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« Le petit Détective » ou la Nostalgie du Populaire

L’éditorial de cette Brève mais sympathique revue consacrée à « La littérature Policière, Fantastique et Populaire » met rapidement le lecteur à son aise :

 

«  Si vous fumez la pipe, qu’une loupe dépasse de votre poche et votre Mac Farlane ne vous gène pas même en plein mois d’août…

Si vous imaginez dans vos rêves être l’heureux possesseur des 20 « Sâr Dubnotal » et de la collection des 178 fascicules « Harry Dickson »… (NDLR : qui ne le serait pas…!)

Si vous êtes nostalgiques du « chasseur d’illustré » ou du « Masque noir »…

Si vos doigts tremblants feuillettent avec respect d’humbles petits fascicules populaires à 50°…

Si les noms D’armengol ou Brantonne vous sont plus familiers que ceux de Picasso ou Dubuffet….

Si les titres suivants : »L’étreinte de l’invisible », »Le forban de l’île fantôme » vous mettent l’eau à la bouche…

Si, non contents de vous éclater avec Mac Bain et Chandler, vous ne dédaignez pas Gaston Boca ou Claude Ferny…

Si vous frôlez la quarantaine et que vous continuez à lire Kiwi dans le métro, même aux heures de pointe….

 Si votre femme demande le divorce parce que vos archives envahissent l’appartement…

Et si vous avez rempli les 9 conditions ci-dessus…

BRAVO ! Vous êtes aussi atteints que le comité de rédaction. Alors abonnez-vous sans tarder. »

 

Je crois que tout est dit au sujet de ce fanzine qui réserve une large place à la littérature populaire et à la vieille SF.

C’est incroyable comme j’ai l’impression de me retrouver dans les 9 conditions, sauf peut-être pour le divorce de ma femme qui a toujours été d’une patience exemplaire et qui me regarde toujours d’un œil compatissant lorsque je rajoute des piles sur le sol de la bibliothèque.

Voici donc un récapitulatif des numéros parus et qui sera je l’espère une source d’informations pour les curieux et fouineurs qui, comme moi, sont toujours en quête de romans conjecturaux inconnus ou dont on ne parle pratiquement jamais.

Je ne possède Hélas pas beaucoup de renseignements sur les fondateurs de cette revue, le seul nom qui figure dans le sommaire est semble t-il la rédactrice : Tania Thomassian. Peut-être un lecteur pourra t-il apporter de plus amples informations. Je vous rappelle que ce Blog est ouvert et que toute participation sera la bienvenue

 

N° 1

-        Dossier sur « Maurice Limat » 1ére partie par François Ducos. Introduction et Bibliographie des romans, Fascicules et feuilletons en première édition (pages 29/39).

-        « Et si E.R.Burroughs avait été Français ? » étude comparative à propos du roman de Pierre Luguet « Une descente au monde sous terrien » par Joseph Altairac (pages 40/42).

-         « Quatre Atlantide retrouvée » résumé des ouvrages suivants par Joseph Altairac (pages 56/57) :

« Voyage aux îles atlantides » de Pierre Billaume et Pierre Hégine. Grasset 1914.

« Antinéa ou la nouvelle Atlantide » de Georges Grandjean. Editions « roman nouveau » 1922.

« Héliodora en Atlantide » de Georges Spitzmuller et Barbier-Daumont. France édition 1923.

« L’antarctique » de Dominique Sévriat. Editions Plon 1923.

 

N° 2

-        Dossier sur « Maurice Limat » 2éme partie par François Ducos. Introduction et Bibliographie des romans, Fascicules et feuilletons en première édition.

-        Ce numéro comporte une analyse d’ouvrages dont le thème est « La fécondation artificielle » en conjecture ancienne par Joseph Altairac. Je ne possède hélas pas cet exemplaire mais je compte sur votre collaboration pour m’en fournir le détail

 

N° 3  (Mai 1983)

-        Dossier « Le Matin et ses feuilletons » par Yves Olivier-Martin, 1ére partie, période 1882-1899. Un décorticage de la production où, en cherchant bien, on découvre nombreux textes de fantastiques et de SF en pré original (pages 30/37).

-        Dossier sur « Maurice Limat » 3éme et dernière partie par François Ducos. Introduction et Bibliographie des romans, Fascicules et feuilletons en première édition (pages 38/48).

-        « Jean de la Hire, conteur fantastique » par Joseph Altairac (pages 58/59)

-        « Quelques révolutions oubliées »  résumé des ouvrages suivants par Joseph Altairac (pages 60/65) :

« La conspiration de demain » de Quesnay de Beaurepaire. Albin Michel sd.

« La terre délivrée » de Sébastien Dalzeto. Société mutuelle d’édition 1920.

« Amédée Dufour commissaire du peuple » de Guy Deschaumes. J.Peyronnet & Cie 1928.

«  Les nouveaux cent jours » de Henri Dardelin. Chez l’auteur 1939.

-        « A propos de la terre délivrée » par Michel Roland (page 66).

 

 

N° 4 (Septembre 1986)

- « A propos de Science-fiction & soucoupes volantes » résumé des ouvrages suivants par Joseph Altairac (pages 5/8) :

« Voyage astronomique raconté a de jeunes élèves » Anonyme. Chez Jacques Lecoffre & Cie 1911.

« L’homme émigra » de Claude David. Revue « notre temps » Juillet/Août/Septembre 1928.

« Les flottes évanouies » de Roy Norton. Edition Laffitte 1911.

-        Dossier sur « Maurice Limat » Bibliographie des scénarios de bandes dessinées (pages 41/48)

-        Dossier « Le Matin et ses feuilletons » par Yves Olivier-Martin, 2éme partie, période 1900-1908 (pages 49/59).

 

N° 5 (Décembre 1986)

 

-        « La collection le Fantôme » par Tania Thomassian (pages 33/38). Cette collection nous intéresse pour au moins trois ouvrages de « Savants fous » :

« Le laboratoire du diable » de Lewis Jolisy

« Le pacte avec le diable » de Lewis Jolisy

« Le sérum du Dr Wong » de Erck Dansk.

 

- « Mort aux anglais ! Ou quelques révoltes imaginaires dans l’empire Britannique… »

Résumé des ouvrages suivants par Joseph Altairac (pages 54/58) :

« L’agonie d’Albion » de Eugène Demolder. Mercure de France 1901.

« La cité dans les fers » de Ubald Paquin. « Le roman canadien » Editions Edouard Garand Montréal 1926.

« Les tours du silence » de R.J. de Kerlecq. Editions du Dauphin. 1947.

 

-        Dossier « Le Matin et ses feuilletons » par Yves Olivier-Martin, 3éme partie, période 1909-1911 (pages 62/67).

 

N° 6

Copieux dossier sur Georges Meirs auteur entre autre du roman « L’affolante minute » aux éditions « Méricant les récits mystérieux » et dont nous reparlerons très prochainement.

Vous y trouverez des informations très utiles sur sa vie et son œuvre,avec une large part consacrée à la saga de son célèbre détective Anglais « Les aventures de William Tharps » toujours chez Méricant et dont un volume au moins nous intéresse.

Page 21/22 il y a même la reproduction du texte « La survie » paru dans « Le cri » et qui servira de sujet à « L’affolante minute »

Après de tout aussi passionnantes informations sur la série « Les vampires » cette étude se terminera sur une nouvelle inédite de « William Tharps »

 

-         Dossier « Le Matin et ses feuilletons » par Yves Olivier-Martin, 4éme partie, période 1912-1913  (pages 49/50).

« La fin des maladies, quatre anticipations médicales » Résumé des ouvrages suivants par Joseph Altairac (pages 52/55) :

« Le maître de la vie » de jean Daurel. Bibliothèque indépendante 1908

« Le docteur miracle » de Francis de Croisset. Edition Ernest Flammarion 1927.

« le faiseur de vie » de Gabriel Trinquet. Le mercure universel 1932.

« Les larmes noires » de Ant. K.Neidhart & Cie.Zurich. Editeurs. 1945.

 

N° 7

Encore un volumineux dossier réalise par Claude Demeocq, fort passionnant car tous les Presto Films y passent à la loupe…une mine d’informations.

 

-        « Le réveil de la momie » la momie en littérature conjecturale. Résumé des ouvrages suivants par Joseph Altairac (pages 64/68) :

« L’amant de la momie » de A.Wyln. Editions Ernest Flammarion. Vers 1910.

« Miriakris,amie d’enfance de Jésus » de Paul Féval fils et Henri Allorge. Editions Baudiniére 1927.

« Le bol magique » de Henry D’estre. Firmin-Didot &Cie. 1930.

« Sous les pyramides » de Eric Stanley. Ferenczi & fils « Le livre de l’aventure »1931.

« La sépulture profanée » de Suzanne Frémont. Baudiniére collection « sur la piste » 1935.

« Profanation » de Robert R.Metais. Edition Marcel Puget 1953

 

-        « Miraculas » de H. de Volta par Claude Hermier. Analyse complète de toute la série en 20 Fascicules de cette célèbre série de « L’homme aux mille et une merveilles ».Reproduction des couvertures en n&b (Pages 70/78).

 

N° 8  (Septembre 1991)

-        « Mon d’aventure » Dossier sur les « Petits Ferenczi Verts » Bibliographie de 1942 à 1957 par « Le petit archiviste » (Pages 35/50).

-        Sous les lots, Graffigny Plagiaire » par Joseph Altairac Etude comparative entre deux romans de Graffigny ( « Electropolis » et « Sous les flots ») et de deux autres de André Bleunard ( « La Babylone électrique ») et de Aristide Roger (« Voyage sous les flots ») pages 52/55.

-        Dossier « Le Matin et ses feuilletons » par Yves Olivier-Martin, 5éme partie et fin, période 1913-1944 (pages 49/50).

-        « Les débuts de Gaston Pastre dans le roman conjectural » par Jean Luc Buard. Un étude sur sa vie et son œuvre avec un résumé et une analyse détaillée de son roman « L’étrange aventure de Pierre Fontramie », Société de la revue Le Feu à Aix en Provence 1920.

 

 

 

le petit détectice 1&8



« Mars une planéte de l’imaginaire »

Si les premières histoires relatant la vie sur une autre planète se déroulèrent sur notre bon vieux satellite, car plus facilement observable à l’œil nu, il faudra attendre 1877 et l’incroyable découverte de Schiaparelli pour commencer à fantasmer véritablement sur l’astre du dieu de la guerre.

En effet la mise en évidence de tout un réseau de « canaux » permit alors d’élaborer les hypothèses les plus folles, les théories les plus farfelues.

Pourtant le véritable « facteur déclanchant » seront les études faites par Percival Lowell qui à partir de 1894 et ce pendant une vingtaine d’années, usera son temps et son argent à l’observation et l’analyse de la planète rouge. Constituant toute une équipe de scientifique, il va ainsi scruter Mars dans ces recoins les plus intimes, passer tout en détail avec la prise de milliers de photos, disséquer, analyser, spéculer……

De toutes ses observation, il va en tirer une théorie fantastique mais séduisante : Mars est comme la terre, mais une terre beaucoup plus vieille, beaucoup plus avancée.

C’est une théorie qui fait date dans la genèse de la science fiction, elle marque le début de tout un courant de la littérature de l’imaginaire,car de nouvelles terres, vierges de toutes découvertes s’ouvrent à l’exploration humaine.

L’homme dans sa quête perpétuelle du mystérieux, de l’inconnu et de l’insondable, trouve ici le nouveau terreau qui lui permettra de développer à pleine puissance son esprit à la fois aventureux mais aussi scientifique

Il est possible de dire que c’est avec les théories de Lowell que débuta toute ce mythe autour de mars, mythe qui fut l’un des plus vivaces et des plus productif dans l’imaginaire collectif.

Fin 19ème début 20ème une véritable frénésie martienne s’empara de la plume prolixe de nos écrivains qui rivalisèrent alors d’ingéniosité et d’imagination, afin de nous décrire toutes les splendeurs de cette société habitant une autre planète.

Mais il faut bien le reconnaître, le modèle de cette société idéale martienne reste souvent calqué sur le même schéma et si la religion, le travail, l’égalité des sexes, la morphologie restent un des points forts des différentes descriptions, bien souvent l’évolution technique reste très discrète, un peu comparables aux progrès réalisés sur terre mais en « mieux »

En fait une civilisation de type humain mais plus avancée que la notre.

Le modèle du genre restant un monde pacifiste, ayant abolie les guerres depuis fortes longtemps, car imprégnés d’une sagesse incommensurable.

Le premier récit digne d’intérêt remonte en 1865 avec le roman de Henri De Parville « Un habitant de la planète Mars » (J.Hetzel).

Guy de Maupassant cédera aussi à la mode avec « L’homme de mars » en 1889,suive de prés par Camille Flammarion,grand spécialiste de la faune et de la flore Martienne que l’on retrouve dans « Uranie » en 1889 et « Stella » en 1897.

Il faudra attendre Wells et son extraordinaire « Guerre des mondes » (en feuilleton en 1897, publié en 1898 en volume et Mercure de France en 1900 pour l’édition Française) pour rencontrer des Martiens vraiment belliqueux. Avec ce roman L’écrivain Britannique va écrire le premier texte opposant les terriens à une invasion extra-terrestre.

Du coté de la France on n’est pas en reste et parmi les réussites du genre citons une fois de plus Gustave Le Rouge « Le prisonnier de la planète Mars » (Méricant 1908) et sa suite « la guerre des vampires » (Méricant 1909).

Le texte de Le Rouge est étroitement lié à une autre saga d’un auteur Français qui en son temps suscita quelque polémique au sujet de ressemblances assez troublantes. Il s’agit des « Aventures merveilleuses de Serge Myrandhal » composé en deux volumes  » Sur la planète Mars « (Bibliothèque  Métropolitaine  L.Laumoniert & Cie éditeurs 1908) et « Les robinsons de la planète Mars » (Bibliothèque  Métropolitaine  L.Laumoniert & Cie éditeurs 1908), de H.Gayar. Réédité sous le titre « Les robinsons de la planète Mars » Signé sous le pseudonyme de Cyrius (Tallandier « Bibliothèque des grandes aventures » N° 142, 1927)

Je ne suis pas ici pour faire le procès de tel ou tel auteur, chacun des textes possédant des qualités non négligeables.

Comment ne pas terminer ce très rapide tour d’horizon (le but n’étant pas pour cette fois de répertorier tous les ouvrages de littérature « Martienne) sans vous parler d’une autre « épopée Martienne » que j’affectionne plus particulièrement : « Les Titans du ciel, roman planétaire » (Librairie Edgar Malfére 1921) et sa suite « L’agonie de la Terre, roman planétaire » (Librairie Edgar Malfére 1922) De Octave Joncquel et Théo Varlet

Outre un terrible invasion en provenance de Mars nous avons droit à un conflit à l’échelle du système solaire avec Jupiter et Vénus.

Il est à noter que le cycle fut réédité aux éditions  Encrage collection « Classique N°1 » en 1996 avec de superbes compositions d’un illustrateur très talentueux, Guillaume Sorel. L’ouvrage contient en outre « La belle Valence » (éditions Edgar Malfére 1923 pour l’édition originale) ou il est question de voyage dans le temps.

Pour terminer cette rubrique je vais donc vous retranscrire la vision des Martiens en ce début du 20éme siècle, vision certes tellement naïve mais si touchante à la fois.

 

« Dans l’aspect général des peuples de mars, ces différences quoique profondes, n’ont pas établi de variations bien sensibles. Ils ne sont pas devenus des cyclopes, il ne leur a pas poussé des ailes, mais leurs organes de locomotion et de propension se sont affinés et rapetissés. Comme leur taille moyenne est moindre que la notre,à cause du plus faible diamètre de leur globe,ils ont un air mignon,gracieux et leur tournure est très élégante.

Leurs paysans ressemblent a de vrais aristocrates d’Angleterre. Comme ils ont besoin de respirer une moindre quantité d’air, leurs narines sont moins proéminentes. Leurs aliments sont plus délicats, moins volumineux et, par conséquent leurs bouches sont en général moins grandes.

Quant aux femmes, leur type s’approche beaucoup de celui que les poètes de la terre considèrent comme la perfection.

Les systèmes circulatoires et respiratoires n’ayant point absorbé autant de place  dans le développement organique, le cerveau a pu s’épanouir plus librement tant chez l’homme que chez la femme. Il en résulte que les Martiens ont une tête relativement plus grosse que la notre, mais pas assez pour produire un effet disgracieux. Les êtres délicats et charmants,que la phtisie immolerait chez nous,prospèrent à merveille dans le pays de Mars, et en font le plus splendide ornement.

Tout cela est admirablement d’accord avec ce que nous apprend l’analyse télescopique. En effet ce qui caractérise la planète, c’est qu’elle porte la marque d’un état de civilisation très avancé. »

« A la surface de Mars »

Fantaisie d’astronome par Wilfrid De Fonvielle . N° 220 du « Journal des voyages » Dimanche 17 Février 1901. pages 186 et 187.Illustration de Albert Robida

 

A la surface de mars



Les mystérieuses études du professeur Kruhl

« Les mystérieuses études du professeur Kruhl » Publié dans la revue « Je sais tout » Septembre 1912

Le héros de cette aventure,en vacances prés du village de Cauville est fortement intrigué autour d’une rumeur concernant une étrange propriété  « le donjon rouge »

Renseigné par les habitants du village, il apprend que la sinistre demeure est louée depuis 3 ans par un individu que tout le monde surnomme « Le charcutier du diable »

IL s’agit en réalité d’un professeur Allemand de l’université de Magdebourg, affublé de cet étrange sobriquet en raison de ses achats de centaines de cochons depuis qu’il s’est installé au village.

Poussant un peu plus loin ses investigations, il va se rendre une nuit prés de la propriété où il entend une étrange plainte, celle d’un cochon que l’on est entrain d’égorger.

Se faisant passer pour un admirateur des travaux du Professeur, il tente de pénétrer dans la demeure,il se heurte à une défense farouche,la place est bien gardée.

Un soir il rencontre l’étrange personnage, mais celui-ci refuse le dialogue, aucune menace n’a de prise sur lui, le narrateur s’interpose tente de le retenir et Kruhl suppliant de lui dire « Elle va mourir….et si elle meurt je ne pourrai cette fois plus la ranimer…si elle meurt….si elle meurt… toute est perdu…perdu… »

Un soir finalement il parvient à pénétrer dans la maison, déjouant les systèmes de surveillance, à l’intérieur un bruit régulier et puissant vient troubler son esprit, un bruit mécanique mais tellement « vivant » mais qui pourtant ne lui était pas complètement inconnu.

Lorsqu’il découvre enfin l’origine de se rythme régulier, il est subitement saisi d’effroi. Un machine gigantesque, faite de tuyaux de cylindres et de rouages qui dans un mouvement horriblement humain alimentent à la fréquence des battements du cœur, une tête posée sur un socle.

IL s’agit comme il se doit, de la tête d’un infortuné guillotiné servant aux effroyables expériences du Pr Kruhl.

Ecoutons pour ce faire le compte rendu de la malheureuse victime Prosper Garuche :

« Depuis longtemps les anatomistes ont essayé de ranimer le chef d’un guillotiné : ils partent de ce principe que c’est uniquement le sang qui entretient la vie  et de ce fait, tous les organes du corps humain n’ont d’autres fonctions que de purifier et de régénérer le sang .Par la distillation des aliments, l’estomac le renouvelle et l’enrichit, les poumons l’épurent en l’oxygénant, le foie et les reins le filtrent, enfin le cœur le fait mouvoir et circuler. Or,comme d’autre part c’est le cerveau qui fait fonctionner cœur,estomac,poumon et que c’est le sang qui anime le cerveau tu vois bien que c’est lui le sang qui engendre la vie. Alors on a pensé que si l’on parvenait à baigner l’encéphale d’une tête coupée avec du sang injecté dans les vaisseaux du crâne à la température et à la pression normales on la ferait ressusciter .On a essayé : on a réuni les carotides ‘un chien vivant à celle d’une tête de supplicié et la face s’est animée,les lèvres ont remué,les yeux ce sont ouverts,seulement les conditions de l’expérience étaient imparfaites ; il n’y a au monde que Siegfried Kruhl qui soit parvenu à la réussir et c’est moi,Prosper Garuche,qui lui servi de sujet. »

Ainsi donc les cochons, utilisés depuis toute ces années, servaient à alimenter cette infernale machine mais le précieux liquide devait être remplacé tous les jours en raison de « l’usure » trop rapide du sang de l’animal.

Répondant aux supplications de l’infortuné,dont cette vie mécanique lui est insupportable ( ayant la « conscience » de son corps sans pouvoir faire le moindre mouvements ) le témoin de cette horrible expérience sort un révolver de sa poche et vise sur la partie la plus délicate,la plus riche en engrenages,pistons et leviers et tire trois balles.

« La pulsation sonore s’arrêta net ; au milieu des roues brisées, des tiges tordues, du liquide gicle, des gouttes nombreuses et rouges dégoulinérent sur le sol en ruisseau, la machine saignait ! »

De retour à son domicile, il sombrera dans une forte fièvre. Sorti de sa congestion, il apprendra la destruction du « Donjon rouge » rayé de la carte par un formidable incendie.

 En guise de commentaire

La production de textes relevants de l’imaginaire fut, faute de revues spécialisées, très abondante au début du XX éme siècle et il serait vraiment difficile d’en répertorier la totalité à l’heure actuelle.

De plus, c’est une époque où le genre  « Science- fiction » n’est pas encore bien déterminé et le terme de « Fantastique » était une espèce de « fourre tout » ou de nombreux textes appartenant à cette zone crépusculaire entre la SF et le Fantastique, étaient alors rangés.

Un genre il faut le reconnaître  assez méprisé, car en marge de la « vraie » littérature mais qui  abritait donc sous son aile une foule de textes d’origine conjecturale.

Bien souvent d’ailleurs la différence entre les deux domaines se base souvent sur des critères assez difficiles à définir.

Je pense par exemple au thème da la régénération des tissus morts et à un texte que j’avais réédité dans la défunte revue « Planète à vendre ».

L’exemple typique de cette époque est le texte de Paul Arosa « Les mystérieuses études du Professeur Kruhl » paru dans la revue « Je sais tout » ou ce dernier rassemble plusieurs genres : Policier,Fantastique,Science-fiction et même Grand Guignol.

Cette œuvre d’ailleurs, comme nous le fait remarquer fort justement Jacques Van Herp, ressemble curieusement à un texte de jean Ray et intitulé « La tête de Mr Ramberger ».

Dans les deux textes nous sommes en présence de la résurrection d’une tête décapitée, toutefois Arosa apportera une explication scientifique alors que jean Ray laissera planer un doute à la limite du surnaturel, tout en insistant sur le coté morbide de la situation (l’auteur Gantois était avant tout un conteur fantastique)

Dans le texte qui nous intéresse le procédé utilisé pour l’époque est assez innovent.

En effet tout repose sur un appareillage sophistiqué, énorme machine fonctionnant au moyen d’un cœur artificiel, envoyant en permanence du sang de porc (le plus proche de l’homme) dans le système vasculaire cérébral.

Toutefois, si l’idée est séduisante sa créature reste tributaire de son statut de « Tête vivante » et reste condamnée à ne pas bouger du socle sur lequel elle est posée.

Il faudra attendre un roman tout à fait rarissime et passionnant des pères de « Fantômas », Souvestre et Allain pour que le pas soit enfin franchi avec le passionnant « Le rour » (écrit à la gloire de l’automobile et des pneumatiques Ducasble)

Il s’agit à mon avis du tout premier roman Français (publié en 1909) où il sera question d’une créature semi mécanique et mue par un cerveau humain.

Les auteurs nous en présenterons juste une ébauche audacieuse car le savant diabolique de l’histoire ne parviendra pas à mener son projet à terme et pour cause, le héros neutralisera l’inventeur, le cerveau de la future créature étant celui de sa fiancée.

Par la suite G.Palowski en 1913 et son « Voyage dans la quatrième dimension » ébauchera ce concept toutefois cette date est tout aussi importante car elle marque une étape décisive dans notre domaine.

En effet à Bruxelles sera édité ce qui constitue d’après Versin dans son « Encyclopédie » la « Première collection spécialisée de science-fiction »

« Le secret de ne jamais mourir » Roman fantastique de A.Pasquier et illustré par De Cuyck va ainsi constituer le seul et unique volume d’une série fort prometteuse des éditions « Polmoss »

L’ouvrage renferme en réalité deux textes consacré aux « automates » mais celui qui nous intéresse plus particulièrement est le premier donnant le titre au recueil.

Ici la donne est différente car ce n’est pas un cerveau que l’on va ajouter à une machine (ou faire fonctionner un cerveau artificiellement grâce à un appareillage) mais on va intégrer des éléments mécaniques en remplacement d’organes défectueux ou vieillissants : L’ancêtre de Robocop venait de voir le jour !

Celui qui franchira de nouveau le pas sera Gaston Leroux en 1924 avec la parution de son célèbre roman « La machine à assassiner ».

Dans ce texte, Gabriel est un mannequin automate sur lequel on a greffé le cerveau d’un guillotiné.

Il se répare et se remonte tout seul, doué en quelque sorte d’une immortalité « mécanique » qui en fera presque le summum de la créature artificielle parfaite.

Signalons également une petite plaquette éditée en 1928 à la « Librairie théâtrale » et intitulé « L’homme qui a tué la mort » de René Berton. Il s’agit d’un pièce dramatique en deux actes ou la tête d’un décapité est rendue à la vie au moyen d’une machine complexe envoyant électricité et sang de bœuf afin de refaire fonctionner le cerveau du malheureux.

Lucien Bornert en 1953 avec son roman « Robots sous-marins » dans la collection  » Grand roman science anticipation » éditions le Trotteur (pré-originale dans la revue « Robinson » du 10 Mars au 1er Décembre 1940) et  Pierre Devaux dans son roman « Uranium » Editions « Médicis » 1946,mettront également en scène des créatures mi-machineS,mi-humaines dans lesquelles seront logées un cerveau humain.

Comment terminer enfin sans oublier le roman de de Marcel Thiry « Le concerto pour Anne Queur » où un grand médecin noir à trouvé un moyen de vaincre la mort.Les cadavres sont ainsi vidés de leurs tissus charnels,à l’exception du cerveau et sont appareillés avec un coeur électrique qui diffuse un sang couleur or.Ces étranges créatures sont appelées les « Secs »constituent ainsi un nouvelle race de surhommes,mais pour combien de temps?

 

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