Séquence « état d’âme » afin de changer un peu avec le ton habituel de ce blog,car cette passion pour l’anticipation ancienne est avant tout une histoire d’amour avec le papier, le livre et la conjecture ancienne bien sûr : petit hommage!
La lecture est une maladie, le seul remède contre la lecture…….vous connaissez le reste. Mais je crois que contrairement à d’autres virus, la contamination est une sensation très agréable dont on se laisse facilement imprégner.
Avoir un contact avec un livre, son odeur, le bruit des pages que l’on tourne, le chatoiement de certaines couvertures sont vraiment des sensations particulières, une intense « communion » qu’il nous sera impossible de ressentir avec un livre numérique. Je sais que lorsque je trouve un volume, depuis longtemps convoité, c’est un moment unique qui me procure une joie indescriptible.
Il est difficile de parler avec quelqu’un qui ne connaît pas la joie de tenir un tel objet entre les mains et de lui faire partager de telles émotions. Je n’étais pas prédestiné à ressentir un tel attachement pour ce simple objet si anodin en apparence. J’ai toujours été réticent dans ma jeunesse à me lancer dans ses longues heures de solitude et de me plonger à la découverte d’univers imaginaires et de territoires inconnus et terrifiants. Mon père avait pourtant essayé de me convertir en m’achetant, le classique des classiques « L’île au trésor ». Je fis la moue en découvrant le volume, bien enveloppé dans son papier cadeau. Je pensais plutôt à une bande dessinée, à l’époque objet de mes convoitises. Je n’étais pas prêt, je ne savais dans quels mondes merveilleux, on voulait me conduire et me guider.
Il faudra bien des années pour que je finisse par rencontrer le véritable amour, le roman qui allait transformer ma vie et ouvrir mes yeux et mon esprit sur un royaume insoupçonné.
A présent, lire un excellent roman, illumine mes journées, j’ai vraiment l’impression que cela m’apaise, c’est un excellent remède à la monotonie, à la grisaille qui nous entoure. Je rentre également dans la catégorie de ceux qui trimbalent toujours un livre sur eux, chez le médecin, le bus …..
C’est un compagnon fidèle qui me coupe du monde, avec qui la notion du temps n’existe plus. L’écriture et donc le livre est sans contexte la plus belle création de l’homme, un objet sublime que je respecte par-dessus tout.
Paradoxalement depuis tout petit, même si je n’étais pas un lecteur exemplaire, j’ai toujours adoré le mot « bibliothèque », Je lui trouve une rondeur et un équilibre parfait, un mot riche de promesses, de sensations de voyages et de découvertes. A présent ce simple mot est synonyme d’un endroit familier et amical, un lieu de réflexion et d’inspiration. J’aime la compagnie des livres, leur présence me rassure et me réconforte.
Je pense que j’ai toujours aimé le livre, en tant qu’objet, avant de l’apprécier pour la qualité de son contenu. Il a toujours fait partie intégrante du monde dans lequel je vivais et a toujours exercé sur moi une grande fascination, bien avant que je ne comprenne l’importance qu’il aurait sur ma vie bien des années plus tard.
Très souvent lorsque je trouve un livre au hasard de mes nombreuses chines, je m’imagine le périple extraordinaire qu’il a effectué avant de se retrouver entre mes mains. Dés sa sortie de l’imprimeur, ce fascicule de « La guerre infernale » cet exemplaire des « Mystères de demain » ou alors cette reliure de Calvet « Dans 1000 ans » ou le sublime « La guerre des mondes » illustré par Alvin Corêa. Dans quelles mains sont-ils passés, dans quelles bibliothèques ont-ils été rangés ou dans quelles caves ou greniers ont-ils été oubliés.
Le genre de morceau de papier qui a survécu à deux guerres aux bombardements, à l’occupation, aux incendies et aux inondations. Le livre est une chose fragile et vulnérable, capable de résister à tout mais aussi disparaître en un instant. J’ai souvent l’impression d’être le dépositaire et le gardien de tout un univers voué à la destruction.
La moindre petite édition populaire, fait pour moi office d’incunable que je garde jalousement sur le bois de mes étagères. Mais il ne faut pas croire que je suis un maniaque obsessionnel qui ferme son bureau à double tour (le mien ne possède ni portes ni serrures) la lecture est une découverte et un partage et je n’hésite pas à prêter mes ouvrages car je part du principe que la culture doit être ouverte à toutes et à tous.
Je suis vraiment chagriné lorsque je constate que souvent cette passion de la lecture et plus particulièrement de la vieille sf, est de plus en plus restrictive car faute d’éditeurs courageux, et de ce fait, toute une jeune génération restera probablement dans l’ignorance d’une telle richesse littéraire. Les éditions originales sont de plus en plus fragiles, difficiles à trouver et donc relativement chères sur le marché.
Le genre serait-il condamné à cause d’une tendance à la spéculation, un dédain d’une élite d’intellectuel qui considère toute cela comme un sous genre indigne que l’on s’intéresse à lui ou bien les lecteurs sont-ils trop pédants pour oser reconnaître que derrière ces couvertures parfois un peu criardes, se cachent de véritables œuvres originales et parfaitement abouties?
Quoiqu’il en soit, rien ne pourra remplacer le plaisir, certes parfois un peu égoïste, de tenir entre mes mains ces vieux ouvrages, si fragiles mais que je trouve si beaux, témoins de toute une époque où l’écrivain voyait en l’avenir de l’homme, malgré sa folie, son arrogance mais son indéfectible créativité, des jours optimistes et radieux.
Longue vie à tout cet univers de papier, de chimères de rêves et de fantaisies dans l’espoir que toute une nouvelle génération puisse reprendre le flambeau afin que vive aussi longtemps que possible toute cette mémoire de notre passé.
Mardi 15 Décembre 2009
Depuis longtemps j’ai toujours eu une profonde attirance pour le merveilleux et le Fantastique.
Très jeune, assez réfractaire à la lecture, ma première démarche fut de me faire acheter un ouvrage des éditions « Fleuve Noir Anticipations ».
Difficile de me rappeler du titre, toutefois je garde un souvenir assez plaisant de cette lecture un peu « forcée » par mes parents, mon père était de l’ancienne école et la lecture était une étape obligatoire : Comme je le comprends à présent !
Par la suite, mon intérêt se porta essentiellement sur les bandes dessinées à caractère Fantastique :
« Spectral, Etranges aventures, Aventures fictions… », Tout un monde de super héros et de super méchant qui ne cessèrent de titiller mon imagination.
Mais le véritable grand choc fut, beaucoup plus tardivement, avec un livre dont je me souviendrais toute ma vie : « La chose dans les algues » de William Hope Hodgson chez le mythique éditeur « Néo » en 1979.
J’avais mis le doigt dans l’engrenage infernal et les auteurs se succédèrent à une vitesse folle : Meritt, Lovecraft, Bloch, Clark Ashton Smith, Howard et….Jean Ray le grand et unique auteur Gantois !
C’était une époque où lire ce genre d’ouvrages était assez mal perçu et je me rappelle des jugements hâtifs que mon entourage portait alors sur moi :
« Comment peux-tu lire des choses pareilles, ce n’est pas un vrai livre ! »
« C’est quoi un vrai livre…… ? »
Contre vents et marées je me suis obstiné et poursuivant plus avant mes recherches j’ai rencontré finalement l’ouvrage qui transforma complètement ma vision de la science fiction.
« La révolte des pierres » de Léon Groc édité en 1930 aux Editions de la nouvelle revue critique, réédité par la suite sous le titre évocateur de « Une invasion de Sélénites », la mode étant aux invasions extra-terrestres!
L’ouvrage acheté à bas prix chez un petit bouquiniste asiatique était en prime dédicacé par l’auteur.
Reprenant le concept de Rosny Ainé dans son formidable « Les Xipéhuz » ou l’homme se trouve confronté à une intelligence minérale, Groc nous décrit une invasion de Sélénites (titre reprit dans sa réédition) qui arrivés sur terre sous la forme minérale, menacent l’équilibre de notre chère humanité.
Je pris alors conscience,à la lecture de ce roman admirable,qu’il existait en France et ce bien avant les premières collections spécialisées, une multitude d’auteurs ayant œuvrés dans le mépris le plus total à l’édification du genre.
Depuis,je me passionne depuis de nombreuses années à toute cette littérature de l’imaginaire qui ne doit sa survie qu’à une poignée de nostalgiques,un peu ringards sur les bords mais qui se battent avec acharnement pour la réhabilitation d’un genre depuis trop longtemps laissé en marge de la littérature.
« Sur l’autre face du monde » roman de A.Valérie paru dans la mythique revue « Sciences et Voyages » symbolise bien toute cette période avec d’un coté la science triomphante et de l’autre l’obscurantisme le plus total.
Mais toute l’ambiguïté du roman où le « bien » n’est pas toujours là ou il devrait être, est également le reflet de toute une époque où les auteurs adoptaient une certaine distance avec les bienfaits de la science
De la fin du 19éme au début du 20éme, la littérature d’imagination scientifique, appelée plus communément « merveilleux scientifique » par notre cher Maurice Renard,fut le terrain unique et privilégié où se développa le talent de nombreux écrivains.
Savants fous, créatures hybrides, invasion extra-terrestre, société idéale, surhommes….ils créèrent déjà à cette époque tout un monde fantasque et délirant qui se développa dans une société qui regardait tout cela d’un œil bien méprisant.
C’est pour réhabiliter ce « sous produit » de la littérature que j’ai voulu créer ce blog.
Afin que nous puissions parler ensemble de ces héros de l’ombre, de ces savants qui étaient souvent par la force des choses des explorateurs et des aventuriers.
Tous ces personnages de la littérature dite populaire, détective, journaliste, scientifiques etc.… qui n’hésitaient pas à mouiller leurs chemises pour faire reculer les chemins de l’impossible.
« Sur l’autre face du monde » veut parler sans restriction de tous ces écrivains et de tous ces artistes qui donnèrent leurs lettres de noblesse à un genre que l’on appellera plus communément par la suite Science-fiction.
Qu’ils en soient ici remerciés !
Maintenant il ne nous reste plus qu’à partir à la découverte de cette autre face du monde,un voyage incroyable aux confins de l’imaginaire.