Fils de l’historien Viatcheslav Pavlovitche Koulikov, Olav Koulikov retrouve des documents réunis par son père et relatant certaines enquêtes du célèbre détective Jan Marcus Bodichiev et dans un univers où l’Empire anglo-russe domine la majeure partie du monde depuis le mariage de la Reine Victoria et de l’Empereur Constantin,certaines enclaves de contestation socialisantes européennes comme la France poursuivent la lutte afin de garder une indépendance toute relative. Mais le crime reste encore une denrée courante en l’an 3000 de cette nouvelle ère et les méthodes à l’ancienne sont parfois bien plus efficaces que science et techniques de pointe!
Je dois avouer ne pas être un grand spécialiste de littérature policière, veuillez pardonner mon ignorance, je suis un lecteur tardif et donc je suis dans l’ignorance de certains grands classiques du genre.Pourtant, il m’arrive parfois de m’abandonner au genre surtout lorsqu’il est estampillé Les saisons de l’étrange .Il faut dire qu’avec ces Souvenirs d’un détective à vapeur nous voilà transposé en terrain presque conquis, dans un territoire qui sied plus à mes tocs de lecteur à savoir un univers dystopique rétrofuturiste, mais pas que ! J’avais déjà eu l’occasion d’apprécier la plume de André-François Ruaud lors d’un volume précédent dans les saisons de l’étrange 1 et je dois avouer que la lecture des suites des aventures de Jan Marcus Bodichiev confirme cette délicieuse impression éprouvée initialement. Dans les 6 nouvelles que constituent ce recueil (je ne compte pas le chapitre 4 notes et fragments.) nous faisons plus ample connaissance avec ce détective spécialiste en informatique et dont le flegme So British n’a d’équivalence que le flair et la logique incroyable avec laquelle il vient résoudre les meurtres qui ensanglantent ses enquêtes. Mais ce qui fait surtout la force de cet ouvrage, ce ne sont pas les énigmes à proprement parler, bien que deux d’entre-elles relèvent des amateurs de l’étrange : L’affaire du lac et des poissons et Le cas de la pluie de sang, non, pour moi c’est avant tout la façon dont l’auteur nous plonge au cœur du mystère avec cette plume entre poésie et nostalgie où il prend le temps de nous décrire le cadre dans lequel se déroule les enquêtes, comme si notre détective, avant d’être ce privé aux talents de déduction redoutable, était avant tout un personne doué d’une extrême sensibilité (ce qui est le cas) et capable, en piéton infatigable, de vous révéler toute la beauté et le charme de tout ce qui vous entoure. Ainsi dans L’affaire du lac et des poissons c’est la Provence de Giono qu’il nous fait découvrir avec ravissement et dans Saint-Francisbourg la forme d’une ville c’est la visite d’une mégapole fantasmée que nous découvrons au hasard des pérégrinations du héros qui, tel un piéton attentif et poétique nous donne la vision d’une ville à l’architecture parfaite (qui sera d’ailleurs la base du mystère des nombreux assassinats) mais il faut dire que l’auteur fut « coupable » d’un ouvrage symptomatique de son amour pour les villes tentaculaires et pleines de mystère : Londres une physionomie et London noir. Mais plein d’autres surprises vous attendent dans ces aventures et la dernière nouvelle, Les trafiquants de couleurs au titre étrangement beau, va certainement plaire aux amateurs de cinéma avec l’apparition d’un réalisateur célèbre et qui ne pouvait pas mieux convenir dans cet univers en parfait décalage: Tatichiev, cela vous dit-il quelque chose?
En résumé, Bodichiev est une personnage fort sympathique, un être débonnaire à l’apparence flegmatique, mais dont les aventures nous révèlent un personnage sensible en parfaite adéquation avec son temps à savoir si nous sommes plongés dans une dystopie avec un bouleversement géopolitique fort original, l’unité de temps au final reste assez flou , en tout cas les repères que l’auteur sème au fil des pages sont suffisamment vagues pour que le lecteur se retrouve dans un univers où le détective , avec son coté très Hercule Poirot, puisse y évoluer comme un poisson dans l’eau, avec ou sans fourrure, celles et ceux qui connaissent le livre comprendront.
Hâte donc de retrouver les prochaines aventures de ce fin limier, outre le coté très divertissant de toutes ces nouvelles, l’écriture d’André-François possède quelque chose d’apaisant et de diablement addictif.
« Souvenirs d’un détective à vapeur » d’André-François Ruaud, Les saisons de l’étrange saison 2 , couverture de Melchior Ascaride. 2019
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