C’est en refermant des livres de cette nature que l’on se rend compte à quel point l’avenir d’une personne peut être tout tracé, mais encore faut-il avoir cette fureur au ventre, cette volonté indestructible qui vous conforte dans l’idée que votre voie ne fait aucun doute et ce , peu importe le prix qu’il faudra en payer. Claude Seignolle sans « S » bien qu’à l’origine son patronyme en possédait un, est de cette race des aventuriers des mots, des explorateurs de l’imaginaire , des archéologues du merveilleux qui, à l’instar d’un Jean Ray qui disait « Dans une poignée de sable de la route, j’ai mis un rayon de soleil qui brille, un murmure du vent qui se lève, une goutte du ruisseau qui passe et un frisson de mon âme, pour pétrir les choses dont on fait les histoires » est parvenu également à pétrir dans l’argile de nos traditions et dans la glaise putride des marécages de nos peurs les plus ancestrales, ce substrat indispensable et nécessaire à la mise en forme de ces poteries parfois si fragile mais qui sont autant de témoins de notre culture , un objet populaire fait pour être utilisé et non pas simplement pour servir d’apparat. J’ai appris bien des choses en lisant ce livre et je ne peux m’empêcher de retrouver dans ce gamin qu’il fut, celui que je n’ai jamais été :
« Atroce et merveilleux tableau que cette oubliette aux Anglais, germe de plusieurs nuits de cauchemars, mais humus des plus féconds dans lequel mon imagination désormais se planta et poussa »
Car c’était un gamin qui n’avait pas froid aux yeux, préférant sécher les cours pour aller creuser la terre de nos ancêtres et y dénicher de précieux témoignages ou d’aller explorer de sombres grottes au risque d’y laisser sa propre vie . Probablement est-ce l’un de ces silex qu’il trouvait en abondance dans son Périgord natal, qui lui permit d’affûter sa verve et son audace ou bien les histoires qui se colportaient dans sa famille avec autant de personnages mystérieux, d’étranges malédiction ou de morts horribles. Car cet enfant au caractère bien trempé n’ayant pas peur d’être classé au rang des « infréquentables », c’est forgé cette magnifique armure qui toutes ces années durant, le protégea des forces obscures qui depuis l’aube des temps s’infiltrent dans nos campagnes et en brave et courageux chevalier qui se respecte, à l’image de cet homme rencontré dans sa jeunesse et qui pensait avoir trouvé la tombe de Bayard, s’est fait le messager Ô combien talentueux des ses traditions orales qui un jour finiront par disparaître à jamais. Des rencontres bizarres et incroyables , il en a fait, des expériences insolites, il en a vécu, et si cet homme qui un jour de ses 15 ans affirme avoir rencontré le diable alors il nous faut le remercier de l’avoir laissé en vie et de lui avoir laissé la possibilité de poursuivre sa tache de « raviveur de mémoire »
Je suis admiratif de cet homme qui force le respect, car il est non seulement la mémoire encore vivante d’un passé que le monde moderne trop pressé semble vouloir détruire à jamais, mais il est aussi l’homme du vocabulaire , de l’ écriture sombre et poétique réalisée avec cette encre dont on a perdu la composition avec la disparition de la dernière plume, cette encre qui n’est autre que celle du talent, du mystère et de l’aventure. Peu d’hommes peuvent ainsi se vanter de laisser dans la mémoire des autres hommes, des images aussi fortes d’une incomparable beauté et d’une inégalable majesté. Un dompteur d’ombres et un charmeur de spectres, avec Claude Seignolle, la nuit ne sera plus jamais comme avant et les légendes de nos contrées vont pouvoir de nouveau se répandre comme au temps jadis, en tout cas c’est ce que nous lui souhaitons.
« Oui, il faut avoir vu et entendu ces extraordinaires témoignages pour comprendre la réelle existence du Dieu-Grand , mais fabriqué avec les petits dieux païens, toujours là,momentanément cachés et exigeants, coriaces comme des teignes en attendant leur retour victorieux. »
« Un enfance sorcière » de Claude Seignolle. Éditions Royer « Mémoire vive » 1995.Tiré à 660 exemplaires et magnifique illustré par des dessins à la mine de plomb de Bruno Loisel.
Après « Le trésor dans l’abîme » ( éditions Boivin1907) dans un magnifique cartonnage polychrome et « La roue Fulgurante » (éditions Tallandier 1908) Jean de la Hire laissera libre cours à son imagination pour créer dans ce troisième roman,une nouvelle race de surhomme dans la personne de l’hictaner, curieuse créature entre l’homme et le poisson et capable d’extraordinaires prouesses sous-marines. Publié pour la première fois en volume en 1910 chez Félix Juven ( un édition relativement rare à trouver) et dans une présentation sobre, il faudra attendre 1921 et la célèbre collection de chez Ferenczi « Les romans d’aventures » pour admirer en deux volumes cette incroyable histoire d’homme amphibie sous le pinceau inspirée de Georges Vallée. Le roman sera réédité en un seul volume en 1925, toujours chez Ferenczi mais dans sa collection « Les romans d’aventures » 2éme série, très reconnaissable avec un format beaucoup plus grand et un fond vert caractéristique. La couverture est signée Armengol, artiste attitré de l’éditeur et qui selon toute apparence se souviendra de l’illustration du tome 1 parue quelques années plus tôt .
Il sera une des rares aventures à ne pas être reprise par les éditions Jaeger-D’hauteville , lorsqu’elles reprennent au début des années cinquante, un travail de rééditions des œuvres conjecturales de Jean de la Hire,
Pour l’heure je vous propose un petit résumé éditeur de « cet homme qui peut vivre dans l’eau » prémices à une longue série de romans sur la thématique du mutant aquatique
« Obéissant à des mobiles différents en apparence, mais tendant vers un même but — la domination du monde — le savant Oxus et le moine Fulbert ont conçu le diabolique projet de créer un être hybride, en greffant sur le corps d’un nouveau-né les branchies d’un jeune requin.
Le résultat qu’ils obtiennent dépasse leurs espérances.
L’Hictaner ou 1’Homme qui peut vivre dans l’eau, créature humaine par les formes et l’intelligence mais amphibien de par la volonté du Maître et du Père. est appelé à servir leurs combinaisons machiavéliques.
Leur œuvre, pourtant, ne saurait être complète que si les ressources de la science moderne sont mises à le disposition de celui qui deviendra l’énigmatique inconnu.
C’est alors qu’Oxus et Fulbert s’adjoignent un troisième génie du mal, l’ingénieur Sévérac, anarchiste militant, mystérieusement enlevé de prison, la veille du jour où il allait expier ses crimes sur l’échafaud et dont les inventions parachèvent l’œuvre commencée.
Le redoutable Hictaner,tenu .dans l’ignorance des véritables motifs de la lutte qu’on lui fait livrer aux puissances du globe leur lance un premier ultimatum dans le but d’obliger les gouvernants à renoncer à leurs pouvoirs pour les remettre aux mains d’hommes qui leur seront désignés.
Ceux-ci ne sont autres que les « frères » affiliés à la Société secrète de l’Île Perdue, dont le moine Fulbert est le chef.
Cet ultimatum ayant été considéré comme une vaste mystification ou l’acte d’un cerveau déséquilibré, on n’a fait qu’en rire, jusqu’aux heures terribles où I’Inconnu mettant ses menaces à exécution, d’horribles catastrophes se produisent successivement sur divers points du globe : des navires de guerre s’engloutissent sans aucune cause apparente, entraînant dans la mort de multiples existences humaines, des forts côtiers viennent à sauter, des ponts à s’effondrer.
L’inconnu a tenu parole.
Désormais, il faudra ou chercher à lutter contre cette force mystérieuse ou accepter ses conditions.
Les nations se réunissent en congrès pour étudier la question…
Un rien, la rivalité que soulève entre l’Hictamer et Séverac l’amour d’une même femme,Moisette, fille du savant Oxus, change soudain la face des choses, ainsi que pourront le voir les lecteurs des « Amours de l’inconnu » familiers déjà avec les première aventures de « l’Homme qui peut titre-dans l’eau ».
Henry Demours jeune ingénieur mais au chômage, est contacté par un notaire lui apprenant que son oncle lui cède la totalité de ses affaires. Il lui envoie donc son émissaire, le Professeur Brenne, pour lui transmettre toutes les directives,et lorsque ce dernier lui révèle qu’il doit se rendre à « Robotville » situé à des milliers de kilomètres de distance, ce dernier refuse . Mais le « maître » ne l’entend pas de cette oreille et grâce à un appareil manipulant la volonté à distance, le place sous son contrôle et l’oblige à embarquer sur un engin spécial ultra rapide le conduisant sur une plate forme située dans l’océan Atlantique. Il s’agit en fait d’un immense ascenseur qui, une fois actionné,le conduit au cœur d’une montagne sous-marine où se cache la mystérieuse cité. Le maître est à la tête d’une gigantesque organisation la R .M.C qui vend des armes dans le monde entier et plus particulièrement à des groupes anarchistes ou révolutionnaires,
Après la disparition de Demours, le notaire dépêche un de ses amis,Armand Baldis afin de partir à sa recherche. Ce dernier grâce à ses nombreux appuis, trouve la trace de la mystérieuse cité, mais Brenne lui tend un piège dont il ne sortira que de justesse après l’intervention d’un habitant de Robotville. Car cette ville, est peuplée en grande majorité de créatures métalliques , produit de l’esprit dément du maître des lieux. Outre l’invention d’une machine à transmuter la matière et de changer l’argile en fer ( nécessaire à son commerce d’armes juteux) sa technologie lui permet également de créer des robots renfermant un cerveau humain. En effet par une habile et diabolique intervention , il est capable de transférer l’organe d’un vivant sur une créature de métal.Hélas, l’opération inverse ne lui est pas possible et les corps privés du précieux organe, sont stockés dans une serre spéciale attendant le bon vouloir de leur tortionnaire. Ce que le monstre ne sait pas, c’est que son assistante est parvenue à trouver la technique pour réaliser le processus contraire, lui donnant ainsi l’occasion de récupérer son frère en chair et en os !
Mais l’arrivée de Demours ( qui au passage succombe aux charmes de l’assistante du maître, Diana) et de Baldis , entraîne une pagaille monumentale au cœur de la cité, certains robots même osent une révolte. Pour mater la rébellion, le maître de céans envoi son arme ultime, sa toute dernière invention, un pur robot, sans âme ni conscience , R.100 et armé d’un puissant rayon désintégrateur . Fort heureusement l’intervention du frère de Diana, va mettre un terme à la folie de cet homme et retourner le robot destructeur contre son propre concepteur au moyen d’un puissant appareil multiplicateur de volonté, La ville est ainsi libérée, les « âmes » des victimes, entendez par là les cerveaux, restitués à leurs carcasses sans vie, les robots redeviennent des boites vides, tandis que la cité, détruite, va finir engloutie par l’océan.
Note de l’éditeur
« Les extraordinaires progrès de la cybernétique promettent pour , un très proche avenir, des robots de plus en plus perfectionnés. Les savants, avec une certaine crainte, constatent, à, l’heure actuelle que les Cerveaux électroniques qu’ils construisent, ont des réactions humaines, connaissent l’erreur et la fatigue. Le processus de fonctionnement de ces super-machines s’apparente d’une façon étrange à celui du cerveau humain et certains envisagent, qu’un jour, peut-être, la machine asservie-voudra se venger et pourra se retourner contre son créateur qu’elle dépasse depuis longtemps, en puissance et qu’elle égalerait et sur passerait même, en intelligence. Angoissant problème de demain.
Lucien Bornert a imaginé des robots dotés par un savant machiavélique de cerveaux humain…
Pouvez-vous vous représenter personnellement avec un cerveau d’homme et un corps d’acier ? Quelles immenses possibilités et aussi quelle sensation affreuse que d’être sans lèvres, sans mains, sans cœur..
C’est ce passionnant problème qui est traité dans : « Robot sous-marins »
Ce roman assez sympathique de Lucien Bornert exploitant la rare thématique du robot à cerveau organique,fut publié à l’origine dans la revue « Robinson » sous le titre de « Robotville la mystérieuse » du numéro 202 (10 Mars 1940) au numéro 226 (8 Décembre 1940). Il sera par la suite réédité dans le périodique « Sélections/Hardi les gars » sans titre défini puisque chaque livraison comportera uniquement à chaque fois,un titre de chapitre différent.Sélection/Hardi les gars,publiée par les éditions illustrées et littéraires fut d’abord une collection de récits complets bimensuels paraissant le 1er et le 3éme jeudi de chaque mois, pour devenir ensuite hebdomadaire. Elle comporte 67 numéros dont le premier numéro paraîtra fin 1943 pour se terminer au 2éme trimestre 1948. Faisant la part belle aux récits sous forme de bandes dessinées ( une seule aventure dans les premiers numéros, puis deux à partir du N°7)c’est à Lucien Bornert que revient la primeur de la majorité des romans se trouvant entre ces deux récits dessinés, romans systématiquement accompagnés d’une vignette.Ce récit fut par la suite présenté sous la forme d’une courte bande dessinée de neuf planches et paru dans la revue « L’intrépide » N° 416 du 17 Octobre 1957 sous la plume de Remy Bourlés.
Mais l’auteur, visiblement attiré par la robotique et traumatisé par l’occupant Nazi (et pour cause) sera également l’auteur d’une série dans la collection « Odyssées »,mettant en scène un être de métal : « Homo le robot »
Le célèbre professeur Mélian a construit une magnifique machine doué d’une force prodigieuse et capable de se déplacer sur n’importe quel terrain. Le fait de posséder un émetteur de télévision dans sa tête lui permet en outre de transmettre en direct toutes les informations à son inventeur.Au départ, « Homo » sera le fidèle compagnon du commissaire Alix à qui il va apporter une aide précieuse contre les criminels, pour ensuite assister un réseau de résistants et lutter contre la barbarie Nazi.Je ne possède pas hélas toute la série mais nul doute,en regard des deux derniers titres de la série, que cette merveilleuse invention fut à l’origine de la fin de la seconde guerre mondiale :
- « Le formidable ennemi » N° 11 (1943)
- « La mort silencieuse » N°14 (1943)
- « La fièvre verte » N° 17 (1945)
- « Le révolté » N°24 (1945)
Cette aventure va se poursuivre dans la collection « Les sélections Hardis les Gars » :
- « Échec à la Kriegsmarine » N°15 (1946)
- « Le centaure de la pampa » N°16 (1946)
- « On a tué Hitler » N° 22 (1946)
- « La fin d’un tyran » N°23 (1946)
Dans la même collection « Sciences Anticipations » forte de huit volumes, Lucien Bornert publiera un autre roman « Le péril vient du ciel » en abordant cette fois-ci la thématique d’un cataclysme cosmique déclenché par l’apparition d’une planète mystérieuse abritant une race d’êtres supérieurs,
« Robots sous-marins » de Lucien Bornert collection « Grands Romans Sciences Anticipations » éditions Le Trotteur N°5,1953.
Auteur populaire prolifique, Guy de Teramond pseudonyme de François Gautier, sera surtout remarqué par notre « communauté » par un brillant ouvrage, foisonnant en inventions et en idées toutes plus géniales les unes que les autres : « L’homme qui peut tout » réédité sous le titre « Le miracle du professeur Wolmar » (dont il existe une rare édition illustrée). Un must du genre dont il faudra un jour reparler, une histoire de savant fou dont les rêves démesurés n’ont aucune limite : il se propose de modifier le monde et de le remodeler selon son bon vouloir, en une terre de paix et de prospérité. Dans ses folles ambitions, il envisage la colonisation d’autres planètes, l’arrêt de l’axe de rotation du globe et l’utilisation de ce dernier comme engin spatial. Il a le pouvoir de transmuter le métal le plus précieux en une chose sans valeur, il est l’homme qui peut tout, celui qui ne possède aucune limite……
Non content de nous avoir « offert » cette pépite du genre, l’auteur reprendra sa plume féconde et conjecturale pour au moins deux autres romans assez surprenants : « Ravengar » (thème de l’invisibilité) et « L’homme qui voit à travers les murailles » ( Un homme « victime » du radium se découvre cet étrange pouvoir, une vision qui traverse la matière).
Volumes édités chez le mythique éditeur « Frenczi » (même format que sa célèbre collection « Les romans d’aventures », magnifiquement illustrés par Armengol). Ferenczi lui fit l’honneur de lui attribuer sa propre collection « Les romans de Guy De Teramond », comportant au moins 15 volumes, dont quatre conjecturaux (« Ravengar », « Le secret du sous-marin tome 1 la fille du savant », « Le secret du sous-marin tome 2, Bertha l’espionne)», « L’homme qui voit à travers les murailles ».
Ce dernier titre fut réédité aux éditions S.E.T collection « Les meilleurs romans populaires » en 1928, sous une couverture moins explicite.
« L’homme qui voit à travers les muraille » éditions Ferenczi « Les romans de Guy De Teramond » N° 14.1923.Couverture de Armengol
Citons également une série de 25 fascicules, fortement conjecturale et intitulée « 20 000 Lieues à travers le monde » parue aux éditions Ferenczi entre 1923 et 1924 et qui sera par la suite réédité en une seul volume en 1925
1. Un vieux savant
2. La conquête du pôle
3. Le royaume des pieuvres
4. Le Bouddha qui parle
5. Chez les nains
6. Les Galions de Vigo
7. Prisonnier chez les fous
8. Au pays des fakirs
9. Un voyage au centre de la Terre
10. L’île des perroquets
11. L’Atlantide
12. L’île de Laputa
13. La Télépathie sans fil
14. L’avion sans pilote
15. Le Grand serpent de mer
16. Au milieu des vampires
17. A la recherche du Plésiosaure
18. L’île aux pavots
19. Aventures de 3 boches
20. Un voyage accidenté sur l’océan
21. Prisonniers des boches
22. Perdus sur l’Amazone
23. La grotte aux squelettes
24. Au pays des géants
25. Le mystère de l’homme tatoué
Pour les aficionados, amoureux de la littérature policière,une autre fameuse collection lui sera également attribuée sous le titre « Les dossiers secrets de la police » dont les dix titres et les couvertures assez « tape à l’œil », tirent vers le morbide
1 La cave aux lépreux
2 Le faiseur de monstres
3 Les voleurs de cadavres
4 La maison des poisons
5 La femme coupée en morceaux
6 Le crime du docteur
7 La madone des smokings
8 Le bar des servantes rousses
9 L’espionne aux pieds nus
10 Allo… Danton, Police…
Les romans de Guy de Teramond éditions Ferenczi :
1) Le mystère de la double croix
2) La fiancée de la secte noire
3) Globe-trotter par amour
4) La belle Cynthia:la courtisane
5) La belle Cynthia:mère et fille
6) Danaé:dans les griffes de l’amour
7) Danaé:haine et passion
8.) Ravengar
9) Le secret du sous-marin: La fille du savant
10) Le secret du sous-marin: Bertha l’espionne
11) La maison de la haine
12) Le secret de la Du Barry: Les amours d’une modiste
13) Le secret de le Du Barry: L’enfant de la favorite
14) L’homme qui voit à travers les murailles
15) La belle Diane (annoncé)
Le docteur Aristide Cordat parti de Paris sans fortune, a fait naufrage en Sardaigne ; il rencontre une famille de pécheurs dont le fils a mystérieusement disparu. Aristide part à sa recherche. Il arrive devant des ruines réputées maudites et tombe subitement dans un sommeil profond, victime d’une « rosée parfumée » aux pouvoirs anesthésiants. Lorsqu’il se réveille il est attaché sur une table de dissection, à ses cotés un étrange personnage recouvert d’une cagoule vient de pratiquer une incision le long de son bras. L’individu, s’apercevant que son patient est en vie, referme la plaie, visiblement il le réserve pour des expériences plus ambitieuses. Profitant d’un moment de solitude, Aristide en profite pour s’échapper. Dans ce refuge mystérieux, il découvre tout un réseau de galeries et fait la rencontre d’un gigantesque empire de fourmis de petites tailles qui se livrent à une mystérieuse besogne. Quel est c’est empire fait de formidables salles souterraines généreusement éclairées et chauffées où se pratiquent des expériences pour le moins curieuses ? Avant de sortir des lieux, il remarque de longues rangées de briques qui renferment d’énormes pierres précieuses. Conscient d’avoir découvert un véritable trésor, il retourne de ce pas dans la maison des pécheurs. Ces derniers pensaient que lui aussi avait disparu à jamais. Le lendemain, un individu se présente à leur domicile, il est recouvert d’une cagoule et le Dr Cordat reconnaît sans peine son anatomiste, il fait feu, la créature s’écroule. Aristide profite de son inconscience pour le transporter à bord de son Yacht. Il découvre alors qu’il s’agit en fait d’une gigantesque fourmi qu’il va s’efforcer de ramener à la vie. S’apercevant que son captif émet des secousses sous formes de vibrations de la même nature que celle du télégraphe morse, c’est par ce curieux mélange de « T.S.F » et de télépathie (les antennes de l’insecte agissant comme une antenne radio) ils parviennent à échanger une sorte de langage. Constatant le potentiel immense qu’il pourrait tirer de cette découverte, Cordat fait un pacte avec la créature afin de mettre en commun leur savoir scientifique : un opération bénéfique pour les deux personnages. Il est donc décidé que la fourmi géante du nom de Spiridon, qui se fera appeler le Baron Tasimoura, accompagnera le Dr Cordat à Paris pour le présenter au monde scientifique. Mais comme il ne peut se monter à la population sous cette apparence, il lui ait fabriquer un masque et tailler des vêtements appropriés grâce auxquels le colossal insecte épouse parfaitement une apparence humaine.
Avant de quitter la Sardaigne il retourne une dernière fois dans la caverne de Spiridon et lors de son exploration retrouve les restes du jeune pécheur, disséqué sur une table d’opération. Il apprend alors la terrible nouvelle à sa famille.
Arrivés en France dans la capitale,nos deux amis inséparables s’installent par la suite dans un luxueux hôtel du bois de Boulogne.
Pour tout le monde, la créature est le baron Tasimoura ou Spiridon le Muet. Les opérations chirurgicales de Spiridon ont bouleversé le monde scientifique et son savoir suscite l’admiration du monde scientifique, mais nul ne connait sa véritable identité. Un prosecteur de la Faculté, Joël Le Berquin fort jaloux des talents de Spiridon, lui propose de visiter la Faculté, et quand la fourmi géante pénètre dans une des salles, Le Berquin l’attaque à l’improviste, le renverse et le « chloroforme ». Quand il se réveille l’ami du docteur Cordât est immobilisé sur une table d’anatomie. Joël Le Berquin a donné trois heures à sa victime pour lui dévoiler le secret de ses miraculeuses opérations.
Pendant ce temps au bois de Boulogne,Aristide est tout étonné de trouver chez lui, le pêcheur Sarde et sa fille Pia dont il a fait connaissance lors de sa croisière. La jeune fille est venue à Paris pour venger la mort de son frère qui a servi de sujet d’expérience au docteur Tasimoura. Elle expose ses projets à son hôte et lui raconte que son père a fait sauter la demeure de Tasimoura. Cordat est épouvanté lui disant qu’il avait ainsi fait disparaître des secrets irremplaçables pour l’humanité toute entière.
Retour à la faculté ou Spiridon que nous avons laissé en bien mauvaise posture est parvenu à s’échapper grâce à la complicité d’un garçon de la salle. Mais laissant libre court à ses instincts ou tout simplement par désir de vengeance, le corps de Le Berquin sera retrouvé plus tard, bien proprement disséqué sur la table même ou ce dernier comptait réaliser une opération similaire . Le docteur Cordât se voit obligé d’aller avertir le Procureur général de ce qui vient de se passer. Le magistrat se transporte sur les lieux et ne peut que constater la mort de Joël Le Berquin. Après avoir révélé au Procureur la personnalité de Spiridon, Aristide rentre chez lui accompagné du chef de la Sûreté, il aperçoit alors son hôtel en flammes. C’est l’œuvre du baron Tasimoura qui, dans un accès de fureur, a mis le feu à la demeure du docteur Cordât. Pia raconte qu’elle s’est vengée de son ennemi Spiridon en le tuant de « plusieurs coups de hache.
Au cours des constatations judiciaires, comme pour faire honneur aux histoires les plus tragiques,Pia prise de remords se tue sur le corps de Spiridon, et le père de la jeune fille se donne la mort en se Jetant du haut d’un escalier. La presse s’empare de l’événement et calomnie vivement le Dr Cordât. Le seul moyen de se réhabiliter aux yeux de tous et surtout de la communauté scientifique est de recommencer les expériences extraordinaires qu’il fit jadis avec Spiridon. Aristide se rappelle fort heureusement que Spiridon a laissé dans son laboratoire les fioles et les formules des préparations médicales. Il convoque toutes les sommités scientifiques à l’autopsie de Tasimoura qu’il précède d’une conférence où il raconte les extraordinaires expériences effectuées par le défunt et annonce qu’il va recommencer l’une d’elles sur un cœur de mouton placé sur la table d’autopsie. Sous l’action de la préparation chimique de Spiridon, le cœur se contracte et bat. La stupéfaction est générale, mais le professeur Bordier, un des ennemis du jeune médecin, demande que le docteur Cordât recommence, l’expérience sur Spiridon lui-même, qui gît inanimé sur la, table d’autopsie.
Cette nouvelle expérience est alors programmée, un des bras de la créature sera disséqué et après avoir repéré ce qui semble être une artère nourricière, le puissant liquide, résultat de la magnifique science de Spiridon, sera injectée à son propre créateur. La substance réalise son œuvre et toute l’assistance assiste médusée à la résurrection de cette fourmi extraordinaire. Mais si la créature semble bien revenir d’entre les morts, du moins physiquement, son esprit semble être définitivement ailleurs et toute forme de communication est désormais impossible. Spiridon va vivre ainsi comme une sorte de mort vivant dont l’intérêt ne semble que s’accrocher à l’activité des nombreuses fourmis qui peuplent le Jardin du Dr Cordat. Celui-ci d’ailleurs ne désespère pas de trouver la formule du liquide régénérateur, composé en grande partie d’un dérivé de l’acide formique et ce concentre désormais sur l’élevage de milliers de ces petites créatures insignifiantes mais qui pourtant sont la source d’un des progrès techniques le plus bouleversant du siècle. Spiridon terminera sa vie dans un silence total, simple fourmi à taille humaine, lointain descendant d’une race fabuleuse qui probablement jadis peupla les entrailles de la terre.
0000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000
Probablement le roman le plus célèbre de l’auteur, de son véritable nom Paschal Grousset,et certainement le plus original mettant en exergue le descendant d’une race de super fourmi ayant évoluée dans les entrailles de notre planète. Il est d’ailleurs assez dommage que l’auteur reste assez peu loquace sur les origines de ce Spiridon et de ces véritables intentions. Elle nous est présentée comme froide et implacable, d’une intelligence hors norme qui n’est poussée que par la seule volonté d’arriver à ses fins. Hélas l’auteur ne parviendra pas à aller au bout de cet immense potentiel Cette créature est en quelque sorte et ce en raison de sa taille, le roi de son peuple à la tête d’un gigantesque armé de fourmis travailleuses dont il tire une puissante substance faite d’acide formique aux propriétés revitalisantes et régénératrices absolument stupéfiantes. Une fois de plus c’est la cupidité et la bêtise humaine qui auront raison de cette sensationnelle découverte, Spiridon ou du moins son « cerveau » ne survivra pas à cette scientifique résurrection. Il ne restera plus qu’à son ami de la première heure, à essayer de retrouver le principe de cette potion miracle, dans cette quête sans fin de l’homme à la recherche de la vie éternelle.
Ce petit bijou conjectural fut fort heureusement réédité en 2008 par l’éditeur « Des Barbares », une occasion inespérée pour une nouvelle génération de lecteurs d’apprécier tout le charme de cette œuvre certes non exempte de défauts mais qui reste tout de même en l’état un fort belle réussite
- « Spiridon le Muet » De André Laurie. Publications Jules Rouf et Cie. Illustré par Eugène Damblans. Pas de date sur le volume mais il semblerait que l’ouvrage fut publié vers 1906/1907.Il existe plusieurs cartonnage de cette éditions dont un avec couverture muette et titre sur le premier plat et une autre avec une vignette dessinée par Eugène Damblans représentant Spiridon.
- « Spiridon le Muet »De André Laurie paru parallèlement avec l’édition en volume le roman sous forme de livraison dans la revue « Le Globe Trotter ». Du N° 253 (Jeudi 6 Décembre 1906) au N°269 (Jeudi 28 Mars 1907)
Egalement illustré par Eugène Damblans mais avec des planches en moins par rapport à l’édition en volume. S’agit-il d’une pré-originale ?
- « Spiridon le Muet » De André Laurie Editions « Des Barbares » 2008. Présentation et notes de Christian Soulignac. Reprise des illustrations d’Eugène Damblans
000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000
Je viens de terminer l’ouvrage de Vassili Avenarius « Histoire extraordinaire d’un pompéien ressuscité » et je dois avouer avoir passé un excellent moment avec ce personnage fort singulier ramené à la vie grâce aux bons soins du Professeur Scaramouche, célèbre scientifique Italien. Le procédé narratif est ici également assez astucieux car il permet ainsi à un homme visiblement peu habitué au genre « fantastique », entendez par là pour l’époque des textes relevant de l’imaginaire, d’effectuer un voyage dans le temps à moindre frais et de ne pas se perdre dans des explications parfois assez compliquées. Comme je le précisais lors d’un précédent article, il y a plusieurs façon de voyager dans le temps et si la machine est le procédé le plus utilisé, l’option de faire venir à notre époque une créature des temps anciens (souvenez vous de « L’effrayante aventure » de Jules Lermina, réédité chez les Moutons Electriques) où un homme du passé (« 10 000 ans dans un bloc de glace » de Louis Boussenard éditions Flammarion 1888,« L’homme qui réveille les morts » de Rodolphe Bringer et Georges de La Fouchardiére Albin Michel 1918), est un procédé simple et assez pratique à utiliser. Dans le roman de Vassili Avenarius, nous découvrons la déconvenue de cet habitant de Pompéi qui dans les temps antiques se livra à une expérience de vie suspendue, sous la direction d’un puissant « Fakir ». Il était alors un jeune homme avec une brillant avenir devant lui, mais un chagrin d’amour lui fit choisir une tout autre destinée. Volontaire pour une léthargie qui ne devait durer que trente ans, les caprices d’un volcan en décidèrent autrement puisqu’ il se réveilla dix huit siècles plus tard, frais comme un gardon… ou presque. Sous les soins attentifs du professeur il fut donc « ressuscité » après sa découverte fortuite dans les ruines de l’ancienne cité romaine, et nous assistons au cour du roman, à une visite réjouissante et assez pittoresque d’une ville Italienne qui suscite de la part de cette jeune relique bien des étonnements. Mais le roman ne posséderait pas suffisamment de charme si la découverte de Saramouche, n’était contrariée par les agissements cupides et exaspérants d’un journaliste aux dents longues,Pilone Balanzoni, reporter en chef du « Feux d’artifice ». L’homme veut la primeur des informations et use de toutes les perfidies pour arriver à ses fins. Notre bon professeur doit alors jouer des coudes afin d’éviter ce trublion dont les agissements sont purement intéressés et servir de guide à notre vieux pompéien qui découvre avec stupéfaction un monde en pleine mutation. Ici point d’inventions extraordinaires pour le lecteur, ni de technologie futuriste et c’est en cela que réside l’astuce de l’auteur car pour ce revenant tout ce qui l’entoure est du domaine de « l’anticipation » et nous assistons au fil des pages à l’étalage des progrès sociaux et techniques de la part d’un savant au comble du bonheur, mais qui vont bouleverser durablement la vision du monde actuel de ce singulier personnage. L’auteur en profite pour nous livrer quelques passages assez cocasses avec dégustation de pâtes, bain de foule entouré d’admirateurs effrénés, visite d’une usine moderne, séance à l’opéra des plus mouvementée. Toutefois, malgré cette couche de vernis superficielle qui recouvre ce monde moderne, Marcus Junius trouve toute cette civilisation trop opprimante et en voyant ces « esclaves modernes » s’affairer devant leurs machines, il pense finalement que rien n’a vraiment évolué. Le roman est un support pour l’auteur pour critiquer ce monde moderne qui s’affaire et va trop vite, un monde peuplé d’escrocs et de profiteurs.
Réalisant alors une sorte de pèlerinage, ils décident de se rendre sur les vestiges de son ancienne ville et contempler les restes de son ancienne vie. Certains objets vont semer un trouble profond en lui et c’est avec une grande nostalgie qu’il va ainsi reconnaître des objets ayant appartenu à sa demeure, ses amis… Mais lorsqu’il va reconnaître, enfermé sous un globe de verre, le visage de sa bien aimée Lutécia, dont il ne reste que cette partie du corps, son émoi est à son comble. Ne pouvant plus tenir, étranger dans ce monde si terrible, il préfère en finir une bonne fois pour toute en se jetant dans le Vésuve. Plusieurs siècles après, le volcan a donc repris cette vie qui lui avait échappée, le cours du temps peut alors reprendre sa marche normale. Une histoire d’amour à travers les siècles, touchante et originale et prouvant une fois de plus comme que les sentiments peuvent vous rendre certes plus fort mais aussi réduire à néant une extraordinaire destinée : un seul être vous manque et tout est dépeuplé !
Une réédition vraiment intéressante avec une préface de Viktoriya et Patrice Lajoye fort instructive, mais nous n’en attendions pas moins de la part des ces deux passionnés de littérature Russe dont nous pouvons apprécier toute la mesure sur leur magnifique blog « Russkaya Fantastika ».
Ce court roman fut à l’origine publié dans « La nouvelle revue » en 1898 en trois volets et n’attendait qu’un audacieux amateur de vieilles publications pour en faire profiter les petits veinards que nous sommes. Nous espérons voir à nouveau ce genre de rééditions dans un futur relativement proche et pour cela il nous faut encourager ce genre d’initiative et donc acheter massivement ce genre d’ouvrages.
« Histoire extraordinaire d’un Pompéien ressuscité » De Vassili Avenarius. Traduit du Russe par A.Challandes (1898). Présenté et annoté par Viktoriya et Patrice Lajoye
Pour le commander :
« La république des savants » De Arno Schmidt. Editions Julliard 1964
« Si la « Commission » a jugé bon d’accorder l’imprimatur à cet ouvrage, c’est principalement en raison des matériaux dont il permet enfin la « vulgarisation », si j’ose dire. Depuis qu’Audubon a publié en 1982 ses Esquisses sur les hominides (en s’entourant de quelles précautions, les spécialistes s’en souviennent ! Alors qu’il n’y avait pas de législation restrictive Inter- world, et qu’il aurait pu dire ce qu’il voulait) depuis lors, donc, nous ignorons pratiquement tout des mutations biologiques survenues dans l’Europe atomisée d’une part, et dans le corridor américain, de l’autre; d’autant plus qu’il semble qu’une appréciable stabilisation se soit produite dans le domaine de l’hexapodie.
En ce qui concerne plus précisément la République des Savants, la description qui en est donnée dans la seconde partie de ce livre fera comprendre au lecteur le moins averti que l’on ne nous donne à son sujet que des informations « choisies », à la radio comme à la télévision. Ce que l’on nous présente depuis trente ans comme un « Parnasse flottant », un « Helicon de la Mer des Sargasses », ne semble déjà plus tout à fait aussi idyllique à certains, surtout depuis la lettre ouverte de l’Algérien Abd el Fadl, Prix Nobel de la Paix, qui ne ménageait pas certaines instances. Malgré sa forme tendancieuse et son ton frivole, cette relation apporte quelques nouvelles pièces au dossier.
Je prie le lecteur de ne pas sous-estimer les difficultés qu’a représentées la traduction de l’américain dans une langue morte. Depuis la catastrophe atomique qui a si prématurément anéanti
sa patrie, l’allemand n’a pu s’adapter à l’évolution technique et sociale du monde; par conséquent, certains engins, appareils, procédés, même certaines intentions ou tours de pensée, n’ont pu être rendus que par des périphrases.
Ne parlons pas de la description très libre et inutilement circonstanciée, pour employer un euphémisme, des « sexual inter-courses » de l’auteur; Dieu merci, la langue allemande n’a plus pu forger d’expressions qui soient à la fois assez courantes et assez fortes pour rendre jusque dans leurs ultimes conséquences des procédés tels que celui de l’« urtication ». On a tenté de suppléer à ces lacunes par des notes en bas de page.
En ce qui concerne l’aversion, transparente à chaque ligne, que l’auteur, bien qu’il soit d’origine allemande, nourrit à l’égard de tout ce qui est allemand, ainsi que sa mentalité, disons excentrique, pour être indulgent, je ne puis qu’affirmer que je me suis astreint à tout traduire avec la même conscience professionnelle.
L’original de la République des Savants se trouve au département des manuscrits de la bibliothèque municipale de Douglas/Kalamazoo; les huit microfilms qui en ont été tirés sont répartis entre les divers lieux fixés par décision internationale. La traduction allemande a été faite d’après l’exemplaire N° 5 (Valparaiso). »
Chubut Argentine le 24/12/2008
Étrange roman que nous livre ici Arno Schmidt, une histoire dont le procédé narratif risque d’en dérouter plus d’un, d’ailleurs le traducteur s’en excuse dans la préface . Après avoir été sur Vénus, le peuple Allemand semble être dans le futur, condamné à disparaître et sa langue devenir complètement morte. Car finalement le pire s’est produit, un malade a encore appuyé sur le bouton avec les conséquences désastreuses que cela comporte. Mais au bout du compte et une fois de plus, l’humanité est comme la mauvaise herbe, elle s’adapte et repousse quoiqu’il arrive. Les faits : Nous sommes en 2009. La vieille Europe a succombé sous les bombes atomiques. Elle avait eu auparavant la sagesse de mettre à l’abri sur une » île à hélices » ses savants, penseurs et artistes les plus notoires. Wimmer, un journaliste américain, est autorisé à visiter l’île. Mais il doit au préalable traverser une autre réserve, une zone dévastée par les radiations atomiques, où prolifèrent des êtres monstrueux, et isolée du monde par une gigantesque muraille. Grâce à une ravissante centauresse, Wimmer parvient jusqu’à la République des Savants. Il partagera les 50 heures qui lui sont allouées entre la zone neutre, la zone américaine et la zone russe… ce qui nous vaut une cruelle galerie de portraits : vieilles gloires stériles, fonctionnaires de la culture réglementant la « création collective », agents secrets rivalisant de perfidie. Horrifié par les pratiques des uns et des autres (« métempsychose » des Russes, hibernation des Américains), Wimmer regagne avec soulagement le monde menacé et médiocre du commun des mortels.
« Les Allemands sur vénus » de André Mas. Paris Editions de « La revue des indépendants ». Vers 1910.
Préface de l’auteur ( En matière de justificatif)
« Car le progrès de l’Homme sera toujours limité, s’il n’a pas d’autre horizon que son étroit horizon terrestre, et on peut supposer qu’un moment viendra où le seul progrès qui restera à faire sera un progrès astronomique. » (Dr Ch. Richet).
« Quand le lent refroidissement du soleil aura rendu cette terre inhabitable, il se peut que la vie aille se continuer sur la planète sœur. Aurons- nous à la conquérir ? Obscure, prodigieuse est la vision que j’évoque… » (H. G. Wells).
Les bases scientifiques de ce roman sont extraites de : « Vers les autres Mondes », une des premières tentatives de résolution du problème le plus haut après celui de la mort. Existe-t-il ailleurs d’autres humanités ? Pouvons-nous les connaître ? Le discours du Professeur Hauchet est tout entier la reproduction de mon article paru dans L’avion du 15 janvier 1913 .
D’aucuns me taxeront d’antipatriotisme. Mais cette étude est objective. J’ai travaillé d’après nature. Léo Stahl n’est pas un mythe, non plus que ses paroles. Nous pensons toujours à la « vieille » Allemagne ; mais l’Empire à juste l’âge d’un homme adulte ; en plein orgueil de jeunesse, il trouve que sa part, en ce monde, n’est pas assez grande. Et la confiance de l’Allemand en lui- même est formidable, servie par une systématisation et une persévérance proverbiale. « C’est à l’Empire du Monde qu’aspire le génie allemand » a dit une bouche impériale. Or, le Monde s’étend selon notre pouvoir, notre vouloir. C’est le monde d’Auguste, borné par L’Angleterre, la Baltique et le Sahara, ou l’infini sans bornes. Et l’empire d’un autre monde lui coûterait mille fois moins d’or et de sang qu’une lieue de Champagne!
Nous, Français, sachons un peu oublier nos luttes intestines. C’est en montrant comment les autres croient en leur patrie, quels destins ils lui promettent, que nous apprendrons à chérir la nôtre.
Le résumé
Heinrich Von Reinhardt successeur du comte Zeppelin,Otto Rosenwald et le Docteur Hauchet, tous de brillants et réputés scientifiques doublés d’aventuriers des airs décident d’un commun accord d’échapper à l’attraction terrestre et de mettre au point un moyen qui leur permettra de voyage vers une autre planète. Pour cela ils conçoivent un ingénieux moyen de propulsion, basé sur un système de réacteur. Mais si cette technique va leur permettre de se mouvoir avec aisance dans l’espace, ils craignent qu’elle soit insuffisante à leur faire quitter les effets de notre bonne vieille gravité. Il vont donc utiliser un moyen qui devrait régler ce léger petit problème : La fronde de Mas et Drouet. Reste à définir maintenant leur objectif. La lune est écartée, bon pour des voyages fantaisistes. Mars trop petite avec une atmosphère diminuée et des mers sans étendues. Jupiter trop grosse et trop toxique. Ne reste que Vénus. Ah ! Vénus….Elle égale certainement la terre avec des Himalaya neigeux, des Amazones débordants, des plateaux titanesques. La vie y doit pulluler, fourmillante. Messieurs le choix est arrêté, ce sera donc Vénus !
Cet en Afrique que la fronde est construite, dans « La cité des étoiles » une ville qui est le reflet du génie humain avec ses structures gigantesques où dans les airs, fourmillent une théorie « d’aérac » ; ces aéroplanes aux coques ramassées et volant à 300 km/h, capables avec leur ailes à surface variable de voler plus haut que le condor.
Le jour du départ arrive, les téméraires explorateurs de l’espace s’installent dans la cabine capitonnée du « Sirius ». La roue commence sa rotation infernale et sous la clameur de millions de voix Germaniques et la tonitruance des canons de toute une armada venue là pour l’occasion, le projectile est propulsé dans l’espace. Le voyage se passe sans problème majeur, si ce n’est les quelques inconvénients liés à l’apesanteur, vites oubliés car notre équipe en prévision d’un voyage long et ennuyeux, avait emmagasiné une bonne quantité de mets délicieux, quelques bonnes bouteilles et d’un assortiment de succulents cigares.
Vénus est enfin en ligne de mire, et les phases techniques de l’approche du vaisseau seront épargnées au lecteur curieux et de plonger directement au sein de l’action. Il faut tout de même savoir que le « Sirius » se posa non pas sur la terre ferme, mais sur un immense océan dont la planète est recouverte. Pas de panique, l’astronef possède ce merveilleux principe que l’on appelle flottaison et il ne reste plus qu’à sortir deux énormes hélices afin de l’utiliser comme bateau. Par chance également, l’air y est respirable, quoique moins dense, mais on ne va pas faire la fine bouche. Les hommes débarquent enfin sur la terre ferme, il y fait une chaleur suffocante. Mais une autre surprise, de taille, ne va pas tarder à faire son apparition. Une énorme créature, massive et pesante. Pas de gueule mais une sorte de triangle blanchâtre, que les explorateurs nommeront « Tridens Ferox ». Fort heureusement elle ne résistera pas à du bon vieux plomb terrien. Ce monde est peuplé de monstres tout aussi redoutables, il leur faudra faire montre d’une grande vigilance. Ces animaux ont une morphologie et un organisme assez inédit et de plus la viande se révèle fort goûteuse.
Dès le lendemain, ils montent une « Aérac » qu’ils avaient embarqué dans le Sirius, et se lancent dans une reconnaissance aérienne de ce nouvel univers :
« Une grandeur farouche, des monts titaniques en une chaîne étoilée fermant notre vue, au loin. Des vallées immenses s’emplissaient du mugissement des cascades. Le soleil de flamme avait fondu les glaciers, mais son éclat incendiait des chaînes monstrueuses érigées sur des plateaux autour de nous, anciens volcans sans doute. ET ce chaos de granit, de laves, d’air obscurci, de ravins, s’étendait, lieue par lieue, multiplié, immense, terrible »
Ce nouveau monde est peuplé de créatures démesurées et farouches, ainsi à l’approche d’un marécage nauséabond peuvent-ils observer des libellules géantes aux ailes irisées, des blattes gigantesques, des sangsues monstrueuses, des poissons hideux….toute une faune inédite et malfaisante évoluant dans une végétation hostile, telles ces gigantesques plantes aux mâchoires d’acier essayant de gober l’Aérac comme un vulgaire moustique. Un univers extraordinaire qui leur réserve bien des surprises, où les éléments se comportent de façon imprévue et mystérieuse, comme l’eau de ce lac où Otto décide de se baigner. Fort heureusement ses compagnons l’en dissuaderont et l’instant d’après celui-ci se transforma en une immense glacière.
Le lendemain les signes avant coureur d’une catastrophe imminente se font sentir. Les animaux affolés courent éperdument dans la même direction : Un tremblement de terre, une raz de marée ? Une masse compacte s’avance au loin et alors la surprise de nos explorateurs est complète, édifiante…
« Ce qui s’avançait en rangs serrés ne se classait dans nulle catégorie comme créatures. Hautes de cinq à six pieds, la peau lisse et nue, large bouche de batraciens, mains gauches, massives, énormes ; mais une saillie frontale relevait la face et les yeux étaient petits, clairs et vifs.
« Ils étaient des milliers, et beaucoup, grotesquement, portaient divers objets dans leurs mains ; d’autres couraient çà et là. Un ordre planait sur eux.
« L’Inattendu entrait dans notre jeu. Si la planète produisait par multitudes des êtres robustes et disciplinés notre existence même devenait un problème plein de dangers.
« Ils approchaient toujours et les plantes multiples s’aplanissaient sous leurs masses. Le soleil flambait sur notre projectile sans paraître les émouvoir. Et la troupe atteignit le fleuve, lourde, massive, formidable. Des structures épaisses se hâtèrent vers nous.
« Dans leur cerveau rudimentaire, ils nous concevaient sans doute comme un rocher plus régulier que les autres ; ils passèrent, minute après minute, se tassant sur le bord de la rivière.
Puis toute la masse se précipita dans l’eau, d’un élan unanime. Leurs corps, soudain agiles, acquirent une vigueur neuve, insoupçonnée et le troupeau monstrueux atteignit l’autre rive, l’escalada, continua sa route. Un mugissement sonore ébranla l’air.
« Quand ils eurent disparu, nous sortîmes et nous avançâmes vers la rivière. Un étang allongeait ses eaux brillantes. Elles se troublèrent soudain et des formes se dressèrent. Une bande de monstres ! Des traînards !
« Nous hésitâmes une seconde. Nous pouvions, en un instant, en exterminer une douzaine, mais cela ramènerait la horde furieuse. L’assaut unanime contre le Sirius épuiserait nos munitions ; et si d’autres troupes erraient sur la planète, innombrables et vigilantes, c’était la guerre !
« Mais les êtres ne parurent pas hostiles. Ils s’avancèrent gauchement. Des yeux d’or luisaient dans la chair humide, tandis que leurs mains épaisses battaient l’air. Ensuite ils s’assirent sur leurs talons palmés et commencèrent à mugir ainsi que des taureaux. Puis ils se turent et un seul continua.
« Alors Hauchet répondit, mugissant comme lui. La scène était aussi comique qu’angoissante. Soudain notre ami, continuant ses cris et ses gestes, recula vers le Sirius. »
Ce premier contact avec une race « intelligente » est pour les scientifiques les prémices d’une rencontre avec la future race dominante de la planète. Hauchet les nommera « Bathacantropes » :
« Messieurs, dit Hauchet, nous avons contemplé l’Homme futur de la planète, celui qui eût donné un maître à Vénus si notre humanité n’avait pas rêvé mon Rêve ! Si les batraciens ont perdu leurs chances sur notre Terre, c’est à cause de leur faible taille. Mais les marais, ici, leur permettent de grandir. Leur race a pullulé dans les régions tempérées aussi bien qu’équatoriales et les grands reptiles d’autrefois aussi bien que les Pseudosaures leur ont rendu le service de les forcer à s’associer. Par ailleurs ils ne sont pas bornés, comme le poisson, au milieu homogène des eaux. Ils peuvent el doivent connaître le rivage, le versant des collines et l’orée du bois autant que la vase molle de la lagune. Vous avez vu leurs dents ? Nul doute pour moi. A la griffe et à la mâchoire ils opposent le poison. Ils le puisent peut-être dans les vases putrides. Sont-ils vivipares, ovipares ou asexués ? Nous le saurons. En tout cas, ils sont carnivores. Cela leur permet de concurrencer victorieusement les Rhinoformes autant que les Tridens et de les éliminer l’un après l’autre, l’herbivore disparu, adieu le Carnivore. »
Poursuivant leur périple, il vont au final découvrir un endroit idyllique, une vallée en bordure de mer, protégée par d’immenses montagnes. C’est dans ce lieu dont se dégage une paix et une sérénité exceptionnelle qu’ils vont établir leur colonie. Dés lors ils vont définir les fondements d’une nouvelle ère sous le signe puissant de la science et du génie humain. Les premiers colons ne tardent pas à arriver dans cette nouvelle Eldorado, prémices d’une conquête unique en son genre qui se veut durable, productive et innovante.
Sur terre alors on entame un découpage des nombreuses « terres du ciel », l’Allemagne met en chantier la construction de croiseurs interplanétaires avec des machines adaptées à l’atmosphère vénusienne. L’Italie en regard des travaux effectués par Schiaparelli réclame la zone équatoriale de Mars, et la Russie se vit accorder la lune. Les Etats-Unis purent récupérer les astéroïdes entre Mars et Jupiter. La suisse alors une grande nation opta pour Eros, le Japon Jupiter et les Grecs Mercure. La France enfin annexa quelques terres Martiennes et put ouvrir un observatoire sur Vénus et sur la lune et créa derechef le « Ministère des relations planétaires ».
Une autre expédition, dix ans plus tard, atteignit Mars, et la perfection de la T. S. F. en ces temps écoulés était déjà suffisante pour permettre une communication constante à travers le gouffre de l’espace.
Sur Vénus, l’Homme étendait sa race, parmi une nature puissante et terrible, tour à tour hostile et favorable. C’est le refuge futur quand mourrait notre Terre, dans des millénaires démesurément loin encore, hors le manteau fluide des mers et des vents.
Les croisières interplanétaires vers Vénus, Mars, la Lune devinrent chose rapide, courante, facile à partir du milieu du xxe siècle. Une humanité ambitieuse, énergique et dure au travail eut devant elle la tâche immense et joyeuse de trois mondes à équiper suivant ses besoins et ses désirs à elle. Et elle ne trouva ennemie nulle autre Humanité, car sur Vénus elle n’existait pas encore, sur la Lune elle n’existait plus et sur Mars elle finissait.
Une brillante conquête de l’espace qui fut chantée par le poète Mayer et qui enflamma les générations qui précédèrent l’ère du contrôle de Vénus. Un hymne à l’ambition sans limite de l’Allemagne et de son orgueil immense :
« Nous sommes de la race du fils du dieu du marteau
E nous avons la volonté de conquérir l’empire de étoiles
Et de devenir le peuple des seigneurs de l’infini »
Tout est dit…..
Aux Anglais la mer,aux Français la terre,aux Allemands le royaume des cieux…
Ce roman, un des trois que nous connaissons de l’auteur à appartenir au genre qui nous intéresse, est une superbe tentative d’extrapolation sur une future conquête de l’espace et des problèmes liés à sa mise en œuvre. Dans son article dans l’excellent blog « Les peuples du soleil » Philippe Ethuin met en exergue certains point faisant toute l’originalité du roman et notamment les difficultés que vont rencontrer nos « spationautes » : ivresse de l’altitude, troubles causés par l’apesanteur, évacuation des déchets……Par contre rien d’innovent en ce qui concerne les communications car tous les messages sont adressés par une sorte de télégraphe amélioré.
La conquête de l’espace fut de longue date une préoccupation majeure des écrivains de l’imaginaire et si un bon nombre d’entre eux se consacrèrent à l’exploration de la Lune et de Mars, très peu eurent suffisamment d’inspiration pour organiser une telle expédition sur Vénus. Mais lorsque je parle d’expédition, je veux surtout dire une véritable colonisation qui va aboutir à la fameuse conférence de Washington et au découpage de l’espace par une humanité qui commence à se sentir un peu trop à l’étroit. Ce qu’il y a de curieux dans ce petit texte, c’est la glorification de l’Allemagne qui non seulement participe d’une manière intensive à ce gigantesque projet, mais en ressort la grande gagnante avec une annexion quasi-totale de la planète Vénus. Ce roman qui fut écrit peu avant la première guerre mondiale serait-il les marques de la part d’André Mas d’une preuve de respect, voir de fascination pour un pays dont la puissance économique et militaire semblait vouloir tout raser sur son passage ? En tout cas un fort relent de propagande nationaliste des plus surprenant (voir la préface de l’auteur qui argumente ses choix)
Il faudra se reporter sur un autre texte beaucoup plus ancien, pour retrouver un tel plaisir de lecture. Dans son « Voyage à Vénus » (Michel Levy Frères, libraire éditeur.1865) Achille Eyraud en grand innovateur va expédier son équipage sur Vénus à bord d’une fusée à réaction s’il vous plait, et ce …en 1865 ! La population Vénusienne est déjà au faite de sa technologie, ce qui va nous permettre de découvrir bien des innovations et notamment l’utilisation de l’énergie solaire. Quelques années plus tard Sylvain Deglantine dans son « Les terriens dans Vénus, vers les mondes stellaires »( Editions Flammarion 1907) nous concoctera un Pittoresque voyage sur Vénus à bord d’un ballon,«La comète »! Découverte d’une civilisation moralement et techniquement parfaite, proche de la notre. L’auteur ne fait qu’un transfert de civilisation, manquera totalement d’originalité et là ou le roman de Eyraud faisait preuve d’une certaine inventivité, celui de Deglantine peine à sortir de la veine «aventure populaire » dans lequel il s’est enlisé. Malheureusement la préface de Camille Flammarion ne sauve pas ce roman qui reste plaisant par endroit mais risque de lasser le lecteur peu habitué à ce genre de littérature. Enfin pour compléter ce petit tour d’horizon, signalons également l’ouvrage de Denis Parazols « Rêve à Vénus, anticipation sociale » ( édité a compte d’auteur à Marseille en 1935 )où le héros de cette aventure, échoué sur une île déserte voit un fragment de son refuge propulsé dans l’espace, pour se retrouver sur la plantée Vénus. Il sera recueilli par deux charmantes créatures qui lui feront faire le tour du propriétaire. Véritable catalogue de tout se que pouvait nous proposer les utopies de cette époque ( religion, alimentation, libération des moeurs, transport), le roman nous propose par le biais d’un voyage sur une autre planète le modèle d’une société idéale. Comme dans pas mal d’ouvrages de cette époque, la science permet de détecter les êtres anormaux avant la naissance et donc de les éliminer: race pure oblige.Mais comme pour cautionner un tic de beaucoup d’auteur d’alors, le héros va se réveiller transpirant dans son lit…tout n’était qu’un rêve!
André Mas toutefois,va préférer l’option d’une Vénus encore jeune et peuplée de créatures en passe d’évolution, les fameux «Bathacantropes », produit d’une évolution des grands batraciens. Il est assez amusant de les comparer à des sortes de « profonds » si chers à la galerie des créatures improbables de H.P.Lovecraft. Ici le monde à conquérir est vierge, ne va pas présenter de grosses difficultés à apprivoiser, si ce ne sont les caprices d’une nature par endroit relativement hostile mais que le génie humain parviendra bien à maîtriser. Certains passages décrits par l’auteur sont tout simplement extraordinaires, nous offrant une vison d’une planète avec ses propres constituants et composée d’une flore et d’une faune pour le moins exotique Il est rare pour l’époque de rencontrer cette option de la planète encore « vierge ». Bien souvent nous avons affaire à une réplique de la terre, bien souvent en mieux et ayant atteint une stade d’évolution que nous envions nous, pauvres terriens attardés, ou alors arrivée à son déclin et avertissant les intrépides explorateurs du danger de la science et de son utilisation à des fins destructrices.
Au début du roman il est également fait état d’une « cité de l’espace » et la description qui nous est donnée par l’auteur reste assez minimaliste mais dégage tout de même une force titanesque, une structure colossale et technologique, témoin de la science triomphante des hommes…mais principalement de l’Allemagne !
L’histoire est ici vécue et décrite,comme une véritable expédition dans des terres vierges et exotiques, une retranscription conjecturale de ce que les romans d’aventures et de voyages pouvaient nous donner à l’époque dans les publications populaires ou les revues spécialisées dans les contrées éloignées et sauvages.
Relativement court, 88 pages une constante chez cet auteur, à lui seul le dernier chapitre « La conférence de Washington et le partage de l’espace » est un régal où le lecteur amusé suit le découpage de notre système solaire et de la déconvenue de certains pays comme les Etats-Unis et l’Angleterre qui ne récupèrent que les miettes de ce que l’Allemagne aura l’obligeance de lui accorder. Selon les sources de Bdfi un extrait de ce chapitre fut publié dans le périodique Le Pionnier n°9 daté de septembre 1922.
J’espère que le volume consacré à André Mas sortira très prochainement chez « Rivière Blanche » permettant enfin aux lecteurs d’avoir la chance d’accéder à ces deux romans introuvables et d’un intérêt certain.
De André Mas, nous ne savons que peu de choses. Cet auteur est surtout réputé pour avoir imaginé avec Drouet la fameuse « fronde géante » permettant de catapulter un astronef hors de l’attraction terrestre, fronde que l’on retrouvera dans le roman de Graffigny « Voyage de cinq Américains dans les planètes » :
« Mas et Drouet utilisèrent une roue de 80 mètres de diamètre amenée à une vitesse de rotation de 65 tours par seconde. Ce qui donne une vitesse tangentielle de 16000 mètres par seconde. A ce moment, il suffisait de lâcher un projectile qui irait droit dans l’espace. Les chercheurs avaient même calculé la puissance du moteur nécessaire: 200 chevaux (env. 150 kW, à comparer au 110 000 000 kW que développait Saturne 5 !). Un tel projet faisait l’impasse sur la résistance de l’atmosphère, qui aurait empêché tout départ de la cabine. Mais bien avant, la construction de la roue aurait donné des cauchemars au meilleur des ingénieurs mécanicien, la force centrifuge disloquant le bel ouvrage avant que la vitesse requise ne soit atteinte. D’autre part, en supposant ces difficultés résolues, cela ne changeait rien pour les passagers, qui seraient morts de toute façon, écrasés par la force centrifuge. »
En fin d’ouvrage il est possible de trouver un document assez intéressant où l’auteur nous présente une « esquisse bibliographique » avec les romans faisant état d’un voyage et d’une exploration d’une autre planète. Il consacre également une partie plus « scientifique » avec des ouvrages bénéficiant d’un crédit plus « respectable ». Ne figure ici que la partie « Littérature de l’imaginaire » se révélant être un indicateur non négligeable de la situation des « voyages vers les autres planètes » de cette époque. Probablement le tout premier essai du genre.
Il est ici reproduit tel quel
Esquisse de Bibliographie
- Latin. Cicéron : « De natura deorum » (voyage en esprit).
- Grec. Lucien : « Voyage dans la Lune». (Une tempête).
- Allemand. Kircher : « Le voyage extatique». (Assistance d’un ange).
- Kepler : «Somnium ». (Voyage en esprit).
- Suédois. Swedenborg : « Voyage aux terres célestes» (Voyage en esprit).
- Italien. Dante :« Divine Comédie». (Voyage en esprit).
- Français. P. Daniel : « Voyage au monde de Descartes».(Voyage en esprit).
- Cyrano de Bergerac : « Histoire comique des Etats et. Empires de la Lune et du Soleil » (Aimantation. Fusées. Dilatation des fluides par la chaleur).
- Jules Verne : « De la Terre à la Lune ». (Canon gigantesque).« Autour de la Lune »(Id.)« Hector Servadac » (Collision d’une comète).
- Voltaire : « ». (Connaissance des lois de l’univers).
- Boitard : « Voyage dans les planètes». (Assistance d’un esprit).
- Sylvain d’Eglantine: « Les Terriens dans Vénus». (Force magnétique).
- A. Galopin : « Le Docteur Omégar». (Cavorite, mot commun pour les substances impénétrables à la gravitation).
- De Graffigny-Le Faure : « Aventures d’un savant russe »(Bombardement atomique. Comète. Canon géant). Id. : « Les Robinsons lunaires » . (Hypothèse d’une atmosphère terrestre très étendue).
- G, Le Rouge : « Le Prisonnier de la planète Mars ». (Lévitation). « La guerre des Vampires » (Mars à laTerre. (Eruption volcanique sur Mars).
- La Hire : « Le Mystère des XV ». (Radioplanes).
- G. Laurie : « Selène C° Ltd ». (Augmentation de la force attractive de la Terre amenant la Lune à notre proximité).« Les naufragés de L’espace ».
- Lectures pour tous (1912) : « Au XXe siècle». (Radioplanes).
- Blanqui :« L’Eternité par les astres ». (La nature se répète. La Terre est multipliée dans le temps et l’espace des millions d’exemplaires).
- Anglais. George Griffith : « Histoires d’autres mondes ».(Force antigravitationnelle).
- Astor : « Un voyage en d’autres mondes » (Ici.)
- Edgar Poe, auteur d’ « Eurêka » : Poème cosmogonique. (Origine et fin des mondes. Dieu). « Hans Pfaal ». (Gaz plus léger que l’hydrogène et atmosphère très étendue).
- H.G Wells : « La guerre des Mondes ». (Canon géant des Martiens),« Les premiers hommes dans la Lune ».(Cavorite).« L’œuf de cristal ». (Communication entre deux cristaux semblables et intervision.
- Roy Norton : « Les flottes évanouies ». (Cavorite).
- Mortimer Collins : « Le Roi » . (Incarnation).
- Du Maurier : « La Martienne ». (Incarnation).
Bibliographie de l’auteur
- « Les Allemands sur Vénus » de André Mas. Edition de la revue des indépendants. Vers 1910. Réédition éditions Apex, 2004,tirage limité à 250 exemplaires.
- « Dyrmea, monde de vierges »de André Mas. Editions Sansot R. Chiberre, 1923. Réédition Apex, 2004 tirage limité à 250 exemplaires.
- « Sous leur double soleil des dryméennes chantent » de André Mas.Librairie Attinger, Editions La Pensée Latine, 1922
Il est assez curieux que cet auteur n’apparaisse pas sur le rayon SF de Delmas et Julian. Mais il faut avouer que ces ouvrages sont extrêmement rares, et trouver l’ensemble de son oeuvre relève du miracle. Fort heureusement deux de ses textes majeurs furent réédités avec cependant un petit bémol : les tirages atteignent maintenant des prix prohibitifs sur le marché et sont presque aussi chers que les originaux !
Voyages à Vénus Bibliographie sélective.
- « Voyage à Vénus » de Achille Eyraud Michel Lévy Frères éditeur.1865.
- « Voyage sur la terre d’un habitant de Vénus », par Jules Rouquette. Montpellier : imprimerie de Grollier et fils, 1880
- « Les terriens dans Vénus, vers les mondes stellaires » de Sylvain Deglantine. Editions Flammarion 1907. Il existe également une couverture illustrée du même ouvrage.
- « Les Allemands sur Vénus » Edition de la revue des indépendants.
- « Réve à Vénus, anticipation sociale » de Denis Parazols. Chez L’auteur. Imprimé à Marseille 1935. Illustré par Llano,Florez et Ixigrec
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Le docteur Claudian, un illustre savant, continuateur de Curie, a accepté du gouvernement américain de rechercher par un fond sous-marin de 4.000 mètres de profondeur, un chargement d’or vierge qui a coulé trois ans auparavant. C’est pour cela qu’a été construit le Fulgur, sur des données inconnues de la science. C’est un milliardaire américain, Joë Kens, qui a fait les frais des expériences à la suite- desquelles le Fulgur a été construit. Il est capable d’évoluer sans moteur mécanique et de descendre sous l’eau à n’importe quelle profondeur. Au docteur Claudian se sont joints son neveu Marcel Beyllier, qui est journaliste, le capitaine de Maraval, l’ingénieur Paul Focas, le chef mécanicien Dartell et l’Américain Joë Kens. Le Fulgur est relié par un câble à deux navires, le Goliath et le Velox. Soudain, au moment où le docteur Claudian procède à des expériences sous-marines, une éruption volcanique bouleverse la mer. Les deux vaisseaux disparaissent engloutis et le Fulgur avec une rapidité vertigineuse disparaît dans l’abîme. Le sous-marin est tombé dans une excavation sous-marine dans laquelle l’air pénètre. Le Goliath a lui aussi subi le même sort, mais n’est plus qu’une épave que les passagers du Fulgur croisent dans les profondeurs. Les prisonniers de l’abîme vont dorénavant vivre une existence étrange. Tour à tour se révèlent à leurs yeux une flore et une faune inconnues, animaux géants et singuliers contre lesquels ils ont à livrer de redoutables combats. Le Fulgur évolue dans un canal souterrain, une sorte de tunnel creusé dans le roc, qui se continue par une sorte de petit lac dont le docteur Claudian avec quelques-uns de ses amis tente l’exploration en barque. Le couloir souterrain fait soudain un crochet brusque. Il n’y a plus d’eau. C’est la terre au fond des mers avec des débris, cheval mort, rats, harnais, qui évoquent les vestiges d’une terrible catastrophe en surface. Parla suite, le Fulgur s’est engagé dans le tunnel dont le passage a été élargi à l’aide de la dynamite et débouche dans le lac reconnu la veille par le docteur Claudian. Tout le monde à bord se prépare à prendre un repos bien gagné. Marcet Beyllier seul est de quart. Tout à coup un bruit sinistre fait sursauter le jeune homme.
Une masse énorme bondit du lac et vient frapper le Fulgur, Marcel étourdi par le choc disparaît dans les flots. C’est un animal étrange et monstrueux qui s’est lancé sur le Fulgur. On le repoussa à l’aide d’une décharge électro-magnétique ; pendant ce temps, Marcel qui est habile nageur, arrive à regagner le sous-marin. On livre contre le monstre un combat acharné et on finit par le capturer.
Il y a dix jours à présent que les prisonniers de l’abîme mènent leur étrange existence. Au, commencement de la dixième journée au fil de cette navigation souterraine, Marcel toujours lui ,qui est de quart lance ce cri de joie : Voici de la terre ! Une excroissance solide se dresse dans l’eau et s’élève à deux mètres environ de la surface liquide, à une cinquantaine de mètres plus loin, une ‘île est immergée dans l’eau douce. On décide de l’explorer. Où la nappe liquide va-t-elle se perdre ? Au bout de quelques centaines de mètres une muraille énorme se dresse, interceptant toute communication. Plus loin encore, elle se reforme en cercle. Le gouffre doit donner sur la terre. On fait sauter la muraille et, au moment de l’explosion, Marcel aperçoit dans une vague énorme un corps humain, c’est une petite fille qui respire encore péniblement. On la ranime et elle raconte une histoire incohérente où elle parle souvent de son père. Tandis que le Docteur soigne l’enfant, Marcel, de Maraval et Prosper vont explorer les environs. Le canal s’élargit brusquement : une terre apparaît. Les trois explorateurs rencontrent deux hommes, un blanc et un noir. L’homme blanc s’évanouit, on le transporte dans son habitation, à quelques pas de là. De Maraval reconnaît en lui un ancien camarade de collège. Il le ranime et aussitôt l’Européen qui se nomme Georges Derlinières lui demande des nouvelles de sa petite fille qui n’est autre que l’enfant trouvée par les voyageurs du Fulgur. Ce sont les rescapés d’une terrible catastrophe naturelle qui se sont ainsi retrouvés dans les entrailles de la terre après l’engloutissement de leur maison. Au cour de cette terrible nuit ou certaines régions de l’Amérique Centrale et l’Amérique du Sud « Velox » connurent des bouleversement formidable causé par de nombreuses secousses sismiques : Le hasard fait souvent bien les choses !
En surface, après 32 jours de recherches acharnées, on reçoit un message des passagers du « Fulgur ». Une flottille se met à l’œuvre pour découvrir les survivants. C’est une formidable armada qui se lance à la rescousse des survivants,avec plongeurs bathyscaphes…. Après une nouvelle exploration de ces terres sous-marines, les naufragés seront récupérés sains et saufs. De retour sur les terres de surface cette foi-ci, les hommes ayant organisés cette incroyable expédition comptent bien réitérer leurs exploits mais cette fois-ci en organisant une visite guidée, aménagée comme un parce d’attraction :
« Ils ont fait faire devis et plans pour installer ascenseurs et lumière électrique avec plateaux fixes aux stations, pour y placer des bars : le tout dans les puits d’ascension. Avec un flegme extraordinaire, ils ont chargé un grand compositeur de recruter un orchestre pour donner des concerts dans la ville préhistorique. Ils parlent même d’y installer un casino ! ! ! A l’île engloutie il y aurait un restaurant ! De là, à l’aide de passerelles fixes, munies de trottoirs roulants, on arriverait à la grotte où, aujourd’hui, s’éteint lentement le rayonnement du fameux Fulgur
Celui-ci serait regréé à neuf et prendrait des passagers pour excursionner dans la mer sous- marine.
Seulement, leur objecte Marcel avec un sérieux énorme, il faudra faire de l’élevage de bêtes antédiluviennes, ou en tous cas en inventer ; car si la nôtre est la seule qui restait dans cette grande lagune des sous-sols de la terre, les visiteurs n’auraient pas les sensations auxquelles notre programme leur donne droit.
Et le comble, c’est que Joë et Farragull ne se démontent pas sous son ironie et qu’ils ont convié leurs amis, amateurs d’émotions fortes, à venir chasser ! !… le monstre antédiluvien.
Joë Kens leur affirme avec un aplomb extraordinaire — même pour un Yankee qui n’est pourtant pas né à Marseille — que la bête qu’a tuée le Fulgur, c’était une femelle qui allaitait ses petits.
Donc, conclut-il, il en reste… et nous en ferons ! oui, nous en ferons de l’élevage pour avoir toujours du gibier pas banal sous la main »
Malheureusement, dame nature en a décidée autrement et, alors que les travaux d’emménagement avaient déjà commencés, une formidable irruption volcanique détruisit la totalité du chantier et les puits d’accès dans les entrailles de la terre ne dégagent plus désormais que des vapeurs toxiques et méphitiques. Fort heureusement il leur a été possible de récupérer les preuves de leur formidable aventure Mais que cela ne tienne, de toute manière le Docteur Claudian est de nouveau penché sur sa table à dessin et qui sait ce que le scientifique nous prépare pour l’avenir de l’humanité
Bibliographie
- « Le Fulgur » Publication en épisode dans la revue « Le Globe Trotter » du Jeudi 21 Mars 1907, N° 268 au Jeudi 15 Aout 1907 ; N° 289. Illustré par Clérice.
– « Le Fulgur » Librairie E.Flammarion.Grand in 8° cartonné polychrome. Illustré par Marin Baldo. Probablement publié en 1910.
– « Le Fulgur » Editions La Découvrance. 2008.
000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000
L’imaginaire ancien et le merveilleux scientifique, ne furent pas seulement l’apanage de la France et il existe de part le monde de nombreux pays où des auteurs écrivirent textes et nouvelles relevant de la conjecture. Toute cette production, fut complètement « étouffée » par la surabondance de la littérature anglo-saxonne, et connu de fait un funeste destin. Oubliée de tous, si ce n’est par une poigne d’irréductibles, toute cette production serait de nos jours condamnée à une disparition totale, si un groupe de passionnés ne s’efforçait de les sortir vaille que vaille,d’un silence bien injustifié.
Lorsque Lauric Guillaud avec la complicité de l’éditeur Michel Houdiard réédita en 2009 le passionnant « L’étrange manuscrit trouvé dans un cylindre en cuivre » de James De Mille (publié pour la première fois en 1888) ce fut la chance d’avoir enfin accès à un texte rare et majeur concernant les civilisations disparues. Peut-être les prémisses d’une changement de politique concernant la réédition de textes inaccessibles ? Nous le savons tous, la France est relativement avare de ce genre de publications et les lecteurs ne peuvent accueillir ce genre d’initiative, qu’avec une joie immense. Car nous sommes non seulement des lecteurs, mais en même temps des « historiens » du genre et avoir ainsi accès à un maximum de romans et nouvelles, nous permet de mieux appréhender la genèse et l’origine d’une littérature beaucoup, plus vaste et complexe qu’il n’y parait.
Nous saluons de fait ces deux rééditions inespérées qui viennent enrichir notre bibliothèque, deux volumes qui nous prouvent s’il en est besoin, de toute la richesse de notre domaine.
D’une part un recueil de nouvelles d’un écrivain Allemand, Carl Grunet « Au royaume de nulle part » avec pas moins de seize nouvelles toutes inédites et publiées pour la première fois entre 1905 et 1908 et de l’autre, un court roman d’une écrivain Russe, Vassili Avenarius et d’un fort curieux « Histoire extraordinaire d’un Pompéien ressuscité ».
Philippe Guilbert Fonde en 2007, les éditions Nilsane et souhaite je cite : « faire découvrir au public francophone des œuvres marquantes d’anticipation et de science-fiction en langue allemande des XIXe et XXe siècles ». Une excellente initiative, car elle va nous permettre de nous ouvrir les portes d’un pays dont les textes anciens sont relativement rares en France pour ne pas dire inexistants. Il est déjà possible sur son site, d’avoir accès à des nouvelles inédites comme celle de Kurd Lasswitz « La bibliothèque universelle » (1904) qui inspira Jorge Luis Borges pour sa « Bibliothèque de Babel ».En outre il vous sera possible également de commander un roman de 1930 « Utopolis » de Werner Illing, qualifié par Philippe Guilbert de « l’un des meilleurs romans d’anticipation technique et sociale de la République de Weimar ». D’autres romans sont en prévision et nous ne pouvons que souhaiter une longue vie à cet auto-éditeur qui nous donne ainsi la chance d’accéder à des titres inconnus.
De leurs cotés, Viktorya et Patrice Lajoye, que les amateurs du genre connaissent déjà pour leur excellent travail sur le site « Russkaya Fantastika », nous proposent un texte également inconnu pour le « commun des mortels », puisque les fouineurs acharnés auront peut-être la chance de le posséder dans sa rare édition Française et pour cause, car paru dans « La nouvelle Revue » en 1898 en trois parties. Nous admirons l’implication de Patrice Lajoye dans les littératures Russes et son magnifique travail sur quelques merveilleuses anthologies du genre et nous ne pouvons, une fois de plus, que saluer cette louable et formidable initiative en rééditant ainsi des textes rares et introuvables.
Mais il ne faudrait pas que de telles bonnes volontés s’émoussent et même si je devin que c’est avant tout la passion et l’amour pour ce genre de littérature qui les motive, acheter leurs ouvrages , c’est aussi faire preuve non seulement de bon sens en faisant l’acquisition de quelques perles rares, mais c’est aussi de permettre une certaine reconnaissance pour tous ses passionnés du genre qui oeuvrent dans l’ombre pour le réhabilitation de textes oubliés mais également pour notre immense curiosité conjecturale. Alors les amis, vous savez ce qu’il vous reste à faire.
Je me permets de reproduire les notes des éditeurs afin de vous présenter les ouvrages de la façon la plus simple et concise.
« Au royaume de nulle part » de Carl Grunert. Nouvelles d’anticipation (1905-1908). Editions Nilsane. 2012 Collection « Arche de Noé ». Disponible à la boutique « Lulu.com »
Le radium peut-il influer sur le cours du temps ? Certaines histoires d’amour requièrent-elles une modification de la composition de l’atmosphère? Les extraterrestres sont-ils déjà parmi nous ? Peut-on s’égarer dans les méandres de l’Histoire ? Qu’est-il advenu de la machine à explorer le temps de H. G. Wells ?
La lecture de Jules Verne permet-elle d’aborder sereinement un naufrage en ballon ?
La tête d’un être humain peut-elle survivre sans son corps ? La médecine martienne pourrait-elle sauver l’humanité ?
Tels sont quelques-uns des thèmes abordés par l’auteur de ces nouvelles du début du XXe siècle.
Ce volume rassemble dix-sept nouvelles d’anticipation de l’écrivain allemand Carl Grunert(1865-1918) parues dans trois recueils successifs : « Les Hommes de demain » (1905), « Des ennemis dans l’univers ? » (1907) et « L’espion de Mars » (1908)
Les textes d’anticipation de Cari Grunert sont proposés pour la première fois en traduction française et accompagnés d’un appareil de notes, d’une postface, de la liste des oeuvres de l’auteur et de repères bibliographiques. Un index nominum permet également de s’orienter dans les différents textes présentés.
« L’Histoire extraordinaire d’un Pompéien ressuscité » de Vassili Avenarius. Auto-édité. Disponible à la boutique « Lulu.com »
Auteur totalement inconnu de nos jours en France, Vassili Avenarius k (1839-1923) fut particulièrement célèbre à la fin du XIXe siècle et du XXe pour ses contes pour enfant.
Isolé au sein de son oeuvre, « L’Histoire extraordinaire d’un Pompéien ressuscité » est un récit de science-fiction avant l’heure, qui voit le retour à la vie d’un habitant momifié de Pompéi, un retour qui a pour cadre une Italie moderne, avec ses savants misanthropes, ses ouvriers presque esclaves, ses journalistes filous et ses Anglais voleurs. Avénarius livre au travers de ce récit non pas une satire, mais une critique du monde moderne, de sa frénésie, de son absence de morale quand tout est tourné vers l’argent roi. Un récit injustement oublié qu’il nous fallait ressusciter…