« Les Attracteurs de Rose Street » de Lucius Shepard: Qui a Peur Des Fantômes?

Posté le 4 novembre 2018

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Fraîchement admis dans le très prisé « Club des inventeur » , Samuel Prothero jeune aliéniste dont la réputation reste à prouver est contacté par Jeffrey Richmond à la réputation sulfureuse. En effet, en cette fin du XIXéme siècle on voit d’un mauvais œil un homme aussi génial, vivre dans un quartier mal famé, entouré de miséreux et qui plus est dans un maison ayant servi de bordel pendant de longues années. Richmond lui propose d’asseoir sa réputation en proposant au jeune psychiatre une expertise qui pourrait se révéler déterminante pour sa réputation. En prenant ses quartiers dans l’étrange bâtisse, il découvre alors l’invention que son hôte vient de réaliser, une colossale machine capable de purifier l’air. Mais ce qu’il va découvrir rapidement, c’est que cette structure possède une propriété bien particulière, celle de faire revenir les morts ! Commence alors une étrange aventure où l’aliéniste découvre peu à peu l’étrange relation de Richmond avec sa défunte sœur, Christine, dont le spectre vient hanté la maison et du terrible secret lié à sa disparition prématurée. Commence alors un pénible travail de psychanalyse, ballotté entre une ancienne prostitué dont il tombe éperdument amoureux, un spectre qui supporte mal sa condition immatérielle et son frère qui cache un passé bien plus terrible qu’il n’y paraît. L’aliéniste, plus que sa raison, risque d’y perdre la vie dans un final d’apocalypse où «  L’attracteur de Rose Street » devient une porte ouverte sur le monde des vivants .

 

Dans ce court roman inédit proposé par la magnifique petite collection « Un heure lumière » , nous avons un texte, bien soigné, admirablement écrit et nous racontant la mise en abîme d’un homme qui va se retrouver détruit par sa propre invention. Au delà de cette thématique du « savant fou » , c’est une histoire d’amour et de mœurs que nous propose ici l’auteur dans un cadre victorien fort bien à propos, venant renforcer l’atmosphère délétère et de déchéance qui flotte dans cette sinistre demeure. En se faisant côtoyer plusieurs thématiques, histoire de fantôme et de maison hanté, c’est aussi un roman à caractère sociologique où nous est dépeint un société machiste complètement gangrenée par le cadre étriqué de la bienséance et du « quand dira t-on », du moins en apparence. Mais ce roman est avant tout une formidable histoire de possession, doublé d’une histoire d’amour où les personnages vont se retrouver prisonniers non seulement de leurs sentiments mais des remords d’un passé qui leur est impossible d’effacer. Malgré la taille de l’œuvre, les personnages ont une belle consistance et Shepard est parvenu à créer une véritable atmosphère étrange , proche de l’ oppression. Cependant, une question se pose à la lecture de ces 128 pages : Le roman dégagerait-il une telle force s’il avait été traduit différemment ? En effet il nous faut saluer ici le talent de Jean-Daniel Brèque dont on retrouve toute la minutie du choix des mots avec ce style qui lui est propre et que l’on retrouve avec délectations dans sa collection Baskerville, consacrée exclusivement au polar Victorien.Sous sa plume inspirée, le roman se révèle être d’une lecture plus qu’agréable, elle bonifie un texte qui à mon avis demandait un grande subtilité de traduction en regard de la thématique et de l’époque où se situe le roman . Certes, c’est un exercice dont il a grande habitude, toutefois un roman contemporain situé dans le passé avec le style de l’époque , voilà un défit qu’il était difficile à relever et les deux écrivains ont réussi à le relever haut la main et je puis vous assurer que « Les attracteurs de Rose Street » est la meilleur histoire de fantôme que j’ai eu l’occasion de lire depuis fort longtemps.

Sous une magnifique couverture d’Aurélien Police, voilà un petit roman dont le prix ridicule ne grévera pas votre budget et qui marquera certainement votre esprit de lecteur féru d’histoires de fantômes.

« Les attracteurs de Rose Street » de Lucius Shepard, Éditions Le Bélial collection « Une heure lumière » N° 15. Couverture d’Aurélien Police.

Les attracterurs de rose street

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