsi qu’ils vont se repaître de nos peurs et alimenter cette conscience populaire et faire que les monstres existent bel et bien et que les auteurs en sont les biographes attitrés. Riches de ce statut, ils viennent donc hanter nos demeures, nos caves et nos greniers, les placards de nos enfants, les malles de nos grands-mamans, s’affirmer dans les endroits les plus improbables, dans les campagnes et les mégapoles, dans des régions baignées par le soleil ou les recoins les plus obscurs de notre planète. Le monstre n’a pas de frontières, il règne partout où l’on croit à sa toute-puissance et l’écrivain n’est là que pour pérenniser ses hauts faits et instiller encore plus le doute dans la misérable cervelle du lecteur qui subrepticement, se fera le porte-parole de cette vile créature dont il nous est impossible pourtant de nous passer. Car le monstre alimente les histoires, perpétue les légendes, alimente l’imaginaire de cette créature si fragile mais tellement attachante.
Dans cette anthologie proposée par la merveilleuse équipe d’ImaJ’nère , vous avez l’occasion unique de tenir entre les mains un condensé de tout ce que l’on peut rencontrer en matière de monstres et si le titre ne laisse planer aucun doute en étant bien souvent « cachés » , c’est pour mieux vous effrayer, vous déstabiliser, vous faire douter. Vingt-trois nouvelles qui possèdent toutes un charme particulier en raison de la différence de sensibilité des auteurs qui vont venir aborder le sujet, mais aussi parce qu’elles nous montrent l’aspect protéiformes du monstre. Il ne s’agit pas simplement de cette créature hideuse qui se terre dans la noirceur de votre placard ou dans les recoins humides de votre cave, non, le monstre est en chacun de nous et bien souvent il pourra donc revêtir l’enveloppe d’un simple mortel à l’aspect pas forcément repoussant.
C’est dans cette optique que réside toute l’intelligence et la pertinence de cette anthologie et les auteurs vont y faire preuve d’une certaine malice, prendre parfois la thématique à contre-pied, y ajouter une dose d’humour, de méchanceté, de poésie et d’horreurs cosmiques …….mais toujours avec panache et talent !
Comme de coutume pour ce genre d’ouvrage, il y a des nouvelles qui sortent à mon goût plus du lot, mais c’est un avis personnel, qui n’engage que moi, interdépendant de ma propre sensibilité. Le plus important à retenir est l’extrême variété des monstres que vous allez y rencontrer et ce n’est pas ce qui manque avec le classique du monstre dans le placard : « Un si beau costume » (B .Greene) une terrifiante variation sur l’ami imaginaire, les vielles légendes racontées dans les tranchées : « Une si jolie chose » (Cédé) faisant appel aux veilles légendes ,  le monstre qui sommeille en nous : « « Regarde vers l’ouest » (L.Davoust), nouvelle la plus atypique de l’anthologie et « Bleu » (Julien Heylbroeck) et son étrange et fascinant tueur, « La spécialité de Charcoin » (C.Ravat), un régal dans tous les sens du terme, « East End November » (D.Verdier)ou comment revisiter l’histoire d’un certain Jack, « Mon pire ennemi » (A.Cuidet) où certains pouvoirs qui sommeillent en nous peuvent se révéler dévastateurs . Il nous arrive parfois d’être victime de notre propre curiosité avec la tragique et japonisante nouvelle « Mort dans l’œuf » (S.Chauderon), petit hommage à une nouvelle de Matheson avec la magnifique « Des choses au fond des yeux » (C.Rodmacq) , un peu d’humour avec la très drôle « Une histoire de loyer » (J.A.Reeves) et la tout aussi sympathique « Les morts ont toujours tort » ( R.Dambre) un fort plaisant nouvelle sur une variation du tueur à gages. Petite incursion dans la fantasy avec « Un monstre se cache la dedans » ( S.Sanahujas) , pour les nostalgiques de « Creepshow » et autres contes de la crypte (c’est-à-dire moi.) , nul doute que « Les elligrées » (M.Leroy-Rambaud) va ranimer d’agréables souvenirs, par contre, ne vous fiez pas à « Mon très cher Monsieur Lapin » (A.Calviac) dont le titre assez charmant va vous révéler l’aspect redoutable d’un mangeur de cauchemars. Les amateurs d’histoires de spiritismes « Old School » vont trouver leur compte dans « Mémento Mori » ( P.M.Soncarrieu). C’est une histoire d’amour et de SF que l’on retrouve dans l’ univers psychédélique et oppressant de « AIRE3 » (C.Luce) alors que « Le monde selon Minos » (T.Geha) nous parle d’un autre futur où les hommes sont monstrueusement modifiés, tout comme la nouvelle « Mais….Qu’avez vous fait gober à Solange » ( S&R.Mallet) certaines drogues peuvent générer certaines modifications assez….abominables. Le monstre peut également être généré par la magie vaudou comme en témoigne « Tanatot » (F.Carpentier). Pour la fin de cette anthologie, je vous réserve le plat de résistance puisque pas moins de quatre nouvelles vont graviter autour de Lovecraft et le mythe de Cthulhu…..à tout saigneur toute horreur !
« Le chant » du profond » (C.Leboulanger ) est une très belle variation du mythe avec comme fil conducteur un virtuose de la musique qui va payer à ses dépens un lourd tribu à la cause des profonds et se transformer en monstres, « La petite chose de Yuggoth » ( J.Verschueren) ou l’on va suivre de « l’intérieur » la naissance de ces horribles créatures et de la façon , peu orthodoxe, dont on peut s’en débarrasser, « La maison de cuir » (B.Tarvel) nous dévoile une fois encore l’immense talent conteur de l’auteur dans une histoire particulièrement horrible qui ne démériterait pas dans la défunte collection « Gore », du grand art ! Terminons avec la nouvelle la plus longue du recueil « Phenomenae » (J.H.Villacampa) ou l’auteur s’amuse allègrement des codes du mythe pour transposer sa propre réalité à celle du mythe( bourré de clins-d’oeil et de la mise en scène de personnages et de lieux faisant partie intégrante de sa vie) dans une enquête sur fond de jeu de rôle ou la statue de la liberté est utilisée à des fins originales et jamais rencontrées en littérature, excellent !
L’ensemble des nouvelles est entrecoupé de temps à autre par une « Brève » de Patrick Eris, de savoureuses (très) courtes nouvelles ou l’auteur nous expose sa propre expérience avec les monstres.
Si l’on rajoute à ce copieux album de presque 500 pages, la magnifique couverture couleur d’une Caza plus que jamais inspiré et d’une représentation en N&B d’un « monstre » pour chaque nouvelle, d’une préface de l’illustrateur, d’une postface de Jean-Hugues Villacampa, d’un dictionnaire des auteurs, il vous sera alors possible de prendre toute la mesure de cette anthologie qui se révèle indispensable à tout amateur qui se respecte.
Avec neuf anthologies au compteur, toutes plus passionnantes les unes que les autres, nul doute qu’Imaj’nère possède un bel avenir devant soi et que le résultat final pour chaque volume est à la hauteur de tout ce que l’amateur éclairé de l’imaginaire peut espérer: plaisir de lecture, plume affutée, imaginaire débridé!
Alors un grand bravo à toute l’équipe, aux auteurs et aux illustrateurs, de la bien belle ouvrage faisant honneur à nos bibliothèques et surtout ne perdez jamais de l’esprit que « Nous sommes tous des monstres », à vous de trouver qu’elle sera votre catégorie !

« Monstres Cachés » une anthologie ImaJ’nère. Couverture couleur et illustrations intérieures N&B de Philippe Caza. 2018

Pour commander cette anthologie…….ou les autres , cliquez sur le lien ci-dessous

https://imajnere.fr/anthologies/

monstres cachés



Claude Seignolle N’est Plus!

( Non classé )

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Claude Seignolle

Claude Seignolle n’est plus, une bien triste nouvelle . Nous parlions encore de lui il y a peu avec des amis Savanturiers, ventant son incroyable longévité et son extraordinaire parcours. Je l’avais découvert il y a longtemps comme tout un chacun, dans la mythique collection Marabout, séduit lors d’un premier regard par les magnifiques couvertures, rapidement charmé  par sa plume puissante, baignée de talent, pétrie de cette glaise fantastique dont on fait les histoires. Il avait consacré sa vie et son œuvre à sa France natale, une France faite de légendes et d’histoires insolites, une France riche en tradition, mais dont les trésors populaires risquaient de se dissoudre à jamais dans les brumes déliquescentes de l’oubli. Claude Seignolle en avait fait son cheval de bataille, portant haut les couleurs des contes et de la tradition orale pour en collecter les milliers de preuves et les immortaliser dans l’œuvre gigantesque de toute une vie . Plus que tout autre il savait que les paroles s’envolent, mais que les écrits restent. Nous lui sommes alors redevables de cet immense patrimoine qui semblait vouloir s’infiltrer dans les terres arides de nos lointaines campagnes pour n’être plus que l’ombre de lui même car les hommes , à force de trop vouloir tourner le dos à leur histoire , finissent par oublier leurs propres racines. « Tous les pays qui n’ont plus de légendes seront condamnés à mourir de froid » disait Patrice de La Tour du Pin  , alors remercions du fond du cœur cet immense écrivain qui au travers de sa prose colossale nous a offert un magnifique feu de cheminée , de celui prés duquel nous allons continuer à nous raconter des histoires, de celui près duquel notre mémoire trouvera toujours un endroit pour se réchauffer et surtout pour se rappeler. Dans cet ailleurs où il vient de se rendre, immortel qu’il était devenu pour nous tous, il est fort probable qu’il aura bien des choses à raconter avec ces autres conteurs de l’imaginaire et je ne doute pas qu’il y ait une foule attentive d’âmes vagabondes pour écouter ce conteur né et partager avec lui de bien terribles histoires. Il restera toujours dans notre cœur, marquant de son talent toute une génération de lecteurs passionnés ,vous nous manquez déjà !

Afin de lui rendre un dernier hommage, une petite sélection de quelques couvertures d’œuvres qui marqueront à jamais les lecteurs des littératures de l’imaginaire dont cette « La nuit des halles » pour lequel j’avais écrit ce modeste petit article, ainsi que pour la magnifique ouvrage de Alain Sprauel qui lui consacra une remarquable bibliographie

« La nuit des halles »

J’ai toujours été émerveillé par les gens de lettres, les vrais, ceux qui ne font pas beaucoup de bruit, qui utilisent les mots avec élégance et facilité. Je suis admiratif du langage et, bien que ne sachant pas l’utiliser avec autant d’aisance et de sobriété, je suis éperdument amoureux de la musique des mots, la couleur des phrases et la texture du vocabulaire. Nous découvrons donc dans son oeuvre tout l’amour d’un homme cultivé et passionnant, pour un auteur qui bien que très discret, est pourtant à la tête d’une imposante bibliographie. J’avais découvert Claude Seignolle il y a de cela plusieurs années et cette soif de mystère et de fantastique ne pouvait que me diriger vers cet auteur mêlant de façon érudite folklore et fiction. Un homme profondément enraciné dans notre terroir et dont le talent fait resurgir de manière saisissante tout se patrimoine culturel de contes et de légendes dont notre pays peut s’enorgueillir. En reprenant la lecture de « La nuit des halles », je me rends compte à quel point j’étais passé à coté d’un ouvrage vraiment extraordinaire et d’une sensibilité extrême. Élégant mais jamais maniéré, sobre tout en étant puissant et poétique à la fois, des textes empreints d’une grande générosité de cœur et de sentiments. L’amour y flotte comme une étrange odeur de parfum douceâtre et entêtant comme la mort. Des personnages s’y meuvent et leurs destins marqués par une rencontre aussi soudaine que durable ne pourront être que source de souffrance et de mélancolie. Douleur de l’âme et de l’esprit, corps graciles et fantomatiques rencontrés au coin d’une rue au hasards d’une errance nocturne, compagnon de route d’un énigmatique et silencieux personnage, vie éternelle dont le destin se trouve enfermé dans la flamme tremblotante d’une bougie, quête improbable à la recherche d’une figure folklorique, la mort dans « La nuit des halles » est d’une présence permanente, réclamant son dû pour chaque histoire, comme pour mieux nous rappeler que nous faisons partie intégrante d’un cycle dont la fin est presque toujours inéluctable.
Claude Seignolle est un magicien des mots, nous ne pouvons que boire ses phrases avec une grande avidité, car elles coulent en nous de façon onctueuse et rafraîchissante et sont la promesse d’agréables moments de lecture, riches et captivants. Un auteur qui nous fait aimer encore plus la littérature et qui, personnellement, illumine mes journées dans la perspective de tenir entre mes mains un de ses ouvrages.

 

la nuit des halles

« Bibliographie Seignolle »

Il est des personnages emblématiques de la littérature populaire, un populaire noble dans le sens du terme et si quelques tortueux esprits voient en cela un qualificatif péjoratif, c’est qu’au bout du compte ils n’ont rien compris et ne peuvent alors que passer leur chemin .En infatigable arpenteur de l’imaginaire, Claude Seignolle, ce grand faiseur d’histoire, ce conteur hors pair, a élevé au rang de patrimoine national, toutes ces légendes qui firent de notre pays, à l’instar de la brumeuse Angleterre, le territoire des légendes et des superstitions, terreau fertile de drames épouvantables qui dans les coins les plus reculés de nos campagnes, firent naître de bien curieuses histoires racontées le soir au coin du feu.

J’ai toujours été admiratif de cet immense écrivain, et le culte que je lui voue, n’est pas le fait inconsidéré d’un collectionneur maniaque et obsessionnel, mais bien la marque d’une profonde admiration pour un magicien des mots et du langage, qui parvient si bien dans une verve toute en nuance et en subtilité, nous apporter les preuves d’une extrême sensibilité et d’un talent que peu d’écrivains fantastiques peuvent revendiquer. Il est pour moi de la trempe d’un Jean Ray, d’un Thomas Owen et plonger dans un de ses livres, est une immense satisfaction, un plaisir extrême, le présage d’un formidable voyage dans ces terres de l’imaginaire qui sont pour moi comme un seconde maison. Cet auteur possède une parfaite maîtrise des atmosphères étranges et sulfureuses et je me délecte et savoure avec un plaisir immense sa prose imaginative à l’odeur surannée des contes d’autrefois. La lecture de ses premiers textes fut un véritable choc et je me rappelle de cet émoi qui fut le mien lorsque je fis mes armes dans le domaine du fantastique dans cette si prestigieuse et unique collection qui lui réserva une place d’honneur : Les éditions Marabout. Car avant de connaître le plaisir des éditions originales, elle fut comme beaucoup de lecteurs de ma génération, une mine inépuisable où je venais, armé de ma seule imagination, piocher avec une exaltation toujours plus fébrile dans cette matière extraordinaire, cette substance impalpable mais riche en sensation, de toute ces choses comme le disait si bien l’écrivain Gantois, dont on fait les bonnes histoires. Cet éditeur fut la cause de bien des nuits blanches avec des textes aux pouvoirs ensorcelants, agrémentés de superbes couvertures dont il m’arrive encore de regarder les si magnifiques couvertures réalisées par des artistes si admirablement inspirés.

Cet écrivain puissant et imaginatif, ce gardien de notre mémoire populaire ne m’a jamais déçu, chaque livre, chaque histoire est la porte ouverte non seulement vers des mondes originaux, mais une plongée enivrante dans cette poésie du macabre où les mots ne sont jamais en trop, où l’ambiance est à l’image de ce brouillard épais et tenace qui recouvre inexorablement toute chose dans bon nombre de ses histoires, les enveloppant insidieusement comme pour vouloir déformer une réalité qui peut à tout instant sombrer dans le macabre. Car voyez-vous, les univers de Claude Seignolle sont constitués de ces petits rien qui à tout moment peuvent faire basculer votre raison, franchir cette barrière si tenue entre le réel et le surnaturel, car il est le dépositaire de cette mémoire collective qui au fil des générations à construit toute une mythologie fantastique où bien souvent la mort côtoie de façon insolente les vivants, comme pour nous mettre en garde et mettre à mal notre arrogance.

Voilà un faiseur d’histoires qui n’a eu de cesse au cour de sa vie de mettre à l’honneur toute la matière première nécessaire à façonner le patrimoine culturel d’un pays en le sublimant d’une si merveilleuse façon où la sueur glacée de cette peur qui nous étreint et nous fascine, côtoie le plaisir d’une écriture merveilleuse qui coule d’une si belle façon en donnant à notre si belle langue française toute sa force et sa richesse. Il est l’écrivain du langage des fantômes, de la peur qui rode, des vengeances posthumes et des esprits tourmentés et ce diable d’homme doit avoir quelques entrées avec le royaume des ténèbres pour en retranscrire ainsi toute sa substantifique moelle. On se laisse souvent emporter dans son univers et peu importe la caresse glacée de cette main qui vous entraîne dans les royaumes du fantastique, la musique de son vocabulaire est là pour nous envoûter et nous faire oublier l’espace d’un instant qu’avec un si formidable guide, la mort n’est pas si terrible que ça.

Le magnifique hommage qui vient ici de lui être rendu avec cette « Bibliographie Seignolle, 95 années de diableries » est un de ces objets précieux et rare qui ne pourra que combler d’aise les passionnés de Claude Seignolle. Un livre qui nous est décrit dans la préface de Claude Seignolle d’une manière si admirablement courte et précise : « Ma bibliographie, c’est ma biographie ». Quoi de plus admirable pour quelqu’un qui a consacré sa vie à l’écriture. Voilà un outil indispensable confectionné avec une minutie conférant à la maniaquerie, qui nous recense toutes les œuvres de l’auteur avec une précision d’horlogerie Suisse, et parcourir les quelques 260 pages de cette bible au papier glacé est un plaisir dont tout amateur de littérature fantastique ne devrait pas se priver. Le menu en est alléchant et se décline en de nombreux chapitres qui sont autant une invite à un plantureux repas aux saveurs étranges : Préface de Claude Seignolle, une BD inédite de Laurent Lefeuvre, répertoire détaillé des romans et nouvelles fantastiques de l’auteur, les recueils fantastiques, les anthologies de contes et légendes, les essais sur le Folklore, textes érotiques, les autobiographies, les traductions,adaptations pour la jeunesse et la bande dessiné, les biographies, les adaptations pour la radio, la télévision, le théâtre , le cinéma …..Tout un ensemble exhaustif réalisé de mains de maître par un auteur déjà réputé pour l’excellence de son travail sur les biographies des écrivains de l’imaginaire. Alain Sprauel, collectionneur acharné et grand amateur d’ouvrages bibliophiliques des littératures de l’étrange possède à son actif un « tableau de chasse » assez exceptionnel où figurent des travaux de grande qualité avec des auteurs aussi prestigieux que Serge Brussolo, Pierre Pelot, Stephen Wull, Michel Jeury,Graham Masterton, Bran Stocker, John Shéridan Le Fanu…Passant des auteurs anciens aux modernes avec une grande aisance, ses travaux font référence dans le domaine et ce travail exceptionnel sur Claude Seignolle vient compléter le sérieux et le professionnalisme d’un homme déjà reconnu pour sa monumentale bibliographie sur Jack London. L’ouvrage est admirablement bien organisé, complété par une index permettant de retrouver dans cet ouvrage toutes les œuvres, courtes ou longues, essais, critiques etc…de l’auteur.

L’ouvrage est en outre agrémenté d’une magnifique iconographie où se croisent photos, couvertures, les éditions rares ou introuvables comme celles beaucoup plus récentes. Mais la grande originalité de ce précieux volume est d’avoir réalisé cet album comme un ouvrage/ hommage de la mythique collection Marabout. Même présentation, avec une magnifique couverture et je pèse mes mots, de Laurent Lefeuvre dont il vous sera possible également d’apprécier tout le talent dans cette bande dessinée inédite qui débute l’ouvrage « Celui qui avait toujours froid ». Pour un peu, avec un titre pareil,on se croirait transporté en Nouvelle-Angleterre dans une nouvelle de Lovecraft. Le dessin en N &B est absolument sublime et confirme le talent de ce dessinateur hors pair sur une histoire bien évidemment de Claude Seignolle. La couverture donc, est une œuvre un peu à la manière de celle qui enchantèrent nos mirettes éblouies lors de l’achat d’une volume de la collection Marabout « Fantastique » et je ne peux m’empêcher en regardant cette planche couleur de Laurent Lefeure, de voir sous les traits de Claude Seignolle en personne, un personnage se transformant en loup Garou, un peu comme si le pouvoir de la couverture de « Hugues le Loup » de Erckmann-Chatrian, paru également aux éditions Gérard, faisait encore son office après des décennies. Ne pouvait-il pas y avoir plus bel hommage que de réaliser ainsi une créature aux traits si abominables et abritant un si extraordinaire auteur. Sous l’apparence de l’homme doux et aimable se cache l’incarnation de notre terrifiant patrimoine culturel populaire, un authentique faiseur d’histoire qui y consacra la majorité de sa vie. La planche N&B se trouvant également en première page et nous révélant l’auteur recouvert d’une peau de loup et surveillant tapis dans l’ombre un petit enfant, est tout aussi délectable.

Même constat pour la fin du volume, ici l’auteur de cette bibliographie et celui de l’objet de ce travail,nous sont présentés à la manière de la défunte collection, c’est-à-dire avec un texte dans le sens longitudinal….un témoignage de respect jusqu’au-boutiste !

Chers amis, ce petit bijou est à tirage très limité, soit 95 exemplaires et si vous êtes assez rapide il vous sera également possible d’avoir un tirage signé par les deux auteurs et tout cela pour la modique somme de 35 Euros….

Personnellement j’ai fait mon choix, mais pouvait-il en être autrement pour cet écrivain faisant partie de mon choix si je devais un jour me retrouver seul sur cette fameuse île déserte avec une sélection de dix auteurs dans les bagages. Si un jour, notre pauvre humanité se retrouvait réduite au despotisme d’une société totalitaire condamnant par le feu toute trace de littérature, nul doute que cette précieuse mémoire orale transmise dans le secret aux générations futures, se consacrerait sans hésitation possible pour ma part, à Jean Ray et Claude Seignolle, bien évidemment !

Bibliographie Seignolle

Quelques ouvrages glanés au fil de mes rayonnages

le rond des sorciers

marie la louve

la malvenue

invitation au chateau de l'étrange

le galoup

la brume ne se lévera plus

la malvenue

contes macabres

histoires maléfiques

les chevaux de la nuit

histoires atroces

histoires maléfiques néo

une enfance sorcière

 

marie la louve

 



« Un Eclat de Givre » D’Estelle Faye…..Un Eclat de Beauté Pure!

Je m’estime modestement être un lecteur aguerri et donc d’avoir lu quantité de livres parfois insipides, manquant souvent d’originalité, d’être de pales copies de tels ou tels auteurs ou bien, fort heureusement, de tomber de temps à autre sur un écrivain original, d’une sensibilité extrême et surtout d’un talent pour ces territoires de l’insolite que nous aimons tant, non seulement en parfait accord avec ce que je recherche, mais qui surtout va laisser dans ma mémoire une trace indélébile. Depuis quelque temps, je ne cesse de clamer haut et fort toute l’originalité de l’imaginaire Français et Estelle Faye avec « Un éclat de givre » mérite de fait ma plus haute estime et toute la reconnaissance d’un lecteur aux appétits féroces. Brillante écrivain d’une sensibilité extraordinaire et d’une puissance telle qu’elle est parvenue à créer un univers unique et original, sans tomber dans la redite ni la copie, un roman pot-apocalyptique aux relents de fantasy urbaine en y incluant des personnages hauts en couleur, d’une ambiguïté telle que ce que l’on va prendre pour de la fragilité, se révèle une force incroyable. De ce héros au destin peu enviable en apparence, travesti la nuit, aventurier malgré lui le jour, nous retiendrons une âme à fleur de peau, un écorché vif, dont les amours vont se retrouver sans cesse remis en question dans un univers baroque, un Paris métamorphosé où cohabitent enfants mutants et sirènes, où un hôpital transformé en centre expérimental abrite des êtres trouvant leur rédemption dans la souffrance des autres, où « Notre dame », cours des miracles des temps modernes , est transformée en gigantesque usine à méthane dirigée par une population tzigane qui compte bien protéger son territoire jusqu’à la mort. Un univers hallucinant et halluciné que l’auteur nous fait partager avec une rare générosité et un talent inné pour l’écriture et dont le lecteur, devenu addicte, ne pourra se satisfaire qu’en se jetant sur une autre de ses œuvres ! Oui, Estelle est une auteure rare, une de ses perles pétrie d’émotion et d’imagination, de celles que l’on range précieusement dans sa bibliothèque et dont on va suivre avec intérêt le parcours et la date de sa prochaine publication. Une grande auteure de l’imaginaire qui vient de me faire un immense plaisir de lecture, aussi coupant et incisif que son titre, mais avec cette sorte de don qui confère à certains talents, la certitude d’un brillant avenir. Mais sa production est là pour en témoigner, c’est pour cela que je vais dans peu de temps entamer « Les Seigneurs de Bohen»
Il m’a fallu un moment pour arriver au bout de ma pile de livres en attente (qui est la preuve que le mouvement perpétuel existe) le livre d’Estelle s’y trouvait et pour mon plus grand plaisir, j’ai fini par l’y en extraire…….comme quoi tout arrive, même de trouver encore après toutes ses années des ouvrages qu’il nous est impossible de lâcher.
Une magnifique perle dans un admirable écrin, une lecture plus que recommandable, indispensable !
« Un éclat de givre » de Estelle Faye « Les Moutons Électriques » éditeurs

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