« Le Prix Jules Verne »…Qui trop Embrasse Mal Etreint !

Posté le Lundi 7 juin 2010

Lancé en 1927 par les éditions Hachette, en partenariat avec la revue « Lecture pour tous », le prix Jules Verne, récompense, une œuvre de fiction qui devra répondre à des critères bien précis, à savoir rester dans la continuité, sinon dans l’esprit de l’écrivain Nantais.

Mais visiblement cette condition, plus que de la servir, n’a fait que « plomber » cette louable entreprise en nominant des romans relativement fades, avec toutefois une exception « L’éther Alpha » de Albert Bailly, d’une qualité supérieure. En effet si l’on fait un peu le tour des huit œuvres récompensées il est un peu affligeant de constater qu’il ne s’agit que de textes d’aventures un peu exotiques, où la touche conjecturale n’a que peu d’importance, un élément insignifiant de l’intrigue et non l’élément moteur.

Pourtant comme l’a si bien écrit Bernard Heuvelmans :

« Jules Verne n’a pas créé l’avenir, il a fait mieux : il a engendré ceux qui l’ont créé »

Avec un tel énoncé la donne était pourtant prometteuse, mais à trop vouloir recopier (toujours très mal) plagier ou imiter le « père fondateur », on arrive à toute une génération de romanciers à l’imagination pleine de retenues où bien souvent le contexte de l’histoire ne dépassera pas le cadre des possibilités scientifiques du moment.

Le drame à l’époque de la célébrité de Jules Verne, c’est qu’il est considéré comme un écrivain pour enfant, au talent certes indéniable, mais qui reste classifié en tant que tel. Un visionnaire un peu rêveur, qui reste en marge de la « vraie littérature ». En fait on a plutôt l’impression qu’il dérange, car il vient un peu bousculer l’ordre des choses avec ses idées fantaisistes où la science, cette chose abstraite car basée sur des théories, est l’élément indispensable à l’évolution de l’espèce humaine. En somme tout ceci n’est pas très sérieux !

Fort de sa renommée sans cesse croissante, on le tolère mais on le catalogue. Il devient la référence d’un genre nouveau mais qui hélas va déposer une sorte de chape sur la génération à venir. A trop vouloir faire du Jules Verne, on en devient vite une victime. C’est un peu l’impression qui se dégage de cette fameuse collection qui annonce elle-même les bases du projet :

« Les romans de Jules Verne ont orienté l’esprit de nos contemporains vers les sciences et développé chez bien des jeunes le goût des grands voyages aventureux. Dans les lettres qu’ils ont écrites, M le Dr Charcot, dont on connaît les belles explorations scientifiques, se déclare modestement son disciple, et Mr Belin, le savant électricien qui a réussi le premier à transmettre une image par ondes Hertzienne, nous dit que l’œuvre du célèbre romancier a exercé sur lui « une action incontestable ». Il n’y a donc pas intérêt à laisser péricliter une forme si précieuse de roman. Et pourtant elle subit une crise. Actuellement le roman scientifique ou d’exploration aux pays inconnus est trop souvent d’une documentation incertaine, d’une science fantaisiste, ou l’hypothèse ne repose sur aucune base solide. Or aujourd’hui, la science a pris une trop grande place dans notre vie pour qu’on la traite avec une plaisante désinvolture. C’est en elle et dans les perspectives qu’elle ouvre que l’imagination du romancier doit chercher son inspiration (…) IL faut en un mot revenir à la saine conception de notre Jules Verne dont on va bientôt fêter le centenaire. »

Dans ce texte on parle de « science fantaisiste » et de « saine conception de notre Jules Verne ». Une mise en garde contre tout débordement de l’imaginaire, un contexte scientifique, strict et rigoureux, pas de place aux chimères ou aux extrapolations. De plus il y a dans le ton du rédacteur, cette notion de « saine conception » : oser imaginer l’impensable est-il honteux, malsain et répugnant ? Serait-il préjudiciable de supputer que l’homme n’est pas la seule créature intelligente de l’univers, qu’il n’est pas le nombril du monde ?Le débat serait trop long pour évoquer ici toutes les aberrations de cette époque où un certain colonialisme triomphant, élevait l’homme blanc au rang d’être supérieur…….alors pensez des créatures venues d’un autre monde !

Afin de légitimer un peu plus cette théorie selon laquelle, le roman scientifique est une chose trop sérieuse pour être confiée à de joyeux fantaisistes à l’imagination trop débordante, on cite Charcot et Belin, des gens respectables et dont le savoir ne fait aucun doute. Lisons entre les lignes : soyons carré et rigoureux, ne nous éloignons pas du cadre scientifique, au risque d’ennuyer le lecteur. Un peu comme si la réputation de l’élite scientifique Française était en jeu.

Une excellente idée que d’avoir transformer le terme de « Roman scientifique » en « Imaginaire ou merveilleux scientifique », au moins cette terminologie laisse t-elle plus de place à quelques envolées extravagantes. Et puis cette notion de possession à l’égard de Verne : « Notre Jules Verne » à croire qu’il est un objet de culte, un élément unique et isolé dans le domaine de l’imaginaire et du roman scientifique.

Je respecte énormément l’auteur et toute son œuvre, il a de toute évidence un rôle de précurseur que je ne conteste absolument pas, mais à trop vouloir le placer tout en haut de l’échelle, on finit par en oublier les autres. La preuve s’il en est, à force d’étouffer un peu trop l’imagination des lauréats du prix Jules Verne, sur des bases un peu trop strictes, on assiste au couronnement d’une série au nom très ronflant mais qui au final est loin de tenir ses promesses : Rien qu’un ensemble de pétards mouillés.

Seule exception, comme je le disais au début, « L’éther Alpha ».Un roman assez audacieux pour l’époque, à la thématique intéressante : Un savant découvre une substance « l’éther alpha » qui va lui permettre de construire un appareil révolutionnaire avec lequel il va se rendre sur la lune. Il y découvre des sélénites, des êtres électriques, possédant une technologie très avancée et qui menacent d’éradiquer l’homme. Coup de théâtre, invention fabuleuses et situations trépidantes sont le lot de ce roman passionnant où les sélénites choisiront finalement de propulser « notre satellite » aux confins de l’univers à la recherche d’un voisinage plus adapté.

Je rêve parfois du changement du cour des choses si un esprit cabotin mais lucide avait eu la géniale idée de créer un prix « Albert Robida » ou « Maurice Renard ».

Le prix « Jules Verne » sera ressuscité en 1957, couronnant des ouvrages de la collection « Le rayon fantastique » chez « Hachette/Gallimard »

Les prix « Jules Verne »

- « La petite fille de Michel Strogoff » de Octave Béliard. Edition pré-originale dans la revue « Lecture pour tous » Juillet/Août/Septembre 1927. Illustré par G.Dutriac. Edition en volume « Collection Prix Jules Vernes » Librairie Hachette 1927. Illustré par G.Dutriac.

- « Quand le mammouth ressuscita » de Max Begouen. Edition pré- originale dans la revue « Lecture pour tous » Avril & Mai 1928. Illustré par De Bouché Leclercq. Edition en volume « Collection prix Jules Verne ».1928. Illustré par De Bouché Leclercq.

- « Le secret des sables » de J.L.Gaston Pastre. Edition pré- originale dans la revue « Lecture pour tous » Juin/Juillet/Août 1928. Illustré par G.Dutriac. Edition en volume « Collection prix Jules Verne ».1928. Illustré par G.Dutriac.

- « L’éther Alpha » de Albert Bailly. Edition pré- originale dans la revue « Lecture pour tous »Août/Septembre/Octobre 1929. Illustré par J.Touchet. Edition en volume « Collection prix Jules Verne ».1929. Illustré par J.Touchet.

- « L’île au sable vert » de Tancrède Vallerey. Edition pré- originale dans la revue « Lecture pour tous »Août/Septembre/Octobre/Novembre 1930. Illustré par H.Faivre. Edition en volume « Collection prix Jules Verne ».1930. Illustré par H.Faivre.

- « L’étrange menace du Professeur Iouchkoff » de Hervé De Peslouan. Edition pré- originale dans la revue « Lecture pour tous » Août/Septembre/Octobre 1931. Illustré par G.Dutriac. Edition en volume « Collection prix Jules Verne ».1931. Illustré par G.Dutriac. Apparemment ce titre n’existe pas au même format que les titres précédents (Format 13×19, relié avec jaquette)

- « L’étrange disparition de James Butler » de Pierre Palau. 1933. Parution en pré-originale dans « Lecture pour tous » ? D’après mes sources ce roman n’a jamais paru en volume dans la collection prix Jules Verne. Edité en volume chez Hachette « Bibliothèque verte ».1933.

- « Les vaisseaux en flamme » de Jean-Toussaint Samat. Edition pré- originale dans la revue « Lecture pour tous » Août/Septembre 1936. Illustration de G.Dutriac. D’après mes sources ce roman n’a jamais paru en volume dans la collection prix Jules Verne. Il existerait une édition en volume éditions « les loisirs » 1944.

 

« Prix Jules Verne » 2éme Série.

- « L’adieu aux astres » de Serge Martel. Hachette/Gallimard. Collection « Le rayon fantastique » N°57. 1958.

- « Surface de la planète » de Daniel Drode. Hachette/Gallimard. Collection « Le rayon fantastique » N°63. 1959.

- « La machine du pouvoir » de Albert Higon. Hachette/Gallimard. Collection « Le rayon fantastique » N°71. 1960.

- « Le sub-espace » de Jérôme Sériel. Hachette/Gallimard. Collection « Le rayon fantastique » N°82. 1961.

- « Le ressac de l’espace » de Philippe Curval. . Hachette/Gallimard. Collection « Le rayon fantastique » N°100. 1962.

- « Métro pour l’enfer » de Vladimir Volkoff. Hachette/Gallimard. Collection « Le rayon fantastique » N°118. 1963.

 

 

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Une superbe couverture de G.Dutriac

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« La Science-Fiction Avant La Sf  » Une Anthologie de Monique Lebailly

Posté le Vendredi 4 juin 2010

Les ouvrages traitant des précurseurs sont tellement rares qu’il me paraissait utile de vous signaler la présence d’un tel recueil, même si sa sortie date un petit peu.

Avec un titre aussi raccrocheur il m’était impossible de ne pas vous le présenter. Etablie par Monique Lebailly, surtout connue dans le domaine de la sf comme traductrice de nombreux romans, elle composa cette « anthologie de l’imaginaire scientifique Français du romantisme à la pataphysique » en choisissant des textes rares où des noms célèbres se mélangent avec de parfaits inconnus (du moins pour le lecteur peu habitué à ce genre d’exercice).

J’ai beaucoup apprécié sa préface et bien souvent je me régale à l’avance en apprenant la façon dont l’anthologiste fit ses premières armes avec la littérature, pour arriver de fil en aiguille au domaine de l’imaginaire et de ce « merveilleux scientifique » si bien inventé par Maurice Renard.

Car Monique Lebailly nous parle avant tout de son amour pour les livres et de son profond respect pour les « in-quarto reliés et illustrés » découverts dans la bibliothèque d’un ébéniste octogénaire, ami de la famille. Une approche idéale, faisant partie pour ma part, d’une jeunesse fantasmée que j’aurais sûrement aimé avoir, une enfance entourée de vieilles reliures et d’ouvrages aux dos craquelés qui peuplent les recoins de souvenirs provenant d’un passé qui hélas ne fut jamais le mien.

De ce profond respect pour la lecture, sans aucune discrimination de genre il en ressortira ce recueil aux nouvelles parfois « hilarantes, graves ou inquiétantes » qui se terminera par ces quelques lignes d’une profonde justesse et qui résument bien notre état d’esprit :

« J’espère que cette anthologie amusera les fans de science-fiction et que les noms parfois célèbres, qui l’illustrent, appâteront ceux qui hésitent encore à acheter un livre portant la mention « infâmante » : SF. S’ils feuilletaient l’énorme encyclopédie que Pierre Versins lui a consacrée, ils apprendraient qu’un bon nombre d’auteurs du XXéme siècle, de Maurice Blanchot à Valéry en passant par Mac Orlan, se sont livrés avec délice et bonheur aux jongleries conjecturales. Certains titres sont encore disponibles. Sus aux boites des bouquinistes….. »

Tout est dit, ou presque…….

Contenu de l’anthologie

- « Dupont et Durand » (extrait) de A.de Musset.

- « La chute d’un ange » (extrait) de A de Lamartine.

- « Le Vingtième siècle » (extrait) de Victor Hugo.

- « Le phénomène futur » de Stéphane Mallarmé.

- « Un vision nocturne » de Théophile Gautier.

- « L’oreille de la chouette » de Erckmann-Chatrian.

- « La lunette de Hans Schnaps » de Erckmann-Chatrian.

- « L’an 2865 » de Samuel-Henri Berthoud.

- « Les ruines de paris en 4875 » de Auguste Franklin.

- « Wood’stone » de Alphonse Daudet.

- « Dialogues philosophiques » (extrait) de Ernest Renan.

- « Josuah Electicmann » de Marie-Ernest d’Hervilly.

- « l’origine de la vie » de Eugène Mouton (Mérinos).

- « La fin du monde » de Eugène Mouton (Mérinos).

- « Le journal de l’avenir » de Charles Cros.

- « Le caillou mort d’amour » de Charles Cros.

- « L’amour du naturel » de Villiers de L’Isle-Adam.

- « L’affichage céleste » de Villiers de L’Isle-Adam.

- « L’homme de Mars » de Guy de Maupassant.

- « Jadis chez aujourd’hui » de Albert Robida.

- « Un idée lumineuse » de Alphonse Allais.

- « La machine à métaphysique » de Jean Richepin.

- « Le monstre » de Jean Richepin.

- « Commentaire pour servir à la construction pratique d’une machine à explorer le temps » de Alfred Jarry.

- « L’aviation résolue » de Alfred Jarry

« La Science-fiction avant la SF, anthologie de l’imaginaire scientifique Français du romantisme à la pataphysique » établie par Monique Lebailly. Editions de l’instant collection « Griffures ». 1989.

 

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« Les Oeuvres Libres » Esquisse Bibliographique des Textes Fantastiques et Conjecturaux

Posté le Mercredi 2 juin 2010

 

 

Création des éditions Fayard, ces volumes à l’aspect un peu austère étaient en fait des sortes « d’anthologies » de plusieurs courts romans ou de nouvelles inédites. Faisant la part belle aux œuvres fantastiques et conjecturales, ces « œuvres libres » sont surtout connues des amateurs et des collectionneurs, pour avoir publiées la presque totalité des romans qui constituent la saga du professeur Tornada, le sympathique et excentrique savant de André Couvreur.

Si certains textes furent par la suite réédités, quelques uns sont encore dans l’attente d’une ressortie, une initiative qui à mon avis serait la bienvenue. Prenons pour exemple le roman de Tancrède Vallerey « Celui qui viendra » une formidable histoire de créature humanoïde venant d’Aldébaran. Doté d’yeux « rayon x » il propose à l’humanité toute la richesse de sa civilisation, mais…. Un texte passionnant, hélas trop méconnu, qui fort heureusement attira l’oeil avisé d’une superbe petite collection.

Visiblement, la guerre mettra fin à cette collection. Pendant longtemps elle fut méprisée des collectionneurs, car d’un visuel peu attrayant, pourtant telle l’huitre rugueuse et coupante elle renferme de véritables petites perles à admirer de toute urgence.

Textes Fantastiques

- « L’île du grand puit » de Claude Farrère. Juillet 1921. N°001.

- « L’écouteuse de morts » de Paul Olivier. Mars 1924. N°031.

- « L’idole Batéké » de Charles Géniaux. Septembre 1924. N°039.

- « L’homme et ses fantômes » (Théâtre) de H.J.Lenormand. Novembre 1924.N°041.

- « Le juge à l’œil de lynx » de M.Laurent. Mars 1926. N°057.

- « Les diables de Brabant » de H.J.Lenormand. Décembre 1929. N°102.

- « L’homme que j’ai fait naître » de Jean Rostand. Février 1931. N°116.

- « Evocation » de Kephren. Février 1931. N°117.

- « Immortalité » de R.G.Binding. Mars 1932.N°129.

- « L’homme qui faisait les cercueils trop grands » de Pierre Goemaere. Novembre 1932. N° 137.

- « Lord Ribblesbane » de Edmond Jaloux. Avril 1934. N°154.

- « La double vie de Peters Petersohn » de Jean-Marx Blum. Octobre 1934.

- « Trois contes inédits » de Charles Dickens. Janvier 1936. N° 175.

- « L’homme évaporé » de Pierre Fontaine. Janvier 1936. N° 175.

- « Les étendards de l’enfer » de Georges Imann. Janvier 1936. N° 175.

- « En au-delà » de André Couvreur. Avril 1936. N° 178.

- « Le roman de l’homme chien » de F.J.Trousse. Juin 1937.N°182.

- « Maison Lirrefer, maison meublée » de Charles Dickens. Janvier 1937. N° 187.

- « Le voyage de nulle par » de Jean Razac. Mars 1937. N°189.

- « Le dernier vampire » de Joseph Gaboriau. Décembre 1937. N° 198.

- « L’épave interdite » de Jean Feuga. Avril 1938. N° 202

- « Fantômes et magiciens » de Bulwer-Lytton. Octobre 1938. N° 210.

- « La sorcière » de Georges Barbarin. Janvier 1939. N°211.

- « Les portes du ciel » de Georges Imann. Septembre 1939. N° 219.

- « La termitière » de A.Ferrand. Mai 1940. N° 223.

 

Textes Science-Fiction

 

- « L’androgyne » de André Couvreur. Janvier 1922. N°007. Réédition Albin Michel « Les fantaisies du Dr Tornada » 1923.

- « Dans trois cent ans » de Pierre Mille. Janvier 1922. N°007.

- « L’homme qui voulut être invisible » de Maurice Renard. Janvier 1923. N° 019. Réédition Crès dans le recueil de nouvelles « L’invitation à la peur » 1926.

- « Où » de Claude Farrère. Juin 1923. N°024. Réédition Ernest Flammarion dans le recueil de nouvelles « L’autre coté….contes insolites » 1928.

- « Le valseur phosphorescent » de André Couvreur ». Décembre 1923. N°030.

- « 1937 » de Claude Farrère. Février 1924. N°032. Réédition Ernest Flammarion dans le recueil de nouvelles « Cent million d’or »  1927.

- « Les mémoires d’un immortel » de André Couvreur. Décembre 1924. N° 042.

- « Les navigateurs de l’infini » de J.H.Rosny Aîné Décembre 1925. N° 054. Réédition, « éditions de la nouvelle revue critique » 1927.

- « Le feu du ciel » de Pierre Dominique. Mars 1926. N° 058. Réédition « Bernard Grasset » sous le titre « …Selon St Jean » 1927.

- « Le non lieu du fils à papa » de Louis Thinet. Février 1927. N° 068.

- « Le biocole » de André Couvreur. Juin 1927. N° 076.

- « Le bateau rouge » de Artus et Touchard. Décembre 1928. N° 090.

- « Celui qui viendra » de Tancrède Vallerey. Décembre 1929. N° 102.Réédition « Petite bibliothèque ombre » 1998.

- « Napoléon bis » de René Jeanne. Février 1931. N° 129. Réédition « La nouvelle société d’édition » 1932.

- « Le cas de la baronne Sasoitsu » de André Couvreur.Avril 1939. N°214.

 

 

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« Je Sais Tout » Esquisse Bibliographique des Oeuvres Conjecturales et Fantastiques

Posté le Samedi 29 mai 2010

 

Cette bibliographie est établie sur la base de l’ouvrage de Jacques Van Herp « Je sais tout, le roi des magazines » aux éditions Recto-Verso collection « Idées et autres…. » ainsi que sur les ouvrages constituant ma propre bibliothèque. L’ouvrage de Van Herp indispensable, est hélas dépourvu d’un inde, permettant de se retrouver dans cette masse considérable d’informations.

En effet il y recense également la production de la revue « Lecture pour tous » qui fera l’objet d’un prochain listing ainsi que de la collection « Les oeuvres libres ».Une somme importante de titres qu’il est parfois difficile de différencier.Par contre, j’ai délibérément retiré de mon répertoire les ouvrages du domaine policier qui même, s’ils se révèlent tout aussi passionnants, ne trouvent pas leurs places au sein de ce blog.

« Je sais tout » est sans contexte une revue « phare » dans notre domaine, le terreau fertile et indispensable qui donna, à l’instar de son concurrent « Lecture pour tous » un grand nombre d’œuvres conjecturales et fantastiques. On y trouvera des textes d’une grande qualité, bien souvent en pré originaux et si la grande majorité eurent les honneurs d’une réédition (par les éditions Lafitte le plus souvent) quelques un hélas demeurent totalement inédits.

Pour la petite histoire, reprise dans l’ouvrage de Van Herp, lorsque Pierre Lafitte débuta sa revue ornée de son célèbre père « Je sais tout », il organisa un habile concourt qui fera date puisque réutilisé encore de nos jours. En effet, je cite :

« Peu de jours avant la mise en vente, on résolut de téléphoner au hasard de l’annuaire à cent cinquante personnes. La France avait été prévenue auparavant par des échos parus dans les journaux que cette question serait posée cent cinquante fois :

- Que savez-vous ?

Il s’agissait simplement de répondre :

- « Je sais tout ! »

Le gagnant recevait un abonnement au magazine. Sur les personnes interrogées, quinze seulement ne répondirent pas automatiquement.»

Si ça, ce n’est pas une super campagne publicitaire !

Comme d’habitude, cette liste n’est pas exhaustive et évoluera au fil de vos découvertes et de vos suggestions.

 

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 Le père « Je sais tout »                                                                                                         le N° 1 de la série 15 Février 1905

 

Romans de Science-Fiction

 

- « L’hallucination de Mr Forbes » de Jules Perrin. « Je sais tout » de Novembre 1907 à Février 1908 (N° 34 à 37). Illustré par H.Lanos. Réédité Chez Fasquelle « Bibliothèque Charpentier » sous le titre « La terreur des images » 1908.

- « Le mystérieux Dajann-Phinn ». de Michel Corday. « Je sais tout » d’Avril à Mai 1908 (N°39 et 40). Illustré par Georges Scott. Réédition dans le volume « Mariage de demain » éditions Fasquelle 1908.

- « La guerre du feu » de J.H.Rosny Aîné. « Je sais tout » de Juillet à Octobre 1909 (N° 54 à 57). Illustré par Orazi. Réédité chez Fasquelle. 1911

- « Le fauteuil hanté » de Gaston Leroux. « Je sais tout » d’ Avril 1909 (N° 51). Réédition en volume chez Pierre Lafitte. 1911.Illustré par René Lelong.

- « Le nuage pourpre » de M.P.Shiel. « Je sais tout » de Septembre 1911 à Janvier 1912 (N° 81 à 84). Illustré par M.Orazi. Réédité en volume chez Pierre Lafitte. Couverture illustré couleur. 1913.

- « Le second déluge » de Garrett-Servis. « Je sais tout » de Octobre et Novembre 1912 (N° 93 et 94). Illustré par S.Macchiati. Réédité semble t-il (références noosSFere) dans la collection Ailleurs & autres N°89, éditions Francis Valéry 1984.

- « L’épouse du soleil » de Gaston Leroux. « Je sais tout » du 3 Août 1912 (N°91). Réédition en volume chez Pierre Lafitte. 1913. Illustré par M.Orazi

- « La force Mystérieuse » de J.H.Rosny. « Je sais tout » de Janvier 1913 à Mai 1913 (N° 96 à 100). Illustré par M.Lecoultre. Réédité chez Plon. 1914.

- « Le monde perdu » de Sir Arthur Conan Doyle. « Je sais tout » de Novembre 1913 à Juillet 1914 (N° 106 à 114). Illustré par Géo Dupuis et par la suite, Louis Bailly. Réédition Nouvelle Bibliothèque 1925.

- « Le tunnel » de Bernhard Kellermann. « Je sais tout » de Mai, Juin et Juillet 1914. Réédité chez Flammarion en 1934.

- « Rouletabille chez Krupp » de Gaston Leroux. « Je sais tout » Septembre 1917 à Mars 1918 (N° 142 à 148). Illustré par Léon Fauret. Réédité chez Pierre Lafitte. 1920.

- « L’étrange alibi » de Léon Groc. « Je sais tout » de Décembre 1917. Pas de réédition connue.

- « Le ciel empoisonné » de Sir Arthur Conan Doyle. « Je sais tout » de Mars 1918 à Juillet 1918. (N° 148 0 152). Illustré par Will Fostep et Louis Bailly. Réédité chez Hachette, Bibliothèque de la Jeunesse, 1938.

- « Les trois yeux » de Maurice Leblanc. « Je sais tout » de Juillet 1919 (N° 164). Illustré par M.Orazi. Réédité en Volume chez Pierre Lafitte. 1921.

- « Le rayon B » de Maurice Leblanc. « Je sais tout » d’Octobre 1919 (N° 167). Illustré par M.Orazi. Réédité en Volume chez Pierre Lafitte. 1921. Cette seconde partie se trouve incluse dans le volume « Les trois yeux »

- « Celui qui supprima la mort » de J. Bruno-Ruby. « Je sais tout » d’Avril 1920 (N° 172). Illustré par Rzewuski. Réédité en volume chez Pierre Lafitte. 1921.

- « Le formidable événement » de Maurice Leblanc. « Je sais tout » d’Octobre et Novembre 1920 (N° 178 et 179). Illustré par Lorenzi. Réédition Pierre Lafitte 1921.

- « L’homme truqué » de Maurice Renard. « Je sais tout » de Mars 1921(N° 183). Illustré par Rzewuski. Réédité chez Crès en 1923.

- « Le neveu de Gulliver » de Bauer. « Je sais tout » de Juillet 1921 (N° 199). Illustré par Maurice Leroy. Réédité chez Ferenczi.1923.

- « La jeune fille en proie aux monstres » de Pierre De La Batut. « Je sais tout » de Septembre 1921 (N° 189). Illustré par Félix Lorioux. Réédité en volume chez Crès « Collection littéraire des romans d’aventures ». 1921.

- « Les Agouglous » de Raymond Marival. « Je sais tout » de Janvier 1922 (N° 193). Illustré par Maurice Leroy.Réédité chez Ernest Flammarion « Le roman d’aventure » 1923.

 

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                  Maurice Leblanc Octobre 1919 N°167                                                         Maurice Renard à l’honneur. Mars 1921 N°183

 

Nouvelles de Science-Fiction

 

- « On » de Maurice Level. « Je sais tout » de Décembre 1908 (N° 47).

- « Le grand moteur Brown-Pericord » de Sir Arthur Conan Doyle. « Je sais tout » de Juin 1908 (N°41). Illustré par H.Lanos

- « Le sommeil de Sir S.H.W.Ferkett » du Dr Bresselle. « Je sais tout » de Juin 1909 (N° 53). Illustré par Simon Harmon Vedder.

- « Le royaume des fourmis » de H.G.Wells. « Je sais tout » de Novembre 1912 (N°94). Illustré par S.M ?

- « La machine à extorquer la vérité ». de Henry A.Hering. de Décembre 1912 (N° 83). Illustré par Kirchner.

- « Les mystérieuses études du Pr. Kruhl » de Paul Arosa. « Je sais tout » de Septembre 1912 (N°92).Illustré par Géo Dupuis

- « La plus belle opération » de Artus. « Je sais tout » de Avril 1913 (N° 99).

- « Le tunnel de Gibraltar » de Jean Jaubert. « Je sais tout » de Mars 1914 (N° 110).

- « Télépathie » de H.A.Héring. « Je sais tout » de Septembre 1916 (N°130).

- « Un accroc à la société des nations » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Janvier 1919 (N°158).

- « Talleyrand chez Wilson et Clemenceau » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Mai 1919 (N° 162).

- « La grève des bourgeois » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Juin 1919 (N°163).

- « La journée de vingt minutes » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Juillet 1919 (N°164).

- « La vie en noir » de Clément Vautel » de Septembre 1919 (N° 166).

- « Le théâtre de l’avenir » de Maurice Dekobra ». « Je sais tout » d’Octobre 1919 (N° 167).

- « Les évadés de progrès » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Novembre 1919 (N°168).

- « Le monsieur des cavernes » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Janvier 1920 (N° 170).

- « Le rétablissement du pilori » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Juin 1920 (N° 175).

- « La chasse aux célibataires » de Clément Vautel. « Je sais tout » de Août 1920 (N° 177).

- « Milon de Crotone aux olympiades » de M.Huet. « Je sais tout » de Août 1920 (N°177).

- « Les lunettes jaunes » de E.Buel. « Je sais tout » d’Octobre 1920 (N°178). Illustré par Cazenove.

- « L’image au fond des yeux » de Maurice Renard. « Je sais tout » de Septembre 1921 (N°189). ). Réédition en volume dans le recueil de nouvelles « Invitation à la peur » Editions Crès.1926

- « Au cœur putride de la foret » de E.M.Laumann. « Je sais tout » de Novembre 1921 (N°191). Illustré par Leroy. Rééditions voir article sur Laumann

- « La bataille navale du Pacifique » de G.G.Toudouze. « Je sais tout » de Novembre 1921(N°191).

- « La grenouille » de Maurice Renard. « Je sais tout » de Février 1922 (N°194). Réédition en volume dans le recueil de nouvelles « Invitation à la peur » Editions Crès.1926.

- « L’horreur des altitudes » de Sir Arthur Conan Doyle. « Je sais tout » d’Avril 1922 (N° 196). Réédition chez Albin Michel « collection des maîtres étrangers de la littérature étrangère » dans le recueil de nouvelles « La brèche aux monstres ». s.d

- « Dans le fond des mers » de E.M.Laumann. « Je sais tout » de Juin 1922 (N°198). Rééditions voir article sur Laumann.

- « Les éléphants bleus » de J.H.Rosny. « Je sais tout » d’Octobre 1922 (N°202).

- « Des signes dans le ciel » de E.M.Laumann. « Je sais tout » de Mars 1923 (N°207). Illustré par Dutriac. Rééditions voir article sur Laumann.

- « Le monstre de la brèche de Blue John » de Sir Arthur Conan Doyle. « Je sais tout » de Mai 1923 (N°209).

- « L’Alcyon » de E.M.Laumann. « Je sais tout » de Juin 1923 (N°210). Illustré par Dutriac. Rééditions voir article sur Laumann.

- « La cuirasse de l’air » de Emmanuel Bourcier. « Je sais tout » de Août 1923 (N°212).Illustré par G. Dutriac

 

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« La science veut percer la terre » H.Lanos.Juillet 1909 N°54                                                « L’hallucination de Mr Forbes » H.Lanos. Février 1908 N°37

 

Romans Fantastiques

 

- « Moi et L’autre (L’obsession) » de Jules Clarétie. « Je sais tout » de Février à Août 1905 (N° 1 à 7).Illustré par Macchiati. Réédité chez Pierre Lafitte en 1908. Deux éditons différentes la même année : Un avec une couverture couleur de A.Radeno et une autre avec deux petites vignettes illustrées couleurs dans la partie supérieure du volume. Les deux éditions se composent de 12 illustrations de Macchiati.

- « Le conte du cigare au feu vert » de Valentin Mandelstamm. « Je sais tout » de Juin et Juillet 1910 (N° 65 et 66).Illustré par René Lelong.

- « Le voleur d’âme » de René Maizeroy. « Je sais tout » de Novembre 1912 à Janvier 1913 (N° 94 à 96). Pas de réédition connue

- « Le charmeur de serpent » de Robert Hitchens. « Je sais tout » de Septembre et Octobre 1913 (N° 104 et 105). Illustré par Ruck. Pas de réédition connue.

- « L’homme qui revient de loin » de Gaston Leroux. « Je sais tout » de Septembre 1916 (N°130). Réédition chez Pierre Lafitte.1920

- « Le cœur cambriolé » de Gaston Leroux. « Je sais tout » de Janvier 1920 (N° 170).Illustré par M.Orazi. Réédition Pierre Lafitte.1922. Contient également : « Une histoire épouvantable » et « La hache d’or »

- « Euryale à Londres » de Carlton Dawne. « Je sais tout » de Février 1920 (N°183). Illustration de Forain, L.Leroy et Orazzi. Réédition Editions recto verso collection « Idées et autres…. » Hors série N° 77. Mars 1998.

- « La vivante épingle » de Jean Joseph Renaud. « Je sais tout » de Décembre 1920 (N° 180). Réédité chez Pierre Lafitte.1922.

 

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                         Sir Arthur Conan Doyle. Mars 1918 N°148                                       J.Bruno-Ruby défie la mort…..Avril 1920 N°172

 

Nouvelles Fantastiques

 

- « La main de singe » de Jacobs. « Je sais tout » d’Avril 1905 (N°4).

- « la mascarade interrompue » de Zuylen de Nyevelt. « Je sais tout » Août 1905 (N°7).

- « Le fantôme boiteux » de Jean joseph Renaud. « Je sais tout » d’Octobre 1905 (N°9). Réédité chez Calman Lévy en 1907 dans le recueil de nouvelles « L’enlisé du Mont St Michel »

- « L’homme qui a vu le diable » de Gaston Leroux. « Je sais tout » de Mars 1908 (N° 38). Illustré par Macchiati.

- « Le monstre de « Partridge Creek » de Georges Dupuy. « Je sais tout » de Avril 1908 (N°39).

- « La tresse blanche » de René Maizeroy. « Je sais tout » de Mai 1908 (N° 40). Illustré par Georges Scott.

- « L’esprit » de Henri Duvernois. « Je sais tout » de Juillet 1909 (N° 54). Illustré par E.Loevy.

- « Le rêve de Lassalle » de G.d’Esparbès. « Je sais tout » de Décembre 1909 (N° 59).

- « L’entonnoir de cuir » de Sir Arthur Conan Doyle. « Je sais tout » de Juillet 1910 (N° 66).Réédition, editions Cosmopolites « collection du lecteur ».1929.Illustré par M.Orazi

- « L’homme qui se souvient » de Maurice Leblanc. « Je sais tout » de Février 1911 (N°85).

- « Le secret de la comtesse Barbara » de H.de Régnier. « Je sais tout » de Novembre 1911 (N° 94).

- « Une fin de bal » de Maurice Renard. « Je sais tout » d’Avril 1916 (N°126). Illustré par L.Bailly.

- « Deux professeurs et une momie » de Henry A.Hering. « Je sais tout » de Avril 1917 (N°137). Illustré par Macchiati. Réédité dans la revue « Le visage vert » de Xavier Legrand-Ferroniére, dans son anthologie « Jour de l’an chez les momies ». Mars 1987. Tirage limité à 65 exemplaires.

- « Le mystère de l’île St Louis » de Pierre Ladoué. « Je sais tout » de Janvier 1920 (N° 170).

- « La momie mystérieuse » de Albert Leprince. « Je sais tout » d’ Octobre 1921 (N° 190).

- « La main de singe » de Robert Nunès. « Je sais tout » de Janvier 1922 (N° 193). (Théâtre)

- « A bord du Yacht Daphné » de Jean Joseph Renaud. « Je sais tout » de Mai 1922 (N°197).

- « Le bateau fantastique » de Canudo. « Je sais tout » de Mars 1923 (N° 207).

- « Seconde vue » de Britten Austin. « Je sais tout » d’ Avril 1923 (N° 208).

- « Fortune de mer » de Sir Arthur Conan Doyle. « Je sais tout » d’Avril 1923 (N° 208)

- « La bague aux serpents » de Frédéric Boutet. « Je sais tout » de Mai 1923 (N°209).

- « La damnation de l’Essen » de Maurice Renard. « Je sais tout » de Août 1923 (N° 212). Réédité chez Crès en 1926 dans le recueil de nouvelles « L’invitation à la peur ». Réédité dans la revue « Le visage vert » de Xavier Legrand-Ferroniére, dans son anthologie « L’homme peste et autres contes ». Avril 1985. Tirage limité à 59 exemplaires.

- « Le fantôme de la Pandora » de Frédéric Boutet. « Je sais tout » de Décembre 1923 (N° 216) 

 

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Les « Martiens » de H.Lanos.Novembre 1906 N°22                                                    « Les découvertes de demain » Mars 1905 N°2

 

Articles à caractéres conjecturaux

 

- « La fin du monde » de Camille Flammarion. « Je sais tout » de Février 1905. Premier numéro de cette célèbre revue. Superbes compositions de l’artiste attitré H.Lanos.

- « Ce que je ferai, ce que l’on fera » de Santos Dumont. « Je sais tout » de Février 1905. Premier numéro de cette célèbre revue. Superbes compositions de l’artiste attitré H.Lanos.

- « Le péril jaune » Anonyme. « Je sais tout » de Mars 1905 (N°2). Illustration anonyme.

- « Les découvertes de demain » Anonyme. « Je sais tout » de Mars 1905 (N°2). Superbement illustré par H.Lanos.

- « De Paris à Londres par chemin de fer » Anonyme. « Je sais tout » de Juin 1905 (N° 5). Superbement illustré par H.Lanos.

- « Si nous avion eu la guerre » du Capitaine Danrit. « Je sais tout » de Juillet 1905 (N° 6).

- « La littérature fantastique & terrible » de Gaston Deschamps. « Je sais tout » de Septembre 1905 (N°8). Superbement illustré par H.Lanos.

- « L’automobile reine du monde » du Marquis de Dion. « Je sais tout » de Mars 1906 (N° 14) Superbement illustré par H.Lanos.

- « Les machines, titans modernes » de Max de Nansouty. « Je sais tout » de Mai 1906 (N° 16). Surtout intéressant pou les superbes compositions de Lanos.

- « La grande bataille de demain » De Saint Fégor. « Je sais tout » de Septembre 1906 (N° 20).

- « Les grandes blessures de l’univers » de Max de Nansouty. « Je sais tout » de Juin 1906 (N° 17). Superbes illustrations de Lelong.

- « Ce que serait la société de demain » de G.Monorgueil. « Je sais tout » d’Octobre 1906 (N° 21).

- « L’appel d’un autre monde » de Charles Torquet. « Je sais tout » de Novembre 1906 (N°22). Superbement illustré par H.Lanos.

- « Plus fort que la nature » de Maurice Level. « Je sais tout » de Mars 1907 (N° 26).

- « Un voyage dans le ciel » de Camille Flammarion. « Je sais tout » de Juillet 1907 (N° 30). Illustré par H.Lanos

- « Quand nous aurons des ailes » de Camille Flammarion. « Je sais tout » de Septembre 1907 (N°32).

- « La science veut percer la planète » de Camille Flammarion. « Je sais tout » de Juillet 1909 (N°54).Superbement illustré par H.Lanos.

- « Floraisons chimiques » Anonyme. « Je sais tout » de Avril 1911 (N° 76).

- « Quelques inventions baroques relatives à la guerre maritime. Rêveries de maniaques ou visons de précurseurs » de Francis Marre. « Je sais tout » d’Avril 1916 (N°126).

- « La carte de l’après guerre » de H.G.Wells. « Je sais tout de Septembre 1916 (N°130).

- « La tache de l’homme blanc » de H.G.Wells. « Je sais tout » d’Octobre 1916 (N°131).

- « Anticipation : le tunnel sous la manche de Douvres à Calais » de A. de Pawlowski. « Je sais tout » de Novembre 1916 (N° 132).

- « S’il y avait encore la guerre » de Jacques Mortane. « Je sais tout » de Mai 1920 (N°174).

- « De la terre à la lune » de George Houard. « Je sais tout » de Juin 1920 (N°175).

- « Ou en est la science ?quel avenir nous réserve t-elle ? » de E.Perrier. « Je sais tout » de décembre 1912 (N° 181).

-« Si l’on supprimait la monnaie » de Hyacinthe Philouze. « Je sais tout » de Janvier 1921 (N° 181).

- « Ce que pourrait- être la bataille navale du Pacifique,hypothèses  » de G.Toudouze. « Je sais tout » de Novembre 1921 (N°191).

- « Un anticipation scientifique : de la terre aux planètes » Anonyme. « Je sais tout » de Février 1922 (N° 194).

- « Une anticipation : le bateau sphérique » Anonyme. « Je sais tout » d’Avril 1922 (N° 196).

- « Une curieuse anticipation : un sous marin qui peut s’envoler » Anonyme. « Je sais tout » de mai 1922 (N° 197).

- « Si le Gulf Sream changeait de route » Anonyme. « Je sais tout » de Janvier 1923 (N° 205).

- « Une réalisation possible : L’avion taxi » Anonyme. « Je sais tout » de Février 1923 (N° 206).

- « Aurons- nous bientôt des bateaux de 100 000 tonnes ? » Anonyme. « Je sais tout » de Mars 1923 (N° 207).

- « Que sera notre vie dans 10 ans ? » Anonyme. « Je sais tout » de Décembre 1923 (N° 216).

 

Deux exemples de l’immense talent de H.Lanos

                « Les premiers hommes dans la lune » Septembre 1908 N°8                       « La guerre des mondes » Septembre 1905 N°8

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Archive N° 18: « Les Flottes Evanouies » Une Anticipation Ancienne à L’Américaine!

Posté le Jeudi 20 mai 2010

« Les flottes évanouies »

Roman de Roy Norton. Roman adapté de l’Anglais par Mlle J.Crémieux . Editions Pierre Lafitte « Nouvelle bibliothèque ».1911.Existe avec ou sans vignette de couverture. (Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique N°20 Pâques 1998, tirage 140 exemplaires)

Lors d’une réception officielle, Guy Hiller, premier secrétaire de l’ambassade de Grande Bretagne à Washington, tombe amoureux de la fille du Professeur Roberts, le célèbre scientifique et inventeur. Norma est également un esprit brillant qui apporte une aide des plus précieuse dans le travail de son père. Hélas cet idylle tourne cour, la politique est mauvaise conseillère…

En effet à la suite d’un quelconque incident diplomatique le Japon déclare la guerre aux Etats-unis. Cette crise vire rapidement à la catastrophe, le pays agressé préférant faire la sourde oreille, face aux menaces d’invasion. Toujours pas de réactions après l’invasion des Philippines et de Hawaï. Un véritable « guerre éclair » ou, au grand dam des marchands d’armes, aucun coup de feu ne sera tiré. Sûrement en raison de la consigne qui fût donnée aux officiers U.S de ne pas faire usage de leurs armes.

Le mystère de cette curieuse attitude ne fait que grandir lorsque le pays entier décide de se couper du reste du monde. On ferme avec précipitation toutes les frontières et une évacuation, parfois un peu brusque, des ressortissants étrangers sera effectuée de façon systématique. Hiller doit alors rendre compte de la situation à son gouvernement et se doit donc de quitter Norma. Le monde s’effondre !

Pendant ce temps, l’espionnage asiatique se met à pied d’œuvre, un de ses plus illustres agents mène l’enquête. Faisant preuve d’une certaine audace, il parviendra à suivre la voiture présidentielle. Celle-ci fait halte en pleine campagne, dans un endroit désertique. Sa curiosité sera récompensée au prix d’une épouvante sans nom lorsqu’il découvre enfin le terrible secret des Américains :

« Les cheveux hérissés d’épouvante, la bouche grande ouverte, oubliant toute prudence, il galopait sur la route comme pourchassé par les Furies. Les dieux protégent Nippon !…les dieux nous viennent en aide ! Murmurait l’espion au comble du désespoir. Eux seuls peuvent sauver ma patrie ! »

Commence alors une fuite éperdue. Alors qu’il pensait avoir déjoué la vigilance du contre espionnage Américain, Seigo se retrouve traqué comme une bête, obligé de se cacher sous les traits d’un mendiant, lui un homme de noble souche, un descendant des fils du soleil….Son projet de prévenir son gouvernement ne pourra aboutir, pourtant il le fallait absolument, son pays cour à la catastrophe.Au même moment, la flotte asiatique, convaincue de son succès approche des cotes Yankees….et disparaît en ne laissant aucune trace. Comment des milliers de tonnes d’acier peuvent-ils ainsi se volatiliser ? Le monde entier s’interroge, pourquoi tant de mystères ?

La Grande Bretagne frustrée de rester dans l’ignorance, dépêche une importante escadre en mission de surveillance au large du Canada. Le même sort lui sera réservé, malgré l’envoi d’un émissaire de paix, Guy Hiller, qui d’ailleurs ne passera jamais la frontière. Par la suite un sujet de sa glorieuse majesté sera repêché, à moitié fou, hurlant des phrases où il est question de monstres et d’une force inconnue.

Deux mois vont alors s’écouler dans la confusion la plus totale et la terreur. Le nouveau monde reste toujours aussi obstinément silencieux. Tous ces événements mettent un peu l’Europe en effervescence. Profitant de l’escamotage de la flotte Anglaise, le Kaiser décide de chercher des poux à la famille royale. La guerre est imminente, la Kriegsmarine se prépare aux hostilités. Nouveau coup de théâtre, le chef Allemand et son chancelier disparaissent corps et âmes. Les rares témoins parlent de leur entrevue avec un inconnu, d’un échange de propos précédé d’éclats de rire. Le trio montera par la suite dans un véhicule appartenant à l’ambassadeur des Etats- Unis pour une destination des plus secrète.

Londres 21 h, un homme bousculant le protocole, demande à être reçu par le Roi. Il s’agit de son vieil ami, l’amiral Robert Bevins de la marine Américaine. Cet entretient doit avoir lieu en présence du premier ministre et du premier Lord de l’amirauté. En regard des événements passés, l’accueil est plutôt froid mais ce qu’il va révéler est de nature exceptionnelle et déroutante :

« Mon pays possède une machine de guerre assez puissante pour réduire et annihiler les forces combinées de toutes les nations. »

Son pays n’est aucunement vindicatif à l’encontre des autres nations et sa petite démonstration ne fut utilisée que par nécessité. Pour faire preuve de sa bonne foi il est accompagné de Fields, le commandant en chef de la Royal Navy, récemment disparu. Le lendemain de cette singulière rencontre, le Roi et ses deux collaborateurs furent portés disparus et les Londoniens consternés aperçurent, échoué sur les bords de la tamise tel un gigantesque cachalot, l’épave du « Dreadnought » fleuron de l’amirauté, volatilisé il y a quelques jours au large du Canada :

« Mâts, tourelles et cheminées éventrées en mille pièces, semblant avoir été pris en écharpe par la plus formidable des décharges d’artillerie. Les ponts d’ailleurs étaient libres, les débris ayant manifestement été enlevés. »

A son bord, plus aucune âme qui vive ! Fin de la première partie Mais pour comprendre un peu la totalité de ses événements il est utile de faire un saut dans le passé. Au ministère de la défense, le président des Etats- Unis s’inquiète, la guerre avec le Japon est inévitable. Alors que le ministre se lamente sur la faiblesse du budget consacré à l’armement, un homme, le professeur Roberts se présente à lui en affirmant pouvoir solutionner une grande partie de ses problèmes :

« Voici un métal de fabrication facile et d’un prix de revient peu élevé. Si vous blindez un navire d’un revêtement de ce métal,convenablement soumis à l’action du courant électrique, le frottement produit par le passage du navire à travers l’eau sera tellement réduit que sa vitesse augmentera à un degré inconnu à ce jour. Or il est évident qu’un croiseur muni de quelques pièces à longue portée et capable d’abattre ses quarante ou cinquante milles a l’heure, ou un torpilleur qui pourrait fournir cette vitesse pendant 24 heures consécutives, peuvent venir à bout sans difficulté de n’importe qu’elle marine au monde. »

Et le président de manière puérile de s’écrier :

« C’est la paix dans le monde, la guerre impossible, la fin des tueries sanglantes »

C’est donc dans le plus grand secret, qu’au large de la Floride, dans de petits îlots totalement isolés du monde que la plus redoutable flotte de guerre jamais construite sera mise en chantier. Héla, malgré la bonne volonté de tous, les tentatives de fusionnage du précieux métal, échouent….pour aboutir, par pure coïncidence à la fabrication d’un alliage encore plus merveilleux :

« Voilà des années que je travaille à ceci, dit-il. C’est un isolateur capable de résister à n’importe quel courant électrique et à n’importe quelle température. Aujourd’hui, un accident m’a démontré que c’était en outre un écran impénétrable par les radiations radioactives. Dans ma seconde expérience, j’ai séparé deux blocs de métal par ma plaque isolatrice, et c’est par ce simple processus que nous avons pu obtenir la lévitation. Les deux blocs travaillent l’un contre l’autre avec une force sensiblement égale, et suivant l’intensité du courant que je lance à travers chacun d’eux, je puis à mon gré augmenter ou diminuer la force de gravitation. » « En un mot vous avez résolu le problème de la navigation aérienne. »

La construction d’une redoutable flotte…aérienne cette fois n’est plus une chimère. Commence alors avec cette formidable invention l’élaboration d’une armée redoutable :

« En adaptant un dispositif convenable, nous pouvons lancer les corpuscules radioactifs dans n’importe quelle direction donnée. Il est d’autre part facile d’augmenter la radioactivité du métal en réglant l’intensité du courant existant. En d’autres termes, si je fais passer le courant par le bloc inférieur, ce bloc acquiert une énergie ascendante qui détruit l’équilibre de lévitation et qui serait capable de projeter les plaques dans les airs avec une force correspondant à l’intensité du courant. Si c’est le bloc supérieur qui est excité, le mouvement sera vers le sol. »

L’inventeur terminera son explication en apothéose :

« Vous n’avez qu’à placer aux extrémités d’une machine volante une plaque de ce métal, convenablement fixée et électrisée, et vous pourrez diriger votre appareil dans telle direction et à telle vitesse qui vous plaira ! Je puis même aller plus loin, continua l’inventeur. Grâce à cet alliage on peut créer des aimants d’une puissance formidable. Je construirai une machine où les surfaces aimantées et les surfaces radioactives alterneront. »

Le nom attribué à cette merveille portera le nom évocateur de « Radioplane ». Le premier prototype construit, le président et quelque ministres monteront de nuit afin de réaliser son inauguration dans le secret le plus total. Ils s’élèveront à une hauteur prodigieuse, parcourant des dizaines de kilomètres à une vitesse extraordinaire, dans un silence absolu, sans secousse ni trépidation. Un plancher de verre permet une vision panoramique. L’essai est concluant, une multitude d’appareils vont être construits. Le chef suprême en personne baptisera le premier engin « Norma » sous le regard ému et fier de l’inventeur.

Pendant que tout ce beau monde est à la fête, le Japon stimulé par l’ivresse des victoires, occupe les Philippines et Hawaï. IL est alors temps de dévoiler cette formidable machine de guerre. La confrontation en pleine mer est hallucinante et les Japonais terrifiés, commencent à avoir un avant-goût de leur défaite. Scènes spectaculaires où l’on assiste à de véritables « rapts aériens » et le soulèvement hors de l’eau, du « Ito » fleuron de la flotte Nippone….mais ce n’est que le début ! Tous seront enlevés comme des brindilles, sous les crochets titanesques de ces gigantesques oiseaux de proie. L’amiral Bevins demande alors à l’amiral Kamigawa, une capitulation complète et sans condition. Il faut dire qu’il est assez malaisé de refuser une telle demande à 3000 mètres d’altitude. Les drapeaux blancs seront hissés, la flotte sera transportée ailleurs, loin des regards indiscrets. Pendant le voyage, le « Radioplane » N° 14 se délestera du Yakuno, en raison d’une avarie. Imaginez le spectacle de ce croiseur, tombant du ciel et se fracassant des milliers de mètres plus bas, dans un bruit épouvantable.

Quelques temps après, les autres vaisseaux seront déposés en douceur sur le lac de Washington à Seattle sous le regard ébahi de la garde nationale. Cet à ce moment que toutes les communications se trouvent paralysées. L’armée prend le contrôle du pays et le reste du monde est plongé dans l’ignorance totale de cet extraordinaire exploit de « L’aviation Américaine ». Un scénario similaire se répète pour l’escadre Britannique et l’amiral Fields est également obligé face à l’incroyable pouvoir de dissuasion Américain, de capituler. Les « prisonniers » seront transportés dans la baie de Chesapeake, aux frais du gouvernement. Situation assez délicate où il est impératif de persuader l’empire Britannique de la futilité d’un conflit armé avec les USA. Le « Dreanought » sera déposé sur la Tamise en signe d’avertissement et le roi poliment « enlevé » afin de mettre au point un traité qui assurerait au monde ,les bienfaits d’une paix universelle.

La question Allemande sera réglée tout aussi facilement. La rencontre avec le Kaiser sera tout aussi amicale et ce dernier ne peut qu’applaudir sa participation à une aussi louable entreprise. Les deux souverains seront reconduits dans leurs capitales respectives, en plein jour, sous le regard d’une population à la fois terrorisée et émerveillée face à ses gigantesques oiseaux de verre et de métal. Le moment est enfin venu de dévoiler cette formidable puissance, l’Amérique se faisant ainsi l’arbitre mondial de la paix universelle :

« En gardant secrète la formule du nouveau métal, le gouvernement atteignait un double but : il évitait les désordres économiques que n’aurait pu manquer de susciter un changement trop brusque des méthodes habituelles (les transports) ; et il assurait la paix universelle en réservant aux Etats-Unis le privilège des nouveaux armements. »

Les frontières vont ainsi s’ouvrir, les guerres n’ont enfin plus aucune raison d’être….. Comme toute bonnes histoires, celle-ci se termine par un mariage entre Norma et Guy. « Norma » l’héroïne du jour qui mena à bien le raid sur la flotte Japonaise, sera désormais un emblème national. Pour la circonstance, les flottes d’une multitude de pays furent invitées à New York, pour célébrer l’événement et par la même occasion, marquer symboliquement la réunification des peuples de la terre. Le final se fera en apothéose, par une revue maritime de tous les vaisseaux présents, y compris les Américains, sous l’escorte « bienveillante » d’une escadrille de « Radioplanes », confirmant ainsi l’inutilité de toute force navale et d’établir surtout sa toute puissance.

Dormez en paix, braves citoyens, grâce à nous la guerre est désormais une chose impossible.

Archive N° 18:   sanstitre2fg dans archives du bulletin 

Couverture Franck.R.Paul  « Wonder Stories » Décembre 1935                                      Un rayon « tracteur » en action. Wesso « Astounding Stories » mars 1933

 

Dans l’ombre de l’aigle Américain

Voilà un roman de guerre future comme on les aime. Une fois de plus les U.S.A sont la cible des Japonais (curieuse coïncidence) mais à l’inverse de « Banzaï » de Para Bellum pseudo de Ferdinand Heinrich Grautoff (Editions Nilsson 1908), il ne s’agit ici que d’une amorce d’invasion. De toute façon celle-ci n’est qu’un prétexte de l’auteur afin de nous emporter dans le tourbillon d’un début de première guerre mondiale imaginaire. Le texte fut publié en pré-original en 1907, donc bien avant le début des hostilités engagées par l’Allemagne.

Il en résulte un ouvrage troublant qui n’est pas sans nous rappeler un sujet historique : L’Amérique arbitre suprême de la paix mondiale, possédant les pleins pouvoirs car détentrice d’une invention capable de réduire à néant toutes les forces armées d’un pays. L’auteur, j’en suis convaincu a la lecture de ce texte, pensait en toute bonne conscience qu’un seul pays se devait de jouer le rôle du « père protecteur », pouvant et devant si le besoin s’en faisait ressentir, infliger une calotte monumentale aux enfants un peu trop « récalcitrants ».

Toutes ces idées partent d’un très bon sentiment, la preuve en est de toute cette bonne foi qui se dégage de l’ensemble du roman où l’auteur fait preuve d’une impartialité inhabituelle pour l’époque. Ici point de « sale jaune », de « face de citron »au sourire narquois, termes racistes assez utilisés dans certaines publications Françaises (Pour mémoire les romans du Capitaine Danrit de Louis Gastine ou du Colonel Royet), ni aucune allusion au sale teuton….

Les actions militaires (où le sang coule rarement) se déroulent avec un sens de l’honneur et un esprit de chevalerie tout à fait exemplaire. Quand à l’idée de cette force aérienne, Norton n’est pas avare d’idées sensationnelles. Le début du siècle est avant tout une période où militairement le monde appartient au pays possédant la plus redoutable armada. Le navire est la clef de toute invasion lors d’un conflit armé. Bien des années avant cette célèbre phrase « Qui dominera les airs, dominera le monde » l’auteur se fait ainsi un précurseur en imaginant une guerre dont la seule issue possible serait la conquête et la maîtrise de l’espace aérien, en ajoutant toutefois une petite variante de son cru.

Mais les exemples dans notre domaine se sont pas rares si nous prenons pour exemple un texte analysé dans ce blog « Paris en feu » de Henri Bardot (Bibliothèque des lettres Françaises, 1914) « Paris sous l’épouvante » du Cdt G.DE Wailly (« La vie d’aventure » supplément mensuel au « Journal des voyages » N°34, 12 Octobre 1913) ou « Haut les ailes » de Marc Gouvieux (Editions Pierre Lafitte 1914).

Pour ne pas trop en faire une histoire entièrement patriotique en voulant affirmer la toute puissance anglo-Saxonne, l’Angleterre à cette époque souveraine des océans, reste dans « Les flottes évanouies » en marge de cette extraordinaire conquête, victime elle-même du bras de fer engagé avec les autres pays. La fameuse « Royale » est désormais chose obsolète !

Mais inventer un simple aéroplane eût été trop commun, le « Radioplane » va donc le remplacer, histoire d’épaissir un peu plus le mystère. Dans cette mouvance du « rapt aérien » très en vogue aux Etats-Unis à cette époque il était donc plus spectaculaire pour l’auteur de doter cette machine volante d’un système de propulsion silencieux, économique et aux performances illimitées. Cette incroyable propriété sera associée à la possibilité tout aussi exceptionnelle de pouvoir être utilisée comme une sorte de « rayon » pouvant soulever n’importe qu’elle masse. Une thématique qui sera souvent utilisée dans la SF Américaine à l’époque glorieuse des pulps où nous retrouvons ce fameux « rayon tracteur » issu d’une technologie aussi bien humaine que extra-terrestre.

L’utilisation de véhicules aériens dotés d’un énorme potentiel, marquera un tournant décisif dans l’évolution tant dans le domaine de la science fiction que dans celui des premiers phénomènes d’observation « d’ovni » et des premiers cas d’enlèvements par des extra terrestres. Mais ceci est un autre sujet et je vous encourage à lire la passionnante étude de Michel Murger « Alien Abduction » (Editions encrage « Scientifictions » N°1 volume 1 ,1995).

Une fois de plus, l’écrivain a recourt aux propriétés révolutionnaire d’un alliage spécial, capable de vaincre la pesanteur. Wells influence une fois de plus l’imaginaire collectif et l’on retrouve un proche parent de sa « Cavorite » utilisée dans son « Les premiers hommes dans la lune » (1901). Mais un auteur Français grillera la politesse à Norton puisqu’en 1906 Arnould Galopin et son « Le docteur Omega, aventures fantastiques de trois Français dans la planète Mars » invente quand à lui la « répulsite » (qui dans sa réédition en 1908 deviendra la « stellite »), aux propriétés similaires. Il fallait au moins une telle invention, afin d’enlever toute cette armada sans laisser de traces et de les transporter n’importe où, au nez et à la barbe de tous.

L’autre argument est le ton volontairement « pacifiste » du roman, l’invention ne devait pas être un engin de destruction totale car il était visiblement hors de question que le moindre sang soit versé au nom de quelques ferveurs patriotiques désuètes et de fort mauvais goût. En résumé, une œuvre sobre et inventive, et en aucun moment rébarbative. Certaines descriptions y sont d’ailleurs très réalistes, ce qui confère au roman toute son authenticité et toute sa valeur.

Pour conclure enfin, il me faut citer, puisque cela vient d’être mentionné plus haut, ce remarquable passage de « rapt aérien »où, même si les « Radioplanes » ne sont pas d’origines extra-terrestres, il se dégage de ces extraits une forte odeur d’enlèvement « alien » que l’on retrouvera quelques années plus tard sur les couvertures délirants des « Pulps ». Franck.R.Paul en fut l’un des plus admirables artisans (« The voice from the inner world » de A.Hyatt Verill, reste un des exemples les plus significatif). Involontairement l’auteur nous donne en passant un bel exemple de ce qui pourrait être un témoignage d’observation d’ovni :

« Le Professeur Roberts fit jaillir de toutes les ouvertures des rayons éclatants qui rayèrent les ténèbres de toutes les couleurs du prisme ; puis lent et majestueux, planant à peu de distance des toits, il traversa obliquement la ville et disparut dans la direction de l’Atlantique. Les gens apeurés et curieux, saluaient le passage du météore éblouissant qui peu à peu s’enfonçait, disparaissait dans les profondeurs sombres du ciel, ne semblait plus qu’une étoile de plus parmi les astres innombrables… »

Mais ceci est une autre histoire !

A propos de l’oeuvre

Ce roman et la traduction Française de « The Vanishing Fleets » publié en pré originale en 1907. La publication en volume date de 1908 chez Appleton à New York et illustré par Jay Hambidge.

Roy E.Norton (1869-1942) écrivit d’autres textes conjecturaux :

- The toll of the sea (1909)

- The flame (1916)

- The glyphs (1919)

- The secret city (1919)

- The caves of treasure (1925)

A connaissance seul « Les flottes évanouies » fut traduit en France. Pour ce qui est de l’édition Française ce texte connu deux pré originale en revue :

« Le temps » en 34 épisodes du 9 juillet 1910 au 14 Août 1910.

« L’humanité » en 38 épisodes du 1er Mars 1916 au 7 Avril 1916.

En outre l’édition chez Lafitte connu elle aussi deux présentations :

- Sous couverture muette sans illustrations.

– Sous couverture illustrée couleur

Il est à préciser que cet ouvrage fut dans le passé analysé dans la défunte revue « Le petit détective », par notre illustre spécialiste Joseph Altairac dans une rubrique traitant d’ouvrages de SF inconnus. Le titre de cette dernière portait le nom de « Science-fiction et soucoupes volantes »

Très prochainement je ferais un récapitulatif des ouvrages conjecturaux édités chez Pierre Lafitte

 

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« Les Mystères De Demain » A Propos D’ouvrages Mythiques

Posté le Mardi 11 mai 2010

Dans tous les domaines de la littérature, il existe des livres mythiques et rares que le collectionneur recherche avec assiduité. Véritable saint Graal faisant l’objet de nos recherches effrénées, nous ne trouvons le repos qu’après des années de quêtes intenses, de fouilles minutieuses chez les bouquinistes les plus reculés, les Emmaüs les plus isolés ou les vides greniers les plus improbables.

Bien souvent, du moins en ce qui me concerne, l’ouvrage tant convoité ne sera pas forcément rarissime, un titre accrocheur,une couverture attrayante ou un auteur que j’affectionne, suffiront à attiser ma curiosité. Je me rappelle avoir fait des pieds et des mains afin de mettre le grappin sur des textes sans intérêts ou carrément illisibles. Par contre certaines de mes investigations tournent à l’obsession, lorsque cela fait plusieurs années que certaines oeuvres figurent sur mes listes de recherches. Il faut dire que ma collaboration au « Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique » n’a pas arrangée les choses…bien au contraire !

Que de textes inconnus et d’auteurs jamais cités auparavant, ont enflammés mon imagination ! Prenons par exemple l’ouvrage de Léo Massieu « La cité des automates » ou celui de Aubert Jacques « La guerre des mannequins » qui ne cessent de ma hanter.

Marc Madouraud, Brice Lorens, Robert Van Bel, Guy Costes, Gérard Meunier, des piliers de la revue, venaient régulièrement allécher nos babines avec des titres racoleurs comme « Mille ans après ou aventures prodigieuses de 3 journalistes au XXXéme siècle » de Charles Solo, « Histoires prodigieuses de Master Corkscrew » de Albert Truphémus, « L’anneau voyageur » de Georges Amyot, « L’an 330 de la république » de Maurice Sponck , « Pierre Ladronneau a la recherche des loyers bon marché » de A.Humbert, « L’électro chimie contre Mussolini » d’Abel Moreau, « Outre terre » de Phileas Lebesgue, « Le Dr Microbius » de Fred Isly, « Sous le ciel de carreau » de Henry Jacques, « La femme artificielle » de Gustave Pig, « La maîtresse mécanique » de Léon Marie Thylienne…… j’en passe et des meilleurs, il faudrait un volume entier !

En matière de recherches sur la littérature conjecturale d’avant guerre il y avait l’avant « milan » mais maintenant, il y a l’après bulletin….

Dans ma vie de collectionneur, je crois qu’un jour il m’a été possible de connaître le Nirvana du chineur. J’ai eu l’occasion et la chance de pouvoir bénéficier de l’achat de certains ouvrages provenant de la collection de Henry Delmas, co-auteur du Rayon SF. A l’époque, je faisais mes études, j’avais deux enfants il fallait donc faire des coupes franches dans mes choix. Cette journée fût mémorable et je remercie ce grand professionnel du livre de science fiction qui m’a permis d’enrichir ma collection de précieux ouvrages. Qu’il en soit ici remercié, cela remonte à plusieurs années, mais je crois qu’il visite parfois ce blog, il se reconnaîtra.

Si je parle de cette anecdote, c’est qu’à l’époque le « Rayon SF » était un peu la bible des collectionneurs et que dans ses pages figurait une série d’ouvrages mythiques, qui même encore de nos jours suscite la convoitise, non seulement en raison de sa rareté mais pour la qualité de son contenu. Les couvertures de ces ouvrages sont à elles seules toute une aventure et il me paraissait donc utile de vous les proposer sur les pages de ce blog. Voici donc la reproduction des cinq couvertures de « Les mystères de demain » de Féval fils et Magog, une saga tout à fait remarquable et délirante, qu’il faudra un jour aborder ici.

« Les mystères de demain, Roman d’aventures scientifiques » par Paul Féval Fils & H.J.Magog

- Volume 1 « Les fiancés de l’an 2000 » Éditions Ferenczi. Couverture couleur de R. Courtois. 1922. Réédition  Recto Verso collection « Idées et autres…. »  dirigée par Bernard Goorden. Hors commerce N° 45. 1994.

- Volume 2 « Le monde des damnés » Éditions Ferenczi. Couverture couleur de R. Courtois. 1923. Réédition  Recto Verso collection « Idées et autres…. » dirigée par Bernard Goorden. Hors commerce N° 52. 1995.

- Volume 3 « Le réveil d’Atlantide » Éditions Ferenczi. Couverture couleur de R. Courtois. 1923. Réédition  Recto Verso collection « Idées et autres…. » dirigée par Bernard Goorden. Hors commerce N° 58. 1997. 

- Volume 4 « L’humanité enchaînée » Éditions Ferenczi. Couverture couleur de R. Courtois. 1923. Réédition  Recto Verso collection « Idées et autres…. » dirigée par Bernard Goorden. Hors commerce N° 67. 1997. 

- Volume 5 « Le faiseur de folles » »Éditions Ferenczi. Couverture couleur de R. Courtois. 1924. Réédition  Recto Verso collection « Idées et autres…. »  dirigée par Bernard Goorden. Hors commerce N° 74. 1998.

 

 

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« Un Précurseur Français De L’horreur Maritime »: E.M.Laumann !

Posté le Vendredi 7 mai 2010

1. Une créature tentaculaire et menaçante, grand mythe fondateur des légendes de l’océan

 

Puisque lors d’un article précédent nous avions abordé le thème de la mer et de ses mystères, il paraissait juste et indispensable d’aborder l’œuvre d’un écrivain Français qui, fort de cinq romans et d’une dizaine de nouvelles, reste encore de nos jours dans un anonymat quasi-total. Fort heureusement une petite faction « d’irréductibles passionnés » permit de réparer cette injustice et de le replacer à la place qu’il mérite.

Ernest Maurice Lauman est né le 23 Octobre 1862 et décédé le 28 Novembre 1928. Sa carrière littéraire débutera en 1890 après une mission d’étude effectuée pour le gouvernement Français. Par la suite il travaillera comme décorateur de théâtre notamment pour le célèbre « Chat noir ».

Son activité pour le théâtre sera une constante puisqu’il adaptera pour le théâtre du « Grand guignol » certaines œuvres célèbres comme « La marque de la bête » (d’après R.Kipling) « En plongée » « Le rire de Rosolba » ou encore Edgar A.Poe avec « Le chat noir » et « La chute de la maison Usher ».

Il affûtera sa plume d’écrivain et de journaliste pour la revue « Le globe trotter » (revue très colonialiste qui à l’instar du « Journal des voyages » publia de très nombreux romans conjecturaux) et sera pendant quelque temps rédacteur à la revue « Le matin » (Journal « républicain indépendant » qui vit le jour en 1882 et qui publia également de nombreux romans et nouvelles dont certaines conjecturales), sans oublier son travail d’écriture de scénarios pour le cinéma.

Il exerça donc ses talents d’écrivains dans les domaines les plus variés, essais historiques, populaires, romans d’aventures. Sa production est telle qu’il signera ses romans sous plusieurs pseudonymes. Mais c’est surtout pour son activité d’écrivain de romans fantastiques et d’anticipations qu’il nous intéresse, avec la publication de ses œuvres pour des magazines populaires de l’époque comme « Lecture pour tous »et « Je sais tout ».

Prolifique en terme d’invention, son imagination donnera naissance à des romans (souvent écrits en collaboration) qui sans être d’une très grande originalité n’en restent pas moins pour l’époque assez intéressants :

- « L’aérobagne 32 » Bagnes aériens, volants à haute altitude et ceci afin d’éviter toutes tentatives d’évasion. La cruauté des traitements infligés aux détenus est assez inhabituelle pour l’époque (il faut dire que ce bagne est Allemand, nous sommes en 1920… ceci expliquant cela !)

- « L’étrange matière » invention redoutable et révolutionnaire, une arme d’une puissance incroyable le « Christollopyr » capable de ravager des régions entières par le froid et par le feu.

- « Le visage dans la glace » où il sera question d’un appareil émettant des ondes capables d’agir sur les molécules des corps minéraux, lorsque l’appareil est orienté suffisamment longtemps ce même corps devient translucide.

- « Si le neuf Thermidor.. » Une uchronie basée sur une hypothèse historique : Robespierre échappe à l’échafaud, jugé et libéré sous la pression populaire, avec les conséquences qui en découlent.

- « Sous la banquise » Ce roman reprend de manière beaucoup plus « Délayée » la thématique de créatures étranges qui peuplent les abysses des mers polaires et qui attaquent une expédition mystérieusement disparue. Mais nous y reviendrons ultérieurement.

Par la suite Laumann se consacrera dans un domaine où il excelle le plus à savoir la nouvelle, constituant également une exploration assez intéressante de plusieurs thèmes conjecturaux.

- les civilisations extraterrestres avec « le mystère de mars » et de façon beaucoup plus humoristique « Des signes dans le ciel ».

- La terreur végétale superbement décrite dans « L’arbre charnier »

- Les mystères de la foret et ses abominables araignées crabes de « Au cœur putride de la forêt » (la version terrestre de la nouvelle « Les épouvantes de la mer »).

- La machine « possédée » avec le surprenant « Dans la cage de verre » où l’auteur fait preuve d’un humour assez noir.

- Les abominations souterraines avec les redoutables créatures infernales de « L’abîme », l’auteur nous démontre que la curiosité est un vilain défaut.

Et puis bien sur, il y a la terreur qui vient de la mer, son domaine de prédilection. En effet il y consacrera pas moins de quatre nouvelles, presque la moitié de sa production Fantastique. Le sujet est d’une telle importance qu’il mérite que l’on s’y arrête un petit peu.

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2.Dans le Mystère des abîmes                                                              3.La pierre de Rosette Cthonienne!

 

Une présence obsédante dans l’œuvre de Laumann

La mer ne cesse de nous fasciner et de nous terrifier car elle symbolise tout un univers vaste et mystérieux et si de tout temps elle fut redoutée et respectée elle engendra toute une génération d’auteurs qui voyait en elle une monstrueuse créature vivante, cachant aux plus profond de ses abysses des créatures dépassant l’imagination : Serpent de mer, pieuvre gigantesque, sirènes……

Elle est source d’histoires et de légendes terrifiantes, de vaisseaux fantômes, de spectres vengeurs, de brumes maudites et d’océans maléfiques. La mer des Sargasses et son triangle du diable en est l’exemple le plus caractéristique. Si de nombreux écrivains se passionnèrent pour la mer et ses mystères, très peu s’en servirent comme sujet central de toute leur production, souvent de façon anecdotique mais rarement comme thème obsessionnel et récurant de leurs peurs les plus profondes.

Immédiatement lorsque l’on évoque toutes les horreurs maritimes, c’est le nom de Lovecraft qui nous vient à l’esprit. Ensuite c’est Hodgson bien évidemment et puis Jean Ray, dans la logique des choses. Pourtant même s’il existe des points communs entre ces personnages il semble que cette « aversion » pour l’océan et ses mystères ne puisent pas leurs sources dans les mêmes origines.

Des trois personnages, Hodgson est celui dont l’approche est probablement la plus directe puisqu’il fut lui-même marin et navigua pendant huit ans. De cette expérience à bourlinguer sur toutes les mers du globe, il en exprimera toute son admiration mais surtout au travers de nombreuses histoires, ses craintes et ses mystères. Une mer génératrice de l’épouvante, une inconnue créatrice d’angoisse et de terreur.

Cette même appréhension est également bien retranscrite au travers de certaines œuvres de Jean Ray/John Flanders. Il y a souvent dans sa production quelques ports étranges où des marins embués par l’alcool racontent à la lumière falote d’une mauvaise lanterne quelques étranges histoires de rafiots maudits ou d’îles peuplées de créatures monstrueuses.

La mer est une constante dans son œuvre et bien souvent des navigateurs infortunés en quête de quelques frissons de l’aventure se retrouveront confrontés à des abominations défiant l’entendement. A bord du « Fulmar » du « Psautier de Mayence » ou autre schooner à la coque vermoulue, ces infortunés aventuriers vont connaître le sort réservé aux intrépides marins assez fous pour affronter les pires légendes de l’océan.

Toute son œuvre contrairement à celle de Hodgson est basée sur des mythes, des histoires de marins, des rumeurs que l’on murmure au coin du feu. Ces héros partent souvent en connaissance de cause, contrairement aux personnages de Hodgson qui se retrouvent face à toutes ces horreurs marines très souvent bien malgré eux.

Dans ce dernier la figure du marin est toujours héroïque, et si la montée de l’angoisse dans son œuvre est toujours progressive, elle finira par éclater d’une façon extrêmement violente, dans une sorte d’apothéose où le héros affrontera avec courage son destin, comme par fatalité. Il y a toujours une grande lucidité dans ses personnages, ils feront face de manière courageuse car ils savent que c’est le prix a payer pour avoir osé défier ses terribles secrets.

A l’opposé, les textes de Lovecraft nous parlent très peu de marins alors que sa thématique est fortement « ancrée » dans cet univers. Cette aversion pour la « mer(e) » sera peut-être mieux expliquée par un expert en psychologie, mais il n’en demeure pas moins un dégoût profond et pathologique pour l’élément liquide.

Culturellement on ressent la différence avec les deux autres auteurs, son approche est tout à fait différente, plus « méticuleuse » et son œuvre ne va pratiquement pas se fonder sur un postulat de vieilles légendes et de croyances bien établies, mais sur toute une mythologie qu’il va créer lui-même de toute pièce et s’articulant autour de monstruosités et de divinités maritimes.

Le héros ne sera pas un vieux « loup de mer » au visage buriné par le vent et le soleil, il préférera mettre en avant un scientifique ou un intellectuel dont l’intelligence est le seul garant afin de mener à bien ses investigations. Peu habitués à affronter le danger, contrairement cette fois-ci aux personnages de Hodgson, le héros de Lovecraft n’aura pas d’autre choix que de fuir et de se laisser gagner par la folie et ce dans le meilleur des cas.

Mais ce qu’il y a de plus frappant entre ces trois auteurs est le point de convergence qu’il est possible d’établir sur une thématique et des ressemblances plus que troublantes. Le lien a déjà été effectué entre Hodgson et Lovecraft, de nombreuses études en attestent et l’on sait la grande admiration que le second éprouvait à l’encontre du premier (« Epouvante et surnaturel en littérature », p.125 à 130).

Par contre le lien avec Jean Ray est beaucoup plus périlleux et si l’ensemble de son œuvre, très originale, gravite autour des vieilles légendes de la mer, créant en cela tout un univers qui lui est spécifique, sa longue nouvelle « Le psautier de Mayence » (dans le recueil « La croisière des ombres ») a de quoi nous intriguer tant sa thématique rappelle Lovecraft et par voie de conséquence Hodgson. Il a été établi que ce dernier fut publié en Belgique dans « La revue Belge » en 1924 avec une aventure de Carnacki « La porte du monstre » et en 1927 toujours pour la même revue pour « Les spectres pirates ».

Jean Ray était lui aussi un habitué de cette publication puisque l’on y trouve trois ans plus tard « Le psautier de Mayence ». Il est fort probable que l’auteur Gantois fut impressionné par le talent de Hodgson et que la lecture de ses œuvres ne fit que conforter son approche de la relation entre récit maritime et histoire de peur.

Mais ce genre de « coïncidences » ne sont pas rares dans notre domaine et si l’univers de Lovecraft à de nombreuses fois était repris ou plagié par la suite, il n’est pas rare d’en rencontrer d’autres où les auteurs ne pouvaient avoir aucun lien avec le « reclus de Providence » mais qui pourtant on accouché d’œuvres en possédant de nombreuses caractéristiques. Voir « Le maître du temps » de Liparini ou « Un manuscrit trouvé dans une bouteille » de Yambo.

La créature « marine » est une constante dans les œuvres conjecturales et pour cela il n’est pas besoin de se servir de l’océan comme cadre puisque certains auteurs l’utilisèrent parfois hors contexte.

Prenons pour exemple les créatures qui évoquent la pieuvre dans « La guerre des mondes » de H.G.Wells. L’auteur Anglais en fera d’ailleurs un thème récurant dans son œuvre puisque dans sa nouvelle « Les pirates de la mer, des poulpes « pêchent au lancer » les infortunés occupants d’une barque. Dans un autre de ses romans « La machine à explorer le temps » c’est encore une créature venue des profondeurs, un crustacé qui supplantera l’homme, lorsque dans l’avenir la race humaine aura presque totalement disparue. Un autre encore « Dans l’abîme » où un scientifique découvre au fond de l’atlantique, une société de reptiles marins et habitant une ville construite a l’aide de fragments d’épaves (similaire en cela au texte de Moselli).

Le crustacé est pour beaucoup d’écrivains l’aboutissement ultime de l’évolution marine puisque nous allons le retrouver dans une quantité non négligeable de textes d’intérêts variables. Hodgson, toujours lui,en fait le héros d’un nouvelle « L’île de Ud », R.E.Howard succombe également à la tentation dans « Le peuple de la côte noire » et ces crustacés télépathes,

Maurice Renard à la fin de son célèbre « Péril Bleu » conclu en ces termes :

« Nous ne connaissons pas les fonds océaniques beaucoup mieux que les hauteurs de l’atmosphère. Il y a peut-être dans le Pacifique, au creux de la fosse de Tuscarora, qui descend jusqu’à 8500 mètres, au fond du ravin des Carolines, qui s’enfonce à 9636 mètres, des créatures sociables, de malicieux crustacés, impuissants à gravir les montagnes sous-marines et dont le rêve séculaire est de monter, parmi leur épaisse altitude, vers le secret des eaux culminantes. Un beau soir, qui sait, une machine incroyable peut émerger de l’onde (un bateau qu’il faudra nommer un ballon), chargé de monstres qui seront suspendus a quelque bulle énorme gorgée d’un air artificiel fabriqué « in profondis » comme nous fabriquons l’hydrogène de nos aérostats, et vêtue d’un réseau de soie tissée de goémons inattendus. Cette montée de crabes, futurs envahisseurs de nos cotes, serait la contre partie de la descente des araignées invisibles, venues à nous dans une poche de néant. »

La France n’est pas en reste une fois de plus, puisque Jean Cotard dans son « Flot d’épouvante » livre les côtes de la Bretagne à l’invasion d’une horde de gigantesques crustacés, des crabes « hauts comme des éléphants »

Ces abominations sont tellement monstrueuses qu’elles peuvent prendre l’apparence d’un île, trompant ainsi les infortunés marins qui l’accostent, comme dans « L’île a des yeux » de Georg Muller qui n’est autre qu’une gigantesque « pieuvre préhistorique », au final elle anéantira de ces redoutables tentacules équipage et navire.

Parfois ces êtres venant des grandes profondeurs seront le résultat d’une évolution les rendant apte à créer une civilisation très développée, citons « La cité du gouffre » de Moselli , parfois même leur technologie leur donneront des envies de conquêtes terrestres comme le montre si bien l’incroyable nouvelle de Owen Oliver « Des profondeurs » Ce texte réédité dans l’excellente revue « Le visage vert » est précédée d’une passionnante étude de Michel Meurger « Dossier invasion sous-marines »

Mais il faudrait tout un ouvrage pour venir à bout d’un tel sujet.

Il est donc clairement établi, que les trois auteurs évoqués plus haut sont les maîtres incontestés du fantastique maritime jusqu’au jour où, un autre auteur Français en fit le support assez remarquable pour au moins quatre nouvelles. Une en particulier excellente et qui semble vouloir assurer la postérité littéraire de l’auteur dans notre domaine.

Quatre nouvelles donc avec la présence quasi obsédante de la mer et décrite comme une véritable entité vivante, source de malheur pour l’infortuné marin qui va se retrouver confronté à son emprise et sa fureur. Il est assez curieux, alors que rien ne le laissait présager dans sa production antérieure, de voir à quel point Laumann semble être à l’aise dans ce type de nouvelle.

Très sincèrement le style est assez proche de Jean Ray. Non seulement dans la technique narrative mais également sur une parfaite maîtrise de cette ambiance assez particulière et propre aux histoires de marins. L’auteur avait-il connaissance de l’œuvre du Gantois ? « Les contes du Whisky » furent publiés en 1925 à la Renaissance du livre et nombreuses de ses histoires que l’on retrouvera dans le recueil « Les derniers contes de Canterbury » parurent dans diverses revues au milieu des années 20 comme « L’ami du livre » « La revue Belge » et « Le Mercure de France ». Laumann, écrivain, journaliste et critique littéraire, fréquentait un milieu assez intellectuel et peut-être cela lui donna t-il l’occasion de lire Jean Ray…. spéculations !

Une fois de plus simple coïncidence, mêmes idées autour d’un thème peu exploité ou concordance d’inspiration littéraire ? Nul ne pourra nous le certifier mais pour l’heure voyons un peu le contenu de ces textes.

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 4.Un enfant de Cthulhu…à la Française                                                                            5. Des vers mutants peu engageants

 

Nouvelles à caractère maritime

 

- « Dans le fond des mers »

est la nouvelle la plus courte. Un homme sous l’emprise de la boisson décide de parler d’une affreuse aventure survenue alors qu’il était embarqué sur un bâtiment scientifique. Chargé de draguer le fond de l’océan afin de récupérer des minéraux et de nouvelles espèces marines. Tout à coup un des câbles fut soumis à une forte tension et ce à plusieurs reprises. La force était telle que le chalutier prit dangereusement du bord. Finalement le filet pu être remonté. Alors qu’il était en train d’en trier le contenu, une chose enserra sa main, d’une étreinte visqueuse et froide :

« C’était une main humaine ! Oui, vraiment, vous m’entendez, une main humaine, énorme blafarde et armée de griffes blanches, puissantes et longues. Elle avait été coupée au dessus du poignet par le chalut et de la plaie coulait encore une sérosité striée de filets sanglants. C’était une main humaine, comme les nôtres, mais quatre ou cinq fois grosse comme une main d’homme. »

L’homme commence à réaliser les conséquences de cette terrible découverte :

« Alors monsieur,sentez vous ce qu’il y a d’épouvantable a se dire qu’au dessous de nous,dans les profondeurs de la mer,il existe des êtres en tout point semblables à nous et que ce son des êtres effrayants,monstrueux, si loin de notre entendement,si loin de nos âmes. D’où viennent-ils ces êtres mystérieux ? Par quel chaînon se rattachent-ils à la chaîne de la vie…Est-ce nous qui sommes des exilés sur terre, sont-ce eux qui sont resté dans les ténèbres des origines ? »

Depuis l’homme vit un véritable cauchemar et ne cesse de repenser à cette effroyable aventure :

« Depuis ce temps, j’ai peur de la mer, j’ai peur de ce qu’elle contient, je la regarde comme un visage sournois, plein d’embûches et qui cache ses dessins, et, pendant tout le reste de la campagne, il me semblait que l’étrave de mon navire déchirait des chairs vivantes et muettes…. Des chairs pareilles à ma chair…Qu’y a-t-il encore de secret dans les profondeurs de la mer ? »

- « Les épouvantes de la mer »

Jean Amirant un ancien gabier au commerce, raconte à un de ses amis, un jour de confidences, l’épouvantable aventure dont il fît les frais il y a de cela quelques années. Il murmure plus qu’il ne parle, car l’épisode fut éprouvant.

Pourtant, il en a vu de toutes les couleurs dans sa vie de marin. Mais par tous les saints, mieux vaut affronter typhons et tempêtes plutôt qu’une telle abomination. Peu avant sa mise à la retraite, il était gardien de phare entre Paimpol et Grands Léjons. Finalement ce travail sur « cet îlot de malheur » lui convenait parfaitement.

Seul maître à bord, du temps pour fumer d’innombrables pipes tout en laissant son imagination se laisser porter par les vagues et le vent du soir. Un jour pourtant alors qu’il voulait regagner la « cambuse » petit bicoque annexe du phare, il remarque que le sol n’a plus la même couleur. En fait l’immense rocher qui fait office de dallage semble bouger. Il constate avec horreur qu’il se retrouve face à une armée de crabes « plus larges qu’une assiette ».Les affreuses bestioles sont en train de se repaître des restes d’un cadavre en décomposition. Mais le plus effrayant est d’apercevoir sur ce dernier, la présence d’un énorme poulpe allongeant ses tentacules ventouses.

« Il était monstrueux ce poulpe, ses yeux glauques restaient immobiles, mais on les sentaient épiant les adversaires, de même qu’on pouvait être certain que ses tentacules inertes pour l’instant, pouvaient se détendre avec la promptitude de la foudre et s’abattre sur la proie ou l’ennemi. »

Finalement, repu, le poulpe regagne son trou d’eau, après avoir livré bataille aux « Dormants » et comme Jean ne pouvait se résoudre à laisser ce corps ainsi, décide de le tirer afin de le mettre à l’abri. Mais c’était sans compter sur la férocité et l’audace des crustacés :

« Alors, Monsieur, si invraisemblable que cela puisse paraître, je les vis tous sortir de leur repaire, un à un, mais tous convergèrent vers moi, les pinces en avant. Voulaient-ils m’attaquer ou retourner au cadavre, je ne sais, mais je pensais que maintenant que le poulpe était parti, ils prenaient de l’audace, et ils savaient, ils devaient savoir, à n’en pas douter, qu’avec moi ils seraient les plus forts. »

Tous passent a l’attaque, la bataille fait rage ils sont des centaines et les jambes et les bras en sang il est forcé de se retrancher sur l’échelle le conduisant en haut du phare. Obligé de se retrancher dans cette « forteresse » devant le nombre croissant de ses assaillants, le malheureux ne doit son salut qu’à une marée providentielle, emportant le cadavre et dispersant du coup cette horde affamée. Au bord de la folie, après des heures de cauchemar, il n’est plus que l’ombre de lui-même :

« La fois suivante je revins avec des casiers, des appâts, tous lus jours je tendais mes piéges, j’en ai tué des milliers…Il y en a encore des milliers et des milliers….

- « Dans les brumes sur la vaste mer »

Le « père Philippe », archétype du vieux loup de mer n’est pas un bavard, mais le narrateur de l’histoire gagne sa confiance et partent un jour faire une petite « virée en mer ». Mais capricieuse, celle-ci se met à enfler, la tempête menace et fort heureusement, les infortunés trouvent un refuge providentiel sur un petit bout de rocher surmonté d’une misérable ruine.

L’abri est de fortune, mais suffisant pour attendre le passage du grain. « Naufragés » malgré eux, le marin se laisse aller aux confidences et lui raconte alors la plus épouvantable de ses péripéties. A l’époque embarquée sur un morutier, le navire se retrouve après avoir essuyé un coup de vent, dans des eaux inconnues pas très loin de la baie d’Hudson. Il semble que le bâtiment se trouve au dessus d’une éruption volcanique :

« La mer devint comme boueuse, oui vraiment et elle exhala une épouvantable odeur de vase. Je ne m’y trompais pas, allez, ayant fait une station dans un grand fleuve Africain, le Rio-Nunez, où la mer marne beaucoup. Quand elle se retire, elle laisse au sec de grands espaces et sur ceux-ci, à cause sans doute des gaz qui se dégagent, de grosses cloques se forment, puis crèvent. Et bien c’était cette odeur là que sentait la mer, comme les cloques en crevant. L’odeur de vase écœurante, épouvantable. »

Mais plus étrange encore, lorsque les marins ramènent les lignes, ils constatent que les morues présentent d’étranges et horribles mutilations. Requin, pieuvre ? Les conjectures vont bon train et tout serait revenu au calme si deux jours après un homme n’avait disparu. On commence a murmurer à voix basse d’autant plus que le capitaine refuse de faire marche arrière. La zone est excellente et ils sont les seuls sur les lieux. Le lendemain, le bateau ressent une forte secousse, une chose énorme avait créé un remous assez fort pour déplacer le navire, un homme se met à hurler :

« L’homme qui avait poussé le second à l’avant, cri d’épouvante et d’agonie, se débattait dans un inextricable lacis de tentacules qui l’enserraient, le ligotaient et l’entraînaient, sans qu’il puisse faire un mouvement, tout doucement par-dessus le bordage. Nous le vîmes disparaître derrière la lisse en même temps qu’une grande forme noire. »

Ce qu’ils virent par la suite dépasse l’entendement et jamais dans leurs pires cauchemars il n’avaient imaginés semblable créature :

« La tête était monstrueuse et plate, éclairée par deux grands yeux larges, à peu prés comme des sous bols et d’un blanc laiteux tirant un peu sur le vert – une plaque d’humeur, sans pupille et lumineux, oui lumineux comme du phosphore…Au dessous de ces yeux, qui donnaient le frisson, une gueule qui s’ouvrait et se refermait spasmodiquement comme si la bête et été gênée dans sa respiration. Cette bouche était armée d’une denture énorme, il en sortait un souffle court et précipité. Tout autour de cette bête – couleur de vase – remuaient huit ou dix tentacules de plus d’un mètre et couvert de ventouses ; cela était toujours en mouvement, fouettant, explorant l’atmosphère tout autour de leur pivot central, qui était la tête. »

Mais la description ne s’arrête pas là et le narrateur rentre un peu plus dans les détails :

« Quatre nageoires latérales longues et charnues de chaque coté du corps et situées l’une après l’autre, mais indépendantes et d’une forme légèrement différente. Les premières, prés de la tête, étaient plus épaisses et laissaient deviner un système cartilagineux en soutien, qui tenaient rigides et presque en tous points semblables aux ailes de chauves-souris…Cers ailes – comment leur donner un autre nom ? – s’agitaient doucement et battaient l’air à gestes larges et mous. C’étaient elles qui maintenaient l’affreuse chose à cinq ou six pieds au dessus de l’eau. Les deux autres ailes, plus petites, étaient immobiles. La queue, divisée en deux pans, trempait dans l’eau. Tout le corps semblait pétri de vase, couvert de squames, de pustules et d’herbes marines. »

Cette abomination sera accompagnée d’une seconde créature. Lorsque le capitaine décide de prendre les devants, en attrapant un harpon, la créature presque immédiatement retourna au fond de l’océan. Etait-ce en raison du jour qui grandissait ou d’un séjour trop prolongé à l’air libre ? Personne ne sera en mesure de répondre. Après plusieurs jours à « patrouiller » dans la zone, les monstres restèrent invisibles et comme pour conclure un des hommes grogna :

« ça venait des bas fonds de la mer et ça y est retourné voilà tout ! »

« L’alcyon »

Alors qu’il effectue une campagne de pêche dans les mers glaciales du Nord, un petit bâtiment de pêche découvre un curieux objet contenant un assez troublant témoignage. Il semblerait que cette « bouteille » provienne des mers du Sud comme en témoigne la colonie de Zoophytes fixée sur celle-ci :

« Maintenant, vous qui lirez ces lignes, écoutez et entendez la prière qui monte vers vous : Douze hommes à genoux,les mains jointes dans une ardent prière,élèvent vers le ciel leur âme remplie d’effroi,avant de jeter cette bouteille à l’eau,car elle contient leur dernière espérance. »

Ils vont alors découvrir un étrange témoignage, rédigé à plusieurs mains. Il s’agit du récit d’un naufrage d’un navire « L’alcyon » et datant de Février 1820. Après avoir essuyé une terrible tempête, le navire se retrouve dans une portion de mer des plus étrange :

« Les profondeurs elles-mêmes, devaient être tumultueuses,car parfois, de longues lames de fond amenaient à la surface d’étranges êtres,des poissons inconnus,monstrueux,dont la vessie natatoire éclatait au dehors,sous la pression atmosphérique. La mer semblait fumer, ce n’était que de l’eau pulvérisée par le vent, toujours renouvelée et toujours en suspens. » La nuit arrive et c’est de nouveau le déchaînement des éléments. Une autre tempête d’une violence inouïe, soulève le navire : « Nous courions vers des brisants,ce n’était plus qu’une question de minutes,quand tout à coup, le navire fût, nous sembla-t-il,absolument soulevé hors de l’eau et lancé en avant nous eûmes l’impression qu’il courait sur la crête d’une vague. Il y eut un choc sourd, un éclaboussement prodigieux, puis les bruits extérieurs se turent, nous sentîmes que nous avions quitté l’atmosphère en tumulte et que nous tournions lentement sur nous-mêmes. »

Au petit matin c’est la consternation et l’incompréhension car ils se retrouvent dans un lieu des plus insolite :

« Nous sommes au centre d’une cuvette et tout vautour de nous se dressent d’un geste puissant de hautes murailles d’un granit noir, lugubre. Nous n’apercevons aucune plage, à peine quelques assises où peut-être on peut prendre pied, et dans l’épaisseur frigide du granit quelques trous pleins de ténèbres, inquiétants, sournois. Ce cirque peut avoir cent à cent cinquante mètres de diamètre, notre pauvre bateau en occupe le centre. »

Tous leurs efforts pour trouver une issue seront vains, aucun passage, aucune fissure. Quelques hommes parviennent à escalader cette muraille mais c’est pour constater que de l’autre coté la paroi est tout aussi vertigineuse et qu’il n’y a aucun moyen de descendre. Mais le pire reste à venir, la nuit d’inquiétantes créatures commencent à faire leur apparition :

« Il sort de la mer d’énormes êtres annelés pareils à des limaces visqueuses, dégageant dans l’obscurité une lueur laiteuse. Elles ont ces limaces, car à quoi d’autre les comparer, un pied de long, grosses comme l’avant bras ; leur contact fait naître des pustules. Les murailles de notre prison de mort en sont pleines, la nuit venue ; elles y viennent ou sucer ou paître le fucus dont le granit est revêtu à sa base. Elles envahissent le pont du brick et alors elles cessent de se faire lumineuses ; il semble qu’elles savent que la lumière qu’elles dégagent décèle leur présence. Deux de nos hommes simplement touchés par elles sont mort d’une gangrène qui en faisait des cadavres ambulants. De ce fait nous gagnons un jour de vivres. »

Effectivement, les vivres ne vont pas durer éternellement, en désespoir de cause, un homme est envoyé sur la crête de la falaise, envoyer le témoignage de cet effroyable calvaire. Une nouvelle menace plus terrible encore va de nouveau surgir de cette abomination liquide. Des créatures de cauchemar qui attaquent les hommes un à un, jusqu’à tous les décimer :

« Il y a aussi des formes blanches qui,dans les ténèbres,volent lourdement autour de nous ;leurs ailes sont aussi des nageoires,car nous les entendons et les voyons plonger dans la mer, puis en ressortir lourdement pour se tenir à un ou deux pieds de l’eau. Leurs dégagent une étonnante odeur de vase et leur contact, presque inconsistant, est froid et humide comme le sont les céphalopodes appelés méduses. Elles ont des yeux phosphorescents et malgré cette lumière qu’ils émettent ils ont l’aspect d’yeux humains mais mornes et comme en proie à une indicible tristesse. Nous les avons entrevues au cours d’une nuit de lune et nous avons pu en pêcher une. Ce sont des êtres plats,la gueule est entourée de tentacules à suçoirs, deux nageoires,une queue terminée par un aileron,le tout est très sensiblement du volume d’un fort poisson du diable,telle est cette bête immonde qui certainement n’est pas connue… »

Le reste du texte parle d’hommes vidés de leur sang, de vivres qui s’épuisent, de folie et de désespoir. L’équipage témoin de cet incroyable récit, comme d’un seul homme penche la tête et prie pour ses infortunés, victimes des mystères de l’océan.

En conclusion


La teneur de ces quatre textes montre à quel point la mer fût pour Laumann une source d’inspiration. On y retrouve les thèmes récurrents et obsédants des trois auteurs cités plus haut, avec cette même terreur pour ne pas dire répulsion qu’elle inspire à ces différents protagonistes.

Le texte « Dans les brumes sur la vaste mer » est à mon avis le plus troublant quand à la description des créatures qui semblent sortir d’un roman de Lovecraft et de son célèbre « mythe de Cthulhu ». En ce qui concerne « L’alcyon » probablement la nouvelle la plus aboutie, elle nous démontre le talent de l’auteur à entretenir une atmosphère d’angoisse et d’épouvante.

Cette thématique du vaisseau emprisonné de manière mystérieuse dans un espace clos, peut-être en dehors du temps et de l’espace, est d’une très grande originalité, plaçant de ce fait cette nouvelle comme la référence du genre : Falaise de granit noire, mer de couleur étrange, attaque de vers répugnants, créatures vampires amphibies….

Il est rare de rencontrer un sujet aussi brillamment traité et ce ne serait que justice de retrouver « L’alcyon » dans une hypothétique anthologie réunissant les meilleurs textes produits par les périodiques et revues d’avant guerre. Il serait vraiment regrettable que toute une nouvelle génération de lecteurs reste dans l’ignorance totale de l’existence de tels chef- d’œuvres.

En effet que reste t-il de son œuvre, hélas pas grand-chose si ce n’est quelques réimpressions à faibles tirages que l’on s’arrache à prix d’or sur certains sites spécialisés…..quand on a la chance de les trouver !

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6.Au prise avec les vampires des océans                                                                    7.  Ce bon vieux loup de mer et ses histoires incroyables

 

Bibliographie de E.M.Laumann Romans

 

- « L’aérobagne 32 » écrit en collaboration avec H.Lanos. Pré originale dans la revue « Lecture pour tous » de juillet à septembre 1920, illustrations de H.Lanos. Edition en volume chez Hachette « Bibliothèque de la jeunesse », Couverture illustrée couleur de Dutriac, illustrations intérieures N&B de Dutriac et H.Lanos. 80 pages, 1923. . Il existe une autre édition avec un cartonnage éditeur rouge et comportant des petits motifs sur le premier plat (mêmes caractéristique que l’édition précédente).

- « L’étrange matière » écrit en collaboration avec R.Bigot. Pré originale dans la revue « Lecture pour tous » de Août à Octobre 1921, illustrations de René Lelong. Edition en volume chez Hachette « Bibliothèque de la jeunesse », Couverture illustrés couleur et illustration N&B intérieures de René Lelong. 80 pages, 1924. Il existe une autre édition avec un cartonnage éditeur rouge et comportant des petits motifs sur le premier plat (mêmes caractéristique que l’édition précédente). Réédition dans la revue « Lisez moi aventure » du N°40 (1er Janvier 1950) au N°44 (1er Mars 1950) Illustrateur inconnu.

- « Le visage dans la glace » écrit en collaboration avec R. Bigot. Pré originale dans la revue « Lecture pour tous », Juin et Juillet 1922, illustration de Dutriac.

- « Sous la banquise » Editions Tallandier « Grandes aventures » 1ére série N°197, 1928, broché illustré par A.P ( ?). Réédité dans la même collection « Bibliothèque des grandes aventures » N) 539,1935.

- « Si le 9 Thermidor…., hypothèse historique » écrit en collaboration avec René Jeanne. Editions Tallandier 1929

 

Nouvelles

 

- « L’arbre-charnier » Parution dans la revue « Lecture pour tous » 1er Septembre 1919, illustré par H.Lanos. Rééditions : « Lisez moi aventure » N°26 du 1er Juin 1949 illustré par Roger Marmottin. Réédition dans la revue « Planète à vendre » N°1, 1990. Réédition dans l’anthologie « Contes de terreur » présentée par Marc Madouraud, Editions « Recto-Verso » collection « Idées…et autres » 1994. Réédition « Le boudoir de gorgones » N°5 Février 2003.

- « Le mystère de Mars » Parution dans la revue « Lecture pour tous » Mars 1921. Rééditions : Texte accompagnant une lettre distribuée gratuitement par « Le visage vert ». Réédition dans l’anthologie « Contes de terreur » présentée par Marc Madouraud, Editions « Recto-Verso » collection « Idées…et autres » 1994.

- « Au cœur putride de la forêt » Parution dans la revue « Je sais tout » N°191, 15 Novembre 1921. Illustré par Leroy. Réédition dans l’anthologie « Contes de terreur » présentée par Marc Madouraud, Editions « Recto-Verso » collection « Idées…et autres » 1994.

- « Dans la cage de verre » en collaboration avec Raoul Bigot. Parution dans la revue « Je sais tout » N°195, 15 Mars 1922. Illustré par H.Lanos. Réédition dans l’anthologie « Contes de terreur » présentée par Marc Madouraud, Editions « Recto-Verso » collection « Idées…et autres » 1994.

- « Dans le fond des mers »Parution dans la revue « Je Sais Tout » 15 juin 1922, n° 198, p. 325-328, illustrations anonymes. Réédité dans le recueil « L’Homme-peste & autres contes fantastiques » de la revue « Le Visage Vert » reproduction en fac-similé de 1922, avril 1985. Réédition dans l’anthologie « Contes de terreur » présentée par Marc Madouraud, Editions « Recto-Verso » collection « Idées…et autres » 1994.

- « Des signes dans le ciel » Parution dans la revue « Je sais tout » N°207, 15 Mars 1923. Illustré par Dutriac.Réédition dans l’anthologie « Contes de terreur » présentée par Marc Madouraud, Editions « Recto-Verso » collection « Idées…et autres » 1994.

- « L’Acyon » Parution dans la revue « Je Sais Tout » 15 juin 1923, n° 210, illustrations de Georges Dutriac. Réédité dans le recueil « Le Lac du squelette & autres contes fantastiques » de la revue « Le Visage Vert » reproduction en fac-similé de 1923janvier 1985. Réédition dans l’anthologie « Contes de terreur » présentée par Marc Madouraud, Editions « Recto-Verso » collection « Idées…et autres » 1994.

- « Les épouvantes de la mer » Parution dans la revue « L’Aventure », publié par les éditions Arthème Fayard, N°2, 30 Juin 1927. Illustré par Daniel Girard. Réédition dans l’anthologie « Contes de terreur » présentée par Marc Madouraud, Editions « Recto-Verso » collection « Idées…et autres » 1994.

- « Dans les brumes sur les vastes mers » Parution dans la revue « L’Aventure », publié par les éditions Arthème Fayard, N°5, 21 Juillet 1927. Illustré par L.Marlheng. Réédition dans l’anthologie « Contes de terreur » présentée par Marc Madouraud, Editions « Recto-Verso » collection « Idées…et autres » 1994.

- « L’abîme » Parution dans la revue « L’Aventure », publié par les éditions Arthème Fayard, N°24, 1 Décembre 1927. Illustré par F.Auer. Réédition dans l’anthologie « Contes de terreur » présentée par Marc Madouraud, Editions « Recto-Verso » collection « Idées…et autres » 1994.

 

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8.Le pouvoir de la science                                                                               9. Un aventure au fond des mers

Bibliographie des œuvres citées

- « Epouvante et surnaturel en littérature » de H.P.Lovecraft.U.G.E collection 10/18.

- « Le psautier de Mayence »De Jean Ray. Nouvelle dans le recueil « La croisière des ombres » Les éditions de Belgique 1932 pour l’édition originale. Rééditions dans le volume « Les 25 meilleures histoires noires et fantastiques de Jean Ray » Editions Marabout géant N0 G114, 1961. Réédition dans le volume « Le grand nocturne », 1979. Librairie des Champs Elysées « Le masque fantastique » 2éme série N°14. Réédité dans le recueil « La croisière des ombres » Nouvelles éditions Oswald N° 106 ,1984. Réédition dans l’anthologie « Eaux mystérieuses et mers infernales » L’Atalante, 2000.

- « La porte du monstre » de W.H.Hodgson.Une aventure de Carnacki dans le recueil « Carnacki et les fantômes »« Carnacki et les fantômes » Librairie des Champs Elysées « Le masque fantastique » 1ére série, 1977. Réédition dans le recueil Nouvelles éditions Oswald N° 44, 1982.

- « Les spectres pirates » de W.H.Hodgson. Editions Opta collection « Aventures fantastiques » sous le titre « Les pirates fantômes » .Edition limitée illustrée par Druillet. Réédition dans la collection « Le livre de poche » Toujours aux éditions Opta en 1971. Réédition Nouvelles éditions Oswald N°167. 1986. Réédition sous le titre « Les spectres pirates » dans le recueil du même nom. Editions Encrage collection « Effrois » N°1, 1988.

- « Le maître du temps » de Giuseppe Lipparini. Parution dans la revue « Les annales » du 26 Février au 9 Mai 1909 N° 1340 à 1350. Voir analyse dans ce blog.

- « Un manuscrit trouvé dans une bouteille » Editions Albin Michel. 1931. Traduit et adapté de l’Italien par la comtesse de Gencé. Voir analyse dans ce blog.

- « Dans l’abîme » de H.G.Wells. Parution dans la revue « Le monde illustré » Février 1901, reprenant les superbes illustrations de Warwick Goble. Réédition dans le recueil de nouvelles « Les pirates de la mer et autres nouvelles » Mercure de France 1925. Réédition dans le recueil de nouvelles « Histoires merveilleuses » Larousse « Série beige » N° 15, 1931. Réédition dans l’anthologie sur Wells « Histoires d’anticipation » Mercure de France collection « Mille pages » 1988.

- « L’île de Ud » de W.H.Hodgson. Dans le recueil « La chose dans les algues » Editions Planète 1969. Réédition Nouvelles éditions Oswald, 1979.

- « Le péril bleu » de Maurice Renard. Editions Louis Michaud, 1912. Réédition Editions Française Illustrée 1920. Editions Crès 1920. Editions Tallandier 1958. Editions Filipacchi collection « M.A.T » 1972. Editions Marabout N°599, 1976.

- « Le flot d’épouvante » de Jean Cotard. Editions Eugéne Figuiére 1934.

- « L’île à des yeux » de Georg Müller, 1918. Pas de traduction Française connue. Se référer à l’article de Michel Meurger dans le volume «Lovecraft et SF tome 2» Cahier d’études Lovecraftiennes-V. Editions Encrage, 1994, collection « Travaux » N° 21, « L’île à des yeux, la faune exceptionnelle de Friedrich Otto » P.188.

- « La cité du gouffre » de José Moselli. Parution dans « L’almanach pittoresque de sciences et voyages » Octobre 1925. Réédition dans le volume « La fin d’Illa » Editions rencontre, 1970.

- « Des profondeurs » Parution dans la revue « Le visage vert » N°13, Mai 2003. Dossier spécial « Invasions sous-marines »

 

Crédit photographique

- 1. « Dans le fond des mers » Ill. Anonyme

- 2. « Dans le fond des mers » Ill. Anonyme

- 3. « Dans le fond des mers » Ill. Anonyme

- 4. « Dans les brumes sur la vaste mer » Ill. L.Marlheng

- 5. « L’Alcyon » Ill. G.Dutriac

- 6. « L’Alcyon » Ill. G.Dutriac

- 7. « Dans le fond des mers » Ill. Anonyme

- 8. « L’étrange matière » Ill. René Lelong

- 9. « Sous la banquise » Ill. de H.Lanos

- 10 « L’arbre charnier » ill. de Lanos

- 11 « L’abîme » Ill. F. Auer

 

Pour conclure je voudrais remercier Marc Madouraud pour son anthologie consacrée à Laumann, ainsi que Xavier Legrand-Ferroniére de la revue « Le visage vert » et plus particulièrement le N° 13, ainsi que Michel Meurger dont les études savantes sont une source de renseignements utiles et incontournables. Leurs ouvrages me furent d’une aide précieuse pour l’élaboration de ce modeste travail. Sans l’obstination et cette foi inébranlable qui les anime, bien des chef- d’œuvres de la littérature populaire seraient tombés dans l’oubli le plus total.

Qu’ils en soient ici remerciés!  

                                           
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10.Un terreur bien Végétale!!!!!                                                                        11. L’horreur souterraine vue par Laumann

merveilleuxscientifiqueunblogfr @ 13:55
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« Le Professeur Tornada » Un Excentrique Savant Dans L’oeuvre de André Couvreur !

Posté le Mercredi 28 avril 2010

Avant de parler de se personnage récurant de l’œuvre d’André Couvreur, il me semble nécessaire de parler un peu du thème du « savant fou » dans les textes de conjectures anciennes.

Historiquement, il est nécessaire de remonter à l’ouvrage de Mary Shelley et son « Frankenstein ou le Prométhée moderne » afin de commencer la véritable ébauche de ce scientifique un peu « illuminée » qui, faisant fi de mettre en cause sa réputation, poursuivra obstinément son œuvre afin d’affirmer ses hypothèses les plus audacieuses. Même si la description du procédé permettant de « ranimer » les tissus morts reste très succincte, (le cinéma sera plus généreux en la matière) l’idée était toutefois lancée, la voie venait de s’ouvrir. Une voie dans laquelle bon nombre d’écrivains vont s’engouffrer, créant ainsi, un genre dans le genre pour le plus grand plaisir des lecteurs que nous sommes.

L’histoire du savant « fou » puise ses origines dans un passé moyenâgeux où il était un peu la représentation de cet alchimiste solitaire qui passait le plus clair de son temps à rechercher la pierre philosophale, le secret de la transmutation du fer en or ou le sérum de vie éternelle. Bien souvent associé à une forme de magie noire, car fortement suspecté de fourvoyer avec le malin, il fut chassé, traqué et persécuté par l’église et la terreur superstitieuse qu’il inspirait aux hommes.

Il deviendra par la suite homme de science, celui qui connaît les secrets de la vie car se passionnant pour les mystères de l’homme et de sa composition, c’est la nouvelle ère de l’association de la science et de la médecine, le savant est généralement l’érudit qui se penche sur les secrets de « l’alchimie corporelle » il sera respecté bien que craint car il inspire fascination mais répulsion. Le malaise à l’égard de cette élite se trouvera renforcée lorsque ce médecin cherchera quelques réponses à toutes ces questions fondamentales, dans le magnétisme et l’hypnose. C’est la grande époque du « fluide vital »des « ondes magnétiques » et des « courants psychiques » : L’homme de science redevient une sorte de « mage » retournant à ses anciennes amours et cherchant des réponses dans des voies beaucoup plus occultes.

Puis arrive le temps de la révolution industrielle, de l’électricité et de la vapeur. Toute une nouvelle technologie que le scientifique, bien souvent médecin de formation, va s’efforcer de percer afin d’assouvir sa soif intellectuelle mais aussi afin de concrétiser ces hypothèses les plus folles, ses théories les plus insensées. Tout va très vite, trop vite et cette frénésie du savoir et du pouvoir que celui-ci peu lui procurer développe en lui un sentiment de supériorité qui le mènera bien souvent à des recherches certes audacieuses mais bafouant toutes les règles éthiques de sa corporation. La connaissance conduit souvent sur des chemins interdits pouvant mettre à mal le respect et l’intégrité de l’espèce humaine.

Au départ, le savant est un personnage brillant par définition, un peu en marge de la société et qui travaille dans l’ombre pour le bien de l’humanité .C’est lui qui, par sa vision toute nouvelle d’un futur idéal, va s’employer à découvrir les nouvelles technologies permettant à l’humanité d’accéder à un monde meilleur. En fait c’est ce qu’il y a de marqué sur le « papier » mais la réalité en matière de littérature est tout autre.

Bien souvent, le savant est un solitaire un peu égocentrique qui ne se soucie guère de l’humanité .Au contraire, régulièrement laissé pour compte, raillé par ses semblables car trop audacieux ou en avance sur son temps, cet homme de génie n’aura d’autre alternative que de se replier sur lui-même et passer le reste de sa vie à ourdir un moyen pour détruire un monde trop ingrat. Rejeté, bafoué, incompris de son entourage, le brillant homme de science basculera alors vers « le coté noir de la force » pour devenir « Savant Fou »

Mais si ce dernier met toute son âme et sa dignité pour arriver à ses fins il est important de classer ce génie du mal en plusieurs catégories. En effet il n’est pas nécessairement un esprit malfaisant, le terme « fou » désignant également certaines de ses projets qui, de part leurs caractères insensés et audacieux, ne peuvent relever que de la pure folie. Le savant fou ne pourra servir que ses propres ambitions et prouver au reste du monde qu’il possède un certain génie et que l’on a eu tort de mettre sa parole en doute. D’une manière générale il mènera son expérience à terme sans aucune rancœur envers l’humanité.

L’autre catégorie est beaucoup plus dangereuse car là, sa folie est à la mesure de la haine qu’il éprouve pour ses semblables et sa seule ambitions sera de détruire le monde d’incrédules dans lequel il vit. Mais il pourra mettre également sa science au service de la patrie, ce type d’individus se rencontrant surtout dans le roman de « Guerres futures » et où toute la panoplie du sadisme humain sera mise en exergue. ( « La guerre infernale » de Giffard et Robida, « La guerre au XXéme siècle » toujours de Robida, « La guerre est déclarée » du Colonel Royet, « L’héroïque aventure » A.De Pouvourville , « Elisabeth Faldras » O.De Traynel…) En fait les prémisses de la tuerie scientifique au nom de la science et de la liberté.

Quoiqu’il en soit, il usera surtout son énergie à faire avancer ses propres hypothèses sur un sujet qui le préoccupe plus particulièrement : L’être humain ! Il va donc s’efforcer de le « modifier » de façon aussi incroyable que tragique et pour cela les techniques ne manquent pas :

– Le rendre invisible (« Mr rien aventure d’un homme invisible » de Boussenard, « L’homme qui voulait être invisible» de M.Renard, « Joe Rollon, l’autre homme invisible» de Edmond Cazal, alias Jean De La Hire, « Le maître du monde » de Pierre Desclaux)

– Le rendre plus petit (« L’homme élastique » de Jacques Spitz, « Les petits hommes dans la pinède » de Octave Béliard, « La chute dans le néant » de Marc Wersinger).

– Le rendre immortel (« L’immortel » nouvelle de Régis Vombal, « La maison des hommes vivants » de Claude Farrère, « L’élixir de longue vie » de Krijanovskaia, « Les immortels de Rock-island » de Leprince, « Les mystères de Lyon » de Jean de la Hire…)

- Le rendre plus « résistant » en modifiant ou remplaçant des parties de son corps (« Le concerto pour Anne Queur » de Marcel Thiry, « Le Rour » de Souvestre et Allain, « Le secret de ne jamais mourir » de Pasquier, « Les mystérieuses études du professeur Kruhl » de Paul Arosa).

– Le rendre plus intelligent et en faire un surhomme ( « Tréponème » de Marc La Marche, « Trois ombres sur Paris » de H.J.Magog, « Satanas » de Gabriel Bernard, « On vole des enfant dans Paris »de Forest, « Le sceptre volé aux hommes » de H.J Proumen)

- En fait, modifier,le transformer et le charcuter sous toutes les formes ( « L’homme qui peut vivre dans l’eau » de Jean de la Hire, « Le docteur Lerne,sous dieu » et « L’homme truqué » de Maurice Renard, « L’homme qui devint gorille » de H.J.Magog)

Mais le savant s’attaque de façon globale à tout ce qui bouge, et sa soif de connaissance et surtout d’assouvir ses propres fantasmes, le conduiront à des débordements inimaginables. L’anticipation ancienne regorge littéralement des exploits de ces êtres d’exceptions qui d’un revers de main sont capables de balayer une ville entière. Car le savant est capable d’inventer toutes sortes de machines diaboliques :

- Fabriquer des typhons (« Un monde sur le monde » de Perrin et Lanos )

– D’assécher les océans (« Les buveurs d’océans » de H.J.Magog).

– De réveiller les volcans (« L’éveilleur de volcans » de G.G Toudouze).

– De provoquer des séismes (« A deux doigts de la fin du monde » du colonel F.Royet).

– D’envoyer un fragment du pôle dans l’espace (« L’évanouissement du pôle » de H. Debure).

– Des machines capables de percer le globe de part en part (« Ignis » du comte Didier du Chousy)

– De désintégrer toute forme de vie à distance (« Elisabeth Faldras » de O.de Traynel).

– Des machines à lire dans les pensées. (« La machine à lire les pensées » de André Maurois)

– Des machines à voyager dans l’espace (« Le docteur Oméga » D’Arnould Galopin, « Aventures merveilleuses de Serge Myrandhal » de H.Gayar)

- Des machines à voyager dans le temps. (« Aventures d’une voyageur qui explora le temps » D’octave Béliard)

– Des îles volantes ou artificielles (« L’île aérienne » de Max André Dazergues, « Les robinsons de l’île volante » de R.M.Nizerolles)

Le savant est capable de créer des pilules nutritives, des substances qui régénèrent, qui font grossir les animaux,qui vous empêchent de vieillir, de mourir….bref ils sont capables de tout,ou presque ! Le savant (fou ou non) est donc une figure emblématique de l’anticipation ancienne, un élément clef de l’intrigue, le pivot central sur lequel s’articulera un nombre incalculable de romans. Il est d’ailleurs assez intéressant de voir la quantité de ces illustres cervelles qui perdirent pied et basculèrent du « mauvais coté ».

Cette catégorie de l’élite intellectuelle dans bien des cas n’utilisera pas son magnifique potentiel pour aider ses semblables, bien au contraire elle en fera son instrument de mort. Les seuls qui tenteront de l’exploiter à des fins plus humanistes se retrouveront débordés par leurs inventions, soit par distraction (le savant est un grand distrait) soit par volonté d’en faire trop.

L’imagerie populaire n’est pas avare de représentations de ce singulier individu et il est surprenant de le voir toujours affublé d’une trogne assez ingrate, le front très proéminent, le cheveu rare, le regard vif parfois sadique, un corps plutôt malingre et peu habitué aux exercices physiques, en conclusion un aspect souvent des plus déplaisant.

Dans cette première partie du XXéme siècle, on se méfie de la science, on la regarde d’un œil assez sceptique, le pays de Voltaire et de Hugo est assez pragmatique et peu enclin à accorder sa confiance à une élite d’excentriques à l’esprit dérangé. Il en résulte alors toute une production assez incroyable par sa diversité où le thème du savant sera utilisé avec plus ou moins de brio mais au final pour accoucher d’œuvres singulières desquelles se détachent des individus assez marquants sorte de «anti-héros » du « merveilleux scientifique ».

Dans toute cette production aussi riche qu’inventive, de grands noms se détachent nettement et leur génie malfaisant en font des figures inoubliables, la tête de liste de la science au service du mal : Maurice Renard et son « Docteur Lerne » (« Le docteur Lerne sous dieu » Mercure de France 1908) André Couvreur et l’inoubliable « Caresco » (« Caresco surhomme ou le voyage en Eucrasie » Librairie Plon 1904 avec de superbes illustrations de Edmond Malassis),H.G.Wells et sont diabolique « docteur Moreau » (« L’île du docteur Moreau » Mercure de France 1901 pour l’édition Française) le professeur Wolmar de Guy de Teramond (« L’homme qui peut tout » Editions M.Vermot 1910)

Toutefois cette thématique bien qu’utilisée à maintes reprises, ne semble pas avoir suscitée l’envie aux auteurs qui en usèrent de s’en servir comme un support récurant pour toute une série d’aventures. Il suffit de faire le compte pour mettre en évidence l’absence quasi-totale de la réapparition systématique du savant, qu’il soit docteur ou professeur, dans tout un cycle où il en sera le héros. Pourtant, cette rareté existe, un personnage assez atypique qui ne cessera au cour de ses trente années d’existence de nous émerveiller et de nous amuser avec sa façon tout à fait décalée de concevoir la science ainsi que les bienfaits de la médecine et de la chirurgie : Le professeur Tornada !

Avant de s’attaquer à la création de cette figure légendaire du « merveilleux scientifique » André Couvreur était déjà coupable d’avoir imaginé un autre prototype du savant fou, le docteur Caresco. Sa première apparition date de 1899 « Le mal nécessaire » ( Plon Nourrit & Cie) qui entame le cycle « Les dangers sociaux ». Avec cette œuvre Couvreur inaugure les prémices de « L’anticipation médicale », avec ce chirurgien peu scrupuleux, décrit comme un être vil et cupide, un monstre assoiffé de sang ! (tout comme le Professeur Flax de la chanson)

Le sinistre héros de cette aventure reprendra du service quelques années plus tard dans l’extraordinaire « Caresco, surhomme ou le voyage en Eucrasie, conte humain ». Dans ce chef d’œuvre superbement illustré par Edmond Malassis, Le redoutable chirurgien installé sur une île en forme de corps humain, se livre à de redoutables expériences, faisant jouer allégrement son bistouris à des fins pseudo scientifiques mais qui ne sont que le prétexte à un sado masochisme exacerbé, un moyen de laisser libre cour à ses fantasmes les plus fous. Baigné dans une atmosphère où érotisme et décadence sont les maîtres mots, l’auteur ne nous livra pas moins un incroyable roman où l’inventivité est reine avec toute une succession de brillantes idées : Esquif aérien, machine à satisfaire les besoins essentiels, créatures télépathes, humain à qui l’on implante une longue vue à la place de son œil, engins se déplaçant dans des tubes sous vide, greffes de toutes sortes, vies artificielles, les inventions se succèdent à un rythme effréné.

Avec ce « petit bijoux » qui reste à mon avis son œuvre maîtresse, il posait là toutes les bases de sa future production, se révélant ainsi la référence en matière de « conjecture médicale » Il faut dire qu’il était lui-même médecin et que son père était ancien interne des hôpitaux de Paris. Né le 4 août 1863 à Seclin, toute son enfance baignera dans cette ambiance médicale et il n’est pas étonnant qu’avec son frère aîné, il embrasse cette carrière. Il obtiendra son diplôme en 1892, exercera sa profession, mais c’est vers l’écriture que se portera toute son attention et ce pour notre plus grand bonheur. 1909 marque l’année de sa création la plus fameuse, le professeur « Tornada » qui sur 6 romans nous fera découvrir les aspects les plus cocasses et les plus malicieux de cet excentrique savant.

Sa première aventure « Une invasion de macrobes » était déjà en elle-même une douce folie puisque ce curieux scientifique que ses pairs considèrent comme un charlatan, décide pour se venger de mette en application une de ses trouvailles, à savoir augmenter de façon considérable la taille des microbes et de les lâcher sur Paris. Fort heureusement rongé par le remord, il trouvera un parade…la capitale sera épargnée !

Dans cette première aventure,Tornada,télépathe,occultiste,biologiste et astronome…entre autre, nous y est détaillé avec précision et cette description mérite de s’y arrêter un instant :

« C’était un petit bout d’homme simiesque, dont on ne remarquait d’abord que la barbe noire, si fournie qu’elle s’allongeait en deux tortillons très soignés jusqu’au niveau des jambes. Par contre la tête était chauve presque en totalité ; et le crâne poli permettait de remarquer la conformation anormale de la tête, qu’un eût dite pétrie à la diable, ondulée de bosses excessives qui devait loger une intelligence particulière. Le reste de la physionomie, quand on la détaillait, n’atténuait en rien la surprise provoquée par ces premières impressions. Les oreilles surgissaient comme des appendices de loup, mobiles aux moindres sonorités. Les yeux très sombres, très petits et très mobiles, s’emplissaient d’éclairs par moments ; et à d’autres ils s’égaraient sous les paupières. Enfin des tics, plus singuliers, les uns que les autres, secouaient à tout propos la tête, les bras et les jambes, avaient des convulsions incessantes sous cet extérieur Hoffmannesque. »

Voilà une description des plus exacte qu’il soit, magnifiquement accompagnée d’une composition de André Devambez, qui ne manque pas de réalisme. Après cette singulière aventure nous retrouverons le professeur en 1922 avec « L’androgyne », une savoureuse histoire où Tornada, devenant de plus en plus malicieux au fil de ses aventures, transforme une homme en femme, avec toutes les conséquences que cela implique.

On plonge dans l’humour le plus délirant dans son aventure suivante « Le Valseur phosphorescent » où l’incorrigible professeur va soumettre aux passions amoureuses sa créature « Adam »,la déconvenue de la promise sera grande lorsqu’elle s’apercevra que son créateur n’a pas complètement « terminé » son travail. Une œuvre au fort relent érotique, la plus « détendue » de toute la série.

La quatrième aventure « Les mémoires d’un immortel » sera plus classique, un sérum qui une fois injecté donnera l’apparence de la mort et permettant ainsi au sujet de connaître les véritables sentiments qu’éprouvent ses proches à son égard. Ici le professeur se fera le bras armé de la science qui utilisera son génie pour le bonheur d’une seule et unique personne, révélant ainsi son coté philanthropique.

Avec le « Biocole » c’est le retour à une œuvre à la thématique plus fouillée, avec un sujet encore neuf pour l’époque. Tornada trouve le moyen de prolonger la durée de vie en remplaçant les organes « usagés » par des neufs et de soumettre ainsi ses patients à un traitement spécial et revitalisant. La terre se sur-peuple, la misère apparaît, les guerres civiles éclatent. Ses découvertes se succèdent, dont une super « pilule nutritive » mais conscient du mal que sa technique d’immortalité génère il décide de mettre fin à cette douce utopie qu’il avait créée sous le nom de « Biocolie ». Un texte vraiment réussi, reprenant également de nombreuses thématiques chères à l’auteur, un texte phare dans sa bibliographie.

Avec « Le cas de la baronne Sasoitsu » sixième et dernière aventure du cocasse professeur, il nous régale cette fois de l’invention d’un curieuse machine à rayons « Ultra verts » générant ce qu’il appelle une « onde Tornadienne » et capable de régénérer les tissus et de redonner jeunesse et beauté à un visage. Une histoire « conjecturo-policiére » où une fois de plus la science de Tornada sera remise en question.

A l’age de 76 ans Couvreur entame la prochaine aventure du génial savant « La mort du soleil ». Je reprends le résumé réalisé par Claude Deméocq dans sa passionnante étude consacrée au personnage :

« Dans l’atmosphère de la débâcle, un couple et leurs enfants se réfugient chez Tornada. Les Allemands ont gagné la guerre. Le soleil est obscurci par les effets nocifs des bombes. Tornada va tenter d’être le maître du monde….. »

Nous ne connaîtrons pas la suite, Couvreur va décéder des suites d’une mauvaise chute, seul et dans l’indifférence totale en 1944. Sa dernière œuvre semblait empreint d’un grand pessimisme, une histoire tragique et négative marquée semble t-il par le traumatisme de la guerre. Au moment de sa rédaction, il ignorait probablement le tournant qu’allait prendre la conflit et dans ses heures sombres que traversa la France peut-être voyait-il dans le génial Tornada la seule alternative possible pour sauver l’humanité.Il est touchant de voir à quel point le désespoir peu vous amener à fuir la réalité et vous conduire aux frontières de l’imaginaire.

Personnage pittoresque, mégalomane, quelque fois un peu dérangé mais génial créateur de toute une quirielle d’inventions faite pour le bien être de l’humanité ou de son ambition personnelle, Tornada est l’incarnation même du savant pour qui la fin justifie les moyens. L’œuvre de Couvreur, sans cesse baignée dans une atmosphère d’un érotisme toujours de bon aloi, est d’une grande originalité et reste toujours extrêmement plaisante à lire. Son excentrique personnage, hélas pratiquement ignoré de nos jours est une figure incontournable du paysage du « merveilleux scientifique » qu’il serait grand temps de réhabiliter par une intégrale de ses exploits et qui à l’époque ne connurent qu’une modeste publication dans « Les œuvres libres ».

Il est regrettable de constater le manque d’intérêt que lui portent une fois de plus une grande majorité d’éditeurs, renforçant d’une manière encore plus évidente ce mépris affligeant à l’égard d’un genre d’une richesse inouïe.

 sanstitre9lks dans les auteurs et leurs oeuvres

 Les créatures du Professeur sont lâchées sur Paris

 

Bibliographie des aventures du Professeur Tornada

« Une invasion de macrobes » Première apparition de Tornada. Supplément à l’illustration : 6, 13,20 et 27 Novembre 1909. Magnifiques illustrations intérieures de Devambez.

« Une invasion de macrobes » Editions Pierre Lafitte 1910. Édition revue et corrigée. Couverture couleur de Devambez.

- « Une invasion de macrobes » Éditions Tallandier collection « le lynx » N°7 (vers 1940) Couverture de Maurice Toussaint. Texte identique à celui de « L’illustration »

- « Un invasion de macrobes » Éditions Apex collection « Périodica » N°20. Gonfaron 2001. Réédition en fac- similé du supplément à « L’illustration ».

- « Une invasion de macrobes » Editions Ombre « Les classiques de l’utopie et de la science-fiction ».1998. Avec une passionnante introduction de Claude Deméocq « André Couvreur et les fantaisies du Professeur Tornada ». Cette introduction est en fait une reprise d’une article réalisé par le même auteur pour la revue « Le visage vert » (N°2 Janvier 1997) intitulée « André Couvreur ou le Merveilleux Scientifique Médical »

- « L’androgyne » Deuxième aventure du Pr. Tornada. Editions Arthème Fayard « Les œuvres libres » N°7, Janvier 1922. Réédition chez Albin Michel 1923. Edition revue et corrigée sous le titre « L’androgyne, les fantaisies du Pr. Tornada ».

- « Le valseur phosphorescent » Troisième aventure du Pr. Tornada. Arthème Fayard « Les œuvres libres » N°30, Décembre 1923.

- « Les mémoires d’un immortel ». Quatrième aventure du Pr. Tornada. Arthème Fayard « Les œuvres libres » N°42, Décembre 1924.

« Le Biocole ». Cinquième aventure du Pr. Tornada. Arthème Fayard « Les œuvres libres » N°72, Juin 1927.

« Le cas de la baronne Sasoitsu » Sixième aventure du Pr. Tornada. Arthème Fayard « Les œuvres libres » N°214, Avril 1939.

Bibliographie des œuvres Conjecturales ou Fantastiques

« Le mal nécessaire » Premier volume du cycle « les dangers sociaux » Première apparition du Docteur Caresco. Editions Plon-Nourrit. 1899.

- « Caresco, surhomme ou le voyage en Eucrasie. Conte humain ». Deuxième apparition du Docteur Caresco. Illustrations en N&B et couleurs de Malassis. Editions Plon-Nourrit. 1905.

- « Le lynx » en collaboration avec Michel. Ecrivain à qui l’on doit également quelques œuvres conjecturales. Première publication dans la revue « Excelsior » du 21 Février au 18 Avril 1911. Réédition en volume, éditions Pierre Lafitte. 1911.

- « En au-delà »Editions Arthème Fayard « Les œuvres libres » N°178, Avril 1936. Contrairement aux références faites par Claude Deméocq dans la revue « Le visage vert » cette aventure n’est pas la sixième du Pr. Tornada, puisque le personnage est absent du roman.

Il est à mentionner la passionnante étude actuellement encore disponible sur André Couvreur et réalisée par Claude Deméocq :

« André Couvreur, ou le merveilleux-scientifique médical ». Par Claude Deméocq, dans la revue « Le visage vert » Nouvelle série N°2. Janvier 1997. Avec bibliographie et documents inédits. Ce texte sera en partie repris dans l’édition de la « Petite bibliothèque ombres »

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 Les « Macrobes » sont en action….pas pour longtemps!

 

Récurrence du thème du « savant fou » et autres dans la littérature d’imagination scientifique

 

« Robur » de Jules Verne :

-« Robur le conquérant » Editions Hetzel ,1886. Nombreuses éditions.

- « Le maître du monde » Editions Hetzel, 1904. Nombreuses éditons

« Le Professeur Synthés » de Léon Boussenard :

- « Les secrets de Monsieur Synthés » Editions C.Marpon et F.Flammarion. Illustration CH.Clerice, 1888.

« Dix mille ans dans un bloc de glace ». Editions C.Marpon et F.Flammarion. Illustration CH.Clerice, 1889.

« Le docteur Faldras » de O.de Traynel :

- « La découverte du Dr Faldras » Librairie Paul Ollendorff. Illustrations de José Roy, 1908.

« Elisabeth Faldras ». Librairie Paul Ollendorff. Illustrations de Géo Dupuis, 1908.

« Le docteur Fu-Manchu » de Sax Rohmer (pseudo de Arthur Sarsfield Wade) :

« Imaginez-vous un homme de haute taille, maigre, félin, haut d’épaules, avec le front d’un Shakespeare, à la face de Satan,au crâne rasé,aux yeux bridés,magnétiques,verts comme ceux d’un chat. Supposez-lui la cruelle intelligence de l’Asie entière, accumulée dans un puissant cerveau, décuplée par une souveraine connaissance de la science passée et présente, par les possibilités infinies d’un gouvernement riche qui, cela va sans dire, à jusqu’ici dénié toute connaissance de sa réalité. Imaginez cet être terrible et vous aurez le portrait du docteur Fu-Manchu, le péril jaune incarné en un seul. » Un des personnages les plus emblématiques du savant au service du mal, incarnation de toutes les peurs de cette époque qui voyait dans l’Asie un peuple mystérieux, mais perfide et sournois, le fameux « péril jaune ».

Un personnage fascinant dans des aventures à (re)découvrir de toute urgence Je ne mentionne ici que les principales éditions.

« Le Dr Fu-Manchu » Librairie des champs élysées « Le masque collection de romans d’aventures » N°94. 1931.

- « Le diabolique Fu-Manchu »Librairie des champs élysées « Le masque collection de romans d’aventures » N°107. 1932

« Le masque de Fu-Manchu » Librairie des champs élysées « Le masque collection de romans d’aventures » N° 139. 1933.

- « La fille de Fu-Manchu » Librairie des champs élysées « Le masque collection de romans d’aventures » N° 185. 1935.

« Sur la piste de Fu-Manchu » Editions Gallimard « Détective ».1936

- « Le mystère du Dr Fu-Manchu » Editions Gallimard « Détective ».1936

- « L’ombre pourpre, la fiancée de Fu-Manchu » Les éditions de France « À ne pas lire la nuit ».1937. Réédition édito service « Les chefs-d’oeuvre du roman policier »,1972. Rééditions Editions Opta « Club du livre policier » 1968 contient « Le docteur Fu-Manchu » et « Le diabolique Dr Fu-Manchu » Réédition

Jacques Glénat collection « Marginalia » 1976 : « La colère de Fu-Manchu » contient : – La nuit de Chinatown – Le coffre de Fu-Manchu – Les yeux de Fu-Manchu – La parole de Fu-Manchu – Le cerveau de Fu-Manchu

Intégrale de la série « Fu-Manchu » Editions Alta en 7 tomes :

Tome 1 (1978) – Le mystérieux Dr Fu-Manchu » – La résurrection de Fu-Manchu.

Tome 2 (1978) – Le mystère de Si-Fan – Le singe bleu. – La marque du singe – La fille du Fu-Manchu

Tome 3 (1978) – Le Yatagan Turc – Le prophète au masque d’or – La fiancée de Fu-Manchu

Tome 4 (1979) – La piste de Fu-Manchu – Le président Fu-Manchu

Tome 5 (1979) – Les tambours de Fu-Manchu – L’île de Fu-Manchu

Tome 6 (1979) – L’ombre de Fu-Manchu – Fu-Manchu rentre en scène

Tome 7 (1979) – Fu-Manchu empereur

Réédition Librairie des champs élysées « L’intégrale du masque » 1996. Contient : – « Le mystérieux Dr Fu-Manchu » - « La résurrection de Fu-Manchu »« Les Mystères du Si-Fan »« La fille de Fu-Manchu »« Le prophète au masque d’or »

Rééditions U.G.E collection 10/18 : – « Le mystérieux Dr Fu-Manchu » 1988 – « La résurrection du Dr Fu-Manchu » 1988 – « Le diabolique Dr Fu-Manchu » 1988 – « Les mystères du Si-Fan » 1988 » – « La fille de Fu-Manchu » 1988 Réédition de l’intégrale ( ?) aux éditions Zulma « Romans noirs) – « Les mystères du Si-Fan »« Les créatures du Dr Fu-Manchu » - « Le mystérieux Dr Fu-Manchu »

« Le mystérieux Docteur Cornélius « le Sculpteur de chair humaine » de Gustave Le Rouge » :

Maison du livre moderne. Série en 18 facsicules.1912.

- L’énigme du Creek sanglant.

- Le manoir aux diamants.

- Le sculpteur de chair humaine.

- Les lords de la main rouge

- Le secret de l’île des pendus.

- Les chevaliers du Chloroforme.

– Un drame au lunatic asylum.

- L’automobile fantôme.

- Le cottage hanté.

- Le portrait de Lucrèce Borgia.

- Cœur de gitane.

– La croisière du gorille club.

- La fleur du sommeil.

- Le buste aux yeux d’émeraude.

- La dame aux scabieuses.

- La tour fiévreuse.

- Le dément de la maison bleue.

- Bas les masques !

Réédition en 1918.Editions Jules Tallandier « Les romans pour tous »

- « Le mystérieux Dr Cornélius » Fascicule 1&2

- « Le sculpteur de chair humaine » Fascicule 3&4

- « Les chevaliers du Chloroforme » Fascicule 5&6

- « Le secret de Miss Ophélia » Fascicule 7&8

- « Le cottage hanté » Fascicule 9&10

- « Cœur de gitane » Fascicule 11&12

- « Le buste aux yeux d’émeraude » Fascicule 13&14

- « La dame aux scabieuses » Fascicule 15&16

- « Le dément de la maison bleue » Fascicule 17&18.

– Réédition Jérôme Martineau « Collection « Gustave Le rouge » contient les six premiers fascicules de la série. 1966

- Réédition U.G.E, Collection 10-18 Série « L’Aventure insensée » en cinq volumes 1975.

- Rééditions Robert Laffont collection « Bouquin » 1986.

- Réédition de l’intégrale en 8 volumes aux éditions Manucius « Aventures et Mystères » (2006/2007)

« Le Professeur Fringue de H.J.Magog » :

« Trois ombres sur Paris » Librairie Gallimard « Les chefs-d’oeuvre du roman d’aventures ». 1929. Réédition Chez Tallandier collection « Le Lynx » N°27, 1941. Puis réédité à la « Bibliothèque Marabout » N° 555, 1975. Préface de Jacques Van Herp.

« L’homme qui devint gorille » Deux fascicules aux éditions Tallandier « le livre de poche » : « La fiancée du monstre » N°46, 1917 et « Le gorille détective » N° 47,1917. Editions Ollendorff en 1921. Editions Rouff « Grande collection nationale N° 196. Tallandier Editions Cosmopolites, 1930 avec une superbe jaquette couleur. Editions Jacques Glénat collection « Marginalia » 1977.

« Le professeur Daniel Dorteuil Dit « Miraculas »de H.De Volta :

« Aventures prodigieuses de Miraculas, l’homme aux mille et une merveilles » Série en 20 Fascicules. Editions Jules Tallandier « Bibliothèque Cadette » 1921.

- L’art d’escamoter les gens.

– Le tonnerre dans une boite.

- Milliardaire en une minute.

- Au pays de la peur.

- La taupe d’acier.

- Cinq cents lieues sous la terre.

- Ressuscités…après cent mille ans.

- Les miroirs qui trahissent.

- Le mystère de Franklin-Hill.

- La découverte de l’Atlantide.

- La fin des guerres.

– L’obus hanté.

- Au secours d’une vie humaine.

- L’attaque du convoi d’or.

- Vers les mondes inconnus.

- Les hélices paralysées.

- Le taureau pétrifié.

– Invulnérable.

- Une révolution géographique.

- Scientific- city.

« Le professeur Flax  monstre humain de Jean Ray »:

Bien qu’il s’agisse d’un génie du crime il n’en capturera pas moins 31 enfants âgés de six mois et particulièrement intelligents afin de leur inoculer le « Flaxium » substance extraire du radium. Le résultat de cette expérience, la fabrication de petits génies spécialisés dans différentes disciplines.

- « Le professeur Flax monstre humain »Fascicule N° 18.Sociéte anonyme Roman-, Boek- en Kunsthandel imprimeur éditeur. Amsterdam Juin 1930.

- « Une poursuite à travers le désert »Fascicule N° 19.Sociéte anonyme Roman-, Boek- en Kunsthandel imprimeur éditeur. Amsterdam Juin 1930.

- « Le repaire aux bandits à Corfou » Fascicule N° 21.Sociéte anonyme Roman-, Boek- en Kunsthandel imprimeur éditeur. Amsterdam Juin 1930.

- « La prisonnière du clocher » Fascicule N° 22.Sociéte anonyme Roman-, Boek- en Kunsthandel imprimeur éditeur. Amsterdam Juin 1930.

- « Le Rajah rouge » Fascicule N° 26.Sociéte anonyme Roman-, Boek- en Kunsthandel imprimeur éditeur. Amsterdam Juin 1930.

- « Le bourreau de Londres » Fascicule N° 27.Sociéte anonyme Roman-, Boek- en Kunsthandel imprimeur éditeur. Amsterdam Juin 1930.

Rééditions chez « Corps 9 », Tome 1 avec les trois premières aventures. Tirage limité 1000 exemplaires. 1983. Tome second les trois dernières aventures. Tirage limité 1000 exemplaires. 1983.

« L’ingénieur Sweeney de Jules D’ottange » :

Saga de « La chasse aux milliards » en quatre volumes, P.Lethielleux, libraire éditeur. :

- « Fin tragique d’un milliardaire, l’héritier du milliardaire » 1925.

- « All right ! » 1926.

- « Le poisson d’acier » 1928.

- « Electroville » 1931.

 

« Fu-Mandchou Le futur maître de l’univers » par le Capitaine Ricardo.

« La montagne noire » Les nouvelles aventures de Victor Vincent. Fascicule N°154. Editions G.Van Loo Anderlecht. (s.d cers 1950).

- « S.O.S ici la terre » Les nouvelles aventures de Victor Vincent. Fascicule N°155. Editions G.Van Loo Anderlecht. (s.d cers 1950).

- « L’anéantissement » Les nouvelles aventures de Victor Vincent. Fascicule N°156. Editions G.Van Loo Anderlecht. (s.d cers 1950).

 

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L’élégance de Caresco                                                                                                                            La truculence de Tornada

 

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La Superbe couverture de chez « Lafitte »                                                                        La « trogne » Typique du savant dans les années 30

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Archive N°17 « Un Manuscrit Trouvé Dans Une Bouteille » Mystére et Horreur Dans L’antarctique !

Posté le Mardi 20 avril 2010

« Un manuscrit trouvé dans une bouteille. Mémoires de l’ingénieur Paolo Roberto Liviani, recueillis par Yambo »

Editions Albin Michel. 1931. Traduit et adapté de l’Italien par la comtesse de Gencé. (Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique N°20, Pâques 1998 ,140 exemplaires)

Ce fameux texte trouvé comme son nom l’indique dans une bouteille, nous relate l’extraordinaire aventure de l’ingénieur Paolo Roberto Liviani. Le manuscrit offert à Yambo lors d’une nuit de beuverie, fut trouvé accidentellement dans le ventre d’un requin. Le récit, bien qu’incomplet, relate des faits de natures effroyables.

Liviani est un homme dynamique mais sa petite concession minière prés de San Juan bat dangereusement de l’aile. Ne pouvant supporter de mettre son personnel à la rue, il décide de contacter un riche propriétaire afin de trouver de nouveaux capitaux. Ce dernier, lui donne un rendez-vous trois jours après, dans une petite ville du nom de Maypo. Le seul moyen de s’y rendre rapidement est le bateau. Malheureusement, depuis quelques jours une tempête fait rage interdisant tout transport par voie maritime. Le désespoir procure à notre homme une bonne dose de courage et avec l’aide d’un de ses ouvriers, parvient à embarquer sur un navire de très mauvaise réputation, un rafiot maudit aux allures de vaisseau fantôme. En compagnie de son fidèle chien Lampo, commence alors une traversée de cauchemar. Mais comment pourrait-il en être autrement dans un tel repère de brigands ?

L’horreur ne fait qu’augmenter lorsqu’il découvre fortuitement qu’avec la complicité de Gustave Fuentes son propre contremaître et dénué de tout scrupule, le capitaine se livre à un commerce immonde : enlever des enfants dont l’age varie entre le berceau et l’adolescence afin de les transporter dans une île au large de la Patagonie. Là, des docteurs déments accomplissent sur leurs corps des opérations étranges et cruelles et en font des « prodiges de souplesse et de monstruosité » Par de savantes et douloureuses injections sous-cutanées et d’ingénieux instruments de tortures,ils produisent des monstres ridicules et difformes,préparant ainsi ces pauvres déchets de l’humanité à remplir les cirques ou les baraques foraines,que la foule avide de sensations fortes vient contempler.

Fort heureusement l’ingénieur parvient à se faire un allié, un jeune garçon prisonnier à bord de la « Whale » et qui lui sera d’une aide très précieuse. Dés lors, la résistance s’organise, les deux « mutins » réussissent à voler deux armes avec quelques cartouches. Dans la cale ils organisent une barricade. L’équipage va tenter rapidement de maîtriser les insurgés, l’assaut est donné, la bataille fait rage….Malgré leur courage ils seront très vite submergé par le nombre, si bien que les résistants capitulent. Liviani est jugé à la hâte et condamné à mort. Par Chance, au moment où la sentence allait être exécutée, le capitaine est frappé d’un mal mystérieux. C’est la peste qui vient de s’inviter à bord et compte bien emporter son lot de vies humaines. Les hommes tombent comme des mouches, la panique s’empare de l’équipage. L’ingénieur profite de la confusion qui règne à bord, il possède quelques notions de médecine qui lui accordent un peu de répit. Petit à petit tout l’équipage vient à succomber, les deux « mutins » seront les seuls épargnés, pour une mystérieuse raison.

Mais pour l’heure il y a une autre préoccupation, privé de son équipage, le voilier dérive de plus en plus vers les mers du Sud. Un jour, comble de malchance, une formidable tempête se lève et le bateau chahuté par les éléments fait naufrage sur une île volcanique. Seuls survivants, ils partent à la découverte de cette nouvelle terre d’exil. Le sol y est aride, le paysage des plus lugubre. Leur exploration va les mener dans une petite crique où ils découvrent une frêle embarcation, une petite baleinière portant le nom de « Le Clairville Québec ». Comment une si petite embarcation a-t-elle pu se retrouver là, loin de tout et de son lointain port d’attache. Que peut bien justifier ici sa présence, alors qu’il n’y a personne sur cette île ? Autant de questions qui ne font qu’augmenter leur trouble et leur inquiétude. Mais une autre surprise les attend, désagréable cette fois ci.

Dans la falaise où « les roches formaient un petit escalier digne des titans de la fable » ils découvrent l’entrée d’un passage, port ouverte béante sur une nouvelle abomination. A l’intérieur, il n’y a que mort et désolation. Dans la grotte des cadavres sont amoncelés, dans un état indescriptible. Les corps ne portent aucune trace de violence,mais leur visage exprime une grande peur et une terrible souffrance. Que s’est-il passé ? Un document arraché à la main de l’un d’eux, vient épaissir encore plus le mystère. Il est question d’une exploration vers le pole sud, de mutinerie, d’un mal mystérieux….. Une aura d’effroi et de désolation semble alors recouvrir ce singulier îlot volcanique et plutôt que de céder à la peur,nos infortunés naufragés décident alors de tenter le tout pour le tout et de partir à bord de la baleinière. Au moment de partir, un rocher attire leur attention. A ses pieds ils aperçoivent un squelette humain un doigt pointé vers l’avant, comme un avertissement et sur la roche une inscription gravée : « Ile de la mort »

Leur périple maritime se poursuit, nouvelle tempête, nouvelle destination, l’ultime et la plus effroyable. Ils dérivent sans fin et un matin, après une errance dans un mystérieux courant, éclairés par une lumière jaunâtre ils abordent un autre rivage, de glace celui-ci. Un fracas épouvantable laisse tout à coup la place à un silence de mort. A l’endroit ou ils pensaient trouver un peu d’espoir, ils vont vite se rendre compte que le cauchemar ne fait que commencer. Le paysage semble doté d’une force maléfique, invisible, sournoise, le mal à l’état pur. Une présence redoutable, malfaisante se fait ressentir dans toute chose. Ce calme apparent n’est là que pour faire éclater l’horreur d’une manière aussi brutale que soudaine. En face d’eux un spectacle incompréhensible et qui dépasse leurs sens des réalités, car c’est une « foret qui semble vivante » qui s’approche d’eux et dont chaque arbre est la personnification de vos plus terribles cauchemars :

« Sans feuille, au tronc lisse, tiède et dont le tissu ligneux avait une inexplicable souplesse ou plutôt une certaine élasticité. A l’endroit du tronc d’où partaient les rameaux, existait une protubérance, une espèce de nœud. Le fait qu’il ne s’agissait pas d’une protubérance ni d’un nœud ordinaire. Au centre brillait une lueur spéciale, je dirais presque cristalline…c’était bien un œil, un œil véritable, dans lequel on lisait la vie, la force et l’expression d’un organisme qui pense et veut. »

Ils feront les frais de leur témérité. Capturés par ces monstres,enlacés par une multitude de rameaux flexibles et prêts à être vidés comme de vulgaires poulets,les deux hommes ne doivent leur salut qu’à l’intervention inespérée de trois autres naufragés,échoués sur l’île depuis plusieurs semaines. Ce long séjour leur permirent d’observer et de déjouer la technique de ce qu’ils appellent le « Lively Wood » (Forêt mouvante).

Dick, Ellen et Pablo narrent leur naufrage, les journées d’angoisse et cette forêt mouvante quasi présente et qui ne cesse de les harceler. Séjourner plus longtemps sur le « Warm-Land » c’est aller vers une mort certaine. La décision est prise de construire une embarcation de fortune avec les restes de l’ancien bateau. Mais le temps presse, le sol est agité de fréquentes et violentes secousses, des fissures s’ouvrent faisant jaillir le feu de toute part. Une force irrésistible s’acharne à vouloir les retenir sur l’île. La « Lively Wood » s’approche inexorablement de leur fragile retraite. En catastrophe, le semblant d’esquif est mis à l’eau, plus le temps de fignoler. Mais un nouvel élément inattendu vient encore retarder le départ, la barque ne veut avancer comme si quelque chose voulait la retenir à la rive. Le pire reste à venir :

« Du fond des ondes obscures, une chose informe, longue, verdatre, hérissée d’épines, une chose qui ondoie une seconde dans l’air et disparaît prés de la quille de la barque avec un frémissement sourd. »

Les arbres gagnent du terrain, dans l’air s’agitent de longs tentacules, des corps vermiformes, des mandibules titanesques. L’effroyable légion des monstres hideux, répugnants se dirige vers les infortunés, pour les absorber, les anéantir…ou peut-être pire encore ! Tout semble perdu…dans un ultime sacrifice, Liviani prend sa toute dernière décision :

« Je vais me jeter à la mer et j’accepterai la lutte avec l’être mystérieux et formidable qui nous retient prisonnier, comme s’il était secrètement d’accord – alliance infâme ! – avec cette armée de chimères qui s’avance lentement, inexorablement vers nous en faisant un bruit à peine perceptible »

Fin du manuscrit !

Citons pour conclure l’auteur qui en toute dernière page déclare :

« Les heureux mortels qui atteindront le pôle sud du monde,nous dirons ensuite si le petit continent volcanique peuplé de monstres horribles et qui devrait se trouver au centre même de la mer du Sud,existe réellement ou s’il n’a existé…que dans l’imagination de l’infortuné navigateur. »

Archive N°17 yambo3 dans archives du bulletin

Dans le mystère des pôles

Ce texte fut publié en 1926 et relate des faits survenus à Liviani peu après 1900. Admunsen puis l’explorateur Scott avaient atteint le 90° respectivement vers 1911 et 1921. L’auteur utilisera cette toute nouvelle géographie du pôle afin de se l’approprier et donner une vision très personnelle et pour le moins terrifiante de ces nouvelles contrées jusqu’à ce jour inexplorées.

« Où Roald Admunsen ne vit qu’une étendue de glace uniforme et désolée, l’ingénieur Liviani trouva des mers libres et tempétueuses, des terres sauvages et fantastiques, une zone Antarctique parsemée d’îles et de rochers volcaniques qui gardent encore les troublants secrets de nos origines : Quand la terre commençait à se peupler d’organismes rudimentaires, hideux et fantastiques, hésitant entre l’immobile forme végétale et l’esthétique rampante et lourdes des reptiles. »

Un sujet en or, une thématique des plus audacieuse qui ne pouvait laisser indifférent un bon nombre d’écrivains. Digne de figurer dans un recueil de « Weird Tales » avec son ambiance imprégnée d’une menace permanente et invisible, son île mystérieuse, ses êtres cauchemardesques et tentaculaires, ce roman trop peu connu à mon avis, aborde pourtant plusieurs thèmes essentiels de notre genre de prédilection : Roman d’aventure et d’exploration et ce dans la plus pure tradition, roman fantastique et bien sur roman conjectural.

Si le premier thème est une constante tout au long de l’ouvrage (le prétexte de l’histoire se trouve dans ce voyage involontaire sur le navire avec force de descriptions et de toutes les conséquences que cela entraîne), venons en au second qui plus que tout autre, marque cette effroyable aventure d’une manière indélébile.

L’ombre de W.H.Hodgson est quasi permanente (« Les canots du Glen Garrig » et « L’horreur tropicale » des sommets de la littérature d’épouvante) avec cette présence permanente et obsessionnelle de la mer et de ses mystères. Elle y est décrite comme une véritable entité vivante, souvent cruelle et impitoyable, pouvant à tout moment lâcher tout un cortége de monstres et d’abominations. L’auteur joue parfaitement bien avec toute cette aversion qu’elle peut susciter et nous plonge de façon continue dans un état de crainte et de méfiance. Tout dans le récit de cette aventure respire l’angoisse et la peur.

Je me rappelle d’un autre texte tout aussi terrifiant, de la main d’un grand conteur, pour qui la mer était souvent représentée comme un élément terrible et fascinant à la fois : Jean Ray ! Sa longue nouvelle « Le psautier de Mayence » nous apporte la preuve du talent de l’écrivain mais également du lien étroit qui pouvait unir toute cette catégorie de romanciers pour qui la mer était une porte ouverte sur des horreurs pouvant dépasser l’imagination, « un lieu maudit, géométrie de toutes les terreurs ».

Pour en revenir à ce fameux « manuscrit », la deuxième partie, outre ses relents « Hodgsonien » mérite toute notre attention car non seulement elle est de loin la plus « délirante » mais nous rapproche également d’un autre auteur pour qui la mer était tout aussi monstrueuse, H.P.Lovecraft. Si le style de « Yambo » y est plus dépouillé et moins percutant que « le maître de Providence » il n’en reste pas moins d’une grande efficacité. Départ sur un rafiot « maudit » à l’équipage douteux, ce monstrueux trafic d’enfants que l’on transforme en « Freaks »,la mutinerie, la peste ,l’île de la mort puis ce « passage » fait de manière incompréhensible vers le sud ,ce « Warm-Land » et sa foret vivante.

Ce lieu de perdition et d’épouvante abritant cet être terrible vivant dans les profondeurs de l’océan serait-il l’incarnation de ce dieu monstrueux dont parlent les légendes ? L’île serait-elle une entité vivante, un des derniers bastions des Grands anciens ? Une fois de plus des questions qui resteront sans réponse, le récit du dernier survivant tournant court.

La partie conjecturale est tout aussi passionnante car l’auteur n’est pas avare d’audacieuses hypothèses avec cette théorie d’un passage existant dans un mystérieux endroit et conduisant les marins du « Le Clairville » dans les glaces du pole du sud à bord d’une aussi frêle embarcation. Vient ensuite l’existence d’une terre chaude située dans les régions polaires, habitée par une race ancienne (végétale, animale, humaine ?) existant semble t-il bien avant l’apparition de l’homme (thème récurant dans l’œuvre de Lovecraft).

La lecture de ce texte m’a souvent fait penser au roman de E.A.Poe intitulé « Les aventures d’Arthur Gordon Pym » où l’on retrouve un peu la même trame, avec ce voyage en mer, la description de la vie à bord et la découverte dans les îles antarctiques d’une faune et une flore plutôt déstabilisante.

Il faut également se rappeler d’un article paru dans le Fiction N° 74 (Janvier 1960) intitulé « Tekéli-li, la postérité littéraire d’Arthur Gordon Pym » de Demetre Ioakimis et Pierre Strinati. Dans cet article il est question d’une mise au point de la dette de certains auteurs à l’égard du texte de Poe. Les textes analysées sont ceux de Jules Verne « Le sphinx des glaces », de H.P.Lovecraft « Les montagnes hallucinées », et de André Dominique « Conquête de l’éternel ».

Visiblement ces auteurs tentèrent d’apporter une continuité aux aventures de Pym, avec cette même approche de tout le mystère qui semble envelopper les immensités immaculées de la calotte glaciaire. C’est le fameux cri de ces étranges oiseaux blanc « Tekéli-li » qui fera le lien entre les différentes œuvres et même si ce dernier reste absent dans ce « Manuscrit trouvé dans une bouteille », il existe cependant beaucoup de similitudes avec le roman de Poe et il est clair que l’hommage au maître est incontestable, sans toutefois le plagier.

Ecrit en 1926, ce qui lui confère une certaine antériorité face aux ouvrages de Lovecraft ou de Dominique, ce Manuscrit est un plaisant ouvrage aux thématiques passionnantes, une œuvre qui mériterait un peu plus de reconnaissance.

L’auteur et son œuvre

Yambo est le pseudonyme d’un auteur Italien, Enrico Novelli (1876 1943), qui écrivit de nombreux ouvrages pour la jeunesse et d’œuvres conjecturales. Il illustra souvent ses textes et ses dessins sont toujours caractérisés par une imagination des plus farfelue. La liste qui va suivre est loin d’être exhaustive et il est fort probable, par manque de références, que pour certains titres Novelli n’en soit que l’illustrateur.

- Dalla terra alle stelle viaddio atraverso l’infinito. 1890

- La guerre del XX século (la guerre au XXéme siècle) 1899.

- Due anni in velocipede. 1899.

- Gli eroi del gladiator.1900

- I miracoli del professeur Walton.1904.

- I fratelli de la mano rossa.1904.

- Capitan Fanfara. Il giro del mondo in automobile. 1904

- Gli esplorati dell’ infinito. 1906. Illustré par l’auteur et inspiré du roman de Jules Vernes « Hector Servadac ». Ce roman raconte l’aventure de deux Américains qui, profitant du passage d’un astéroïde, s’y installent et parcourent ainsi tout le système solaire avant de revenir sur la terre.

- Le avventura del capitaino Bombax.1907.

- La colonia lunare. 1908.

- Il mammouth. 1909.

- La rivincita di lissa.1909.

- Fortunato per Forza !1910

- El re dei mondi (Roi des mondes) 1910.

- La banda di Carlo Bousset.1911.

- Atlantide- I figli dell’Abisso .1912.

- L’atomo.1912

- Un viaggio al centro dell’ universo invisibile. 1919.

- I figli dell’ abisso.1921

- Manuscritto trovato in una battigli (Manuscrit trouvé dans une bouteille) 1926.

Références des textes cités dans l’analyse

- « Aventures d’Arthur Gordon Pym » de Edgar Allan Poe. Traduction de Charles Baudelaire. Paris Michel Lévy Fréres.1858. Il existe de nombreuses rééditions.

- « Le sphinx des glaces ». Edition Hetzel et Cie, Bibliothèque d’éducation et de récréation « Les voyages extraordinaires ». 1897. Nombreuses autres rééditions.

- « Les montagnes hallucinées » Howard Phillips Lovecraft. Dans le recueil de nouvelles « Dans l’abîme du temps » Editions Denoël « Présence du futur » N° 5. 1954.

- « Conquête de l’éternel » de André Dominique. Librairie Gründ.1947.

- « Les canots du Glen Carrig » de William Hope Hodgson. Nouvelles éditions Oswald.1979.

- « L’horreur tropicale » de William Hope Hodgson. Nouvelles éditions Oswald N°69.1983.

- « Le psautier de Mayence » de Jean Ray. Dans le recueil « La croisière des ombres » Les éditions de Belgique 1931.Rééditions Nouvelles éditions Oswald. N° 106. 1984.

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Posté le Lundi 12 avril 2010

Jean Marc Lofficier, éditeur dynamique tant pour son travail sur l’exhumation de classiques de la SF que pour la découverte de jeunes talents, recherche dans le cadre d’un futur projet, les photocopies de deux romans d’un auteur surtout connu pour avoir rédigé « La cité de l’or et de la lèpre » publié dans la célèbre revue « Sciences et Voyages ». Ces textes furent publiés dans la revue « L’intrépide » :

- « Les géants du lac noir » du N° 1065 ( 18 Janvier 1931) au N° 1089 (5Juillet 1931).

- « Les troglodytes du mont Everest »du N° 961 (20 Janvier 1929) au N° 985 (7Juillet 1929)

Je suppose que parmi les nombreux rats de bibliothèque qui consultent ce blog, il en existe qui seront probablement en possession de ces raretés. Si c’est le cas, vous serait-il possible de contacter Jean Marc soit au moyen de son forum (voir lien à droite de la page)

Soit par ce blog et je me chargerai de lui communiquer vos coordonnées afin de vous arranger directement. En vous remerciant par avance, je compte sur votre participation. Rire

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