En tant que passionné des territoires de l’imaginaire depuis de nombreuses années, il m’a été possible au cours de mes longues et parfois périlleuses recherches de trouver bien des curiosités et parfois même des choses assez rares.
Je me rappelle très bien, il y a de cela plusieurs années, qu’un ami Belge m’avait proposé deux choses peu courantes et pour lesquelles il me fallait faire un choix : soit l’intégrale de la collection de SF aux éditions de la Lucarne, soit le volume en édition originale de La guerre des mondes, tirage limité à 500 exemplaires, signé par l’artiste et l’éditeur et surtout avec les magnifiques illustrations d’Henrique ‘Alvin Corrêa ! Le choix ne fut pas bien difficile et j’ai donc opté pour le Wells, choix que je ne regrette pas car depuis je ne l’ai vu passer que deux fois , mais à des prix astronomiques. Pour tout vous dire je croix l’avoir payé à l’époque l’équivalent de 150 euros, ce qui représente une somme mais assez faible en regard de la rareté de l’objet.
Mais vous savez que dans tout archiviste, il y a un lecteur certes, mais également un collectionneur qui sommeille et au fil des années, j’ai développé cette appétence pour les ouvrages un peu rares et ces fameux petits fascicules assez fragiles aux éditions de la lucarne, furent pour moi un objet de convoitise tout en sachant qu’ils seront probablement aussi rares que le Wells et surtout à des prix records.
Je ne me faisais aucune illusion quant à la découverte de cette collection, lorsqu’un jour, par le plus pur des hasards, il m’a été possible de les récupérer ,sauvés de justesse après la disparition d’un ami collectionneur.
Si je vous parle ainsi de cette petite histoire c’est que cette série trouve substance à l’achat tout récemment d’une brochure publiée par mon ami Olivier Raynaud intitulé Outré et Macabre ! (quel titre intrigant)et fidèle à une conduite éditoriale que cet auteur , essayiste, scénariste, critique…. vient de se fixer , publie de petits fascicules aux couleurs chatoyante et dont le but est la réédition de textes anglo-saxon assez rares et surtout introuvables en France. Pour ne citer que la plus sympathique de ces collections, il y a tout d’abord Wendigo forte de six beaux volumes avec pas moins d’une bonne cinquantaine de nouvelles, Vintage Fiction et pas moins de cinq volumes composés d’une heureux mélange de nouvelles de SF classiques de fantastiques et de polar et enfin cette nouvelle collection débutée avec Kraken un fascicule de mystère et d’aventure ,l’occasion pour l’auteur de revenir sur un sujet qui le tient à cœur , la cryptozoologie et enfin Outré et Macabre un fascicule de mauvais genre…..et franchement j’adore ce terme associé à la littérature un peu en marge. Dans un mot de la rédaction, l’auteur explique le choix du sous titre et je trouve qu’il ne pouvait pas être mieux approprié,
Mais revenons au sujet de cet article pour vous préciser donc que ce fascicule est riche de cette longue nouvelle de A.Hyatt.Verrill intitulée The voice from the inner world lors de sa parution en décembre 1926 dans la célèbre revue Amazing Stories et qui curieusement fut rééditée dans son intégralité dans le N° 6 de la collection Anticipations en 1945 aux éditions de la lucarne sous le titre Le monde intérieur. Nous sommes loin de la beauté de la couverture d’origine de Frank.R.Raul mais il faut avouer que la couverture Belge a de quoi intriguer elle qu’elle a dû susciter pas mal de curiosité chez nos jeunes lecteurs de l’époque. Il est à préciser, comme le fait remarquer Olivier, que cette nouvelle avait été écrite suite à un concours où l’écrivain devait imaginer une histoire uniquement d’après la couverture. Même si Hyatt Verrill ne fut pas victorieux, il faut avouer que pour la production moyenne de l’époque, l’idée de manquait pas d’originalité ni d’un coté un peu terrifiant.
En substance, c’est l’histoire d’un amateur radio qui intercepte un message d’un homme dont le bateau à été littéralement enlevé dans les airs pour être conduit dans un endroit isolé de notre globe, où vivent des créatures extra-terrestres. Celles-ci, majoritairement féminine et d’une taille avoisinant les 3 mètres, vivent d’en un environnement de gaz toxiques ce qui explique le sorte d’excroissance qui leur couvrent la tête et les épaules, sorte de filtre naturel , un peu comme le couvre chef d’un indien. Le seul rescapé échappe de justesse au massacre de son équipage et relève le caractère cannibale de ces créatures qui procèdent à ces rapts de navires pour remplir leur garde manger et constituer, avec tout l’acier volé, une flotte pareille à cet étrange appareil de forme sphérique utilisé pour leurs abductions. Grâce à un navire militaire ayant subit un sort identique, il parvient à envoyer un ultime message à la terre dans lequel il révèle le point faible de ces créatures et conjure celui qui captera cet appel au secours de tout organiser afin de détruire ces abominations. La dernière phrase en dira long sur le sort qu’il lui a été réservé et nul doute qu’il ne finisse à son tour dans le garde manger.
L’autre nouvelle , bien plus courte de G.A.Wells L’abominable homme des glaces publié en mars 1923 dans le tout premier numéro de la célèbre revue Weird Tales sous le titre The ghoul and the corpse ( c’est la partie Macabre du titre de la collection) nous raconte comment un trappeur au fin fond de l’Alaska, alors qu’il était à la recherche d’un filon d’or, mit à jour , coincé dans la glace, une créature entre l’homme et l’animal et comment, suite au dégel de celle-ci , il passa une nuit d’épouvante à lutter contre cette chose réveillée de la nuit des temps. Seul témoignage de sa mésaventure, un poignard fait en ivoire , appartenant à son adversaire et récupéré après avoir fait disparaître son corps. Une nouvelle fantastique comme on en trouvera par la suite plein les pages de ce type de magazine mais qui garde toute sa fraîcheur et son aspect terrifiant.
Au final et comme vous pouvez le constater, une petite brochure tenant ses promesses tant pour l’originalité du contenu avec son ambiance très rétro et savoureusement Pulp’s que pour la rareté des textes. Espérons que Olivier nous fera encore le plaisir d’un tel petit cadeau dans une prochaine publication du même style et le mot cadeau est utilisé ici à bon escient car, si l’on regarde la chouette couverture, le contenu, très jouissif pour une amateur passionné et que l’on ne débourse que 6 euros, alors là les amis, il n’y a qu’une seul mot à dire : foncez, vous ne trouverez pas meilleur rapport qualité prix !
Pour terminer et afin d’être le plus exhaustif possible, signalons que ce Monde de intérieur fut l’objet d’une réédition en juillet 1987 à l’imprimerie du hérisson à Montréal pour le compte de L’académie de l’espace collection dirigée par Francis Valery. Il s’agit d’un fac-similé de l’édition de La Lucarne et tiré à 50 exemplaires.
Outré et Macabre un fascicule de Mauvais Genre: Collection dirigée par Olivier Raynaud. Nouvelles révisée et/ou traduite par Olivier Raynaud, couverture de Franck R.Paul
J’avais déjà eu un très gros coup de cœur pour le premier tome de L’agence Lovecraft en terminant par cette note de regret qu’il nous fallait attendre le suivant pour enfin connaître la suite de aventures de nos héros. Me voilà donc comblé puisque j’ai eu la chance de recevoir le volume avec une belle dédicace de l’auteur et la satisfaction de poursuivre cette incroyable et palpitante aventure.
Comme pour Le mal par le mal, cette Déesse de la mort vient tenir ses promesses au-delà de nos attentes et nous apporter une nouvelle fois son lot de surprises et de batailles titanesques, Pourrait-il en être autrement lorsque l’on se frotte aux grands anciens ? Au fil des pages, les différents protagonistes se révèlent de plus en plus, en déployant les extraordinaires pouvoirs dont ils sont dotés, ce qui n’est pour donner quelques petits atouts à cette agence qui doit lutter pour la survie de l’humanité en s’interposant à l’avènement du grand Cthulhu en personne et de ses sombres rejetons.
Mais avant de rencontrer la plus puissante des créatures du mythe, il va leur falloir affronter celles et ceux qui préparent ce jour funeste et ce n’est pas sans mal qu’ils vont affronter une des adoratrices la plus redoutable et la plus puissante Miss Moriarty, accompagnée du frère de Ryan, Jonathan qui depuis la bataille du rocher du diable à Insmouth, s’est révélé un serviteur dévoué et prêt à rompre le puissant lien familial.
Ce volume 2 nous révèle entre autre, comment grâce à l’intervention de Sergueï et son pouvoir de se déplacer dans l’espace temps pour prendre possession d’un hôte hors du commun, il va réussir à pénétrer dans la fabuleuse bibliothèque des Yithiens et découvrir comment réchapper au terrible Dagon. Pour celles et ceux qui suivent avec intérêt cette nouvelle saga de Jean-Luc, vous allez donc découvrir comment l’équipe du Nautilus va faire pour échapper aux griffes et mâchoires de cette abomination aquatique. Mais chers amis, vous n’êtes pas au bout de vos surprise car ce volume , axé sur la récupération d’une mystérieuse tablette pouvant se révéler capitale dans l’issu de cette bataille à l’échelle cosmique, n’est que l’amorce d’événements incroyables que seul un écrivain aussi fin connaisseur du mythe peut ainsi maîtriser.
De l’affrontement avec les redoutables Mi-go dans le British muséum au combat final sur le plateau de Leng avec le chaos rampant, l’action va être menée tambour battant où nos héros vont en découdre avec le Kronolose formé d’une effroyable assemblage de séquences de temps volées à leurs malheureuses victimes. N’oublions pas au passage les formidables inventions qui jalonnent le récit et outre le Nautilus que nous avons déjà croisé dans le premier volume, le nouvel appareil mue à l ’énergie éthérique et commandé par un certain Robur, L’albatros, ne manquera pas de vous étonner avec ses prouesses aériennes hors normes et qui se révélera déterminant pour le combat final : il flotte dans tout cela une agréable odeur de Savanture les amis ! Mais la personnalité des différents protagonistes ne sera pas pour autant abandonnée au profit de l’action, ainsi la mystérieuse Kali, une humanoïde aux performances surprenantes va découvrir ce qui est arrivé à son père et connaître enfin pourquoi son enfance a pris ainsi un tournant aussi tragique quant à son géniteur les amis, je vous en laisse la surprise….Tout dans ce roman de 256 pages fleure bon l’amour et la passion d’un écrivain ,toujours aussi sympathique ,toujours aussi inspiré et fécond.
En résumé chers lecteurs , un volume encore mené tambour battant et l’addiction que j’ai eu à lire ce volume bourré d’action et de péripéties, n’a d’égale que ce réel plaisir à partager la fantastique aventure de nos héros. Il est donc indispensable de posséder dans sa bibliothèque Lovecraftienne, ces deux premiers tomes d’une saga qui au-delà de l’amour et du respect pour l’auteur de providence, vient rajouter une pierre à l’édifice du genre par son originalité et sa modernité. Mention spéciale pour l’éditeur qui nous offre une beau petit écrin avec de superbes illustrations et une typographie qui colle pile poil avec le récit : un must du genre !
« Agence Lovecraft: Déesse de la mort Tome 2 » de Jean-Luc Marcastel. Gulf Stream Editeur. 2022.