« Jacques Spitz » Un Ecrivain « Fantastique » à (Re) Découvrir!

Posté le Lundi 12 avril 2010

« L’homme élastique » de Jacques Spitz. Éditions de la nouvelle revue Française collection « Les romans fantastiques ».1938.

Profitant d’une publicité trouvée dans un des volumes de cette collection consacrée à Jacques Spitz, voici donc le résumé de ce singulier roman ou l’auteur aborde avec brio le thème de « L’homme modifié »:

« Dans la nouvelle collection de « Romans fantastiques » où l’on s’efforce de remettre en faveur un genre qui fit le renommée de Wells et de Jules Verne, « L’homme élastique » vient prendre place après « La guerre des mouches », « Les évadés de l’an 4000 » et « L’agonie du globe ». Un savant assez original, le docteur Flohr, découvre le moyen de dilater ou de comprimer les atomes, ce qui lui permet de faire varier les dimensions des organismes vivants et en particulier des hommes. La chose paraîtrait incroyable si le docteur Flohr, dont on nous donne le journal, n’indiquait avec une grande précision les moyens qu’il emploie et la façon dont il se trouve conduit cette sensationnelle découverte. Il commence à emmener un nain à des dimensions normales, mais serait assez gêné pour trouver de nouveaux sujets d’expérience, si une guerre Européenne n’éclatait fort opportunément. Le docteur Flohr va mettre son invention au service de la défense nationale, et, devant le succès des expériences de contrôle, le haut commandement n’hésite pas à lui confier une division de 7000 hommes qu’il devra tous réduire à cinq centimètres de hauteur. Ces petits soldats, presque invisibles, font merveilles, remportent la victoire, et voilà l’invention lancée. Peu à peu, l’humanité qui commençait à se lasser de l’uniformité de sa taille depuis l’age des cavernes, se laisse tenter par la variété des nouvelles dimensions qu’elle peut acquérir. Elle entre dans les autoclaves du docteur pour en sortir avec des tailles qui s’échelonnent entre quelques centimètres et trois cent mètres de haut. Les nouveaux pouvoirs qu’elle acquiert ainsi sur la nature sont extraordinaires. Mais la chose ne va pas – on le pense bien – sans de grands bouleversements politiques, sociaux et moraux, et l’humanité nouvelle ne conserve pas grand’chose de tous les préjugés ou croyances où se complaisait la vieille humanité de jadis».

Jacques Spitz est sans conteste le chef de file de la science fiction Française où du moins d’un genre qui dans les années trente n’avait pas encore de véritable « étiquette » et que les éditeurs, faute de mieux, affublaient du titre de « romans fantastiques ». Si notre pays connaissait un passé riche en fantômes, revenants, histoires macabres et autres contes insolites, le terme de « merveilleux scientifique » n’était pas encore au goût du jour, bien que d’illustres prédécesseurs comme Rosny Aîné ou Maurice Renard, pour ne citer qu’eux, avaient déjà enrichis le genre d’œuvres mémorables.

Ce n’est pas un hasard si en évoquant ici Jacques Spitz, je pense de façon simultanée à Maurice Renard. Ces deux auteurs sont pour moi des références essentielles dans l’anticipation ancienne et si le plus ancien des deux connaît encore une gloire fragile grâce à l’intérêt que lui portent quelques éditeurs ayant un goût certain,le second quand à lui était à deux doigts de sombrer dans l’oubli le plus total si deux ou trois éditeurs n’avaient eu la présence d’esprit de refaire découvrir ce pionnier de la science-fiction Française à un jeune public.

Homme de science et de talent, Spitz était un ancien polytechnicien, un érudit qui publia dans les années trente une étude sur la physique quantique et ses implications philosophiques. On a souvent l’impression à la lecture de ses œuvres « imaginaires » qu’il ne prenait pas tout cela très au sérieux et qu’il s’agissait là d’un moyen d’affirmer son goût pour la satyre et exprimer un humour souvent des plus noir. Ce diable d’homme possède un sens de l’imagination tout à fait exceptionnel, la désinvolture et le ton ironique qu’il utilise bien souvent dans ses nombreux écrits nous force à reconnaître l’empreinte d’un écrivain de génie. Il faut jeter un œil sur sa bibliographie où, en dix ans et en l’espace de huit romans il aborde un grand nombre de thèmes majeurs de la science fiction : La fin du monde, la révolte des animaux (des mouches en l’occurrence), expérience sur l’homme et sa modification, Attaque de créatures extra-terrestres, Pouvoir surhumain etc.…. Un catalogue impressionnant dont pas mal d’auteurs pourrait prendre de la graine.

Le drame avec cet auteur est l’indifférence quasi-totale dans laquelle il manqua de tomber. Fort heureusement il me faut ici remercier la présence d’esprit d’un éditeur comme « La petite bibliothèque ombre » pour la réédition de « La guerre des mouches », Mr Serge Lehman d’avoir eu la bonne idée d’inclure dans sa formidable anthologie « Les chasseurs de chimères » un des romans le moins connu de l’auteur « Les signaux du soleil » sans oublier « L’arbre vengeur » de nous avoir gratifié de « L’œil du purgatoire ». Enfin un grand merci aux éditions Bragelonne qui dans sa collection des classiques de la SF, après nous avoir gratifié des textes de la sublime Julia Verlanger, propose dans le volume consacré à Jacques Spitz « Joyeuse apocalypse » (un titre très évocateur) deux textes essentiels dans sa bibliographie : « L’homme élastique » un must que je vous recommande fortement et surtout un inédit que l’on attendait depuis plus de cinquante ans « La guerre mondiale N°3 » Espérons que tout ce superbe travail réalisé avec amour et conviction parviendra à rallier un nouveau public qui se devait absolument de découvrir ce maître incontesté et incontestable de l’anticipation ancienne.

Il reste encore à faire découvrir à la nouvelle génération ces héros de l’ombre qui dorment depuis trop longtemps à l’abri de nos bibliothèques. Je vous conseille également de vous rendre sur le site de la « Brigade chimérique », dans son introduction «La brigade : Origines » Serge Lehman nous propose une passionnante analyse sur les héros Français de la littérature populaire au début du XXéme siècle. La bande dessinée du même nom dont il est l’un des scénaristes et dédiée à « J.H.Rosny, Wells, Jean De La Hire, Zamiatine, Jean Ray, Messac, Fritz Lang, Papini et tous les ancien de L’Hypermonde » en dit long sur le contenu de ce petit « bijou ».

Les 6 volumes que compose cette saga, sont traversés par toute une quirielle de héros de l’ombre et en amoureux inconditionnels du genre, les auteurs parviennent à nous entraîner à la (re)découverte de tout un pan de notre littérature de l’imaginaire.

A noter puisque nous parlons de Jacques Spitz, ce brillant petit hommage à « L’homme élastique » puisque dans le premier volume « La dernière mission du passe muraille » on découvre avec ravissement les expériences pour le moins incroyables du docteur Flohr.

Bibliographie de ses œuvres « Fantastiques »

- « L’agonie du globe » NRF Gallimard. 1935. 

- « Les évadés de l’an 4000 » NRF Gallimard « Les romans fantastiques » 1936. Ouvrage réédité chez le même éditeur toujours dans la série « Les romans fantastiques » sous couverture couleur en 1948

- « La guerre des mouches » NRF Gallimard « Les romans fantastiques » 1938.

- « L’homme élastique » NRF Gallimard « Les romans fantastiques » 1938.

- « L’expérience du docteur Mops » NRF Gallimard « Les romans fantastiques » 1939.

- « La parcelle Z » Jean Vigneau Éditeur « Les romans fantastiques » 1942.

- « Les signaux du soleil » Jean Vigneau éditeur « Les romans fantastiques » 1943.

- « L’œil du purgatoire » Éditions de la nouvelle France « Collection chamois » 1945. Dans cet ouvrage dans la rubrique « Du même auteur, romans fantastiques » est mentionné sous presse « Alpha du centaure » qui à ma connaissance n’est jamais paru.

En revues

- « L’homme d’affaire de l’an 3000 a du travail pour sept» Reportage anticipé de Jacques Spitz Illustré par Guy Sabran. Paru dans la revue « V » N°297,11 Juin 1950.

- « L’énigme du V51 » V magazine. Supplément au N°326. 1951.

- « Sport de printemps sur Vénus » V magazine. Supplément au N° 445.1953

A noter également l’hommage que lui fait Claude Elsen dans la revue « Fiction » du mois d’Avril 1963 (L’année de son décès) N° 113 et intitulé « Les romans fantastiques de Jacques Spitz ». Article qui sera hélas le seul consacré à ce prolifique et talentueux écrivain.

Réédition

« La guerre des mouches » Editions Marabout série « Fantastique » N° 349. 1970. Réédition « « Petite bibliothèque ombre » 1997

- « L’œil du purgatoire » et « L’expérience du Dr Mops » Editions Robert Laffont « Ailleurs et demain Classiques » Collection dirigée par Gérard Klein. 1972

- « L’homme élastique » Éditions Marabout série « Science-fiction » N° 483. 1974.

- « l’agonie du globe » Éditions Septimus, Science Fiction N°1. 1977. 

- « L’œil du purgatoire » Éditions Presse Pocket collection « Science Fiction » N° 5068. 1980

- « Les signaux du soleil » dans l’anthologie de Serge Lehman « Les chasseurs de chimères », l’âge d’or de la science-fiction Française » Omnibus 2006.

- « Dernier exil » de Jean Michel Ponzio. Bd en deux volumes, adaptée du roman de Jacques Spitz « L’œil du purgatoire » Éditions Carabas. 2007

- « L’œil du purgatoire » Éditions « L’arbre vengeur » 2008

- « Joyeuse apocalypse » Éditions Bragelonne « Les trésors de la SF » contient les romans suivants : « La guerre des mouches », « L’homme élastique », « La guerre mondiale N°3 ». ainsi que 6 nouvelles inédites : « Après la guerre atomique », « Le nez de Cléopâtre », « L’interview d’une soucoupe volante », « L’énigme du V.51 », « Les vacances du martien », « Le secret des microbes ». Le volume se termine par une passionnante postface de notre éminent spécialiste en la matière, Joseph Altairac « De la guerre des mondes à la guerre des mouches».

 

 

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« Un Monde Sur Le Monde » Une Vision Pessimiste De La Technologie au Service du Pouvoir!

Posté le Jeudi 8 avril 2010

 

« Un monde sur le monde »

Roman inédit de Jules Perrin et Henri Lanos. Parution dans la revue « Nos Loisirs » du N°46 à 51 (13 Novembre au 18 décembre 1910) et du N°1 au N°6 (1er Janvier au 5Février 1911) illustration de H.Lanos et P.Carrey. Réédition, Edition Apex collection « Périodica » 1993.

Dans les plaines de la Champagne, se dressent les assises d’une inconcevable et prodigieuse ville de fer, plus vaste que Paris et d’une hauteur vertigineuse. L’opinion publique s’alarme, la presse s’interroge, le gouvernement commence à paniquer : Que signifie donc cet étalage de puissance ? Le promoteur de cette colossale entreprise n’est autre que le milliardaire Goldfeller le « roi des pierreries » un excentrique plein « aux as ». Mais que cache exactement le projet démesuré de cet original ?

Le gouvernement dépêche alors une délégation qui sous couvert d’une visite officielle, compte bien y faire une enquête officieuse. Dans le groupe, un homme de l’information, un journaliste du nom de Bayoud qui loin d’être impressionné par ce projet insensé ira même qualifier Goldfeller de « Roi du bluff »…dans l’ombre des hommes vielles ! Profitant de l’inattention des guides qui assurent la visite, le journaliste commence son enquête. Celui-ci est intrigué par une gigantesque lanterne en forme d’hippocampe qui à son avis sert à autre chose que d’éclairer les recoins de cette ville de fer. Il s’égare dans les entrailles de la cité et découvre un petit havre de paix où il aperçoit de façon très fugace, les contours d’une créature de rêve. Il n’a pas le temps de pousser plus en avant son exploration, deux « malabars » l’attrapent par le collet pour le conduire sans ménagement devant le maître des lieux.

Après l’avoir conduit tout en haut de la tour centrale (1900 mètres tout de même) et de le menacer de le faire disparaître s’il refusait d’être son prisonnier, Goldfeller l’entraîne alors dans une visite personnalisée de sa création « Aéria » A bord d’un curieux véhicule fait de verre et reposant sur un monorail, Bayoud mesure l’immensité du projet :

« Dans cette clarté blanche, on voyait à l’infini s’agiter les petites ombres noires des hommes, tourner, en girations majestueuses, les ailes et les bras des machines dans une espèce d’apothéose de cette féerie du travail humain ; les gémissements retentissants du métal déchargé sans trêve pour être assemblé et battu par l’outil montaient dans ces lueurs de fournaise vers le ciel plein d’étoiles. »

– « Ainsi, pensais-je, tout ce monde d’ouvriers rassemblé ici par la volonté de cet homme y demeure, y couche, y vit, s’y distrait en dehors des heures de travail ; déjà ce colosse informe recèle dans ses flans une ville entière… »

Le but de ce diable d’homme est donc de peupler sa gigantesque mégapole avec les ouvriers qui l’on construite. Tout est prévu pour leur confort et leur bien être :

« Nous étions au centre d’une immense place,en forme de rotonde,qui me donna l’impression de la place de l’opéra,avec ses candélabres électriques,son mouvement de foule,ses magasins éclata,ts et la perspective de vastes rues qui en rayonnaient ; tout un peuple circulait sur les trottoirs,patientait aux refuges,se hâtait pour traverser la place,s’éparpillait dans les voies adjacentes ;des cars mu par des trolleys passaient pleins de voyageurs,dans de brèves sonneries de cloches et de timbres ; à l’angle de deux rues,la façade haute d’un théâtre annonçait en lettres lumineuses le spectacle du soir. »

Cette formidable entreprise, convainc le journaliste, il se laisse charmer par cet ambitieux challenge mais aussi par la gracieuse silhouette aperçue l’espace d’un instant. C’est alors une nouvelle captivité qui commence pour lui et qui va lui permettre de sa déplacer plus ou moins à sa guise dans ce « monde sur le monde » et rencontrer tout son lot de personnages singuliers, se vouant corps et âmes au milliardaire : Rassmuss le président de cet étrange « club », Kandy le préparateur spécialiste en toxicologie et en magie, Hatwig le scientifique sans scrupule :

« Eux-mêmes étaient donc autant d’espions attachés à mes pas. Néanmoins en leur compagnie, je visitai leurs laboratoires, leurs bibliothèques, leurs cabinets d’études et d’expériences et je les assistai dans l’installation des appareils merveilleux dont la destination n’avait cessé de m paraître inexplicable. »

Mais au dehors, dans les campagnes la révolte commence à gronder, cette ville gigantesque mobilise une quantité incroyable d’eau potable, sans parler des scientifiques qui se livrent à des expériences assez néfastes pour l’environnement :

« Votre œuvre fait ombre sur les campagnes, cache le soleil, dévore l’eau des pluies et des fleuves, l’autre jour vos essais de pluies et des fleuves on noyé les pauvres récoltes des paysans et vos explosions de dynamite pour le forage des nouveaux puits ont tué des enfants qui revenaient de l’école de Montepreux. Voilà la révolte ! »

Goldfeller va agir promptement et pour la première fois depuis son séjour, conduit le journaliste dans une immense salle, véritable laboratoire entièrement recouvert de manettes et de boutons à l’usage mystérieux et terrifiant. Probablement le cerveau central de la ville, le lieu des futures exactions à l’encontre des opposants à sa folie mégalomane. Aidé par Kositch, un expert des drogues et de la chimie, il commande à distance une véritable « pulvérisation » d’un gaz asphyxiant dont il observe les effets au moyen d’ingénieux écrans « vidéo ».

Le résultat de se fait pas attendre, les corps gisent inanimés dans la campagne environnante (morts ou étourdis ?). L’affaire fait bien évidemment grand bruit et l’on détache le sénateur Massicot, le préfet et tout son cabinet afin de demander des comptes. Le milliardaire les prend de haut et malgré les menaces de ces derniers sur un embargo possible de l’approvisionnement et du gel de ses capitaux boursiers et bancaire, celui-ci ne voit dans ces propos qu’une déclaration de guerre et une ouverture des hostilités. Il en profite alors pour leur révéler la puissante machine de guerre dont il est équipé, une redoutable armada de dirigeables au revêtement indestructible, armés jusqu’au dent et d’une vélocité incroyable. Mais il garde le meilleur pour la fin en leur dévoilant une autre de ses armes, la plus terrible : une machine à fabriquer les typhons !

« A ce signal convenu, un mugissement effroyable répondit. On eût dit que vingt bouches monstrueuses, s’ouvrant au dessous de nous dans les profondeurs de la tour, aspiraient l’air comme autant de ventouses. En quelques secondes, l’horizon se noircit de nuages noirs : en bas, dans la campagne, les arbres commencèrent à ployer sous un souffle de tempête ….. Sous les clameurs de l’orage,aux lueurs fulgurantes des éclairs,le vent hurlait,balayant tout sur son passage,tordant et déracinant les arbres qui voltigeaient comme de feuilles arrachant les toitures des maisons,balayant comme des mouches les curieux rassemblés et attendant au bas de la tour. Nous vîmes un escadron de cuirassiers qui manoeuvrait dans la campagne soulevé de terre et les cavaliers voltiger dans ma tourmente, avec leurs culottes rouges on eût dit des feuilles sanglantes que le vent d’automne arrache aux vignes vierges. »

Encore sous le choc de cette vision terrifiante, Bayoud est convoqué dans le cabinet de Goldfeller.En l’attendant ? il ne peut s’empêcher d’activer une manette située sous un immense écran. Emerveillé, il découvre l’image d’un magnifique jardin occupé par la charmante créature qui ne cesse de l’obséder depuis le début de son aventure. Comme il va l’apprendre par la suite, c’est la fille du milliardaire, d’une santé très délicate mais de charmante compagnie comme il pourra s’en rendre compte après une invitation faite par celle-ci. Il en tombe bien évidemment amoureux. Ainsi l’homme aux nerfs d’acier, capable des menaces les plus viles et qui gouverne son « état » d’une main de fer aurait un cœur ?

Pendant que nos deux tourtereaux roucoulent dans leur coin, en ville une autre menace ce fait de plus en plus pressante. Dans sa folie des grandeurs, le « roi de pierreries » n’avait pas prévu qu’il ne suffit pas simplement de donner des loisirs et de la nourriture à toute une population d’ouvriers. Car ces gens du peuple, intègres dans la grande majorité, abrite en son sein une minorité de fauteurs de trouble qui n’hésitent à semer la discorde dans cette société d’apparence idéale. Des rixes commencent à éclater, des assassinats même. Dans cette oisiveté survenant après des mois d’un intense travail, germait un péril inconsidérément imprévu. Une police assez brutale, hâtivement organisée et conduit un peu sans mesure, vint augmenter le désordre au lieu d’y remédier. Il fallait trouver une parade.

C’est Rassmuss qui propose la parade. En effet dit-il la construction de la ville à monopolisée des milliers de travailleurs alors que les femmes ne sont que quelques centaines, si nous voulons calmer ce peuple de travailleur, il faut leur offrir des femmes. Mais comment procéder ! Le moyen est radical et on va calmer la révolte en anesthésiant tout le monde, et pour leur réveil on leur prépare une nouvelle sensationnelle : Le lendemain soir la ville sera ouverte à toutes les femmes qui désireront en faire l’ascension. Toutes seront admises à visiter le trésor des gemmes fabriquées par le roi des pierreries, et en souvenir de cette soirée une distribution gratuite de diamants de rubis et des saphirs sera proposée :

« Depuis deux jours,disaient les journaux d’une puissance de Paris,des projections lumineuses d’une puissance inconnue promenèrent sur les trottoirs et sur les murs des maisons les annonces de cette nouvelle fantaisie de Goldfeller ;des millions de prospectus imprimés volent en l’air,tombent des rues dans toutes les mains frémissantes ;la lecture de ces folles promesses détraque les cerveaux de toute les femmes et l’on dit que déjà il y en a des milliers en route de tous les coins de France vers la tour dont le roi des pierreries semble avoir fait le pandémonium de l’extravagance et de la perversité… »

C’est alors une véritable nuit de frénésie, des bacchanales aux proportions démesurées à l’image de cette ville qui est entrain de vivre ces derniers instants de liberté. Dés le lendemain, les premières rumeurs commencent à arriver, à l’extérieur, la populace demande des comptes, tout le monde vient pour réclamer ces femmes « enlevées » la veille et retenues prisonnières. Cette fête n’a pas été au goût de tout le monde et des rumeurs de séquestration en masse, enflent de plus en plus. Aux portes de la ville les gens de l’extérieur s’amassent, vite balayés par un cyclone créé par le maître des lieux. La réplique ne se fait pas attendre, on coupe l’accès à la ville,le ravitaillement est interrompu ,le gouvernement isole Aëria : cette fois c’est la guerre ! Kositch, Hartwig, Rassmuss et Kandy sont aux anges ….L’avis est de s’enquérir au plus tôt des mouvements d’attaque possible contre la tour. A cet effet deux dirigeables sont envoyés en éclaireur, à trente kilomètres à peine le premier corps d’une armée Française est en marche. Les troupes se rapprochent est c’est face à un telle menace que les mystérieux globes observés par le journaliste lors de sa première visite, entrent en action. Situés aux quatre coins cardinaux de la ville, ils se révèlent bien plus que des simples lampes gigantesques :

« Et, brusquement, d’un seul bond, dans une détente définitive de leur organisme mystérieux, les quatre monstres s’élancèrent comme des vivants au dessus des campagnes dont ils semblaient sonder la profondeur avec des ondulation de sauriens des époques préhistoriques. Presque aussitôt une lumière implacable fut projetée au loin par les globes cerclés de feu de ces lanternes quasi vivantes qui se mirent à se tordre dans tous les sens ; dans les rayons qu’elles se lancèrent ainsi que de l’une à l’autre, on put voir qu’en arrière de ses globes, au fond d’une petite cage logée au dessus de la tête du monstre, un homme était assis. A chacune de ces bêtes, une intelligence vivante et audacieuse avait été assignée pour une œuvre encore mystérieuse de destruction et de mort. »

De destruction et de mort il va en être question car le mugissement d’une sirène se fait entendre et à ce signal infernal les globes lumineux s’entrouvrent et c’est le souffle de l’enfer qui se déchaîne dans la vallée :

« Au contact de l’air, la lumière se faisait flamme, allumait tout sur son passage, incendiant au lieu d’éclairer, brûlant instantanément tout ce qui se trouvait dans son champ. Sous l’ardeur de ces projections, l’atmosphère prit feu dans un rayon de vingt lieues : des villages entiers se mirent à flamber en avant, en arrière et tout autour de l’armée quelques instants auparavant endormie à une journée de marche d’Aëria. Jusqu’au plus lointain de l’horizon la campagne catalaunique,la Brie et L’île de France,illuminées,apparaissaient aussi nettement que l’orbe lunaire dans la clarté d’une nuit d’Orient ;sur le fond d’or de l’air en feu une multitude de points commença de s’agiter,de courir de ci de là. Surpris dans leur sommeil,les hommes et les bêtes tentaient de fuir et presque tout de suite prenaient feu à leur tour,flambaient comme des étincelles rouges,finissaient par tomber et disparaître dans la fournaise. »

C’est un paysage d’apocalypse, un massacre d’une barbarie sans précédent. C’est non sans fierté que l’on clame le pouvoir de la « Fulgurite »une invention des plus folle, une substance révolutionnaire dont la propriété est de s’enflammer au contact de l’air. C’est la première grande victoire d’Aëria et l’on se prépare à recevoir les héros, ces « Fulgurants » comme on les appelle ici.

« Ils étaient revêtus d’une espèce de costume de scaphandrier en toile d’amiante et leur tête était protégée par un casque vitré en forme de bec d’oiseau de proie dans lequel l’air respirable leur était distribué pendant out le temps de la dangereuse manœuvre qui, ouvrant la lanterne au contact de l’atmosphère, rendait celle-ci brûlante et mortelle. »

Mais il semble que Goldfeller ne semble pas vouloir arrêter là ses sinistres forfaits, un nouveau plan est mis à exécution et cette fois c’est une flottille de dirigeable qu’il envoie sur Paris afin de larguer des bombes incendiaires. La capitale réplique est c’est Aëria qui est à son tour bombardée détruisant par la même occasion un des redoutables globes. Dans la ville la colère gronde, les habitants se sentent menacés et veulent quitter la place, le « roi des pierreries »sent une perte de contrôle face à la peur qui les anime. Il leur propose un marché, lui accorder vingt quatre heures, le temps de mettre au point son ultime et coup décisif contre le gouvernement Français.

Sachant que l’armée prépare une ultime attaque, réunissant toute sa flotte aérienne disponible, Goldfeller va tout simplement gazer l’atmosphère se trouvant aux alentours de la ville. Prévenant à l’avance la population de se terrer dans les entrailles de la capitale, afin d’éviter les effets mortels de ce gaz plus léger que l’air il espère ainsi mettre toute cette armada en déroute et priver ainsi l’armée de sa force de frappe la plus dangereuse. Mais l’homme n’est pas dupe et craignant que son plan ne puisse arriver à son terme il charge Bayoud d’une bien délicate mission. Sa fille est d’une santé fragile et il craint que c’est état de siége ne la mette encore plus en dangers. Yella sera donc confiée à ses bons soins, tout a été organisé,un tunnel souterrain les conduisant à l’aide d’une voiture dans une ferme située à quelques kilomètres d’Aëria, l’hébergement à Troyes par des gens dignes de confiance, leur avenir à l’abri du besoin….

Lui qui avait tant rêvé de ce moment, se retrouve le cœur un peu serré à l’extérieur de sa prison d’acier et de la fenêtre de sa chambre regarde la flotte tricolore, tel un immense nuage noir chargé des armes les plus terrifiantes qu’il soit, se diriger vers cette Babel des temps modernes, mais un pouvoir de destruction encore plus puissant les attends

« A quel moment les émanations meurtrières commencèrent elles à agir sur les équipes qui dirigeaient les ballons ? Cela personne ne l’a jamais su ;mais il m’est permis de présumer,d’après ce que j’avais entendu dire de Goldfeller lui-même,que l’intoxication fut progressive,allant de la stupeur au sommeil pour aboutir à la mort. En tout cas,quand les aérostats passèrent au centre d’Aëria,il sembla que la vibration de l’air se fît plus forte,comme si les courants de vapeurs délétères avaient augmenté d’intensité : en même temps il y eut dans la course des dirigeables un temps d’arrêt ,un flottement ;et,brusquement,ensemble,tous se mirent à dériver dans le vent qui soufflait de l’est et,faisant demi-tour par courbes,ils reprirent leur route en sens inverse ;même il y en eut deus qui s’entrechoqérent et s’en allèrent serrés l’un contre l’autre pour l’étonnement de ceux qui regardèrent cette scène sans en comprendre le mystère. Deux heures plus tard,cette flotte désemparée,sans âme,passait au dessus de Paris,traversait l’ouest de la France pour aller avec ses pilotes morts,se perdre dans l’océan Atlantique ou le premier cyclone venu des Antilles devrait achever de l’anéantir »

La suite des événements qui se déroulèrent à l’intérieur de la ville sera décrite dans les journaux du lendemain. Visiblement la population, ne supportant plus la dictature de leur maître, se révolta, cherchant par tous le moyens à fuir ce lieu de désolation. Les scènes de paniques se succédèrent, chacun essayant de fuir par ses propres moyens, les dirigeables de la ville seront pris d’assaut, une émeute épouvantable où les morts se comptent par centaines. Yella s’inquiète sur le sort de son père, dont elle ignore les agissements. Une lettre lui sera remise, ou il s’excuse des erreurs passées tout en lui donnant sa bénédiction pour son éventuel mariage. Il est temps pour lui de payer ses lourdes fautes. Mais avant de tirer sa révérence, il a préparé une toute dernière surprise à ses agresseurs de l’intérieur, ses fous qui ont organisé cette catastrophique émeute, détruisant 0 jamais son rêve d’un monde nouveau. Bayoud se rappelle alors les dernières phrase de son geôlier : « J’anéantirai tout s’il le faut, plutôt que de Céder »

« Un spectacle effrayant et grandiose me cloua sur place : la tour d’Aëiai, se découpant carrément sur le ciel de presque toute sa hauteur, dominait la campagne comme un bloc de feu ;sillonnée d’éclairs dans tous les sens,elle s’érigeait dans la nuit comme une prodigieuse escarboucle dont le rayonnement,grandissant de seconde en seconde,se fixait par place en passant du bleu au rouge. Bientôt la masse entière fut en ignition, ce cube de métal rougeoya jusqu’à la transparence d’un colossal rubis, rayonnant jusqu’à nous une chaleur insupportable. En même temps son faite se prit à flamber comme une torche : au dessus de cette montagne de métal portée au rouge, Aëria venait de prendre feu ! »

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La fin d’un monde

 

« Un monde sur le monde » est sans contexte un des grandes réussites des textes publiés dans les revues d’avant guerre. Annoncé à paraître dans la revue « Je sais tout » en Janvier 1907, c’est finalement la revue « Nos loisirs » qui eut l’honneur de publier ce court roman de Perrin et Lanos.

Perrin est déjà connu des amateurs du genre puisqu’il rédigea toujours pour la même revue « Je sais tout » un curieux roman « L’hallucination de Mr Forbes » (de Novembre 1907 à Février 1908). L’ouvrage paraîtra en volume la même année aux éditions Fasquelle « bibliothèque Charpentier » sous le titre « La terreur des images » :

« Un peu partout, les gens sont frappés de visions et rapidement les phénomènes s’amplifies et se multiplient partout dans le monde et comme ses « visions » sont essentiellement des faits se produisant réellement mais projetés un peu partout sur la terre il en résulte drames et bouleversements. Ce qui est de plus terrible c’est que lorsque vous pensez a quelqu’un, il « vous voit ». Le président des Etats-Unis va ainsi s’accrocher avec le Kaiser par vision interposée et va suivre une guerre, bien réelle, entre les deux pays. »

La force de ce roman, qui reste fortement fantastique,vient certainement des magnifiques compositions faites par Lanos dont celle entre autre où l’on voit le peuple Parisien assister terrifié à une gigantesque bataille navale entre cuirassiers Américains et Allemands et se projetant dans la ciel.

En ce qui concerne Lanos, je ne voudrais pas trop m’étendre sur le sujet car je compte lui réserver un jour un article complet, mais il faut signaler qu’il fut avant tout un artiste de génie, un des plus grands illustrateurs de science fiction Français du début du XXéme et qu’il effectua pour de nombreuses revues, de splendides compositions qui hélas de nos jours se retrouvent éparpillées dans des dizaines de magazines mais dont une bonne partie se trouve dans la revue « Je sais tout ». Il est regrettable que « Un monde sur le monde » fût édité par « Nos loisirs » car malheureusement la qualité du papier est vraiment exécrable et je pense que si Lanos eût été édité par « Laffitte » ses dessins auraient bénéficié d’un meilleur traitement.

Lanos, dont presque personne ne se souvient, accorde toujours à la machine un coté titanesque, une espèce de monstre créé par l’homme et qui semble à tout instant vouloir l’avaler. L’être humain est toujours écrasé par son gigantisme et si ce dernier en est le concepteur, l’illustrateur semble vouloir nous rappeler que tout n’est qu’illusion et que l’homme dans son pouvoir de conquête et sa soif de domination n’est que l’instrument vulnérable et mortel de sa toute puissance. Avec ce roman écrit en collaboration avec Perrin, il nous démontre une fois de plus que la machine conduit toujours l’espèce humaine à sa destruction.

Mais je pense que pour se donner une idée encore plus renforcée de son immense talent il faut se reporter semble t-il aux planches qu’il réalisa pour le roman de Wells « When The Sleeper Wakes »  publié en 1899 pour la revue Britannique « Graffic » et dont nous ne possédons qu’une seule et unique illustration, chaque fois utilisée pour citer cette référence. Lanos collabora également comme auteur et illustrateur pour le roman « L’aérobagne 32 » avec E.Laumann (Editions Hachette « Bibliothèque de la jeunesse » 1923), illustra les hors textes du roman de Pierre Vernou « Le pirates de l’air » (Paris Librairie Hachette et Cie 1913). Pour terminer cette bibliographie sélective il écrivit et illustra deux autres romans, un peu plus destiné pour la jeunesse, tant son coup de crayon se métamorphosa de manière radicale, avec un trait plus léger et l’utilisation de la couleur ajoutant un peu plus de douceur à ses personnages :

- « Le grand raid Paris la Lune » paru dans la revue « Pierrot le journal des garçons » du N°115 au N°122 (Dimanche 14 Mars 1928 au Dimanche 22 Avril 1928).

- « Les hommes de fer du Docteur Hax » paru dans la revue « Pierrot, le journal des garçons » du N° 37 au N° 44,septième année (Dimanche 11 Septembre 1932 au Dimanche 30 Octobre 1932).

Avec le roman dont vous venez de lire le résumé, il se place à mon avis dans le groupe assez restreint des écrivains conjecturaux d’avant guerre de talents et permettant encore de nos jours de légitimer un genre qui ne fit pas toujours l’unanimité. Je ne vous cache pas que ce roman reste sans contexte un de mes préférés car il est le résultat parfait de équilibre entre l’aspect littéraire et artistique. Les thèmes abordés sont toujours effectués avec une grande imagination et un sens de la démesure assez incroyable et l’importance que donnèrent ces deux écrivains au thème de la ville, leurs permirent de nous livrer une œuvre unique et novatrice dans le genre.

Dans « Un monde sur le monde » on retourne un peu au fondement de l’utopie où le Milliardaire rêve de créer une société idéale, certes selon ses propres critères, mais s’articulant sur le principe d’un monde harmonieux et parfait. Le seul problème à sa chimère est qu’il n’avait pas prévu le facteur humain et que l’on ne dirige pas la classe ouvrière par la force et la terreur. A travers ce roman, les auteurs dénoncent le danger de la science et de la folie destructrice qu’elle peut engendrer lorsqu’elle est placée entre des mains guidées par la soif du pouvoir.

Lorsque Jean pierre Moumon réédita ce chef- d’œuvre dans sa collection « Périodica » il y voyait à raison une « anti-utopie technologique » mais là ou je ne suis pas tout à fait d’accord c’est lorsqu’il parle de « dénonciation de la prolifération urbaine incontrôlée et la dégradation des sites naturels qui en résultent » saluant même « Une œuvre écologiste avant la lettre ». Je ne pense pas que les auteurs voulaient dénoncer une urbanisation croissante, je pense que leur discourt était beaucoup plus politique, car on assiste à une véritable exploitation de la classe ouvrière par le pouvoir du capitalisme,symbolisé par un Goldfeller complètement aveuglé par son désir de puissance. Peu lui importe le destin de sa population d’ouvriers, il pensait, grâce à sa technologie asservir tout un peuple qu’il jugeait incapable de se soulever. Au final, c’est la cupidité qui va mettre une fin à ce rêve idéaliste, car les hommes qui le soutinrent dans ce projet, eux aussi contrôlés par la peur suscitée par ce maître despotique finiront par se révolter et organiser le soulèvement final.

Ce roman est une véritable analyse négative de l’âme humaine, du pouvoir corrupteur de l’argent et de la science. Car ici, la science a un rôle prépondérant et son utilisation nous démontre une fois de plus à quel point les écrivains, les intellectuels, avaient en elle une méfiance toute particulière. Je dirais même pour être moins catégorique, que lorsqu’elle est confiée à des esprits retors, elle est l’instrument idéal pour asseoir sa folie destructrice. La science en soi n’est pas malfaisante, c’est la main qui l’utilise qui détermine sa véritable fonction. Goldfeller n’hésita pas à créer des machines capables de générer des typhons et des machines produisant des rayons ardents d’une capacité destructrice inimaginable, dans le seul but d’arriver à ses fins et de s’affirmer en maître absolu. Il n’a cure des milliers de vies que vont prendre ses inventions, il veut imposer son pouvoir selon ses propres règles.

La fin est de ce fait est toute tracée et les auteurs gardant un certain optimisme quant à la nature humaine, trouve une solution non pas dans une montée graduelle du rapport de force,mais dans un final historiquement éprouvé,par la révolte du peuple. Saluons les scènes apocalyptiques de destructions en masse, rédigées par les auteurs dont certaines reprises plus hautes sont d’une violence et d’une démesure rarement rencontrée à l’époque.

Je regrette toutefois que le soulèvement de la population, ne fût pas décrit de manière plus détaillée et que les seules descriptions de la fin d’Aëria,proviennent d’un compte rendu réalisé par la presse. La ville En effet si la ville est une constante dans les œuvres d’imagination scientifique, elle ne servira bien souvent que de toile de fond au roman. Ici, le milieu urbain n’est pas un simple décor, il devient l’élément de l’action, les enjeux de l’histoire.

La ville représente le symbole d’une société, le modèle, le lien qu’utilise l’écrivain afin de donner libre cour à son imagination. En fonction du cadre dans lequel elle se situe, elle sera soit le symbole d’une technologie triomphante, le progrès au service de tous et dont tout le monde pourra bénéficier sans restriction, ou alors le reflet d’un univers technologiquement froid et impitoyable, une énorme machine gouvernée par une minorité très puissante et exploitant une majorité misérable. Ce n’est pas par hasard si Théa Von Harbou, épouse de Fritz Lang, désigna sa ville sous le nom de Métropolis. En effet dans ce nom on retrouve le mon « Métropole » et dont la racine est constitué du mot « mère ».

La ville est le reflet du progrès,d’une société sans cesse en évolution,véritable « matrice » qui enfante toute la science de l’humanité,sera le lieu privilégié d’une multitude de roman. Je repense notamment à un autre texte publié dans une autre revue « Lecture pour tous » et signé de la plume d’Octave Béliard « La journée d’un Parisien au XXI éme siècle » (Décembre 1910) et qui n’est pas sans nous rappeler les mêmes délires architecturaux d’un autre écrivain et illustrateur de génie : Albert Robida. Robida, dans un grand nombre de ces écrits et dessins, accorda à la ville une importance capitale. Sa verve complètement décalée pour l’époque, donne à toute son œuvre une impression de franche rigolade qui sera une constante tout au long de sa carrière.

L’optimisme de ses premiers ouvrages nous montre qu’il avait une certaine foi en la science, propos qui changeront du tout au tout par la suite avec son œuvre la plus pessimiste, « L’ingénieur Von Satanas ».Du reste la partie de ses écrits ou il est question de la science au service de l’armée n’est qu’une longue description de massacres à l’échelle scientifique (« La guerre au vingtième siècle » librairie illustrée 1887 et la série « La guerre infernale » avec P.Giffard Méricant 1908). Son pavé « le XXéme siècle » suivi de « La vie électrique » est un brillant exemple de la technologie future et de ces diverses applications. C’est un véritable catalogue que nous livre l’auteur où rien ne sera négligé :

L’architecture démesurée avec des immeubles immenses dont les toits font office de pont d’envol à des engins de toutes sortes, transports aériens avec son cortége d’aérocabs, aérochalets, omnibus aériens et le fameux « tube » propulsant un cylindre rempli de passagers à une vitesse folle au moyen de puissantes machines électriques. Les télécommunications avec le téléphote, le téléphonoscope, un ancêtre de la vidéo (que nous retrouverons chez Béliard et chez Verne dans son ouvrage « La journée d’un journaliste Américain en 2889 »).Les loisirs, l’armée, la politique, l’alimentation où il est question d’une « compagnie générale de l’alimentation », expédiant au moyen de tuyaux, votre nourriture à domicile. La fameuse « pilule » n’est pas encore d’actualité et il faudra attendre Boussenard et son ouvrage « Les secrets de Mr Synthés » (Marpon et Flammarion 1888) afin de voir son apparition.

Mais sa plus grande prophétie est sans contexte sa perception du rôle de la presse et de la publicité dans les années à venir. A cette époque, le journaliste est le symbole de l’homme aventureux, un être un peu sans cervelle capable d’affronter toutes les situations car de nature très curieuse et téméraire : il est le héros des temps moderne !

Quand à la publicité, Robida comprit très tôt les avantages et les inconvénients du « matraquage publicitaire ». En effet, les grandes villes sont les endroits idéaux pour le conditionnement du futur consommateur et les exemples dans ce domaine sont innombrables : « Le XXéme siècle » où les toits sont recouverts de panneaux publicitaires, « Le triomphe des suffragettes » de J.Constant où des inscriptions gigantesques sillonnent le ciel,dans « la journée d’un journaliste Américain en 2889 », ce sont les nuages qui serviront de cinéma aériens,viendront ensuite les télés géantes placées dans les rues dans le roman de Cyril et Berger « La merveilleuse aventure de Jim Stappleton ». Toutefois si les transports aériens font preuve d’une grande inventivité, au sol tout sera très banal avec la classique voiture électrique et l’indétrônable tapis roulant. L’habillement sera également des plus simple,les auteurs de ses anticipations n’étant pas de grands couturiers, se montrèrent peu inventifs avec soit des tenues très fin 19éme en plus excentrique,soit le sempiternel juste au corps très sellant.

Pour ne citer que les romans les plus célèbres, « Dans 1000 ans » de E.Calvet , un magnifique cartonnage de 1884 où l’auteur exploite également tous les domaines possible (agriculture,transport…..), « Un ville de verre » de A.Brown,ici « Cristallopolis « a été créée comme une sorte de phalanstère, Bleunard et sa « Babylone électrique »« Electropolis », qui transforme un coin du désert en oasis au moyen de l’électricité, Graffigny utilisera la même source énergétique pour alimenter son Gabriel de Tarde qui avec son « Fragment d’histoire future » situe la ville des derniers descendants de l’humanité sous terre,comme le fera d’ailleurs Pellos dans son extraordinaire « Futuropolis », l’incontournable Régis Messac,notre père spirituel à tous qui nous décrit dans sa « Cité des asphyxiés » une ville abritant un monde fait de paradoxes.

Malgré tout cela, dans ces œuvres, la ville est un centre d’activité fébrile, nécessaire à la survie de l’homme car elle symbolise soit son bien être soit sa survie où il profite de tout ce que la science à de bon à lui donner. Un centre de bienfaits et de plaisirs ouvert à tous.

Mais toute sa médaille a son revers et si bon nombre de romans respirent la gaieté et la joie de vivre, d’autres par contre nous plongent dans les entrailles de cités où la noirceur de ses artères nous fait frémir de désespoir. Les villes décrites au fil de ces contres utopies nous accablent, nous submergent d’un flot de tristesse.

Un texte qui sous des apparences trompeuses pourrait nous faire croire au triomphe de la science pour le bien de l’humanité est de celui de Pierre Souvestre  avec son « Le monde tel qu’il sera » (1846). Voilà encore un texte remarquable qui mériterait une réédition ! Pratiquement introuvable, ce roman laisse déjà transpirer la crainte de l’automatisme et la peur du progrès. L’homme devient une véritable marionnette victime du progrès qui le submerge. Ville et modernisme sont étroitement liés, elle est la matrice qui engendre tout ce dont la société à besoin. Le point culminant de l’histoire venant avec la description de « L’institut pour les jeunes gens et les jeunes demoiselles non sevré ». Bien avant Huxley,Souvestre nous décrit ici un véritable centre de conditionnement où les enfants,une fois sevrés,sont dirigés en fonction de leurs protubérances crâniennes et les besoins de la ville,vers telles ou telles spécialités. Procédés qui sera réutilisé par Xavier de Langlais en 1946 dans son roman « L’île sous cloche ».

L’univers décrit est une incroyable société de consommation où, pour avoir le mieux il faut travailler plus (Bizarre cela me rappelle quelque chose..). Il faut travailler, travailler, enrichir l’état, consommer à outrance, dans un monde ou plutôt le « meilleur des mondes » où héla les inadaptés sont déportés dans l’île des réprouvés.

Dans le même style et afin de noircir encore plus le tableau, voyons un peu l’ouvrage de E.Zamiatine « Nous autres » (1920). Peut-il exister un monde plus noir, une ville plus triste que cette véritable cité de verre, aux appartements transparents, pour mieux espionner les gens, non je veux dire les numéros. Car toute identité est ici refusée, tout est contrôlé, étiqueté et surveillé. La technologie y est implacable, utilisée afin de rendre encore plus esclave sa population.

Idem pour « La Kallocaïne » (1940) de Karin Boye où les villes sont divisées par spécialités. L’histoire se déroule dans la ville des chimistes, cité dortoir servant à des fins expérimentales. L’œil et les oreilles de la police sont partout, les enfants dénoncent leurs propres parents, un chimiste inventera un sérum permettant le contrôle de la pensée : Un état policier, pour une population vivant dans la crainte…l’ombre de Big Brother n’est pas loin. Il se peut d’ailleurs que l’importance de l’ouvrage de Orwell écrit pourtant en 1949 ait complètement « étouffé » les qualités de celui de Boye.

« 1984 » possède de grandes qualités, sans qu’il soit toutefois mon préféré mais il,fait reconnaître qu’il reste un modèle du genre qui a un peu « démocratisé » la signification de l’anti-utopie avec la description de cet état totalitaire,souvent à la limite du supportable. Jamais roman ne m’avait donné une telle sensation d’étouffement (superbement porté à l’écran en…1984 par Michael Radford et une bonne interprétation de John Hurt et de Richard Burton).

Je ne vous ferai pas l’offense de vous parler du « Meilleur des mondes » de A.Huxley (1932), cette société heureuse( ?) où chacun possède une place dans un monde citadin bien confortable,peut-il être le meilleur qui soit ? (Thématique reprise avec brio dans « Quand ton cristal mourra » de William F Nolan 1967 qui donna le film « L’age de cristal »« THX 1138 » (1976) et du superbe mais glauque de Georges Lucas en 1970)

Jetons un petit coup d’œil rapide sur un autre texte moins connu de Marcel JeanJean « La merveilleuse découverte de l’oncle Pamphile ». Dans une cité de l’an 2000, les deux jeunes héros du roman découvrent tous les bienfaits du progrès et de la science. Tout ce bien être cache cependant sous de trompeuses apparences une humanité soumise à d’énormes contraintes et à un gouvernement cupide qui règne en une véritable dictature.

Un autre roman également fort intéressant, nous décrit une autre ville monstrueuse et abjecte, « L’age Alpha ou la marche du temps » de Ben Jackson (pseudo de M.Gerbault). Texte important dans le domaine mais hélas complètement oublié de nos jours. « Chrome 76 » est une ville champignon, l’apogée d’un des plus grands consortiums de la planète. Ville de plaisirs, de loisirs mais aussi de haine et de souffrance. Etat policier, peuple opprimé, elle offre ce qu’elle a de meilleur à une minorité dirigeante. Viendra le jour où une nouvelle philosophie, le « Tellurisme », renversera le pouvoir en place. Encore un gros volume excellent, difficile à trouver car extrêmement fragile, à quand une réédition ?

Comment ne pas terminer par un dernier texte, à mon avis trop mésestimé de l’excellent Claude Farrère. « Les condamnés à mort »:

Le Gouverneur, un roi du blé, règne sur un gigantesque complexe agro-industriel de six cent vingt-six usines. Homme froid et sans pitié, partisan des thèses du darwinisme social, il cherche à remplacer tous ses ouvriers par des « machines mains » nouvellement créées et qui assureront le travail à moindre coût.

Les Condamnés à mort, qui parut en 1920, est une véritable anticipation sociale, une contre utopie qui aborde les très sombres questions du devenir humain face à la mécanisation et à la toute puissance des lois économiques. Comparable en bien des points au talent d’un Wells, ce roman trop peu connu de cet auteur, nous offre la vision d’un monde terrifiant et froid rendu implacable car dominé par le pouvoir de l’argent et du pouvoir. Il y est question afin de « mater » les ouvriers qui vont tenter de se révolter contre la classe dominante d’un « rayon » qui désagrège instantanément la matière et qui calmera toutes formes velléités. Il existe une superbe édition de ce chef-d’œuvre méconnu, agrémenté de superbes compositions pleines pages de André Devambez.

Au final, une grande majorité de textes où les auteurs dénoncent les dérives de la science et des hommes peu scrupuleux qui l’utilise comme un moyen radical afin d’assouvir leur soif de puissance. Il est d’ailleurs intéressant de voir toute la différence qu’il existe entre la SF Européenne et celle produite par le continent Américain au cour de la première moitié du XXéme siècle. La science n’y occupe absolument pas la même place. Bien souvent négative et sournoise pour le premiers, triomphante et indispensable pour les seconds. Un gouffre culturel qui n’en rend pas moins le débat passionnant.

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« Quand la ville dort »

Petite esquisse d’une bibliographie sélective des villes dans la conjecture ancienne.

 

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Le sujet pourrait être vaste car bon nombre d’auteurs utilisèrent la ville comme un élément mineur du sujet de leurs histoires. Cette liste met surtout en évidence les œuvres où elle est un élément clef de l’intrigue ou tout simplement le reflet confirmé d’une certain progrès technologique et utilisée comme modèle de référence. J’ai également supprimé tous les ouvrages purement utopiques où la ville y est décrite comme le symbole d’un progrès social. Idem également pour toutes les « Atlantides » justifiant à elles seules toute une rubrique. Cette liste n’a aucune prétention d’exhaustivité car vous le savez tout autant que moi, l’anticipation ancienne est un travail de recherche de longue haleine où l’on découvre sans cesse de nouvelles références. Celle-ci évoluera donc au fil du temps, en fonction de mes propres découvertes mais également grâce à votre participation tout aussi généreuse qu’érudite.

- « Le monde tel qu’il sera » de Emile Souvestre. Edité par W.Coquebert. Illustré par MM.Bertall, O.Penguilly, St-Germain.1846.

- « Paris au XXéme siècle » De Jules Verne. Rédigé en 1863 et refusé par l’éditeur attitré de Verne (P.J.Hetzel), le manuscrit que l’on croyait perdu fut retrouvé plus d’un siècle après. Hachette « Le cherche midi éditeur » 1994.

- « Le XXéme siècle » de Albert Robida. Illustré par l’auteur. In-4. Edition G.Decaux 1883. Existe de nombreuses éditions

- « Dans 1000 ans » de E.Calvet. Librairie CH.Delagrave. Avec 140 illustrations de V.Nehlig. 1884.

- « Perdus dans les sables » de A.Brown. Librairie d’éducation de la jeunesse. Illustrations d’Albert Robida. S.d (vers 1885)

- « La Babylone électrique » de A.Bleunard. Illustré par De Montader. Paris Maison Quantin.1888.

- « Le XXéme siècle et la vie électrique » de Albert Robida. Illustré par L’auteur. In-4. Librairie illustrée 1890.

- « Une ville de verre» de Alphonse Brown. Paru dans la revue « La science illustrée » du N° 131(1 Juin 1890) au N°193(8 Août 1891. Réédité en volume La librairie Illustrée ( illustrations de Clérice).1891

- « La terre dans 100 000 ans, Roman de mœurs » Tome 1 « L’île enchantée » de A.Vilgensofer. H.Simonis-Empis éditeur.1893.

- « Fragment d’histoire future » de Gabriel De Tarde. Edition V. Giard et E. Brière à Paris, en 1896. Réédition « Ressources, Slatkine » 1980

- « Mystére-ville, Aventures Fantastiques » de William Cobb (analysé dans ce blog) Paru dans le « Journal des voyages » du N°418 (Dimanche 4 Décembre 1904) au N°434 (Dimanche 26 Mars 1905). Illustrations de Albert Robida.

- « Les découvertes de demain » Article paru dans la revue « Je sais tout » N°2 15 Mars 1905. Superbement illustré par Lanos

- « Au XXIXéme siècle : La journée d’un journaliste Américain en 2889 » de Michel Verne paru dans le recueil de nouvelles « Hier et demain contes et nouvelles » Hetzel 1910.

- « La journée d’un Parisien eu XXIéme siècle » de Octave Béliard. Paru dans la revue « Lecture pour tous » Noël 1910. Illustré par Arnould Moreau.

- « La ville aérienne, Roman scientifique d’aventures et de voyages » de H.De Graffigny. M.Vermot Editeur. Illustrations de José Roy. S.d (vers 1910).Réédité sous le titre « Les naufragés du Sahara » éditions Ferenczi « Romans d’aventures » 2éme série N5.1933

- « Le triomphe des suffragettes » de Jacques Constant. Librairie unverselle.1910

- « La merveilleuse aventure » de Cyril-Berger. Librairie Paul Ollendorff.1911

- « La cité des suicidés » de Munoz Escamez (analysé dans ce blog). Méricant « Les récits Mystérieux » s.d (vers 1912)

- « Les condamnés à mort » de Claude Farrère. Edition Edouard-Joseph et L’illustration. Paris 1920. Illustrations de André Devambez. Réédition Ernest Flammarion 1921.

- « Scientific-City » de H.DeVolta. 20éme et dernier fascicule de la série « Miraculas ».Editions Jules Tallandier « Bibliothèque Cadette ». 1221

- « La fin d’Illa » de José Moselli. Parution dans la revue « Sciences et Voyages » N° 283 (29 Janvier 1925) au N°306 (9 Juillet 1925). Illustré par André Galland. Réédité dans la revue « Fiction » N° 98 (Janvier 1962) et N°99 (Février 1962). Repris en volume aux éditions « Rencontre » en 1970

- « Métropolis » de Thea Von Harbou (épouse de Fritz Lang).Librairie Gallimard « Le cinéma romanesque » Illustré d’après le film. 1928.

- « La cité de l’or et de la lèpre » de Guy D’Armen. Parution dans la revue « Sciences et Voyages » du N°453 (3 Mai 1928) au N°479 (1 Novembre v1928). Réédition en volume dans l’anthologie de Gérard Klein « Sur l’autre face du monde et autres romans scientifiques de sciences et voyages. Robert Laffont éditeur. Collection « Ailleurs et demain Classiques » 1973

- « La cité tempérée » de Gaston Calzadilla. Editions Argo 1929.

- « Le maître de la banquise » de Pierre Agay (pseudonyme de Moselli ») Parution « Système D » (journal hebdomadaire illustré du Débrouillard) du Dimanche 8 Décembre 1929 N° 286 au Dimanche 3 Août 1930 N°320

- « Nous autres » de E.Zamiatine. Librairie Gallimard « Les jeunes Russes » 1929.

- « Electroville » de Jules D’ottange. Quatrième volume de la série « La chasse aux milliards ».P.Lethielleux éditeur 1931.

- « Le miroir du monde » Revue spécial XXXéme siècle. Noël 1933.

- « Le meilleur des mondes » de Aldous Huxley. Librairie Plon collection « Feux croisés, âmes et terres étrangères ».1933.

- « Radiopolis » de O.Hanstein. Editions Fernand Nathan. Illustrations de Maurice Toussaint. 1933.

- « Sur l’autre face du monde » de A.Valérie. Parution dans la revue « Sciences et voyages »du N°805 (31 Janvier 1935) au N°826 (27 Juin 1935). Réédition en volume dans l’anthologie de Gérard Klein « Sur l’autre face du monde et autres romans scientifiques de sciences et voyages. Robert Laffont éditeur. Collection « Ailleurs et demain Classiques » 1973

- « La cité des asphyxiés » de Régis Messac. Editions la fenêtre ouverte, collection « Les Hypermondes » 1937.Réédition « Edition spéciale » 1972.

- « Tritopolis » de Paul Bay. Editions Labor.1937

- « Futuropolis » de Pellos. Parution dans la revue Junior (1937/1938) Réédition Jacques Glénat en 1977

- « La guerre des forces » de Henri Suquet. Paru dans « Jeunesse magazine » du N° 9 (26 Février 1939) au N°14 (2 Avril 1939) Illustrations de Pellos. Réédité en volume sous le titre « Panique sur le monde » Les éditions du Clocher collection « Pour la jeunesse » 1939. Dernière édition en date Apex collection « Périodica » Association Regards « Les amis de Pellos » 1994

- « L’age Alpha ou la marche du temps » De Ben Jackson. Editions du Méridien. Avec 16 dessins de Raymond Gid. 1942.

- « L’le sous cloche » de Xavier de Langlais. Editions « Aux portes du large » 1946.

- « La Kallocaïne » de Karin Boye .Edition Fortuny « Ecrivains du monde » 1947. Réédité dans la collection « Les Hypermondes » éditions Oréa, dirigée par Francis Valéry.1988. Contient un excellent « Panorama des utopies et anticipations Scandinaves des origines à 1940 » en fin de volume et rédigée par F.Valéry.

- « Le gratte-ciel des hommes heureux » de Lucien Corosi. Fasquelle Editeurs. 1949.

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Une vision de la ville du futur dans les années trente qui n’a rien à envier aux illustrateurs des « Pulps » sanstitre1erm

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Archive N° 16 « La joconde retrouvée » De Quirielle réinvente l’art!

Posté le Jeudi 1 avril 2010

« La Joconde retrouvée »

Roman de Jean De Quirielle .Editions Méricant « Les récits mystérieux ». 1913 ,208 pages. Couverture illustrée couleur de Ch.Atamian. (Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique N° 6 bis Mars/Avril 1991)

Enquêtant sur le vol mystérieux de la Joconde au musée du Louvre, Pierre José Manoël un jeune et dynamique journaliste va se retrouver impliqué dans une fort bien étrange aventure. En compagnie de son fidèle ami, Georges De Hagre, passionné de sciences occultes, il pense bien se faire une solide réputation en récupérant le précieux tableau. Leurs différentes recherches les mèneront à soupçonner un étrange personnage, le baron Liederberg toujours accompagné de son plus fidèle ami ; l’énigmatique Melzi. Cette méfiance à leur égard est renforcée sur des rumeurs les suspectant de l’enlèvement et de la séquestration d’une jeune fille, Margot et dont la disparition remonte à plusieurs jours. N’écoutant que leur courage, ils organisent une expédition nocturne chez le baron, mais la déception est à la hauteur de leur audace, ils feront « choux blanc ».Le suspect n’est qu’un vieil original, amateur de magie noire et en possession d’une bien curieuse machine dont ils ignorent l’utilisation.

Toute l’histoire se déroulera par la suite dans une étrange atmosphère où les indices ne cesseront de s’accumuler sans pour autant permettre d’arriver à une conclusion satisfaisante : Découverte d’un faux tableau de la Joconde, d’un local transformé en bloc opératoire, photo d’une « vraie » fausse Mona Lisa dans un décor actuel. Quelque chose leur échappe, mais quoi et que conclure de tout cela ? Sans oublier les apparitions de cette troublante créature au parfum d’iris et dont la ressemblance avec le personnage du tableau trouble au plus haut point nos deux héros……est-ce la réalité ou le produit fantasque d’une enquête qui affecte de plus en plus leurs sens ?

Toutes les réponses vont surgir de façon inattendues grâce à aux témoignages de Margot, échappée de manière inespérée des griffes de ses ravisseurs et de l’énigmatique créature, cette apparition fantomatique qui troubla tant l’esprit des audacieux détectives. Son origine extraordinaire sera la clef de toute l’énigme. Melzi, dont les origines illustres remontent à la nuit des temps, appartient à une famille qui hérita d’un manuscrit légué par Léonard De Vinci. A l’origine le précieux document fut « codé » par l’illustre maître et il est le seul, en tant que dernier descendant de la lignée, à pouvoir le déchiffrer. Intitulé « La peinture vivante », il parle d’une peinture composée d’une formule spéciale et qui permettrait à celle-ci de « survivre » à travers les siècles, à condition toutefois de lui insuffler l’âme de son modèle. Mona Lisa victime du génial mais perfide Léonard fut emprisonnée dans une toile et condamnée à sourire pour l’éternité.

Cette découverte fait le bonheur de Liederberg, immensément riche et amoureux fou du célèbre portrait, mais surtout de son modèle. Appuyé par la promesse d’une forte somme d’argent,Melzi décide alors de mettre en œuvre tout son savoir,aidé en cela du précieux manuscrit afin de donner vie au célèbre modèle. De Vinci était un méticuleux et les plans de sa machine sont soigneusement rédigés ce qui facilite le travail de reconstruction.

Mais l’hypothèse est des plus folle, défiant toute logique. En effet les atomes de cette peinture vivante chargés de l’âme de la victime sont par un système de miroir projetés par un rayon lumineux de manière à obtenir un spectre, première forme initiale propulsée à son tour au travers d’une lentille géante contenant un plasma vivant. Cette deuxième projection grâce à un procédé magique réussit alors à prendre un aspect physique. Bien évidemment, il nE reste qu’un tas de cendres du tableau ayant servi de support. L’infortunée Margot ayant assistée de façon involontaire à cette expérience fut donc emprisonnée et relâchée avec la complicité du modèle ressuscité. Cette dernière, après avoir assassiné le baron s’enfuira avec Melzi, pas du tout reconnaissante envers son bienfaiteur qui dépensa sans compter pour faire revivre son amour de toujours.

Héla,il y a toujours un « hic » dans les histoires un peu extraordinaires,l’auteur n’utilisera pas comme subterfuge le classique « ce n’était qu’un rêve » mais un procédé qui décevra les amateurs inconditionnels que nous sommes. En effet, « Mona Lisa » sera découverte quelques temps après, ombre d’elle-même et à moitié folle. Il ne reste plus que sur son visage, souffrance et déformation. Melzi voyant le profit qu’il pouvait tirer de la naïveté du baron, en véritable « sculpteur de chair humaine » charcuta une pauvre fille de la rue, de façon à lui donner l’apparence du modèle tant adulé. Après une ingénieuse mise en scène, il fait croire à cette résurrection tant espérée. Une fois les poches pleines, il ne lui restait plus qu’à disparaître et de se débarrasser désormais de ce « chef d’œuvre en péril »

En guise de conclusion

Deuxième roman de Jean De Quirielle chez Méricant et quatrième titre paru dans cette mythique collection, l’explication finale ne manquera pas de décevoir les inconditionnels du genre car le procédé évoqué par l’auteur est sauf avis contraire une véritable innovation et jamais rencontré dans notre domaine. Basé sur des faits réels, le vol de la Joconde au musée du Louvre (21 Août 1911), l’histoire est pourtant fort plaisante et l’idée de cette « peinture vivante » assez originale. Même si la première explication est un mélange d’invention extraordinaire et de magie, cette thèse d’une rematérialisation d’une image projetée, véritable mémoire imprimée, reste unique.

Le thème de la peinture reprenant vie ou de personnages projetés dans un tableau vivant est en général un sujet essentiellement abordé en littérature fantastique (« Le portrait » de Nicolas Gogol, « Le portrait de Dorian Gray » de Oscar Wilde, « Le portrait du mal » De Graham Masterton….). Bien souvent il s’agira de spectres ou de fantômes et donc n’impliquant aucune utilisation de machines ou d’inventions révolutionnaires.

Classique roman mystérieux de l’époque où le genre peinait encore à trouver ses marques, cette  « Joconde retrouvée »  est assez symptomatique de la collection « Les récits mystérieux »avec une explication plus ou moins rationnelles, avec des textes qui oscillaient bien souvent entre roman policier, fantastique et invention merveilleuse, et le sempiternel jeune et courageux journaliste qui ne reculait devant rien pour secourir une jeune fille en détresse. Il faudra les deux autres textes de l’auteur « L’œuf de verre » et « Les voleurs de cerveaux » pour se convaincre de son véritable talent d’écrivain de « merveilleux scientifique ».

Mais je reste toujours très enthousiaste lorsque je me plonge dans la lecture de ce type de roman même si arrivé en fin de volume je peste en constatant que l’auteur n’assume pas jusqu’au bout son sens de la démesure. Dernier petit détail amusant qui à l’époque ne pouvait être pris en considération et concernant l’appartenance plus que probable du modèle à la gente masculine. En effet imaginons la tête du baron Liedeberg si la fameuse machine avait fonctionnée et se trouvant face à une « femme » étalant toute sa virilité. Comme quoi à toute chose, malheur est bon. Au fait j’allais oublié, depuis cette regrettable aventure, les spécialistes restent discrets à ce sujet, le portrait que tout le monde admire avec respect……est une copie ! L’original se trouvant réduit à l’état de cendres.

Bibliographie

« Deux romans d’angoisse » Edition Méricant s.d (vers 1912),contient les deux textes cités par Versins dans son encyclopédie : « L’homme qui fit parler les bêtes » et « L’homme qui ne pouvait pas mourir » .

- « L’œuf de verre » Méricant collection « les récits Mystérieux » 1911 d’après la BnF.

« La Joconde retrouvée » Méricant collection « Les récits mystérieux » 1913

- « Les voleurs de cerveaux ». Paru dans « Lecture pour tous » Avril/Mai/juin 1920.Illustration De Lorenzi

- « Celui qu’on n’attendait pas » paru dans la revue « Lecture pour tous » en Avril 1925 ( Nouvelle purement fantastique)

 

 

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« Les Plantes Ne Nous Aiment Pas! » Petit rappel d’horticulture conjecturale ……

Posté le Mercredi 24 mars 2010

Bien avant d’être passée à la postérité grâce au film de Roger Corman avec son cultissime « Petite boutique des horreurs » en 1960 ( mais dont je préfère la version de Frank Oz en 1986) et le sympathique épisode des « Avengers » intitulé » « la mangeuse d’homme du Surrey », la plante anthropophage connu un certain succès dans les colonnes de quelques revues offrant une part généreuse aux écrivains d’anticipations anciennes.

Cette « branche » dérivée de ce que l’on pourrait nommé « La terreur végétale » n’est en fait qu’une extension du thème de la nature révoltée contre l’homme. Curieusement, cette catégorie n’a pas vraiment inspirée les savants fous et le résultat de ces mutations végétales, sont souvent le fait soit, de la mutation naturelle d’une espèce ou soit, et là nous nous orientons un peu plus dans le genre fantastique, d’une véritable révolte de la nature face à l’homme. Principalement rencontrées dans les pays exotiques, elles ne manquaient pas d’horrifier et de fasciner, les rares personnes, témoins de cette incroyable aberration de la nature. La littérature des « Pulps » à son age d’or était assez friante de ce genre de thème car très spécialisée dans les romans décrivant des mondes imaginaires terrestres (R.H. Howard ,Clark Ashton Smith, E.R.Burroughs,A.Merritt,….) ou alors de mondes provenant de l’exploration spatiale et peuplés d’une faune et d’une flore extraordinaire.

Mais en France, nos auteurs n’étaient pas en reste et accordèrent au genre une place des plus honorable. Il sera intéressant de se reporter à trois articles rédigés par Jean Luc Buard, Marc Madouraud et Claude Hermier dans le « Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de fantastique » afin de se rendre compte de l’intérêt que ce thème particulier suscita chez certains auteurs. Toutefois à la lecture de plusieurs revues, célèbres pour avoir abritées quelques textes conjecturaux il m’a été possible d’en découvrir deux autres pouvant se rattacher à cette catégorie.

- Le premier provient de la revue « Journal des voyages » du Dimanche 7 Septembre 1902 N° 301 2éme série et intitulé comme il se doit « Les fleurs carnivores ». Texte et illustrations (reproduits dans ces pages) viennent du truculent Albert Robida qui nous décrit ici une fleur aux appétits redoutables.

- Le second un peu plus récent, provient quand à lui de la revue « Pierrot, le journal des garçons » du Dimanche 15 Janvier 1933 N° 3 huitième année et intitulé… « L’arbre anthropophage » rédigé par un certain Jean Du Cléguer. Dans cette longue nouvelle, le héros en poste à Madagascar est alerté par les plaintes d’habitants d’un petit village et dont le chef, le redoutable « Gobatsi » offre ses administrés en pâture à une redoutable plante carnivore qui sécrète une puissant psychotrope :

« Je dois préciser sans plus de délai que cette expression d’arbre anthropophage était impropre. Il ne s’agissait pas d’un arbre proprement dit, mais d’une gigantesque plante grasse de la forme des ananas en infiniment plus grand, puisque le tronc haut d’environ huit pieds, mesurait prés de deux mètres de circonférence. Ce tronc massif et trapu n’était fait, comme ceux des palmiers, que des stipes des feuilles géantes qui le couronnaient. La tige de celles-ci avait la grosseur du bras et des piquants la hérissaient comme autant de crocs acérés ou, mieux, de mandibules. »

Un sujet qui ne manque pas de matière première et qui est loin de clore sa bibliographie.

 

Bibliographie sélective :

 

- « L’arbre anthropophage de Madagascar » de Benédict-Henry Revoil, dans la revue « Journal des voyages » N° 61 du Dimanche 8 Septembre 1878.

- « Gloutonnerie végétale » de Grosclaude dans le recueil « Hâtons-nous d’en rire » Editions Ollendorff 1895.

- « L’arbre maudit » de Georges Rouvray dans la revue « Mon bonheur » N° 50,1907 -

- « La Népenthe » de Jean Joseph Renaud dans le recueil « Le chercheur de merveilleux » Calman Lévy Editeurs 1907.

- « La Népenthe » de Jean Joseph Renaud. Réédition en deux numéros dans la revue « Le conteur populaire » N°170 & 171,7 et 14 Janvier, illustré par Tofani 1908. Réédité en fac-similé à très faible tirage par le fanzine « Les presses d’Ananké ». Novembre 1986

- « L’Arbre cannibale de Saperuam » Nouvelle paru dans la revue « Jeunesse » (Robert Laffite) et Signé du pseudonyme J.N. Clabaudeur. Probablement en 1907 :

Un arbre poussant à la frontière marquée par un large et profond fossé lance alternativement de chacun des côtés des gaz toxiques qui annihilent les désirs des habitants et finissent par les convaincre de joyeusement s’écharper. L’arbre se nourrit ensuite des corps tombés à proximité de ses racines. ( Sources provenant de l’excellent blog « Les peuples du soleil » de notre ami Ferocias)

- « Z » de Jean Joseph Renaud parution dans la revue « Jeunesse  magazine » de Pierre Lafitte du N° 1 au N°8 (30 Novembre 1905 au 8 Mars 1906)

- « L’arbre charnier » de E.M Laumann dans la revue « Lecture pour tous » 1er Septembre 1919, réédité dans « Lisez-moi aventures » N°26 1er juillet 1949 et dans « Planète à vendre «  N° 1 Octobre 1990

- « Le bolide Stratosphérique » de Alan Darmor. Edition de propagande culturelle Bretonne s.d (vers 1920) contient un chapitre intitulé « La fleur carnivore »

- « Les aventures de Singleton-le-chercheur, 11 : L’orchidée à la tête de mort » paru dans L’Intrépide n°637-638, du 5 et 12 novembre 1922, avec des illustrations de A. Huguet ou H. Skindler .


- « L’arbre cannibale » de José Moselli, fascicule de la série « Le roi des boxeurs » N° 54 s.d (vers 1925)

- « L’arbre vampire » de Gustave Lerouge. 11éme fascicule de la série « Les aventures de Todd Marvell détective milliardaire » Paris édition Nilsson 1923. Réédité en 10/18 Union Générale d’éditions collection « L’aventure insensée » sous le titre : « L’Amérique mystérieuse Todd Marvell détective milliardaire tome 2 ». 1986 -

- « L’incroyable et horrifique histoire de l’homme qui fut dévoré par un arbre » de Max-André Dazergues, dans l’hebdomadaire « Jeudi » N°68 du 13 Décembre 1934.

- « La plante qui hurle » de Hal Pink. Paru dans la revue « Dimanche illustré » le 22 avril 1935.

- « Le dénicheur d’arcs-en-ciel » Fascicule N° 34 de la sérié « Les aventuriers du ciel » de R.M.Nizerolles dans le chapitre « les ogresses parfumées » et accompagné d’une très belle illustration. S.d (vers 1936).

- « Futuropolis » de Pellos.Parution dans le magazine « Junior » entre 1937 et 1938.Réédition,éditions Jacques Glénat en 1977.

- « La planète inconnue » de Jean De Bizac. Première parution dans la revue « Ric Rac » du N°646 (23 Juillet 1941) au N°656 (3 Octobre1941).Réédition, Editions Apex collection « Périodica » N° 14 ,Février 1998

- « Une plante rare » de F.de Baillehache dans le recueil « Les plus belles histoires de peur » Editions Emile Paul Frères, 1942.

- « La foret qui tue » de Maurice Limat. Collection coq Hardi N°26. 1948

- « L’arbre mangeur d’hommes » de G.de Boisseble collection « Printemps » s.d

- « Fleurs infernales » de Maurice Limat, une aventure de Teddy Verano, son illustre détective dont les histoires baignent souvent dans le fantastique. Société D’éditions Générale,1957.

 

Pour quelques « terreurs végétales » de plus

 

- « Wood’stown » de Alphonse Daudet. Paru dans le recueil « Robert Helmont journal d’un solitaire » Edition Dentu 1874. Nouvelle reprise dans le N° 9 de la revue « Le boudoir des gorgones ».

- « La foret en marche » de Mary Chatillon. Paru dans le recueil de nouvelles « Contes à ma nièce » Paris Librairie de Poiret, 1880.

- « Les plantes du docteur Cinderella » Nouvelle de Gustave Meyrink. Parution en 1905, rééditée dans l’anthologie « Les savants fous » Omnibus 1994

- « Paris envahi par un fléau inconnu » de Georges Rouvray paru dans la revue « Mon Bonheur » N° 26 ,1907.

- « Les fleurs de la mort » de Georges Rouvray, paru dans la revue « Mon Bonheur » N° 38, 1907.

- « La foret qui marche » de Jean Azaïs. Paru dans le volume « Histoires impossibles » Editions presse Française, 1914. (Ouvrage analysé dans ce blog).

- « Un manuscrit trouvé dans une bouteille » de Yambo, pseudonyme de Enrico Novelli. Editions Albin Michel « Les belles aventures » 1931. Ouvrage qui sera très prochainement analysé dans ces pages.

- « L’orchidée extraordinaire » de H.G.Wells dans le recueil de nouvelles « La poudre rose » La renaissance du livre collection « Le disque rouge » 1932.

- « L’herbe qui pleure » de Max André Dazergues. Dans la revue « Jeudi » N° 109. 26 Octobre 1933

- « La guerre du lierre » de David Keller. Editions de la fenêtre ouverte collection « Les Hypermondes » 1936.

- « La foret qui parle » Fascicule N° 30 et « Prisonnier d’un arbre »Fascicule N°32 de la série « Les aventuriers du ciel » de R.M.Nizerolles. s.d (vers1935)

- « La reine de l’Amazone » de Léopold Frachet. Paru dans la collection « Voyages et Aventures » n°345, Ferenczi, 1940.La plante tueuse est « l’aratofa » dont les feuilles sont aussi coupantes que des rasoirs et que seuls les os des victimes peuvent arrêter. Puis l’herbe secrète un acide qui transforme le corps en une bouillie infâme destinée à être digérée. Bon appétit. (Merci Guy!)

- « La révolte des Triffides » de John Wyndham .Editions Fleuve noir collection « Anticipation » N° 68,1956.Réédition « Terre de brume » en 2005

- « La colère végétale » de Dominique Watteau .Edition Plon 1954.

- « La foret qui marche » de jacques Hamelink dans le recueil de nouvelles « Le règne végétal ». Editions Albin Michel 1966.

- « Encore un peu de verdure ? » de Ward Moore. Editions Denoël « Présence du futur » N° 194, 1975.

- « Graines d’épouvante » de Jack Finney. Editions Guenaud, 1977.

- « Les ruines » de Scott Smith, Editions Michel Lafon, 2007.

 

« Dite-le avec des fleurs » Bibliographie des études du genre

 

- « Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne »

* « De quelque plantes cannibales » par Jean Luc Buard, N° 5 (Décembre 1990)

* « Georges Rouvray, champion de la terreur végétale » par Marc Madouraud, N° 10 (Juin/Août 1992)

* « Botanic Park » par Claude Hermier, N° 13 (Février/Mars/Avril 1994).

 

- « Dossier Horreur Végétale » parution « Le boudoir des Gorgones » Les aventuriers de l’art perdu N° 8 (Mars 2004) et N°9 (Juin 2004) :

* « Wood’stown » d’Alphonse Daudet (1874).

* « La Forêt en marche » de Mary Chatillon (1880).

* « Les Fleurs de la mort » de Georges Rouvray (1907).

* « Le Seigneur des parterres écarlates – l’horreur végétale selon Clark Ashton Smith » par Philippe Gindre.

 

- « Plantes fantastiques et horreur végétale » numéro spécial de « La garance voyageuse » N° 80, Hiver 2007.

* Mythes et mystères de l’arbre anthropophage, par J.-L. Buard

* «  Les différents avatars de l’arbre anthropophage « , par J.-L. Buard

*  » L’horreur végétale dans la littérature » , par P. Gontier

*  » Les plantes suceuses d’âmes » , par H. Scneckenburger

*  » Des plantes horribles ou fantastiques mais pourtant bien réelles » , par Ch. Dabonneville

*  » La légende de l’arbre Upas » , par G. LEMOINE L’arbre à laine ou Barometz, par G. Lemoine

*  » Des plantes fantastiques de l’Antiquité à la Renaissance » , par Ch. Dabonneville

*  » Le monde végétal de la zone des Confins » , par G. Lemoine

*  » Psychodrômia violacea Grisgolin » , par P. Danton et L. Garraud

*  » La toile botanique«   de M. Philippe

 

- « Spécial Horreur Végétale » N°19 de la revue « Le boudoir des gorgones » :

* « L’Arbre pieuvre » (1914) de H.S. (Henri Sauvère?).

* « Un homme dévoré par… un arbre » (1921) de Marius Alix. o «Note sur « Un homme dévoré par… un arbre» par Philippe Gontier.

* « L’Arbre anthropophage » (1934) de Tragon de Bozes.

* «L’Arbre anthropophage» (193) de Guy d’Armen. «Une réaction malgache à « L’Arbre anthropophage » de Guy d’Armen».

* « L’Intrépide et les arbres anthropophages » par Jean-Luc Buard.

* Extrait de La France civilisatrice: Madagascar (1895) de Napoléon Aubanel.

* « Des arbres qui dévorent des hommes? Une aventure miraculeuse qui semble confirmer une vieille fable » (1935) de Rodolphe Pax.

 

  La touche humoristique par Albert Robida      L’univers »carnassier » des Aventuriers du ciel

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Archive N° 15 « Le Rour » ou Le Livre De L’immortalité Mécanique!

Posté le Mercredi 17 mars 2010

Archive N° 15 lerour2 dans archives du bulletinlerour3lerour1

   « Les protagonistes de l’histoire, une bien étrange galerie »

 

« Le Rour, grand roman sportif et policier »

De Pierre Souvestre et Marcel Allain. « Librairie de l’auto » Couverture couleur et illustrations n&b intérieures de Mich, 1909. Réédité en 1974 éditions « 10/18 » Union Générale D’éditions série « L’aventure insensée » dirigée par Francis Lacassin (Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique N° 6 bis Mars/Avril 1991)

Un mystère plane sur le château des Kercoat. La fille des St Edoc, Elisabeth disparaît subitement de sa chambre dans des conditions assez inhabituelles voir même surnaturelles. Une enquête est alors ouverte et confiée aux bons soins de Mr Fuselier, juge d’instruction et possédant une solide notoriété. Malgré toute l’aide apportée par les proches de la famille, le fiancé de la victime, Yves D’arzan Tregoff et d’un ami de la famille, Mr Durieux, les investigations piétinent. Les fausses pistes s’accumulent et le seuil indice sérieux semble être cette marque bizarre trouvée au pied de la fenêtre d’Elisabeth. Le Docteur Wumpt, inventeur local et constructeur d’un avion révolutionnaire, sera pour de diverses raisons suspecté, mais de ce coté également les preuves font défauts, rien ne concorde au plus grand désarroi des proches de la victime. Le cadavre de l’infortunée sera finalement découvert, le mystère reste complet et l’affaire faillit s’arrêter là, sans la ténacité du juge d’instruction et de Yves qui finissent par établir un lien entre le kidnappeur et le Dr Wumpt.

Le roman va alors prendre une toute autre tournure et se dérouler d’une façon totalement échevelée, dans la grande tradition du roman d’aventure fantastique, avec morts violentes, visite nocturne d’un cercueil ne contenant aucun cadavre, une étrange résurrection,la collision avec une étrange créature sous-marine,une poursuite endiablée et tout cela pour finir par la découverte d’un curieux homme/oiseau mécanique. Les masquent tombent enfin, le coupable possède en réalité plusieurs identités : Wumpt, Durieux….et bien d’autres encore.

A l’article de la mort, après une course poursuite digne des plus grands sérials, le sinistre individu ne sera plus avare de confidences et racontera son incroyable histoire. Depuis sa plus tendre enfance, condamné à vivre dans un corps chétif et fragile, il compensera ce déficit physique par une intelligence remarquable lui permettant de réaliser quelques géniales inventions. Pour commencer cette sorte de « corselet » électrique, équipé d’accumulateurs perfectionnés produisant une énergie constante à volonté. Grâce à un système spécial relié a ses membres atrophiés, cet appareillage lui donne vigueur et agilité, l’illusion d’une robustesse et d’une agilité qu’il n’a jamais hélas possédé. Par la suite,perfectionnant cette « armature » il y installa un système d’ailes lui permettant de voler mais aussi et surtout, fixées à ses jambes, des échasses télescopiques lui permettant de faire des bonds prodigieux tout en lui donnant l’élan nécessaire à son envol.

Mais l’aveu le plus extraordinaire est celui de son périple en Inde ou il fit la découverte d’un incroyable manuscrit et qui donne un nouvel espoir à sa vie d’infirme. Dans ce dernier, il est question d’un énigmatique « Rour » : « L’homme par le Rour, peut faire l’homme ! » une phrase qu’il prendra au pied de la lettre, aidé en cela par ce prodigieux traité qui n’est autre selon lui que le symbole de la science électromagnétique permettant aux initiés de créer artificiellement la vie et de donner à l’être humain « l’immortalité mécanique ! ». Par la suite il mettra en application une de ses théories selon laquelle « En donnant la principale importance au mouvement et à sa matérialisation, un peu de vie humaine suffirait à animer la matière libérée de tout risque de désagrégation ou de décrépitude » mais il lui faudra trouver pour finaliser son hypothèse, le corps correspondant devant réunir les critères très particuliers exigés par le livre sacré. Toutes ses conditions enfin réunies il pourra parfaire l’accomplissement du grand œuvre. Le sort désigna la malheureuse Elisabeth qui fût enlevée séquestrée et laissée pour morte.

Car ces diables d’hommes que sont Souvestre et Allain nous conduisent tout au long du roman sur des fausses pistes et Elisabeth que l’on croyait morte et qui fût enlevée de sa tombe lors du première chapitre était une ruse de l’infâme Wumpt afin de pouvoir utiliser librement son corps. Sans l’intervention rapide et efficace du Juge,de son fiancé et de l’énigmatique Gurgurah (« l’homme singe » ramené des Indes par Tregoff) elle serait probablement le produit de sa sordide chimère qui consistait en la création de l’être parfait,la créature mi humaine et mi machine qui lui assumerait sa postérité. Il ne lui manquait plus qu’à réaliser la dernière étape qui consistait à « réduire son intensité vitale dans une proportion telle que son cerceau et ses muscles survivraient aux os, à la chair désagrégée » Ce fou  diabolique , à deux doigts de rivaliser avec dieu, aidé par son génie et un sens développé du déguisement mena seul cette formidable entreprise dont le but était « l’immortalité mécanique ». Condamné,il se suicidera détruisant par la même occasion son repère,antre de la science et du savoir.

En guise de conclusion

Publié pour la première fois dans « L’auto » et dédié à la gloire des pneus « Duscable », il vous faudra beaucoup de chance, si ce n’est un miracle, pour trouver ce petit volume, imprimé sur du papier assez fragile. Francis Lacassin ne s’est pas trompé lorsqu’il le réédita dans sa collection « L’aventure Insensée ». Il faut dire que ce petit roman a de quoi mettre vos papilles conjecturales en appétit car il regroupe tous nos genres de prédilection et ce avec brio. : Policier Fantastique, roman populaire dans la plus grande tradition du roman feuilleton, gothique et surtout…..conjecture.

C’est à la lecture d’un tel roman que l’on se rend compte du talent et du génie des pères de « Fantômas » : un sens du suspens, du rebondissement, avec des personnages hauts en couleur dans la pure tradition du roman d’aventure. Fort de leur habitude dans ce genre d’exercice ils utilisent avec intelligence les recettes qui feront le succès des « Fantômas ». Toutes les ficelles en ont été éprouvées et tout l’attirail du roman feuilleton y sera donc exploité pour notre plus grand bonheur. Injustement oublié de tous, ce texte fût honteusement délaissé par nos plus illustres spécialistes et ce qui est encore plus curieux, il n’est même pas cité dans l’excellente étude de Alfred Chapuis « Les automates dans les œuvres d’imagination » (Editions du Griffon, Neuchatel, 1947). Le thème de « L’automate » reste un sujet courant, mainte fois abordé dans notre domaine, toutefois il s’agit bien souvent de machines aux cerveaux artificiels « mécaniques ». Ici pour une des toutes premières fois nous avons l’ébauche d’un être mécanique possédant une conscience « organique ». Les exemples dans ce cas de figure sont déjà moins courants et je vous invite à consulter les références se trouvant dans le post consacré au texte « Les étranges études du Dr Krull » Rythme trépidant et audaces en matière d’innovations scientifiques sont les maîtres mots de cette époustouflante aventure, accompagné de la présence inquiétante de l’homme singe « Gurgurah » le prototype du « Presq’homme » rencontré également de nombreuses fois dans l’anticipation ancienne.

Je crois qu’il rentre dans la catégorie des romans « Kitch » et délirants qu’il est impératif de lire, dans la même logique « rocambolesque » d’un autre texte que j’ai dévoré avec une ardeur similaire : « Fulgur, grand roman d’aventures, de police et d’épopée » écrit à plusieurs mains, également réédité grâce aux bons soins de Francis Lacassin.

Commandé à l’origine par la revue « L’auto » afin de combler d’après Lacassin, « un vide laissé par la résiliation d’un important contrat publicitaire », je pense qu’il faut remercier cette formidable opportunité qui nous fît la grâce de découvrir une telle œuvre. Le titre « Rour » serait emprunté, dans la logique des choses, au bruit d’un moteur d’automobile au ralenti. La promotion du roman à venir est assez dithyrambique et au moment de la parution du roman en librairie, voilà ce qui était marqué sur un « prière d’insérer avec les remerciements des auteurs » :

« …le récit troublant d’un drame intime, mystérieux, singulier ; c’est l’émotionnante chasse à l’homme, la lutte acharnée contre les secrets non encore dévoilés de la science ultra-moderne. Le Rour est, en outre l’angoissante épopée d’un jeune sportsman lancé a la recherche de sa fiancée disparue. Le Rour est enfin la consécration de l’habileté professionnelle d’un juge d’instruction dont la subtilité remarquable excelle à dénouer les intrigues les plus embrouillées et à découvrir les crimes les plus audacieux »

Il est également à noter l’excellent idée de nos deux compères d’avoir,bien des années avant Lovecraft,inventé une œuvre mystérieuse et maudite,un ouvrage sacré renfermant des textes impies et un savoir au delà de l’imagination humaine :

« Et Tchar Kavartin ayant rejeté son manteau sur son épaule et mis le genou à terre, souffla dans ses mains et dit : Le trésor du Rour est le trésor, et l’homme par le Rour peut faire l’homme. Alors l’homme est heureux ; ce qui naît du Rour ne périt point…. »

La similitude avec d’autres textes, cités dans le cadre des livres maudits est assez troublante.

A l’époque, le roman fût un tel succès auprès des lecteurs de « L’auto » que le directeur d’un journal « Le Vélo » propose aux deux compères d’écrire un autre roman pour sa revue. De peur de créer un précédent et une rupture de contrat avec « L’auto » ils décident d’écrire une parodie du « Rour » de façon anonyme. Le roman s’intitule alors « Le Four » et de nouveau c’est un triomphe et la supercherie est telle que l’éditeur de « L’auto » ignorants les faits demandera à Souvestre et Allain de s’inspirer de « l’invention et de l’esprit » de l’auteur du « Four » Un petite anecdote qui ne manque pas d’humour, malheureusement ce texte est probablement perdu à jamais, à moins qu’un lecteur averti ne découvre dans une cave ou un grenier la collection complète de cette revue.

Si vous n’avez jamais lu cette petite merveille, précipitez-vous, Il est actuellement sur « Priceminister » je n’aime pas faire de la pub, mais à ce prix là, foncez car vous passerez certainement un agréable moment de lecture, agrémenté par une passionnante préface de Francis Lacassin qui nous livre une foule de détails sur les deux auteurs et leurs œuvres.

 

lerour

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« La Horde Des Monstres » Le Retour………!

Posté le Samedi 13 mars 2010

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« La horde des monstres »

De Charles Ronze. Collection « Sphinx » Série policière N°20. 63pages s.d (Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne et de littérature fantastique N°11 Novembre 1992. Tiré a 140 exemplaires)

 

Guy Ménard, journaliste au « Paris-presse » est un excellent reporter, cela tout le monde le sait sauf peut-être son patron qui n’en est pas vraiment convaincu. Ceci étant,afin de tester les talents de son jeune poulain mais surtout histoire d’avoir un article sensationnel à mettre en première page,Noël Varnier, le suspicieux patron va de ce fait lui confier un reportage peu ordinaire. Sept cadavres écorchés vifs ont été retrouvés dans la région du puy de Dôme. Assisté de la charmante Ginette, compagne fidèle de toutes ses galères journalistiques, une aventure des plus singulière va ainsi commencer. Au départ, tout le monde pense à une redoutable organisation assoiffée de sang, sorte de confrérie satanique en mal de sacrifices humains. Mais il faut se rendre à l’évidence et par recoupement des différents témoins, dont la terreur se lit encore dans leurs yeux, qu’il ne peut s’agir que de monstrueuses créatures. L’alerte est rapidement donnée, la région est sur le pied de guerre, la gendarmerie se mobilise, les recherches piétinent….IL nous faudra attendre quelques pages et une bonne douzaine de trucidés afin que Guy se remémore une communication faite par un éminent savant et considéré a l’époque comme un illuminé en raison de l’audace de ses hypothèses. Darmier avançait en effet la possibilité de faire augmenter la taille de n’importe quel insecte en pratiquant une incision appropriée dans la chaîne ganglionnaire ventrale constituant le système nerveux de ces charmantes bestioles. Il teste sa théorie et les résultats vont au-delà de ses espérances. Mais le fruit de ses expériences commencent à prendre de la place et même une sacrée place il lui faut donc trouver un endroit tranquille, à la campagne là ou personne ne pourra le déranger. Malheureusement, confié à la surveillance d’un gardien stupide, toute cette sympathique « meute » rampante et volante parvient à jouer les filles de l’air. Leur appétit sexuel étant à la mesure de leurs nouvelles proportions, il en résulte une reproduction à grande vitesse, tout en transmettant bien évidemment leurs caractères héréditaires. Il faudra l’intervention de l’armée utilisant un super gaz asphyxiant, inventé par le professeur, possédant la désagréable particularité pour les insectes d’agir sur le système respiratoire des insectes….mais pas des humains,il ne manquerait plus que ça ! Au final toute cette vermine sera éradiquée, après un massacre en règle et le professeur repenti, dépassé par sa découverte passera en jugement et sera…acquitté. Après tout, les savants lorsqu’ils ne sont pas fous, sont tellement distraits.

 

Et pour quelques insectes de plus !

En raison du titre et de la similitude du sujet, il est difficile de ne pas faire le rapprochement avec le roman de Darblin, chroniqué dans ces pages il y a quelques jours. Le procédé d’agrandissement sera cependant différent et si celui de Darblin fait appel à une version plus « scientifique » (bien qu’il utilise ce bon vieux rayon, très utile dans ce type d’histoire) Ronze fait usage d’une technique plus farfelue et surtout beaucoup plus rapide et pratique. Très souvent la rigueur scientifique n’était pas de mise dans ce genre de publications, mais peu importe….le délire est là ! Un point est cependant accordé à Ronze car son roman ( relativement court 63 pages en petit format)  possède une dimension plus « dramatique » dans la mesure où les monstres sont lâchés dans nos campagnes faisant bon nombre de victimes à l’inverse de son concurrent se déroulant dans une région désertique.Par contre Darblin sera plus explicite dans ses descriptions d’attaques d’insectes, il y a un souci du détail assez horrible pour ne pas dire macabre. Pour en revenir à cette « Horde des monstres »certains passages  ou l’on entend cette bande grouillante avancer dans un paysage baigné par la brume possède un coté très surréaliste et parfois même angoissant.Si d’entrée les cartes sont truquées avec un suspens  dévoilé dés les premières pages,il faut reconnaître que ce petit texte est d’une agréable lecture,ne manquant pas d’un certain humour lorsque les circonstances l’exigent. Jugez par vous-même : Après la destruction totale des monstres et en admettant la gravité du carnage que ses monstres ont occasionnés, voila ce que nous dit cette brave Ginette :

« Quel rude coup pour ce brave professeur, dit-elle tristement…voir aboutir des années de labeur de si triste façon !…il y a de quoi vous crever le cœur !

Depuis le temps que je vous le disais que les « Ginette » sont des êtres sensibles !       

Je vous laisse en vous donnant rendez-vous très bientôt pour une nouvelle attaque, mais cette fois d’une mouche géante et qui loge dans le Limousin.

 

Vraiment pas belle la couverture

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Vente Aux Enchéres Anticipation Ancienne

Posté le Mercredi 10 mars 2010

Dimanche dernier s’est déroulé à Paris à la salle des ventes Perrin-Royére Lajeunesse à Versailles une enchère sous le titre : « Anticipation Fantastique Science Fiction Utopies ».

Le catalogue proposait des lots très intéressants avec des ouvrages assez « Mythiques » jugez par vous-même :

-        « Les ruines de Paris en 4908 »  de Franklin

-        « Les mystères de demain » de Féval et Magog les quatre premiers tomes

-        « La cité des automates », de Léo Massieu dédicacé

-        « Le déluge futur » de Marcel Roland dédicacé.

-        « Ce que seront les hommes de l’an 3000 » de Gustave Guitton

        « Les mirifiques innovations du très ingénieux sélectin » de Giraud Montiére.

-        « L’homme dans la lune » de Alfred Chapuis.

-        « L’ingénieur Von Satanas » de Albert Robida.

-        « Le faiseur d’homme et sa formule » de Jules Hoche.

-        « Le prisonnier de la planète Mars et La guerre des vampires » de Gustave Lerouge Méricant « Le roman d’aventure »

-        Etc……

Et bien d’autres choses encore, la liste était assez conséquente. J’ai pris connaissance de cette vente assez tardivement et dans une instant de folie j’avoue avoir lorgné du coté du lot contenant les « Mystères de demain » en fait pour le volume « Le réveil d’Atlantide » qui fait défaut à ma série (qu’on se le dise !), mais avec les limites que je m’étais imposé, je n’ai pas fait le poids face aux grosses pointures….ce sera pour la prochaine fois ! Je pense que nous avions là, une bibliothèque de collectionneur car qualitativement et quantitativement cette vente était assez conséquente. J’ai tout de même réussi à récupérer « La révolte des singes » de Michel Paul avec un long envoi de l’auteur.

Peut-être retrouverons nous ces ouvrages sur la liste de quelques libraires spécialisés,probablement à des prix prohibitifs,rien que l’estimation des deux « Lerouge »,était entre 250 et 300 Euros, en prix de départ!

Le marché de l’anticipation ancienne reste encore un marché très lucratif, les pièces intéressantes se font de plus en plus rares, à quand un éditeur qui se lancera dans la réédition d’œuvres introuvables ? L’original c’est bien, de pouvoir accéder au texte c’est encore mieux, peu importe l’édition !

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Prochainement Sur Le Blog Une Aventure Extraordinaire,Un roman Passionnant!

Posté le Mardi 9 mars 2010

 Un aventure trépidante de la plume de Jules Perrin et de Henri Lanos dont il exécuta également les magnifiques illustrations.A suivre sur les pages de ce Blog dans quelques jours

 

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« Face à Face Avec Les Monstres » Ou Le Cauchemar D’un Entomologiste

Posté le Lundi 8 mars 2010

face à face avec les monstres

 

« Face à face avec les monstres »

Roman de Henri Darblin. Deux éditions :

-        Dans la revue « Sciences et Voyages » sous le titre « La horde des monstres » du N°479 (1er Novembre 1928) au N°485 (13 Décembre 1928), laissant la place au roman de Moselli « La guerre des océans »

-        Dans la revue  » Jeunesse-Magazine « sous le titre « Face à face avec les monstres » du N°20 (16 Mai 1937) au N°26 (27 Juin 1937).

 

L’entomologiste Paul Grismond Wild et son compagnon le policier Alain Kergy sont lancés,dans les montagnes rocheuses,à la poursuite d’un certain Herbert Millowan qui a un jour jeté dans l’hémicycle de la « Scientific Society » de Washington,les débris d’un insecte d’une grandeur prodigieuse.

Désireux d’en apprendre plus sur cet étrange personnage qui semble avoir découvert une forme de vie improbable, ces deux personnages se retrouvent au porte d’une aventure qu’ils ne sont pas prêts d’oublier. Parallèlement ils s’aperçoivent que six autres individus, pour des raisons inconnues mais probablement criminelles, sont également à sa recherche.

En fait une bonne partie de l’histoire se déroule dans le désert où les personnages nous livrent le récit de la vision cauchemardesque de ces insectes géants (Abeilles, scorpions, mante religieuse, calicurgue et autres lycoses) qui déciment peu à peu les infortunés bandits dont un seul parviendra à s’échapper pour sombrer dans la folie. Les scènes d’attaque sont particulièrement violentes et sanglantes pour une revue destinée à la jeunesse :

« La victime ne bougeait presque plus. Le tueur d’une soudaine pression de ses mandibules sur la nuque, força la tête du malheureux à se renverser. L’abdomen de l’insecte se recourba de nouveau et le temps d’un éclair, les deux hommes virent le dard, gros comme une alène de cordonnier, plonger dans les chairs du cou tendu. Un dernier spasme agita l’homme, puis il cessa de bouger. Il ne remua plus le corps, il ne cria pas, mais ses yeux, ses lèvres crispées par une indicible épouvante, tout son masque bouleversé vivaient encore. »

Corps mutilés, abdomens éventrés, cadavres déchiquetés….un bien effroyable endroit pour passer ses vacances !

Finalement en échappant de justesse aux mandibules d’une tarentule aux proportions honorables, ils trouvent refuge dans une structure en bois où ils rencontreront le maître des lieux et objet de leur recherche. L’édifice est en réalité le laboratoire de Millowanou, en compagnie de ses deux serviteurs noirs, il réalisa une formidable expérience qui allait selon ses dires changer la face du monde. C’est un véritable fou complètement exalté par sa découverte :

«  Voici l’éprouvette où se sont effectuées les réactions biologiques fondamentales ; une vie nouvelle en est sortie…. Ce tube, je l’ai trouvé par hasard, en cherchant autre chose. Sous l’action du courant électrique, dans certaines conditions de tension d’intensité…le tube s’allume, comme l’on dit, et projette alors des radiations auxquelles, j’ai donné le nom de rayon M, parce que c’est moi Milovanyi-Millowan,qui les ai découverts.

Soumis à leur influence, les tissus végétaux subissent une transformation exactement contraire à celle que produiraient les rayons X ou le radium. Alors que les émissions de ce dernier métal rongent, brûlent les tissus vivants et en arrêtent le développement, les rayons M favorisent cette croissance. Ainsi, par la seule action de la lumière artificielle, certains savants ont pu faire pousser des plantes. Mais leur développement s’arrête quand la lumière s’éteint. Au contraire avec les rayons M, le bourgeonnement des cellules continue ! De même les tissus attaqués par le radium se corrompent, se gangrènent et de proche en proche, lors même que le praticien malade a cessé de se soumettre à l’action des radiations mortelles. »

Ce diable d’homme devenait donc le maître de la taille des êtres vivants, il pouvait en accroître les dimensions à sa guise et créer autant de monstres qu’il le voulait.

Mais l’homme n’est pas disposé à partager un secret et compte se débarrasser des deux intrus qu’il a, l’espace d’un excès de mégalomanie, initié à son formidable secret.

Après les avoir rendu temporairement aveugle sous la forte intensité du tube lumineux, il les fait transporter par ses deux assistants, au milieu du désert afin de les livrer en pâture aux monstres. Il faut savoir que le savant, afin de se mettre à l’abri de ses redoutables prédateurs, a mis au point une sorte de gel, de répulsif empêchant toutes attaques mortelles. Il s’agit probablement de cette étrange odeur que les deux infortunés, avaient décelé lors de leur arrivée dans le laboratoire.

Pour l’heure c’est la panique totale, ils sont allongés dans une cuvette sableuse, au milieu de plantes qui dégagent une forte odeur de putréfaction et ils se doutent que cette puissante fragrance va attirer une horde de créatures nécrophages aux proportions peu engageantes. Fort heureusement le drame ne se produira pas, Stander le dernier des bandits que l’on croyait fou, sortira de sa « torpeur » et rongé par le remord, portera secours à nos deux infortunés. Après avoir « liquidé » les deux sbires du professeur, ils s’arrangent pour s’enduire le corps de ce fameux répulsif et prennent le laboratoire d’assaut, qu’ils vont asperger de pétrole et embraser d’une simple étincelle. Le savant à moitié carbonisé et dont le corps n’est plus sous la protection de la précieuse huile, va terminer de façon horrible sous les attaques sanguinaires de ses propres créatures :

« Il eut encore le temps de tendre le poing vers ses adversaires, vers Stander qui l’avait vaincu. IL voulut faire un saut de coté pour éviter l’assaut des monstres, mais happé par les griffes dures, jetées à terre, frappées en plein corps par le dard foudroyant, il resta inerte, tandis que les trois calicurgues se disputaient la possession de son corps. »

De retour à la « civilisation », après le récit de leurs aventures on dépêcha une expédition dans la « vallée des monstres » mais un immense affaissement de terrain, probablement provoqué par ces insectes gigantesques, avait modifié toute la géographie du site. Les insectes se sont probablement dévorés entre eux et de plus la vie de ces derniers est éphémère et comme ceux-ci vivaient à un rythme accéléré. Nulle trace et aucune preuve ne subsiste de leur effroyable aventure, il ne reste que la bonne foi qu’il nous faut accorder à leurs propos.

la horde des monstres
 Illustration pour « Sciences et Voyages »

En matière de conclusion

Dans la conjecture ancienne, je crois que le thème des insectes et des animaux se révoltant contre l’homme, fut un sujet particulièrement apprécié. Bien souvent cet agrandissement est le fait de « savants fous » suffisamment dérangés pour croire qu’il leur serait possible de contrôler ces aberrations de la nature. Mais qu’ils soient à tailles normales ou gigantesques, ils ne suscitent souvent que le dégoût et une peur phobique. La liste des ouvrages  mettant en scène ces créatures parfois peu recommandables est trop longue pour que je m’y arrête aujourd’hui, mais dans les jours à venir, je consacrerai une rubrique entière aux insectes dans l’anticipation ancienne. Le texte de Darblin, cloisonne malheureusement le cadre de son thème dans un endroit assez reculé du monde, ce qui limite un peu les débordements de ses bestioles et l’on se sent un peu frustré de ne pas les voir se propager dans une agglomération, entraînant avec elles son lot de panique et d’attaque de la population. Toutefois, si le cadre du roman se trouve relativement étriqué, l’auteur ne nous en livre pas moins des scènes assez « gores » où une fois de plus les méchants en feront les frais. Comme je le disais un peu plus haut,il est curieux de voir qu’un texte assez violent par moment dans ses descriptions d’attaques d’insectes, et qui à l’origine publié dans « Sciences et voyages »,fût réédité dans une revue comme « jeunesse magazine » et ce,dans son texte intégral.

Mais la plus grande particularité de cette reprise concerne sans nul doute le choix de l’illustrateur, qui au fil des sept numéros que dura ce roman, nous offre une fois de plus le talent de ce dessinateur hors pair qui oeuvra à maintes reprises dans notre domaine de prédilection : René Pellos !

 Lorsque l’on a sous les yeux les illustrations de « Sciences et Voyages » et celles de « Jeunesse-Magazine » la différence est écrasante. Cela vient bien évidemment et  j’en conviens, d’une  mise en valeur grâce à l’utilisation de la couleur,mais également et surtout par le réalisme de chaque illustration où le trait n’est pas figé, où de chaque personnage se dégage une expression incroyable,comme s’ils allaient se mettre à parler. Le style de Pellos est vraiment unique,  personnel et identifiable entre mille.

Il faut se souvenir des illustrations des couvertures de la série « Les Gangsters de L’air » de Moselli, de ses planches pour « La guerre du Feu » de Rosny Aîné, sans oublier « Electropolis » et « Novopolis ». Mais le chef d’oeuvre incontesté du dessinateur est sans contexte « Futuropolis »,d’une richesse et d’un talent incomparable : Dans un lointain futur les derniers descendants de la race humaine,vivent dans les entrailles de la terre,bien protégés par leur technologie lorsqu’un jour ils découvrent à la surface du globe l’existence d’une société « primitive » Une pure merveille, l’aboutissement de son talent tant au niveau du trait que des couleurs utilisées pour les planches, un summum de la BD que tout amateur devrait posséder.

Pellos illustra pour cette même revue de nombreuses couvertures et rédigea également en pré original, une histoire sous forme de « bande dessinée » et qui raconte les aventures extraordinaires de  « Mr Petipon aviateur » Une série très divertissante et complètement « rocambolesque »

Avant un inventaire plus poussé des insectes en littérature, voici une petite « mise en bouche »

 

Petite bibliographie sélective de quelques gros insectes en anticipation ancienne :

-        « Spiridon le muet » de André Laurie Pré originale dans le « Globe trotter » du Jeudi 6 Décembre (N°253) au Jeudi 28     Mars (N°269). Réédition en volume aux éditions Rouff, sans date avec des illustrations de Damblans. (Il existe un cartonnage « muet » et un autre avec une illustration sur le premier plat). Histoire de Fourmi de taille humaine ayant développé une super intelligence.

-        « Le péril bleu » de Maurice Renard. Editions Michaud 1911 pour la première édition. Le doute se pose sur l’appartenance de ces créatures « extra-terrestres » à l’espèce des araignées. Peu importe, le roman est excellent.

-        « Les premiers hommes dans la lune » de Herbert Georges Wells. Editions du Mercure de France 1911. Sur la lune, une race d’insecte vénère des larves géantes

-        « L’adversaire inconnu » de Cyril Berger. Ferenczi 1922. Incroyable insecte recouvert de lamelles de chitine, il possède en outre deux ailes repliées sur son dos. Sorte de « vampire de l’espace » suçant de malheureuses victimes pour sa survie, une fort belle réussite dans le genre.

-        « L’abîme » de E.M.Laumann. Nouvelle parue dans « L’aventure » N°24 Fayard, 1er Décembre 1924. Réédition « Laumann, contes de terreur » Collection « Idées…et autres » Editions « Recto Verso » Anthologie dirigé par Marc Madouraud 1994. Le héros est au prise avec des araignées vampires.

-        « Le guerrier de Vénus » (The radio man) DE Ralph Milne Farley. Première édition dans « Argosy » 4 épisodes à partir du 28 Juin 1924. Première édition Française dans la revue « Ere comprimés » du N° 31 au N° 35. Réédition par J.P Moumon dans la collection « Périodica » N°4, Juillet 1993. Sur une autre planète, le héros va vivre d’extraordinaires aventures dans une civilisation de fourmis. A quand la suite ?

-        « La révolte des monstres » de Norbert Sevestre. Editions Tallandier « Bibliothèque des grandes aventures » 1928. Araignées géantes produites par expériences, un jour elles sortent de leurs cages.

-        « La horde des monstres » de Charles Ronze. Collection « Sphynx » série policière N°20. s.d (vers 1930). Un savant un peu « distrait » libère des insectes géants dans la campagne du Puy de Dôme…c’est la panique !

-        « Un mois sous les mers » de Tancrède Vallerey. Editions Nathan 1939.Un fragment d’une autre planète tombe sur la terre, des explorateurs découvrent une bien étrange civilisation d’insectes géants.

-        « Le monstre de la St Basile ».de J.P Besson. Collection « Stick » (roman policier) Agence Parisienne de distribution 1941. Une mouche gigantesque et carnivore, fruit d’une expérience innommable, sème la terreur dans nos campagnes.

-        « L’araignée de l’île » de Pierre Jouvet. A compte d’auteur 1942. Il existe au moins trois éditions. Sur une île déserte un homme face à une créature gigantesque.

-        « Le monstre des Black Mountains,un aventure de Captain Chester du spécial Quad » Editions « revue Française » fascicule illustré par Dansler 1945. Des créatures larvaires et répugnantes.

-        « La ruée des monstres » de Daniel Girard. Dans le volume « Le mystère du Puy ». Editions Boivin et Cie 1945. Des fourmis de tailles humaines passent à l’attaque !

-        « L’impossible enquête » de Pierre Jouvet. A Lyon chez l’auteur 1946. L’édition se présente sous deux formes différentes. L’araignée géante…le retour (avec en prime toutes ses petites sœurs)

-        « Les catacombes infernales » de L.Van der Haeghe et Jean Des Marchenelles. Collection « Notre rêve » 1944 Encore une araignée gigantesque et affamée.

 

Trois petits « Fleuve noir »,plus un autre pour le Fun !

-        « L’infernale menace » de Vargo Statten. Editions fleuve noir collection « anticipation » N° 23 ,1953. Fourmis de tailles humaines, œuvre d’un savant fou, menacent la race humaine.

-        « Expédition épouvante » de Benoît Becker. Fleuve noir collection « Angoisse » N°4,1954. Réduction de la taille d’humains donc augmentation de celles des araignées.

-        « Désert des spectres » (The solidary hunter) de David Henry Killer .Editions fleuve noir collection « Angoisse » N°5 1955. Guêpes géantes

-        « La cité sous la terre » (The ants man) de Eric North. 1955 pour l’édition originale, en France Hachette collection « point rouge » 1972. Fourmis de tailles humaines vivant avec d’autres insectes dans une région isolée du globe

 

Un petit aperçu du talent de Pellos

 

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Archive N°14 « Un Descente Au Monde Sous -Terrien » Mes chers Amis,La terre est Creuse!

Posté le Jeudi 4 mars 2010

« Une descente aux mondes sous-terrien »

De Pierre Luguet. Librairie nationale d’éducation et de récréation. S.d (vers 1900) 302 pages. Illustrations intérieures. (Bulletin des amateurs d’anticipation ancienne N°21bis Noël 1998)

 

Lors d’une séance extraordinaire de l’académie des sciences de Saardan, tenue par le professeur Von Tratter, Jean Fabien Maurice Noël Alain de Kerbiquet surgit dans l’assistance avec une nouvelle sensationnelle. Capitaine au long cours et commandant du « Pétrel » il fit la découverte il y a quelques jours d’une bouteille contenant un message rédigé par Cornélius Van De Boot ,membre de cette même académie et disparu depuis plusieurs mois lors d’une expédition. Naufragé sur une petite île en compagnie de deux Anglaises, les infortunés connurent les assauts répétés d’étranges créatures.

-« Nous avons été assaillis par des monstres, des singes de huit et neuf pieds de hauteur. Luisants,gluants, froids,verdâtres,couverts d’écailles,doués d’une force musculaire colossale,qui sont amphibies et qui nous regardaient avec des yeux féroces et phosphorescents »

Le message indique une vague position de l’île, au sud du Cap Horn. On arme le « Pétrel », une expédition de secours s’organise. Jean Kerbiquet (c’est plus court) et son « fidèle » serviteur Congo,le professeur Von Tratter,la jeune Wilhelmine nièce de Von Boot,le docteur Andréas Francken seront du voyage. Mais un perfide Asiatique (comme d’habitude…),Von Ah Fung,jaloux de ne pas participer à cette fantastique aventure,place à bord du bâtiment un « faux » mécanicien dans le but de saboter la mission.

Le navire tombe donc en panne non loin du Cap Saint-Roch lorsqu’un événement encore plus inattendu vient semer le trouble dans l’équipage. Un homme est aperçu seul sur l’océan, il semble épuisé, on se hâte de le repêcher, il se présente :

-« Je suis André Phocos de haute lignée, président de la république centrale »

Recouvert d’une combinaison faites d’écailles et muni d’un étrange masque respiratoire ce dernier,après avoir la certitude qu’il a affaire à de véritables gentlemen capables de garder un secret de la plus haute importance,fait alors état de la plus incroyable des révélations :

- « Sachez donc ce que vous avez appris, ce que les savants croient, ce qu’ils publient sur la conformation intérieure de notre planète est erroné et faux .Le feu central n’existe pas, la croûte terrestre est vide, ou du moins remplie d’air, à l’exception d’une sphère lumineuse qui éclaire la cavité intérieure. La pesanteur ne s’exerce pas comme on le pense ici, de la surface au centre, mais bien des deux faces de la croûte au milieu de son épaisseur, et ces eux faces sont habitées » (p.97)

Initialement sa découverte débuta par un naufrage sur une île volcanique. Se réveillant de son malaise, il vit autour de lui des créatures à la peau sombre, recouvertes d’écailles et qui le dévisagent de leurs yeux phosphorescents. Elles s’expriment d’une manière bizarre, les unes utilisant majoritairement les A et les autres les O : « Poro Koroso » ou « Para Karasa ».

Cette particularité ayant un rapport direct avec leur intelligence, leur esprit ou le génie qu’on leur verra déployer. Après un apprentissage de leur langue dans les règles de l’art, l’histoire des sous-terriens n’est plus qu’une simple formalité.

Un peu de Géographie intra terrestre :

L’intérieur de la croûte terrestre est divisé en trois zones habitables. Entre elles se trouvent deux espaces arides et déserts. Dans la zone centrale vivent les amphibiens (les gentils) et dans les zones polaires, des sortes de monstres (les méchants, ayant capturés Van De Boot). On appelle ces derniers les Kra-las, brutes sanguinaires organisant parfois de sanglantes expéditions en territoire amphibien.

Phocos, se prendre au jeu et décide « d’initier » les créatures les plus faibles. Il leur enseigne la fabrication rudimentaire d’armes à feu mais qui héla occasionnera une rencontre des plus désastreuse avec les Kra-las. C’est pour cela que Van De Boot fut surtout capturé, ce « dieu blanc » capable de créer ces « bâtons » qui lancent de la foudre mais n’anticipons pas.

Laissons à présent l’histoire de Phocos pour nous pencher un peu plus sur le périple de Cornélius au moment où le message trouvé dans la bouteille se termine.

Les trois naufragés n’ont pas le temps de se remettre de leurs émotions,qu’ils sont portés sur le dos des redoutables Kra-las pour un périple interminable où le groupe ne cesse de s’enforcer dans les entrailles de la terre. Finalement ils parviennent dans une immense grotte, privée de pesanteur !

Son poids n’existait plus, il n’y a pour lui ni haut, ni bas, toutes les lois de la physique se retrouvent remise en question. Hélas, cette incroyable expérience sera fatale à la plus âgée des deux femmes. Mais cela ne semble pas affecter les créatures qui reprennent leur périple mais cette fois vers le haut :

- «  Le point mort, l’endroit où les pesanteurs contraires se rencontrent et s’annulent, n’est donc pas au centre de la terre, comme on le croyait jusqu’à présent, mais bien au milieu de la croûte solide. Là, il n’y a plus ni poids, ni mouvements déterminés par la pesanteur. » (p.141)

Cette zone intermédiaire sans gravité se trouve dans une partie « neutre », un bon moyen afin de retrouver le bon sens de la marche :

- « Si je veux poursuive cette descente en dépassant le point où nous sommes, il me faut remonter. En outre, ce que je considérais jusqu’ici comme le bas, là ou je mettais mes pieds pour marcher, devient le haut et il faut que j’y place ma tête pour me sentir debout. » (p.144)

Idéal pour vous flanquer la migraine en tout les cas, le centre de notre bonne vieille terre est totalement remis en question lors de cette aventure qui prouve une bonne fois pour toute que le feu central n’existe pas. Ce feu central n’est qu’un « vieille balançoire » inventée par les hommes, parce qu’elle leur était commode.

Mais poursuivons ce périple, où la « montée » vers le centre du globe dure tout de même six jours et la surprise sera totale lorsqu’à la sortie d’un immense tunnel, les captifs découvrent une terre fabuleuse avec une mer gigantesque, des forêts somptueuses et au dessus de leurs têtes un soleil éblouissant, « fixé comme une gigantesque ampoule électrique ». Au loin, nulle ligne d’horizon, mais une mer qui remonte comme le fait la concavité d’une cuvette :

- «  La ligne d’horizon, la ligne des brumes plutôt,se trouvait au dessus des yeux de l’observateur et,contrairement à ce qui se passe sur la terre où derrière l’horizon nous sentons le vide,on devinait derrière celle-ci la continuation de l’ascension de la surface liquide,indéfiniment. » (p.150)

Leur arrivée dans cette communauté de gorilles géants est très remarquée mas ils sentent qu’ils ne courent aucun danger.

Mais  à présent occupons nous un peu de l’équipe de secours les nouveaux aventuriers dirigés par Phocos, pénètrent à leurs tours dans les entrailles de la terre. Le passage de cette fameuse zone de transition se fera  par un ingénieux système de nacelles, cette fois sans risque. La « descente » se déroulera sans incident et l’arrivée dans la capitale du centre de la terre est des plus chaleureuse et les robinsons découvrent alors un monde étrange et magnifique : Mammouths, fleurs gigantesques, multicolores et rares, toute une civilisation à la peau incroyable mais d’une extrême gentillesse. Ici les pierres précieuses et l’or ne sont que de vulgaires cailloux, les valeurs ne sont pas accordées aux mêmes choses. Le temps se mesure par un sablier spécial inventé par Phocos :

- «  Dés lors, j’ai inventé une sorte de grand sablier que j’ai réglé le plus minutieusement possible en me servant de mon chronomètre, qui me donnait midi et minuit sur la terre. J’y ai joint un basculateur automatique qui le renverse à la seconde précise où il se vide. Je suis arrivé à une grande précision, puisqu’au bout du premier mois d’usage il n’y avait qu’une minute de différence entre l’heure du  sablier et l’heure solaire. » (Page 197)

Afin d’arriver à une datation de l’ère des amphibiens, le président décida de la mise en fonction du sablier le jour de la naissance du premier enfant sous-terrien de la capitale. Par chance, celui-ci naquit à midi juste :

- « Une sorte de superstition  s’est attaché à lui ; d’abord il parle en A, comme vous avez pu le constater,ce qui est l’indice d’une intelligence supérieure,et on le considère comme le symbole d’un progrès dont tout le monde a tiré avantage. » (Page 199)

La visite se poursuit et le soir de leur arrivée, un merveilleux spectacle sous-marin est donné en leur honneur :

- « Devant les invité  du président s’étendait une plage semi-lunaire qu’on devinait assez vaste, et derrière c’était le noir,le noir absolu,indéfinie et impénétrable. Tout à coup, ce soir s’illumina brillamment. Trois ou quatre mille sous-terrien serrés les uns contre les autres, et juchés sur toutes les aspérités des rochers venaient à un signal, d’ouvrir les yeux en même temps. Le fond de la mer, la scène, si nous pouvons nous exprimer ainsi, s’éclaira comme si on y eut jeté le faisceau lumineux d’un projecteur électrique et tous les détails s’y accusèrent avec une extraordinaire netteté. » (Page 203)

Après un faux combat entre un Amphibien et un poulpe géant, la grâce et la beauté terminent cette représentation avec un ballet marin géant orchestré par une beauté aquatique, maîtresse incontestée des poissons, coquillages et autres mammifères des océans.

Le temps est à présent arrivé où il faut organiser l’ultime périple dans le monde intérieur : l’expédition punitive afin de récupérer Van de Boot ! Vingt radeaux sont équipés pour la circonstance afin de traverser l’immense plan d’eau. Sur chacun d’eux, un mastodonte armé jusqu’aux dents.  La traversée va se dérouler dans le calme, troublée de temps en temps par l’apparition de gigantesques créatures marines. Passer la zone désertique sera plus périlleux, Congo trouvera la mort face à un ours gigantesque, Kerbiquet frôlera la mort en voulant partir seul en éclaireur et plusieurs mastodontes périront de soif.

Le siége de la forteresse des Kralas est enfin en vue et à la place d’un ennemi désorganisé et mal équipé, ils découvrent une véritable place forte ou chaque îlot possède une défense meurtrière. Le jour de la bataille approche et des deux coté, la motivation ne fait aucun doute. L’affrontement se produit, de part et d’autre, les créatures tombent comme des mouches, les Kralas se défendent bien se qui rend l’approche des otages quasiment impossible. Heureusement Van de Boot découvre que les attaquants sont menés par leurs amis, lui qui était prêt à défendre chèrement sa vie, face à un  adversaire qu’il croyait encore plus cruel que les singes. Il élabore un stratagème. Le drapeau blanc est hissé, le zoologiste faisant croire à une rencontre avec un ennemi voulant capituler. Il s’embarque avec une escorte Kra-las sur un radeau afin de rencontrer des adversaires qu’ils pensent défaits. L’escorte des gorilles sera impitoyablement exterminée, s’engage alors une ultime bataille, encore plus meurtrière car le savant est cette fois du bon coté. Vision apocalyptique que cette mer se couvrant de cadavres formant un terrain solide sur lequel les assaillants peuvent marcher sans s’enfoncer. Les amphibiens prennent le dessus, plus agiles et armés de redoutables dagues empoisonnées. Les Kra-las prennent la fuite, la mission est un succès total.

Après quelques jours de repos, les « terriens » regagnent et enfin la surface et le « Pétrel ». Les machines sont enfin réparées. Wilhelmine et André de Phocos, unis à présent pour la vie, décident de rester dans le monde sous-terrien en compagnie de Von Stratter et du Dr Francken. Les autres préférant notre bonne vieille surface.

amphibien mammouth

   « Un Amphibien aux yeux extraordinaires sans oublier ce bon vieux mammouth »

 

Pour un voyage au centre de la terre de Plus

A l’époque  la lecture de ce texte fût une agréable surprise. Une fois n’est pas coutume, plusieurs genres y sont abordés d’une manière très audacieuse compte tenu de sa datation ,même si les explications scientifiques y sont des plus épouvantables et fantaisistes. Dans notre domaine, les exemples sont légion et puis que diable un peu d’humour ne fait de mal  à personne. Restons simple, inutile de faire l’inventaire des fictions se déroulant au centre de la terre (surtout après le Colossal travail réalisé par nos amis Guy Costes et Joseph Altairac) mais il faut admettre que pendant longtemps Luguet n’était pas dans les petits papiers de nos illustres spécialistes. En effet il n’est pas mentionné dans l’ étude de Messac « Voyages modernes au centre de la terre » Versins l’aborde à peine dans son encyclopédie, Van Herp le passe sous silence dans son « Panorama ». Pourtant ce texte est à mon avis une œuvre importante dans la rubrique « voyage au centre de la terre » parce qu’elle fait un véritable « pieds de nez » à Edgar Rice Burroughs avec son cycle de Pellucidar. Certes, Luguet aborde le genre avec moins d’images flamboyantes, moins de verve et un sens de l’épique beaucoup plus timoré, pourtant les jalons sont posés et les faits sont indéniables : Paysages verdoyants, mer intérieure, créatures préhistoriques, soleil central donnant un jour perpétuel, absence d’horizon avec un paysage montant à l’infini et le fameux « presqu’homme » entre l’amphibien et l’être humain. Thème traité également avec brio dans l’ouvrage de Paul Ronceray « Le peuple de l’abîme » (Editions Figuiére 1932) et dont nous reparlerons dans les pages de ce blog.

Malheureusement, l’auteur nous laisse sur notre « Fin » en ce qui concerne l’origine de ces créatures sous terriennes. L’une véritable « homme poisson » intelligente et pacifique serait-elle une déviation de l’évolution de l’espèce ou tout simplement son origine ? Elles me rappellent un peu les créatures des origines de l’humanité que l’on rencontre dans une grande partie des œuvres rattachées à l’œuvre de Lovecraft

 Existait-elle avant l’apparition de l’homme, sera-t-elle la race qui nous « supplantera » ? Nul ne le sait, mais Luguet confiant en l’intelligence et la supériorité de la race humaine ne laisse aucun doute sur la suite des événements. Quand à la race des Kra-las, sorte de grand singe amphibie, le rapprochement est également extraordinaire avec les Sagoths de Burroughs. Tout comme son homologue terrestre, cet être Gorilloïde serait-il le chaînon manquant entre l’humain et l’animal ? Il est de toute manière la créature vile et repoussante, suffisamment intelligente pour représenter une menace directe, mais aussi trop stupide pour en sortir victorieux. De nombreuses fois rencontrée en littérature, cinéma et B.D (Une des plus belles illustrations se trouve dans « Guerre à la terre » de A.Liquois où les martiens stupides et redoutables guerriers sont représentés sous une forme simiesque proche du gorille). Il reste sans contexte une « star » des œuvres d’imagination de la première moitié du XXe siècle.

Le roman de Burroughs « At the Earth’s Core » (« Au cœur de la terre » pour sa première traduction Française dans le « Journal de Mickey » 17 Octobre 1937 au 22 Février 1938) que j’affectionne tout particulièrement date de 1913 (parution dans la revue « All-Story en 1914) et en regard de la date de parution de l’ouvrage de Luguet je pense  qu’il était grand temps de remettre « Un descente au monde sous-terrien » à sa juste place. A l’époque lors de la rédaction de cet article pour le « Bulletin » j’avais écrit :

« Un ouvrage supplémentaire à rajouter en bonne position sur l’édifice du thème de la terre creuse, sujet d’une grande richesse et dont il nous tarde de voir un jour une étude sérieuse peut-être réalisée par un des membres un peu dérangé de notre docte assemblée ».

Alors si ça ce n’est pas un don de visionnaire……Merci Guy et Joseph !

Le plus gros reproche qu’il nous serait possible de faire, concerne l’éditeur de cette « Descente » qui employa un bien piètre dessinateur dont le nom n’est pas mentionné dans l’édition. Une telle épopée eût méritée plus d’éclat et d’exotisme dans ses illustrations.

En parlant de Joseph Altairac, lorsque j’ai rédigé ce modeste article en 1998, je n’étais pas encore l’heureux propriétaire de la collection « Le petit détective » dont vous avez la liste répertoriée dans ces pages. Hors dans le N°1 il fait allusion aux troublantes ressemblances entre l’œuvre de Luguet et celle de Burroughs dans un article intitulé « Et si Burroughs avait été Français ». Joseph Altairac s’accorde à dire que la datation de « Une descente au monde sous-terrien » semble très aléatoire mais qu’il date probablement du début du XXe et comme il est impossible que l’un des auteurs ait eu connaissance de l’œuvre de l’autre….

Je terminerai avec cette phrase reprise dans l’article de Joseph Altairac qui me semble bien appropriée en guise de conclusion :

«  Que tirer de tout cela ? Eh bien qu’en science-fiction comme ailleurs, il est difficile d’être totalement original. Et si Burroughs avait été Français ? Il y a hélas gros à parier qu’il aurait subi le même sort que Luguet. »

Tout est dit

Pour les inconditionnels des « Terres Creuses » je vous donne les références de la « Bible » de Joseph et De Guy : « Les Terres Creuses,Bibliographie commentée des Mondes Souterrains Imaginaires » Par Guy Costes Et Joseph Altairac.  Editions Encrage collection « Interface » N°4 , 800 pages (un Pavé!) 2006.

 

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   « Preuve s’il en faut que la terre est bien creuse »

 

merveilleuxscientifiqueunblogfr @ 16:36
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