Fraîchement admis dans le très prisé « Club des inventeur » , Samuel Prothero jeune aliéniste dont la réputation reste à prouver est contacté par Jeffrey Richmond à la réputation sulfureuse. En effet, en cette fin du XIXéme siècle on voit d’un mauvais œil un homme aussi génial, vivre dans un quartier mal famé, entouré de miséreux et qui plus est dans un maison ayant servi de bordel pendant de longues années. Richmond lui propose d’asseoir sa réputation en proposant au jeune psychiatre une expertise qui pourrait se révéler déterminante pour sa réputation. En prenant ses quartiers dans l’étrange bâtisse, il découvre alors l’invention que son hôte vient de réaliser, une colossale machine capable de purifier l’air. Mais ce qu’il va découvrir rapidement, c’est que cette structure possède une propriété bien particulière, celle de faire revenir les morts ! Commence alors une étrange aventure où l’aliéniste découvre peu à peu l’étrange relation de Richmond avec sa défunte sœur, Christine, dont le spectre vient hanté la maison et du terrible secret lié à sa disparition prématurée. Commence alors un pénible travail de psychanalyse, ballotté entre une ancienne prostitué dont il tombe éperdument amoureux, un spectre qui supporte mal sa condition immatérielle et son frère qui cache un passé bien plus terrible qu’il n’y paraît. L’aliéniste, plus que sa raison, risque d’y perdre la vie dans un final d’apocalypse où « L’attracteur de Rose Street » devient une porte ouverte sur le monde des vivants .
Dans ce court roman inédit proposé par la magnifique petite collection « Un heure lumière » , nous avons un texte, bien soigné, admirablement écrit et nous racontant la mise en abîme d’un homme qui va se retrouver détruit par sa propre invention. Au delà de cette thématique du « savant fou » , c’est une histoire d’amour et de mœurs que nous propose ici l’auteur dans un cadre victorien fort bien à propos, venant renforcer l’atmosphère délétère et de déchéance qui flotte dans cette sinistre demeure. En se faisant côtoyer plusieurs thématiques, histoire de fantôme et de maison hanté, c’est aussi un roman à caractère sociologique où nous est dépeint un société machiste complètement gangrenée par le cadre étriqué de la bienséance et du « quand dira t-on », du moins en apparence. Mais ce roman est avant tout une formidable histoire de possession, doublé d’une histoire d’amour où les personnages vont se retrouver prisonniers non seulement de leurs sentiments mais des remords d’un passé qui leur est impossible d’effacer. Malgré la taille de l’œuvre, les personnages ont une belle consistance et Shepard est parvenu à créer une véritable atmosphère étrange , proche de l’ oppression. Cependant, une question se pose à la lecture de ces 128 pages : Le roman dégagerait-il une telle force s’il avait été traduit différemment ? En effet il nous faut saluer ici le talent de Jean-Daniel Brèque dont on retrouve toute la minutie du choix des mots avec ce style qui lui est propre et que l’on retrouve avec délectations dans sa collection Baskerville, consacrée exclusivement au polar Victorien.Sous sa plume inspirée, le roman se révèle être d’une lecture plus qu’agréable, elle bonifie un texte qui à mon avis demandait un grande subtilité de traduction en regard de la thématique et de l’époque où se situe le roman . Certes, c’est un exercice dont il a grande habitude, toutefois un roman contemporain situé dans le passé avec le style de l’époque , voilà un défit qu’il était difficile à relever et les deux écrivains ont réussi à le relever haut la main et je puis vous assurer que « Les attracteurs de Rose Street » est la meilleur histoire de fantôme que j’ai eu l’occasion de lire depuis fort longtemps.
Sous une magnifique couverture d’Aurélien Police, voilà un petit roman dont le prix ridicule ne grévera pas votre budget et qui marquera certainement votre esprit de lecteur féru d’histoires de fantômes.
« Les attracteurs de Rose Street » de Lucius Shepard, Éditions Le Bélial collection « Une heure lumière » N° 15. Couverture d’Aurélien Police.
Lorsque Thomas Cazan est contacté par une riche excentrique afin de se lancer sur les traces d’une curieuse machine à dialoguer avec les morts, septique au départ, il va par la suite se laisser entraîner dans une bien singulière aventure , jonchée de mystère, mais surtout d’un grand nombre de cadavres ! Il faut dire que l’on ne plaisante pas avec les morts et le héros du livre sait de quoi il parle, un drame douloureux lors d’une précédente enquête lui ayant ôté la présence du seul être au monde pour qui il avait un réel attachement. Mais la quête de cette mystérieuse machine ne va t-elle pas l’entraîner dans une histoire bien plus complexe qu’elle n’y paraît ? Pourquoi des hommes meurent-ils foudroyés par une fantomatique apparition, pourquoi une correspondance entre le célèbre Camille Flammarion et Thomas Edison suscite t-elle tant de convoitise, quels bénéfices la « Fondation Edison pour le Progrès » comptent-elle tirer de la découverte du fameux nécrographe et d’ailleurs cet appareil existe t-il vraiment ? Autant de questions que va essayer de résoudre le journaliste de la revue ENIGM , aidé en cela de manière indirecte par son ami policier le capitaine Bennoum qui va également faire les frais de cette incroyable aventure où se mêle d’une manière inextricable réalité et fiction, avec des enjeux pouvant avoir des retombées lourdes de conséquences, tant sur le plan scientifique que mystique.
Passionné des détectives de l’occulte et fortement impressionné par les deux précédents volumes d’Éric Bony (dont vous trouverez une chronique du premier volume « Le tombeau du diable » sur les pages de ce blog) j’étais donc impatient de me replonger dans les mystérieuses enquêtes de ce journaliste de la revue ENIGM . Fébrilité se mêlant avec une curiosité toute justifiée par la lecture récente d’un ouvrage de Philippe Baudoin, grand spécialiste de spiritisme, consacré au célèbre inventeur Thomas A.Edison et de sa peu connue machine à communiquer avec les morts : le nécrophone. Dans ce volume intitulé « Le royaume de l’au-delà précédé de Machines Nécrophoniques » l’auteur nous révèle le mystérieux parcours de cette invention hors norme et de la relation existant entre le milieu scientifique de l’époque (nous sommes au début du XXéme siècle.) et le monde spirite, mais surtout les différentes « machines » qui furent imaginées afin d’établir un contact avec le monde des morts. D’ailleurs, Eric Bony ne manque pas de remercier Philippe Baudoin, de lui avoir révélé par l’intermédiaire de cet ouvrage, l’existence du nécrophone et par voie de conséquence d’avoir contribué quelque part à la réalisation de « La voix des morts ». Mais une simple idée ne suffit pas à écrire un bon roman, encore faut-il tout le talent d’un auteur pour réaliser ce subtil mélange permettant au lecteur de se faire happer dès la première page et de le tenir en haleine jusqu’à la dernière. Il y a des talents comme ça qui réussissent ce pari de cette curieuse alchimie entre les genres et construisent une aventure qui vous accroche dés le premier chapitre en vous disant que, quoi qu’il arrive, vous ne lâcherez pas le livre.
Probablement, qu’il a joué sur la corde sensible du Savanturier que je suis depuis fort longtemps , mais il faut avouer que tous les ingrédients sont réunis pour me satisfaire tout en poussant de petits gloussements de satisfaction .L’amateur de curiosité littéraire trouvera donc dans ce volume de 300 pages, un habile mélange de polar ésotérique, de fantastique, d’aventure et de ……merveilleux scientifique ! Car voyez-vous les amis Eric Bony s’est fait plaisir en introduisant des éléments historiques pour agrémenter son récit, on y parle entre autre de la découverte d’un ancien tunnel sous la manche, mais le lecteur stupéfait va également se trouver au cœur d’une intrigue sous l’emprise d’une puissante société occulte, sans oublier l’intervention de personnages ayant marqués il y a fort longtemps les esprits scientifiques et littéraires, dont Camille Flammarion et Jules Verne en sont les plus célèbres représentants. Que le lecteur avide de situations qui frisent le rocambolesque et le populaire se frottent également les mains, car le personnage le plus charismatique du roman d’aventures y trouve également une place de choix avec une découverte sensationnelle qui va ajouter un énorme plus à ce roman déjà riche en rebondissements.
En jouant habilement avec les grands classiques du genre, l’auteur nous livre dans cette troisième enquête de Thomas Cazan, digne successeur de Carl Kolchak (les amateurs de la série « Dossiers brûlants comprendront) un roman digne de figurer dans toutes les bibliothèques des Savanturiers, car il est la synthèse de tous les genres que nous apprécions tous et dont la thématique du détective de l’occulte et du merveilleux scientifique en son les saveurs probablement les plus appréciées des amateurs.
Le seul bémol reste la couverture, qui ne rend pas hommage à ce magnifique bouquet d’imaginaire que nous propose Eric Bony. Son coté photo montage « cheap » tenterait plutôt à décourager si nous ne connaissions pas ce nouveau héros des détectives de l’étrange et de tout le talent de cet auteur dont nous attendons avec impatience la suite de ce très plaisant « La voix des morts »
« La voix des morts » d’Eric Bony. Edition City Thriller 2018.
Dans la même série lire également « Le tombeau du diable » et « La musique des ténèbres » les deux précédentes aventures de Thomas Cazan, journaliste de l’étrange.