Lancé en 1927 par les éditions Hachette, en partenariat avec la revue « Lecture pour tous », le prix Jules Verne, récompense, une œuvre de fiction qui devra répondre à des critères bien précis, à savoir rester dans la continuité, sinon dans l’esprit de l’écrivain Nantais.
Mais visiblement cette condition, plus que de la servir, n’a fait que « plomber » cette louable entreprise en nominant des romans relativement fades, avec toutefois une exception « L’éther Alpha » de Albert Bailly, d’une qualité supérieure. En effet si l’on fait un peu le tour des huit œuvres récompensées il est un peu affligeant de constater qu’il ne s’agit que de textes d’aventures un peu exotiques, où la touche conjecturale n’a que peu d’importance, un élément insignifiant de l’intrigue et non l’élément moteur.
Pourtant comme l’a si bien écrit Bernard Heuvelmans :
« Jules Verne n’a pas créé l’avenir, il a fait mieux : il a engendré ceux qui l’ont créé »
Avec un tel énoncé la donne était pourtant prometteuse, mais à trop vouloir recopier (toujours très mal) plagier ou imiter le « père fondateur », on arrive à toute une génération de romanciers à l’imagination pleine de retenues où bien souvent le contexte de l’histoire ne dépassera pas le cadre des possibilités scientifiques du moment.
Le drame à l’époque de la célébrité de Jules Verne, c’est qu’il est considéré comme un écrivain pour enfant, au talent certes indéniable, mais qui reste classifié en tant que tel. Un visionnaire un peu rêveur, qui reste en marge de la « vraie littérature ». En fait on a plutôt l’impression qu’il dérange, car il vient un peu bousculer l’ordre des choses avec ses idées fantaisistes où la science, cette chose abstraite car basée sur des théories, est l’élément indispensable à l’évolution de l’espèce humaine. En somme tout ceci n’est pas très sérieux !
Fort de sa renommée sans cesse croissante, on le tolère mais on le catalogue. Il devient la référence d’un genre nouveau mais qui hélas va déposer une sorte de chape sur la génération à venir. A trop vouloir faire du Jules Verne, on en devient vite une victime. C’est un peu l’impression qui se dégage de cette fameuse collection qui annonce elle-même les bases du projet :
« Les romans de Jules Verne ont orienté l’esprit de nos contemporains vers les sciences et développé chez bien des jeunes le goût des grands voyages aventureux. Dans les lettres qu’ils ont écrites, M le Dr Charcot, dont on connaît les belles explorations scientifiques, se déclare modestement son disciple, et Mr Belin, le savant électricien qui a réussi le premier à transmettre une image par ondes Hertzienne, nous dit que l’œuvre du célèbre romancier a exercé sur lui « une action incontestable ». Il n’y a donc pas intérêt à laisser péricliter une forme si précieuse de roman. Et pourtant elle subit une crise. Actuellement le roman scientifique ou d’exploration aux pays inconnus est trop souvent d’une documentation incertaine, d’une science fantaisiste, ou l’hypothèse ne repose sur aucune base solide. Or aujourd’hui, la science a pris une trop grande place dans notre vie pour qu’on la traite avec une plaisante désinvolture. C’est en elle et dans les perspectives qu’elle ouvre que l’imagination du romancier doit chercher son inspiration (…) IL faut en un mot revenir à la saine conception de notre Jules Verne dont on va bientôt fêter le centenaire. »
Dans ce texte on parle de « science fantaisiste » et de « saine conception de notre Jules Verne ». Une mise en garde contre tout débordement de l’imaginaire, un contexte scientifique, strict et rigoureux, pas de place aux chimères ou aux extrapolations. De plus il y a dans le ton du rédacteur, cette notion de « saine conception » : oser imaginer l’impensable est-il honteux, malsain et répugnant ? Serait-il préjudiciable de supputer que l’homme n’est pas la seule créature intelligente de l’univers, qu’il n’est pas le nombril du monde ?Le débat serait trop long pour évoquer ici toutes les aberrations de cette époque où un certain colonialisme triomphant, élevait l’homme blanc au rang d’être supérieur…….alors pensez des créatures venues d’un autre monde !
Afin de légitimer un peu plus cette théorie selon laquelle, le roman scientifique est une chose trop sérieuse pour être confiée à de joyeux fantaisistes à l’imagination trop débordante, on cite Charcot et Belin, des gens respectables et dont le savoir ne fait aucun doute. Lisons entre les lignes : soyons carré et rigoureux, ne nous éloignons pas du cadre scientifique, au risque d’ennuyer le lecteur. Un peu comme si la réputation de l’élite scientifique Française était en jeu.
Une excellente idée que d’avoir transformer le terme de « Roman scientifique » en « Imaginaire ou merveilleux scientifique », au moins cette terminologie laisse t-elle plus de place à quelques envolées extravagantes. Et puis cette notion de possession à l’égard de Verne : « Notre Jules Verne » à croire qu’il est un objet de culte, un élément unique et isolé dans le domaine de l’imaginaire et du roman scientifique.
Je respecte énormément l’auteur et toute son œuvre, il a de toute évidence un rôle de précurseur que je ne conteste absolument pas, mais à trop vouloir le placer tout en haut de l’échelle, on finit par en oublier les autres. La preuve s’il en est, à force d’étouffer un peu trop l’imagination des lauréats du prix Jules Verne, sur des bases un peu trop strictes, on assiste au couronnement d’une série au nom très ronflant mais qui au final est loin de tenir ses promesses : Rien qu’un ensemble de pétards mouillés.
Seule exception, comme je le disais au début, « L’éther Alpha ».Un roman assez audacieux pour l’époque, à la thématique intéressante : Un savant découvre une substance « l’éther alpha » qui va lui permettre de construire un appareil révolutionnaire avec lequel il va se rendre sur la lune. Il y découvre des sélénites, des êtres électriques, possédant une technologie très avancée et qui menacent d’éradiquer l’homme. Coup de théâtre, invention fabuleuses et situations trépidantes sont le lot de ce roman passionnant où les sélénites choisiront finalement de propulser « notre satellite » aux confins de l’univers à la recherche d’un voisinage plus adapté.
Je rêve parfois du changement du cour des choses si un esprit cabotin mais lucide avait eu la géniale idée de créer un prix « Albert Robida » ou « Maurice Renard ».
Le prix « Jules Verne » sera ressuscité en 1957, couronnant des ouvrages de la collection « Le rayon fantastique » chez « Hachette/Gallimard »
Les prix « Jules Verne »
- « La petite fille de Michel Strogoff » de Octave Béliard. Edition pré-originale dans la revue « Lecture pour tous » Juillet/Août/Septembre 1927. Illustré par G.Dutriac. Edition en volume « Collection Prix Jules Vernes » Librairie Hachette 1927. Illustré par G.Dutriac.
- « Quand le mammouth ressuscita » de Max Begouen. Edition pré- originale dans la revue « Lecture pour tous » Avril & Mai 1928. Illustré par De Bouché Leclercq. Edition en volume « Collection prix Jules Verne ».1928. Illustré par De Bouché Leclercq.
- « Le secret des sables » de J.L.Gaston Pastre. Edition pré- originale dans la revue « Lecture pour tous » Juin/Juillet/Août 1928. Illustré par G.Dutriac. Edition en volume « Collection prix Jules Verne ».1928. Illustré par G.Dutriac.
- « L’éther Alpha » de Albert Bailly. Edition pré- originale dans la revue « Lecture pour tous »Août/Septembre/Octobre 1929. Illustré par J.Touchet. Edition en volume « Collection prix Jules Verne ».1929. Illustré par J.Touchet.
- « L’île au sable vert » de Tancrède Vallerey. Edition pré- originale dans la revue « Lecture pour tous »Août/Septembre/Octobre/Novembre 1930. Illustré par H.Faivre. Edition en volume « Collection prix Jules Verne ».1930. Illustré par H.Faivre.
- « L’étrange menace du Professeur Iouchkoff » de Hervé De Peslouan. Edition pré- originale dans la revue « Lecture pour tous » Août/Septembre/Octobre 1931. Illustré par G.Dutriac. Edition en volume « Collection prix Jules Verne ».1931. Illustré par G.Dutriac. Apparemment ce titre n’existe pas au même format que les titres précédents (Format 13×19, relié avec jaquette)
- « L’étrange disparition de James Butler » de Pierre Palau. 1933. Parution en pré-originale dans « Lecture pour tous » ? D’après mes sources ce roman n’a jamais paru en volume dans la collection prix Jules Verne. Edité en volume chez Hachette « Bibliothèque verte ».1933.
- « Les vaisseaux en flamme » de Jean-Toussaint Samat. Edition pré- originale dans la revue « Lecture pour tous » Août/Septembre 1936. Illustration de G.Dutriac. D’après mes sources ce roman n’a jamais paru en volume dans la collection prix Jules Verne. Il existerait une édition en volume éditions « les loisirs » 1944.
« Prix Jules Verne » 2éme Série.
- « L’adieu aux astres » de Serge Martel. Hachette/Gallimard. Collection « Le rayon fantastique » N°57. 1958.
- « Surface de la planète » de Daniel Drode. Hachette/Gallimard. Collection « Le rayon fantastique » N°63. 1959.
- « La machine du pouvoir » de Albert Higon. Hachette/Gallimard. Collection « Le rayon fantastique » N°71. 1960.
- « Le sub-espace » de Jérôme Sériel. Hachette/Gallimard. Collection « Le rayon fantastique » N°82. 1961.
- « Le ressac de l’espace » de Philippe Curval. . Hachette/Gallimard. Collection « Le rayon fantastique » N°100. 1962.
- « Métro pour l’enfer » de Vladimir Volkoff. Hachette/Gallimard. Collection « Le rayon fantastique » N°118. 1963.
Une superbe couverture de G.Dutriac
Création des éditions Fayard, ces volumes à l’aspect un peu austère étaient en fait des sortes « d’anthologies » de plusieurs courts romans ou de nouvelles inédites. Faisant la part belle aux œuvres fantastiques et conjecturales, ces « œuvres libres » sont surtout connues des amateurs et des collectionneurs, pour avoir publiées la presque totalité des romans qui constituent la saga du professeur Tornada, le sympathique et excentrique savant de André Couvreur.
Si certains textes furent par la suite réédités, quelques uns sont encore dans l’attente d’une ressortie, une initiative qui à mon avis serait la bienvenue. Prenons pour exemple le roman de Tancrède Vallerey « Celui qui viendra » une formidable histoire de créature humanoïde venant d’Aldébaran. Doté d’yeux « rayon x » il propose à l’humanité toute la richesse de sa civilisation, mais…. Un texte passionnant, hélas trop méconnu, qui fort heureusement attira l’oeil avisé d’une superbe petite collection.
Visiblement, la guerre mettra fin à cette collection. Pendant longtemps elle fut méprisée des collectionneurs, car d’un visuel peu attrayant, pourtant telle l’huitre rugueuse et coupante elle renferme de véritables petites perles à admirer de toute urgence.
Textes Fantastiques
- « L’île du grand puit » de Claude Farrère. Juillet 1921. N°001.
- « L’écouteuse de morts » de Paul Olivier. Mars 1924. N°031.
- « L’idole Batéké » de Charles Géniaux. Septembre 1924. N°039.
- « L’homme et ses fantômes » (Théâtre) de H.J.Lenormand. Novembre 1924.N°041.
- « Le juge à l’œil de lynx » de M.Laurent. Mars 1926. N°057.
- « Les diables de Brabant » de H.J.Lenormand. Décembre 1929. N°102.
- « L’homme que j’ai fait naître » de Jean Rostand. Février 1931. N°116.
- « Evocation » de Kephren. Février 1931. N°117.
- « Immortalité » de R.G.Binding. Mars 1932.N°129.
- « L’homme qui faisait les cercueils trop grands » de Pierre Goemaere. Novembre 1932. N° 137.
- « Lord Ribblesbane » de Edmond Jaloux. Avril 1934. N°154.
- « La double vie de Peters Petersohn » de Jean-Marx Blum. Octobre 1934.
- « Trois contes inédits » de Charles Dickens. Janvier 1936. N° 175.
- « L’homme évaporé » de Pierre Fontaine. Janvier 1936. N° 175.
- « Les étendards de l’enfer » de Georges Imann. Janvier 1936. N° 175.
- « En au-delà » de André Couvreur. Avril 1936. N° 178.
- « Le roman de l’homme chien » de F.J.Trousse. Juin 1937.N°182.
- « Maison Lirrefer, maison meublée » de Charles Dickens. Janvier 1937. N° 187.
- « Le voyage de nulle par » de Jean Razac. Mars 1937. N°189.
- « Le dernier vampire » de Joseph Gaboriau. Décembre 1937. N° 198.
- « L’épave interdite » de Jean Feuga. Avril 1938. N° 202
- « Fantômes et magiciens » de Bulwer-Lytton. Octobre 1938. N° 210.
- « La sorcière » de Georges Barbarin. Janvier 1939. N°211.
- « Les portes du ciel » de Georges Imann. Septembre 1939. N° 219.
- « La termitière » de A.Ferrand. Mai 1940. N° 223.
Textes Science-Fiction
- « L’androgyne » de André Couvreur. Janvier 1922. N°007. Réédition Albin Michel « Les fantaisies du Dr Tornada » 1923.
- « Dans trois cent ans » de Pierre Mille. Janvier 1922. N°007.
- « L’homme qui voulut être invisible » de Maurice Renard. Janvier 1923. N° 019. Réédition Crès dans le recueil de nouvelles « L’invitation à la peur » 1926.
- « Où » de Claude Farrère. Juin 1923. N°024. Réédition Ernest Flammarion dans le recueil de nouvelles « L’autre coté….contes insolites » 1928.
- « Le valseur phosphorescent » de André Couvreur ». Décembre 1923. N°030.
- « 1937 » de Claude Farrère. Février 1924. N°032. Réédition Ernest Flammarion dans le recueil de nouvelles « Cent million d’or » 1927.
- « Les mémoires d’un immortel » de André Couvreur. Décembre 1924. N° 042.
- « Les navigateurs de l’infini » de J.H.Rosny Aîné Décembre 1925. N° 054. Réédition, « éditions de la nouvelle revue critique » 1927.
- « Le feu du ciel » de Pierre Dominique. Mars 1926. N° 058. Réédition « Bernard Grasset » sous le titre « …Selon St Jean » 1927.
- « Le non lieu du fils à papa » de Louis Thinet. Février 1927. N° 068.
- « Le biocole » de André Couvreur. Juin 1927. N° 076.
- « Le bateau rouge » de Artus et Touchard. Décembre 1928. N° 090.
- « Celui qui viendra » de Tancrède Vallerey. Décembre 1929. N° 102.Réédition « Petite bibliothèque ombre » 1998.
- « Napoléon bis » de René Jeanne. Février 1931. N° 129. Réédition « La nouvelle société d’édition » 1932.
- « Le cas de la baronne Sasoitsu » de André Couvreur.Avril 1939. N°214.
Cette bibliographie est établie sur la base de l’ouvrage de Jacques Van Herp « Je sais tout, le roi des magazines » aux éditions Recto-Verso collection « Idées et autres…. » ainsi que sur les ouvrages constituant ma propre bibliothèque. L’ouvrage de Van Herp indispensable, est hélas dépourvu d’un inde, permettant de se retrouver dans cette masse considérable d’informations.
En effet il y recense également la production de la revue « Lecture pour tous » qui fera l’objet d’un prochain listing ainsi que de la collection « Les oeuvres libres ».Une somme importante de titres qu’il est parfois difficile de différencier.Par contre, j’ai délibérément retiré de mon répertoire les ouvrages du domaine policier qui même, s’ils se révèlent tout aussi passionnants, ne trouvent pas leurs places au sein de ce blog.
« Je sais tout » est sans contexte une revue « phare » dans notre domaine, le terreau fertile et indispensable qui donna, à l’instar de son concurrent « Lecture pour tous » un grand nombre d’œuvres conjecturales et fantastiques. On y trouvera des textes d’une grande qualité, bien souvent en pré originaux et si la grande majorité eurent les honneurs d’une réédition (par les éditions Lafitte le plus souvent) quelques un hélas demeurent totalement inédits.
Pour la petite histoire, reprise dans l’ouvrage de Van Herp, lorsque Pierre Lafitte débuta sa revue ornée de son célèbre père « Je sais tout », il organisa un habile concourt qui fera date puisque réutilisé encore de nos jours. En effet, je cite :
« Peu de jours avant la mise en vente, on résolut de téléphoner au hasard de l’annuaire à cent cinquante personnes. La France avait été prévenue auparavant par des échos parus dans les journaux que cette question serait posée cent cinquante fois :
- Que savez-vous ?
Il s’agissait simplement de répondre :
- « Je sais tout ! »
Le gagnant recevait un abonnement au magazine. Sur les personnes interrogées, quinze seulement ne répondirent pas automatiquement.»
Si ça, ce n’est pas une super campagne publicitaire !
Comme d’habitude, cette liste n’est pas exhaustive et évoluera au fil de vos découvertes et de vos suggestions.
Le père « Je sais tout » le N° 1 de la série 15 Février 1905
Romans de Science-Fiction
- « L’hallucination de Mr Forbes » de Jules Perrin. « Je sais tout » de Novembre 1907 à Février 1908 (N° 34 à 37). Illustré par H.Lanos. Réédité Chez Fasquelle « Bibliothèque Charpentier » sous le titre « La terreur des images » 1908.
- « Le mystérieux Dajann-Phinn ». de Michel Corday. « Je sais tout » d’Avril à Mai 1908 (N°39 et 40). Illustré par Georges Scott. Réédition dans le volume « Mariage de demain » éditions Fasquelle 1908.
- « La guerre du feu » de J.H.Rosny Aîné. « Je sais tout » de Juillet à Octobre 1909 (N° 54 à 57). Illustré par Orazi. Réédité chez Fasquelle. 1911
- « Le fauteuil hanté » de Gaston Leroux. « Je sais tout » d’ Avril 1909 (N° 51). Réédition en volume chez Pierre Lafitte. 1911.Illustré par René Lelong.
- « Le nuage pourpre » de M.P.Shiel. « Je sais tout » de Septembre 1911 à Janvier 1912 (N° 81 à 84). Illustré par M.Orazi. Réédité en volume chez Pierre Lafitte. Couverture illustré couleur. 1913.
- « Le second déluge » de Garrett-Servis. « Je sais tout » de Octobre et Novembre 1912 (N° 93 et 94). Illustré par S.Macchiati. Réédité semble t-il (références noosSFere) dans la collection Ailleurs & autres N°89, éditions Francis Valéry 1984.
- « L’épouse du soleil » de Gaston Leroux. « Je sais tout » du 3 Août 1912 (N°91). Réédition en volume chez Pierre Lafitte. 1913. Illustré par M.Orazi
- « La force Mystérieuse » de J.H.Rosny. « Je sais tout » de Janvier 1913 à Mai 1913 (N° 96 à 100). Illustré par M.Lecoultre. Réédité chez Plon. 1914.
- « Le monde perdu » de Sir Arthur Conan Doyle. « Je sais tout » de Novembre 1913 à Juillet 1914 (N° 106 à 114). Illustré par Géo Dupuis et par la suite, Louis Bailly. Réédition Nouvelle Bibliothèque 1925.
- « Le tunnel » de Bernhard Kellermann. « Je sais tout » de Mai, Juin et Juillet 1914. Réédité chez Flammarion en 1934.
- « Rouletabille chez Krupp » de Gaston Leroux. « Je sais tout » Septembre 1917 à Mars 1918 (N° 142 à 148). Illustré par Léon Fauret. Réédité chez Pierre Lafitte. 1920.
- « L’étrange alibi » de Léon Groc. « Je sais tout » de Décembre 1917. Pas de réédition connue.
- « Le ciel empoisonné » de Sir Arthur Conan Doyle. « Je sais tout » de Mars 1918 à Juillet 1918. (N° 148 0 152). Illustré par Will Fostep et Louis Bailly. Réédité chez Hachette, Bibliothèque de la Jeunesse, 1938.
- « Les trois yeux » de Maurice Leblanc. « Je sais tout » de Juillet 1919 (N° 164). Illustré par M.Orazi. Réédité en Volume chez Pierre Lafitte. 1921.
- « Le rayon B » de Maurice Leblanc. « Je sais tout » d’Octobre 1919 (N° 167). Illustré par M.Orazi. Réédité en Volume chez Pierre Lafitte. 1921. Cette seconde partie se trouve incluse dans le volume « Les trois yeux »
- « Celui qui supprima la mort » de J. Bruno-Ruby. « Je sais tout » d’Avril 1920 (N° 172). Illustré par Rzewuski. Réédité en volume chez Pierre Lafitte. 1921.
- « Le formidable événement » de Maurice Leblanc. « Je sais tout » d’Octobre et Novembre 1920 (N° 178 et 179). Illustré par Lorenzi. Réédition Pierre Lafitte 1921.
- « L’homme truqué » de Maurice Renard. « Je sais tout » de Mars 1921(N° 183). Illustré par Rzewuski. Réédité chez Crès en 1923.
- « Le neveu de Gulliver » de Bauer. « Je sais tout » de Juillet 1921 (N° 199). Illustré par Maurice Leroy. Réédité chez Ferenczi.1923.
- « La jeune fille en proie aux monstres » de Pierre De La Batut. « Je sais tout » de Septembre 1921 (N° 189). Illustré par Félix Lorioux. Réédité en volume chez Crès « Collection littéraire des romans d’aventures ». 1921.
- « Les Agouglous » de Raymond Marival. « Je sais tout » de Janvier 1922 (N° 193). Illustré par Maurice Leroy.Réédité chez Ernest Flammarion « Le roman d’aventure » 1923.
Maurice Leblanc Octobre 1919 N°167 Maurice Renard à l’honneur. Mars 1921 N°183
Nouvelles de Science-Fiction
- « On » de Maurice Level. « Je sais tout » de Décembre 1908 (N° 47).
- « Le grand moteur Brown-Pericord » de Sir Arthur Conan Doyle. « Je sais tout » de Juin 1908 (N°41). Illustré par H.Lanos
- « Le sommeil de Sir S.H.W.Ferkett » du Dr Bresselle. « Je sais tout » de Juin 1909 (N° 53). Illustré par Simon Harmon Vedder.
- « Le royaume des fourmis » de H.G.Wells. « Je sais tout » de Novembre 1912 (N°94). Illustré par S.M ?
- « La machine à extorquer la vérité ». de Henry A.Hering. de Décembre 1912 (N° 83). Illustré par Kirchner.
- « Les mystérieuses études du Pr. Kruhl » de Paul Arosa. « Je sais tout » de Septembre 1912 (N°92).Illustré par Géo Dupuis
- « La plus belle opération » de Artus. « Je sais tout » de Avril 1913 (N° 99).
- « Le tunnel de Gibraltar » de Jean Jaubert. « Je sais tout » de Mars 1914 (N° 110).
- « Télépathie » de H.A.Héring. « Je sais tout » de Septembre 1916 (N°130).
- « Un accroc à la société des nations » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Janvier 1919 (N°158).
- « Talleyrand chez Wilson et Clemenceau » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Mai 1919 (N° 162).
- « La grève des bourgeois » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Juin 1919 (N°163).
- « La journée de vingt minutes » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Juillet 1919 (N°164).
- « La vie en noir » de Clément Vautel » de Septembre 1919 (N° 166).
- « Le théâtre de l’avenir » de Maurice Dekobra ». « Je sais tout » d’Octobre 1919 (N° 167).
- « Les évadés de progrès » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Novembre 1919 (N°168).
- « Le monsieur des cavernes » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Janvier 1920 (N° 170).
- « Le rétablissement du pilori » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Juin 1920 (N° 175).
- « La chasse aux célibataires » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Août 1920 (N° 177).
- « Milon de Crotone aux olympiades » de M.Huet. « Je sais tout » de Août 1920 (N°177).
- « Les lunettes jaunes » de E.Buel. « Je sais tout » d’Octobre 1920 (N°178). Illustré par Cazenove.
- « L’image au fond des yeux » de Maurice Renard. « Je sais tout » de Septembre 1921 (N°189). ). Réédition en volume dans le recueil de nouvelles « Invitation à la peur » Editions Crès.1926
- « Au cœur putride de la foret » de E.M.Laumann. « Je sais tout » de Novembre 1921 (N°191). Illustré par Leroy. Rééditions voir article sur Laumann
- « La bataille navale du Pacifique » de G.G.Toudouze. « Je sais tout » de Novembre 1921(N°191).
- « La grenouille » de Maurice Renard. « Je sais tout » de Février 1922 (N°194). Réédition en volume dans le recueil de nouvelles « Invitation à la peur » Editions Crès.1926.
- « L’horreur des altitudes » de Sir Arthur Conan Doyle. « Je sais tout » d’Avril 1922 (N° 196). Réédition chez Albin Michel « collection des maîtres étrangers de la littérature étrangère » dans le recueil de nouvelles « La brèche aux monstres ». s.d
- « Dans le fond des mers » de E.M.Laumann. « Je sais tout » de Juin 1922 (N°198). Rééditions voir article sur Laumann.
- « Les éléphants bleus » de J.H.Rosny. « Je sais tout » d’Octobre 1922 (N°202).
- « Des signes dans le ciel » de E.M.Laumann. « Je sais tout » de Mars 1923 (N°207). Illustré par Dutriac. Rééditions voir article sur Laumann.
- « Le monstre de la brèche de Blue John » de Sir Arthur Conan Doyle. « Je sais tout » de Mai 1923 (N°209).
- « L’Alcyon » de E.M.Laumann. « Je sais tout » de Juin 1923 (N°210). Illustré par Dutriac. Rééditions voir article sur Laumann.
- « La cuirasse de l’air » de Emmanuel Bourcier. « Je sais tout » de Août 1923 (N°212).Illustré par G. Dutriac
« La science veut percer la terre » H.Lanos.Juillet 1909 N°54 « L’hallucination de Mr Forbes » H.Lanos. Février 1908 N°37
Romans Fantastiques
- « Moi et L’autre (L’obsession) » de Jules Clarétie. « Je sais tout » de Février à Août 1905 (N° 1 à 7).Illustré par Macchiati. Réédité chez Pierre Lafitte en 1908. Deux éditons différentes la même année : Un avec une couverture couleur de A.Radeno et une autre avec deux petites vignettes illustrées couleurs dans la partie supérieure du volume. Les deux éditions se composent de 12 illustrations de Macchiati.
- « Le conte du cigare au feu vert » de Valentin Mandelstamm. « Je sais tout » de Juin et Juillet 1910 (N° 65 et 66).Illustré par René Lelong.
- « Le voleur d’âme » de René Maizeroy. « Je sais tout » de Novembre 1912 à Janvier 1913 (N° 94 à 96). Pas de réédition connue
- « Le charmeur de serpent » de Robert Hitchens. « Je sais tout » de Septembre et Octobre 1913 (N° 104 et 105). Illustré par Ruck. Pas de réédition connue.
- « L’homme qui revient de loin » de Gaston Leroux. « Je sais tout » de Septembre 1916 (N°130). Réédition chez Pierre Lafitte.1920
- « Le cœur cambriolé » de Gaston Leroux. « Je sais tout » de Janvier 1920 (N° 170).Illustré par M.Orazi. Réédition Pierre Lafitte.1922. Contient également : « Une histoire épouvantable » et « La hache d’or »
- « Euryale à Londres » de Carlton Dawne. « Je sais tout » de Février 1920 (N°183). Illustration de Forain, L.Leroy et Orazzi. Réédition Editions recto verso collection « Idées et autres…. » Hors série N° 77. Mars 1998.
- « La vivante épingle » de Jean Joseph Renaud. « Je sais tout » de Décembre 1920 (N° 180). Réédité chez Pierre Lafitte.1922.
Sir Arthur Conan Doyle. Mars 1918 N°148 J.Bruno-Ruby défie la mort…..Avril 1920 N°172
Nouvelles Fantastiques
- « La main de singe » de Jacobs. « Je sais tout » d’Avril 1905 (N°4).
- « la mascarade interrompue » de Zuylen de Nyevelt. « Je sais tout » Août 1905 (N°7).
- « Le fantôme boiteux » de Jean joseph Renaud. « Je sais tout » d’Octobre 1905 (N°9). Réédité chez Calman Lévy en 1907 dans le recueil de nouvelles « L’enlisé du Mont St Michel »
- « L’homme qui a vu le diable » de Gaston Leroux. « Je sais tout » de Mars 1908 (N° 38). Illustré par Macchiati.
- « Le monstre de « Partridge Creek » de Georges Dupuy. « Je sais tout » de Avril 1908 (N°39).
- « La tresse blanche » de René Maizeroy. « Je sais tout » de Mai 1908 (N° 40). Illustré par Georges Scott.
- « L’esprit » de Henri Duvernois. « Je sais tout » de Juillet 1909 (N° 54). Illustré par E.Loevy.
- « Le rêve de Lassalle » de G.d’Esparbès. « Je sais tout » de Décembre 1909 (N° 59).
- « L’entonnoir de cuir » de Sir Arthur Conan Doyle. « Je sais tout » de Juillet 1910 (N° 66).Réédition, editions Cosmopolites « collection du lecteur ».1929.Illustré par M.Orazi
- « L’homme qui se souvient » de Maurice Leblanc. « Je sais tout » de Février 1911 (N°85).
- « Le secret de la comtesse Barbara » de H.de Régnier. « Je sais tout » de Novembre 1911 (N° 94).
- « Une fin de bal » de Maurice Renard. « Je sais tout » d’Avril 1916 (N°126). Illustré par L.Bailly.
- « Deux professeurs et une momie » de Henry A.Hering. « Je sais tout » de Avril 1917 (N°137). Illustré par Macchiati. Réédité dans la revue « Le visage vert » de Xavier Legrand-Ferroniére, dans son anthologie « Jour de l’an chez les momies ». Mars 1987. Tirage limité à 65 exemplaires.
- « Le mystère de l’île St Louis » de Pierre Ladoué. « Je sais tout » de Janvier 1920 (N° 170).
- « La momie mystérieuse » de Albert Leprince. « Je sais tout » d’ Octobre 1921 (N° 190).
- « La main de singe » de Robert Nunès. « Je sais tout » de Janvier 1922 (N° 193). (Théâtre)
- « A bord du Yacht Daphné » de Jean Joseph Renaud. « Je sais tout » de Mai 1922 (N°197).
- « Le bateau fantastique » de Canudo. « Je sais tout » de Mars 1923 (N° 207).
- « Seconde vue » de Britten Austin. « Je sais tout » d’ Avril 1923 (N° 208).
- « Fortune de mer » de Sir Arthur Conan Doyle. « Je sais tout » d’Avril 1923 (N° 208)
- « La bague aux serpents » de Frédéric Boutet. « Je sais tout » de Mai 1923 (N°209).
- « La damnation de l’Essen » de Maurice Renard. « Je sais tout » de Août 1923 (N° 212). Réédité chez Crès en 1926 dans le recueil de nouvelles « L’invitation à la peur ». Réédité dans la revue « Le visage vert » de Xavier Legrand-Ferroniére, dans son anthologie « L’homme peste et autres contes ». Avril 1985. Tirage limité à 59 exemplaires.
- « Le fantôme de la Pandora » de Frédéric Boutet. « Je sais tout » de Décembre 1923 (N° 216)
Les « Martiens » de H.Lanos.Novembre 1906 N°22 « Les découvertes de demain » Mars 1905 N°2
Articles à caractéres conjecturaux
- « La fin du monde » de Camille Flammarion. « Je sais tout » de Février 1905. Premier numéro de cette célèbre revue. Superbes compositions de l’artiste attitré H.Lanos.
- « Ce que je ferai, ce que l’on fera » de Santos Dumont. « Je sais tout » de Février 1905. Premier numéro de cette célèbre revue. Superbes compositions de l’artiste attitré H.Lanos.
- « Le péril jaune » Anonyme. « Je sais tout » de Mars 1905 (N°2). Illustration anonyme.
- « Les découvertes de demain » Anonyme. « Je sais tout » de Mars 1905 (N°2). Superbement illustré par H.Lanos.
- « De Paris à Londres par chemin de fer » Anonyme. « Je sais tout » de Juin 1905 (N° 5). Superbement illustré par H.Lanos.
- « Si nous avion eu la guerre » du Capitaine Danrit. « Je sais tout » de Juillet 1905 (N° 6).
- « La littérature fantastique & terrible » de Gaston Deschamps. « Je sais tout » de Septembre 1905 (N°8). Superbement illustré par H.Lanos.
- « L’automobile reine du monde » du Marquis de Dion. « Je sais tout » de Mars 1906 (N° 14) Superbement illustré par H.Lanos.
- « Les machines, titans modernes » de Max de Nansouty. « Je sais tout » de Mai 1906 (N° 16). Surtout intéressant pou les superbes compositions de Lanos.
- « La grande bataille de demain » De Saint Fégor. « Je sais tout » de Septembre 1906 (N° 20).
- « Les grandes blessures de l’univers » de Max de Nansouty. « Je sais tout » de Juin 1906 (N° 17). Superbes illustrations de Lelong.
- « Ce que serait la société de demain » de G.Monorgueil. « Je sais tout » d’Octobre 1906 (N° 21).
- « L’appel d’un autre monde » de Charles Torquet. « Je sais tout » de Novembre 1906 (N°22). Superbement illustré par H.Lanos.
- « Plus fort que la nature » de Maurice Level. « Je sais tout » de Mars 1907 (N° 26).
- « Un voyage dans le ciel » de Camille Flammarion. « Je sais tout » de Juillet 1907 (N° 30). Illustré par H.Lanos
- « Quand nous aurons des ailes » de Camille Flammarion. « Je sais tout » de Septembre 1907 (N°32).
- « La science veut percer la planète » de Camille Flammarion. « Je sais tout » de Juillet 1909 (N°54).Superbement illustré par H.Lanos.
- « Floraisons chimiques » Anonyme. « Je sais tout » de Avril 1911 (N° 76).
- « Quelques inventions baroques relatives à la guerre maritime. Rêveries de maniaques ou visons de précurseurs » de Francis Marre. « Je sais tout » d’Avril 1916 (N°126).
- « La carte de l’après guerre » de H.G.Wells. « Je sais tout de Septembre 1916 (N°130).
- « La tache de l’homme blanc » de H.G.Wells. « Je sais tout » d’Octobre 1916 (N°131).
- « Anticipation : le tunnel sous la manche de Douvres à Calais » de A. de Pawlowski. « Je sais tout » de Novembre 1916 (N° 132).
- « S’il y avait encore la guerre » de Jacques Mortane. « Je sais tout » de Mai 1920 (N°174).
- « De la terre à la lune » de George Houard. « Je sais tout » de Juin 1920 (N°175).
- « Ou en est la science ?quel avenir nous réserve t-elle ? » de E.Perrier. « Je sais tout » de décembre 1912 (N° 181).
-« Si l’on supprimait la monnaie » de Hyacinthe Philouze. « Je sais tout » de Janvier 1921 (N° 181).
- « Ce que pourrait- être la bataille navale du Pacifique,hypothèses » de G.Toudouze. « Je sais tout » de Novembre 1921 (N°191).
- « Un anticipation scientifique : de la terre aux planètes » Anonyme. « Je sais tout » de Février 1922 (N° 194).
- « Une anticipation : le bateau sphérique » Anonyme. « Je sais tout » d’Avril 1922 (N° 196).
- « Une curieuse anticipation : un sous marin qui peut s’envoler » Anonyme. « Je sais tout » de mai 1922 (N° 197).
- « Si le Gulf Sream changeait de route » Anonyme. « Je sais tout » de Janvier 1923 (N° 205).
- « Une réalisation possible : L’avion taxi » Anonyme. « Je sais tout » de Février 1923 (N° 206).
- « Aurons- nous bientôt des bateaux de 100 000 tonnes ? » Anonyme. « Je sais tout » de Mars 1923 (N° 207).
- « Que sera notre vie dans 10 ans ? » Anonyme. « Je sais tout » de Décembre 1923 (N° 216).
Deux exemples de l’immense talent de H.Lanos
« Les premiers hommes dans la lune » Septembre 1908 N°8 « La guerre des mondes » Septembre 1905 N°8
« Un monde sur le monde »
Roman inédit de Jules Perrin et Henri Lanos. Parution dans la revue « Nos Loisirs » du N°46 à 51 (13 Novembre au 18 décembre 1910) et du N°1 au N°6 (1er Janvier au 5Février 1911) illustration de H.Lanos et P.Carrey. Réédition, Edition Apex collection « Périodica » 1993.
Dans les plaines de la Champagne, se dressent les assises d’une inconcevable et prodigieuse ville de fer, plus vaste que Paris et d’une hauteur vertigineuse. L’opinion publique s’alarme, la presse s’interroge, le gouvernement commence à paniquer : Que signifie donc cet étalage de puissance ? Le promoteur de cette colossale entreprise n’est autre que le milliardaire Goldfeller le « roi des pierreries » un excentrique plein « aux as ». Mais que cache exactement le projet démesuré de cet original ?
Le gouvernement dépêche alors une délégation qui sous couvert d’une visite officielle, compte bien y faire une enquête officieuse. Dans le groupe, un homme de l’information, un journaliste du nom de Bayoud qui loin d’être impressionné par ce projet insensé ira même qualifier Goldfeller de « Roi du bluff »…dans l’ombre des hommes vielles ! Profitant de l’inattention des guides qui assurent la visite, le journaliste commence son enquête. Celui-ci est intrigué par une gigantesque lanterne en forme d’hippocampe qui à son avis sert à autre chose que d’éclairer les recoins de cette ville de fer. Il s’égare dans les entrailles de la cité et découvre un petit havre de paix où il aperçoit de façon très fugace, les contours d’une créature de rêve. Il n’a pas le temps de pousser plus en avant son exploration, deux « malabars » l’attrapent par le collet pour le conduire sans ménagement devant le maître des lieux.
Après l’avoir conduit tout en haut de la tour centrale (1900 mètres tout de même) et de le menacer de le faire disparaître s’il refusait d’être son prisonnier, Goldfeller l’entraîne alors dans une visite personnalisée de sa création « Aéria » A bord d’un curieux véhicule fait de verre et reposant sur un monorail, Bayoud mesure l’immensité du projet :
« Dans cette clarté blanche, on voyait à l’infini s’agiter les petites ombres noires des hommes, tourner, en girations majestueuses, les ailes et les bras des machines dans une espèce d’apothéose de cette féerie du travail humain ; les gémissements retentissants du métal déchargé sans trêve pour être assemblé et battu par l’outil montaient dans ces lueurs de fournaise vers le ciel plein d’étoiles. »
– « Ainsi, pensais-je, tout ce monde d’ouvriers rassemblé ici par la volonté de cet homme y demeure, y couche, y vit, s’y distrait en dehors des heures de travail ; déjà ce colosse informe recèle dans ses flans une ville entière… »
Le but de ce diable d’homme est donc de peupler sa gigantesque mégapole avec les ouvriers qui l’on construite. Tout est prévu pour leur confort et leur bien être :
« Nous étions au centre d’une immense place,en forme de rotonde,qui me donna l’impression de la place de l’opéra,avec ses candélabres électriques,son mouvement de foule,ses magasins éclata,ts et la perspective de vastes rues qui en rayonnaient ; tout un peuple circulait sur les trottoirs,patientait aux refuges,se hâtait pour traverser la place,s’éparpillait dans les voies adjacentes ;des cars mu par des trolleys passaient pleins de voyageurs,dans de brèves sonneries de cloches et de timbres ; à l’angle de deux rues,la façade haute d’un théâtre annonçait en lettres lumineuses le spectacle du soir. »
Cette formidable entreprise, convainc le journaliste, il se laisse charmer par cet ambitieux challenge mais aussi par la gracieuse silhouette aperçue l’espace d’un instant. C’est alors une nouvelle captivité qui commence pour lui et qui va lui permettre de sa déplacer plus ou moins à sa guise dans ce « monde sur le monde » et rencontrer tout son lot de personnages singuliers, se vouant corps et âmes au milliardaire : Rassmuss le président de cet étrange « club », Kandy le préparateur spécialiste en toxicologie et en magie, Hatwig le scientifique sans scrupule :
« Eux-mêmes étaient donc autant d’espions attachés à mes pas. Néanmoins en leur compagnie, je visitai leurs laboratoires, leurs bibliothèques, leurs cabinets d’études et d’expériences et je les assistai dans l’installation des appareils merveilleux dont la destination n’avait cessé de m paraître inexplicable. »
Mais au dehors, dans les campagnes la révolte commence à gronder, cette ville gigantesque mobilise une quantité incroyable d’eau potable, sans parler des scientifiques qui se livrent à des expériences assez néfastes pour l’environnement :
« Votre œuvre fait ombre sur les campagnes, cache le soleil, dévore l’eau des pluies et des fleuves, l’autre jour vos essais de pluies et des fleuves on noyé les pauvres récoltes des paysans et vos explosions de dynamite pour le forage des nouveaux puits ont tué des enfants qui revenaient de l’école de Montepreux. Voilà la révolte ! »
Goldfeller va agir promptement et pour la première fois depuis son séjour, conduit le journaliste dans une immense salle, véritable laboratoire entièrement recouvert de manettes et de boutons à l’usage mystérieux et terrifiant. Probablement le cerveau central de la ville, le lieu des futures exactions à l’encontre des opposants à sa folie mégalomane. Aidé par Kositch, un expert des drogues et de la chimie, il commande à distance une véritable « pulvérisation » d’un gaz asphyxiant dont il observe les effets au moyen d’ingénieux écrans « vidéo ».
Le résultat de se fait pas attendre, les corps gisent inanimés dans la campagne environnante (morts ou étourdis ?). L’affaire fait bien évidemment grand bruit et l’on détache le sénateur Massicot, le préfet et tout son cabinet afin de demander des comptes. Le milliardaire les prend de haut et malgré les menaces de ces derniers sur un embargo possible de l’approvisionnement et du gel de ses capitaux boursiers et bancaire, celui-ci ne voit dans ces propos qu’une déclaration de guerre et une ouverture des hostilités. Il en profite alors pour leur révéler la puissante machine de guerre dont il est équipé, une redoutable armada de dirigeables au revêtement indestructible, armés jusqu’au dent et d’une vélocité incroyable. Mais il garde le meilleur pour la fin en leur dévoilant une autre de ses armes, la plus terrible : une machine à fabriquer les typhons !
« A ce signal convenu, un mugissement effroyable répondit. On eût dit que vingt bouches monstrueuses, s’ouvrant au dessous de nous dans les profondeurs de la tour, aspiraient l’air comme autant de ventouses. En quelques secondes, l’horizon se noircit de nuages noirs : en bas, dans la campagne, les arbres commencèrent à ployer sous un souffle de tempête ….. Sous les clameurs de l’orage,aux lueurs fulgurantes des éclairs,le vent hurlait,balayant tout sur son passage,tordant et déracinant les arbres qui voltigeaient comme de feuilles arrachant les toitures des maisons,balayant comme des mouches les curieux rassemblés et attendant au bas de la tour. Nous vîmes un escadron de cuirassiers qui manoeuvrait dans la campagne soulevé de terre et les cavaliers voltiger dans ma tourmente, avec leurs culottes rouges on eût dit des feuilles sanglantes que le vent d’automne arrache aux vignes vierges. »
Encore sous le choc de cette vision terrifiante, Bayoud est convoqué dans le cabinet de Goldfeller.En l’attendant ? il ne peut s’empêcher d’activer une manette située sous un immense écran. Emerveillé, il découvre l’image d’un magnifique jardin occupé par la charmante créature qui ne cesse de l’obséder depuis le début de son aventure. Comme il va l’apprendre par la suite, c’est la fille du milliardaire, d’une santé très délicate mais de charmante compagnie comme il pourra s’en rendre compte après une invitation faite par celle-ci. Il en tombe bien évidemment amoureux. Ainsi l’homme aux nerfs d’acier, capable des menaces les plus viles et qui gouverne son « état » d’une main de fer aurait un cœur ?
Pendant que nos deux tourtereaux roucoulent dans leur coin, en ville une autre menace ce fait de plus en plus pressante. Dans sa folie des grandeurs, le « roi de pierreries » n’avait pas prévu qu’il ne suffit pas simplement de donner des loisirs et de la nourriture à toute une population d’ouvriers. Car ces gens du peuple, intègres dans la grande majorité, abrite en son sein une minorité de fauteurs de trouble qui n’hésitent à semer la discorde dans cette société d’apparence idéale. Des rixes commencent à éclater, des assassinats même. Dans cette oisiveté survenant après des mois d’un intense travail, germait un péril inconsidérément imprévu. Une police assez brutale, hâtivement organisée et conduit un peu sans mesure, vint augmenter le désordre au lieu d’y remédier. Il fallait trouver une parade.
C’est Rassmuss qui propose la parade. En effet dit-il la construction de la ville à monopolisée des milliers de travailleurs alors que les femmes ne sont que quelques centaines, si nous voulons calmer ce peuple de travailleur, il faut leur offrir des femmes. Mais comment procéder ! Le moyen est radical et on va calmer la révolte en anesthésiant tout le monde, et pour leur réveil on leur prépare une nouvelle sensationnelle : Le lendemain soir la ville sera ouverte à toutes les femmes qui désireront en faire l’ascension. Toutes seront admises à visiter le trésor des gemmes fabriquées par le roi des pierreries, et en souvenir de cette soirée une distribution gratuite de diamants de rubis et des saphirs sera proposée :
« Depuis deux jours,disaient les journaux d’une puissance de Paris,des projections lumineuses d’une puissance inconnue promenèrent sur les trottoirs et sur les murs des maisons les annonces de cette nouvelle fantaisie de Goldfeller ;des millions de prospectus imprimés volent en l’air,tombent des rues dans toutes les mains frémissantes ;la lecture de ces folles promesses détraque les cerveaux de toute les femmes et l’on dit que déjà il y en a des milliers en route de tous les coins de France vers la tour dont le roi des pierreries semble avoir fait le pandémonium de l’extravagance et de la perversité… »
C’est alors une véritable nuit de frénésie, des bacchanales aux proportions démesurées à l’image de cette ville qui est entrain de vivre ces derniers instants de liberté. Dés le lendemain, les premières rumeurs commencent à arriver, à l’extérieur, la populace demande des comptes, tout le monde vient pour réclamer ces femmes « enlevées » la veille et retenues prisonnières. Cette fête n’a pas été au goût de tout le monde et des rumeurs de séquestration en masse, enflent de plus en plus. Aux portes de la ville les gens de l’extérieur s’amassent, vite balayés par un cyclone créé par le maître des lieux. La réplique ne se fait pas attendre, on coupe l’accès à la ville,le ravitaillement est interrompu ,le gouvernement isole Aëria : cette fois c’est la guerre ! Kositch, Hartwig, Rassmuss et Kandy sont aux anges ….L’avis est de s’enquérir au plus tôt des mouvements d’attaque possible contre la tour. A cet effet deux dirigeables sont envoyés en éclaireur, à trente kilomètres à peine le premier corps d’une armée Française est en marche. Les troupes se rapprochent est c’est face à un telle menace que les mystérieux globes observés par le journaliste lors de sa première visite, entrent en action. Situés aux quatre coins cardinaux de la ville, ils se révèlent bien plus que des simples lampes gigantesques :
« Et, brusquement, d’un seul bond, dans une détente définitive de leur organisme mystérieux, les quatre monstres s’élancèrent comme des vivants au dessus des campagnes dont ils semblaient sonder la profondeur avec des ondulation de sauriens des époques préhistoriques. Presque aussitôt une lumière implacable fut projetée au loin par les globes cerclés de feu de ces lanternes quasi vivantes qui se mirent à se tordre dans tous les sens ; dans les rayons qu’elles se lancèrent ainsi que de l’une à l’autre, on put voir qu’en arrière de ses globes, au fond d’une petite cage logée au dessus de la tête du monstre, un homme était assis. A chacune de ces bêtes, une intelligence vivante et audacieuse avait été assignée pour une œuvre encore mystérieuse de destruction et de mort. »
De destruction et de mort il va en être question car le mugissement d’une sirène se fait entendre et à ce signal infernal les globes lumineux s’entrouvrent et c’est le souffle de l’enfer qui se déchaîne dans la vallée :
« Au contact de l’air, la lumière se faisait flamme, allumait tout sur son passage, incendiant au lieu d’éclairer, brûlant instantanément tout ce qui se trouvait dans son champ. Sous l’ardeur de ces projections, l’atmosphère prit feu dans un rayon de vingt lieues : des villages entiers se mirent à flamber en avant, en arrière et tout autour de l’armée quelques instants auparavant endormie à une journée de marche d’Aëria. Jusqu’au plus lointain de l’horizon la campagne catalaunique,la Brie et L’île de France,illuminées,apparaissaient aussi nettement que l’orbe lunaire dans la clarté d’une nuit d’Orient ;sur le fond d’or de l’air en feu une multitude de points commença de s’agiter,de courir de ci de là. Surpris dans leur sommeil,les hommes et les bêtes tentaient de fuir et presque tout de suite prenaient feu à leur tour,flambaient comme des étincelles rouges,finissaient par tomber et disparaître dans la fournaise. »
C’est un paysage d’apocalypse, un massacre d’une barbarie sans précédent. C’est non sans fierté que l’on clame le pouvoir de la « Fulgurite »une invention des plus folle, une substance révolutionnaire dont la propriété est de s’enflammer au contact de l’air. C’est la première grande victoire d’Aëria et l’on se prépare à recevoir les héros, ces « Fulgurants » comme on les appelle ici.
« Ils étaient revêtus d’une espèce de costume de scaphandrier en toile d’amiante et leur tête était protégée par un casque vitré en forme de bec d’oiseau de proie dans lequel l’air respirable leur était distribué pendant out le temps de la dangereuse manœuvre qui, ouvrant la lanterne au contact de l’atmosphère, rendait celle-ci brûlante et mortelle. »
Mais il semble que Goldfeller ne semble pas vouloir arrêter là ses sinistres forfaits, un nouveau plan est mis à exécution et cette fois c’est une flottille de dirigeable qu’il envoie sur Paris afin de larguer des bombes incendiaires. La capitale réplique est c’est Aëria qui est à son tour bombardée détruisant par la même occasion un des redoutables globes. Dans la ville la colère gronde, les habitants se sentent menacés et veulent quitter la place, le « roi des pierreries »sent une perte de contrôle face à la peur qui les anime. Il leur propose un marché, lui accorder vingt quatre heures, le temps de mettre au point son ultime et coup décisif contre le gouvernement Français.
Sachant que l’armée prépare une ultime attaque, réunissant toute sa flotte aérienne disponible, Goldfeller va tout simplement gazer l’atmosphère se trouvant aux alentours de la ville. Prévenant à l’avance la population de se terrer dans les entrailles de la capitale, afin d’éviter les effets mortels de ce gaz plus léger que l’air il espère ainsi mettre toute cette armada en déroute et priver ainsi l’armée de sa force de frappe la plus dangereuse. Mais l’homme n’est pas dupe et craignant que son plan ne puisse arriver à son terme il charge Bayoud d’une bien délicate mission. Sa fille est d’une santé fragile et il craint que c’est état de siége ne la mette encore plus en dangers. Yella sera donc confiée à ses bons soins, tout a été organisé,un tunnel souterrain les conduisant à l’aide d’une voiture dans une ferme située à quelques kilomètres d’Aëria, l’hébergement à Troyes par des gens dignes de confiance, leur avenir à l’abri du besoin….
Lui qui avait tant rêvé de ce moment, se retrouve le cœur un peu serré à l’extérieur de sa prison d’acier et de la fenêtre de sa chambre regarde la flotte tricolore, tel un immense nuage noir chargé des armes les plus terrifiantes qu’il soit, se diriger vers cette Babel des temps modernes, mais un pouvoir de destruction encore plus puissant les attends
« A quel moment les émanations meurtrières commencèrent elles à agir sur les équipes qui dirigeaient les ballons ? Cela personne ne l’a jamais su ;mais il m’est permis de présumer,d’après ce que j’avais entendu dire de Goldfeller lui-même,que l’intoxication fut progressive,allant de la stupeur au sommeil pour aboutir à la mort. En tout cas,quand les aérostats passèrent au centre d’Aëria,il sembla que la vibration de l’air se fît plus forte,comme si les courants de vapeurs délétères avaient augmenté d’intensité : en même temps il y eut dans la course des dirigeables un temps d’arrêt ,un flottement ;et,brusquement,ensemble,tous se mirent à dériver dans le vent qui soufflait de l’est et,faisant demi-tour par courbes,ils reprirent leur route en sens inverse ;même il y en eut deus qui s’entrechoqérent et s’en allèrent serrés l’un contre l’autre pour l’étonnement de ceux qui regardèrent cette scène sans en comprendre le mystère. Deux heures plus tard,cette flotte désemparée,sans âme,passait au dessus de Paris,traversait l’ouest de la France pour aller avec ses pilotes morts,se perdre dans l’océan Atlantique ou le premier cyclone venu des Antilles devrait achever de l’anéantir »
La suite des événements qui se déroulèrent à l’intérieur de la ville sera décrite dans les journaux du lendemain. Visiblement la population, ne supportant plus la dictature de leur maître, se révolta, cherchant par tous le moyens à fuir ce lieu de désolation. Les scènes de paniques se succédèrent, chacun essayant de fuir par ses propres moyens, les dirigeables de la ville seront pris d’assaut, une émeute épouvantable où les morts se comptent par centaines. Yella s’inquiète sur le sort de son père, dont elle ignore les agissements. Une lettre lui sera remise, ou il s’excuse des erreurs passées tout en lui donnant sa bénédiction pour son éventuel mariage. Il est temps pour lui de payer ses lourdes fautes. Mais avant de tirer sa révérence, il a préparé une toute dernière surprise à ses agresseurs de l’intérieur, ses fous qui ont organisé cette catastrophique émeute, détruisant 0 jamais son rêve d’un monde nouveau. Bayoud se rappelle alors les dernières phrase de son geôlier : « J’anéantirai tout s’il le faut, plutôt que de Céder »
« Un spectacle effrayant et grandiose me cloua sur place : la tour d’Aëiai, se découpant carrément sur le ciel de presque toute sa hauteur, dominait la campagne comme un bloc de feu ;sillonnée d’éclairs dans tous les sens,elle s’érigeait dans la nuit comme une prodigieuse escarboucle dont le rayonnement,grandissant de seconde en seconde,se fixait par place en passant du bleu au rouge. Bientôt la masse entière fut en ignition, ce cube de métal rougeoya jusqu’à la transparence d’un colossal rubis, rayonnant jusqu’à nous une chaleur insupportable. En même temps son faite se prit à flamber comme une torche : au dessus de cette montagne de métal portée au rouge, Aëria venait de prendre feu ! »
La fin d’un monde
« Un monde sur le monde » est sans contexte un des grandes réussites des textes publiés dans les revues d’avant guerre. Annoncé à paraître dans la revue « Je sais tout » en Janvier 1907, c’est finalement la revue « Nos loisirs » qui eut l’honneur de publier ce court roman de Perrin et Lanos.
Perrin est déjà connu des amateurs du genre puisqu’il rédigea toujours pour la même revue « Je sais tout » un curieux roman « L’hallucination de Mr Forbes » (de Novembre 1907 à Février 1908). L’ouvrage paraîtra en volume la même année aux éditions Fasquelle « bibliothèque Charpentier » sous le titre « La terreur des images » :
« Un peu partout, les gens sont frappés de visions et rapidement les phénomènes s’amplifies et se multiplient partout dans le monde et comme ses « visions » sont essentiellement des faits se produisant réellement mais projetés un peu partout sur la terre il en résulte drames et bouleversements. Ce qui est de plus terrible c’est que lorsque vous pensez a quelqu’un, il « vous voit ». Le président des Etats-Unis va ainsi s’accrocher avec le Kaiser par vision interposée et va suivre une guerre, bien réelle, entre les deux pays. »
La force de ce roman, qui reste fortement fantastique,vient certainement des magnifiques compositions faites par Lanos dont celle entre autre où l’on voit le peuple Parisien assister terrifié à une gigantesque bataille navale entre cuirassiers Américains et Allemands et se projetant dans la ciel.
En ce qui concerne Lanos, je ne voudrais pas trop m’étendre sur le sujet car je compte lui réserver un jour un article complet, mais il faut signaler qu’il fut avant tout un artiste de génie, un des plus grands illustrateurs de science fiction Français du début du XXéme et qu’il effectua pour de nombreuses revues, de splendides compositions qui hélas de nos jours se retrouvent éparpillées dans des dizaines de magazines mais dont une bonne partie se trouve dans la revue « Je sais tout ». Il est regrettable que « Un monde sur le monde » fût édité par « Nos loisirs » car malheureusement la qualité du papier est vraiment exécrable et je pense que si Lanos eût été édité par « Laffitte » ses dessins auraient bénéficié d’un meilleur traitement.
Lanos, dont presque personne ne se souvient, accorde toujours à la machine un coté titanesque, une espèce de monstre créé par l’homme et qui semble à tout instant vouloir l’avaler. L’être humain est toujours écrasé par son gigantisme et si ce dernier en est le concepteur, l’illustrateur semble vouloir nous rappeler que tout n’est qu’illusion et que l’homme dans son pouvoir de conquête et sa soif de domination n’est que l’instrument vulnérable et mortel de sa toute puissance. Avec ce roman écrit en collaboration avec Perrin, il nous démontre une fois de plus que la machine conduit toujours l’espèce humaine à sa destruction.
Mais je pense que pour se donner une idée encore plus renforcée de son immense talent il faut se reporter semble t-il aux planches qu’il réalisa pour le roman de Wells « When The Sleeper Wakes » publié en 1899 pour la revue Britannique « Graffic » et dont nous ne possédons qu’une seule et unique illustration, chaque fois utilisée pour citer cette référence. Lanos collabora également comme auteur et illustrateur pour le roman « L’aérobagne 32 » avec E.Laumann (Editions Hachette « Bibliothèque de la jeunesse » 1923), illustra les hors textes du roman de Pierre Vernou « Le pirates de l’air » (Paris Librairie Hachette et Cie 1913). Pour terminer cette bibliographie sélective il écrivit et illustra deux autres romans, un peu plus destiné pour la jeunesse, tant son coup de crayon se métamorphosa de manière radicale, avec un trait plus léger et l’utilisation de la couleur ajoutant un peu plus de douceur à ses personnages :
- « Le grand raid Paris la Lune » paru dans la revue « Pierrot le journal des garçons » du N°115 au N°122 (Dimanche 14 Mars 1928 au Dimanche 22 Avril 1928).
- « Les hommes de fer du Docteur Hax » paru dans la revue « Pierrot, le journal des garçons » du N° 37 au N° 44,septième année (Dimanche 11 Septembre 1932 au Dimanche 30 Octobre 1932).
Avec le roman dont vous venez de lire le résumé, il se place à mon avis dans le groupe assez restreint des écrivains conjecturaux d’avant guerre de talents et permettant encore de nos jours de légitimer un genre qui ne fit pas toujours l’unanimité. Je ne vous cache pas que ce roman reste sans contexte un de mes préférés car il est le résultat parfait de équilibre entre l’aspect littéraire et artistique. Les thèmes abordés sont toujours effectués avec une grande imagination et un sens de la démesure assez incroyable et l’importance que donnèrent ces deux écrivains au thème de la ville, leurs permirent de nous livrer une œuvre unique et novatrice dans le genre.
Dans « Un monde sur le monde » on retourne un peu au fondement de l’utopie où le Milliardaire rêve de créer une société idéale, certes selon ses propres critères, mais s’articulant sur le principe d’un monde harmonieux et parfait. Le seul problème à sa chimère est qu’il n’avait pas prévu le facteur humain et que l’on ne dirige pas la classe ouvrière par la force et la terreur. A travers ce roman, les auteurs dénoncent le danger de la science et de la folie destructrice qu’elle peut engendrer lorsqu’elle est placée entre des mains guidées par la soif du pouvoir.
Lorsque Jean pierre Moumon réédita ce chef- d’œuvre dans sa collection « Périodica » il y voyait à raison une « anti-utopie technologique » mais là ou je ne suis pas tout à fait d’accord c’est lorsqu’il parle de « dénonciation de la prolifération urbaine incontrôlée et la dégradation des sites naturels qui en résultent » saluant même « Une œuvre écologiste avant la lettre ». Je ne pense pas que les auteurs voulaient dénoncer une urbanisation croissante, je pense que leur discourt était beaucoup plus politique, car on assiste à une véritable exploitation de la classe ouvrière par le pouvoir du capitalisme,symbolisé par un Goldfeller complètement aveuglé par son désir de puissance. Peu lui importe le destin de sa population d’ouvriers, il pensait, grâce à sa technologie asservir tout un peuple qu’il jugeait incapable de se soulever. Au final, c’est la cupidité qui va mettre une fin à ce rêve idéaliste, car les hommes qui le soutinrent dans ce projet, eux aussi contrôlés par la peur suscitée par ce maître despotique finiront par se révolter et organiser le soulèvement final.
Ce roman est une véritable analyse négative de l’âme humaine, du pouvoir corrupteur de l’argent et de la science. Car ici, la science a un rôle prépondérant et son utilisation nous démontre une fois de plus à quel point les écrivains, les intellectuels, avaient en elle une méfiance toute particulière. Je dirais même pour être moins catégorique, que lorsqu’elle est confiée à des esprits retors, elle est l’instrument idéal pour asseoir sa folie destructrice. La science en soi n’est pas malfaisante, c’est la main qui l’utilise qui détermine sa véritable fonction. Goldfeller n’hésita pas à créer des machines capables de générer des typhons et des machines produisant des rayons ardents d’une capacité destructrice inimaginable, dans le seul but d’arriver à ses fins et de s’affirmer en maître absolu. Il n’a cure des milliers de vies que vont prendre ses inventions, il veut imposer son pouvoir selon ses propres règles.
La fin est de ce fait est toute tracée et les auteurs gardant un certain optimisme quant à la nature humaine, trouve une solution non pas dans une montée graduelle du rapport de force,mais dans un final historiquement éprouvé,par la révolte du peuple. Saluons les scènes apocalyptiques de destructions en masse, rédigées par les auteurs dont certaines reprises plus hautes sont d’une violence et d’une démesure rarement rencontrée à l’époque.
Je regrette toutefois que le soulèvement de la population, ne fût pas décrit de manière plus détaillée et que les seules descriptions de la fin d’Aëria,proviennent d’un compte rendu réalisé par la presse. La ville En effet si la ville est une constante dans les œuvres d’imagination scientifique, elle ne servira bien souvent que de toile de fond au roman. Ici, le milieu urbain n’est pas un simple décor, il devient l’élément de l’action, les enjeux de l’histoire.
La ville représente le symbole d’une société, le modèle, le lien qu’utilise l’écrivain afin de donner libre cour à son imagination. En fonction du cadre dans lequel elle se situe, elle sera soit le symbole d’une technologie triomphante, le progrès au service de tous et dont tout le monde pourra bénéficier sans restriction, ou alors le reflet d’un univers technologiquement froid et impitoyable, une énorme machine gouvernée par une minorité très puissante et exploitant une majorité misérable. Ce n’est pas par hasard si Théa Von Harbou, épouse de Fritz Lang, désigna sa ville sous le nom de Métropolis. En effet dans ce nom on retrouve le mon « Métropole » et dont la racine est constitué du mot « mère ».
La ville est le reflet du progrès,d’une société sans cesse en évolution,véritable « matrice » qui enfante toute la science de l’humanité,sera le lieu privilégié d’une multitude de roman. Je repense notamment à un autre texte publié dans une autre revue « Lecture pour tous » et signé de la plume d’Octave Béliard « La journée d’un Parisien au XXI éme siècle » (Décembre 1910) et qui n’est pas sans nous rappeler les mêmes délires architecturaux d’un autre écrivain et illustrateur de génie : Albert Robida. Robida, dans un grand nombre de ces écrits et dessins, accorda à la ville une importance capitale. Sa verve complètement décalée pour l’époque, donne à toute son œuvre une impression de franche rigolade qui sera une constante tout au long de sa carrière.
L’optimisme de ses premiers ouvrages nous montre qu’il avait une certaine foi en la science, propos qui changeront du tout au tout par la suite avec son œuvre la plus pessimiste, « L’ingénieur Von Satanas ».Du reste la partie de ses écrits ou il est question de la science au service de l’armée n’est qu’une longue description de massacres à l’échelle scientifique (« La guerre au vingtième siècle » librairie illustrée 1887 et la série « La guerre infernale » avec P.Giffard Méricant 1908). Son pavé « le XXéme siècle » suivi de « La vie électrique » est un brillant exemple de la technologie future et de ces diverses applications. C’est un véritable catalogue que nous livre l’auteur où rien ne sera négligé :
L’architecture démesurée avec des immeubles immenses dont les toits font office de pont d’envol à des engins de toutes sortes, transports aériens avec son cortége d’aérocabs, aérochalets, omnibus aériens et le fameux « tube » propulsant un cylindre rempli de passagers à une vitesse folle au moyen de puissantes machines électriques. Les télécommunications avec le téléphote, le téléphonoscope, un ancêtre de la vidéo (que nous retrouverons chez Béliard et chez Verne dans son ouvrage « La journée d’un journaliste Américain en 2889 »).Les loisirs, l’armée, la politique, l’alimentation où il est question d’une « compagnie générale de l’alimentation », expédiant au moyen de tuyaux, votre nourriture à domicile. La fameuse « pilule » n’est pas encore d’actualité et il faudra attendre Boussenard et son ouvrage « Les secrets de Mr Synthés » (Marpon et Flammarion 1888) afin de voir son apparition.
Mais sa plus grande prophétie est sans contexte sa perception du rôle de la presse et de la publicité dans les années à venir. A cette époque, le journaliste est le symbole de l’homme aventureux, un être un peu sans cervelle capable d’affronter toutes les situations car de nature très curieuse et téméraire : il est le héros des temps moderne !
Quand à la publicité, Robida comprit très tôt les avantages et les inconvénients du « matraquage publicitaire ». En effet, les grandes villes sont les endroits idéaux pour le conditionnement du futur consommateur et les exemples dans ce domaine sont innombrables : « Le XXéme siècle » où les toits sont recouverts de panneaux publicitaires, « Le triomphe des suffragettes » de J.Constant où des inscriptions gigantesques sillonnent le ciel,dans « la journée d’un journaliste Américain en 2889 », ce sont les nuages qui serviront de cinéma aériens,viendront ensuite les télés géantes placées dans les rues dans le roman de Cyril et Berger « La merveilleuse aventure de Jim Stappleton ». Toutefois si les transports aériens font preuve d’une grande inventivité, au sol tout sera très banal avec la classique voiture électrique et l’indétrônable tapis roulant. L’habillement sera également des plus simple,les auteurs de ses anticipations n’étant pas de grands couturiers, se montrèrent peu inventifs avec soit des tenues très fin 19éme en plus excentrique,soit le sempiternel juste au corps très sellant.
Pour ne citer que les romans les plus célèbres, « Dans 1000 ans » de E.Calvet , un magnifique cartonnage de 1884 où l’auteur exploite également tous les domaines possible (agriculture,transport…..), « Un ville de verre » de A.Brown,ici « Cristallopolis « a été créée comme une sorte de phalanstère, Bleunard et sa « Babylone électrique »« Electropolis », qui transforme un coin du désert en oasis au moyen de l’électricité, Graffigny utilisera la même source énergétique pour alimenter son Gabriel de Tarde qui avec son « Fragment d’histoire future » situe la ville des derniers descendants de l’humanité sous terre,comme le fera d’ailleurs Pellos dans son extraordinaire « Futuropolis », l’incontournable Régis Messac,notre père spirituel à tous qui nous décrit dans sa « Cité des asphyxiés » une ville abritant un monde fait de paradoxes.
Malgré tout cela, dans ces œuvres, la ville est un centre d’activité fébrile, nécessaire à la survie de l’homme car elle symbolise soit son bien être soit sa survie où il profite de tout ce que la science à de bon à lui donner. Un centre de bienfaits et de plaisirs ouvert à tous.
Mais toute sa médaille a son revers et si bon nombre de romans respirent la gaieté et la joie de vivre, d’autres par contre nous plongent dans les entrailles de cités où la noirceur de ses artères nous fait frémir de désespoir. Les villes décrites au fil de ces contres utopies nous accablent, nous submergent d’un flot de tristesse.
Un texte qui sous des apparences trompeuses pourrait nous faire croire au triomphe de la science pour le bien de l’humanité est de celui de Pierre Souvestre avec son « Le monde tel qu’il sera » (1846). Voilà encore un texte remarquable qui mériterait une réédition ! Pratiquement introuvable, ce roman laisse déjà transpirer la crainte de l’automatisme et la peur du progrès. L’homme devient une véritable marionnette victime du progrès qui le submerge. Ville et modernisme sont étroitement liés, elle est la matrice qui engendre tout ce dont la société à besoin. Le point culminant de l’histoire venant avec la description de « L’institut pour les jeunes gens et les jeunes demoiselles non sevré ». Bien avant Huxley,Souvestre nous décrit ici un véritable centre de conditionnement où les enfants,une fois sevrés,sont dirigés en fonction de leurs protubérances crâniennes et les besoins de la ville,vers telles ou telles spécialités. Procédés qui sera réutilisé par Xavier de Langlais en 1946 dans son roman « L’île sous cloche ».
L’univers décrit est une incroyable société de consommation où, pour avoir le mieux il faut travailler plus (Bizarre cela me rappelle quelque chose..). Il faut travailler, travailler, enrichir l’état, consommer à outrance, dans un monde ou plutôt le « meilleur des mondes » où héla les inadaptés sont déportés dans l’île des réprouvés.
Dans le même style et afin de noircir encore plus le tableau, voyons un peu l’ouvrage de E.Zamiatine « Nous autres » (1920). Peut-il exister un monde plus noir, une ville plus triste que cette véritable cité de verre, aux appartements transparents, pour mieux espionner les gens, non je veux dire les numéros. Car toute identité est ici refusée, tout est contrôlé, étiqueté et surveillé. La technologie y est implacable, utilisée afin de rendre encore plus esclave sa population.
Idem pour « La Kallocaïne » (1940) de Karin Boye où les villes sont divisées par spécialités. L’histoire se déroule dans la ville des chimistes, cité dortoir servant à des fins expérimentales. L’œil et les oreilles de la police sont partout, les enfants dénoncent leurs propres parents, un chimiste inventera un sérum permettant le contrôle de la pensée : Un état policier, pour une population vivant dans la crainte…l’ombre de Big Brother n’est pas loin. Il se peut d’ailleurs que l’importance de l’ouvrage de Orwell écrit pourtant en 1949 ait complètement « étouffé » les qualités de celui de Boye.
« 1984 » possède de grandes qualités, sans qu’il soit toutefois mon préféré mais il,fait reconnaître qu’il reste un modèle du genre qui a un peu « démocratisé » la signification de l’anti-utopie avec la description de cet état totalitaire,souvent à la limite du supportable. Jamais roman ne m’avait donné une telle sensation d’étouffement (superbement porté à l’écran en…1984 par Michael Radford et une bonne interprétation de John Hurt et de Richard Burton).
Je ne vous ferai pas l’offense de vous parler du « Meilleur des mondes » de A.Huxley (1932), cette société heureuse( ?) où chacun possède une place dans un monde citadin bien confortable,peut-il être le meilleur qui soit ? (Thématique reprise avec brio dans « Quand ton cristal mourra » de William F Nolan 1967 qui donna le film « L’age de cristal »« THX 1138 » (1976) et du superbe mais glauque de Georges Lucas en 1970)
Jetons un petit coup d’œil rapide sur un autre texte moins connu de Marcel JeanJean « La merveilleuse découverte de l’oncle Pamphile ». Dans une cité de l’an 2000, les deux jeunes héros du roman découvrent tous les bienfaits du progrès et de la science. Tout ce bien être cache cependant sous de trompeuses apparences une humanité soumise à d’énormes contraintes et à un gouvernement cupide qui règne en une véritable dictature.
Un autre roman également fort intéressant, nous décrit une autre ville monstrueuse et abjecte, « L’age Alpha ou la marche du temps » de Ben Jackson (pseudo de M.Gerbault). Texte important dans le domaine mais hélas complètement oublié de nos jours. « Chrome 76 » est une ville champignon, l’apogée d’un des plus grands consortiums de la planète. Ville de plaisirs, de loisirs mais aussi de haine et de souffrance. Etat policier, peuple opprimé, elle offre ce qu’elle a de meilleur à une minorité dirigeante. Viendra le jour où une nouvelle philosophie, le « Tellurisme », renversera le pouvoir en place. Encore un gros volume excellent, difficile à trouver car extrêmement fragile, à quand une réédition ?
Comment ne pas terminer par un dernier texte, à mon avis trop mésestimé de l’excellent Claude Farrère. « Les condamnés à mort »:
Le Gouverneur, un roi du blé, règne sur un gigantesque complexe agro-industriel de six cent vingt-six usines. Homme froid et sans pitié, partisan des thèses du darwinisme social, il cherche à remplacer tous ses ouvriers par des « machines mains » nouvellement créées et qui assureront le travail à moindre coût.
Les Condamnés à mort, qui parut en 1920, est une véritable anticipation sociale, une contre utopie qui aborde les très sombres questions du devenir humain face à la mécanisation et à la toute puissance des lois économiques. Comparable en bien des points au talent d’un Wells, ce roman trop peu connu de cet auteur, nous offre la vision d’un monde terrifiant et froid rendu implacable car dominé par le pouvoir de l’argent et du pouvoir. Il y est question afin de « mater » les ouvriers qui vont tenter de se révolter contre la classe dominante d’un « rayon » qui désagrège instantanément la matière et qui calmera toutes formes velléités. Il existe une superbe édition de ce chef-d’œuvre méconnu, agrémenté de superbes compositions pleines pages de André Devambez.
Au final, une grande majorité de textes où les auteurs dénoncent les dérives de la science et des hommes peu scrupuleux qui l’utilise comme un moyen radical afin d’assouvir leur soif de puissance. Il est d’ailleurs intéressant de voir toute la différence qu’il existe entre la SF Européenne et celle produite par le continent Américain au cour de la première moitié du XXéme siècle. La science n’y occupe absolument pas la même place. Bien souvent négative et sournoise pour le premiers, triomphante et indispensable pour les seconds. Un gouffre culturel qui n’en rend pas moins le débat passionnant.
« Quand la ville dort »
Petite esquisse d’une bibliographie sélective des villes dans la conjecture ancienne.
Le sujet pourrait être vaste car bon nombre d’auteurs utilisèrent la ville comme un élément mineur du sujet de leurs histoires. Cette liste met surtout en évidence les œuvres où elle est un élément clef de l’intrigue ou tout simplement le reflet confirmé d’une certain progrès technologique et utilisée comme modèle de référence. J’ai également supprimé tous les ouvrages purement utopiques où la ville y est décrite comme le symbole d’un progrès social. Idem également pour toutes les « Atlantides » justifiant à elles seules toute une rubrique. Cette liste n’a aucune prétention d’exhaustivité car vous le savez tout autant que moi, l’anticipation ancienne est un travail de recherche de longue haleine où l’on découvre sans cesse de nouvelles références. Celle-ci évoluera donc au fil du temps, en fonction de mes propres découvertes mais également grâce à votre participation tout aussi généreuse qu’érudite.
- « Le monde tel qu’il sera » de Emile Souvestre. Edité par W.Coquebert. Illustré par MM.Bertall, O.Penguilly, St-Germain.1846.
- « Paris au XXéme siècle » De Jules Verne. Rédigé en 1863 et refusé par l’éditeur attitré de Verne (P.J.Hetzel), le manuscrit que l’on croyait perdu fut retrouvé plus d’un siècle après. Hachette « Le cherche midi éditeur » 1994.
- « Le XXéme siècle » de Albert Robida. Illustré par l’auteur. In-4. Edition G.Decaux 1883. Existe de nombreuses éditions
- « Dans 1000 ans » de E.Calvet. Librairie CH.Delagrave. Avec 140 illustrations de V.Nehlig. 1884.
- « Perdus dans les sables » de A.Brown. Librairie d’éducation de la jeunesse. Illustrations d’Albert Robida. S.d (vers 1885)
- « La Babylone électrique » de A.Bleunard. Illustré par De Montader. Paris Maison Quantin.1888.
- « Le XXéme siècle et la vie électrique » de Albert Robida. Illustré par L’auteur. In-4. Librairie illustrée 1890.
- « Une ville de verre» de Alphonse Brown. Paru dans la revue « La science illustrée » du N° 131(1 Juin 1890) au N°193(8 Août 1891. Réédité en volume La librairie Illustrée ( illustrations de Clérice).1891
- « La terre dans 100 000 ans, Roman de mœurs » Tome 1 « L’île enchantée » de A.Vilgensofer. H.Simonis-Empis éditeur.1893.
- « Fragment d’histoire future » de Gabriel De Tarde. Edition V. Giard et E. Brière à Paris, en 1896. Réédition « Ressources, Slatkine » 1980
- « Mystére-ville, Aventures Fantastiques » de William Cobb (analysé dans ce blog) Paru dans le « Journal des voyages » du N°418 (Dimanche 4 Décembre 1904) au N°434 (Dimanche 26 Mars 1905). Illustrations de Albert Robida.
- « Les découvertes de demain » Article paru dans la revue « Je sais tout » N°2 15 Mars 1905. Superbement illustré par Lanos
- « Au XXIXéme siècle : La journée d’un journaliste Américain en 2889 » de Michel Verne paru dans le recueil de nouvelles « Hier et demain contes et nouvelles » Hetzel 1910.
- « La journée d’un Parisien eu XXIéme siècle » de Octave Béliard. Paru dans la revue « Lecture pour tous » Noël 1910. Illustré par Arnould Moreau.
- « La ville aérienne, Roman scientifique d’aventures et de voyages » de H.De Graffigny. M.Vermot Editeur. Illustrations de José Roy. S.d (vers 1910).Réédité sous le titre « Les naufragés du Sahara » éditions Ferenczi « Romans d’aventures » 2éme série N5.1933
- « Le triomphe des suffragettes » de Jacques Constant. Librairie unverselle.1910
- « La merveilleuse aventure » de Cyril-Berger. Librairie Paul Ollendorff.1911
- « La cité des suicidés » de Munoz Escamez (analysé dans ce blog). Méricant « Les récits Mystérieux » s.d (vers 1912)
- « Les condamnés à mort » de Claude Farrère. Edition Edouard-Joseph et L’illustration. Paris 1920. Illustrations de André Devambez. Réédition Ernest Flammarion 1921.
- « Scientific-City » de H.DeVolta. 20éme et dernier fascicule de la série « Miraculas ».Editions Jules Tallandier « Bibliothèque Cadette ». 1221
- « La fin d’Illa » de José Moselli. Parution dans la revue « Sciences et Voyages » N° 283 (29 Janvier 1925) au N°306 (9 Juillet 1925). Illustré par André Galland. Réédité dans la revue « Fiction » N° 98 (Janvier 1962) et N°99 (Février 1962). Repris en volume aux éditions « Rencontre » en 1970
- « Métropolis » de Thea Von Harbou (épouse de Fritz Lang).Librairie Gallimard « Le cinéma romanesque » Illustré d’après le film. 1928.
- « La cité de l’or et de la lèpre » de Guy D’Armen. Parution dans la revue « Sciences et Voyages » du N°453 (3 Mai 1928) au N°479 (1 Novembre v1928). Réédition en volume dans l’anthologie de Gérard Klein « Sur l’autre face du monde et autres romans scientifiques de sciences et voyages. Robert Laffont éditeur. Collection « Ailleurs et demain Classiques » 1973
- « La cité tempérée » de Gaston Calzadilla. Editions Argo 1929.
- « Le maître de la banquise » de Pierre Agay (pseudonyme de Moselli ») Parution « Système D » (journal hebdomadaire illustré du Débrouillard) du Dimanche 8 Décembre 1929 N° 286 au Dimanche 3 Août 1930 N°320
- « Nous autres » de E.Zamiatine. Librairie Gallimard « Les jeunes Russes » 1929.
- « Electroville » de Jules D’ottange. Quatrième volume de la série « La chasse aux milliards ».P.Lethielleux éditeur 1931.
- « Le miroir du monde » Revue spécial XXXéme siècle. Noël 1933.
- « Le meilleur des mondes » de Aldous Huxley. Librairie Plon collection « Feux croisés, âmes et terres étrangères ».1933.
- « Radiopolis » de O.Hanstein. Editions Fernand Nathan. Illustrations de Maurice Toussaint. 1933.
- « Sur l’autre face du monde » de A.Valérie. Parution dans la revue « Sciences et voyages »du N°805 (31 Janvier 1935) au N°826 (27 Juin 1935). Réédition en volume dans l’anthologie de Gérard Klein « Sur l’autre face du monde et autres romans scientifiques de sciences et voyages. Robert Laffont éditeur. Collection « Ailleurs et demain Classiques » 1973
- « La cité des asphyxiés » de Régis Messac. Editions la fenêtre ouverte, collection « Les Hypermondes » 1937.Réédition « Edition spéciale » 1972.
- « Tritopolis » de Paul Bay. Editions Labor.1937
- « Futuropolis » de Pellos. Parution dans la revue Junior (1937/1938) Réédition Jacques Glénat en 1977
- « La guerre des forces » de Henri Suquet. Paru dans « Jeunesse magazine » du N° 9 (26 Février 1939) au N°14 (2 Avril 1939) Illustrations de Pellos. Réédité en volume sous le titre « Panique sur le monde » Les éditions du Clocher collection « Pour la jeunesse » 1939. Dernière édition en date Apex collection « Périodica » Association Regards « Les amis de Pellos » 1994
- « L’age Alpha ou la marche du temps » De Ben Jackson. Editions du Méridien. Avec 16 dessins de Raymond Gid. 1942.
- « L’le sous cloche » de Xavier de Langlais. Editions « Aux portes du large » 1946.
- « La Kallocaïne » de Karin Boye .Edition Fortuny « Ecrivains du monde » 1947. Réédité dans la collection « Les Hypermondes » éditions Oréa, dirigée par Francis Valéry.1988. Contient un excellent « Panorama des utopies et anticipations Scandinaves des origines à 1940 » en fin de volume et rédigée par F.Valéry.
- « Le gratte-ciel des hommes heureux » de Lucien Corosi. Fasquelle Editeurs. 1949.
Une vision de la ville du futur dans les années trente qui n’a rien à envier aux illustrateurs des « Pulps »
Un aventure trépidante de la plume de Jules Perrin et de Henri Lanos dont il exécuta également les magnifiques illustrations.A suivre sur les pages de ce Blog dans quelques jours
Les anciennes revues sont toujours pleines de surprises et il arrive souvent de tomber sur des exemplaires qui révèlent quelques bonnes surprises en matière de pré-original. Pour l’heure il s’agit d’une revue intitulée « Mon beau livre, magazine mensuel illustré de la jeunesse » et dont je viens de trouver une reliure des six premier numéros.
Chaque exemplaire fait dans les 90 pages et comporte à partir du N°2 un roman complet imprimé sur un papier de plus mauvaise qualité.
Le volume en ma possession ne comporte hélas que six brochures, mais toutefois représentent un intérêt certain. En effet, il semble que le roman de Arnould Galopin « Le Docteur Omega, Aventures Fantastiques de Trois Français sur la Planète Mars » y paru en pré original. Le roman commence à partir du N° 1, le 15 Janvier 1906 (Première année N°1).Visiblement chaque N° comporte un chapitre du roman et ma reliure se termine par le N°6 et correspondant au Chapitre VII intitulé « De Charybde en Scylla ». Ce qui explique que dans la pré originale le chapitrage est différent,en effet le chapitre III « Le départ du Cosmos » que l’on retrouve dans l’édition en volume,se trouve inclus dans le chapitre II « La répulsite » de la revue « Mon beau livre ».
Au rythme d’un chapitre par numéro, il est fort probable que le roman se termina dans le N° 13 en Janvier 1907.
Autre caractéristique de la pré originale, est la qualité des reproductions des illustrations de E.Bouard. En effet le rendu dans ‘Mon beau livre » est d’une très bonne qualité, mettant encore plus en valeur le travail de l’artiste. Il faut également signaler un plus grand nombre d’illustrations supplémentaires pour la pré originale, les hors texte sont les mêmes par contre il existe une quantité de dessins non négligeable insérée dans le texte.
Il faudrait avant de terminer relever la présence de quelques textes intéressants :
- N° 2 (15 Février 1906) « Le mort qui parle » de Henrillaud. Nouvelle Fantastique.
- N° 3 (15 Mars 1906) « Le cuirassé Aérien » Article sur l’invention hypothétique d’une machine de guerre aérienne superbement illustré par Conrad et que vous trouverez en fin d’article.
- N° 3 (15 Mars 1906) « Le trésor caché, au pays des cannibales » de Louis Noir. Roman d’aventure populaire.
- N° 4 (15 Avril 1906) « Mam’zelle Mouche » de Georges Lefaure. Roman populaire.
- N° 5 (15 Mai 1906) « Bravoure D’enfant » de Madame Hameau. Roman populaire.
- N° 6(15 juin 1906). Un roman en pré originale qui nous intéresse plus particulièrement « La princesse des éléphants » de Gustave Le Rouge réédité chez « Cité du bon livre » collection « Mignon Roman N° 50 » 1914 sous le titre « Les aventures d’un vieux savant »
J’ai trouvé ce petit article dans la revue « Nos Loisirs » (N°31 9° Année 2 Août 1914) très amusant principalement pour ces trois dessins pleins de réalisme et plus particulièrement celui de la voiture faisant de son mieux afin d’échapper à ce dinosaure belliqueux. Un petit avant goût de « Jurassic Park » avant l’heure !
La revue « Nos loisirs » est une véritable mine pour le chineur un peu curieux car elle renferme d’excellentes nouvelles d’anticipations anciennes dont quelques unes ont été reprise dans « le bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique »
Depuis les débuts, l’anticipation ancienne, souffre en France d’un manque de collections spécialisées, nécessaires à dynamiser un peu l’essor et l’expansion de la science fiction. Très souvent certains auteurs connurent l’anonymat d’obscures revues qui aujourd’hui’hui font le bonheur des amateurs du genre. Si certains de ces « vieux papiers » font l’unanimité des spécialistes, car ayant établis « pignon sur rue » en matière de conjecture (« Journal des voyages », Sciences et Voyages », « La science illustrée ») d’autres par contre cachent bien leur jeu en abritant en leur sein quelques romans pratiquement inconnus ou proposent des rééditions de publications encore plus anciennes. C’est le hasard d’un carton rencontré dans une brocante il y a quelques temps qui m’a permis de tomber sur une pile de revues intitulées :
- « Système D » débrouillard
- « Tout faire Tout savoir »
Je feuillette un exemplaire et après avoir survolé les rubriques d’usage dans ce genre de publications : « Un pont facile à construire », « Comment faire un rond de serviette sans tour », conseils utiles en mécanique, chimie etc. ….. En dernière page je contemple un peu étonné le titre d’une roman de José Moselli « La montagne des dieux ». Déjà l’heureux propriétaire de ce roman dans la série des « Sciences et voyages »je ne fais pas dans le détail, achète tout le carton pour un prix modique et rentre chez moi impatient de faire l’inventaire.
Par chance, les numéros se suivent et j’isole cinq tas avec autant de romans complets. En voyant le nom des auteurs, je me rappelle d’un ouvrage de Jacques Van Herp paru aux éditions « Recto Verso » collection « Idées… et autres » et intitulé « José Moselli et la SF ». en fait sur les cinq romans identifiés, deux sont signés par un pseudonyme de José Moselli, deux autres signé de son nom et le dernier signé par Maurice Landay célèbre entre autre pour avoir travaillé conjointement avec le maître incontesté du grand guignol : André de Lorde.
En ce qui concerne les oeuvres de José Moselli, elles ont déjà fait l’objet d’une parution dans d’autres revues comme « Cri-Cri » ou « L’intrépide »
Voici donc le détail des oeuvres
- « Le maître de la banquise » Par Pierre Agay(pseudonyme de Moselli »).Parution « Système D » (journal hebdomadaire illustré du débrouillard) du Dimanche 8 Décembre 1929 N° 286 (cinquième année) au Dimanche 3 Août 1930 N°320 (sixième année)
- « L’homme qui vaincu la mort, Grand roman Fantastique » par Maurice Landay. Parution « Tout faire Tout savoir » du Dimanche 12 Octobre 1930 N° 330 (nouvelle série N°1) au Dimanche 14 Juin 1931 N°365 (nouvelle série N°36)
- « La momie Rouge, Grand roman Mystérieux » par José Moselli.Parution « Tout faire Tout savoir » du Dimance1er Novembre 1931 N° 385 (nouvelle série N°56) au Dimanche 26 Juin 1932 N°419 (nouvelle série N0 90).
- « Le maître de la foudre » par Jacques Mahan (pseudonyme de José Moselli). Parution « Tout faire Tout savoir » du Dimanche 3 juillet 1932 N°420 (nouvelle série N°91) au Dimanche 30Avril 1933 N°463 (nouvelle série N°463).
- « La Montagne des Dieux » par José Moselli.Parution « Tout faire Tout savoir » du Dimanche 7 Mai 1933 N°464, 10e (nouvelle série N°135) au Dimanche 24 Juin 1934 N°523 11e année (nouvelle série N°194).
Visiblement l’éditeur de cette revue pour « bricoleurs du Dimanche » profita du fond inépuisable que propose les publications d’avant guerre afin d’agrémenter son hebdomadaire d’histoires qui collent parfaitement avec le ton de la revue. En effet quoi de plus naturel, tout comme « Sciences et voyages » que de contenter les lecteurs avides de science et d’aventures, en rééditant ces histoires qui firent la joie de tout une génération de lecteurs.
Je ne sais pas si les autres numéros possèdent également d’autres œuvres de Moselli et j’espère que le lecteur avisé et bien informé nous apportera quelques lumières, mais pour moi qui suis un amateur de José Moselli « l’homme sans livre » et toujours en quête d’une grande partie de son œuvre car publiée dans des revues introuvables, cette découverte fut comme vous devez vous en douter une véritable aubaine.
En raison du nombre d’années où exista cette revue,il est fort probable qu’un nombre assez important de romans y furent publiés. La chasse est ouverte !
Encore un article intéressant rédigé cette fois par notre ami et grand spécialiste des publications anciennes Jean luc Buard. Un texte en forme d’hommage à Versins et aux précurseurs qui firent découvrir l’anticipation ancienne à toute une génération de lecteurs et…. de collectionneurs!
http://books.google.fr/books?id=5iP_AsfsnksC&pg=PA21&lpg=PA21&dq=arch%C3%A9opolis+bonnardot&source=bl&ots=OLJPC1l9qg&sig=uPNqAtI70a_X4eRSPJKzm4yMFpE&hl=fr&ei=Cp2CS6afI8TTjAff8qzJBA&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=5&ved=0CBQQ6AEwBA#v=onepage&q=arch%C3%A9opolis%20bonnardot&f=false
« Une expédition polaire aux ruines de Paris »
Longue nouvelle de Octave Béliard parue dans la revue « Lecture pour tous » en Juin 1911,Treizième année Numéro 9, pages 797 à 808. Illustrations de Henri Lanos.
La glace recouvre la presque totalité de l’Europe.
Paris, ancienne capitale de la terre ce « Grand foyer de l’intelligence et du progrès, le siége des grandes universités, la source des inventions et des découvertes »,n’est plus qu’un lointain souvenir dans l’esprit des derniers représentants de la race blanche.
Fuyants cette ère glacière, une poignée d’Européens se sont réfugiés à Madagascar, le centre Afrique, l’Asie du sud et l’Amérique centrale. C’est là que se perpétue l’histoire de notre civilisation, fuyant les territoires hostiles de l’hémisphère Nord.
Décollant de Tananarive, Tulléar, Fandriane et Atanibé, n’ont qu’un seul but partagé : Retrouver Paris !
A force d’acharnement et portés par une chance inouïe, ils découvrent un matin les vestiges d’une cité gigantesque. Une fois au sol, tout porte à croire face à quelques indices qui ne trompent pas, qu’ils ont enfin atteint leur but. L’œuvre de Victor Hugo en tête, ils se lancent alors dans l’exploration de ces ruines fabuleuses, qui vont révéler au fur et à mesure toute l’étendue de leurs richesses, témoins d’un passé lourd de souvenirs : » L’arc de triomphe » et ces troupeaux de rennes, « Notre dame de Paris » occupée par une colonie de pingouins, »la tour Eiffel » qui sectionnée en son milieu ressemble à un énorme mastodonte,la « place de la concorde » et ses étendues fantomatiques….
Mais la tempête fait rage, leur appareil est immobilisé par le froid, les trois aviateurs se préparent à un hivernage forcé.
Les jours et les semaines passent, les explorateurs vont de découvertes en découvertes et c’est tout un passé fier et orgueilleux qui ressurgit ainsi au fil du temps.
Mais la nourriture intellectuelle et spirituelle ne suffit pas à nos intrépides aventuriers, les vivres commencent à manquer. Il faut alors s’improviser trappeur, partir chasser le renne, affronter l’ours polaire, se battre contre une meute de loups ou de chiens sauvages affamés.
Le temps poursuit sa course inexorablement, l’hiver laisse la place à un timide printemps, un semblant de verdure perce la neige, une vie végétale commence à reprendre ses droits.
Un jour pourtant, alors qu’ils songeaient au retour, le trio se trouve encerclé par une horde de ces féroces carnassiers qu’ils avaient pour habitude d’éviter. Les chasseurs deviennent « chassés » et ne doivent leur salut qu’a la découverte providentielle d’un ancien accès au Métropolitain. Ils avancent alors dans l’obscurité souterraine, la crainte dans l’âme, dans un dédale incroyable de murs et de plafonds écroulés. Au détour d’une bifurcation cependant ils découvrent une chose incroyable : Une ville sous la ville, les troglodytes de l’avenir, les descendants du peuple de Paris ! :
« Les chasseurs sont chassés, susurra Atanibé. Tout le peuple de Paris est à notre poursuite !Le peuple de Paris ! Interrogea Tulléar.
Eh ! Que voulez-vous que ce soit ? Nous avons vu un homme. Ce genre d’animal ne vit point solitaire. Paris doit avoir des hôtes. Quelque peuplade d’humanité bâtarde, comme nous en avons rencontré souvent dans notre voyage circumpolaire, qui s’est approprié les restes des grands Parisiens d’autrefois. Pour avoir déragé dans sa quiétude une tribu qui hiverne sous terre,sauvage sans doute, ignorante de l’humanité et du monde,nous allons avoir e à en découdre. »
Après une course poursuite éperdue, ils parviendront à sortir de justesse de ces galeries infernales avec au trousse, une troupe entière d’individus d’hommes hirsutes armés jusqu’aux dents :
« Un cri fait de mille cris répondit. Une armée hirsute montait de la berge, courait à eux, brandissant des massues de fer, faisant vibrer les frondes. Le peuple des profondeurs s’était aperçu que sa proie lui échappait, et, par toutes les ouvertures des souterrains, se ruait, hâtant sa poursuite. »
Ils parviendront de justesse à leur appareil qui fort heureusement en raison du réchauffement parvint à se mettre en route afin de décoller, et « le vaste oiseau s’éloigna majestueusement dans la profondeur bleue »
En guise de conclusion
Ce texte qui fut l’objet d’une réédition dans une anthologie de Marc Madouraud sous le titre «Paris capitale des ruines » reste d’une facture très agréable et fondateur dans le thème développé dans cette rubrique.
Béliard, comme pas mal d’écrivain le feront par la suite, évoque une véritable « migration » de l’espèce humaine afin de fuir l’arrivée d’une glaciation. En règle générale cet exode s’effectuera vers les terres plus clémentes et hospitalières du sud, les seules épargnées par ce type de catastrophe. Cette « expédition » est en fait une évocation nostalgique de ces trois savants pour qui la découverte de cette ancienne capitale est essentielle afin d’effectuer un retour aux origines et de puiser dans les racines même de leur civilisation renaissante. Cette description de Paris dont ils tentent la reconstitution à partir de l’œuvre de Victor Hugo, ne manque pas de poésie et nous livre souvent quelques visions surréalistes des monuments de la capitale. Il faut toutefois avouer que de la technologie employée par ces hommes du futur, se dégage un air un peu désuet et archaïque. L’appareil leur permettant les déplacements (dont l’illustration de Lanos en page 799 ne fait que renforcer cette impression) est le bon vieil « aéroplane » qui certes possède de grandes ailes mais doté d’un système de propulsion classique et incapable de résister aux rigueurs du froid. La seule petite fantaisie que va se permettre l’auteur est l’utilisation d’un fusil « dernier modèle » à dégagement de force radioactive mais qui ne sera utilisé qu’une seule fois. Je crois qu’il faut plutôt aller du coté de l’originalité du thème et de l’évocation de ce Paris sous la glace et de ses nouveaux occupants afin d’y trouver toute son originalité.
Ce qu’il y a de plaisant dans cette longue nouvelle, c’est le retour de l’homme du futur à ces origines. Ici la science n’apporte rien, l’homme se retrouve seul face à son destin, c’est un retour en arrière à une époque où sa survie dépendait de son courage et de son adaptation au milieu dans lequel il évolue. Une « régression » où le courage et sa condition physique sont ces seules armes, en utilisant de nouveau ses sens les plus primitifs.
Cette tentative de survie dans un univers hostile, en l’occurrence dans un Paris figé dans la glace est d’une grande beauté, une évocation fort réussie, qui ne peut vous laisser indifférent.
Mais ce qui en fait également son originalité est sans contexte la découverte de ce Paris de « Troglodytes » et caché dans les profondeurs du Métropolitain Parisien. Toute une descendance des anciens habitants de la capitale qui pour une raison évidente de survie face aux rigueurs de l’hiver polaire, se terre dans l’attente de températures plus clémentes.
Un retour à un stade disons « primitif », obligatoire et forcé, ou ces habitants considèrent ces êtres étranges, violant leur territoire comme appartenant à une autre tribu donc hostile à leur communauté.
Béliard ne juge pas cette incroyable survivance de la race blanche même s’il les traite de « sauvages » il confirme seulement la fait que sa propre culture n’est qu’une présence parasite dans ces nouvelles terres et qu’un pont culturel immense les sépare.
Savourons pour terminer, le final stupéfiant de cette horde hirsute et vociférante déboulant des entrailles du Métropolitain et qui nous offre une image tellement effrayante mais à la fois réaliste de Pais aux heures de pointe. Force est de constater que l’auteur faisait également preuve d’un certain humour….involontaire :
Paris restera toujours Paris !
En guise d’inventaire d’un Paris archéologique
Plus que toute autre capitale, Paris fut l’objet de tous les fantasmes mais également objet de toutes les fins possibles et imaginables. Qu’elle soit la cible de savants fous, d’un voisin belliqueux où la cible d’une catastrophe naturelle ou provoquée, sa superbe et son arrogance ne cesse d’être la convoitise des esprits dérangés.
On va alors tenter de la mettre à mal sous différentes formes et c’est ainsi qu’elle sera menacée de destruction par les macrobes de André Couvreur (« Une invasion de macrobes » éditions Laffitte 1910), ou par le piétinement de monstres anté- diluviens ( « L’effrayante aventure » Jules Lermina Tallandier « Les romans mystérieux » 1910). Elle va subir un fin tragique dans le roman analysé dans ce blog (« Paris en feu » de Henry Bardot, Bibliothèque des lettres Françaises 1914) si ce n’est sous les bombes d’un ennemi impitoyable (« Comment Paris sera détruit en 1936 » Major von Helders Éditions Albert 1932). Elle connaîtra une fin presque totale dans la nouvelle de Georges Rouvray où des graines venues de l’espace vont germer et donner naissance à de redoutables plantes tentaculaires (« Paris envahi par un fléau inconnu » revue « Mon bonheur N° 26 en 1927. Parfois même elle sera victime d’un fléau beaucoup plus insolite mettant à mal tout notre sens des réalités (« La fin de Paris ou la révolte des statues » de Marcel Sauvage Éditions Denoël et Steele 1932) et parfois sa destruction sera annoncée lors d’une catastrophe en 1950 par les hommes du futur (« En 2125 » de Raoul Le Jeune Collection Fama 1928)
Mais cette ville reste avant tout dans la mémoire des archéologues du futur comme la pièce maîtresse de leurs recherches,la quête du saint graal, la ville qui rayonne encore après des millénaires d’un sommeil paisible.
Le thème des ruines de Paris en littérature conjecturale fut l’objet de l’attention de quelques auteurs :
- « Les ruines de Paris » de Joseph Mery, dans le recueil « Contes et Nouvelles » éditions Victor Lecou 1852, réédition Hachette « La bibliothèque des chemins de fer » en 1856.
- « Le déluge à Paris » de Pierre Véron. le recueil de nouvelles « Les marionnettes de Paris » Éditions E.Dentu, 1862
- « Les ruines de Paris en 4875,documents officiels et inédits » de Franklin,Paris librairies Léon Willem et Paul Daffis 1875.Réédité par Flammarion en 1908 sous le titre « Les ruines de Paris en 4908 » édition très augmentée.
- « Archéopolis » de A.Bonnardot dans le recueil de nouvelles « Fantaisies multicolores » Castel Libraire éditeur 1859. Cette nouvelle est disponible ICI
- « Une ville ressuscitée, Pompéi ou Paris » de Ty. Parution « la vie Parisienne » N° 10 de la 10éme année. Samedi 9 mars 1872. (Réédition « Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de Fantastique N° 10, Juin /Août 1992).
- « Paris depuis ses origines jusqu’en l’an 3000 » de Léo Clarétie 1892. Illustré par divers auteurs,Préface de Jules Clarétie, Charavay Fréres & Cie s.d ( c. 1886)
- « 5000 ans ou la traversée de Paris » de Edmond Haraucourt 1904. Paru dans « Le Journal » 22 Septembre1904,sous le titre « Cinq mille ans ans » (ou la traversée de Paris) réédité dans le recueil « Le gorilloide et autres contes de l’avenir,retrouvés dans la presse » ,Collection « Périodica » N°20 ,Edition « Apex » Gonfaron 2001 (Antarés)
- « L’inscription » de Eugène Fourrier en 1906. (Réédition « Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de Fantastique N° 9, Février/Mars/Avril 1992).
- « Ci-gît Lutèce » de André Muller. Parution « La vie Parisienne » N° 30 52éme année. Samedi 25 Juillet 1914. (Réédition « Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de Fantastique N° 11, Novembre 1992).
- « La vénus d’Asnières, ou dans les ruines de Paris» de André Reuzé Fayard 1924.
- « La culture de l’humanité » de Eugéne Conte. Editions Fifuiére 1937
- « Paris capitale des ruines – Archéopolis et autres contes » :
Anthologie de textes réunis et préfacée par Marc Madouraud, grand amateur et collectionneur de conjectures anciennes devant l’éternel. Cette excellente plaquette de 126 pages et composée de textes rares est parue en Décembre 1994 aux éditons Recto Verso collection « Idées et autres… ». En voici le détail :
- A. Bonnardot : « Archéopolis », pages 31 à 49.
- Ty: « Une ville enfouie et ressuscitée , Pompéi ou Paris ? », pages 51 à 56
- Léo Clarétie : « Les Ruines de Paris », pages 57 à 61
- Léo Clarétie : « L’an 3000 », pages 61 à 69
- P.-Max Simon : « Un congrès au XXXV° siècle », pages 71 à 78
- Octave Béliard : « Une exploration polaire aux ruines de Paris », pages 79 à 100
- Eugène Fourrier: « L’inscription », pages 101 à 105
- André Muller : « Ci-gît Lutèce !… », pages 107 à 112
Mais rares furent ceux qui firent la démarche de les placer dans une région glacière. Avec les données de l’époque, les scientifiques et donc par voie de conséquences les écrivains, pensaient que le futur de l’humanité serait fait de glace et de grands froids. Pour preuve le nom du Blog sur lequel vous êtes et qui évoque le roman de A.Valérie dont l’action se situe sur une terre envahie par les glaciers.
Voici donc un petit inventaire de ces « ruines de Paris » sous les glaces dont l’immense manteau de neige ne fait que renforcer son mystère et sa beauté :
- « Une exploration polaire aux ruines de Paris » De Octave Béliard. Lecture pour tous Juin 1911
- « Une expédition aux ruines de Paris » de Georges Spitzmuller. Quatre fascicules dans la collection « Les beaux romans d’aventures » couverture illustrée couleur de E.Ydondi
« L’hélioscope géant » N° 69 1923
« La cité disparue » N° 70 1923
« La fin d’une race » N°71 1923
« Yuki-Yako » N° 72 1923
Ces fascicules furent réunis en un seul volume la même année sans les couvertures couleurs sous le titre général « Une expédition aux ruines de Paris »
- « Paris en l’an 3000 » texte et dessins de Henriot. Henri Laurens éditeur 1934.
Je reste persuadé que cette liste est loin d’être complète et je na doute pas une seule minute que très bientôt quelques nouvelles références viendront s’ajouter à cette petite liste.
Un grand merci à Guy Costes pour ses précieuse informations