Une ultime photo, témoignage de mes recherches incessantes… Chère Christine, Cher Serge, la boucle serait-elle bouclée ? Si dans cet « Homme chimérique » dont il est possible d’avoir un résumé dans l’intégrale de « La brigade chimérique » et qui donna naissance à cette fameuse unité de super-héros d’avant-guerre, bien avant qu’il ne se conceptualise outre Atlantique, nous avons les germes de sa création avec ce texte inédit de cette mystérieuse Georges Spad. Un texte qui d’ailleurs ne faillit jamais être publié, Mabuse et ses séides vaillant à éviter les fuites, et grâce auquel nous avons le témoignage percutant de Renée Dunan qui affronta en d’autres temps les mutants ennemis, produits de l’hyperscience des forces de l’axe. Ce récit, presque un huit-clos, loin d’être étouffant, est un bel exercice de style où l’on sent que l’auteure a pris un grand plaisir à le rédiger. Cette mise à l’honneur de Théo Varlet face à toute l’âpreté de la guerre n’est pas avare de personnages attachants et relève presque du roman social, du terroir presque, avec cette part de mystère qui ne cesse d’aller grandissante pour surgir en fin de volume dans une catharsis d’action et d’un chapitre d’anthologie où nous sont révélés dans un tourbillon en provenance des Hypermondes l’apparence de bien singulières créatures, prémices d’une science maudite au service de l’ordre noir. Sur fond de « Der des Der » dans une ambiance humide et boueuse, il y flotte bien entendu une odeur de mort et de souffrance mais également comme un léger parfum de radium et le lecteur attentif à cette noble cause ne peut rester insensible à certaines des éléments qui y sont révélés. Ce petit ouvrage, riche d’un avant-propos qui lève le voile sur un mystère éditorial quoi que, vient de fait prendre place sur cette étagère consacrée à cette incroyable et énigmatique Brigade Chimérique et nul doute que, dans un prochain avenir, les lecteurs auront l’occasion de croiser de nouveau le chemin de ces super-héros d’un autre âge, d’une autre dimension…..avec les Hypermondes, sait-on jamais!
« Renée Dunan contre les mutants » de Georges Spas alias Christine Luce. Collection « Les saisons de l’étrange. Illustration de couverture Melchior Ascaride.125 pages.2021
En cette période de morosité ambiante, bloqué à domicile pour maladie, aujourd’hui, je viens de retrouver un peu d’espoir en ouvrant ma boite aux lettres et en y découvrant un gros paquet contenant cet objet tant attendu : « La brigade chimérique : Ultime renaissance »
Comme beaucoup de Savanturier, je suis un inconditionnel de cette saga qui est à mon avis la quintessence même du Merveilleux-Scientifique en BD pour ne pas dire LA référence moderne ultime pour un genre oublié, retrouvé et remis au goût du jour grâce à l’intervention de passionnés et de chercheurs, que je ne citerais pas ici mais qui n’auront aucun mal à se reconnaître. En cela, et sa magnifique préface pour « Les maîtres du vertige » est plus qu’un manifeste, c’est une véritable déclaration d’amour, nous savions que Serge était l’un des représentant du genre le plus impliqué, mais ce copieux volume de 260 pages vient ici finaliser cette boucle que nous espérons de l’infini et donner une nouvelle dimension à cette célèbre brigade qui depuis le mythique « Homme chimérique » a fait couler bien de l’encre !
Présenté dans un somptueux dos toilé sobre et élégant, recouvert d’une magnifique jaquette, cette double illustration nous plonge d’entrée de jeu dans une vision faisant à la fois appel au cycle précédent (pour l’illustration de couverture) et dans une toute nouvelle dimension avec sa magnifique jaquette. Celle-ci, véritable cabinet de curiosité pictural, nous plonge dans un univers où les références sont multiples et où le passionné que je suis, se complet à relever les références à telle ou telle œuvre, à tel ou tel auteur. Imaginez un peu, l’objet en lui-même est déjà un véritable délice, quand sera-t-il alors une fois sa lecture terminée…
Comme je suis un insupportable gamin avide de friandises, je n’ai pas pu m’empêcher de feuilleter la fin du volume, riche d’une très belle postface et d’une importante partie de « Métadonnées » et de constater une fois de plus à quel point le scénariste est un véritable passionné du genre en faisant mention de moults références mais surtout , et c’est ce qui m’a le plus touché, de mentionner un illustrateur qui me fascine depuis de nombreuses années et dont le travail magnifique est certainement le plus représentatif dans le domaine de l’imagerie du merveilleux-scientifique. Merci donc à Serge d’avoir fait référence à Henri Lanos dans ce magnifique album, je suis vraiment heureux et fier de le voir ainsi référencé dans ces pages, car cette saga de « La brigade chimérique » est pour moi cette capsule temporelle, témoin d’un genre qui au fil du temps ne cessera d’enchanter notre mémoire collective et qui résume au travers de ces pages multicolores et sombres à la fois, toute la mémoire d’un genre retranscris ici de la plus belle des manières. Nul tout que ces deux volumes seront une sorte de bible en images d’un courant littéraire le plus intrigant et le plus fascinant du XXe siècle.
Grace à la superbe idée du « mois de la Savanture » initié par les Moutons Electriques comprenant des titres aussi emblématiques que « Le prisonnier de la planète Mars » de Le Rouge et « La cité des ténèbres » de Léon Groc , nous voici donc comblé et heureux de pouvoir y joindre ce nouveau volume qui ne fait que renforcer cet incroyable travail de fond réalisé par tous les passionnés du genre.
En attendant la lecture très prochaine de cette perle de l’imaginaire, je voulais remercier Serge d’avoir pensé à moi, mais aussi toute l’équipe pour la réalisation de ce magnifique objet qui au final, me permet de commencer cette année sous les meilleurs auspices. Comme quoi, l’art et la culture restent encore plus fort que tout !
« La brigade Chimérique: Ultime Renaissance ». Edition Delcourt. 276 pages. Scenario de Serge Lehman, dessin de Stéphane De Caneva et mise en couleur de Lou
On avait l’habitude de dire naguère, dans le cercle un peu fermé des amateurs de conjectures anciennes, qu’il y avait un avant et un après Versins. Archiviste fou, lecteur acharné et amateur de science-fiction sous toutes ces formes, la parution en 1972 à L’âge d’homme de L’encyclopédie de l’utopie et de la science fiction, fut un véritable coup de tonnerre dans le milieu spécialisé car pour la première fois, un homme mettait au service de tous, la somme de toutes les informations qu’il avait patiemment collecté au cours de sa vie. Travail prodigieux qui pendant quelques décennies va attiser notre curiosité, titiller notre fibre de collectionneurs et surtout balancer à la face du monde littéraire un peu serré du cul, que notre imaginaire puise ses origines à une époque fort éloignée et que ce genre, longtemps décrié pour son coté populaire dans le sens péjoratif du terme, plus qu’un simple clignement de paupière dans l’histoire de la littérature est un genre bien affirmé, possédant ses codes, une histoire bien distincte et surtout un immense champ d’investigation. Par le biais de cette encyclopédie, le monde incrédule va découvrir que bien des auteurs qualifié de « solvables » en terme de respectabilité, se sont essayé à ce genre d’exercice avec un certain panache et que le premier prix concourt fut attribué en 1903 à John-Antoine Nau pour Force ennemie, pur roman de science-fiction.
Versins fut en cela un grand défricheur de l’imaginaire ancien, digne hériter d’historiens du genre tout aussi célèbre que Régis Messac et Jean-Jacques Bridenne. Si le premier sorti depuis quelques années de l’ombre grâce au travail de fond de son petit-fils, Olivier Messac, il semblerait que le nom du deuxième soit hélas condamné à l’oubli.
L’ouvrage de Versins est un monstre de connaissance, mais il possède l’avantage et l’inconvénient d’être le premier du genre. En effet au début des années 70, les passionnés étaient rares, les contacts assez difficiles et le genre n’avait pas encore fédéré tout un noyau de passionnés qui à l’heure actuelle communiquent par l’outil informatique, créent des groupes virtuels, alimentent des blogs. Ce passionné Suisse réalisa donc son travail de fond en solitaire, avec pour seul outil sa mémoire, les livres et objets divers qu’il avait collecté et quelques précieux contacts, comme Jacques Bergier dont nous retrouvons la correspondance dans l’indispensable ouvrage de Jospeh Altairac, Jacque Bergier l’aube du magicien volume 2 ( Éditions de L’œil du sphinx 2016) avec qui il échangea de nombreuses et précieuses informations avant de se brouiller définitivement avec lui. Nous voilà donc avec une copieuse encyclopédie, avec un nombre considérable de références, avec cependant un petit inconvénient : le manque de références, de collections, de dates de parution. De plus, l’encyclopédiste dans sa grande générosité accordait beaucoup de place à certains auteurs qui à mon humble avis ne génère pas forcément un enthousiasme fou, alors que d’autres sont juste cités pour ne pas dire ignorés. Mais attention, que l’on ne se méprenne pas sur mon avis, Versins reste et restera l’icône incontestée de notre domaine et son ouvrage restera toujours l’une des références du genre. Il lui manque à l’heure actuelle cette finesse de précision indispensable au chercheur acharné !
Si la découverte des œuvres citées dans ce pavé, relève souvent d’un véritable travail d’archéologue et d’une grande part de chance, il n’en reste pas moins une source de plaisir et de bonheur sans cesse renouvelée par la satisfaction de tomber peut-être sur LE texte rarissime.La vieille SF est un genre qu’il nous faut promouvoir et développer, car elle est non seulement le témoin des peurs, des appréhensions, des espoirs et de l’imaginaire de toute une époque, mais elle est aussi partie intégrante de notre patrimoine culturel. Arrêtons nos préjugés et ouvrons notre esprit à une « littérature différente » car totalement libérée de ses contraintes de style et ouverte aux possibilité infinies de notre imaginaire. J’aime reprendre cette phrase qui est en outre le titre d’un ouvrage de Jules Romain « Gloire à nos illustres pionniers. »
Depuis beaucoup d’eau a coulé sous l’immense pont de l’imaginaire Français et de
La littérature Française d’imagination Scientifique de Jean-Jacques Bridenne à Ces Français qui ont écrit demain ( Honoré Champion 2013) de Natacha Vas-Deyres en passant par Panorama de la science-fiction de Jacques Van Herp (Marabout 1973) La science fiction en France de Simon Bréan ( Presse université de la Sorbonne 2012) et le magnifique ouvrage de Xavier Fournier Super Héros une histoire Française ( Huginn & Muninn 2014) , il est possible pour l’amateur éclairé ou le simple curieux d’avoir une petite idée de l’immensité et de la richesse de ce patrimoine culturel.
Mais en y réfléchissant bien et la lecture de tous ces ouvrages de référence dont je n’ai cité qu’une infime partie, ce qu’il manquait surtout au chercheur et passionné du genre, c’est un ouvrage de références pures, un dictionnaire où serait répertorié toutes les œuvres, romans, nouvelles, illustrations, revues, journaux…… afin de pouvoir non seulement s’y référer mais l’utiliser comme outil de recherche fiable lors de la rédaction d’articles, d’études, d’expositions, de tout support pouvant approcher d’une manière la plus exhaustive possible, le merveilleux scientifique. La concrétisation de ce rêve un peu fou a pu être réalisée par deux gars extraordinaires qui dans un premier temps se sont fait un peu les dents sur un premier pavé, qui fut croyez moi, une révolution dans le milieu des amateurs. Nos deux vénérables érudits de conjectures anciennes,Guy Costes et Joseph Altairac ,en réalisant cette première bible que sont Les terres creuses ( Éditions encrage 2006) fut l’occasion de nous ouvrir leurs prodigieuses bibliothèques et nous faire partager leur immense savoir en la matière. Cet ouvrage également unique en son genre est d’une incroyable richesse , s’affirme dors et déjà comme une référence incontournable, car au-delà de ce répertoire des ouvrages romanesques sur la terre creuse, c’est une « plongée vertigineuse » non seulement dans les mondes souterrains, mais également dans les nombreuses thématiques qui depuis les origines attisent l’imagination des écrivains. Bien souvent, l’exploration des gouffres est sujet à la découverte d’anciennes civilisations, de mondes perdus, de peuplades terrestres ou extra terrestres et pour cela il faut inventer des machines, des explosifs,des inventions qui vont changer le cour de l’histoire ou le destin de l’humanité, etc.… La particularité dans la conjecture ancienne, est qu’elle ne reste pas figée dans un seul thème et bien souvent pour un sujet sur lequel s’articule toute l’histoire, c’est un véritable catalogue d’inventions qui s’offre à nous. Voilà pourquoi l’ouvrage sur Les terres creuses est une véritable « mine » de renseignements où l’amateur du genre et ce, sur pratiquement 800 pages trouvera sur une écriture serrée, 2211 références indispensables dans notre domaine. Chaque titre s’accompagne d’un petit résumé ou d’un passage de l’œuvre concernée avec date de parution est surtout les références d’éditions. De nombreuses illustrations agrémentent ce volume qui débute par une passionnante étude sur les terres creuses face à la science et qui se termine par une analyse de l’ouvrage de Ronceray Paul La vengeance de l’abîme que j’avais en son temps chroniqué dans le « Bulletin » et d’un tout aussi intéressant article de Serge Lehman Par-delà le vortex
Malgré l’ampleur de ce projet finalisé avec brio, nos deux compères dont la gentillesse n’a d’égale que le brin de folie et de fantaisie qui ne semble ne vouloir jamais les abandonner , avaient en tête un projet encore plus démentiel : une encyclopédie ultime où serait répertoriée toute la conjecture romanesque rationnelle Francophone. Imaginez la réaction de leurs amis, de leurs familles, de ces passionnés qui d’un air contrit leur accordait un certain sourire compatissant tout en sachant qu’ils n’en verraient jamais le bout tellement le projet était ambitieux et titanesque. On en parlait, on savait que le projet allait probablement aboutir, mais comment fixer une date de sortie lorsque l’on est perfectionniste comme nos deux auteurs et que chaque jour qui passe est la porte ouverte pour la découverte d’un nouveau titre, d’une nouvelle illustration, d’un nouveau texte, aussi court soit-il, découvert dans une obscure revue ?
Fin septembre 2018, je vois débouler mon facteur un gros colis dans les bras. Il a pourtant l’habitude de me livrer des livres, mais cette fois, il me dit : C’est du lourd !
Il a raison le bougre et dans les deux sens du terme : un coffret contenant deux gros volumes pour un poids approchant les 5 kilos avec pas moins 11 086 entrées , plus de 1 000 illustrations pour un total de 2456 pages d’une écriture serrée . J’avais entre les mains RétroFictionS encyclopédie de la conjecture romanesque rationnelle francophone : Tout un programme……et quel programme ! De Pantagruel de Rabelais au Calles, ou l’humanité souterraine du Docteur Ayme c’est plus de 400 ans d’ouvrages répertoriés qu’ils nous proposent dans cette monumentale encyclopédie. Lorsque le perfectionnement côtoie à ce point l’érudition, nous avons entre les mains l’ouvrage de référence par excellence qui non seulement va minutieusement répertorier chaque œuvre, mais en fournir un résumé, toutes les éditions accompagnées de leurs dates de publication. Afin de palier à la faiblesse de l’ouvrage de Versins qui ne possédait pas d’index, RétroFictionS se paye le luxe : d’un index thématique, d’un index alphabétique des titres et d’un index chronologique des titres.
Tout le monde s’accorde à dire que nous avons là l’ouvrage de référence par excellence, qui n’enlève rien à ce qui a été fait précédemment, mais qui vient ouvrir de nouveaux horizons pour la conjecture romanesque rationnelle, ouvrir de nouvelles portes et permettre à un public d’érudits ou bien qui avait toujours dénigré le genre, de prendre la pleine mesure de la portée extraordinaire du genre. Pour le novice, il est l’occasion d’avoir entre les mains un condensé de cet immense champ littéraire, pour le passionné, il est un moyen inespéré d’avoir accès à des milliers de références, fiables et complètes, même si par modestie nos deux amis trouvent quelques petites « failles » de temps à autres, et de pouvoir si nécessaire avoir un accès rapide à des données pouvant faire avancer nos propres recherches et éviter ainsi de passer à coté d’une œuvre introuvable ou tout simplement inconnue. Cette encyclopédie, outre le minutieux travail de référencement des romans, nouvelles, feuilletons, contes ……, se paye le luxe de répertorier les illustrateurs, les objets, les cartes postales, les assiettes enfin tout ce qui peut avoir attrait à la conjecture ancienne. À ce titre et personnellement j’adore l’index thématique, car il me permet, lors de mes propres travaux, de retrouver certains ouvrages que je ne possède pas ou que je n’ai tout simplement pas encore eu l’occasion de lire, ce qui rend ma tache bien souvent plus facile. Un ouvrage qui se savoure comme un grand nectar, en prenant tout notre temps car il est des plaisirs dans la vie qu’il faut savoir faire durer et en regard de la taille de la bête, cela va être délicieusement bon !
RétroFictions est une chance inouï pour l’amateur éclairé comme pour le simple profane , le plus beau cadeau que l’on pouvait nous faire, l’œuvre d’une vie, le témoignage de tout cet amour que deux passionnés ont généré pour le merveilleux scientifique, appelons le comme cela pour faire court, et qu’il vont sans nul doute continuer à perpétrer grâce à une œuvre aussi ambitieuse qu’aboutie , le témoignage de deux amis qui viennent ainsi cimenter à l’aide de ces deux pavés indestructibles la clef de voûte de l’immense édifice de l’imaginaire Français, Un travail qui ne peut que susciter le respect et notre éternelle gratitude, car il se veut le chaînon manquant de l’imaginaire ancien permettant d’assurer le passage de relais aux générations futures .
Le petit mot de la fin sera pour Jeam Tag et ses deux magnifiques illustrations de couvertures formant un diptyque incroyablement inspiré et d’une grande beauté graphique ainsi que pour les petites mains, les travailleurs de l’ombre qui se reconnaîtront et sans qui également ce travail n’aurait jamais vu le jour : vous avez également toute mon admiration et ma plus sincère reconnaissance.
Avant il y avait le Versins maintenant il y a ce que l’on nomme affectueusement le Costaltairac !
« RétroFictionS » de Guy Costes et Joseph Altairac, éditions Encrage septembre 2018 . Deux forts volumes sous coffret illustré par Jeam Tag.
Après un monumental ouvrage sur les terres creuses, voici que nos deux plus brillants spécialistes de l’anticipation ancienne récidivent avec un monstrueux et incroyable coffret qui va faire passer bien des nuits blanches aux amateurs du genre: Incontournable!
Deux volumes reliés sous coffret
« Auteurs du monumental essai bibliographique Les Terres creuses (2006) consacré aux mondes souterrains imaginaires, Guy Costes et Joseph Altairac explorent cette fois, avec Rétrofictions, les domaines de l’utopie, des voyages extraordinaires, du merveilleux scientifique et de la science-fiction ancienne, en reprenant à leur compte le concept unificateur de « conjecture romanesque rationnelle » théorisé par l’encyclopédiste Pierre Versins.
Cette entreprise ne constitue cependant pas une simple mise à jour de sa célèbre Encyclopédie de l’utopie, des voyages extraordinaires et de la science fiction (1972) : en effet, Rétrofictions concerne exclusivement les productions francophones, mais recensées dans une perspective d’exhaustivité, à partir de 1532, date de publication du Pantagruel de Rabelais, jusqu’à la création en 1951 du « Rayon Fantastiquec» et d’ « Anticipation », premières collections françaises de science-fiction.
L’ouvrage propose près de 5000 entrées onomastiques consacrées aux auteurs de 11000 occurrences dans des genres et sur des supports les plus divers (littérature, poésie, théâtre, bande dessinée, illustration, cinéma, radiodiffusion, carte postale, assiette ornée, etc.), oeuvres dont l’appartenance à la conjecture rationnelle se trouve à chaque fois justifiée par un extrait ou un descriptif, accompagnés de données bibliographiques précises. La reproduction de plus de 1000 documents iconographiques témoigne de l’importance accordée par les auteurs à l’illustration au sens large.
Enfin, un imposant index thématique achève de faire de Rétrofictions un ouvrage de référence et un outil indispensable aussi bien à l’amateur et au collectionneur qu’au chercheur travaillant sur l’histoire et l’évolution de la science-fiction francophone sous toutes ses formes. »
Illustration de couverture de Jeam Tag.
C’est ici: https://www.lesbelleslettres.com/livre/3759-retrofictions
« Ces Français qui ont écrit demain - Utopie, anticipation et science-fiction au XXe siècle » de Natacha Vas-Deyres.Editions René Champion. Collection « Bibliothèque de littérature générale et comparée », n° 103. 536 pages
« L’écriture de nos futurs possibles appartient aux littératures de l’imaginaire, aux récits utopiques, à l’anticipation et à la science-fiction. En France, ces visions souvent pessimistes ou inquiètes se sont développées depuis la fin du XIXe siècle par l’invention d’une veine littéraire dont l’héritage touche et structure les oeuvres les plus actuelles. De Jules Verne à Serge Lehman, en passant par Rosny Aîné, Régis Messac, Pierre Boulle ou Michel Jeury, cette littérature française conjecturelle selon le mot de Pierre Versins, révèle un imaginaire collectif complexe, vecteur de contextes technologiques en évolution constante depuis l’advenue des sociétés industrielles. Comment appréhender un progrès technique et scientifique annoncé comme inéluctable mais insaisissable ? Seule la science-fiction ou l’anticipation déploient des images virtuelles suffisamment diversifiées pour s’approprier ou explorer une histoire moderne confrontée aux désirs d’alternances, de révoltes ou d’alternatives. Plusieurs générations d’écrivains français, issus de la littérature populaire, générale ou spécialisée, ont travaillé depuis un siècle à l’invention ou à la réinvention de nos sociétés contemporaines ; la projection vers ces univers politiques, sociaux ou technologiques n’existe que pour nous prévenir : élaborer le futur nécessite de l’écrire dès aujourd’hui.»
Un ouvrage venant de paraître et si nous devons saluer cette louable entreprise qui devrait je n’en doute pas ravir quelques passionnés, il n’en reste pas moins que cet ouvrage malgré un nombre de pages assez conséquent dépasse gaillardement les 100 euros.J’avais déjà lors de la parution de « L’imaginaire médical dans le fantastique et la science fiction » souligné le prix légèrement élevé de cette formidable étude alors que l’editeur nous proposait le volume pour une quarantaine d’euros. Dommage que ce genre d’ouvrage dont la publication reste dans notre territoire relativement anecdotique, ne soit adressé qu’à une certaine catégorie de chercheurs ou de passionnés pouvant allonger sans rechigner une centaine d’euros sur la table.
Encore quelques petits ouvrages de référence qui seront probablement une découverte pour certains et peut-être un agréable moment de relecture pour d’autres
- « Le Futur Antérieur, Souvenirs de l’an 2000 » de Christophe Canto et Odile Faliu. Même commentaire que l’ouvrage précédent, d’une grande richesse thématique et doté également d’une très belle iconographie. Dans c’est ouvrage cependant les auteurs ne se bornent pas seulement à la vieille SF Française (qui occupe une large place) mais lorgne également du coté des Anglais et des Américains. Un autre classique à ranger dans votre bibliothèque. « Editions Flammarion » 1993, 159 pages
- « Rêver demain, Utopies/Science-fiction/Cités idéales » de Yoléne Dilas, Laurent Gervereau, Thierry Paquot. Tout est dans le titre, abondamment illustré de dessins n&b et couleurs, une étude passionnante ou vous trouverez de nombreuses références de titres. « Editions Alternatives »1994, 134 pages.
- « L’archéologue du merveilleux » et « Le retour de l’archéologue du merveilleux » de Claude Hermier .J’ai toujours adoré les textes relatant les souvenirs de collectionneurs, tout genre confondus mais lorsque l’on a la chance de lire les souvenirs d’un collectionneur d’anticipation ancienne alors là….je me jette dessus. C’est une aventure incroyable que nous raconte ici Claude Hermier et au travers de ses « souvenirs »,c’est un catalogue incroyable de la littérature populaire que l’auteur nous livre ici. Très prolixe et pas du tout avare de détails, les deux volumes se parcourent avec délectation, comme un plat savoureux dont on apprécie chaque page et chaque phrase. Vous y trouverez une quantité incroyable de résumés et de textes relevant de notre domaine avec leurs références et parfois quelques reproductions de couvertures. Voilà un homme qui contribue, comme certains autres je le sais ; fidèles à ce blog, à l’édification de toute cette littérature « à quatre sous » mais qui ne cesse au fil des générations de susciter des passions sans cesse grandissantes. Les études du Docteur Armitage « Supplément à Donjon et Microship » Collection « Œil du Sphinx » Dirigé par Philippe Marlin. 1996 et 1997.
- « Sur les rayons de la bibliothèque populaire » Association des »Aventuriers de l’arche perdu » Dirigé par Philippe Gontier. Après sa très intéressante revue consacrée au cinéma « Nuits Blanches » toujours sous l’égide de l’association « Les aventuriers de l’arche perdu » l’infatigable Philippe Gontier nous propose cette nouvelle revue (où nous retrouverons les signatures de Guy Coste, Claude Hermier, Marc Madouraud, Paul Maugendre…) qui fera une place d’honneur à la littérature populaire sous toutes ses formes. Polar, récits d’aventures, fantastique et conjecture ancienne, sur les cinq numéros que constitue cette passionnante revue (sous de magnifiques couvertures couleurs) même si le sujet qui nous intéresse n’y est pas majoritaire, ce sera l’occasion cependant d’y retrouver résumé quelques textes rares ou originaux quant à leur thématique. Date de publication du N° 1 (2éme trimestre 1998) au N°5 (1er trimestre 2001)
« Auteur de 62 nouvelles et romans, » le très curieux Jules Verne « , comme l’appelait déjà le poète Mallarmé, reste une énigme pour le paysage littéraire. L’odyssée Jules Verne fait le pari d’explorer l’œuvre par le biais des images, et l’écrivain par l’homme de spectacle. Ce livre illustré redessine le monde toujours actuel des Voyages extraordinaires en réunissant une somme foisonnante de connaissances et d’images sur la géographie, les sciences, le théâtre et les débuts du cinéma. »
Un ouvrage en image tout a fait passionnant qui avec ses 300 illustrations, nous fait découvrir Jules Verne et son époque, la société, les sciences et les techniques, le monde du spectacle…..
Un univers riche et fascinant où les auteurs, loin de nous proposer une redite sur le monde de l’auteur Nantais, viennent l’enrichir de pièces supplémentaires qui ne pourront que ravir les inconditionnels du genre et titiller la fibre de d’aventurier qui sommeille en chacun de nous. De plus ce magnifique ouvrage est accompagné d’un dvd où le lecteur se délectera, sans suis certain, d’un film rare inspiré du célèbre ouvrage de Albert Robida « Les voyages extraordinaires de Saturnin Farandoul dans les cinq parties du monde et dans les pays connus et même inconnus de Mr Jules Verne » un ouvrage drôle et admirable dont je n’arrête pas de vanter les attraits.
Il s’agissait à l’origine d’une série en film longue de 372 minutes tournée en Italie par Marcel Fabre et Luigi Maggi en 1914 et dont il ne reste que quatre épisodes présents sur cette galette :
– « L’île des singes ».
– « A la recherche de l’éléphant blanc ».
- « La reine de Makalo ».
- « Farandoul contre Philéas Fogg ».
Un film qui justifie presque à lui seul l’achat de cet ouvrage fort plaisant.
« L’odyssée Jules Verne » de Jean Demerliac, Michel Serres et Jean-Yves Tadié. Albin Michel et Arte Éditions.2005
Pour les amateurs de Jean de la Hire et les autres curieux, avides de découvrir un singulier personnage de l’aventure conjecturale, je voudrais rappeler la sortie de l’excellent ouvrage de Emmanuel Gorlier: « Nyctalope l’univers extravagant de Jean de La Hire » chez l’éditeur « Rivière Blanche »,certainement l’éditeur de référence dans le domaine de l’imaginaire. Une somme de renseignements concernant la chronologie des aventures de Léo Saint- Clair, sa biographie, une fiche de chaque personnage, un résumé critique de ses aventures… et une foule d’autres éléments en rapport avec le cycle.
De nombreux documents viennent compléter cet ouvrage passionnant dont une nouvelle totalement inédite « L’enfant perdu ». Quelques reproductions en N&B des couvertures d’origine agrémentent les pages de cette étude. Avec la toute récente parution chez le même éditeur d’un copieux volume « Nyctalope contre Lucifer » (Une incroyable aventure ou le Nyctalope va affronter le redoutable Baron von Glô Warteck, dit « Lucifer ») les inconditionnels de cet auteur ne peuvent que se réjouir devant une telle initiative. Cette réédition inespérée pourra en outre faire découvrir à un tout nouveau public tout le potentiel et l’originalité d’une littérature hélas tombée en désuétude mais qui conserve bien des décennies après tout son intérêt par la grande originalité de ses thématiques.
Premier grand super héros de la littérature populaire Française, un singulier personnage à (re) découvrir, dans une œuvre qui n’est certes pas exempte de défauts, mais qui nous prouve toute la vigueur et le dynamisme de la littérature populaire de cette époque.
Les illustrations de Denis Rodier qui ornent les deux volumes sont de plus magnifiques, ce qui ne gâche rien à l’achat de ses deux volumes indispensables et souhaitons que l’éditeur maintiendra ses ambitions éditoriales en nous proposant d’autres aventures de ce fascinant justicier….La malle aux trésors de cette époque est pleine à craquer et bien d’autres merveilles restent encore à découvrir!
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Le N° 14 de l’excellente revue « Quinzinzinzili » sur l’univers Messacquien vient de paraître et comme à son habitude le sommaire est aussi riche que varié.
Un numéro sous le signe de l’aventure puisque une place de choix sera réservée à l’écrivain Jack London et d’un texte rare écrit en 1905 « What Life Means to Me » et traduit pour l’occasion en 1939 par Régis Messac pour la revue « Simplement » . Un texte profondément « social » où l’auteur nous explique ses origines et son apprentissage dans un milieu défavorisé où la vie était un combat de chaque instant.
Vous y trouverez également une passionnante étude de Léo Malet sur le roman policier (Le monde libertaire du 16 Mars 1956), où le célèbre écrivain donne son avis éclairé sur sa vision du genre. Vous y trouverez également une rubrique consacrée au roman de Marc Wersinger « la chute dans le néant » et hasard du calendrier, un article fort intéressant au titre accrocheur : « Peut-on Microméguer ? ». Assez amusant puisque je viens de consacrer un article de mon blog sur « Les micro-mondes dans la science-fiction ».
Coup de projecteur sur un ouvrage de Messac, « A bas le latin » et une échange entre l’auteur et un professeur de lycée, autour de ce célèbre texte, un petit tout d’horizon sur l’accueil du public concernant « Le détective novel et l’influence de la pensée scientifique » et nous voilà rendu à la fin de l’ouvrage pour une petite analyse de quelques ouvrages utopiques recensés à l’époque par Régis Messac.
Un numéro une fois de plus fort bien documenté et qui nous apporte avec le savoir que nous connaissons à l’équipe rédactionnelle, des éléments supplémentaires sur un genre qui ne cesse de nous émerveiller au fil des années. Une collection indispensable pour le curieux et le passionné de cette admirable littérature
« Quinzinzinzili, l’univers Messacquien » N° 14. Eté 2011.30 pages
Signalons la parution il a quatre ans d’un volume incontournable et necesaire à toute bonne bibliothèque de l’imaginaire
Note de l’éditeur:
« De About à Zigomar, des premiers romanciers apparus après la Révolution de 1789 aux auteurs du XXIe siècle, voici un panorama complet du roman populaire francophone (France, Belgique, Québec). Souvent condamné pour son caractère mercantile, pour ses personnages sans épaisseur et sans vraisemblance, à travers des intrigues et un style stéréotypés, dévalorisé sous les appellations de «romans à quatre sous», «littérature de gare», «para-littérature» ou «sous-littérature», ce domaine constitue cependant la majeure partie de la production littéraire.
Les 500 notices de ce Dictionnaire du roman populaire francophone présentent les principaux auteurs du domaine, connus ou moins connus : A. Dumas, F. Soulié, E. Sue, M. Zévaco, P. Féval, X. de Montépin, J. Mary, Delly, J. Moselli, G. Simenon, H. Musnik, R. Barjavel, P. Daignault, A. Héléna, B. Werber, D. Pennac, etc. Mais aussi les grands personnages de notre patrimoine (Rocambole, Fantômas, Angélique, Monte-Cristo, Maigret, Arsène Lupin, Bob Morane), les principaux éditeurs et leurs collections, les types de personnages, les principaux illustrateurs, les grands genres (roman judiciaire, fantastique, science-fiction, roman historique, récit sentimental, roman d’aventures, western, roman policier, etc.).
Deux aspects originaux complètent ce panorama. Des articles présentent les conditions d’édition de cette littérature (journaux, fascicules, revues, colportage, censure, série). Et des écrivains d’aujourd’hui interviennent çà et là pour situer leur propre création littéraire par rapport aux romans populaires.
Daniel Compère est maître de conférences à l’Université de Paris III -Sorbonne nouvelle où il enseigne la littérature française du XIXe siècle. Il a publié plusieurs ouvrages sur Jules Verne et Alexandre Dumas, ainsi qu’un ouvrage encyclopédique, Les Maîtres du fantastique en littérature. Il est l’animateur de la revue Le Rocambole consacrée au roman populaire. »
Publié en 2007 aux éditions « Nouveau monde » cet ouvrage ravira les inconditionnels du genre où l’aspect de la littérature populaire y sera abordé de la manière la plus éclectique qui soit : Roman conjectural, fantastique, sentimental, d’exploration, de guerre, d’espionnage…. tout un pan de « l’autre littérature » dite de « gare » par certains, d’attardés pour d’autres, j’ai vécu pendant des années avec le regard compatissant de mon entourage et je dois avouer que j’ai toujours éprouvé une grande fierté à rester en marge de ce que l’on appelle la « vraie littérature », celle pour les snobs, ceux qui n’assument pas certaines déviances littéraires et qui restent englué dans un classicisme pédant pour ne pas dire chiant.
Faisant écho à certains groupes se trouvant sur un certain réseau social, l’auteur nous parle de tout son amour et de sa passion, pour un genre délaissé voire méprisé mais qui effectue de nos jours, grâce à l’intervention d’indéfectibles passionnés, un puissant retour en force. Auteurs, collections, genres,agrémenté de superbes reproductions couleurs en milieu de volume, il y en a pour tout le monde.Un dictionnaire indispensable qui ne trouve son bémol que dans le prix, 39 euros, un peu cher pour le commun des mortels.
J’ai de mon coté beaucoup de chance car mon bouquiniste préféré rentre assez souvent ce type d’ouvrages, souvent à l’état neuf et à moitié prix. Un client compulsif qui achète beaucoup dans tous les domaines et qui revend assez régulièrement afin de faire d’autres achats…une aubaine pour le maniaque que je suis !