Dossier « Les Détectives De L’impossible«
Avant de passer aux exploits de Kevin Rocamir, je voudrais faire une petite parenthèse sur quelques « occasionnels » de cette noble profession des « détectives de l’impossible ». Au fur et à mesure cette rubrique se renouvellera de façon sporadique car c’est un domaine qui fut « taquiné » par un grand nombre d’auteurs, et ce parfois de manière purement anecdotique.
Martin Hewitt
- « La main de gloire » de Arthur Morrison, dans le recueil « La main de gloire » La renaissance du livre, collection « Le disque rouge ».1933. Traduit de l’anglais par René Lécuyer. Un autre volume contenant d’autres aventures du célèbre détective fut édité chez le même éditeur « L’étrange aventure du Nicobar » en 1932, mais seule la nouvelle portant le nom du volume référencé plus haut appartient au domaine du fantastique. Une curieuse histoire de la main coupée d’un pendu et qui posséderait certaines propriétés magiques est à la base de cette histoire qui baigne dans le surnaturel
René Vignaud
Pas vraiment un détective mais un journaliste qui n’a pas froid aux yeux et qui prêtera main forte à la police afin de débrouiller quelques cas insolubles et mystérieux.
- « La mort aux ongles longs » De Gille Hersay. Editions Ferenczi collection « Le Verrou » N° 7 1950. Plusieurs corps sont découverts, victimes visiblement d’une créature proche de la dessiccation. Le reporter va découvrir, que l’auteur de cette macabre série n’est autre qu’un cadavre mort depuis belle lurette et maintenu artificiellement en vie au moyen d’un sérum. Le savant « fou » responsable de cette forfaiture utilisait une machine qui émettait son rayon « W.K » capable de « téléguider » ce zombi à distance. La T.S.F au service du crime….
- « Le chant des suicidés » De Gille Hersay Editions Ferenczi collection « le Verrou » N° 27. 1951. Première édition Ferenczi collection « Crime et police » N° 59. 1934. Vignaud intervient en gironde suite à la disparition d’un de ses amis. Dans la région une légende se répand au sujet d’une jeune et belle femme qui serait à l’origine d’une vague de suicides. Lorsqu’il lui rend visite, il est fait prisonnier et, attaché reçoit le baiser… d’un lépreux. La charmante créature, victime elle-même de la redoutable maladie, décide telle la mante religieuse, de tuer ses prétendants en leur inoculant l’effroyable germe. Ce qui explique cette vague de suicide, les victimes en proie à la folie, préférant mettre un terme à leur existence. La vindicte populaire mettant fin aux agissements de la vénéneuse créature, Vignaud sera sauvé grâce au vaccin miracle injecté en catastrophe. Dangereux le métier de journaliste !
Barnabas Hildreth
Officier de l’intelligence service, grand spécialiste des affaires insolites, il est le seul à pouvoir dénouer les enquêtes les plus bizarres et improbables. Né sous la plume de Vincent Cornier c’est grâce à la perspicacité de la revue « Mystère Magazine » que les lecteurs Français découvrirent les exploits de cet enquêteur hors du commun. Ce singulier personnage apparaîtra dans au moins quatre aventures, apportant ainsi la pleine mesure de son talent et de ses capacités :
- « La balle au bois dormant » Mystère Magazine N° 17 5Juin 1949). Comment une balle tirée il y à plus de 200 ans peut-elle traverser sa victime.
- « Odeur Mortelle » Mystère Magazine N° 19 (Août 1949). Une curieuse enquête ou bien avant « l’invention » de la bombe atomique (L’histoire fut publiée pour la première fois en 1935), il est question d’un cadavre pétrifié et « irradié ».
- « La mante qui riait » Mystère Magazine N° 21 (Octobre 1949). Une étrange « mante » d’origine très ancienne, tissée de fils d’or, possède la curieuse caractéristique d’émettre un ricanement sinistre lorsqu’on la bouge. Mais le plus terrible, c’est qu’elle tue toutes les personnes qui s’approchent d’elle.
- « La chose » Mystère Magazine N° 57 (Octobre 1952). Une créature sème la terreur dans un petit village, des corps sont retrouvés horriblement mutilés.
L’inspecteur Skipp
– « La rue ou errait la mort » de Henriette Robitaillie. Maison de la bonne presse, collection « La frégate ». 1949. Un roman où plusieurs personnes sont retrouvées, foudroyées par une mort mystérieuse. Seul indice, une curieuse et profonde brûlure qui semble avoir transpercée la chair. Le coupable, involontaire est encore un professeur ayant découvert une puissante matière irradiante, la « Brownite ». Le savant va découvrir trop tard que malgré un épais étui de plomb, la matière sur courte distance et en présence d’un métal commun, conserve sa redoutable propriété de diffusion. Responsable de ces meurtres malgré lui, il préférera se donner la mort.
Max Kearny
- « La dernière enquête de Kearny » de Ron Goulard, parution dans la revue « Fiction » N° 266 Février 1976 (page 129 à 144). Notre détective de l’occulte va enquêter sur « L’agence fantôme » une boite spécialisée dans la magie et la sorcellerie. Cette « dernière enquête » fut hélas la seule et unique apparition en France de cet amusant détective.
Détective X
-« La mort ……et toi toute seule » de Serge Jacquemard. Editions Fleuve Noir collection « Spécial police » N°1254.1976. Dans mes références je n’ai pas retrouvé le nom de ce privé qui sera contacté par une femme dont le mari vient de disparaître. Son enquête le conduira dans un mystérieux château où pour survivre, ses deux occupants tuent des jeunes personnes afin de se glisser dans leurs corps par des procédés magiques. Il s’agit de templiers se refusant de mourir. L’histoire se terminera dans un bain de sang.
Russel V.Chillders
- « Les germes du diable » de Jory Sherman. Librairie des Champs-Élysées, Collection « Le masque fantastique ».1980. Dans une région reculée des Etats-Unis, des animaux puis des êtres humains sont massacrés et vidés de leur sang. Russel V.Chillders, « Investigateur professionnel des phénomènes psychiques » mène l’enquête et va se trouver plonger dans une affaire ou démonologie et occultisme risquent de faire vaciller sa raison.
D’après mes sources quatre autre de ses aventures existeraient aux USA.
Dr Jeremy Sanders
– « Un loup pour l’homme » de Richard Nolane. Parution dans la revue Antarès N° 4 (1982) Créé par le grand spécialiste de la littérature fantastique, Richard Nolane de son vrai nom Olivier Raynaud, cette aventure met en scène ce spécialiste des « Enquêtes extralucides ».
Dans la nouvelle « Un loup pour l’homme » notre détective traque un loup garou qui contrairement au modèle du genre se transforme en homme pour assouvir ces instincts les plus vils. Une étrange histoire de métamorphose inversée….original !
Frederica Master & Francis St Clare
- « Dis moi qui tu hantes ».Parution dans la revue Antarès N° 20. Longue nouvelle de Ronald Chetwynd Hayes où il est question d’une étrange maison hantée. Nos deux héros devront exercer leurs talents de détectives « Para-psychique » et ceci sur un ton plutôt humoristique.
Karel Dekk
- « Espion de l’étrange » de Karell Dekk (Serge Lehman) Edition Fleuve Noir « Anticipation » N° 1842. 1991. C’est une « histoire dans l’histoire » ou le héros écrit un livre racontant les faits réels qui lui sont arrivés lors d’une transaction pour le moins étrange et qui va le conduire à passer « de l’autre coté du miroir » et de devenir ainsi « Espion de l’étrange ».
- « L’homme qui voulait sauver l’univers » Nouveaux mondes de la science fiction. Ailleurs et autre. Miniature N°7. 1991.
- « Sur l’échine de la grande ourse » Revus « Planète à Vendre » N° 12.1992.
- « Collector » Revue Yellow Submarine » N° 100.1993.
- « Le système Dougoujief » Revue « Yellow Submarine » N° 121. 1996.
Sadie Sumerskill & Christopher Swann
- « Whitechapel » de Laure Odéne. Editions Florent-Massot collection « Poche révolver fantastique ». 1997. Tout est dans le titre et nos deux détectives vont se retrouver à lutter contre un redoutable fantôme que l’on croyait mort à jamais. Suite a la réouverture de l’ancienne station de métro de Whitechapel, une vague de crimes horribles signée par un scalpel d’argent affole la population. Une lutte contre « le mal à l’état pur » s’engage.
La page se referme provisoirement, les prétendants sur la liste se bousculent, à très bientôt donc pour de nouvelles aventures.
Dossier « Les détectives de l’impossible »
Brice Flandre détective des ténèbres : « Le club des monstres »
de Jean-Pol Laselle. Revue « L’impossible » N° 10, Avril1972.Page 10 à 16
A Glontiére, un petit village paisible de Sologne tout semble aller pour le mieux jusqu’au jour où l’on découvre dans la Sauldre, un cadavre horriblement mutilé. Face à l’impuissance de la police de Romorantin, Paris détache un de ses meilleurs agent : Hippolyte Gingembre !
Sur place il va découvrir toute la complexité de l’affaire car à l’examen de la victime, Philippe De Nouaille, on découvre qu’elle fut sauvagement déchiquetée par…un requin ! Le brave policier afin d’éviter un certain enlisement de l’enquête préfère contacter son ami, le célèbre détective Brice Flandre.
On accuse comme il se doit, les gens du voyage, un groupe de bohémiens qui se trouvaient à proximité fleuve. Mais les soupçons s’envolent très vite lorsque l’on va découvrir le corps de la seconde victime avec le torse complètement broyé. Visiblement il s’agit d’un redoutable serpent style Boa constrictor. Gingembre ne sait plus à quels saints se vouer, Flandre quand à lui semble dubitatif mais un léger sourire anime son visage plongé dans une réflexion intense.
L’identité du troisième assassin sera révélée en présence du détective et de son élève Michel Servin, Mic pour les intimes. A la stupéfaction générale, ils aperçoivent une ombre monstrueuse, la silhouette impressionnante d’un Minotaure. Il vient d’accomplir sa macabre besogne en trucident Edouard Vouplex, l’instituteur du village. Mais qu’el est le lien entre les trois victimes et qu’elle est l’origine de leurs mystérieux agresseurs ?
C’est bien évidemment Brice Flandre qui va faire la lumière sue cette incroyable aventure. Le comte Sosthéne de Nouaille, grand voyageur devant l’éternel, vient écouler des jours paisibles dans ce petit village de Sologne. A son arrivé, il tombe amoureux fou d’Hortense Aster. Mais celle-ci ne l’entend pas de la sorte, car libertine impénitente elle multiplie ses relations amoureuses avec d’autres habitants de la bourgade.
Sur l’île de Java le comte s’était passionné de sorcellerie chamanique et fort de ses connaissances, un redoutable projet fut mis sur pied. Avec l’aide d’un chaman, qu’il fit passer pour un domestique, il invita de façon régulière les amants d’Hortense. La table et la cave du comte étaient une aubaine pour eux et petit à petit il les amadoua, gagna leur confiance en les faisant même participer à des rites chamaniques. La technique, après les avoir plongés un état de transe avancé, consistait à faire croire à la victime qu’elle était devenue un animal sauvage. On affublait le sujet de peau, de cornes ou de crinière afin de faciliter la « métamorphose », créant ainsi un véritable « Club des monstres » « Le but du comte était de faire se tuer entre eux les amants pour bénéficier à lui seul d’Hortense Aster. Tout commença par la mort de son propre fils qu’il fit exécuter par le colonel Dargeaut qui, pour la circonstance, devint un squale mangeur d’hommes »
Le comte de Nouaille se suicidera lors de son transfert quand à sa femme, honteuse d’avoir assistée à toutes ses horreurs terminera ses jours dans un asile.
Brice Flandre, Détective des ténèbres : « L’homme aux yeux de porcelaine »
de Jean-Pol Laselle.Revue « L’impossible »du N° 12,juin 1972. Page 2 à 8.
C’est l’histoire de trois vieilles filles habitant la banlieue Parisienne et dont la tranquillité va être troublée par les méfaits d’une horrible créature dont les yeux ressemblent à des soucoupes de porcelaine. Régulièrement, malgré leur réputation de « vierges farouches » elles invitent à leur table, fort appréciée, un prétendant de la plus jeune des trois, Mr Zéphir Dussault horloger de son état et un autre convive, goûtant depuis à une retraite bien méritée, Kléber Mansart. Celui-ci travaillait comme ingénieur aux chantier de St Nazaire où il avait œuvré à la construction d’un sous-marin à l’efficacité particulièrement vantée : « L’espadon ». Mais un invité de dernière minute semble vouloir être de la fête, non pas pour savourer la délicieuse cuisine des sœurs Grongonville, mais pour une raison qui semble pour le moment des plus mystérieuses :
« Là, à un demi mètre au dessus de la verdure, s’estompait sur la nuit tout à fait tombée une silhouette blême de cauchemar où seuls des larges disque d’un bleu pale, figurant des yeux, apportaient un peu de couleur, mais une couleur inhumaine comme celle appartenant aux yeux d’un masque mortuaire millénaire. »
C’est notre dévoué « Gingembre » qui informera notre détective des ténèbres de cette singulière affaire. Le pavillon des trois dames n’est pas très loin et ils décident donc d’y aller jeter un œil.
En compagnie de son fidèle élève, ils ne peuvent que constater la véracité des faits, puisqu’ils vont être également les témoins de la mystérieuse apparition. Mic tente de tirer sur la créature, faisant fi du conseil de son « maître » lui ordonnant de tirer au niveau du ventre. Il faut dire que « l’homme aux yeux de porcelaine » est d’une taille peu banale.
Un autre soir de vieille, bien décidés à en « découdre » avec cette chose, les deux policiers organisent une nouvelle veille. Mais, stupéfaction, ce n’est pas un mais deux fantômes qui surgissent de la nuit. Visiblement un des deux est de trop et un formidable combat débute sous les yeux consternés des deux hommes. L’une d’elle qui semble blessée va prendre la fuite, aussitôt talonnée par les deux observateurs. Ils découvrent non sans un certain étonnement qu’elle va trouver refuge chez l’horloger Zéphir Dussaut. Il s’agit en fait d’un gigantesque automate, un habille assemblage de rouages et de pistons révélant tout le génie de l’horloger. Avant de mourir, blessé mortellement par une balle, il ne peut que regretter son échec face au formidable complot organisé par Apolline Grongonville.
Celle-ci était de mèche avec des espions d’une puissance étrangère et voyant tout le bénéfice qu’elle pouvait tirer des révélations de Mansart au sujet des caractéristiques de son fameux sous-marin, décida de passer à l’action. Elle savait que l’horloger et l’ingénieur avaient des discussions passionnées et grâce à la complicité d’un nain actionnant une gigantesque marionnette de métal léger et doté de puissants microphones à la place des yeux, elle fit les enregistrements de leurs nombreuses conversations. Zéphir se doutant de la chose et pour ne pas mettre la vie de sa bien aimée en danger, réalisa le projet audacieux de créer une seconde créature afin de contrecarrer l’originale et de dérouter les espions et les voir fuir à jamais.
La suite vous la connaissez. Apolline sera arrêtée à la frontière, le nain sera découvert assassiné, victime de ses complices qui vont sûrement réfléchir à deux fois avant de s’opposer au redoutable Brice Flandre.
Brice Flandre aux prises avec « l’homme aux yeux de porcelaine » Dans l’antre du « Club des monstres » dessins réalisés par l’auteur
Dans l’ombre de Harry Dickson
Voilà un personnage des plus singuliers et dont les aventures hélas, ne connurent pas de suites. D’après mes sources « Jean-Pol Lasselle » serait le pseudonyme de Brice Tarvel, qui participa à l’élaboration d’un autre chasseur de spectres « Kevin Rocamir »et « Max Cordelin ». Les heureux possesseur de la collection complète du « Fulmar »pourront suivre dans le numéro 6 « Les semeurs de cauchemars », ses formidables aventures.
Ma passion pour les « détectives de l’impossible » remonte à l’époque glorieuse où je m’étais embarqué sur cette vieille coque de noix, rencontrée au hasard de mes lectures. Le nom de ce rafiot était une telle source de légendes que je me suis laissé prendre au jeu, en passager docile et émerveillé sous le commandement de Pierre Charles, François Ducos, Gérard Dôle…..
J’achetai de façon régulière les quelques 80 pages reliées à la ficelle ou aux agrafes, textes ronéotypés, reproductions de photos ou de documents avec les moyens de l’époque. Tout cela sentait bon la passion et la volonté de faire découvrir des mondes insoupçonnés.
Et puis arrive le N° 11 talonné de prés par son petit frère le 12 et surprise, en première page on annonce un dossier spécial consacré aux détectives de l’incroyable. A l’époque on ne parlait pour ainsi dire pas de cette catégorie de chasseurs de monstres, bien sûr nous les avions déjà rencontrés au détour de nos lectures boulimiques, mais personne n’avait encore envisagé de leur consacrer un dossier spécial .Un recensement un peu chaotique, des infos que se croisent, des sources bibliographiques pas toujours précises, mais le savoir et la passion sont au rendez-vous. Sans contexte mon dossier préféré sur la totalité des numéros parus.
Voilà pour la petite histoire du Fulmar, nous aurons l’occasion d’y retourner plus tard lors d’un article que je compte lui accorder.
Mais revenons au sujet qui nous intéresse aujourd’hui et voyons un peu comment ce détective de l’impossible nous est présenté par l’auteur.
Si dans sa première aventure, les descriptions du personnage et de l’univers qui l’entoure sont relativement avare en détails, par contre dans le second texte, l’ambiance est bien en place et quoi de plus naturel, lorsque l’on se lance sur les traces de Harry Dickson, d’en retrouver les éléments les plus déterminants et visiblement, l’auteur ne cache pas toute l’admiration qu’il porte à Jean Raymond de Kremer.
Brice Flandre habite une maison sur le quai Saint Michel à Paris, fume une grosse pipe en bruyère et dans ses aventures est accompagné de son « fidèle élève » Michel Servin qui à l’image de Tom Wills, sera le compagnon de tous les dangers du maître détective. Le surintendant Goodfield, se retrouvera dans la peau d’un autre personnage tout aussi pittoresque, Hyppolite Gingembre qui, plutôt que de s’avouer vaincu fera appel à son ami de toujours afin de le tirer « d’affaires » assez complexes et notre bonne Mrs Crown, irremplaçable femme d’intérieur cédera son tablier à Mme Dupin.
Dans « L’homme aux yeux de porcelaine » on retrouve un peu toute la thématique chère à Jean Ray, avec une ambiance assez proche de l’univers qui le caractérise. Pour commencer les trois sœurs Grongoville, qui nous paraissent d’un abord relativement paisible mais dont l’une d’entre elle se révèle une redoutable espionne qui n’hésitera pas à trahir et à tuer pour arriver à ses fins. Elles évoluent dans un monde cossu, en dehors du temps et les repas qu’elles organisent rivalisent d’ingéniosité avec celle du maître Gantois :
« Potage de poisson,poivrade, radis au beurre, anchois, huîtres Portugaises, ortolans sur le plat,terrines de pâté de campagne,aloyaux braisé,salmis de pintade,truite à la crème, faisan rôtis,râble de lièvre en matelote,artichauts de Bretagne,salades et fromages. Pour le désert, outre un gâteau à la pistache phénoménal,une marmelade d’orange, des biscuits pralinés,des compotes et des fruits frais. L’ensemble fut arrosé des meilleurs vins de France et d’Espagne, et on terminera par des fruits à l’eau de vie et de précieuses liqueurs ».
La bonne cuisine tout comme le cadre de l’histoire, semble vouloir rassurer le lecteur et l’installer dans un monde douillet et confortable.
« Avec ses murs fraîchement crépis de couleur claire, son toit pourpre comme verni et ses volets verts, le home des vieilles filles faisait penser à quelque jouet neuf abandonné par un enfant distrait au milieu de la luxuriante végétation du jardin, sous la lumière de miel de ce beau mois de juin. Les fenêtres à petits carreaux sertis de plomb à la mode d’antan ajoutaient encore à cette impression de miniature qui émanait de cette coquette bâtisse, trop jolie pour être vraie. »
On nous endort, nous place dans un contexte rassurant avant de nous mettre en présence de l’irrationnel et du fantastique. Même si parfois, l’auteur abuse un peu trop de ces effets de style, pouvant rebuter le lecteur peu habitué à ce genre d’exercice, la lecture n’en reste pas moins toujours agréable. Ces petites manies de toute manière seront vite pardonnées face au contexte assez « extraordinaire » des histoires.
Il préférera par contre la solution d’un fantastique « expliqué », suggestion pour la première aventure, espionnage mâtiné de fantastique et de conjecture pour le second. Finalement le cadre de ces enquêtes est assez intemporel et elles pourraient être écrites dans les années 20 ou 30 comme dans les années 70 ou 2000. Je crois que c’est cela qui fait la force de ces deux textes, dans un style très « A la manière de… » Ainsi ils conservent toute leur force, leur originalité et nous prouvent tout l’amour et le respect que l’auteur portait à la littérature de genre !
« Les deux hommes pénétrèrent dans la boutique fleurant bon la myrrhe et l’huile pour mécanique de précision. Un rayon de lune filtrait en haut du rideau de fer et jetait dans le magasin une flaque lactescente qui permettait d’y voir à demi. C’était un curieux univers qui se révélait aux visiteurs nocturnes. Mille tic-tacs formaient un fond sonore lancinant qui semblait sourdre des coins d’ombre. Les yeux cyclopéens des carillons, des cartels, fixaient les intrus face une insistance malfaisante tandis que ceux plus petit des montres et des réveils épiaient plus sournoisement. Sur la droite, des rayonnages supportaient une théorie de bocaux de verre dans lesquels finissaient de sécher des plantes médicinales ressemblant à d’effrayantes petites momies ravagées ».
Je dois avouer mon penchant pour cette aventure, car la thématique de l’automate, que l’on rencontre non seulement chez Jean Ray mais également dans beaucoup de textes d’imagination scientifique, à quelque chose de mystérieux, de magique et d’effrayant à la fois. Dans cette folle course de l’homme à se vouloir l’égal de dieu et de créer un ersatz d’humanité, il y a quelque chose de terrible et de pathétique. La créature, le double qui dans « L’homme aux yeux de porcelaine » porte le nom tellement adorable de Gédéon, a quelque chose d’attachant et de profondément humain, peut-être en raison de ce pourquoi elle avait été conçue. Sinistre fin que la sienne « obligée » de disparaître car son créateur va mourir
« Vous avez raison Mr Flandre, Gédéon ne vous fera aucun mal. Probablement ne bougera-t-il même plus jamais car je vais mourir…. »
Triste fin pour une noble cause.
En tout cas, les titres de jean-pol Laselle sont des plus évocateurs, et il faut lui décerner une mention spéciale pour les noms pittoresques de ses personnages. A travers l’originalité de cette création, on sentait vraiment poindre sous sa plume féconde, les prémisses d’un formidable chasseur de fantômes.
Pour conclure, il faut noter que de mémoire je n’ai pas de souvenir où cette véritable fonction de « Détective des ténèbres » apparaisse dans des textes antérieurs et clairement écrite en tant que telle. Le sous-titre est des plus explicite et même si l’on retrouve ce genre de « spécialistes » dans des œuvres beaucoup plus anciennes, « Brice Flandre » se pose comme le précurseur d’un genre nouveau et qui auparavant n’avait jamais était défini et revendiqué de manière aussi explicite.
Pour cette raison, je trouve assez regrettable que ce dernier, ne figure pas dans le recensement effectué dans le volume consacré au colloque de Cerisy et dont le thème « Les détectives de l’étrange, domaine Francophone et expansions diverses ». Dans son « survol chronologique des œuvres de langue Française » l’auteur ne parle absolument pas de ce « détective de l’occulte » qui, à mon avis plus que le personnage de « Fascinax » (que j’admire énormément mais qui a pour moi plus une stature de « super héros justicier », voir mon article sur le blog) aurait mérité une place au sein de cette chronologie.
Preuve en est que, une fois de plus ces « héros de l’ombre » issus de tout un courant de la littérature populaire et des publications amateur, sont voués à l’oubli le plus total. Mais nous ferons face et tenterons de leur accorder la place qu’ils méritent. Très prochainement, nous poursuivrons notre découverte des œuvres de Jean-Pol Laselle/Brice Tarvel qui participa grandement à l’édification de ces détectives occasionnels mais qui n’en restent pas moins très sympathiques.
Les deux couvertures de cette revue mythique où se déroulèrent les exploits du célèbre détective
Pour quelques notes bibliographiques de plus
En reprenant quelques numéros de la revue « Creepy », un sommet de la bd horrifique et une source de renseignements pour les fans de ciné fantastique, j’ai découvert deux nouvelles d’un certains Jean-Pol Laselle dans la rubrique « The Creepy fans club » : - « La promenade du canal triste ». N° 9 (1971)
- « Sur la lande des Mauvents » N° 11 (1971)
Dans la revue « L’impossible », quatre autres nouvelles sont à son actif :
- « L’araignée chinoise » N° 4 Octobre 1971
- « Le journal d’un homme mouche » N° 5 Novembre 1971
- « La mort dans un verre vide » N° 6 Décembre 1971
- « L’auberge de l’effroi » N°7 Janvier 1972
Dans la célèbre revue « Horizon du fantastique » :
- « Pour qu’un soleil se meure » N°27 page 31 (1974)
De nombreuses autres nouvelles se trouvent également dans les revues « L’aube enclavée », « Argon », « Le citron hallucinogène »….
Sans oublier « Le temps des cicatrices » publié dans l’anthologie « Dédale 2 » (N° 559, 1976) de la prestigieuse collection Marabout.
Pour conclure ce rapide tour d’horizon, Brice Tarvel, vient une fois de plus d’assouvir notre soif des « Détectives de l’impossible » en publiant à la formidable maison d’édition Malpertuis (déjà coupable du fantastique « Le chérisseur de têtes et autres pacotilles du club Diogène » dont nous reparlerons sur les pages de ce blog) un recueil de deux nouvelles venant grossir les exploits du Sherlock Holmes Américain :
- « Les dossiers secrets de Harry Dickson Tome 1 » par Brice Tarvel. Contient « La main maléfique » et « L’héritage de Cagliostro » Mai 2009. Nous espérons un second volume dans les mois à venir.
A Très bientôt pour un nouveau dossier en compagnie de « Kevin Rocamir » et de « Max Corbelin » détective de ….l’obscur !
Les suites des aventures du Sherlock Holmes Américain Le prochain « détective de l’impossible » invité sur les pages de ce blog
Jules de Grandin sous le regard vif de…………Teddy Verano sous la protection de……. Harry Dickson : Bienvenue dans la grande famille des Détectives de l’impossible!
Dossier « Les Détectives de l’impossible »
Fervent admirateur de littérature fantastique tout comme de vieille SF (cela vous vous en doutiez), il est un genre resté pendant fort longtemps dans l’ignorance et qui n’a cessé d’exciter ma fibre de lecteur : Les détectives de l’impossible ! Bien que depuis quelques années réhabilités grâce entre autre à de fortes personnalités comme François Ducos (La défunte collection « Super Poche » au Fleuve noir) » ou Gérard Dôle (La dynamique maison d’édition « Terre de Brume »), c’est un genre qui reste encore « nébuleux » et qui peine encore à trouver ses véritables marques.
Oscillant entre le fantastique et le récit policier, cette branche dérivée de la littérature dite populaire, manque de réels repères, un peu comme l’enfant abandonné dont on à du mal à trouver les origines. Et pour cause, une fois de plus c’est « une genre dans le genre » et faute d’histoire bien précise, il est un peu à l’image des ses redoutables spectres pourchassés par nos célèbres détectives : il flotte entre deux mondes !
Pourtant les précurseurs furent nombreux et de Dupin d’Edgar Allan Poe, au célèbre binôme « Mulder/Scully », prés d’un siècle de chasseurs dd fantômes, hantent les rayonnages poussiéreux de nos bibliothèques. Mais en regard d’une certaine popularité, il ne faudrait pas trop crier victoire. En dépit d’une époque accusant une X-filomanie des plus tenace (le postulat du complot gouvernemental et d’un pacte avec les aliens fut sans contexte ce qui attisa le plus la curiosité), cette branche mutante de la « paralittérature » reste encore peu connue. L’historique en est incertaine, les ouvrages y faisant référence sont rares pour ne pas dire pratiquement inexistants.
Pourtant quelle imagination, quel délire, on tremble devant les exploits de Carnacki, on frissonne face à John Silence, on convulse devant les aventures de Harry Dickson et on se pâme d’aise à la lecture des exploits de Sar Dubnôtal le « Grand Psychagogue ». Car au-delà du personnage central de l’histoire, bien souvent l’auteur nous livre un pur joyau de la littérature populaire ou se mêlent en un accord parfait, fantastique, policier et parfois même conjecture. Essayons d’imaginer un seul instant, une aventure de Harry Dickson réalisée par Alain Resnais (projet à l’étude qui ne vit hélas jamais le jour, consulter a ce propos le formidable ouvrage « Repérages » Editions Le Chêne 1974), ou alors un Peter Cushing (Hélas décédé) interprétant Carnacki ou Eddy Constantine dans le rôle de Teddy Verano….
Finalement, les « chasseurs de spectres » tant sur le petit écran qu’en littérature sont légion, il suffit de savoir les débusquer à notre tour. Je vais donc essayer dans la mesure du possible, de répertorier et de vous parler de tous ceux….et celles qui contribuèrent à bâtir l’immense édifice de ces « héros de l’ombre » , qui continuent encore à faire les délices de nos longues soirées d’hiver.
Toutefois, avant de commencer cette louable entreprise, je vais me permettre de tracer les limites de mes « investigations ». Je pense en effet qu’il s’agit d’un domaine où il serait absurde d’être trop restrictif et de limiter le genre uniquement à la gente des détectives. Il me parait indispensable de procéder à un balayage beaucoup plus large et d’englober d’une manière générale tout enquêteur officiel ou non, confronté à des phénomènes paranormaux. De ce fait ce dernier appartiendra soit à une branche de l’état ou un de ses organismes (Police, armée, F.B.I, etc…) ou tout simplement de simples particuliers agissants pour leur propre compte ou pour un tiers (détective privé, médecins, professeur d’université, tec….).
Cette liberté d’englober une population aussi vaste, vient du désir d’exhumer de nombreuses affaires (non classées) et provenant de romanciers ou de scénaristes qui n’auraient aucune chance d’être répertoriés. Car il faut bien admettre que nombreuses sont les références ou les héros des différentes aventures que je vais ainsi recenser,n’ont pas d’attestations officielles, de mandats de perquisition, de locaux et de moyens bénéficiant du dernier cri de la technologie ou de bureaux miteux dans un immeuble insalubre.
Des plus célèbres, aux plus anonymes, la quête reste la même : Traquer le mal sous ses différentes formes. Peu importe les moyens utilisés et les motivations de chacun, un seul et unique mot d’ordre va tous les rallier à savoir en découdre avec les fantômes, spectres, revenants et autres formes ectoplasmiques. Bien évidemment, faute d’accessibilité à certains ouvrages, certaines références pourront vous sembler incomplètes, mais je compte sur votre participation, car ce blog est aussi le votre, afin de m’apporter toutes vos lumières.
Du comique au tragique, du médecin tiré à quatre épingles au privé alcoolique, de la supercherie scientifique aux phénomènes paranormaux confirmés, c’est tout un monde « au delà du réel » de maisons hantées, de statues maléfiques, d’êtres possédés, d’objets envoûtés, de matérialisations monstrueuses, de morts effroyables et de vengeances d’outre tombe, qui s’offrent à nous et que nous allons essayer dés aujourd’hui de partager.
« Mais il se fait tard, le brouillard enveloppe de son épais manteau, les ruelles étroites de mon quartier. Au loin un clocher égrène lentement les douze coups de minuit. Tout être et toute chose dans le halo jaunâtres des réverbères prennent alors des proportions fantastiques. Une plainte formidable déchire brusquement le silence de la nuit, une ombre spectrale s’élève dans le ciel accompagnée d’un ricanement diabolique. N’écoutant que mon courage, j’endosse mon imperméable après avoir vérifié le chargeur de mon révolver : Les affaires reprennent je dois à présent vous laisser ! »
John Silence se verra confier les affaires les plus incroyables Martin Mystère quand à lui ne sera pas de reste
« La vivante épingle » de J.Joseph Renaud. Editions Pierre Lafitte. 220 pages.1922. Ce volume contient deux autres nouvelles : « Une veillée » et « Judith ». (Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de fantastique N° 3 Septembre 1990. Tirage 36 exemplaires.
Au cours d’une soirée organisée par le Professeur Tarraube, grand spécialiste en archéologie égyptienne, celui-ci montre avec fierté un étrange objet découvert lors d’une expédition. Le critique Oscar Heckey, ne semble pas être impressionné par cette mystérieuse épingle verte en forme de crocodile. Pourtant, tous les invités évitent un trop longue observation, tant elle suscite l’effroi et le dégoût. Il faut dire que, de l’avis général elle semble véritablement dotée d’une vie propre, un peu comme si elle était « vivante ».
Bravant tous les interdits et la malédiction qui pèse sur cette amulette notre héroïque critique, dans un moment de fanfaronnade fort mal venue, bafouera haut et fort l’objet de toutes les attention. Mais on n’insulte pas d’une manière aussi effrontée les dieux à têtes d’animaux, Heckey sera découvert mort peu de temps après, la sinistre épingle plantée dans la nuque. Les circonstances sont d’autant plus mystérieuses que le cadavre sera trouvé dans un bureau fermé de l’intérieur et qui plus est sans aucune autre issue possible.
La presse s’empare de l’histoire sous le titre rabatteur de « Affaire de la vivante épingle ». Les journalistes brodent copieusement avec force de « malédictions » « envoûtements » et autres « sortilèges » de toute sorte. Le mystère est donc copieusement entretenu, le dossier piétine, toutes les hypothèses sont formulées, puis rejetées et l’on va finir par rejoindre la cause des « journaleux » et croire à une véritable malédiction. La police, pragmatique et à qui « on ne la fait pas », avant de classer ce « dossier brûlant » contacte en dernier recourt, un spécialiste des affaires étranges un spécialiste de l’occulte : Cristophe Rozes.
Fort de son expérience dans ce genre d’enquêtes et n’écoutant que son courage et sa perspicacité, plonge tête première dans une curieuse histoire. Ignorant les sombres avertissements qui jalonnent ses investigations (odeurs pestilentielles, hiéroglyphes de feu sur les murs de sa chambre, apparition d’un monstrueux crocodile,…) il parviendra à mettre à jour la formidable imposture. Car bien évidemment il y a supercherie, dont le responsable n’est autre que le Pr Terraube.
Ce dernier, voulant mettre un terme aux agissements crapuleux du célèbre critique, l’assassina et eut l’idée presque géniale de masquer sa forfaiture en une terrible histoire de malédiction. Tout finira par s’expliquer, les effroyables apparitions dont Rozes fut la victime, provenaient d’un complice, Ramou le domestique du professeur, un puissant fakir qui utilisera son immense pouvoir de suggestion afin d’envoyer des images mentales à sa victime. La logique et le bon sens, finissent toujours par triompher.
Le triomphe de la logique.
A la lecture de ce court roman, nous voici une fois de plus en présence d’un fantastique « expliqué », technique souvent utilisée par un grand nombre de romanciers, et qui consacrèrent de façon anecdotique, une partie de leur talent à rédiger des histoires ou il sera question de « débusqueurs de fantômes ».
Peut-être trouverez vous « bizarre » de débuter ce travail sur un recensement des « détectives de l’impossible », par un auteur qui ne lui consacrera qu’une seule et unique aventure, mais je me suis rappelé avoir analysé pour le « Bulletin » le cas étrange de cette «Vivante épingle » et finalement pourquoi ne pas commencer cette rubrique par un « occasionnel » de ce genre dans le genre.
Bien qu’il ne s’agisse que de sa seule et unique aventure, afin de donner plus de crédit au personnage, l’auteur nous le présentera comme un personnage assez expérimenté et dont le talent et la notoriété ne sont plus à démontrer :
« On continue à nous rabattre les oreilles avec les forces inconnues. Ces questions d’occultisme, spiritisme, magnétisme, etc…, n’ont guère comme représentants, comme leaders que des naïfs ou des escrocs. Un seul de ceux qui les ont traitées par écrit nous inspire une parfaite confiance : c’est Mr Cristophe Rozes .Son livre « Le regard du Sphinx », quoique septiques déterminés, nous n’en acceptions peut-être pas toutes les conclusions, méritait pleinement pour sa logique, sa prudence, sa documentation considérable, le grand succès qu’il a obtenu …. Mr Christophe Rozes est au courant de toutes les supercheries des occultistes professionnels. Les sociétés internationales d’études psychiques, il en est des sérieuses,lui demandent souvent son concours comme « vérificateur ». A diverses reprises, il a pincé de prétendus médiums en flagrant délit de tricherie »
Si ce singulier personnage nous est présenté comme une référence,ayant déjà une solide réputation à son actif, il n’en reste pas moins, plus qu’un débusqueur de fantômes, un spécialiste des « arnaques ectoplasmiques ». Rozes comme nous l’apprendrons par la suite dans le roman, a déjà été sollicité pour résoudre quelques affaires épineuses de maisons hantées. Il a en effet résolu le cas d’une chapelle prétendue hantée dans le parc d’un château du morvan. Alors que tout le monde, reporters, savants et policiers, pensaient à un authentique cas de malédiction, il boucla l’affaire en 48h. Un banale affaire d’auto suggestion et d’hallucinations collectives et dont il consigna le témoignage dans son ouvrage « Mémoire sur un célèbre cas d’hallucinations collectives ». Il déjoua également l’arnaque du fameux médium Sartoria, dont de grands savants avaient garanti la bonne foi et le surhumain pouvoir. Un homme tout à fait remarquable qui parvint à éclaircir des cas apparemment insolubles, comme le scandale de la maison hantée, l’affaire des démoniques de Lucerne, celle de Myriam la simulatrice et empoisonneuse, etc.…..
Nous avons donc ici affaire à un spécialiste des « affaires surnaturelles » mais qui visiblement ne le restent pas pour longtemps et ce grâce à son sang froid et à sa la logique infaillible. Rozes, par ses méthodes ne peut m’empêcher de penser avec sympathie au « John Silence » de Algernoon Blackwood ou au « Carnacki » de W.H.Hogdson. Toutefois, si tout comme ce dernier, il sera souvent confronté à des affaires qui seront dans la plupart des cas expliquées de façons rationnelles,la différence, et non des moindres, est que le héros de Hogdson devra affronter, au cour de sa longue carrière, le mal à l’état pur. Hogdson était un auteur trop versé dans le fantastique pur et dur pour ne pas laisser son enquêteur aux prises avec le surnaturel .
J’ignore si « La vivante épingle » est le seul roman de J.J.Renaud où il utilisera ce redoutable « chasseur de fantômes » (mais sources semblent me le confirmer pour le moment) mais nous pouvons désormais accorder à Christophe Rozes, une place dans la liste prestigieuse de ces « occasionnels » appartenant au club très fermé des « Détectives de l’occulte »
Un bon roman d’atmosphère, bien que rentant dans le domaine du « Fantastique expliqué », dont l’auteur parvient à entretenir une bonne dose de mystères, en associant de manière fort habile, roman policier à ambiance fantastique sur fond de malédiction égyptienne.